Chapitre 23 - Verdict Aquaïen
Le procès eut lieu dans une immense plaine aménagée de fauteuils de coraux mous. L’agora s’organisait en cercle autour d’une arène, des énormes coques et des écrans étaient disposés entre les sièges pour retransmettre chacun des instants de cet évènement historique.
Les convives s’assirent ; Rucyos fut guidé dans l’arène. Nalya et Sperys le rejoignirent, leur accusation parfaitement préparée et répétée. Ils n’avaient pas le choix que de réussir. Rucyos aurait le droit de se défendre, il avait préparé son plaidoyer avec un des juristes rescapés de Falside mais assumerait la parole, seul. Un minable stratagème pour suggérer son innocence au public. Comme s’il n’avait rien à cacher alors qu’il savait juste être un excellent orateur.
La reine jeta un œil au calmar présent à ses côtés. Elle lui avait proposée d’être la seule à parler, pour que Néritide puisse voter à l’issue du procès, mais le jeune homme était persuadé qu’ils convaincraient les cités. Nalya s’assit, elle sentait le poids de chaque regard porté sur elle alors que la juge d’Atlantide qui supervisait le procès ouvrait la séance ; elle devrait évidemment respecter le choix des aquaïens dont ils seraient tous témoins.
Nalya relisait la liste de leurs accusations et preuves. Elle s’était étoffée avec la venue d’ambassadeurs d’autres cités qui ne s’étaient pas privés de dénoncer les méfaits de la Surface. Elle retrouva son calme, ils ne pouvaient perdre. Ils avaient des témoignages, des lois, des photographies, des dossiers récupérés dans les ruines de la molaire cariée.
Lorsque la juge leur attribua la parole, Sperys se leva et débuta la mise en contexte ainsi que la liste de leurs chefs d’accusations : vol, séquestration, torture, mise en danger de l’espèce, ingérence, irrespect des clauses du traité des Océans, trahison. La peine réclamée était bien évidemment la mise à mort.
Rucyos opposa ses propres chefs d’accusation à l’égard de ses deux opposants et affirma la bonne foi de la Surface dans chacun de ses actes. Le procès s’annonçait tendu du début à la fin. Sperys passa en premier à la barre, debout derrière le pupitre, il captiva l’audience dès ses premiers mots.
« J’ai tant à dire qu’il m’est ardu de commencer. Grand voyageur, mais nérite avant tout, j’ai vu les dégâts des humains : déchets, empoisonnements, zones mortes et j’ai compris que Falside n’agissait pas. Qu’elle n’avait jamais agis contre eux malgré le traité des Océans qui lui attribut ce devoir. Le Haut Conseil n’a pas daigné m’accorder l’entrevue que j’ai requise. Face à leur mépris, la résistance s’est imposée. Néritide a fédéré d’autres cités abyssales, nous avons dénoncé le traité et cessé d’obéir. L’étrange maladie des précédents seigneurs d’Atlantide m’a permis d’attirer l’attention de la princesse, devenue reine, sur l’état alarmant de nos eaux. »
Des murmures parcoururent l’assistance. D’approbation ou de surprise, Sperys sourit de cette belle entrée en matière. Sans prétention, la première impression comptait et il se débrouillait bien. L’entrevue refusée figurait dans la liste des preuves et de nombreuses photographies effroyables démontraient ses propos sur les océans pollués. Le représentant d’Isilde n’avait pas manqué d’apporter les siennes, ainsi qu’un échantillon d’eau et une pile de témoignages associés à une rubrique nécrologique sans fin qui forçait le deuil à quiconque la consultait.
Nalya passa à son tour à la barre, elle se persuadait que son histoire convaincrait. La jeune princesse pacifiste, son opération ratée, l’intervention de Falside, son ingérence dans les affaires d’Atlantide qui ne manquerait pas de révolter les autres dirigeants. Elle devait aussi souligner l’importance pour les aquaïens de se réarmer contre les humains s’ils désiraient se faire entendre. La reine d’Atlantide ne fit pas pâle figure à côté du calmar, elle déclama d’une voix claire et forte bien que la crainte de la défense du consul l’angoissait.
