Aufret
Notre jeune Aufret passa un an d'insouciance à choyer la jolie Tulipe. Le temps n'avait pas de prise sur elle. Elle respirait la joie de vivre et la fraîcheur d'un instant.
Depuis qu'elle avait goûté à de la vraie nourriture, elle était devenue gourmande et chapardeuse. Un instant d'inattention et son jeune maître pouvait dire adieu à sa viande. Mais Aufret ne la réprimandait pas. Il était à l'abri du besoin et il lui suffisait d'aller piocher dans le garde-manger inépuisable qui garnissait les cuisines.
Il y cotoyait souvent une petite fille, Mona, qui avait environ son âge. Mais à chaque fois qu'il entrait dans la pièce lorsque ses parents étaient là, il sentait l'ambiance se tendre, les sourires se crisper. On le traitait bien mais tout sonnait faux.
Un jour, il décida d'aller espionner leur conversation depuis une grille d'aération.
- Comment allons-nous faire ? se plaignit la cuisinière. Nos rations diminuent... Mais s'il nous prend l'envie de voler ! Toute cette nourriture est une vraie torture. Comment le seigneur Archambaud fait-il pour toujours tout savoir ?
- Presque tout, corrigea le mari. Il ne sait pas que nous avons cette conversation, sinon, croyez-moi, nous serions déjà... Il fit glisser son doigt le long de sa gorge.
Aufret comprit bien plus tard ce que cela signifiait mais cela ne l'empêcha pas de saisir l'essentiel. Son monde de joie et d'abondance signifiait un mon de tristesse et de privation chez ses sujets...
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