Home sweet home
Le retour vers Londres touche à sa fin. Les grandes tours de lumière éclairent encore les ombres de la nuit et l'aéroport, très fortement éclairé, semble encore désert, les vols commerciaux n'ayant pas encore repris. À mesure que l'appareil s'approche des héliports, Tsadir observe le cortège onusien qui les attends. De-Montergny, encadré par de solides gardes du corps, les attends et ses hommes déployés autour comme pour protéger l'aéroport d'une menace visant l'hélicoptère et ses passagers.
L'atterrissage est doux et, une fois stabilisé, l'équipage ouvre la porte latérale. Le directeur onusien s'approche de la solaire qui porte une Ney endormie dans ses bras. Quelques vibrations d'oreilles démontrent pourtant sa pleine activité mentale.
L'un des médecins au sol s'approche du couple étranger et leur tend une sorte de biberon : finalement, le directeur est parvenu à rassembler le précieux gel. Tsadir dépose la chimère au sol qui s'étire et, remerciant l'homme très poliment, s'empare du conteneur et commence à boire le gel. La cyborg s'approche de Grégoire qui l'accueil chaleureusement d'une poignée de main vigoureuse.
Les solaires montent à bord de la voiture, accompagnées par le directeur et son secrétaire, lui aussi venu sur place. « Depuis votre venue, c'est pratiquement une guerre entre services qui s'est déclenchée. Mais vous n'y êtes pour rien : au mieux, comme le dit votre IA là-haut, vous n'avez été qu'un catalyseur de notre crise. Et votre aide a déjà tellement fait progresser l'affaire. » Le convoi onusien escorté par deux hélicoptères de combat et six véhicules blindés de transport appuie concrètement ses propos. Quelqu'un semble vouloir à tout prix refermer la boite de Pandore et cacher ses secrets.
Sur la route, Ney explique que l'enfant est probablement mort en même temps que Blumter et ses hommes. Il ne leur revient pas de faire la justice en ce monde et comme leur mission semble terminée, elles devront repartir, à moins qu'elles puissent être utiles et si elles sont encore désirées à bord. Tsadir constate à nouveau que la diplomatie de Ney précède encore les paroles du directeur. Avec une enveloppe plus adaptée et quelques fonds, elle ferait probablement une femme politique d'exception, capable de captiver une foule et de pratiquer sa magie à grande échelle. Mais la renarde n'est pas de cet avis et pour elle, la politique ne place pas les bonnes personnes au pouvoir. De-Montergny laisser échapper quelques rires.
L'homme accède à la question de Ney : oui il ne lui est plus possible de les garder sur terre plus longtemps, leur mission est effectivement terminée et sa hiérarchie exige, en relation avec l'ambassade des colonies à New York, que les solaires soient reconduites à leur vaisseau, en orbite, d'où elles pourront rejoindre leur foyer. Si quelque foyer les y attends bien sûr. Mais le directeur à un plan en tête qui ne va pas dans cette direction et même Tsadir le lit parfaitement.
La voiture s'arrête au pied de l'immeuble onusien. Ney semble plus excitée que jamais, plus exactement, ses sens en alertes depuis l'atterrissage et ses vérifications constantes de son environnement lui donnent une allure particulièrement agitée. Et elle a raison, on ne sait jamais ce qui peut se…
La vision de la guerrière se floute, le facteur temporel de son cerveau modifié est au maximum : une menace imminente approche.
La cyborg a reçu un message de Mahertis et son IA de supervision ne lui a même pas laissé le temps de réagir consciemment. Son champ de vision flouté par le mouvement lui laisse entrevoir un monde presque arrêté, les vecteurs des objets en mouvement se tracent, les forces se dessinent devant elle. Une balle. Sa trajectoire apparaît, directe. Elle doit traverser le corps de De-Montergny maintenant dans son angle mort. L'évaluation de ses logiciels de combats lui indiquent qu'elle ne pourra pas se déporter sur la trajectoire.
Le point d'origine du tir a été identifié sa propre arme est pratiquement dans l'alignement : un tir impossible sans une assistance, mais les armes à faisceau n'ont pas l'inconvénient d'être déviée par le vent.
Une anomalie… Ney ! La renarde avait réussi à anticiper l'attaque plus tôt et d'un bon elle est en train de s'interposer, la balle supersonique la percutera sur le flan droit… Et la voila qui déjà tourne sur elle-même sous l'effet de l'impact, une gerbe d'étincelle produite par le blindage intelligent qui tente de dévier la balle pour lui faire prendre le chemin le plus sûr. Des contres-ondes se propagent à la surface de la tenue de la chimère pour limiter l'effet de choc dans l'organisme. La balle ressort, elle a été déviée de vingt degrés, elle devrait rater le directeur et toucher la voiture derrière.
Focus ; visée ; micro-stabilisation ; tir ; attente du résultat ; calibration du second tir ; visée ; tir ; premier résultat : touché ; second résultat : touché.
Tsadir vient d'abattre le tireur situé de l'autre côté de la Tamise, à plus de 400 mètres de distance, avec une arme de poing neutralisante. À cette distance, le tir n'a que 60% d'efficacité. Elle rajoute donc deux tirs pour être sûr. Autour d'elle, rien ne semble avoir bougé, Ney continue sa lente rotation avec son panache roux. Les premiers micros éclats des vitres blindées commencent à voler, c'était une balle de très forte vélocité.
Retour temporel. Ney est au sol, les soldats autour d'elle commencent à peine à réagir, le tracé violacé du faisceau de son arme a marqué l'ennemi et déjà les hélicoptères se déplacent vers la rive opposée. Les gardes du corps traînent le directeur à l'intérieur sans lui laisser le temps de réaliser quoi que ce soit. Les hommes s'organisent pour former un barrage défensif, quelques civils crient inutilement. Tsadir se baisse et s'agenouille à côté de la chimère : elle semble consciente.
Elle la prend dans ses bras et la conduit à l'intérieur. Non, la mission ne semble pas encore terminée.
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