Chapitre 1

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Le don de guérir

"livre 2 tome 6"

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (129/150) (Paris) (Samedi après-midi)

« Quelque part dans Paris »

Sacha surveille l’appartement depuis plus d’une heure, il n’a aperçu aucune ombre devant les fenêtres et ses coups de sonnette n’ont rien donné eux non plus pour montrer que son occupant est à l’intérieur.

Maintenant la peur de se faire repérer à force de rester au même endroit le décide à agir autrement, il se dirige alors vers l’immeuble et monte l’escalier jusqu’à l’étage où se trouve la personne qu’il vient voir.

Crocheter la serrure est pour lui un jeu d’enfant, tout comme remettre en place l’indice qu’a laissé son occupant pour contrôler à son retour que personne n’a essayé d’entrer sans qu’il en soit averti.

A l’intérieur Sacha retrouve le même confort simple qu’on lui a appris à se contenter lors de son entraînement pour pouvoir quitter rapidement et sans regret un lieu de résidence en cas du moindre soupçon de s’être fait démasquer.

Il s’installe donc dans un des fauteuils en attendant que le seul agent de sa liste non encore repérer dans la région revienne.

« Une bonne heure plus tard »

Un léger bruit de clé entrant dans une serrure remet tout de suite Sacha sur le qui-vive, il se lève souplement pour se cacher derrière la porte du salon.

L’homme se déchausse en soupirant d’aise, visiblement heureux de rentrer chez lui après sa période de travail et entre dans sa cuisine en y déposant un sac de courses qu’il vient d’acheter pour son dîner, il semble d’un seul coup tendre l’oreille en se dirigeant vers un placard d’où il sort une arme d’une boite métallique en faisant le moins de bruit possible.

Le déverrouillage du cran de sureté fait un léger déclic qui statufie l’homme pendant quelques brèves secondes, le temps de se rendre compte s’il a été entendu.

Sacha sourit en comprenant qu’il s’est fait repérer, signe que l’agent n’est pas et de loin un novice et il comprend mieux pourquoi il a réchappé aux recherches de la DST, aussi décide-t-il de ne pas tenter le diable en préférant prendre les devants.

- Tu ne tirerais pas sur un ami ?

- Qui est là ??

- Toujours aussi prudent à ce que je vois !!

- Ça ne me dit pas qui tu es ?

Sacha entre alors prudemment dans la cuisine avec un sourire amusé, tout en surveillant de près l’arme qui se pointe sur sa poitrine.

L’homme semble un instant indécis devant celui qui vient d’apparaître dans la pièce, un déclic pourtant fini par le faire sourire à son tour en baissant son arme.

- Sacha !! Bordel !! Tu ne pouvais pas prévenir au lieu de me foutre la trouille ??

- Désolé mais je n’avais pas vraiment le choix, je suis en cavale et il faut que je contacte le patron.

- En cavale ?? Mais qu’est-ce qui arrive en ce moment bon dieu !! Le réseau est complètement démantibulé et je m’attends tous les jours à voir débouler les flics ici !!

- Tu t’es mis en sommeil comme il te l’a été demandé pourtant ?

- Bien sûr, oui, mais personne ne m’a expliqué ce qu’il se passe ni quand reprendre contact avec la base !! On m’a juste demandé de cesser toute activité et de ne plus répondre aux vacations, je me demande bien ce qui se trame derrière tout ça ?

- Je vais te l’expliquer, si tu voulais seulement me laisser parler !! Et puis baisse ton arme, ça me rend nerveux !!

L’homme repose son neuf millimètre, s’assoit près de la table et fait signe à Sacha d’en faire autant.

- Vas-y je t’écoute !!

Sacha lui donne alors les renseignements qu’il a besoin de savoir, ou du moins ceux qu’il connait car il se doute bien que l’affaire n’est pas si simple pour que les services de contre-espionnage s’acharnent autant sur eux.

Il termine par ce qu’il attend de lui en lui faisant un rapport qu’il devra rapporter mot pour mot au FSB, en lui indiquant bien qu’il ne doit sous aucun prétexte utilisé l’informatique ou tout autre moyen de communication moderne.

