Chapitre 3 : Les orphelins

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Cité d’Anfa dans la région de Maurétanie en Empire Romain d’occident. (Casablanca, Maroc actuelle )


Entouré des cadavres de ses congénères il lutte. La fatigue et la chaleur étouffante l’on immobilisé. Il suffoque sur sa potence de bois alors que de nombreux passants circulent devant lui et ses camarades, dans l’indifférence la plus totale. L’écume commence à sortir de sa bouche… Il s’apprête à rendre son dernier souffle.

Alors qu’au milieu du marché à poisson ce tourteau voit sa fin approcher, seule Quisa, 12 ans, le prit en pitié.

Assise sur le pas d’une porte elle observait ce crabe et s’identifiait à lui. Elle était à l’agonie. On distinguait tous les os de sa cage thoracique. Ses lèvres étaient craquelées par la déshydratation et ses vêtements , noirs de crasse, étaient déchirés.

Face à elle, un petit pot de terre cuite où trois petites pièces de bronze se superposaient. La tête sur l’épaule de Quisa, Aksil, 8 ans, dormait pendant que sa grande sœur faisait la manche.

Alors qu’une quatrième pièce de bronze rejoignait les trois autres grâce à un bienfaiteur, Quisa poussa doucement son frère pour le réveiller.

-Ça y est .

Lui dit elle avec entrain.

Aksil regarda alors le petit pot et éclata de joie.

-Génial ! On achète quoi ?

- Pourquoi pas un poisson grillé ?

- Oui allons y je meurs de faim !

Ils récupérèrent leur petit pot contenant les pièces et allèrent voir un marchand qui, prit de pitié devant ces deux enfants à l’accoutrement misérable, accepta de leur vendre pour quatre pièces une brochette de poissons grillé.

Suite à cette heureuse transaction et alors que son cerveau reptilien lui ordonnait de ne pas le faire, Quisa donna la brochette à son petit frère. Ce dernier l’attaqua alors à pleines dents. La mine déconfite, sa sœur finit par lui arracher la brochette des mains avant qu’il ne l’avale en entière.

-Hey ! Mais qu’est ce qui te prends ?

S’exclama t-il.

-Tu allais encore tout manger espèce de morphale !

- Mais j’ai faim !

- Moi aussi j’ai faim !

Lui dit-elle sur un ton autoritaire.

Contrarié Aksil répondit :

-Maman a dit que je devais manger à ma faim pour devenir grand !

-Maman n’est plus là et il faut qu’on partage pour survivre.

Ces mots lui firent prendre une inspiration saccadé et il éclata en sanglot.

-Quisa ! J’en ai assez ! Je veux rentrer à la maison !

Touchée par la détresse soudaine de son petit frère elle le prit alors dans ses bras et lui dit.

-Mais on ne peut pas ! Après l’inondation la maison a finit sous l’eau avec papa et maman !

Suite aux souvenirs que ses propres paroles font remonter, Quisa sentit que ses paupières ce chauffaient à cause des larmes qui lui montaient aux yeux. Son frère lui, pleura de plus belle en pensant à ses parents, qui avaient voulu sauver leurs affaires resté dans l’habitation, dont ils n’étaient jamais ressortie .

Elle inspira donc un grand coup et se retint de pleurer.

« Je doit être assez forte pour nous deux » Se dit elle.

-Tiens !

Dit elle en lui tendant le reste de la brochette.

-Mais et toi alors ?

Répondit t-il en ravalant un sanglot.

-Je vais trouver une solution ! Mange !

Après ces mots il reprit la brochette et la mangea plus lentement cette fois ci.

Durant les heures qui suivirent Quisa scruta la foule de personne qui défilaient devant eux. Elle fini par repérer un groupe d’enfants qui circulaient de façon répétée entre les adultes. À plusieurs moment elle vit certains d’entre eux subtiliser discrètement des bourses pleines de pièces aux passants. Elle attrapa la main de son frère et se mit à suivre l’un des enfants qui venait de voler une bourse.

-Où on va ?

Demande Aksil.

-Suis moi et tais-toi !

Répondit t-elle sèchement.

Ils longèrent les rues de plus en plus étroites de la cité. Ils manquèrent de perdre l’enfant à deux reprises et finirent par le voir escalader un mur en terre crue tout en se servant des défauts de la structure pour monter. Arrivé là Quisa lâcha la main de son frère et lui dit.

-Attend moi ici !

Sans un mot ce dernier obéit pendant que sa sœur utilisa ses maigres forces pour escalader.

Une fois arrivée sur le toit plat du bâtiment elle put observer un groupe de cinq enfants et adolescents en train de rassembler des bourses volées puis de s’empiffrer de galettes d’orge et de gâteaux sec.

Devant cette étalage de nourriture Quisa sentit la salive lui monter aux lèvres. Déconcentrée par ce qu’elle avait sous les yeux elle ne pensa pas à se cacher et l’un des garçons l’aperçu.

-Hey ! Qui t’es toi ?

Tous les garçons tournèrent alors la tête vers elle et se rapprochèrent , certains avec des bâtons dans les mains. Intimidée mais déterminée elle leur dit :

-Si il vous plait ! Moi c’est Quisa, on a besoin d’aide avec mon petit frère.

- Et puis quoi encore ?

Dit l’un des garçons avec un bâtons dans la main et prêt à s’en servir.

Quisa ferma les yeux et serra les dents de peur de prendre un coup.

-Attend !

Dit le plus vieux des garçons en arrêtant son camarade qui s’apprêtait à la frapper.

-Beri ! On fait pas de charité nous !

Répondit l’autre garçon contrarié d’être arrêté dans son élan.

Beri attrapa alors son camarade et lui murmura à l’oreille. Pendant ce temps Quisa rouvrit les yeux mais ne desserra pas les dents.

Le garçon au bâton grommela mais recula.

Le plus âgé des garçons approcha alors de Quisa et passa son bras le long de son épaule avant de lui dire :

-Tu peux peut-être nous rejoindre, mais il va falloir participer aux tâches collectives pour faire partie de notre bande.

-Oui bien sûr, tout ce que vous voulez.

Répondit t-elle trop heureuse d’enfin voir une échappatoire à sa situation.

-Super, moi c’est Beri ! Il est où ton frère ?

- Il est resté en bas .

- Dit lui de monter.

Quisa fit alors signe à son frère d’escalader.

Une fois celui-ci avec elle sur le toit ils rejoignirent la bande qui était installée en cercle autour de leur butin de nourriture et de pièces.

Le frère et la sœur regardèrent alors avec envie la nourriture disposée devant eux.

Remarquant leurs regards et leurs carrures Beri prit deux galettes et leur en donna une chacun en leur disant.

-Considérez ça comme un cadeau de bienvenue, après y faudra mériter votre nourriture !

Tous deux se jetèrent alors sur les galettes et les dévorèrent. De nouveau alimentée Quisa sentit déjà qu’elle regagnait des forces et se sentit, paradoxalement, plus légère. Elle était soulagée d’un poids. Les deux petites traits roses qui lui servaient de lèvres se mirent à craqueler parce qu’ils adoptaient une forme qu’ils n’avaient plus présentés depuis bien longtemps, un sourire. Car enfin leur condition s’améliorait.

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