17 : Le temps qui s'écoule.
Voilà deux mois qu'Anna avait accouché de son enfant, et que celui-ci se portait heureusement comme un charme. Le temps passait mais les jours semblaient pourtant se ressembler. Beaucoup commençaient à tomber dans la routine, comme Van n'ayant pas eu de mission depuis déjà un an et ne le pouvant pas avec sa compagne, naturellement hors-jeu durant sa grossesse. Cependant, si tous restaient dans l'attente, ce n'était pas par manque d'occupation ou de mission à remplir, mais par manque d'information et d'une stratégie pour la suite des événements. Si une partie des Krutz étaient enfin rentrés à la forteresse, six équipes étaient toujours manquantes et leur sort était décisif pour la suite des opérations. S'ils s'étaient faits prendre, il fallait organiser des missions de sauvetages, mais aussi décider de l'avenir de la forteresse si leur position était dévoilée à l'ennemi. Certes, les Krutz étaient des durs à cuir et leurs alliées sorcières n'étaient pas faciles à capturer, mais leur silence sous la torture n'était jamais garantie pour autant. Et cela, Konrad le vivait comme sa responsabilité personnelle chaque fois qu'un des siens quittait la forteresse, et surtout sous son commandement.
Konrad voyait tout de là où il dirigeait sa forteresse, voyant aller et revenir ses guerriers comme le faisaient ses prédécesseurs. Pourtant, eux n'avaient jamais connu une situation aussi problématique que la sienne, et Konrad en tant que responsable de la forteresse avait souvent réfléchi à une question difficile. Cette question lui était venue après la naissance de sa fille, conçue avec Alisia il y a quatre ans, et lui revenait à nouveau depuis la naissance du fils de Van. Il se l'était aussi posé lorsqu'une partie de ses guerriers étaient revenus difficilement de Milan et complètement mutilés. Jamais ses prédécesseurs auraient osé penser à en arriver là, mais Konrad lui songeait sérieusement à dissoudre la famille des Krutz et laisser ses membres vivre leurs vies sans avoir à se soucier de l'inquisition. Même lui, aurait voulu en finir avec cette menace qu'était l'inquisition, et partir vivre une vie simple aux côtés d'Alisia et de sa fille. Cependant, il savait que cette décision même si elle était officiellement en son pouvoir, elle ne lui appartenait plus depuis longtemps. Elle appartenait aussi aux restes des Krutz qui avaient tant combattu l'inquisition, et souffert à cause d'elle. De plus, cela revenait aussi à disperser la population de la forteresse, que les Krutz avaient recueilli et juré de protéger.
Konrad continuait d'attendre en portant seul le fardeau de la responsabilité de la vie de ses hommes, trônant sur son fauteuil de commandant de la forteresse. Cependant, il avait la responsabilité de combattre l'inquisition car ces derniers devenaient bien trop dangereux. Que devait-il faire ? Attendre et envisager une solution après ? Mais il était dans le doute, car tant qu'il n'avait aucune idée de ce qui arrivait à ses équipes en mission, il restait aveugle sur l'avenir. Il envisagea une troisième option : plutôt que de trancher entre l'attente et l'action il choisit d'entreprendre les deux. Il décida de ne pas risquer d'autres vies dans une mission de récupération, ne sachant pas s'il cela en valait la peine, et de prier pour le retour de ses équipes. De plus, il décida de faire patrouiller tous les Krutz autour de la forteresse sur un rayon de plusieurs kilomètres, afin de pouvoir anticiper le moindre mouvement ennemi dans le cas où leur position serait compromise. Malheureusement, il restait un scénario que Konrad se refusait d'envisager car il avait confiance en chacun de ses hommes : celui d'une trahison. Cependant, il restait un scénario envisageable que le commandant de la forteresse redoutait bien qu'il puisse le comprendre. Il restait la possibilité que si les équipes restantes ne revenaient pas, cela soit tout simplement dû à une désertion de leur part.
