Chapitre 30 : Qui es-tu ?

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Est-ce que la vision de Blear entrain de pleurer avait éveillé quelque chose chez Alicia ? Elle ne m’a jamais confié ses pensées à ce propos, mais son comportement vis-à-vis d’elle avait indéniablement changer.

Dès la rentrée du weekend, elle s’attaqua à une tâche irréalisable que chacun d’entre nous avait abandonné la semaine précédente. Nous fument choqués de la voir se rendre à sa table, vide de neuf autres sièges, durant l’heure du dîner. Elle s’assit sans même lui demander son autorisation, sous le regard de tous les autres élèves.

Blear la détailla, interdite, en train de se battre avec le sachet de son sandwich et mâchouillant vulgairement les premières bouchées de son pain.

- Keski y a t’en beu ? articula-t-elle la bouche pleine et en lui tendant son repas.

- Hors de question, tu es répugnante ! s'écria-t-elle.

Sa remarque la fit rire, menaçant la bouillie sur sa langue de sortir hors de sa bouche. Elle posa son index au milieu de celle-ci, et s’efforça à avaler ce qui y restait. L’intéressée la regardait écoeurée, les lèvres retroussées.

- Si tu as quelque chose à dire, je t’en prie, dit-elle en première.

Un nouveau rictus la gagna. La tête sur ses poings, les coudes sur la table, elle lui lança un grand sourire, surplombé d'un regard de défi. Blear se recula au plus qu’elle le pouvait sur sa chaise et s'arma de la fourchette de sa salade, juste au cas où.

- Alors ? s’impatienta-t-elle face à son silence. Tu es venue me réquisitionner comme le reste de tes amis ? Si c’est ça, tu peux oub…

- Du tout, s’empressa-t-elle de répondre. Ils n'ont rien avoir avec ça, je m'enfiche qu'ils veulent que tu sois avec nous, ajouta-t-elle d’un ton las en reprenant en main son sandwich.

- Ce n’est pas très courtois de parler de cette manière de ses amis, et de s’inviter à la table de quelqu’un sans lui avoir demandé son accord, répondit-elle guindée.

- J’y vois pas ton nom, surjoua-t-elle en regardant en dessous de la table de grand yeux ronds, puis en haussant les épaules d'un air surpris.

- J'aimerais manger en paix, si tu veux bien, avoua-t-elle d'un ton de voix très crispé.

- Je crois pas non !

Les pieds de la chaise glissant en arrière contre le carrelage émirent un grincement qui hurla dans les oreilles des élèves aux alentours. Elle fit valser ses deux jambes en l'air pour les claquer violemment contre la table. Blear poussa un léger cri. Elle lançant ensuite un regard noir à cette blondasse qui la fixait de manière insolente en sirotant son coca. C’était un défi, celui de rester, ou de partir, mais où pouvait bien aller la reine qui avait prit l'habitude de manger à cette même table les années précédentes de son règne ? Et à quoi bon rester en si mauvaise compagnie ? Blear se leva de sa chaise, en douceur, et en ne quittant pas les yeux de son adversaire. Elle lança sa fourchette contre son plateau, retentissant dans la salle, et fit un petit mouvement avec son cou, en même temps que son sourcil qui se levait.

- Tu nettoieras... Porc.

***

"La reine vs. La blondasse", les élèves se délectait des événements, comme ils dévoraient du popcorn devant un nouveau blockbuster. De notre côté, nous n'essayons pas de raisonner Alicia, sachant qu'elle ne s'arrêterait pas avant d'avoir eu ce qu'elle souhaitait. Mais qu’est-ce qu’elle voulait au juste ?

La période d’examen arrivant, elle se lança dans une étude approfondie. Je pensais qu’elle avait enfin été fouetté par la peur de l’échec, mais je compris aussitôt qu’une autre raison la motivait. Jusqu’ici Blear avait toujours eut les réponses aux posés par nos professeurs. Ils avaient pour habitude de lui donner systématiquement la parole. Tout le monde fut surpris quand Alicia prit l’initiative de lever la main, même nous n'y croyons pas. Elle entreprit une course, celle d’être la première à répondre, d’être la plus rapide, et ce petit jeu fit marcher la reine un ou deux jours, jusqu’à ce qu’elle se rende compte du ridicule de cette compétition.