« Atlantide a toujours coopéré de bonne volonté avec Falside. Apprendre sa trahison, pire, ses manigances pour désarmer notre espèce fut une terrible désillusion. Après notre association avec Isilde pour rappeler notre présence aux humains, nous avons été arrêtés. Un ambassadeur a été imposé à Isilde, j’ai été assignée à résidence, mon frère manqua de mourir. Et ils ont voulu me marier de force pour prendre le pouvoir. »
Les murmures précédents se muèrent en exclamations scandalisées. L’indépendance des cités était garantie par le traité des Océans, le Haut Conseil avait outrepassé ses attributions en empiétant sur la clause la plus importante de ce contrat. Cette garantie était la seule qui avait convaincue les aquaïens d’adhérer. Si Falside avait osé s’insinuer dans les affaires de la plus grande des cités, elle pourrait avec toutes. Le traité ne survivrait pas à ce procès, Nalya et Sperys le savaient. Ce serait une victoire, peu importait l’issue.
Rucyos se sentit en danger, ce mariage était certainement le plus grave préjudice aux yeux des cités aquaïennes. Et des aquaïens en général, le viol était le crime le plus puni dans leur civilisation. Bien plus que le meurtre, il était assimilé à de la torture. Heureusement que la liste des victimes de Sperys était longue, il espérait que ça relativiserait le jugement de l’assistance. Il devrait assurer.
Le consul se leva de son pupitre et commença à interroger le nérite, cherchant à le mettre en porte-à-faux. Mais il assumait chacun de ses actes avec une étonnante conviction, il considérait ses victimes nécessaires, ses actes justifiés, il ne doutait pas. Cet aplomb suffirait à convaincre les plus faibles d’esprits. Il lui fallait absolument un élément pour détruire sa crédibilité. Comme ce mariage, il lui fallait un détail qui ne pourrait être accepté par aucun aquaïen. L’idée s’imposa alors qu’il repensait à la jeune reine.
« Vous conviendrez, Monsieur Camb, que la chance a été particulièrement clémente en vous débarrassant des précédents souverains d’Atlantide pour mettre une princesse inexpérimentée à la merci de vos manipulations.
— Navré de vous l’annoncer, mais je ne suis pas le régicide. Et vous conviendrez, qu’il n’est pas très intelligent de déconsidérer ainsi la reine des atlantes. En reniant sa capacité à prendre des décisions éclairées, c’est tout un peuple que vous insultez.
— Je suis certain que vous n’avez jamais pensé cela d’une noble ayant à peine quitté son palais.
— Pas autant que je le pensais pour les consuls, déconnectés, de Falside. »
Des murmures choqués interrompirent leur altercation. Les deux hommes suivirent le regard de leurs congénères jusqu’à apercevoir la silhouette menaçante d’un sous-marin de guerre. Son nez pointait droit dans la direction de l’agora. La zone n’était pas protégée des capteurs humains, ils devaient patrouiller depuis la destruction de Falside à la recherche d’autres cités.
Un courant de panique se répandit dans l’assemblée tandis que Rucyos y voyait son échappatoire, Nalya tenta de calmer les ambassadeurs pour évacuer l’agora en toute sérénité avec l’aide de ses chevaliers. Kyos, pas encore adoubé car la reine attendait la fin du procès, se joignit naturellement aux équipes de sécurité qui ne repoussèrent pas son aide.
Sperys saisit l’épaule du consul avec fermeté et lui imposa d’admirer le spectacle. Son sourire en coin inquiéta le crabe qui scruta les eaux claires devant eux. Une ombre gigantesque passa au-dessus de leur tête. L’attention de la foule se dirigea vers cette silhouette mouvante qui ne pouvait correspondre à une machine humaine. La découverte de cet immense calmar en partie mécanique secoua les aquaïens pour qui ces créatures n’étaient plus que des mythes. Sous la demande de Speyrs, le Kraken fonça à l’encontre de torpilles nucléaires lancées par le submersible. Les impacts les éblouirent, la peur que leur arme ancestrale fut détruite transperça les cœurs. Une douleur sourde traversa le corps de Sperys mais l’esprit du monstre marin était toujours bien présent.
