Aujourd'hui c'est le premier mai. Ce qui veut dire qu'on n'a plus qu'un mois et demi de lycée restant (ok deux si on compte le bac). et avant qu'on arrive à la triste nostalgie de notre dernier jour de lycée, j'avais envie de rappeler à tous les élèves de Terminale du Lycée de Hayes de tous les bons moments que nous avons partagés ensemble. Donc les amis, ceci est pour vous.

2 septembre

Aujourd'hui c'est le premier jour de notre dernière année de cours en tant que lycéens. Si nous sommes nostalgiques, personne ne le montre, tout le monde porte un air de "plus qu'un an et on peut se barrer." Pas moi. Ok, je ne dirais pas que je suis hyper triste à l'idée que c'est le premier jour de Terminale, mais je n'ai pas trop envie de partir d'ici. J'aime la routine du lycée, les potes qui sont là pour te remonter le moral, les profs qui sont là pour te le remettre à zéro, les couloirs bondés, la nourriture du self potable (enfin, non, je n'aime pas trop la bouffe du self, mais mon expérience de lycéenne serait très incomplète sans celle-ci, donc je suis obligée d'en parler).

"Emma ! T'as vu qui on a comme P.P.?" crie Roxanne, ma meilleure amie, depuis l'autre bout du couloir qui longe les casiers.

Oui, j'ai vu, malheureusement. J'aurais bien aimé ne pas avoir vu le nom en haut de la liste des Terminales C. Mais bon, tous qui ont passé au moins une journée dans ce fourneau surchauffé (on n'est qu'en septembre, les mecs, et le chauffage est déjà à fond?!) savent qu'avec M. Chauvel, on ne risque pas de s'ennuyer. Enfin, on ne risque pas trop de travailler non plus, mais avec un peu de chance, je suis bonne en histoire, la matière qu'il enseigne.

En jouant des coudes, je rejoins Roxanne à côté de son casier, qu'elle a déjà customisé avec des photos de tout et n'importe quoi : nous deux, ses quatre chats, des monuments célèbres qu'elle a visité lors de ses vacances (son père est ambassadeur pour le Royaume-Uni au Canada et sa mère est prof de langues à l'Université d'Oxford, alors elle voyage beaucoup).

"Alors, quoi de neuf ?

- Eh bien, vu que tu demandes, pas grand-chose. Ah si, elle semble se souvenir de quelque chose, j'ai un petit copain. Ca va faire deux mois le sept.

- Et tu me le dis que maintenant ?!" Je suis pas furieuse, même si j'ai raison de l'être. Roxanne et moi nous connaissons depuis la primaire, lorsqu'elle m'a approchée dans la cour voyant que j'étais toute seule, alors nous nous disons tout. Et je veux dire, tout. Mais je sais aussi que Roxanne n'est pas de genre à m'envoyer une carte postale de Rome (sa destination de l'été) avec en P.S., d'ailleurs j'ai un petit copain. Moi non plus, pour être honnête.

"C'est qui ? Le couloir est bondé, deux minutes avant la sonnerie, alors je sais que maintenant n'est pas le moment de parler de ça.

- Enzo. Tu le connais pas. Il était dans mon cours de philo l'année dernière."

La sonnerie retentit, et Roxanne me pousse vers les escaliers. Mince, j'avais oublié qu'on était en salle 13, au premier étage, et non en salle 4 comme à mon habitude le jour de la rentrée.

"On va être en retard ! chantonne quelqu'un dans mon oreille droite. Je me retourne, et le voilà, dans toute sa splendeur décoiffée et à demi-endormie, Matt, le garçon, qui, je vous assure, s'endorme en cours à une régularité surprenante d'au moins deux fois par semaine (et ça c'est que en première heure ; je ne vous parle même pas de l'heure après le déjeuner !)

- Ouais, enfin écoute, c'est le premier jour, ils ne vont pas quand même nous virer de cours pour ça ! je lui réponds gaiement, jurant intérieurement contre toutes ces personnes dans notre passage.

- C'est toi qui le dis. Il est où Théo ? qui est le quatrième membre de notre bande. J'ai d'autres amis, mais Roxanne, Matt et Théo sont mes constantes.

- Déjà en cours, probablement."

Je n'ai même pas fini ma phrase, qu'en haut des escaliers j'aperçoie M. Chauvel, déjà essouflé à huit heures du matin, nous criant dessus comme l'ex-officier de la marine qu'il est :

"Thomas, Edwards et Lawrie (ce sont les noms de famille de Roxanne, Matt et moi, respectivement. Les profs ici aiment bien nous appeler par nos noms de familles, mais nous on ne peut pas appeler nôtre P.P. "Chauvel" - sous peine de mort), comment se fait-il que vous êtes déjà en retard ? Il n'attend même pas nos excuses inexistantes pour continuer, je ne veux pas le savoir. Dépêchez vous de vous installez !"