Les Krutz avaient tant sacrifié leurs vies privées, et familiales pour certains, que la possibilité qu'ils apprécient tant une vie calme et heureuse était envisageable. Après tout, lui-même avait envisagé de disperser définitivement les Krutz loin de la forteresse, afin de leur offrir cette possibilité d'une vie paisible, qu'il n'aurait pas pu leur reprocher de l'avoir choisi d'eux-mêmes. Au fond de lui, il espérait même que cela soit la vérité et que le sang des Krutz survive à l'inquisition en attendant des jours meilleurs pour eux, même si cela impliquait de rester caché durant des siècles. De plus, certains des absents avaient même cette possibilité : Crona et lucia faisaient partie des binômes encore en mission, et vu ce qu'elles avaient traversé au même titre que les autres, la guerrière Krutz aurait très bien pu choisir de reprendre sa vie de pirate en emmenant son équipière avec elle. Il avait aussi envisagé de ne renvoyer de la forteresse que ceux revenus de Milan et aujourd'hui incapable de repartir en mission, estimant qu'ils en avaient fait assez et qu'ils avaient mérité de couler des jours heureux, n'ayant plus aucune raison de risquer leurs vies davantage. Mais cela, il le leur avait déjà proposé mais tous avaient refusé, et considéré cela comme une insulte.
Les mois passèrent sans que les choses ne changent. Les Krutz surveillaient leur territoire sans que celui-ci ne soit menacé, et les équipes manquantes ne revenaient toujours pas. Seuls changeaient les personnes vivant dans la forteresse. Fara avait neuf ans, et Van était devenu bien plus strict concernant son éducation, et Elric allait bien fêter sa première année de naissance. Faron voyait son fils devenir un adolescent qui commençait à apprendre l'art du combat avec son père, et la fille de Konrad allait sur ses cinq ans. Même Aélis et Siegfreid voyaient leur vie changer, car bien que plus âgé que Van et Anna, ils allaient enfin avoir leur premier enfant un an après eux. Pour Konrad, la décision qui semblait pouvoir attendre devenait de plus en plus pressante à trancher. Bien que la décision finale ne lui revienne, il ne voulait pas en décider seul, et convoqua un matin un conseil restreint parmi les Krutz, Van prenant exceptionnellement la place de Crona, car la raison de cette discussion le concernait, et la guerrière Krutz était toujours absente. Regroupant les participants dans la grande salle du donjon, il leur posa alors la question suivante :
- Selon vous, avons-nous vraiment raison de s'acharner ainsi sur une cause étant peut-être déjà perdu d'avance ? Vous avez tous une autre vie qui pourrait vous attendre, une vie sans combat, et sans crainte de mettre en danger ceux que vous aimez. Alors, devons-nous ou pas continuer ce que nous faisons ?
- C'est donc ça qui te rongeait ces derniers temps ? Lui demanda Siegfried. Je te trouvais étrange depuis le retour de Van et Anna après leur séjour à Worms. Toi qu'on disait le commandant le plus féroce et le plus déterminé de la forteresse depuis sa création, fait attention où ta légende va en prendre un coup.
De part son aspect défiguré et massif, Konrad avait toujours suscité les rumeurs les plus folles surtout chez les jeunes enfants de la forteresse. Lui-même s'en amusait et n'hésitait pas à laisser planer le doute sur ces rumeurs. Les Krutz connaissant très bien le chef de famille, qui bien que jeune pour ce poste du haut de ses trente ans, s'amusaient souvent de ses rumeurs et ils en étaient eux-mêmes les auteurs pour certaines. Cependant, Siegfried connaissait suffisamment bien Konrad pour savoir que quelque chose n'allait pas chez lui, les deux étant quasiment du même âge et ayant grandi ensemble. Mais ce fut Faron qui s'inquiéta le plus de cette question :
- Si ta charge te pèse tant, dis le clairement et laisse-moi ta place. Mais ne commence pas à semer le doute parmi les nôtres.
- C'est là que tu te trompes, si je vous ai posé cette question c'est dans votre intérêt et non le mien ! Répliqua Konrad. Toi-même, n'aimerais-tu pas une autre vie ?
- Bien-sûr que si, mais voilà notre vie est celle-ci et pas une autre, répondit Faron. Tu oublies vite que cela fait deux siècles que nous combattons l'inquisition, et après ce que nous venons d'apprendre de Van et Anna, il devient clair que nous devons poursuivre jusqu'au bout.
- Justement, Van qu'en penses-tu de la situation ? Lui demanda Konrad. Après tout, ta vie à bien changé depuis quelques années, es-tu sûr que tu ne voudrais pas vivre autrement ?
- Ma vie a justement changé à cause de notre lutte contre l'inquisition, lui rappela Van. Si nous n'avions pas fait ce choix, jamais je n'aurais rencontré et sauvé Anna, et tout ce qui s'est passé ensuite n'aurait pas existé. J'ai déjà eu plus de chance que j'en espérais vue notre situation. Alors, autant aller jusqu’au bout.
- C'est justement ce qui pourrait nous arriver, annonça Konrad. J'ai l'impression que nous combattons pour une cause perdue parfois. Alors, je préférais au moins avoir votre avis avant de vous imposer égoïstement de sacrifier vos vies.
