Chapitre 2
Notre hôpital avait accueilli les premiers malades d’une peste. Il est vrai qu’il y a eu plusieurs épidémies de peste, mais celle-là était beaucoup plus intense que les précédentes pour la simple et bonne raison qu’il y a beaucoup plus de victimes. Il fallait à tout prix la restreindre au maximum.
– J’ai ce que tu m’as demandé.
– Merci Austin.
J’avais demandé à Austin d’aller me chercher plus de médicaments.
– Écoute, on va bientôt tomber en rupture de stock, on ne va pas s’en sortir.
Il est vrai qu’en moins d’un mois, il y avait eu beaucoup de patients à l’hôpital. La plupart des chambres étaient prises, et comme nous utilisons le même médicament dans toutes les sections, il était donc normal que nous tombions un jour en rupture de stock. Mais tout de même, nous venions de voir une nouvelle livraison, il n’y avait même pas quelques jours.
- Austin, est-ce que tu sais quand aura lieu la prochaine livraison de médicaments
- Non pas la moindre idée. Il paraît que ça arrivera dans un mois.
- On ne tiendra jamais à ce rythme, où sont passés tous les stocks de médicaments que nous venions de recevoir ?
- J’en sais rien, mais tu es bien la seule à ton soucis, visiblement. D’ailleurs, pourquoi est-ce que tu utilises ces plantes ?
- C’est le médicament le plus efficace qui soit, même si elles ne peuvent pas concurrencer les nouveaux médicaments qui se créent en laboratoire.
- Tu étais botaniste avant ?
- Non, le médecin avec qui je travaillais utilisait des méthodes traditionnelles, j’ai beaucoup appris de lui.
À ce moment, j’ai entendu une voix tousser, ce qui m’a rappelé que nous n’étions pas seuls pendant que nous discutions c’était en train de soigner un des patients les plus atteints. Il fallait que je me reconcentre, j’ai demandé à Austin de partir pour pouvoir le soigner.
- Ça va aller, Monsieur.
Une fois que j’avais fini avec ce patient, je me suis rendu dans la Réserve. Il fallait à tout prix que je découvre ce qui se passait avec les médicaments. Puis j’entendis une voix, une voix de femme. Je me suis donc précipité derrière une caisse qui se trouvait non loin de la porte de sortie. J’étais accroupi derrière une énorme caisse, je ne pouvais pas bouger ni faire le moindre bruit au risque de me faire repérer par ces inconnus.
- Non, mais je vous jure pour qui se prend-elle !
C’était la voix de Nathalie, mais j’entendais également les pas d’une autre personne, qui pouvait être cette deuxième personne ? Cassis ? Jacques ? Ou alors Austin ? Je n’étais sûr de rien, j’ai donc attendu que Nathalie parte avec cette deuxième personne inconnue.
- Non, mais tu as raison. Il est vrai que maintenant qu’elle a son étage, rien que pour elle, elle croit qu’elle est devenue la chef. Je ne comprends pas comment Caitlin la laisse faire.
Ça y est, j’avais pu identifier la deuxième personne et c’était Jacques. Au fil de leur conversation, j’avais compris que c’était de moi qu’il parlait. Ils avaient une telle rancœur dans leur voix que j’avais peine pour eux. Pourquoi être jaloux de moi ? Il pouvait très bien en demander un étage. Et pourquoi me donner à moi la nouvelle d’un étage complet ?
- Bien, prenons les médicaments et finissons en dit Nathalie.
Il passe juste à côté de moi, il me frôle l’air de peu. J’ai mis un petit gémissement. Heureusement, ils ne m’ont pas trouvé, ils ont pris la boîte sur l’étagère qui était en face de là où je me cachais. Avec un grand courage, je me suis retourné et j’ai pu apercevoir que c’était la boîte de médicaments que j’utilisais. Je savais parfaitement qu’il n’avait pas les connaissances pour savoir fabriquer un antidote à base de plantes, alors pourquoi les prenait-il ? Il n’y avait personne pour aller faire, où pouvait-il bien emmener cette boîte ?
Je les ai suivis afin d’en savoir plus, mais au moment où il sortait de l’hôpital, je me suis fait interrompre par Austin qui m’avait interpellé, car un de ses patients faisait une crise d’asthme. Il fallait donc que je reporte mes projets à plus tard.
Après avoir soigné le patient atteint de crise d’asthme, j’ai pu voir par sa fenêtre Nathalie et Jacques revenir sans cette boîte qu’ils avaient prise, mais qu’à la place ils avaient une liasse de billets. Je me suis douté qu’ils avaient vendu ses plantes. Comme je venais d’arriver et qu’il y avait eu cette épidémie, je ne m’étais pas renseigné sur l’établissement. Mais on dirait qu’il se passe des choses louches
J’ai donc décidé de les rejoindre pour voir ce qu’ils faisaient exactement.
– Je peux savoir pourquoi vous avez cette liasse de billets ?
– Ne t’en fais pas, l’un des patients est très riche et pour nous remercier de l’avoir soigné, il nous a donné cette liasse de billets, dit Nathalie.
Comment était-ce possible ? Même si un des patients était riche, il est clair qu’il aurait gardé son argent. Mais de toute façon, il est interdit de recevoir de l’argent venant des patients.
Depuis la fenêtre par laquelle j’avais vu Jacques et Nathalie, Austin m’appela.
– Elvira, tu dois venir immédiatement !
— Très bien, j’arrive, Nathalie et Jacques ont discuté de ça plus tard avec Mère Madeleine, ai-je dit avec un regard furieux.
– Mais oui, c’est ça, c’est ça, dit Nathalie avec un ton sarcastique.
Après ça, Nathalie et Jacques se sont fait discrets, ils m’ont aidé à soigner certains patients. On aurait dit qu’ils avaient peur que je les dénonce en vrai. Après avoir soigné certains patients qui sont partis juste après, j’ai demandé à Jacques de venir avec moi dans mon bureau.
— Alors dis-moi comment avez-vous eu tout cet argent ?
— Écoute, moi, tu en sais mieux, c’est, tu peux me croire.
– Je te croirais si tu m’expliques ce que c’est.
– Qu’est-ce que... tu veux participer ?
– Participer à quoi ?
— Et bien, ah tu sais quoi ?
– Je vois visiblement que tu n’es pas d’humeur à me répondre, écoute, je ne compte rien dire, mais tout de même, je découvrirai ce que vous maniganciez tous les deux.
Je partis devant, apparemment Jacques et Nathalie pensaient que j’étais au courant de ce qu’il faisait réellement. Je vais donc mener ma petite enquête.
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