Je t'aime au-delà de ton absence.
Je souris au moment où mes doigts longs et fins se posent sur le clavier. A ma droite, un cadre multi-photos, tu y souris intensément, avec toute l’énergie que tu mettais dans chacun de tes pas, dans chacun de tes gestes.
La douceur de ton sourire danse encore en moi, comme une mélodie harmonieuse et je m’envole vers le souvenir de nos heures heureuses, quand tu me tenais dans tes bras et que nous volions au-dessus des pistes de danses. Cette valse lente qui nous faisait nous sentir si légers, cette valse lente qui emportait notre amour et nos regards croisés. Je me fondais dans tes yeux, je me laissais aller contre toi et nous glissions sur les parquets de bois. C’était si fort, si intense, plus rien n’existait que toi et moi, que la puissance de l’amour que tu me portais et que j’avais pour toi. Cet Amour, je sens à quel point il est toujours aussi fort, aujourd’hui, au-delà de la maladie, au-delà de la Mort qui n’a pas voulu te laisser continuer le chemin avec moi, avec ta famille, avec nos enfants. Tu es une partie de moi, tu es en moi. Ton alliance est glissée à mon doigt, à côté de la mienne. Je sais que c’est un signe fort que je nous envoie, pour l’instant, j’en suis là, je t’aime, tu me manques. Je vois les enfants grandir, je les vois marcher dans tes pas, dans les traces de l’homme formidable que tu continues d’être au travers des souvenirs qu’ils ont de toi, au travers de comment je continue de faire vivre notre histoire d’amour, au travers de ce que nos proches et amis disent de toi.
Certaines fois, ces valses lentes ou envolées me font mal, me font de la peine, elles me rappellent ta disparition, elles me rappellent ces heures merveilleuses qui n’appartenaient qu’à nous, cette magique sensation de ne faire qu’un, elles me rappellent ta douce main posée sur ma taille et le doux regard qui accrochait mes yeux bleus. C’était tellement fort, c’était tellement nous, intensément et si fréquemment. Nous dansions notre vie, nous étions mélodies et harmonies, même dans le plus banal d’un moment du quotidien, nos discussions, les tâches ménagères à la maison, nos instants suspendus avec nos trois enfants.
Tout cela est si vivant en moi, tout cela est si fort dans mon cœur, tout cela est si puissant. C’était nous, en authenticité et en sentiments, cela reste aussi fort aujourd’hui, au-delà de ta cruelle absence et de ce vide immense que tu as laissé dans mon cœur, dans notre vie.
J’ai encore le goût de tes baisers sur mes lèvres, j’ai encore les fragiles effluves de ton parfum sur un mouchoir. Lorsque je le respire, le souvenir de toi enfle et devient présence. La mémoire d’une odeur est tellement intense, ça en devient presque douloureux.
Et cette montée de clarinette sur un morceau de musique, qui me revient aussi en mémoire. Une autre valse, la notre aussi, la plus belle jamais jouée pour nous, pour notre mariage ; une douce envolée de note, les cordes du violon délicatement frottées, et puis le souffle léger de la flûte traversière, comment oublier ces heures somptueuses où nous dansions.
Cette valse, elle fut jouée, douloureusement, le jour où nous t’avons dit adieu, ce samedi matin de janvier, il faisait si froid, dans cette nature glacée et givrée, alors que j’avais caressé ta peau une dernière fois, la peau de ton visage était restée chaude. Ne me demandez pas comment cela était possible, je sais ce que j’ai ressenti à ce moment là. Non, la Mort avait bien été incapable d’éteindre le feu de ton âme, et ta peau en portait encore les traces, traces qui nous ont consolés et qui nous ont donné la certitude que ton Amour était passé en nous et qu’il y resterait, pour nous donner la force d’avancer sans toi, mais avec toi au-dessus de nous. Je t’aime au-delà de ton absence.
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