Elle poursuivit sa course en la rejoignant aux différents endroits où elle dinait et soupait. Dans les couloirs, jusqu’aux toilettes, l’éclaboussant « sans faire exprès » lorsqu’elles se lavaient les mains, elle la suivait partout. Blear s’énerva particulièrement le jour où elle passa sa tête au-dessus de la cabine, pour lui lancer un « coucou ». Elle sortit en trombe dans le couloir, et lui fit face les poings serrés puis se ravisa en découvrant les visages qui les dévisageaient. Où Blear allait, Alicia sévissait. Un spectacle fatiguant qui agaçait la première. Elle ne se rendit pas à l’école les quelques jours qui suivirent par besoin de souffler, où plutôt se concentrer sur ses révisions. Les professeurs ne soulevèrent pas son absence et le directeur invita en personne notre blonde préférée dans son bureau.

- J’ai remarqué que tu étais devenue… proche… de Blear ? commença-t-il d’un ton inquiétant.

- Vous avez l’œil, répondit-elle avec ironie.

- Je ne m’en mêlerais pas, mais Blear doit donner son maximum en cette période, et je ne voudrais pas qu'elle soit privée de ce temps précieux.

- Elle est venue vous en parler ?

- Eh bien, non, mais…

- C’est une grande fille, si je l’emm… l’ennuie, rectifia-t-elle en voyant les yeux du directeur s'agrandir, elle me le fera savoir !

- Essaie de comprendre, Blear n’est pas le genre de personne qui ose dire ce qu’elle a sur le cœur, alors donne lui du répit.

- Sans blague, marmonna-t-elle.

- Alicia !

- Très bien ! Est-ce que je peux retourner à mes révisions ? Elle n’est pas la seule à travailler ses examens vous savez…

Elle sortit de mauvaise humeur du bureau du directeur et nous rejoignit dans la salle d’étude dans laquelle on improvisait des sessions de révisions.

- Il te voulait quoi ? demandais-je dès qu’elle prit place.

- Hum, me parler de Blear… Rien d’important, répondit-elle évasive.

- À propos, commença Marry, je voudrais aussi t’en parler… Qu’est-ce que tu lui veux exactement ? C’est vrai qu’elle n’est pas douce, mais je l’apprécie et je sens qu’elle est à bout…

- Tant mieux si c’est le cas, lui coupa-t-elle la parole.

- Pour une fois, je suis d’accord avec Marry, dit Katerina en voyant la dite lui lancer un sourire reconnaissant.

- On a tous essayer en plus, et elle est clairement pas intéressée… Ajouta Michael.

- Ouais, et c’est pas de cette manière que tu vas tirer quoi que ce soit d’elle, dit Elliot.

- Vous ne comprenez pas…

- Alors explique nous, fit Chuck d’un regard insistant.

- C’est vrai, nous voulons comprendre, l’accompagna Eglantine.

- Il faut qu’elle soit à bout, il faut qu’elle craque, dit-elle en colère.

Personne ne comprit sa réponse, bien qu’elle résonnât dans ma tête jusqu’à la tombée de la nuit. Elle l’avait vue pleurer, et depuis elle ne la lâchait plus d’une semelle. Parfois, j’avais l’impression qu’Alicia pouvait voir des choses que nous ne pouvions pas. C’était comme si elle avait découvert une facette de Blear que seule, elle, pouvait apercevoir. Et quel était son but ? La ramener aux côtés de Marry et aux nôtres de la même manière ? Si oui, pourquoi ?

***

D’autres jours s’écoulèrent, nous amenant à un nouveau lundi, le jour de la gymnastique. Et pour le coup les filles finissaient cette première partie de l’année avec les cours de danse. Katerina était totalement dans son élément et faisait équipe avec Eglantine pour sa chorégraphie. Marry avait été placé par la prof avec quelques-unes de ses anciennes “amies”, ce qui n’enchantaient aucune d’entre elles. Blear était la plus à plaindre, sachant qu’Alicia s’était débrouillée pour être dans son groupe. Ce n’était pas le premier cours où elle lui mit des bâtons dans les roues, refusant chaque pas qu’elle proposait et s’amusant avec leurs autres partenaires à danser de manière “vulgaire”. Les filles qui la trouvait jusqu’ici insupportable devenaient hilare en la voyant se trémousser de manière ridicule.