Je m'installe, comme à mon habitude, près de la fenêtre (et malheureusement, des radiateurs), à côté de Roxanne. Matt s'assoit à côté de Théo, qui se retourne pour nous dire bonjour. Et sur ce, M. Chauvel commença à nous raconter son aimable petite vie en tant qu'officier de la marine britannique, s'arrêtant à quelques endroits pour nous distribuer nos emplois du temps et nous donner les informations qu'il jugeait importantes pour notre succès en Terminale au Lycée de Hayes (c'est-à-dire, pas grand-chose), parlant sans cesse jusqu'à l'heure du midi. Matt était déjà endormi au bout de la troisième minute.

"Ah là là, qu'est-ce que j'aime la rentrée ! s'écrie Théo, jetant son sac par terre sur le petit coin de pelouse au soleil à côté du parc à vélos. C'est le midi, et plutôt que d'empirer notre rentrée avec la nourriture du self, nous avons décidé de prendre un sandwich à la cafet' et de manger dehors, vu qu'il fait beau.

- Oauis, enfin ça pourrait être pire. On aurait pu avoir Mme O'Riley comme P.P., je lui rapelle. Mme O'Riley est une vieille professure de français, au ton constamment aigri ou énervé, je n'ai jamais su lequel. Théo et moi l'avions eue l'année dernière. C'est peut être pour ça que Théo a raté l'épreuve de français du bac et que moi j'ai galéré à avoir la moyenne.

- Ouais, ajoute Matt, et Marie ne nous a pas encore embêtés à propos de la fête d'Halloween donc tout va bien !

- Halloween ?! Tu penses déjà à Halloween, toi ?

- Non, c'est juste que je parie que Marie est déjà en train de faire une liste de ce qu'il faut qu'elle prépare !"

On rigole tous. Je pourrais presque oublier, là assise au soleil avec mes meilleurs amis, que je suis au lycée et non sur la terrasse de notre café préféré, à regarder la vie passer.

Presque.

"Eh les amis, comment ça va ? Vous avez passé de bonnes vacances ? demande Marie, suivie comme d'habitude par son petit copain de deux ans, Paul.

Roxanne est sur son téléphone, à se plaigner du manque d'internet dans ce coin de la cour, Théo a la bouche pleine et Matt, comme d'habitude, n'écoute pas. Heureusement que c'est le premier jour et que je suis de bonne humeur parce que, sinon, je l'enverrais balader cette Marie. Nous avons été dans la même classe depuis la seconde, et je n'en peux plus de son caractère "Miss Parfaite."

- Pas trop mal, et toi ?

- Oh c'était génial ! s'escalffe cette peste. Nous sommes allés à Mayorque avec mes parents. J'ai pu passer mes journées au soleil allongée dans un transat à côté de la piscine, je ne vous dis pas le rêve!"

J'avais arrêté d'écouter dès la deuxième phrase et Matt essayait de s'empêcher de rire. Sans succès.

"Viens, Matt, on va chercher à boire. J'ai soif, je l'entraîne loin de la conversation, à l'ombre d'un grand chêne.

- Désolé mais c'était trop drôle ! Je pouvais pas m'en empêcher !

On retourne voir les autres une fois que Marie et Paul sont partis.

- Et alors, les boissons Emma ? demande Roxanne.

- Oups, j'ai oublié ! Tu veux que j'y retourne ?

- Nan c'est pas grave. Assis-toi, on n'a plus qu'une petite heure avant que les cours commencent, donc je compte en profiter ! Une fois que je suis assise, elle continue, s'adressant à tous. Vous savez, maintenant qu'on est en Terminale, faut qu'on en profite à fond !

Théo s'éclaircit la gorge. Ouais enfin si je me souviens bien, ça n'a pas trop marché l'année dernière, si ? Théo avait failli ne pas passer en Terminale, et nous avions passé de nombreuses heures en perm, à la bibliothèque, ou tout simplement chez l'un d'entre nous à l'aider travailler.

- Ouais mais ça c'était la Première ! renchérit Roxanne. Là c'est bon, tu vas bosser, ok, mais on va aussi s'amuser. Elle prend un ton sérieux et nous regarde, tour à tour. Parce que je vous préviens, les gars, je compte partir de ce lycée en sachant que j'y ai passé de super bons moments, d'accord ?