Aucun ne répondit aux dernières paroles de Konrad, et pourtant ils pensaient tous à la même chose. Konrad n'avait pas besoin de leur imposer ses choix, ils le suivaient depuis longtemps et avaient eux-mêmes choisi de lui donner leurs vies si le fallait. Anna elle se sentait délaissée depuis que les patrouilles de surveillance, pour protéger la forteresse, se faisaient désormais jour et nuit. Elle se retrouvait seule pour s'occuper d'Elric et de Fara, et bien qu'elle comprenne l'importance du travail de surveillance effectué par les Krutz, elle aurait aimé pouvoir passer des nuits plus tendres avec son compagnon. Elle n'était pas la seule dans ce cas-là car cette vague de naissance ayant eu lieux durant les années qui s'étaient écoulées, avaient contraint beaucoup de femmes du donjon à renoncer à leurs activités en dehors de la forteresse. Pourtant, ces naissances restaient du pain béni pour les Krutz car une nouvelle génération était là, et pourrait d'ici plusieurs années les remplacer et reprendre la forteresse après eux. Après Konrad et Alisia, ce fut le tour de Siegfried et Aélis d'avoir un enfant, un garçon ayant les mêmes yeux que la sorcière blonde.
Six mois s'écoulèrent encore avant qu'enfin, Crona et Lucia ne fassent leur retour à la forteresse. Cependant, Crona n'était pas revenue en bon état : son œil droit était crevé et recouvert d'un cache œil. La guerrière s'amusait à faire des plaisanteries sur le sujet, faisant référence à son ancienne vie de pirate en parlant de son cache œil. Malheureusement, cela n'amusait pas du tout sa partenaire qui n'arrivait pas à rire de la blessure de Crona. Les deux femmes s'en allèrent sans attendre faire leur rapport à Konrad, car ce qu'elles avaient appris n'avait rien de réjouissant. Sur le chemin du retour, elles étaient passées dans chaque ville où leurs camarades s'étaient arrêtés pour mener leurs enquêtes. Seulement, le scénario qu'elles y avaient vus était toujours le même et elles avaient beaucoup de mal à annoncer la nouvelle à Konrad. Après avoir pris le temps de bien respirer pour avoir la voix la plus calme possible, Crona expliqua alors ce qu'elle et Lucia avaient découvert :
- Si j'ai bien compris, à part nous il ne reste que cinq équipes qui ne sont pas rentrées. Mais vous pouvez les oublier, on sait qu'elles ne reviendront jamais.
- Comment ça elles ne reviendront pas ? Demanda Konrad. Que s'est-il passé ?
- Exécuté, les cinq équipes au complet ! Annonça Crona. Cependant, on ne sait pas s’ils ont torturés ou non nos amis, et si eux ont parlé.
- S'ils avaient parlé sous la torture, on aurait déjà eu le droit à de la visite, intervint Siegfried. Mais même s'ils n'ont rien dit, on ne peut pas exclure le fait d'être repéré. Avec les démons infiltrés chez l'inquisition et formant presque à eux seuls la totalité des rangs des répurgateurs, ils ont peut-être des moyens pour nous localiser que nous ignorons.
- C'est pour ça que j'ai mis en place des patrouilles régulières, lui rappela Konrad. Mais le fait d'être amputé d'autant de nos membres nous place dans une situation délicate. On va être forcé de rester en défense dans la forteresse un certain temps.
- Mais, il faudra quand même envisager le scénario suivant, à savoir que s'ils nous attaquent avec une armée entière, nous n'avons plus assez de forces pour aller à la bataille avec l'inquisition, rappela Siegfried. Si cela arrive, nous devrons prendre une décision entre fuir ou combattre.
Fuir ou combattre ? La question ne se posait pas actuellement mais l'état des forces des Krutz obligeait Konrad à se reposer cette question qu'il se posait déjà depuis longtemps. C'est dans cette situation que la sagesse des doyens lui auraient été bénéfique. Cependant, la vieille Hildegarde avait fini par devenir complètement sénile avec son grand âge, et le doyen Dietrich avait fini par s'éteindre paisiblement dans son sommeil un mois plus tôt. Privé de force de frappe et de sagesse, Konrad avait l'impression que la forteresse allait sombrer d'elle-même, sans que l'inquisition n'ait besoin de le faire. Pourtant, aucun n'avait renoncé à poursuivre le combat contre l'inquisition, entre Alisia qui malgré une fille à élever avait entrepris de reprendre la formation des jeunes sorcières, et Faron qui se révélait être un instructeur de combat impitoyable depuis le retour de Crona et Lucia, et l'annonce de la mort de leurs camarades. Le bilan n'avait rien de réjouissant pour eux car, jamais ils n'avaient été aussi proches de la vérité et de démanteler l'inquisition depuis deux cents ans, et pourtant ils n'avaient jamais été aussi affaiblis et vulnérables. Ils ne pouvaient alors rien faire de leurs informations concernant les démons, et Konrad se mettait régulièrement à désespérer à l'idée que tant des siens soient morts, et que s'il ne pouvait rien faire de plus leurs morts seraient alors vaines et inutiles.
