Tap, tap, tap.

Je maugréai en passant mes deux mains dans mes cheveux entremêlés, les posant au niveau de mes tempes endolories. Ma migraine me faisait l'effet d'un étau, se resserrant de plus en plus autour de mon crâne.

Dégoulinante de sueur, la canicule avait eu raison de ma frêle personne. Les clients avaient été éreintant, de plus en plus impatients, d'une incivilité à me faire voir rouge. C'était épique, de nos jours, de tomber sur des clients qui avaient un simple bonjour sur les lèvres.

Tap, tap, tap.

Cette fois, je râlai haut et fort, et tant pis pour le voisinage. Je m'extirpai douloureusement du drap qui collait à ma peau couverte de pellicule de sueur, une grimace tordait mes lèvres. Le contour de mes yeux me lançait cruellement, la douleur lancinante descendait le long de mon conduit nasal, m'évoquant un début de sinusite aigüe. C'était bien ma veine, tiens.

J'enfilai à la va vite mon kimono en soie et ouvris la porte à la volée, un courant d'air violent et d'une chaleur écrasante s'engouffra dans l'entrée. Mes yeux se plissèrent et lancèrent des éclairs.

Il n'y avait personne dans le hall du 5ème étage.

Tap, tap, tap.

Je relevai vivement la tête, mon humeur passa d'exaspérée à massacrante en un quart de seconde. Le malautru, qui faisait tout ce boucan à une heure aussi indue, allait recevoir toute la colère retenue que j'avais eu envie de lâcher toute la semaine sur les clients.

Il faisait un tintamarre de tous les Diables.

TAP. TAP. TAP.

Il approchait de mon étage.

Une silhouette tourna à l'angle de ma cage d'escalier.

J'ouvris les lèvres pour m'égosiller alors qu'il passait à ma hauteur, et m'immobilisai net, ma main tréssauta sur l'embrassure de la porte.

Celui qui descendait les étages comme un malade n'avait absolument rien d'humain.