Leur chorégraphie devait être prête pour le dernier cours, et il n'en restait plus que deux, celui-ci comprit, avant l'évaluation. La prof de sport les avaient réprimandé à plusieurs reprises disant qu’elles ne seraient jamais prêtes, mais à chaque fois qu’elles essayaient d’être sérieuse, la situation dégénérait dans la minute. S’en était trop pour Blear qui ne pouvait pas se permettre d’avoir une mauvaise note par sa faute. Quoi qu’elles auraient pu leur expliquer ses parents l’auraient réprimandé.

À la pause, les filles se regroupèrent sur un banc, et rigolaient de bon cœur grâce à Alicia. Elle faisait toujours des bêtises, amusait la galerie, tout en gardant, mine de rien, un œil sur sa rivale. Blear parlait de manière très sérieuse avec leur professeur. Cette dernière acquiesça et partit prendre l’air, sans doute pour fumer une cigarette. Alicia comprit que quelque chose n’allait pas en voyant le reste de son groupe s’affoler autour de la reine. Elle prit une gorgée dans sa bouteille d’eau tout en s’approchant d’elles.

- Qu’est-ce qu’il se passe les girls ?

- Blear a demandé à la prof pour faire une chorégraphie seule… répondit l’une d’entre elles timidement. Et hum, du coup… on se disait que…

- Que c’était plutôt lâche, la reprit Alicia, alors Blear le travail d’équipe c’est pas ton truc ?

- Un travail d’équipe ? J’ai l’impression d’élever des cochons, siffla-t-elle.

- Oh, tu es particulièrement de bonne humeur aujourd’hui, rit-elle

- À qui la faute ? Je préfère nettement travailler seule qu’avec toi.

- C’est pas très gentil ça, il suffisait de nous le dire s’il y avait un problème.

- Mais je l’ai fait, et…

- J’me rappelle pas de ça, juste de tes vieux soupirs à la con.

- Qu’est-ce que tu peux être vulgaire, souffla-t-elle. Ça suffit, nous ne sommes plus dans le même groupe, et tant mieux, je ne vois pas pourquoi je continuerais à t’adresser la parole, fit-elle en faisant mine de partir.

- Pff ahahah ! C’est juste que tu fuis comme d’hab, tu sais très bien que tu fais pas le poids ! Tout ce que tu sais faire c’est fuir, se moqua-t-elle.

Blear s’arrêta net, sous le regard de ses convives, et se retourna de suite, la fureur brûlant dans ses yeux. Katerina, Marry et Eglantine s’étaient rapprochées et visualisaient cet affrontement d’un œil inquiet.

- Tu commences sérieusement à me … S’arrêta-t-elle la mâchoire serrée.

- À quoi ? Si je t’emmerde, dis-le ! Trois petits mots tout au plus, vas-y Blear, parle, fit-elle en se mettant à sa hauteur.

- Si tu crois que tu m’impressionnes, répondit-elle en faisant de même.

- J’en ai bien l’impression, dit-elle en s’approchant un peu plus de son visage en voulant lui toucher le bout du nez.

- Ne me touche pas ! Cria-t-elle en la poussant.

La suite fût très rapide, Alicia qui avait failli perdre son équilibre, élança vers elle sa bouteille d’eau et renversa l’intégrale de son contenu sur Blear qui dans un cri perçant, choqué par le froid, s’empressa de lui coller une gifle. Il y eut quelques secondes de blanc dans le gymnase, où les filles se regardaient entre elles, un sourire aux coins des lèvres de la blonde, et la haine dans les yeux de la reine. Alicia s’avança et la poussa, l’autre répondit de la même manière, chacune à leur tour, un peu plus fort à chaque fois. Les voix s’élevaient autour, quand elle lui bondit dessus pour la plaquer au sol. Blear se défendit en écrasant ses mains sur son visage. Elle l’attrapa tant bien que mal par sa tignasse blonde et lui mit un coup de coude à la volée. Alicia poussa un cri de douleur et enfonça ses ongles dans ses bras qu’elle refusait de lâcher tandis qu’une fille l’avait attrapé par la taille essayant de l’arrêter. Une autre saisit Blear, et la décrocha. À ce moment-là, elle releva les yeux empli de haine et courue vers ses camarades qui canalisait Alicia.

