4 : Être une sorcière, une vie pas de tout repos.

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Aux premières lueurs de l'aube, Anna s'éveilla paisiblement et fit sa toilette pour s'habiller avant d'être dérangée pour son repas du matin. Cependant, lorsqu'on frappa à sa porte, elle eût la surprise de tomber nez à nez avec une femme d'une trentaine d'années, cheveux blonds mi-court et yeux noisettes. Celle-ci l'emmena alors dans un bâtiment faisant la jonction entre les deux escaliers, où une dizaine de femmes étaient en pleine collation. La femme l'ayant conduite dans le réfectoire s'en allant déjeuner avec d'autres personnes tandis qu'Anna déjeuna seule, ne connaissant encore personne et les autres femmes présentes semblaient méfiantes à son égard, ce qui les dissuada de faire le premier pas vers elle. Son repas fini, Anna se dirigea vers le jardin d'Hildegarde pour enfin y apprendre ce que la doyenne voulait lui enseigner en termes de magie. Cependant, elle fût surprise que les autres sorcières l'aient suivie jusque dans l'immense jardin. Alors qu'Hildegarde lui fit signe de s'approcher, elle vit les autres sorcières se répartir dans le jardin, chacune commençant à méditer dans son coin. Alors que la jeune femme prenait place près de la doyenne, elle fut fascinée en regardant les autres sorcières s'exercer à la magie, chacune usant d'un élément de la nature, pouvant le diriger et lui donner la forme qu'elles voulaient. Tandis qu'elle observait avec intérêt ses paires, elle reçu un coup de canne sur la tête de la part de la vieille dame qui l'interpella avec sévérité :

- Un peu de concentration veux-tu ! Avant de t'intéresser à ce qu'elles font, tu ferais mieux d'apprendre les bases, tu ne crois pas ?

- Mais je sais faire de la magie non ? Après tout j'arrive à faire de la glace.

À peine avait-elle répondu qu'elle reçu un second coup de canne sur la tête. Hildegarde semblait de mauvaise humeur et considérait que la jeune femme avait repris ses mauvaises habitudes du premier jour. La vieille dame le regard sévère reprit la parole, commençant par une lui rappeler pourquoi elle devait apprendre auprès de la doyenne :

- La belle affaire ma petite ! Tu sais faire de la glace et après ? Sais-tu au moins ce qu'est la magie ? Pourquoi tu as ce don, et quel est le rôle d'une sorcière ?

- C'est quoi la différence entre avoir ces pouvoir et en comprendre la raison ? Ça ne changera pas que le fait que j'ai été forcée de changer de vie à cause de ça.

- La différence, ma petite, c'est tu as reçu tes pouvoirs pour une bonne raison. Tes pouvoirs ont un sens. Premièrement, si les sorcières peuvent maîtriser les forces de la nature, c'est aussi afin de la protéger et la préserver. L'autre raison, c'est que seule la magie peut blesser un démon. Finalement, c'est l'inquisition qui ne tourne pas rond. Ils pensent protéger l'humanité du mal en chassant les sorcières, mais en fin de compte ils ne font que la priver de son seul moyen de défense contre les démons.

À ce moment-là Anna eût alors un détail de sa mémoire qui s'illumina dans sa tête. Quand Hildegarde lui avait parlé de blesser un démon grâce à la magie, elle rappela immédiatement de la nuit où elle avait rencontrée la doyenne. L'âme du loup contenue dans la rapière de Van avait reçu sa magie de glace, et une question se posa à elle immédiatement : était-ce que l'âme du loup avait besoin de sa magie pour blesser les démons, ou était-ce pour la rendre plus efficace contre eux ? La jeune femme resta perdue dans ses pensées un long moment, cherchant à comprendre par elle-même le lien entre sa magie et la raison pour laquelle elle fut associée à l'arme de Van. Mais elle s’aperçut qu'elle s'était à nouveau déconcentré en réfléchissant à cette question, s'attendant à présent à recevoir de nouveau un coup de canne sur la tête de la part de la doyenne. Cependant, la vieille resta simplement à regarder Anna avec un large sourire, comme si elle savait ce à quoi pensait la jeune femme :

- Aurais-tu compris quelque chose d'intéressant ?

