Chapitre 27 : Un cours de volley qui finit mal
Michael avait passé son weekend tirailler entre les études et ses pensées pour Églantine. Elle lui avait tellement manqué, qu'il s'était empressé de l'emmener dans un coin caché de l'école dès le lundi matin.
Ils s'embrassaient à pleine bouche, entre deux rangés de livre. Il n'y avait personne à la bibliothèque de si bonne heure. Personne mis à part la dame de l'accueil buvant son café dans le couloir avec quelques collègues. Il la couvrait entièrement avec sa carrure, juste au cas où quelqu'un passerait. Ses baisers étaient féroces, la poussant légèrement contre le mur, tout en déposant ses mains dans le creux de sa taille. Elle lui répondait, à bout de souffle, quand il lui mordilla la lèvre.
- Mi… Michael, ça va ? Demanda-t-elle timide.
- Bien sûr … Qu'est-ce qu'il y'a ? Demanda-t-il à son tour.
- Tu es un petit peu… trop… entreprenant ?
- … Tu m'as tellement manqué, j'ai envie de passer tout mon temps avec toi.
- Oh, moi aussi, rougit-elle.
- D’ailleurs… ce soir, est-ce que tu veux dormir dans ma chambre ?
- Euh… Je…
- Si tu ne veux pas je comprends mais…
- Non ! Je veux venir, mais il y aura les devoirs et il faut étudier…
- On le fera ensemble, s'il te plaît viens. Je n'ai pas envie d'être seul dans mon lit ce soir, j'ai envie que tu sois avec moi, dit-il en attrapant sa main.
- Moi… aussi… Moi aussi, je le veux ! S'exclama-t-elle.
Michael lui répondit par un baiser, et la ramena dans ses bras, serrant son corps comme s'il n'allait jamais le lâcher.
L'adolescence nous avait apportés responsabilités et contraintes, mais pas seulement. Les beaux jours étaient rongés par le doute, et dans leur cas précis, ils se demandaient : "Combien de temps cela va-t-il durer ?".
Elliot et Katerina ne s'adressaient toujours pas la parole. Bien qu’ils se dissent bonjour, ils n'avaient toujours pas régler leur différend. Si le roux se demandait comment il allait se faire pardonner, la brune voulait savoir pourquoi il l'avait touché, mais le doute, les paralysait. Ils avaient en réalité plus de raisons de rester en mauvais termes que de se rabibocher. Ça revenait au même que de se brûler les ailes, en se rapprochant trop du soleil, et pourtant…
Il l’avait pris à part dans le courant de la matinée, en sortant des cours. Nous continuions notre route jusqu’à la cour, alors que Katerina envoyait des signaux d’alertes à Alicia et Eglantine. Celles-ci lui lancèrent des sourires malicieux, lui faisant comprendre qu’elles ne l’aideraient pas.
Elle le suivit sans rien dire, la gorge nouée. Il la guida jusque dans un couloir vide, ou personne ne passait. Il s’appuya contre le mur, et fit un geste, l’indiquant de s'installer sur l’appui de fenêtre. Elle obéit instinctivement, d’une mine contrariée. Elliot inspira profondément avant de débuter, tandis qu’elle releva les yeux vers lui, curieuse.
· Je veux que tu saches… que, oui j’ai profité de toi dans ton sommeil, mais ce n’était pas voulu… ET… Ça n’a rien avoir avec Alicia, il n’a jamais rien eu entre nous.
· Oui… Elle me l’a dit… Répondit-elle embêté.
· Maintenant, je ne m’attends pas à ce que tu me pardonnes si rapidement, mais arrêtons de nous ignorer au moins ? S’il te plait, la supplia-t-il du regard.
· Je ne sais pas… Ça veut dire que tu fais ça avec beaucoup de filles… Pour que ça devienne une habitude.
Elliot avait effectivement des facilités avec les filles, et il avait connu la compagnie de plusieurs d’entre elles au petit matin. Il se couvrait le visage de honte, repensant à ses conquêtes. C’est quelque chose qu’il ne pouvait pas nier, son succès lui avait valu quelques nuits folles. Cependant, il ne saisissait pas l’importance de cette discussion.
· Est-ce que c’est pour ça que tu es fâché ?
· Non je… C’est juste que…
· Que quoi ? Insista-t-il.
· Je trouve ça juste bizarre… Et vraiment culotté, de m’avoir pris pour une autre… Ça me dérange…
· Tu… Aaah, soupira-t-il. Tu te rends compte de ce que tu dis ?
· Quoi ? Sois pas si sérieux, je ne trouve juste pas ça correcte.
· Je vois, sourit-il. Mais est-ce que ça veut dire que tu aurais voulu que je le fasse en pensant à toi ? Lui demanda-t-il un sourire en coin.