- Ah oui !! Et comment je fais ?? J’y vais à pied peut être ? Ou alors je dresse un pigeon ?

- Au lieu de dire des conneries, tu ferais bien de t’y mettre tout de suite !! Je ne vais pas pouvoir me cacher comme ça encore longtemps, il me faut une adresse où je pourrais me rendre le temps de changer de look et d’identité.

- Tu peux rester ici en attendant ?

- Non merci !! J’ai trouvé un endroit pour quelques semaines et la personne qui y habite est beaucoup plus bandante que toi, sans vouloir te vexer ! Hi ! Hi !

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (130/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem »)

« Dans la rue, devant la maison de Wanek »

Quatre garçons emmitouflés dans leurs manteaux d’hiver, redressent la tête devant le numéro de la maison et s’arrêtent pour la regarder en frissonnant rien que d’imaginer toutes les atrocités qui s’y sont passées.

Chacun d’eux tenant un sac d’achats qu’ils viennent de faire dans une avenue réputée, se rappelant de la tête des différents vendeurs ou vendeuses avec qui ils ont eu à faire et qui manifestement tombaient à chaque fois sous le charme des quatre garçons, dès qu’ils ouvraient un tant soit peu leur manteau pour ne pas crever de chaud dans le magasin.

- (Yuan) C’est ici les gars !!

- (Thomas) Bizarre !! Je ne vois pas les hommes à Maurice ?

- (Yuan) Regarde derrière toi.

- Ils ne comptent pas ces deux-là, ils nous suivent depuis que nous avons quitté l’appartement.

- Allons voir alors !! Peut-être qu’ils ont fini leurs taffes et qu’ils sont tous partis ?

- (Raphaël) En laissant « Flo » tout seul là-dedans avec ... euh !! Comment déjà ? Ah oui !! Antonin !! C’est bien ça ?

- (Thomas) Attends de le voir et tu n’oublieras plus son prénom, je t’en fais le pari !!

- (Éric) Tu l’as déjà vu ?

Yuan se tapote le crâne en fixant Thomas.

- Avec les yeux de « Flo » je parierai ?

- (Thomas) Exactement !! Et vous verriez ce que je vois en ce moment, vous baveriez comme des escargots les mecs.

- (Éric) Quelqu’un peut-il m’expliquer une bonne fois pour toute comment il fait le rouquin pour se dégoter les plus beaux mecs du pays ?

Raphaël le regarde ironique.

- Ça ira les chevilles ?

- (Éric) Heureusement pour toi, il y a eu une exception pour confirmer la règle ! Hi ! Hi !

- Réveille-toi mon « riquounet » !! Tu n’es pas devant ton miroir là !!

- (Yuan) Mais ce n’est pas bientôt fini vous deux ?

Il prend Thomas à témoin.

- Ils sont toujours comme ça ou c’est juste aujourd’hui ?

- C’est normal qu’ils se posent des questions maintenant qu’ils ont un nouveau petit copain qui remonte un peu la moyenne ! Hi ! Hi !

- (Raphaël) Voilà le Barbie-boy qui s’y met maintenant !! Je vais te la remonter moi la moyenne, tu vas voir ça mon mignon !! Attends juste ce soir quand nous serons tous à l’appart !!

- (Yuan) On pourrait peut-être y aller maintenant vous ne croyez pas ? Au lieu de se les geler dehors et puis Florian doit nous attendre, je m’inquiète un peu de le savoir avec un petit gars tout nu à côté de lui.

- (Thomas) Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il y en a qui ne s’ennuient pas là-dedans, notre ami « Coco » a trouvé un nouveau public ! Hi ! Hi !

***/***

« Dans la maison, côté cuisine »

Les éclats de rires venant de l’étage font sourire Maurice qui se doute bien de la cause d’un tel raffut, le jeune Antonin ayant trouvé à l’évidence de quoi oublier un temps ses malheurs et il en est heureux pour lui, soulager maintenant de le savoir en de bonnes mains.

Les renseignements sur le propriétaire des lieux lui arrivent enfin suffisamment étayés pour qu’il se fasse une idée précise de l’individu et de sa parenté avec Sacha.