- Est-ce que le rituel utilisait par les Krutz est de la magie, ou est-ce qu'il faut la magie d'une sorcière pour le rendre efficace contre le démon ? Je serais curieuse de le savoir, même si je comprends mieux le test que vous m'avez fait passer l'autre nuit.

- Intéressant, tu sembles avoir compris de toi-même ce passage-là cela m'évitera d'avoir à perdre trop de temps sur le sujet. Mais pour répondre à ta question, je dirais que le rituel en question ce n'est pas de la magie bien que cela puisse s'en approcher. Il s'agit d'un pouvoir spirituel. Convoquer, ou extraire l'âme d'un animal, l'emprisonner et la soumettre à sa volonté pour la faire combattre à ses côtés, cela est de l'ordre du spiritisme.

- Et donc, quant à la question de la nécessité d'y associer de la magie, quel en est l'intérêt ? C'est ça que j'ai encore du mal à comprendre.

- Disons que l'intérêt est dans le gain de puissance et d'efficacité que dégage une telle association.

Anna manquant de connaissance sur les pouvoir magiques et spirituels, elle afficha un visage déconcerté face à la doyenne. Gain de puissance et d'efficacité, cela ne voulait rien dire pour elle qui n'avait aucune idée de référence sur laquelle baser son imagination pour se faire une représentation de l'explication de la doyenne. Hildegarde avait bien compris cela, mais elle ne savait pas comment l'expliquer de façon simple et compréhensive pour la jeune femme. Voyant les autres sorcières quitter peu à peu le jardin pour faire une pause et aller se restaurer, elle proposa à Anna d'en faire autant. Elle suivit le groupe jusqu'au réfectoire de quartier quand une question lui vint en tête : qui préparait les repas, et comment ? Cette réponse, elle ne tarda pas à l'avoir quand elle entra dans le bâtiment et qu'une des sorcières lui montra son nom gravé sur une planche. On lui expliqua alors qu'elle en fut épargnée de corvée les premiers jours le temps d'apprendre les règles de la forteresse, mais que désormais elle participerait comme toutes les autres au nettoyage du bâtiment et à la cuisine à partir du lendemain. Cependant, une fois à table elle fut surprise car voulant en savoir plus sur les autres sorcières afin de s'intégrer à elles, Anna fut déconcertée par leur discussion. Alors qu'elle s'attendait à les entendre évoquer librement divers sujets concernant leur pouvoir, ces dernières discutaient de potins et d'autres sujets tout à fait ordinaires. La seule chose, en dehors de la magie, qui les différenciaient des autres personnes qu'elle avait pu rencontrer hors de ces murs, fut le langage châtié et vulgaire avec le quel elles s'exprimaient librement en toute insouciance.

Une fois fini de se reposer, Anna fut déçue car elle avait espéré gagner du temps en profitant de l'expérience de ses condisciples en termes de magie, mais en ressortit uniquement la tête pleine de discussions osées. Elle revint auprès de la doyenne pour l'après midi, afin de savoir ce que la vieille dame n'avait su comment lui expliquer plus tôt. Anna était de plus en plus curieuse et assoiffé de savoir à mesure qu'elle digérait le flot d'information lui étant fournie depuis deux jours. S'asseyant face à Hildegarde, elle était prête et concentrée pour écouter sa préceptrice. Une fois de plus, la doyenne semblait somnoler face à elle et cette fois-ci, Anna poussé par sa soif d'apprendre se permit d'interpeller la vieille dame, pensant la réveiller de sa torpeur :

- Pardonnez-moi de vous réveiller madame, mais on devait continuer de discuter vous vous souvenez ?

- Me réveiller ? Pour ça il faudrait déjà que je dorme, petite. Tu comprendras demain lorsqu'on commencera à travailler sur tes pouvoirs. Pour l'instant, je vais finir ton éducation sur la différence entre magie et spiritisme, mais aussi son point commun.

- Son point commun ? Je croyais justement que c'était deux choses différentes, c'est ce que vous m'aviez dit. Je suis perdu là.

- Disons que leur point commun vient du fait que ce sont des dons rares, de l'ordre du surnaturel donc échappant aux lois de la nature.

- Pourtant, je croyais que la magie consistait à dompter les forces de la nature, alors en quoi est-ce surnaturel justement ?