- Ok ok, calme-toi ! Matt réponds lentenment, faisant tournoyer un stylo entre ses pouces. Il est toujours en train de jouer avec quelque chose, lui.

- Bah si c'est le cas, je commence, faut que tu nous parle là, Roxanne. Alors, il est comment ce Enzo ?

- Qui ?! Nan, Roxanne a un mec ?! s'étonne sarcastiquement Théo. Ca alors ! Bientôt on va me dire que les cochons volent !

- Eh ! Pas de moqueries, pas le premier jour ! lui rabroue Roxanne en lui frappant le bras. Et puis, t'en est un à parler, Théo ! Toutes les copines qu'on t'a trouvé l'année dernière et celle encore d'avant !

- Ouais nan mais ça c'était du chantage !

- Ahem ! Est-ce qu'on peut revenir à notre sujet de conversation s'il vous plaît ! je m'emporte. Alors, Roxanne, dis tout, on veut savoir !

- Pas moi ! dit Matt, se levant en baillant. Théo, tu viens ? Faut que j'aille retrouver Clarence.

Les gars partent, et c'est que moi et ma meilleure amie. Peut-être c'est pour ça qu'elle se sent à l'aise de pointer vers un mec blond debout dans un cercle de potes à quelques mètres de nous.

- C'est lui ?!!!

- Chut !!

- C'est lui ?!!! je répète plus doucement, bouche bée. Je siffle mon admiration. Oh my god, c'est un dieu ton mec ! Vas-y, raconte !

- Eh ben il était dans mon cours de philo l'année dernière et on s'est mis à se parler après les cours et... il est super drôle, et plus intelligent qu'il laisse penser et... il est juste super sympa et...

- Et ça fait deux mois ?

- Oui. On s'est retrouvés comme par miracle à Barcelone. On était dans le même hôtel et..."

Je m'allonge dans l'herbe, les yeux fermés contre le soleil, et écoute le récit de ma meilleure amie. Je suis heureuse, paisible, et, comme la plupart des lycéens, je n'ai aucune envie d'aller en cours. C'est juste une journée parmis tant d'autres. Ce qui me va parfaitement. Il me manque que des chips au sel et au vinaigre et ça serait parfait.

La pause du midi a toujours été ma préférée. C'est la plus longue. Et puis on peut y faire ce qu'on veut. Manger au lycée quand les repas sont à peu près potables ou bien sortir en ville quand on préfère. Et puis quand il reste du temps on peut s'allonger dans l'herbe au soleil et rigoler. Et pour rien au monde je n'effacerais ces moments. Ils sont sans doute les meilleurs de ma scolarité au lycée. Même si c'est vrai que voir la prof de maths réveiller Matt en plein cours devant tous les élèves est assez drôle et arrive assez fréquemment. C'est à dire au moins une fois par mois.

"Moi je vous dis, j'en peux déjà plus de la Terminale, baille Matt en s'étirant sur sa chaise. Il est 16h, et nous venons juste de finir notre premier mois de la dernière année de lycée de notre vie. Malgré le fait que l'on soit presque en Octobre, il fait encore doux, et le soleil tape gentiment sur la terrase de Foston's, notre café préféré.

- Eh ben, ça commence bien les bonnes résolutions de notre dernière année de lycée ! réponds Roxanne en attendant que nos boissons arrivent.

- Quelles bonnes résolutions ? J'en ai jamais eu, même pas au nouvel an, et je ne vais pas commencer ça maintenant, c'est mort !

- Et voilà, s'exclame la serveuse en déposant un latté glacé devant Matt, un cappucino devant Théo, un chcocolat chaud pour moi (j'en bois à longueur de journée) et une soupe à la tomate pour Roxanne. A ça, Matt se réveille un peu (ou est-ce la cafféine ?)

- Waouh, c'est quoi ça ?! Ne me dis pas que toi, Roxanne Thomas, tu bois de la soupe à la tomate un vendredi soir à, il regarde l'heure sur son téléphone, 16 h 12 le 30 septembre 2019 !

- Si, réponds tout simplement Roxanne alors que je m'esclaffe de rire, me souvenant d'un voyage en France en Troisième, ponctué de soupe à la tomate et de trois chocolats chaud par jour, ainsi que de foux rires généraux.

Théo et Matt s'échangent un regard perdu. Je tente de changer le sujet.

- Eh, ça vous dit une petite soirée demain ?

