La bataille de la vallée d’Oroki (1/2)
Les soldats se tenaient droit, en ordre de bataille. Devant eux, la vallée se vidée de ces habitants, animaux comme paysans. Au milieu des hommes, une femme en armure hurlait des ordres lorsqu’un soldat l’interrompit :
— Dame Nariwaka ! ? Notre Seigneur vous demande, dit-il en posant un genou à terre.
Le regard de la femme se tourna vers le soldat et elle partit au galop en direction du camp de Satoshi. Elle s’arrêta devant la tente du seigneur de guerre et elle posa pied à terre. L’homme sortit de sa tente et l’invita à entrer rapidement avec lui. Il était de taille relativement moyenne et avait les yeux verts. Ses cheveux court et sa barbe coupé de près le laissait paraître jeune alors qu’il était âgé de quarante-quatre ans. Son visage fermé et son teint pâle trahissait néanmoins ses émotions et on pouvait lire de la peur dans ses yeux. Il était habillé de manière simple. Alors qu’elle entrait enlevait son casque, qui cachait son visage, elle demanda :
— De quoi avez-vous besoin, seigneur ?
— Mon amour… J’aimerais que tu m’aides à mettre mon armure.
— N’avez-vous pas des gens pour cela ?
— Si, répondit-il en baissant la tête. Mais cette bataille s’annonce rude et je souhaiterais passer ce moment au calme avec toi.
— Eh bien…
— Tu ne peux pas me le refuser. Je t’en prie… insista-t-il.
— C’est d’accord.
Elle s’avança vers son mari d’un pas résolu et déposa son heaume, révélant ainsi sa longue chevelure d’ébène et son visage coloré. Ses yeux verts à l’éclat vif démontré une femme résolue et sûre d’elle. Malgré sa petite taille, elle était bien plus déterminée que son mari. Son armure teintée de rouge, la rendait imposante. Elle prit une partie de sa panoplie et commença à l’installer.
— Levez le bras, s’il vous plaît. Demanda-t-elle.
— J’ai envoyé un message à Kazuma, dit-il en s’exécutant. Il va attendre à l’arrière avec son armée et attaquer lorsque je lui ferais signe. Nous avons l’avantage du nombre, et il nous faudra au moins ça pour nous débarrasser des Tigres d’Ukyo.
— C’est Shota le plus dangereux. Laissez-moi m’en occuper.
— Hors de question ! Ce serait bien trop dangereux. Je me tue à paraître malade et à feindre la peur depuis plusieurs jours dans l’espoir que les espions ennemis rapportent à leurs chefs qu’ils doivent s’attaquer à moi, ce n’est pas pour rien ! Ne gâche pas tout. Faire l’appât et déjà une insulte à mon égard mais il faudra bien ça pour les vaincre. Ce sont de redoutables adversaires.
— Mais qui vous dit que mon frère voudra forcément s’attaquer à vous ? Il me veut moi. Et je veux le tuer.
— Ton frère t’a vendue contre quelques-unes de mes faveurs à l’époque où j’étais proche d’Ukyo. Je ne crois pas qu’il s’intéresse autant à toi. C’est toi qui n’arrives pas à l’oublier. Et depuis que Tsuruki a rompu l’alliance avec moi, il ne fait aucun doute que sa seule cible ce soit moi. Il n’aurait aucun intérêt à tuer l’épouse d’un seigneur, quand bien même ce soit la tueuse d’hommes, Nanako Nariwaka.
— J’espère que vous ne vous trompez pas. Si par malheur, l’ennemi ne suit pas votre plan, nous n’en avons aucun de secours.
— Ils vont le suivre, ne t’en fais pas. Aki est bien trop idiot pour se rendre compte de quoique ce soit quant à Jun, il est hautain et sûr de lui. Ça va marcher.
— Je ferais tout pour. Mais n’oubliez pas que vous m’avez promis de me donner Shota.
— Ce ne sera pas pour cette bataille. Je ne compte pas le tuer de suite. Si on arrive à atteindre les jumeaux en revanche, il y a de grande chance que la prochaine bataille soit décisive et qu’Ukyo soit là avec ton frère. À ce moment-là, tu pourras le tuer et je m’occuperais personnellement de cet enfoiré qui m’a trahi.
— Ukyo ne sera pas aussi facile à battre que ces deux-là, mais je vais vous suivre, dit-elle en mettant la dernière pièce d’armure sur son mari. Comme toujours, conclut-elle.
— Bien, il est temps de commencer. Va à ton poste.
D’un pas décidé, Nanako sortit de la tente et reprit son cheval pour galoper en direction de ses hommes. Satoshi sortit à son tour de sa tente, se transformant littéralement. Le seigneur au visage pâle était devenu froid et hostile. Il ordonna rapidement à ses hommes de se mettre en place et il grimpa sur son cheval pour rejoindre les premières lignes. La tension des deux armées étant à son paroxysme, l’ordre d’attaque ne tarda pas à se faire entendre des deux côtés.
Dans une charge déchaînée, Shota s’avança en premier avec ses hommes. Les cavaliers dévalaient la pente à vive allure et ils chargèrent directement le flanc droit de l’armée de Satoshi. Les hommes, voyant le mouvement adverse, se posèrent et ils mirent leurs lances devant eux, attendant l’inévitable. L’unité de Shota ne se détourna pas pour autant et ils continuèrent droit devant eux. Le choc fut si brutal que certains se firent coupés en deux dans l’instant. Les lanciers laissèrent finalement passer quelques cavaliers, la pression étant si intense qu’ils avaient du mal à contenir tout le monde. Shota finit par passer en écrasant et tuant plusieurs soldats à sa portée. Ses combattants le suivirent et ils ne mirent pas longtemps à faire une percée dans les rangs adverses. Mais les soldats de Satoshi ne restèrent pas immobiles et une contre-attaque fut orchestré, stoppant l’avancée du général. Se voyant dans une impasse, Shota regarda autour de lui et il vit une ouverture sur la gauche et s’y engouffra.
Satoshi regardait de loin l’attaque, il se trouvait sur la droite de sa propre armée. Il s’avança et regarda un de ses hommes :
— Toi ! Lance le signal ! Que Kazuma envoie ses hommes contourner l’ennemi par la gauche ! Ils se sont embourbés dans nos rangs, on doit en profiter pour vaincre directement les deux frères !
— Oui seigneur !
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