Le temps continua de filer et trois mois plus tard, la situation se débloqua lors d'un incident à dix kilomètres à l'Ouest de la forteresse. Une patrouille de templiers passa à proximité de la base de Krutz et bien qu'une longue distance les en sépare, ils pouvaient tout de même y voir la forteresse. Van et Crona qui étaient proches d'eux leur tombèrent dessus et les écrasèrent jusqu'au dernier, sachant très bien ce qui se passerait s'ils laissaient vivre et s'enfuir un seul survivant. Leur petit nombre semblait révéler que la patrouille s'était égarée par hasard, et que leur présence à proximité n'était pas prémédité. Cependant, dans le doute il leur fallait faire disparaître les corps et par chance pour eux, ils avaient un immense lac collé à leur forteresse pour y faire couler des cadavres à plusieurs mètres de profondeur. L'incident resta un cas isolé dans un premier temps, mais un mois plus tard ce fut une patrouille de chevaliers teutoniques qui se présenta jusqu'à cinq kilomètres de la forteresse, arrivant par l'Ouest. Les Krutz écrasèrent leurs ennemis et firent disparaître les corps à nouveau dans le lac. Bien qu'ils soient de nouveau en paix après cette confrontation, cela ne dura même pas deux semaines cette fois-ci, et venant du Sud une autre patrouille d'une vingtaine de templiers cette fois-ci approcha de la forteresse.
Bien qu'ils aient réussi à éliminer entièrement leurs adversaires à chaque fois, la situation devenaient de plus en plus problématique. Si leur position n'était toujours pas localisée par l'ennemi, en revanche les disparitions successives dans la montagne de Forêt-Noire commençaient à troubler l'inquisition. L'absence de corps rendait certes plus difficile de faire le rapprochement avec le lieu de disparition, mais cela suffisait pour que l'inquisition se mette à enquêter sur les lieux. Ils mirent cependant plusieurs mois à préparer leur expédition, laissant le temps aux Krutz de réfléchir. Mais ces derniers restaient bornés à tenir leur territoire malgré la situation, leur détermination n'étant toujours pas entamée par les récents événements. Mais lorsqu'au bout d'un mois, ils ne virent aucun signe de l'inquisition, ils commencèrent à douter de la suite des événements. Ils savaient que l'inquisition n'était du genre à abandonner aussi facilement, et qu'ils préparaient quelque chose de plus grand et de plus dangereux. Pour parer à l'éventualité d'une attaque contre la forteresse, Konrad donna l'ordre de pousser la surveillance sur un rayon beaucoup plus élargi autour du pic où était situé leur base. Durant encore deux semaines, ils se retrouvèrent à patrouiller dans le calme et la paix, sans que rien n'indique ou ne présage le moindre problème.
La semaine qui suivit se termina par d'étranges fumées s'élevant à une trentaine de kilomètres de la forteresse. Cependant, les panaches de fumées ne venaient pas que d'un seul endroit mais d'une quinzaines de positions différentes, disposées tout autour de la vaste forêt qui entourait le pic. Lorsqu'ils s'approchèrent des positions ennemies, ils s'aperçurent qu'ils étaient entourés par des camps militaires. Trois ordres de chevaliers furent rassemblés, tous des ordres de croisades afin d'en finir avec les Krutz. L'ordre des chevaliers teutoniques, l'ordre des templiers, et celui des hospitaliers étaient rassemblés pour une croisade sans pitié. Repartant discrètement, ils firent un premier rapport à Konrad qui les renvoya ensuite pour faire un état des lieux de forces ennemis, et de leur armement afin d'évaluer la situation. Quand Van approcha d'un camp de templier, ce qu'il en voyait ne laissait présager rien de bon pour la suite : ils étaient équipés pour assiéger une forteresse. Des canons et des trébuchets amenés difficilement à travers la montagne, ce qui les obligeait à avancer leurs positions très lentement à cause du relief montagneux et de la forêt. Ce qui dérangeait Van dans cette histoire, c'était que si l'ennemi venait avec de quoi assiéger la forteresse, cela signifiait qu'ils savaient déjà ce qu'ils trouveraient dans la montagne.
