Prières
Verner était sous surveillance, il le savait bien : les corporations sont très intelligentes et elles devaient déjà enquêter sur lui. En fin de compte, partir pour les colonies était une erreur. Ces adversaires-là ne s'affrontent pas.
Il ne peut pas vraiment s'en vouloir : avec l'échec de son expérience là-bas, il se trouvait dans une situation inconfortable et un jour son fils aurait été réveillé et la vérité aurait éclaté. Alors, on l'aurait convoqué, entendu et probablement condamné.
Passer dans les colonies était un bon moyen de se détacher de la justice terrienne, mais sa femme avait, une fois de plus, tout mis par terre. Ne pouvait-elle pas se contenter de savoir que son fils était en sûreté sur Terre, même s'il s'agissait d'un mensonge ? Au lieu, de ça il avait tout fait pour gagner du temps. Heureusement, il avait pu contacter Prest avant que les colonies ne se méfient et ce dernier avait dû cacher l'enfant et probablement éliminer les agents des colonies. Si ça n'avait pas été le cas, il le saurait déjà.
Mais le temps est une ressource finie pour lui et Verner souhaite à présent que ses alliés aient perçu sa détresse. Il est leur maillon faible : s'il tombe toute la chaîne tombe. La grande Tsadir, à demi-humaine et à demi-cybernétique, l'observe tous les jours. Est-elle en train de préparer sa vengeance pour la mort qu'il lui a infligé sur Terre ?
En attendant, et il déplore cette unique solution, il ne peut que continuer à feindre son rôle de diplomate honnête, même si cette façade est déjà tombée. La femme cyborg est déjà repartie et il espère pouvoir se reposer un peu sans qu'elle ne tente de lire dans ses pensées.
À l'apogée de sa paranoïa, le diplomate captif s’endort sur le divan de sa chambre. Pendant ce temps-là ses vœux sont en passe d'être exaucés.
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