· Bien sûr que non !
· Ce n’était pas si désagréable tu sais… Avoua-t-il gêné.
· Tais-toi, rougit-elle.
· Pourquoi ? Répondit-il en s’avançant.
Il se mit à sa hauteur, et déposa une de ses mains sur l’appui de fenêtre, encadrant parfaitement sa silhouette de la sienne. Il pencha sa tête pour plonger ses yeux dans les siens, qu’elle gardait intentionnellement au sol. Alors qu’il cherchait son attention, elle lui lança un regard noir.
· Ne t’approche pas…
· Ce n’est pas ce que tu veux ?
· Non ! Je ne veux pas ! S’exclama-t-elle. Je… Je veux juste que ça ne soit plus bizarre, alors arrête !
· Est-ce que tu me pardonnes alors ?
· Je… Non… J’en sais rien… T’es vraiment bizarre !
· En réalité, je sais exactement comment me faire pardonner, commença-t-il.
· Je ne veux pas de tes plans bizarres et…
· Je pensais plutôt te faire découvrir mon petit endroit secret… Tu sais, celui ou je vais chercher tous mes CD.
· Comme si ça pouvait vraiment changer quelque chose !
· Oh allez, c'est là que je trouve toutes mes éditions collectors, hum ?
· … Je veux bien voir l'endroit, mais ça veut pas dire que je te pardonne !
Il roula les yeux au ciel, tout en glissant sa main dans ses cheveux et la décoiffa en trifouillant dedans. Elle attrapa sa main, tel un chat capturant sa proie. Alors qu’elle s’en dégageait, il rapprocha son visage du sien et lui souffla sur le nez. Elle le poussa par réflexe et tandis qu’il faisait un pas en arrière, il lui lança son sourire de dragueur. Katerina décolla ses fesses de l’appui de fenêtre et pressa le pas dans le couloir. Il se mit à sa hauteur, et bascula sur un seul de ses pieds pour cogner son épaule contre le sien. Elle soupira, l’air renfrogné et esquissa un sourire qui le surprit. Ce rictus était la preuve qu’elle n’était pas capable de garder son sérieux lorsqu’il la taquinait.
***
Les filles se changeaient dans le vestiaire avant de débuter les heures de gym. Alicia nouait ses lacets et regardait Eglantine se disputer avec son t-shirt devenu trop petit pour sa poitrine. Elle portait un soutien-gorge blanc, décoré de dentelle, et se cachait légèrement des autres filles de la classe. Katerina ne s’encombrait pas, elle portait simplement une brassière de sport, et un gilet par-dessus. Alicia déposa ses mains de part et d’autre de sa poitrine, et la compara du regard à celles de ses copines.
- Franchement Kat, c’est toi qui a les plus gros ! S’exclama Alicia.
- Ahahahah, quoi ?! Tais-toi un peu ! Rougit-elle.
- C’est vrai, je donnerais n’importe quoi pour avoir les tiens, ajouta Eglantine.
- Tai…sez vous, bandes de folles !
Tandis qu’elles se complimentaient sur leurs attributs, les copines de Marry les jugeaient de l’autre bout de la pièce. En termes de poitrine, cette dernière gagnait de loin. Blear semblait également bien faite, mais elle était très pudique. Elle arrivait toujours plus tôt dans le local pour se changer à l’abri des regards.
· Tu as vraiment été gâté par la nature ! S’exclama l’une vers Marry.
· Oh… Hum merci, je sais bien, répondit-elle fièrement.
· Et toi Blear ? Tu nous montres, dit une autre.
· … Je n’en vois pas l’intérêt, rétorqua-t-elle calmement.
· Tu as des choses à cacher mm ?
· Non…
· Oh allez sois pas timide !
· Laissez-la tranquille, fit Marry d’un ton strict. Viens Blear, allons-y.
Les deux belles quittèrent le vestiaire, sous les regards énervés de toutes les autres. Marry avait créé un mur entre elles et Blear, la protégeant des remarques hostiles de ces dernières. C’était sans doute, également une manière de ne pas laisser entrevoir à Blear la vraie personnalité de celles qui l’entourait. Elles pestaient, toutes sans exception.
· Franchement, elle s’est ramollie depuis qu’elle traine avec la reine… C’est plus la même chose…
· Oui, je suis déçu moi aussi.
· C’est devenu son petit toutou, comme les autres.
· Ne… Ne dites pas ça ! S’exclama Eglantine.
La tendre assistant au spectacle ne put s’empêcher d’intervenir dans leur conversation. Alicia et Katerina firent surprise de sa réaction, autant qu’elle ne l’était elle-même. Elle se couvrit la bouche, choqué par ses propres mots. Elle se sentit toute petite face à l’ancienne coure de Marry, qui la regardait de travers, prête à la dévorer.