- Tu fais moins la maligne ! Cria-t-elle en lui collant une autre baffe.

- Espèce DE MERDE ! Hurla-t-elle.

- Eglantine va prévenir la prof, murmura Katerina qui était en état de choc.

Elle se dégagea des filles en leur mettant des coups dans le ventre, et se jeta sur elle plus fort que la première fois. Blear battait des pieds et lui envoya son genou dans les côtes, tandis qu’elle lui attrapait à son tour les cheveux en frottant sa tête contre le sol. Alicia lui foutu ensuite un coup de poing qui la calma et la choppa par les avant-bras, ce qui eut pour action une Blear hystérique. Elle se mit à crier dans tous les sens, incapable de se débattre.

- Lâche-moi !!! Espèce de folle, lâche-moi je te dis !!!!

- Mais ferme la, c’est toi la folle ! Ar… Arrête ! Cria-t-elle en la maintenant au sol.

- Lâche-moi ! T’es vraiment qu’une conne ! Abrutie ! Insupportable ! Je n’ai jamais rencontré une meuf aussi chiante que toi !

- Ahahahah ! Moi chiante ?! Mais tu t’es vu, madame je sais tout, madame je suis parfaite, je suis polie et je suis au-dessus tout le monde !

- Lâche moi je-te-dis !

- Va te faire foutre ! Tu fais genre que t’es parfaite, “Miss Blear est le parfait exemple à suivre”, fit-elle en prenant une voix faussement noble. “ Oh la la, regardez-moi, je suis Blear Makes, miss…”

- JE NE SUIS PAS COMME CA ! Hurla-t-elle.

- SI TU L’ES, PETASSE !!!!

- NON ! JE LE SUIS PAS !

- ALORS T’ES QUI ?! PROUVE-MOI QUE C’EST FAUX ! Prouve le, Blear, murmura-t-elle alors.

Elle ne bougeait plus, prisonnière, et toisait Alicia qui la chevauchait en la tenant maintenant par le col. Elle ne la regardait non plus avec haine, mais avec peine. Blear laissa échapper un sanglot et deux grosses larmes roulèrent sur ses joues griffées, pour ne plus jamais s’arrêter. La blonde bomba directement le torse, cachant son visage honteux de leurs camarades de classe.

- Je… je… ne sais pas, articula-t-elle avec peine, je ne sais pas, suffoqua-t-elle. Je ne sais pas… je…

- Moi je le sais…

Elle eut juste le temps de lui souffler un mot à l’oreille, sur quoi ses yeux s’ouvrirent en grand, alors que leur professeur arrivait en trombe dans la salle de danse, découvrant Alicia et Blear complétement décoiffés et dépareillés.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?! Alicia ! S'écria-t-elle. Bon Dieu, Blear tout va bien ?! Qu’est-ce qu’il s’est passé, que quelqu’un l’emmène à l’infirmerie et toi explique-moi un peu ce que tu lui as fait !

- Madame… Commença Blear.

- Ça se voit pas ? Elle n’a eu que ce qu’elle mérite, la coupa Alicia.

- Alors toi… S’énerva-t-elle, on va chez le directeur tout de suite ! Et toi, occupes toi de Blear, demanda-t-elle à une autre.

- Mais madame ! S’exclama Katerina.

- Je ne veux rien entendre, et rangez-moi tout ce bazar !

***

Ce n’était pas la première fois qu’Alicia avait eu des accès de colère, et ce n’était pas la première fois que le directeur l’avait fait venir dans son bureau. Il donna l’impression de ne rien pouvoir faire pour elle, cette fois-ci. Elle s’en était pris à Blear, autrement dit à la fille de la famille la plus influente du pays. Sans compter, qu’il l’avait prévenu. Chacun faisait son procès, déversant leur rage, animé par la jalousie, la méchanceté, et nous n’avions que nos yeux pour pleurer. Tout le monde le disait, Alicia allait être renvoyée.

