Africa et Europa
Les solaires sont conduites vers l'une des pistes secondaires près de laquelle un petit jet onusien les attends. L'un officiel s'approche et leur demande si elles sont prêtes pour un voyage de près de sept heures. L'avion, plutôt ancien au vue de son appareillage, dispose d'une quinzaine de sièges, tous inoccupés. Invitées à s'installer, Ney et Tsadir s'asseyent dans la dernière rangée.
Étrangement, aucun hôte ne vient faire l'énoncé des règles de sécurité et même le pilote ne dit mot. Seul le lieutenant Memdja leur souhaite un bon vol avant de descendre de l'appareil. La semi-renarde, très intriguée s'interroge sur le mini-réseau tandis que l'ex-humaine explique que l'ONU n'est pas encore prête à laisser des non-humains passer publiquement sur le sol terrestre. La personne qui a organisé le voyage a visiblement pris soin de leur faire éviter tout contact avec la foule.
Quelques modifications des vecteurs d'accélération indiquent que l'avion a reçu son autorisation de décoller et qu'il s'élance sur la piste. La poussée se révèle particulièrement douce par rapport aux récentes expériences vécues par les coéquipières.
Durant le début du vol, Ney sirote son gel nutritif et se branche sur la prise normalement réservée aux appareils électriques transportables tels que… Tiens, c'est vrai, ils ne rechargent pas leurs ordoptiques et autres appareils de poche via le réseau aérien ? Bah, ce doit être un vieil avion.
Tsadir s'étire un peu et incline son siège vers l'arrière, quelques minutes plus tard elle s'assoupit et s'endort. Ney veille toute la nuit observant les ténèbres engloutir le paysage, puis les tracés lumineux des agglomérations urbaines à travers le halo dû à la pollution lumineuse.
Est-ce que Mahertis est en train de les suivre de là-haut ? Probablement pas ; avec une période orbitale d'un peu moins de quatre-vingt-dix minutes, il a déjà fait plusieurs fois le tour de la planète sans compter que son orbite passe quand même relativement bas.
Après avoir survolé l'Ouganda, le Soudan, l'Egypte, l'Italie, la France, et traversé deux mers, l'appareil arrive enfin en vue du grand Londres. L'agglomération s'étend sur une surface plus de cinquante kilomètres de diamètre et l'avion plonge en plein milieu après avoir fait un crochet vers l'est.
D'après les données de localisation de la renarde, et la trajectoire de l'avion, l'atterrissage devrait se faire sur la piste 27L de l'aéroport de la City. Tsadir, qui s'étire indique à Ney que l'aéroport a vu sa seconde piste se construire pour les besoins de Waylanders, avant que la corporation ne se fasse refouler de la Terre par les nations unies. Depuis, l'une des crises, Sol6 gère l'aéroport et sert de sous-traitant pour l'ONU et l'OTAN.
L'avion se pose sans encombres et, après quelques minutes de roulement pour quitter la piste et se rendre dans une zone de parking, la porte de l'appareil s'ouvre et un homme en uniforme onusien monte, accueillant les solaires. Immédiatement, Ney remarque le ton forcé et l'apparente bienveillance qui masque un sentiment de mépris. Mais comme Tsadir le répète assez, sur Terre les humains ne tiennent pas en grande estime les solaires.
Conduit par l'officier, Julian Prest, les deux descendent enfin de l'oiseau composite. Dehors l'air frais l'air frais de la nuit leur rappelle que d'après l'heure locale, il n'est que quatre heures du matin et que la cité dort encore.
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