· T’as quelque chose à dire ? Demanda l’une.
· C’est l’hôpital qui se fout de la charité… S’il y en a une bien une qui doit lui en vouloir, c’est toi !
· Non… Je… Marry n’est pas… Balbutia-t-elle.
· Ahahah, incapable de dire un mot, comme d’habitude, se moqua une autre.
· Je te conseille de te calmer tout de suite, intervint Alicia.
· Et voilà la blondasse qui arrive, encore une fois, à la rescousse de sa princesse, pour pas changer…
· Et la brune également, alors fou lui la paix, ajouta Katerina.
· Exactement, ou tu préfères qu’on se tape dessus ? Proposa Alicia.
La prof vint directement calmer la situation, et invita chacune d’entre elle à rejoindre le gymnase avant qu’une guerre n’éclate. Elles avaient commencé les sessions de Volley et commencèrent par des exercices individuels. Elles devaient faire des duos, mais Alicia préférait jouer en solo, que de devoir faire équipe avec l’une de ses pestes. Elle n’écoutait pas non plus sa prof, qui ne savait toujours pas comment la gérer. Elle était infernale, mais étant bonne joueuse et l’une de ses élèves les plus douées lors des matchs, elle fermait les yeux. Alicia s’invita dans son duo d’amies pour leur faire des passes, avant que le coup de sifflet retentissent. Les filles devaient faire équipe, les choses sérieuses allaient enfin commencer.
Elles avaient été divisées en quatre équipes, Katerina fut séparée des autres et disputait un match contre l’équipe de Marry et Blear. À côté, Alicia et Eglantine étaient assises sur les bancs longeant les murs de la salle, attendant patiemment leur tour. Alicia avait remarqué la mine contrariée de son amie, et n'hésita pas à entrer dans le vif du sujet.
- Pourquoi tu as pris sa défense ? J’veux dire de Marry ?
- Oh je… je ne sais pas… Répondit Eglantine en déviant son regard.
- Eh, tu peux tout me dire ! Lâcha-t-elle en attrapant son épaule.
- Je sais bien, répondit-elle. Mais je ne sais pas pourquoi… J'ai agi sans réfléchir, expliqua-t-elle.
- C'est un peu étrange de prendre la défense de son bourreau, nan ?
- Je sais que ça l’est mais en un sens… Elle n’a encore rien fait pour moi et Michael, alors que tout le monde pensait que ce serait le cas et … C'est étrange, je n'arrive pas à la détester… Avoua-t-elle.
- Tu voudrais être amie avec elle ?
- Amie ? C'est un grand mot, même si n'étions pas en si mauvais terme avant tout cette histoire…
- Je vois, alors va lui parler !
- Lui parler ! Non, je… C'est impossible…
- Bah pourquoi pas ??
- J'en suis incapable… et elle n'accepterait pas non plus… J'aurais aimé avoir une discussion mais…
- Ça, tu ne le saura pas avant d'avoir essayé, ça te coutera rien de toute façon !
- Non, vraiment… Alicia, ce n’est pas possible… Je ne peux pas discuter avec elle, même si je le voulais.
- Mouaaais ok, ok, mais c’est bien dommage…
***
La plupart des filles s’étaient enfuis dans le vestiaire pour éviter de ranger le matériel à la fin du cours. Katerina ayant déjà contribué s’empressa d’aller se rhabiller, morte de faim. Elle avait attendu le temps de midi avec impatience, n’ayant rien manger à la pause du matin. Eglantine et Alicia déplaçait un banc pour le remettre avec les autres, tandis que Marry se dirigeait vers la réserve pour y déposer les cerceaux qui avaient servi à l’échauffement. La prof se dirigea vers la porte en feuilletant son cahier de note, et en profita pour demander une dernière requête aux filles.
· Alicia, Eglantine, n’oubliez pas de fermer la réserve après avoir rangé les derniers ballons.
· Ça marche m’dame !
Eglantine attrapa les deux ballons restants et se dirigea dans la réserve, là ou Marry se battait pour remettre en place le filet dans le tube qui lui était destiné. Lorsqu’elle entra, celle-ci, la regarda à peine et soupira, agacée. Elle prit directement son air fâché, qui cachait le malaise d’être seule avec elle. Alicia attendait à l’entrée, accoudée contre le coin de la porte coulissante et observa la scène. Elle ressentait la colère de Marry monter, en même temps qu’elle s’acharnait sur le filet, tandis qu’Eglantine déplaçait en silence les ballons pour pouvoir refermer le bac. Elle regarda ensuite la porte de haut en bas, et fixa à nouveau son regard sur les deux filles qui s’ignorait.
