Exploration

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Katarina regardait devant elle. Une rivière bleue aux reflets violets coulait à ses pieds. On était à la fin du printemps. Bientôt, la chaleur serait telle que le ruisseau s’évaporerait jusqu’à la saison des pluies. Cela faisait dix minutes que l’adolescente regardait devant elle. Ses yeux parcouraient cette savane déjà sèche aux arbres éparts. Plus loin s’amorçait une forêt aux feuilles grises et ocres. C’était une forêt très dense, sauvage, d’où s’échappaient les cris d’amour des oiseaux et les rugissements des bêtes féroces.

Depuis toute petite, Katarina rêvait de dépasser cette rivière, d’explorer ces territoires inconnus qui faisaient reculer les explorateurs les plus intrépides. Ses parents s’étaient installés là, au beau milieu de nulle part, auprès de cette frontière interdite pour cultiver la terre. Le gouverneur leur avait déconseillé de faire progresser leur navette plus à l’ouest, dans ces terres sauvages où les animaux ne craignaient pas les balles lasers les plus modernes ni les charges explosives les plus puissantes. Cette planète n’avait été que très peu colonisée. Seul son astroport était vraiment utilisé. Il servait de relais carburant pour les vaisseaux de commerce ou les explorateurs à la recherche de Poudre. Rares étaient ceux qui osaient s’éloigner des murs ultra-sécurisés de la ville. De ce fait, la famille de Katarina était plutôt aisée : il faisait partie des rares à produire de la nourriture locale. La majorité de la population survivait grâce aux rations lyophilisées vendues à prix d’or par les cargos ravitailleurs.

Outre l’avantage d’avoir toujours de la nourriture fraîche sur la table, Katarina avait pu passer son enfance dans les grands espaces de cette planète sauvage. Elle avait remarqué combien les bêtes fauves attaquaient plus facilement la ville fortifiée que leur ferme isolée. Elle ne les craignait pas : elle avait pu les observer, elle comprenait leurs habitudes, leurs mœurs, leurs comportements. Elle n’en était pas moins prudente. Même si les armes énergétiques ne leur faisaient pas grand-chose, elle ne se séparait jamais de son laser à six coups.

Aussi, lorsqu’elle avait entendu cet étrange cri, elle s’était approchée de la frontière entre les territoires civilisés et les régions inconnues. Depuis dix longues minutes, elle plissait les yeux pour mieux apercevoir la cause de ce chahut. L’atmosphère était étrange, nul oiseau ne piaillait, nul herbivore ne courait pour échapper à une menace, nul carnivore n’achevait bruyamment sa proie. Seule une fumée suspecte s’élevait de la forêt. Ce n’était pourtant pas un incendie.

Ses parents lui avaient interdit de franchir la rivière mais elle n’y tint plus. Elle remonta le courant jusqu’au prochain lacet. Il y avait là un gué où elle pouvait traverser l’onde à mi-cuisse. Elle parcourut rapidement le kilomètre de savane qui la séparait de l’orée. Elle eut un instant d’hésitation puis s’enfonça entre les troncs et les lianes. Une odeur de brulé la guidait dans cette forêt dense. Heureusement, aucune bête ne l’attaquait.

Un quart d’heure plus tard, elle se trouvait devant un amas de métal fondu. Elle y reconnut les formes d’une navette spatiale écrasée. Tout de suite, elle se demanda comment une telle catastrophe avait pu arriver. Cela faisait bien deux cents ans qu’il n’y avait plus eu de crash ou de collision. Elle courut, oubliant toute prudence, voulant seulement porter assistance aux victimes. Plus elle approchait, plus elle discernait les formes de l’appareil. Elle avait cru que la forme étrange des matériaux était dû au crash mais non, seule la proue était endommagée. Quelle était cette conception ? Elle s’approcha davantage. Il devait y avoir une porte, elle fit le tour du vaisseau sans rien trouver. Soudain, elle sentit un goût métallique dans la bouche. Ses cours de biologie lui revinrent à la mémoire : les radiations ! Mais la Fédération Terrienne avait interdit l’utilisation des moteurs nucléaires depuis le début de l’ère Machinicienne. Dès qu’elle rentrerait, il faudrait qu’elle aille se faire décontaminer chez le médecin de famille. Un bruit retentit au-dessus d’elle. Une porte s’était ouverte. Un être avec des tentacules et un bec de perroquet s’en extrait. Il s’extirpa difficilement et chuta jusqu’au sol dans un bruit flasque. Un râle s’éleva. Il leva un tentacule en direction de la jeune fille et souffla :

— Prépareeeeeez- vouuuuuus ! Vouuuuus êtes mes prisonniers !

— C’est ça, oui, répliqua-t-elle en sortant son revolver.

Elle tira deux coups en pleine tête. Même si elle avait raté les centres nerveux de la créature, les radiations l’achèverait. Elle retourna vers la rivière. Il fallait vite prévenir les autorités. Finalement, une vie extra-humaine intelligente semblait exister. Dommage qu’elle fut agressive.

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