Un homme vivant seul dans la maison héritée de ses parents et qui jusqu’à ce jour n’avait jamais fait parler de lui, cachant ses penchants pervers et meurtriers derrière la vie sociale ordinaire d’un enseignant sans problème particulier.

Wanek a eu une sœur assassinée tout comme son mari par leur fils alors âgé d’une douzaine d’année et qui un soir sans raison particulière est monté dans leurs chambres alors qu’ils étaient endormis, pour leur trancher la gorge.

Sacha le fameux fils s’est alors retrouvé jusqu’à sa majorité en maison pour jeune délinquant dans un centre de détention des plus spéciales que les services de contre-espionnage soupçonnent d’être un des lieux de formations des agents du FSB, alors appelé KGB.

D’après les voisins interrogés dans la journée, le fameux Sacha ne serait revenu voir son oncle que depuis peu et ils affirment tous qu’ils ne l’avaient jamais revu avant cette triste affaire de meurtre familiale qui avait beaucoup affligé son oncle à l’époque.

Maurice attend maintenant les rapports des experts sur les ossements retrouvés dans la fosse, sans se faire trop d’illusion non plus au vu de l’état des prélèvements.

Cela va au moins lui permettre de boucler cette affaire vieille de très longues années, la seule chose qui vient de lui être affirmé avec certitude est qu’il y a les restes d’au moins cinquante cadavres différents et cela sans compter ceux qui ont entièrement disparu, transformés en bouillie immonde tapissant le fond de la fosse.

Le nombre qu’il lit sur le rapport hallucine Maurice qui n’aurait jamais pu penser un instant qu’il soit aussi important, rendant la fréquence des viols de ces jeunes garçons à au moins trois ou quatre minimum par an depuis plus de vingt ans.

Combien de temps restaient-ils vivants à subir ce pervers ? Que leur faisait-il subir d’ignoble pendant tout ce temps ? Comment furent-ils assassinés pour être ensuite jetés comme de vulgaires déchets dans cette fosse putride ? Voilà encore beaucoup de questions qui risquent de rester sans réponse avant que les juges ne décident de clore une bonne fois pour toute ce dossier qui ne devra jamais être révélé à la population.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (131/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (suite)

« A l’étage, dans la chambre »

Antonin en a des hauts de cœur à force de rire, son organisme étant encore bien trop affaibli par les mois de privations et ce n’est pas les quelques heures de sommeil qui lui sont suffisantes pour le maintenir en forme.

Il se précipite donc vers la salle de bains sous les regards surpris de Jonas, d’Antoine et de son cousin qui du coup retrouvent leurs sérieux pour se regarder sans comprendre vraiment ce qui lui arrive.

« Coco » cesse également d’amuser la galerie et va sagement se poser sur l’épaule de Jonas, pour y recevoir quelques caresses machinales que lui donne le jeune rouquin sans même s’en rendre compte.

- (Antoine) Qu’est-ce qu’il a ?

- (Jonas) Tu devrais aller le voir « Flo » !! Il n’a pas l’air d’aller bien.

- D’accord !! Je vais voir si ça va !!

Je quitte la chambre dans la direction prise par Antonin, la porte de la salle de bain est restée entrebâillée, aussi je la pousse doucement pour découvrir le petit blond allongé par terre dans son vomi.

Il est nu tremblant de froid, sa serviette de bain dénouée à ses pieds.

Je referme derrière moi, me précipite sur lui pour l’aider à se relever et le constat de son état d’extrême faiblesse me fait comprendre qu’il n’est pas apte à se débrouiller seul.

- Pardon !

Sa voix faible presque inaudible me parvient dans un souffle.

- Pardon !

- Chuttt !!! Tu n’as rien à te faire pardonner !! C’est de ma faute, j’aurais dû prévoir que tu étais encore trop faible pour te lever et écouter nos bêtises.

- Pardon ! Pardon ! Pardon !

Antonin s’accroche à moi en pleurant à chaudes larmes, sans doute ses craintes d’être abandonné remontent-elles à la surface quand il se voit aussi pitoyable.

L’odeur du vomi me fait froncer les narines, il prend ça pour une grimace de dégout à son intention et ses larmes redoublent d’intensité, la crainte de se voir une nouvelle fois rejeter lui faisant perdre toute retenue.

