Le soleil se levait, le regard fixé vers le ciel et les jambes tremblantes, il avançait. Soufflant comme un boeuf, il ne savait pas où il allait, son corps épuisé ne le supportait presque plus mais il continuait de marcher. Pourquoi se trouvait-il là? Il fuyait sans doute, fuyait sa vie, fuyait ceux qu'il connaissait.

Que se reprochait-il? Pourquoi?

Garder le souvenir de cet homme mort le torturait, imaginer sa soeur les larmes aux yeux le tuait, alors il marchait car ses poumons en feu et ses muscles raidis ne le laissaient plus courir. Sa nuit passée dehors dans le silence des rues vides et les cris éloignés et angoissants des gyrophares s'avérait presque finie grace aux couleurs du ciel et au panneau affichant enfin la sortie de la ville. Mais à peine il dépassa le panneau que son corps s'écroula. Ses jambes ne supportant plus son propre poids, il rampait. Son seul et unique but restait: fuir, fuir cette maudite ville. Il rampa ainsi jusqu'à atteindre un buisson assez touffu pour le cacher le temps de reprendre de l'énergie.

Le soir de sa fuite, il tua un homme, le petit copain de sa jeune soeur, il le tua sur un coup de tête pour le mal causé. Il le tua avec une bouteille en verre brisée. Sa soeur choquée resta muette en le voyant fuir les mains rouges du sang de celui qui constituait sa plus grande peur ainsi que celui pour qui son coeur battait encore. Malgré les bleus qui décoraient sa peau claire, elle ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Elle fixait maintenant d'un regard vitreux le corps immobile de cet homme, elle ne savait que faire, prévenir la police et condamner son frère? ou ne rien dire et rattraper le dernier homme de sa vie? Le temps ne lui laissa pas le choix, les lumière bleues des voitures de police se trouvaient déjà devant la porte encore ouverte.

Son frère quant à lui se cachait quelques rues plus loin, réalisant mal ce qui venait de se produire. Il paniqua en entendant les gyrophares hurler un peu plus loin. Alors il se remit à courir pour atteindre la sortie de la ville. cette si petite ville lui parut bien grande au cours de sa course effrénée pour éviter les policiers.

Épuisé derrière ce gros buisson, ses yeux se fermèrent d'eux même pour se rouvrirent plusieurs heures plus tard dans une minuscule cellule. Tout ça pour rien, cette longue nuit de fuite pour au final se retrouver là à attendre qu'on lui dise qu'il passerait quelques années de sa vie en prison.