- Idiote ! Si tu réfléchissais deux secondes tu comprendrais rapidement. Est-ce normal qu'une humaine puisse dominer le feu, la croissance des plantes et des fleurs, le courant de l'eau ou encore la structure de la terre ou la foudre venant des cieux ? De même pour le spiritisme, il n'est pas naturel pour un humain d'avoir un pouvoir ou une influence sur les âmes et les esprits.

- Effectivement je commence à comprendre, mais dans ce cas-là la différence entre les deux doit être faible non ?

- Pas du tout, elle est même énorme et fondamentale pour comprendre ce qui sépare à la fois les deux, tout en les rendant complémentaires. La magie bien que surnaturelle, permet de créer et de maîtriser des éléments de la nature, donc physique. Le spiritisme influe et permet de maîtriser des forces certes visibles mais immatérielles. En outre, seule la magie peux entrer en contact avec quelque chose d'immatériel.

- Dans ce cas-là, comment une chose immatérielle peut-elle blesser un adversaire ? J'ai du mal à comprendre l'intérêt d'user de l'âme d'un animal pour attaquer ou se protéger.

- Car une attaque spirituelle frappe directement à l'intérieur du corps, elle peut détruire l'âme d'un adversaire même la dévorer selon sa puissance. Mais je te rassure si ignoble que puisse te paraître une telle attaque, elle n'est que rarement utilisée ainsi par ceux qui habitent cette forteresse.

Hildegarde, face à l'air choqué et perplexe de la jeune femme, se résigna à se lancer dans de très longues explications sur le sujet. Bien que n'étant pas du ressort de l'enseignement de la magie, le fait que les sorcières de la forteresse travaillent en collaboration avec les Krutz, poussait la doyenne à développer le sujet vis-à-vis de la jeune femme en lui expliquant les faits suivants. Elle commença par calmer les doutes d'Anna sur le fait de pouvoir attaquer une âme en lui précisant deux choses. Premièrement, détruire ou dévorer une âme réclamait une puissance spirituelle considérable que peu de personnes chez les Krutz avaient réussi à atteindre même en développant une puissante affinité avec l'âme de l'animal qu'ils avaient soumis et lié à leurs propres âmes. Au sein de la forteresse, seule trois personnes étaient capables d'un tel prodige. Dietrich le doyen des Krutz, ayant soumis dans une émeraude l'âme d'un cerf ayant reçu la magie sylvestre d'Hildegarde. Désormais trop vieux pour combattre, ce dernier gardait dans un collier la pierre contenant l'âme du cerf. Le second était Siegfried, ayant dominé l'âme d'un ours dans un rubis ayant reçu un pelage et une mâchoire de feu grâce à la magie qu'il conservait dans une épée bâtarde. Quant au troisième, c'était bien-sûr Konrad, dernier membre de la famille à avoir réalisé l'exploit de capturer et soumettre l'âme d'un animal mythologique.

Les dragons, ces créatures de l'antiquité étaient redoutées et très puissantes, à telle point qu'on ne les trouvait que dans les contes mettant en scène des chevaliers et princesses à sauver. Or, ces créatures étant déjà rares à la base, on les croyait éteintes depuis plusieurs siècles. Kondrad avait accompli un exploit non seulement pour la rareté de l'âme qu'il avait soumise à sa volonté, mais de par la difficulté et la chance d'être encore en vie que lui avait coûtée une telle réussite. La raison justifiant son visage dont un œil manquant et une grande partie de la chaire arrachée, laissant surtout voir les trois grandes balafres parallèles marquant les griffes du dragon, laissait imaginer ce qu'avait dû endurer Konrad pour réussir son exploit. Konrad avait scellé l'âme de la créature dans un diamant enchâssé dans une flamberge, y ayant mélangé l'élément de la foudre. Pourtant, là était la contradiction entre les Krutz et leur situation. En trois siècles depuis la dernière grande apogée de la famille Krutz, jamais celle-ci ne fut aussi forte mais aussi, jamais autant menacée par la grande puissance de l'inquisition. Anna semblait mieux comprendre qui était les Krutz, et moins s'inquiétait de leurs méthodes, même elle avait toujours du mal à comprendre comment la magie pouvait renforcer un pouvoir déjà puissant.