Du nuage dû à l’explosion surgit les plus longs tentacules du Kraken. Les membres s’enroulèrent autour de la carlingue du submersible, les crochets de ses ventouses éventrèrent le métal alors que les huit autres bras l’attiraient vers son bec acéré. Lequel déchiqueta le sous-marin comme un vulgaire jouet en plastique bas de gamme. Des humains se noyèrent sous leurs yeux, aucun aquaïen ne se voyait faire le moindre pas en direction de leurs agresseurs. Nalya ne partagea pas cet avis. Ils venaient de leur démontrer qu’ils pouvaient leur opposer une force supérieure, éviter plus de morts ouvrirait la porte aux négociations cette fois.
A une telle profondeur, les humains ne tiendraient pas leur souffle longtemps entre la pression, le froid, le stress. Nalya s’élança, elle approcha d’un humain qui nageait désespérément vers la surface. Sa proximité l’effraya, il laissa échapper de précieuses bulles d’air. La reine leva les mains et les abaissa doucement pour lui intimer le calme. Elle passa son bras autour de sa taille et entama la remontée, elle pensa à la surpression et fit signe au jeune caporal de souffler son air lentement en même temps que les mètres défilaient. Inutile de le ramener à la surface pour qu’il cracha ses poumons en charpie.
Elle perça enfin les flots tumultueux de son océan, l’humain toussa de l’eau, inspira d’intenses goulées d’air alors que les vagues les ballotaient. Quelques instants plus tard, d’autres duos atteignirent la surface, tels des fleurs qui auraient éclos au milieu d’un champ. L’humain grelottait, son corps nerveux mais pas contre elle. La gratitude qui animait ses prunelles le lui prouvait. L’homme porta sa main à un rectangle noir, pressa un bouton et parla de son accent mélodieux gâché par l’essoufflement. L’objet grésilla quelques secondes durant lesquelles elle déchiffra la peur sur son visage. Même ramenés à la surface, si aucun de leurs navires ne venaient à leur rescousse, ils mourraient. Le soulagement relaxa son corps lorsqu’une voix répondit à travers la radio. Même sans connaissance de sa langue, Nalya sut qu’il jurait de bonheur.
Elle patienta pendant la durée de leur court échange à l’issu duquel le militaire la jaugea comme s’il se demandait comment communiquer. Ce jeune humain lui fit penser à Kyos, un petit quelque chose sur lequel elle ne saurait mettre le doigt. Il tenta de mimer ses paroles à l’aide de ses mains, avec beaucoup de maladresse et de détresse dans son regard. Il se sentait ridicule, elle le voyait comme un nez au milieu d’une figure. Elle comprit qu’il parlait d’un bateau et déduisit qu’il allait venir les chercher dans les plus brefs délais. Il lui demanda aussi s’ils pouvaient rester avec eux en attendant. Nalya songea à un guet-apens, mais rien ne les empêchait de partir dès que le navire de secours serait en vue alors elle hocha la tête.
Elle sonda ses congénères aux alentours, tout l’équipage n’avait pas survécu. Au moins, les corps seraient rendus aux familles, elle supposa qu’ils avaient tout autant un processus de deuil que sa propre espèce. « Disparu en mer » devait être une terrible mention pour les proches. Un maigre espoir qui s’accrochait et déchirait un peu plus les cœurs jour après jour.
Le croiseur ne passa pas inaperçu à son arrivée ; Nalya ordonna aux aquaïens de regrouper les humains et de plonger. Les cadavres flottèrent, les rescapés les tenant tant bien que mal pour qu’ils ne s’éloignent pas et se perdent à jamais. Une dizaine de mètres sous la surface, ils observèrent les paires de jambes disparaître à mesure que des semi-rigides les ramassaient. Lorsqu’ils furent en sécurité, ils s’en retournèrent à l’agora où le reste des ambassadeurs scrutaient le résultat du sauvetage. Le Kraken reposait sur le sable, entouré des débris du submersible alors que Sperys vérifiait les brûlures causées par l’explosion. Elle le rejoignit.
« Je m’attends à vos remarques cyniques.
