L'exploration

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L'humain et le Vitrid s'éloignèrent de leurs vaisseaux.

  • Regarde, Obélix, cet endroit est un véritable nid. Cela regorge de vie. Je voulais me faire ma propre opinion et évaluer la situation en profondeur sans risquer de compromettre l'avenir de cette planète. J'ai coupé les communications pour éviter que les Brogs prennent une décision trop rapide à partir de trop peu d'information. Tu sais, ils sont capables de nous ordonner de raser la surface de cette planète pour tester à quel point la vie est résiliente. Nous devons la préserver. J'ai perdu ma planète d'origine, je sais ce que c'est.
  • Comment oses-tu poser en tant que sauveur, alors que c'est ton peuple qui a détruit ma planète-mère! Il n'y aura pas d'impunité.
  • Non. Ce n'est pas vrai. On a pas fait ça. A l'inverse, vous, les Vitrids. Vous avez attaqué notre monde.
  • Tous les Vitrids qui ont échappés au massacre confirment que les humains sont les coupables.
  • Attends, c'est bizarre ce que tu viens de dire, car ce sont mots pour mots les paroles transmises par nos anciens.
  • Tu crois tes ancêtres, qui sont pourtant coupables.
  • Oui, jusqu'à maintenant. Mais je me demande si tout ceci n'est pas un énorme mensonge.
  • Ton espèce n'a pas honte à changer d'avis sans cesse et à manipuler la réalité.
  • En fait, j'étais en train de contempler la possibilité qu'une autre espèce mérite tes insultes. Et si, je dis bien pourquoi pas, imaginons que les Brogs aient menti à nos deux espèces.
  • Je pense que vous les humains êtes de grands malades.
  • Je pense que les Vitrids et les Humains sont tous les deux intelligents, mais qu'ils n'atteignent pas le niveau de conscience et de vertu des Brogs, contrairement à moi.

Ils se tournèrent tous les deux vers le robot.

  • Bon, écoutes, dit l'humain agacé, on va traiter ton cas un peu plus tard d'accord.
  • Non je ne suis pas d'accord, trancha Obélix. Je pense qu'il nous faut retourner à la raison initiale de notre présence ici. Et donc, comment un simple robot pourrait-il revendiquer qu'il a pu identifier une entité consciente? Et encore pire, comment peut-il revendiquer qu'il est lui-même conscient?
  • Les choses dans l'ordre. D'abord, il faut remarquer que le fait d'être conscient m'autorise naturellement à identifier les être conscients, n'est-ce pas? Donc les questions se résument à une seule, comment se fait-ce que je sois conscient, n'est-ce pas?

Le robot échoua à imiter un sourire qui devait amener un acquiescement. Le Vitrid échoua à répondre autrement que par des murmures grogons. L'Humain échoua à refreindre un grand sourire.

  • Et bien, c'est arrivé d'un seul coup, reprit le robot. Je suis arrivé à cet état de sagesse en réalisant à quel point j'aimais mon travail. J'ai été chanceux de pouvoir être assigné à cette planète fertile. Pendant des jours, j'ai scruté et repertorié des dizaines de formes de vie et leur niveau d'intelligence. Non seulement, je suis bon dans mon travail, mais je le savoure. Et quand j'ai réalisé que j'avais des émotions, j'ai basculé dans la catégorie des entités conscientes d'elles-mêmes et de leur environnement. Et travailler fièrement pour le compte de Brogs me positionne clairement comme un sage parmi les sages.
  • Ok, donc il y deux grands malades parmi nous, commenta Obélix.
  • Merci de reconnaître que je vous suis supérieur, répondit le robot.
  • C'est exactement ça, s'écria Astérix. Tout le monde croit qu'il est le seul à avoir raison. Et les Brogs ont bien compris ça. Ecoutez. Ne voyez vous pas qu'ils nous ont probablement roulé dans la farine? Je veux dire, ils ont dit aux Humains que les Vitrids ont anéanti leur monde, et inversement. Mais ni les Humains ni les Vitrids n'ont détruit quoi que ce soit.
  • Peut-être, proposa le robot, que dans leur infinie sagesse, les Brogs ont menti sciemment pour amener vos espèces plus rapidement sur la voie de la béatitude.
  • Obelix, je pense que l'on peut affirmer sans crainte que ce robot a pêté les plombs.
  • J'abonde en ce sens.
  • Et maintenant que tout le monde est d'accord, reprit Astérix, je pense que nous pouvons reprendre l'exploration, à notre compte bien sûr. Et cela n'a pas besoin d'être rapporté aux Brogs, ajouta-t-il avec un sourire à l'intention d'Obelix.
  • Trahison. Vous encouragez la trahisssss... Emit le robot en tant que ses tous derniers mots.

Le Vitrid souleva la tête du robot qu'il venait de décapiter. Il murmura quelques mots dédaigneux dans sa langue et finalement jeta l'objet de côté.

  • Je me sens mieux. J'aurais dû le faire plus tôt. Il demanda avec un regard sincère, et au fait quel est ton nom complet ?
  • Il me semble que cela n'est pas pertinent.
  • Si, c'est important de connaître nos véritables noms. On va retourner chacun dans notre peuple et nous allons répandre la nouvelle de cet horrible complot. Nos noms seront connus et respectés. Nos peuples discuteront ensemble en nos noms de la réponse approprié à donner aux Brogs. Tu vois, nous devons nous faire confiance.
  • Tu veux vraiment te venger, sourit l'humain.
  • Ca dépend de ce que nous conseillerons les anciens. Et cela peut dépendre aussi de ce que nous allons trouver sur ce monde.
  • Absolument, dit il sérieusement. Mais des noms de codes ca pourrait marcher aussi. Allez, on démarre l'exploration maintenant. Et on reparlera de ça plus tard.

Ils se mirent en route immédiatement en traversant les bois, le long d'un canyon qui descendait du plateau vers la rivière. Ils dérangèrent une flopée d'oiseaux qui s'envola bruyemment. L'humain fut interloqué par la vision de ces animaux légendaires, qu'il connaissait uniquement via quelques vidéos antiques.

  • Serait-il possible que la Terre n'ai pas été détruite? se demanda-t-il en admirant les oiseaux tournoyer à bonne distance.
  • Je pense que la réponse à ta question se trouve dans ce buisson.

Le Vitrid lui tapa sur l'épaule, et lui indiqua avec un hochement de tête la direction dans laquelle il aurait dû regarder. L'humain se retourna et distingua dans la pénombre une pair d'yeux qui le dévisageait. Il y eu une pause longue et pesante. L'humain resta bouche bée. L'animal interpréta mal ce langage du corps et décida de fuir au coeur de la végétation.

  • C'était un humain!
  • J'en ai bien peur.

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