Il s'appelait Tom. Enfin, c'est ce qu'on lui avait dit. Ou alors c'était Tomas ? Ou Tim ? Tam ? Tao ? Théo ?

Quel était son nom, déjà ?

Qu'importe, chercher donnait mal à la tête, pensait-il.

C'est quoi penser ?

Penser...

Oh et puis zut ! C'est trop compliqué !

Au-dessus de lui se trouvait un plafond blanc. Ennuyant.

Il tourna la tête.

A côté de lui se trouvait une petite femme aux cheveux teintés de rouge, aux grands yeux bleus larmoyants et au sourire tendre.

Qui était-elle ?

Ce visage...

Non. Il ne la connaissait pas.

-Oh, Tommy...

Tommy ! C'était ça son prénom !

Pourtant la femme ne le regardait pas.

Dans ses bras, il y avait un chien.

Ah.

Ce sera pour une prochaine fois.

-Regarde, papi, je t'ai apporté un chien ! s'esclama la femme d'un voix enjouée, Il ressemble à Toto, tu sais, ton vieux Saint-Bernard !

Papi ! C'est ça ! Il s'appelait Papi !

Papi sourit, heureux de ce maigre souvenir. Il savait qu'il allait oublier.

Et elle ? Qui était-elle ?

- Dis papi, tu crois que tu sais toujours faire de l'harmonica ? Les infirmières m'ont dit que certaines choses restaient...

Les infirmières ? C'est les poissons dans l'aquarium ! Comment pouvaient-ils parler ?

En le voyant observer les dits poissons fixement, la fille éclata de rire.

- Mais non papi ! Ce sont des poissons Chirurgiens ! Je parle des infirmières ! Ce sont les dames en blanc qui te soignent.

Ah. Des femmes-poissons donc.

La fille lui tend alors un objet rectangulaire avec des sortes de trous étranges.

- C'est un harmonica, tu en jouais tout le temps. Je me suis dit que ça te manquait.

Harmonica...

Instinctivement, il porta l'instrument à ses lèvres et commença à souffler.

Un son en sortie. Émerveillé, Papi sourit.

La femme aux cheveux rouges était ravie. Il se souvenait !

Papi joua un air, tandis que la femme dansait avec le chien dans ses bras dans la pièce aux murs blancs, avant de s'arrêter à bout de souffle.

-Regarde papi, Tommy aussi a adoré !

Le vieux monsieur caressa la boule de poils qui lui sauta dessus pour entreprendre de lui lécher consciencieusement le visage.

-Arrête Toto ! riait Papi, sans se rendre compte que ses souvenirs se mêlaient au présent.

Sa visteuse, elle, l'avait bien remarqué et en était folle de joie. Elle sortit une boîte de chocolats du sac à côté d'elle et les partagea avec le patient.

Tommy voulait manger tous les chocolats. Malgré les protestations de la jeune femme, Papi voulu absolument lui en donner.

-Mais enfin, c'est mauvais pour les chiens !

-Ah bon ? Mais tout le monde aime le chocolat !

Sa naïveté était désarmante.

Elle resta un instant avec son grand-père avant de se lever.

-Je vais devoir te laisser, papi, avant que Tommy fasse ses besoins à l'intérieur.

Papi était déçu. Il l'aimait bien cette fille pleine de vie.

-Oh. Au revoir alors.

Elle l'embrassa sur la joue et murmura à son oreille :

-Ne m'oublie pas, s'il te plaît.

-Jamais... En revanche, je ne me souviens pas de ton prénom...

La jeune femme éclata de rire. Il était si mignon avec sa moue enfantine !

-Ambre.

-Ambre...

Voilà un mot qu'il ne risquera pas d'oublier !

Un véritable Mot Clé.