Ce que les Krutz ignoraient, c'était que l'inquisition avait discrètement mené son enquête en se basant sur les patrouilles des Krutz, ils n'eurent pas besoin de voir la forteresse mais ils avaient juste déduit son existence de par les faits de voir des patrouilles dans une montagne inhabitée en théorie. Quand Ils firent un rapport à Konrad, ce dernier n'eût alors plus choix que de prendre une décision, et rassembla les Krutz pour la leur annoncer :
- D'ici peu de temps, on va être encerclé et pris au piège dans nos propres murs. L’ennemi est largement plus nombreux que nous, et bien mieux armées que nous ne le serons jamais. J'avais déjà posé cette question à plusieurs d'entre vous, mais maintenant ce choix je vous le propose à tous. Il y a un tunnel creusé à travers le pic, permettant à touts les plus jeunes et les infirmes de fuir. Vous pouvez soit les accompagner soit rester ici.
- Pour moi la décision est déjà prise, plus on sera nombreux à rester en arrière, plus on retardera le moment où ils comprendront la supercherie, donc je reste déclara Siegfried. Évacuer les jeunes et les infirmes, cela ne suffira pas car il faut aussi leur donner autant d'avance que possible sur l'inquisition.
- J'en serais aussi, et je pense que tous ici ressentons la même chose, ajouta Van tandis que toute les autres têtes hochaient de haut en bas pour confirmer.
- Je pense pouvoir dire que nous sommes tous prêt à rester, confirma Crona.
- Pas toi Crona ! Répliqua Konrad. Tu ne resteras pas parmi nous.
- Et pourquoi ça ? S'indigna Crona. Parce que je suis une femme ou parce que vous ne me faites pas confiance à cause de mon passé ?
- Il est vrai que si cela à un rapport avec ton passé, ce n'est pas un manque de confiance, mais le contraire, lui expliqua Konrad. Tu es la seule personne ici à pouvoir protéger tout le monde. Grâce à ton passé de pirate, tu sais naviguer, et l'inquisition n'est pas en capacité de vous arrêter en pleine mer, ils n'y ont aucun pouvoir et ne maîtrisent pas du tout le combat naval. Si vous arrivez à embarquer sur un navire, l'inquisition ne pourras plus rien contre vous.
- Je comprends bien ton plan, mais laisse-moi te dire à quel point je hais l'idée de vous abandonner et de prendre la fuite ! Insista Crona.
- C'est une mission, pas un abandon ! Répliqua Konrad. Ceci est le tout dernier ordre que je te donne, s'il vous plaît exécutez le toi et Lucia. Quant à vous autres, je veux que vous transmettiez ces paroles aux sorcières et aux habitants de la forteresse. Chacun est libre de choisir son destin, mais une fois que ce sera fait il n'y aura aucun retour en arrière possible.
Lorsqu'ils sortirent de la réunion organisée par Konrad, tous étaient déterminés comme jamais malgré la peur qu'ils pouvaient ressentir mais se refusaient à le montrer. Quand ils firent le tour du quartier des sorcières, la décision fut unanime et comme les Krutz elles décidèrent toutes de rester affronter l'inquisition. Elles savaient qu'en dehors de ces murs, elles risquaient le bûcher pour la plupart d'entre elles si elles étaient prises, et préféraient une mort au combat que l'exécution par les flammes Lucia au même titre que Crona fut contrainte de quitter la forteresse pour protéger ceux qui allaient l'évacuer. De son côté, Van fut à la fois soulager et déçu : il était rassuré de savoir sa compagne avec lui jusqu'à la fin, mais il espérait qu'Anna partirait pour les enfants et serait en sécurité, mais celle-ci refusa catégoriquement. Elle estimait que Fara s'occuperait bien d'Elric et que son devoir était de tout faire pour leur permettre de partir loin de l'inquisition. Cette nuit-là, ils se témoignèrent de la tendresse jusqu'à l'aube, faisant taire leur angoisse d'une bataille bientôt proche et inévitable puisqu'ils avaient décidés de la mener coûte que coûte. Il restait cependant une question qui pouvait influer sur l'avenir de la forteresse, celle du choix que ferait les habitants : qui partirait et qui resterait malgré le danger ?
Annotations
Versions