- Pardon ! Pardon ! Pardon !

- Arrête Antonin !! Tu es malade, ce n’est rien !! Si tu veux nous allons prendre une douche ensemble, ça nous fera du bien à tous les deux.

J’attrape la chaise en le faisant s’asseoir dessus.

- Le temps d’ôter mes vêtements et de faire couler l’eau, je reste à côté de toi n’aie pas peur !

Pendant que je fais ce que je lui ai dit, j’entends sa voix comme un murmure qui psalmodie avec des « pardon » de plus en plus faibles.

Quand je le reprends dans mes bras, il s’accroche à moi et semble résolu à ne plus me lâcher, tellement je ressens sa crainte de me voir le quitter.

J’arrive malgré tout à nous mettre sous la douche, heureusement que je n’ai pas la carrure de Sylvain ou de « titi » car sinon cela aurait été mission impossible tellement elle est petite et nous arrivons quand même à trouver la place nécessaire, serrer très intimement l’un à l’autre malgré tout je dois bien le reconnaitre.

Le lavage de nos corps ressemble plus à des caresses, aussi bien de son côté que du mien et ça semble faire un grand bien à Antonin qui maintenant retrouve un peu d’assurance, me rendant de plus en plus franchement mes sourires.

Je ne trouve pas les mots pour définir ce que je ressens pour ce garçon, tout ce que je peux affirmer c’est que c’est déjà très fort et même beaucoup plus fort qu’avec mes autres amis, à part Thomas ça va de soi.

Je profite que son visage se relève et se trouve tout près du mien, pour avancer doucement mes lèvres vers les siennes en y déposant un baiser d’une tendresse que je n’aurais pas imaginée alors aussi empreinte d’émotions de ma part.

2eme année avant Pâques (Dernière partie) : (132/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (suite)

Antonin marque la surprise devant mon geste sans équivoque, néanmoins il n’a aucun reflexe de rejet et se laisse embrasser pendant les premières secondes sans vraiment réagir, se contentant d’entrouvrir légèrement les lèvres en signe d’encouragement à ce que je poursuive.

Ses yeux bleus pâles s’étrécissent et se ferment quand enfin ses bras passent autour de mon cou pour à son tour me rendre au centuple la caresse buccale qui nous soude l’un à l’autre alors que nos sexes restent étrangement calmes.

Mon esprit pendant une brève seconde ne devient plus qu’un avec le sien, je vis en un instant ses vingt ans de galères comme un flash-back et mon émotivité est mise à rude épreuve devant tous les malheurs qu’il a connu et qui pourtant l’ont fait rester aussi pur et doux qu’un ange.

Nos lèvres se détachent enfin, mais très vite reviennent se prendre avec passion.

Nous comprenons alors tous les deux que désormais notre vie sera liée, qu’il y aura toujours une place pour l’autre dans nos pensées.

Son cœur tout comme le mien fait un bond dans nos poitrines respectives et nos yeux laissent échapper cette fois des larmes de joie de cette découverte d’un tel sentiment qui quoique naissant, est déjà ressenti pour ce qu’il est réellement.

Un sentiment amoureux comme celui que je partage avec mes amis les plus chères qui représentent le plus beau qu’il me soit arrivé dans ma vie, mon esprit libère alors avec parcimonie quelques souvenirs que mon inconscient gardait précieusement dans le but certainement de m’aider à comprendre ce que je suis et je perçois enfin le pourquoi de cette particularité qui me fais m’attacher à plusieurs personnes sans en éprouver autre chose que de l’amour véritable et sincère.

***/***

Ils viennent à peine d’entrer dans la maison que Thomas les yeux embués de larmes dues à une forte poussée d’émotions soudaines, laisse tomber ses sacs sur le sol et fait se retourner sur lui ses trois amis qui aussitôt viennent l’entourer pour le soutenir, ne comprenant pas ce qu’il lui arrive aussi soudainement.