· Dis-moi, tu as fort faim Eglantine ? Demanda-t-elle.
· Ah ? Non ça va, pourquoi ? S’étonna-t-elle.
· Ok, je reviens te chercher tantôt alors !
· Hein… ?
Alicia agrippa la porte de la réserve à toute vitesse, et la claqua en attrapant la barre qui servait à la fermer. Le bruit qui s’ensuivit résonna dans tout le gymnase. Marry se jeta sur la porte et claqua ses poings dessus se rendant compte que c’était déjà trop tard. A côté, Eglantine, restait béante, les épaules tombantes et la bouche entre ouverte.
· Espèce de TAREE ! Ouvre-moi tout de suite, ou je te jure que tu vas le regretter ! Hurla Marry.
· … Nan ! Allez, profitez-en pour renouer, à tantôt les files ! S’exclama Alicia à travers la porte.
· … Je vais la massacrer… Marmonna-t-elle enragée.
***
Nous étions en train de déguster notre repas du midi, sans savoir ce qu’il se passait dans la réserve au même moment. Michael s’impatientait de voir arriver sa dulcinée, bien qu’Alicia lui eût dit qu’il ne devait pas s’inquiéter.
· C’est bizarre quand même… Ce n’est pas son style de ne pas prévenir, je me demande où est-ce qu’elle est ?
· Hum, Fit Chuck.
· Qu’est-ce qu’il y a ? Tu sais quelque chose ?
· Oh je vois, Marry n’est pas là non plus, constata Elliot.
· Voilà, c’est-ce que je me disais, ajouta Chuck.
· Bon sang, ça ne peut être que mauvais signe… Je vais voir !
· Non ! Intervint Alicia.
· Comment ça, non ?
· C’est pas la peine… Dit-elle évasive.
· … Alicia ? Dis-moi ce que tu sais…
· Ah mais rien, je te dis de pas t’inquiéter…
· Dis-moi, ou elle est !
· Roooh ça va, t’énerves pas ! Je les ai laissés dans la réserve…
· Laissé ? Dis-je surpris.
· Qu’est-ce que tu as fait ? Demanda Katerina suspicieuse.
· Euuuuh… Bah je les ai peut-être enfermés ensemble, sourit-elle.
· QUOI ?!
· Mais… Pourquoi ? Lui demandais-je choqué.
· Je m’enfiche de savoir pourquoi ? J’y vais tout de suite !
Michael se leva de sa chaise, et s’avança d’un élan prêt à courir la rejoindre. Alicia s’empressa de lui barrer le chemin. Tout le réfectoire les regardait se défier du regard, et alors qu’il tentait une feinte vers la droite, elle se remit à nouveau devant lui.
· Ne sois pas comme ça et laisse-moi passer… Je m’inquiète pour elle, souffla-t-il.
· Je sais, mais tu ne dois pas t’en pas faire !
· Comment est-ce que je pourrais, alors qu’elle est avec cette fille… Elle est monstrueuse ! Après tout ce qu’elle lui a fait…
· Je penses que tu y vas un peu fort, lâcha Chuck. C’est vrai qu’elle n’a pas toujours été tendre, mais elle n’a jamais oser lui faire quoi que ce soit en étant seule, tout ira bien…
· Oh ça va ! Arrête un peu de la défendre, j’ai compris que tu craquais pour elle !
· T… Aaah… Soupira-t-il. Alors premièrement, ça n’a rien avoir, et deuxièmement, tu ferais mieux de me parler autrement, dit-il sèchement en se mettant à sa hauteur.
· Hey, vous n’allez pas vous battre les gars ! Intervint Elliot.
· Non, je vais juste la rejoindre…
· Mick… Non ! Elle m’a dit qu’elle voulait discuter avec elle… Alors je leur ai donner cette chance…
· En les enfermant ? Ce n’est pas si malin…
· Je veux bien qu’on aille voir si tout va bien, mais promets-moi de ne pas intervenir… Elles ont besoin de mettre cette histoire au clair.
· … Très bien… Mais si j’entends quoi que ce soit de louche, je la fait sortir, ok ?
· Elle ne fera rien, insista Chuck.
Chuck portait sur son visage un air assez menaçant pour faire baisser les yeux de Michael, le temps d’une seconde. Il reprit les hostilités, et s’adoucit tout de suite, en voyant son ennemi lui lancer un sourire maladroit. Il souffla, et reprit sa route aux côtés d’Elliot. Nous suivions d’un pas rapide, Katerina était également inquiète, Alicia honteuse et Chuck contrarié.
Pour ma part, j'espèrais que la situationne dégénere pas.
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