— Pourquoi ? Nous voulions un rapport de forces, pas une guerre. Il semblerait… que vous aviez aussi une leçon à m’enseigner. »
Surprise, elle se tut et sourit en retour. Une touche d’optimisme et de compassion, que ces armes ancestrales constituent une stratégie de dissuasion était la meilleure des issues. Elle caressa la peau souple du Kraken, pensive, elle avait hâte que le procès se termina. Elle pensait à son Léviathan, et à toutes les créatures qui sommeilleraient pour l’éternité si elles n’étaient pas ramenées.
Elle jeta un œil aux débris et se promit de les explorer à la recherche d'une de ces radios afin de recontacter les humains. Le calmar et la tortue s’en retournèrent au procès ; les ambassadeurs avaient d’ores et déjà tous retrouvés leur siège, ils attendaient la fin. Cette interruption impromptue conférait une atmosphère plus solennelle encore qu’au début du procès auquel tous étaient incertains. Beaucoup avait douté que le changement fut possible, mais la puissance des créatures et la volonté de Nalya de vouloir éviter la guerre les convainquirent que Falside était désormais obsolète. Un reliquat bureaucratique moins utile qu’encombrant. Son existence n’était pas gravée dans le marbre, il leur appartenait d’écrire la suite de l’histoire sous-marine.
La fin du procès ne fut qu’une formalité. La quasi-unanimité condamna Falside pour la totalité des chefs d’accusation énoncés, Rucyos serait exécuté dans la fosse d’Atlantide le soir même, après son dernier repas.
***
Accompagnée de Kyos, Sperys et Faerys, Nalya se rendit aux coordonnées indiquées par le calmar. L’atmosphère légère, l’humeur joyeuse ; elle se repassait l’effervescence à la suite du procès. Les aquaïens avaient prolongés leur séjour à Atlantide, ils récupéraient les reliques dérobées par le Haut Conseil et avaient convenu que le réarmement des cités nécessitait un tout nouveau traité des Océans. Nul besoin d’une Falside, en cas d’usage suspect des armes anciennes, une commission tirée au sort parmi les souverains des cités serait désormais dépêchée au cas par cas.
La jeune femme tenait son trident, plus ils approchaient et plus il vibrait dans le creux de sa paume. En vue de la dorsale océanique, c’était presque en pilotage automatique qu’elle trouva la serrure du serpent des mers. Malgré les écailles et les plaques métallique, sa tête se confondait dans les coussins de basaltes disposés autour du mont sous-marin. La reine caressa du plat de la main le museau lourd, cette créature était l’une des plus belles créations d’Atlantide. Elle inséra le trident dans les trous sur le front du monstre dont les écailles naturelles se mirent à luire. Son œil, qui mesurait dans les quatre mètres de diamètre s’ouvrit avec paresse. La reine retira le trident, chaque vibration était plus précise, comme un code morse du Léviathan pour communiquer avec elle.
Lorsqu’il redressa son immense tête, le sol trembla, les roches accumulées se brisèrent, le quatuor admira toute la dorsale s’ouvrir dans un boucan infernal pour libérer le corps interminable de la créature. Nalya adopta la même méthode que Sperys, elle le laissa libre d’aller se nourrir. Le serpent ondula sur le fond marin à la recherche de son premier repas depuis cinq mille ans.
Le calmar enroula son bras autour de la taille de son petit ami, un fin sourire aux lèvres. Il avait hâte que les négociations du traité furent terminées, Faerys avait toute une liste de merveilles sous-marine qu’il voulait découvrir et Sperys avouait volontiers que son temps passé sur les routes lui manquait déjà. Il remettait, en toute confiance, les prochaines interactions avec les humains à la reine d’Atlantide et aux autres cités. Il doutait que les autorités terrestres acceptent de dialoguer avec sa personne. Le poulpe leva son minois vers son amant et lui vola un baiser taquin, les mois à venir s’annonçaient merveilleux bien qu’il doutait parfois que son amant fut capable de rester en dehors des affaires avec le monde terrestre. Abandonnait-il toutes les responsabilités de cette révolution si sincèrement ? Quelque part, Sperys serait toujours politisé et il affectionnait cette passion de son amant.