La vieille dame continua son enseignement à grande vitesse, voulant en finir le plus rapidement possible avec les explications théoriques. Elle commença par en finir avec la technique des Krutz. La raison concernant l'avantage de croiser spiritisme et magie, était que l'âme de l'animal pouvait en traversant sa cible, lui infliger des dégâts magiques de l'intérieur en étant croisé avec l'un des éléments au quel on l'associait. Cependant, une telle association comprenait de gros inconvénients. Premièrement, plus l'âme de l'animal était forte et plus son possesseur avait du mal à contrôler, et la renforcer par magie la rendait donc plus dur à maîtriser. Cela amenait alors au second inconvénient de ce croisement car les Krutz ne pouvant user de magie, en cas de perte de contrôle seule une magicienne du même élément pouvait aider à maîtriser l'esprit de l'animal. La doyenne conclut son explication en déclarant que c'était à cause de cette capacité spirituelle qu'était traqué la famille Krutz, et considéré comme démoniaque car l'âme était censé être un élément sacré de la vie. Pourtant, c'était un point commun en spiritisme et magie, une information qu'Anna n'allait pas tarder à le comprendre.

La magie se différenciait certes du spiritisme de part sa nature physique, mais avait pour point commun que dans les deux cas l'esprit était le moteur permettant d'user de ces pouvoirs. Ainsi, si Anna savait utiliser de la glace, il lui en manquait alors fortement la maîtrise de son pouvoir. Cela, elle l'avait constaté d'elle-même le matin en voyant ses condisciples modeler les forces de la nature par la simple force de leur esprits, là où elle ne savait que geler son environnement. Cependant, cela impliquait patience et concentration, deux choses qui semblaient faire défaut à la jeune femme et qui justifiait pourquoi, la doyenne se montrait si autoritaire sur le sujet avec elle. La concentration, la qualité nécessaire pour faire appel à l'énergie du corps, et permettant aussi de visualiser puis de donner forme à cette énergie sous la forme physique de l'élément maîtrisé. Ainsi, ce qu'avait pris la jeune femme pour de la somnolence, de la part de la doyenne, n'était rien de plus qu'un exercice quotidien auquel s'était plié la vieille dame durant toute sa vie de sorcière, un exercice régulier lui ayant permis de surprendre la jeune femme avec un sort si rapide et efficace que cette dernière n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait.

Pressé d'être au lendemain, la jeune femme quitta les jardins pour rejoindre son quartier résidentiel pour y prendre un repas et aller ensuite se coucher chez elle. Cependant, à sa grande surprise le lendemain matin ne fut pas le début de l'apprentissage pratique pour elle. Elle fut réquisitionnée par la jeune femme blonde, qui lui avait expliqué les règles du bâtiment commun de son quartier le jour précédent. Ce matin-là c'était le tour d'Anna et de la jeune femme blonde de s’occuper du nettoyage du réfectoire et de la préparation des repas du midi et du soir, si bien qu'elle apprit finalement de son binôme de corvée qu'elle n'aurait aucune leçon avec la doyenne ce jour-ci. N'ayant pas été prévenue par la doyenne, Anna se sentait frustré d'apprendre la nouvelle au réveil une fois devant la fait accompli. Pourtant, la jeune femme allait recevoir une leçon en cette journée car si la matinée passée à nettoyer le réfectoire s'était déroulée sans soucis, la préparation des repas démontrait facilement de sévères lacunes pour cuisiner. Pourtant, il n'y avait rien de compliqué à faire cuire de la viande de porc et du choux mais la jeune femme ne cuisinait très peu dans vie d'avant, se limitant à du poisson grillé et a des légumes de jardins crus ou bouillies. Devant le carnage provoqué par Anna, son équipière de corvée commença à perdre patience et à reprendre la jeune femme en main. Cependant, cette dernière toujours frustrée de ne pas avoir était prévenu de la situation par Hildegarde, avait beaucoup de mal à écouter la jeune femme blonde qui lui donner des conseils, ce qui énerva cette dernière et l'obligea à mettre les choses au clair avec Anna :

- Écoute, je ne sais pas quel est ton problème mais si tu pouvais tenir compte de ce que je te dis, tu ferais mieux ton travail.