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire, est-ce que vous voulez venir chez moi faire la fête demain soir, pour fêter notre premier mois de Terminale ou l'arrivée d'Octobre ou plus que trois semaines avant la fête d'Halloween du lycée et donc les vacances, ou je sais pas, juste pour faire la fête ?!

- Et tes parents veulent bien ? Théo me regarde d'un air suspect. Il sait très bien que mes parents sont hyper-protecteurs et qu'ils ne me laisseraient jamais faire quelque chose comme ça. Déjà qu'organiser ma fête d'anniversaire pour mes seize ans était un challenge presque insurmontable...!

- Ils sont pas là. Ils sont dans le New Forest pour le weekend rendre visite à une tante de ma mère qui habite là-bas et qui, apparemment, est en train de mourir d'une infection bizarre. Je lève mes yeux au ciel. Ce n'est pas la première fois que je parle de ma grande-tante Catherine avec mes amis, et ils sont tous au courant de ce que j'en pense de son "infection". Heureusement que mes parents ne m'ont pas demandé de venir avec eux !!!

- Et tes frères ? insiste Théo. Je commence à m'énerver.

- Vous voulez la faire cete fête oui ou non ?

Matt passe un bras derrière mes épaules. Eh, calme-toi, ya pas le feu ! Bien sûr qu'on veut venir à ta fête Emma. On veut juste que ce ne soit pas une répète de la fois précédente où...

Il laisse traîner sa phrase, mais je sais bien ce qu'il veut dire. Comment puis-je l'oublier ? J'avais organisé une fête de fin d'année en juin un weekend que mes parents allaient voir des amis en Ecosse. Je pensais avoir un weekend sympa sans mes parents ni mes frères (qui étaient je ne sais plus trop où), sauf que mon père avait débarqué en trombe en plein milieu de la soirée, un air de panique plein les yeux car mon grand frère de trois ans Sam était détenu par la police après un incident à la sortie d'un nightclub mal-fréquenté. Bref, ce ne fut que le lendemain, une fois que ma mère et mon frère étaient rentrés du commissariat de police, que mon père péta vraiment les plombs.

Je tente tant bien que mal à revenir au moment actuel.

"Ca ne va pas être comme la dernière fois, je vous le promets. Ma mère m'a dit ce matin en partant qu'ils vont peut-être devoir rester quelques jours chez tante Catherine pour stabiliser son état ou la persuader d'aller à l'hôpital. Sam est parti à Londres voir sa copine et Alex passe le weekend chez un ami de son club de karaté. Ca vous va ?

- Tu sais, commence Roxanne, un grand sourire illuminant ses yeux chataigne, on ne dit jamais non pour faire la fête. Y'aura qui ?

- Qui vous voulez. Juste pas d'alcool fort. La vodka en juin est mal descendue avec mon père...

- Donc je peux inviter Enzo ?

- Oh non ! s'exclame Matt, je ne suis pas sûr que je suis prêt à te voir te lancer sur ton mec pendant toute une soirée !

Roxanne frappe son bras gentiment. Elle sait qu'il plaisante.

- Juste parce que tu n'as pas de copine, ça veut pas dire que tu vas tous nous souler parce que nous on est en couple, ok ?!

- Eh t'oublies pas un peu que tu es la seule de notre bande à être en couple ? Alors t'es l'anomalie, la minorité, donc on peut faire autant de blagues qu'on veut ! réponds Théo avant que Matt s'en mêle et que notre après-midi dégénère.

- Ouais bah moi je suis prête à parier que tu es à deux doigts d'avoir une meuf, Théo ! je rajoute.

Il se tourne vers moi tout d'un coup. Comment tu sais ?

- Alors c'est vrai ?!!!

- Euh... enfin disons que...

- Oui, c'est vrai ! finit Roxanne à sa place.

Matt me lance un clin d'oeil. Reste plus que toi et moi, Emma !

Je rougis et m'occupe à jouer avec la carte des boissons.

- Donc, rendez-vous chez Emma demain soir ? demande Théo, revenu à lui. Vers quelle heure ? me demande-t-il.

- Je sais pas moi, 19 h ?

- Ca marche !

- Et je vais inviter des amis du collège donc vous pouvez venir avec n'importe qui. Tant que ça dégénère pas, ça me va. On est là pour faire la fête, pas pour battre le record du monde du temps que ça prend pour devenir complètement saoul, ok ?

- Ok ok ! T'en fais pas, on va rester au jus de fruits, plaisante Matt. Je lui lance un regard noir, qui n'a comme seul effet de lui faire rire de plus belle. Notre sortie café se termine en un fou rire total, alimenté par le soleil, de la cafféine et le bonheur de l'adolescence.