Son esprit toujours en phase avec celui de son chéri a suivi aussi bien tout ce qui se déroule depuis le début entre les deux garçons, que les pensées les plus intimes de Florian ainsi que l’onde d’amour qu’il perçoit diriger tant vers lui qu’à l’intention d’Antonin et de tous ceux qui partagent sa vie intime.

C’est de percevoir tout cet amour, qui laisse Thomas dans cet état émotionnel où le découvrent ses amis sans en ressentir les effets et pour cause, n’étant ni témoins, ni raccordés comme lui l’est à Florian.

Thomas n’a plus qu’une envie, celle de rejoindre les deux garçons pour les serrer dans ses bras, Antonin l’ayant tout autant marqué qu’il a marqué Florian en comprenant lui aussi qu’il va prendre une place prépondérante dans leurs vies à tous.

- (Raphaël) Thomas !! Tu te sens bien ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

Un sourire de sa part semble les rassurer et il vient se serrer contre eux, encore dans son état d’euphorie sentimentale.

- Ce n’est rien les gars ! Je suis juste ému à cause de Florian et d’Antonin, c’est tout !

- (Éric) Comment ça ému ? Qu’est-ce qu’ils font ?

- Ils se découvrent des affinités particulières, l’un offre à l’autre ce qu’il n’a jamais eu et c’est très émouvant, assez pour m’amener les larmes aux yeux en tous les cas !

***/***

Je souris des paroles de Thomas, ses émotions l’ont submergé tout comme les miennes je dois bien en convenir et je dois préparer Antonin à la connaissance qu’il va bientôt faire de celui que j’aime plus que tout depuis toujours, ainsi que ceux qui seront je l’espère de tout cœur aussi important pour lui que pour moi.

***/***

Antonin pour sa part est dans son nuage, il vient de ressentir pour la première fois de sa vie ce que c’est que d’être amoureux et même si ça a été rapide, il ne doute pas un instant que ce soit sincère aussi bien pour lui que pour Florian.

Etrangement après ces baisers échangés, il se sent beaucoup mieux, comme si son corps était devenu soudainement plus fort et c’est sans trembler cette fois ci, qu’il sort seul de sous la douche en surveillant Florian du coin de l’œil de peur qu’il disparaisse comme un mirage.

Chacun s’observe avec le sourire, semblant se repaitre du corps magnifique de l’autre et ce qui n’était pas arrivé pendant leurs baisers, fini par se produire en mettant en valeur deux virilités qui attisent encore plus les regards des deux garçons.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (133/150) (Russie)

« Kremlin »

Le retour de Vladimir n’a pas été sans mettre Igor dans tous ses états, déjà parce qu’il n’a rien appris de nouveau sur ce Florian De Bierne à part bien sûr ce que son patron connait tout autant que lui mais aussi parce que son organisation qu’il a d’abord cru mettre en place n’est plus qu’un foutoir sans nom.

Sacha qui ne donne toujours pas de nouvelles et qu’il soupçonne de plus en plus avoir eu le même sort que son prédécesseur, lui donnant des sueurs froides rien qu’à l’idée de faire son rapport à Vladimir.

Comble de mauvaises nouvelles, la trahison du groupe tchétchène aux ordres de Youssef qui devait se débarrasser d’un témoin dangereux et dont la fin cruelle s’est maintenant répandue auprès des autres groupes armés.

Groupes qui n’ont pas pris d’un bon œil la torture infligée à un des leurs pour le faire parler, rendant depuis cette partie du territoire particulièrement instable au point qu’il va devoir donner l’ordre de repli du personnel militaire, avant que la colère des combattants autochtones ne se retourne contre eux.

Igor attend donc dans son bureau que son patron le fasse appeler, suant à grosses gouttes de crainte pour son avenir qui risque d’être fortement et radicalement écourté de l’organisation, s’il ne trouve rien de concret dans les heures qui viennent.

Il ne comprend pas comment toutes ses actions se terminent par un fiasco total, il a pourtant mis les meilleurs éléments que comptent ses services rien que sur cette seule affaire.

Mystérieusement chaque pion qu’il tente de mettre en place sur le sol Français depuis sa promotion à la tête du FSB, est découvert avant même qu’il n’en reçoive un quelconque rapport en corrélation avec leur mission.