- Le problème c'est je devais continuer ma formation magique, et qu'une inconnue viens me chambouler le programme au dernier moment. Je savais que j'aurais à participer aux travaux domestiques des bâtiments communs du quartier, mais je pensais que madame Hildegarde devait me prévenir dans ces cas-là.

- La doyenne, obligée te prévenir ? Mais elle à autre chose à faire que de me s'occuper que de toi. Et pour info, l'inconnue se nomme Aélis. Je suis celle qui est chargé de coordonner la vie commune du quartier. La doyenne n'est plus très jeune, et même si elle est une bonne préceptrice pour nous, elle ne peut pas penser à tout.

- Donc, si j'ai le moindre souci c'est avec toi que je dois voir ça ? J'avais compris qu'en dehors de la doyenne, c'était cet homme nommé Van qui était responsable de moi dans la forteresse.

- Pas vraiment, il l'a juste été le temps qu'on sache quoi faire de toi, puisque c'était lui qui t'avait amené ici. Une fois installé dans le quartier des sorcières, je deviens ta responsable. C'est d'ailleurs pour ça que je suis ton binôme pour ta première journée de corvée. Normalement je n'y participe que rarement, j'ai d'autres responsabilités à assumer.

Aélis passa le reste de la journée à aider Anna à s'habituer aux corvées d'entretien et de restauration, seules corvées à réaliser car le reste du temps restait à la charge individuelle des résidentes, puisque cela concernait l'entretien et l'organisation de la demeure de chacune. Le lendemain, elle commença enfin à étudier la pratique avec la doyenne mais fut rapidement déçu par le programme que la vieille dame lui avait concoctée. Elle passa le premier mois de son apprentissage assis sur un tapis d'herbes et de fleurs qu'était le sol des jardins, où elle resta à méditer et à entraîner son esprit afin de renforcer son lien avec l'énergie de son corps et son utilisation. Au bout de deux mois, Anna fut enfin heureuse que la doyenne daigne enfin lui laisser utiliser librement sa magie. Cependant, afin de prévenir tout risque d'accident elle se fit assister d'Aélis, dont l'élément étant le feu était parfaitement adapté pour contenir le pouvoir d'Anna sans difficulté. Mais pour le premier essai pratique, les pouvoirs de feu d'Aélis s'avérèrent inutile car cette première tentative révéla que ce n'était que par chance, que la jeune femme avait réussi à matérialiser son pouvoir de glace lors de l'incident l'ayant fait remarquer et cibler par l'inquisition. Finalement, la première fois qu'elle eût réussi à user volontairement de sa magie fut le soir de sa rencontre avec la vieille Hildegarde, et grâce aux instructions que cette dernière lui avait donné.

La jeune femme comprit bien vite que matérialiser consciemment de la magie et la modeler était un exercice des plus difficiles. Les premiers jours, ce fut à peine si Anna pour matérialiser une boule de glace de la taille d'un œuf, rien de bien inquiétant pour qui la recevrait. Il lui fallut un mois complet pour ne serait-ce que donner des formes légèrement plus grosse à sa magie, et pouvoir faire atteindre à sa sphère de glace la taille d'un melon. Cependant, la forme et la taille augmentant, Anna avait du mal à canaliser son pouvoir de façon stable et la glace n'avait pas de consistance solide mais plutôt une sphère de glace d’apparence gazeuse. Anna prenait alors conscience que son apprentissage serait long et difficile pour atteindre le niveau de ses condisciples qui pratiquaient, elles depuis si longtemps. De plus, elle avait tant été impressionnée par la démonstration de la doyenne, alors qu'elle aurait dû maudire ce don l'ayant privé d'une vie simple et heureuse qu'aurait du être la sienne comme celle de toute jeune femme de dix-huit ans, elle ne souhaitait qu'égaler le talent et la maîtrise de la vieille dame. Mais elle en était bien consciente, cela impliquerait un travail acharné de touts les jours tout en contribuant à la vie de la forteresse, ainsi que de très longues années de travail alors qu'elle ignorait totalement comment évoluerait son avenir dans ce monde où la magie était vouée à disparaître si la situation ne changerait pas avec l'inquisition en position de force.

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