Immobile sur la surface de ma chambre

Illuminée d'une lumière couleur ambre,

Cet impassible oiseau incessamment me toise,

Me toise un démon que jamais l'on n'apprivoise ;

De sa prestance et de ses deux yeux de ténèbres,

M'avertirait-il comme d'une issue funèbre ?

Las le plumage d'un cou sombre seul se meut,

Las maudit oiseau, voilà mon esprit brumeux,

Quitte donc ce lieu, je n'attends que tes adieux !

Rejoins ton milieu, quitte ce regard odieux !

Fis-je honteuse chose jadis qui te déplut ?

Mais toujours le corbeau me répond : "Jamais plus !"

Sur ma vie punis-moi s'il le faut, mais va-t'en !

Cette attitude est souffrance de chaque instant !

Déploie tes ailes sombres, prends ton envol,

Et pars loin, loin afin qu'enfin je me console !

Le maléfique se penche, son bec de cendre,

Son bec en avant, se préparant à descendre.

Dans le calme et l'ambre régnant dans cette chambre,

Dans la froide atmosphère du mois de Décembre,

Bruisse le plumage obscur brisant le silence,

S'agite quelque corbeau tout plein de défiance !

Enfin le temps de l'inquiétude révolue !

Mais la créature dit toujours : "Jamais plus !"

Grâce à dieu, oui, recouvre donc ta liberté !

Plus de cauchemar, rends-moi ma réalité !

Et le volatile soudain ferme les serres

Emportant le buste et son étreinte desserre,

Laissant gésir un cadavre au crâne fendu,

Mais heureux car il ne souffrirait... jamais plus.

SVla