Nalya glissa sa main dans celle de Kyos, collant leurs épaules. L’avoir à ses côtés lui offrait un courage indéfectible, tout lui paraissait plus accessible, moins lourd à porter. Sa cérémonie d’adoubement était programmée, le combattant avait tenu à la repousser jusqu’à ce que sa maîtrise de l’épée fut moins rouillée qu’à son combat à l’Académie. Il abandonnait le trident sans regrets. Nalya songeait déjà à son futur couronnement à ses côtés en tant que roi consort d’Atlantide.
Un sourire fleurit sur son visage alors qu’il songeait à Gorys. Pour un homme qui avait fui l’Académie toute sa vie, il se retrouvait incapable de la quitter à présent qu’elle était déchue. Malheureusement, beaucoup des adolescents de l’Académie refusaient de retourner dans leur famille. Ils ne parvenaient pas à se souvenir d’eux et ils craignaient de rentrer chez des inconnus. Ils ne feraient que les blesser.
Aussi, Gorys ne se voyait pas les abandonner, lâcher ces jeunes aquaïens égarés et esseulés dans la nature. Il avait donc soumis une idée à Nalya qui se chargerait de la présenter lors des futures discussions autour du nouveau traité : refonder l’Académie. Cette fois, elle serait ouverte à tous les aquaïens, et son rôle serait d’assurer un support aquaïen à la requête de n’importe quelle cité. Même si cette organisation n’aurait peut-être pas d’utilité éternelle, il jugeait que l’idée était brillante pour accompagner les aides et réhabilitations des zones contaminées par les humains. Les élèves restant trouvaient du sens dans ce possible projet.
Finalement, le monde aquaïens fonctionnait très bien sans Falside, même bien mieux. Les relations diplomatiques avec les humains s’établissaient pas à pas, Nalya découvrait chaque jour leur organisation si complexe. Elle avait même visité l’une de leur ville de béton et de verre qui, passé l’émerveillement, la rendit morose. L’ampleur de leur population la choqua, elle était bien incapable de se représenter huit milliards. Elle eut le déplaisir de refaire face à d’hypocrites langues de bois qui tentèrent d’arnaquer le peuple sous-marin, son cœur se réchauffait chaque fois que de simples humains ovationnaient sa délégation. Elle comprit, leur population était tout aussi bloquée que la leur l’avait été par des dirigeants indignes et traîtres. Un état de faits prolongé dans le temps qui leur paraissait sans issue.
Il lui fallut quelques mois pour prendre sa décision. En définitive, elle profita d’une énième rencontre mondaine pour les massacrer.
La rencontre se déroula sur les côtes de ce qu’ils nommaient New-York, à l’ouest de l’océan d’Atlantide. Vêtue d’un pantalon fluide et d’un chemisier clairs, elle se sentait déconnectée de ces clones en costumes noirs et cravate de soie. Kyos l’accompagnait, à sa droite, son épée à la ceinture, sa couronne de consort sur la tête. Leur escorte les suivait, en formation. Les humains tâchaient d’organiser ces rencontres en bordure de mer afin que l’air humide leur soit agréable à tous. Mais le luxe qui l’entourait lui donnait la nausée alors qu’elle avait parfois croisé la misère quelques jours ou heures plus tôt.
Elle en avait assez de ces vaines discussions creuses. Ils jouaient l’usure, pendant qu’ils négociaient, la princesse avait demandé aux cités de tenir leurs armes respectives pour que les humains conservent un accès à l’océan. Elle faisait preuve de bonté et de patience. Pour quels résultats ? Ils attendaient qu’elle se lasse. Ils avaient gagné, elle était lasse. Et ils allaient payer ce soir.
Suite aux habituels séances de photographies et serrage de main, ils s’enfermèrent pour les négociations autour d’un buffet et de champagne. Une boisson qui plaisait à la reine et qui lui rappelait comme les humains produisaient de beaux ouvrages. Elle se tourna vers son époux et hocha la tête. Il suffisait. Kyos porta la main à son épée, signalant aux soldats qu’il était temps. La somptueuse salle se peignit de rouge sous les yeux calmes de la jeune femme. La Terre n’avait plus de temps à perdre avec eux, elle avait nettoyé le tableau, aux peuples de faire les bons choix à présent.
FIN
Et voilà, terminé, j'espère que cette fin ne vous déçoit pas et un grand merci à ceux qui ont suivi cette histoire ^^
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