Elle avait été convoquée à plusieurs reprises, et les parents de Blear qui avaient été immédiatement prévenus se rendirent sur place quelques jours plus tard, ainsi que son propre père. Durant ce temps, Blear avait disparu, certains disant qu’elle se trouvait à l’hôpital, amochée. Nous étions en colère, attendant devant le bureau sur les chaises prévues à cet effet, que le verdict du conseil disciplinaire soit prononcé. Ni Blear, ni nous, ni autres témoins, ne pouvait prendre sa défense, et elle avait foncé tête baissée, sans vouloir se justifier. C’était impossible qu’elle s’en sorte, l’espoir nous avait quitté et nous chassions les “et si” d’un revers de main. Pourtant, nous attendions, que quelque chose se passe.

L’attente était insoutenable, je décidai de me dégourdir les jambes et alla me promener dans les couloirs pour descendre prendre l’air. Lorsque je remontais par l’autre côté, je vis une silhouette adossée contre un mur, le visage plongé entre ses deux mains. Cette chevelure marron, c’était Blear. Elle semblait apeurée en me découvrant à son tour.

- Qu’est-ce que tu fais ici ? Lui demandais-je déconcerté.

- Je… je fais l’humain…

- Quoi ?!

- Rien, je ferais mieux de rentrer ! Lâcha-t-elle en essayant de partir.

- Billy ! Tentais-je désespérement.

- Qu’est-ce que tu sais de Billy ? Se retourna-t-elle, frissonnant de la tête au pied.

- Rien, je ne sais rien… J’ai juste entendu le directeur prononcé son nom, tu le sais bien. Blear, tu es la seule à pouvoir la discréditée.

- Et… si je ne le fais pas, tu comptes… me faire chanter ?

- Non… Peut-être… Ou prends ça comme une excuse pour faire le bien ?

- Elle en vaut tellement la peine ? demanda-t-elle après un temps.

- Tu dois déjà le savoir, dis-je en répondant à son regard apeuré.

- Dans ce cas… Commença-t-elle en se glissant à mes côtés, accompagne-moi, murmura-t-elle ensuite d’une voix tremblante.

Je lui ai simplement souris, et je poussais ma main dans le creux de son dos, l'invitant dans une course effrénée. Les autres se levèrent en nous voyant débouler dans le corridor, les yeux à nouveau plein d’espoir. Blear regarda la sonnette sur laquelle il était mis “occupé”, elle l’écrasa brutalement de son doigt, et brandit sa main, la tête haute, sur la poignée. Sa mère lui hurla dessus lorsqu’elle entra et monsieur le directeur restait bouche-bée, entourés des autres professeurs faisant son procès. Alicia était assise à côté de son père, tête baissée, et quand elle releva brusquement la tête, je vis dans ses yeux la peur, celle de nous quitter et qu’elle avait caché jusque-là. Blear s’écria que ce n’était pas de sa faute, qu’elle était celle qui la harcelait, qu’elle ne la supportait pas et qu’elle avait provoquée la bagarre. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle en fasse autant, sans doute savait-elle qu’il fallait qu’elle aille aussi loin pour que sa mère abandonne l’idée de renvoyer Alicia. À la place, elle se dirigea vers sa fille et la gifla de son gant en cuir. Elle sortit ensuite comme une folle du bureau, sans voir les autres Richess, aveuglé par la rage. Une boursoufflure rouge apparue sur sa joue qu’elle tenait dans la paume de sa main.

- Messieurs, dames, les professeurs, nous pouvons dire que le dossier est clos et je vais vous demander de sortir, pour me laisser en compagnie de Mademoiselle Makes et Mademoiselle Polswerd. Monsieur Polswerd, je vous invite à rester, quant à vous… Dit-il en nous regardant, les Richess et moi-même, ne vous inquiétez pas trop. Blear, est-ce que tout va bien ? Demanda-t-il lorsque tout le monde fut sorti.

- J’ai mal… Ça fait mal, répéta-t-elle.

- Blear…

- C’est la première fois que ça fait aussi mal, sanglota-t-elle.

- Je te l’ai bien dit, lui dit Alicia, que tu es simplement une humaine, pouffa-t-elle alors de rire.

Le père d'Alicia lui fit une caresse dans les cheveux, et lui lança un regard digne d'un père qui est fier de sa progéniture. Elle lui sourit doucement, et jeta un léger coup de poing dans l'épaule de Blear lorsqu'elle passa à côté d'elle, en pleurs, pour la laisser seule avec le directeur. Celui-ci, fit surpris de voir s'esquisser un sourire timide au milieu de son visage qui ruissellait de larmes.

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