J'aime, donc je suis.
Je suis un atome au bord de la falaise, j'hésite à sauter dans le vide ou à disparaître, ou à danser dans le néant avec d'autres petits riens. Je suis lourdingue et aérienne, je suis un paradoxe comme d'autres sont d'un seul bloc.
J'ai grandi entre trois langues mais je n'en ai appris qu'une, celle des bancs de l'école : ma langue maternelle n'est ni celle de mon père, ni celle de ma mère. Je suis fille de l'Est et de la pluie, née au hasard d'une Hongroise et d'un Alsacien que tout séparait. Elevée entre goulach et flammenküeche, je suis pourtant fière comme le soleil du Sud, râleuse comme personne, républicaine comme la Marseillaise.
Je suis toujours pour l'Homme, et tantôt pour l'homme s'il le vaut bien. Je suis pour le vin, la liberté, la grandeur, la droiture, la lumière, les embruns et les gâteaux à la cannelle. Je suis pour la belle Europe avec ses différences, ses blessures, ses idéaux. Je suis pour un monde où chacun peut être ce qu'il est.
Je suis contre la petitesse, la mollesse, la bassesse. Je suis contre les cons, petits ou gros, qui s'étalent telle une marée noire qui aurait tous les droits. Je n'aime pas l'injustice, l'arbitraire, le mensonge.
J'aime le vent et le temps, j'aime le blanc sous les remparts de Bonifacio et le gris sur les pavés de Bruxelles, j'aime les ailes emmêlées des papillons des prés.
J'aime, donc je suis.
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