Partout ailleurs tout fonctionne pourtant bien, à part peut-être sur le territoire Japonais où en quelques jours il a perdu quasiment tous ses agents en place.

Que ce soit précisément au moment où le même Florian De Bierne y séjourne n’est sans doute pas fortuit et Igor commence à penser que ce garçon est beaucoup plus qu’il ne voulait le croire, Vladimir semblant l’avoir ressenti mieux que lui qui n’a jamais voulu y voir que le leurre tant défendu par Joseph et lui semblant beaucoup plus crédible que ces soi-disant « dons » dont ce garçon serait affublé.

Un coup bref à sa porte lui fait relever la tête, son principal lieutenant entre sans attendre sa réponse et semble suffisamment nerveux pour qu’Igor ne lui en fasse pas la remarque.

- Oui ??

- Un message codé d’un de nos agents mis en sommeil monsieur, cela semble suffisamment important pour que j’ai pris la décision de vous l’apportez sans attendre !!

Igor attrape le message d’une main preste pour en prendre connaissance, son visage devient de plus en plus attentif au fur et à mesure de sa lecture, il le dépose ensuite sur son bureau en restant songeur.

- Rien d’autre ?

- Non monsieur !! Juste cette transmission !!

- J’ai besoin d’en savoir plus, transmettez à notre agent qu’il organise une « visio » avec Sacha le plus rapidement possible !! Je veux savoir ce qu’il en est exactement !!

- Et pour l’argent demandé monsieur ?

- Occupez-vous-en !! Il faut qu’il lui parvienne en toute discrétion !!

- Je fais envoyer un agent depuis un pays proche, doit-il également apporter autre chose ?

- Non !! Ce serait trop dangereux en ce moment !! Faites au plus vite, le temps nous est compté !!

- Bien monsieur.

Igor attend que son adjoint ait quitté son bureau pour reprendre le message en main et le relire une nouvelle fois.

« Message »

Sacha recherché par contre-espionnage Français – Demande de fonds pour poursuivre mission et nouvelle identité – Sujet mission travaille avec DST - Attends confirmation continuation mission – Sacha propose éradication totale du sujet.

Igor se lève et se dirige vers le bureau de Vladimir, il doit faire abstraction de ses peurs et avertir celui-ci des intentions de son agent, connaissant la menace qu’il fait peser sur son patron au cas où il arriverait malheur au garçon.

Il connait suffisamment Sacha pour savoir qu’il lui sera plus facile de se débarrasser du gamin que de collecter des renseignements sur lui et il n’est pas certain que cette option soit en ce moment la meilleure à prendre.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (134/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (suite)

***/***

Je lui fais un clin d’œil dirigé vers sa raideur soudaine.

- C’est pour moi que tu bandes comme ça ?

- (Antonin) J’imagine que oui et je vois que toi aussi tu n’es pas en reste ! Hi ! Hi !

- Tu es un super beau mec, comment résister ?

- (Antonin) Tu n’es pas mal non plus dans ton genre !!

Faisant l’offusqué.

- Juste pas mal ? Et bien !! Mon égo en prend un sacré coup dis donc !!

Antonin rougit jusqu’aux oreilles.

- Tu m’as très bien compris, mais ce n’est pas ce qui compte le plus pour moi.

- Ah oui ?

- Tu vas me trouver sans doute rapide, trop peut être !! Alors que je n’ai rien et que je vis dans la rue, mais…

Je le coupe en revenant près de lui et mes mains se posent sur ses hanches, caressantes.

- Alors que tu « n’étais » rien et que tu « vivais » dans la rue !! Parce que maintenant c’est fini !! Je n’accepterai pas qu’un de mes amis n’ait pas une vie normale et je serai là avec toi pour t’aider à t’en sortir, tu peux me croire sur paroles !!

Antonin a les yeux qui se troublent, déjà à cause de la caresse sur son corps des mains douces de Florian qui attise son désir de ne faire plus qu’un avec lui, mais aussi par ses paroles et surtout au moment où il a parlé de ses amis.

Il a alors un léger mouvement de recul que Florian anticipe en se serrant encore plus fort contre lui et en accentuant ses caresses sur ses reins souples, d’une douceur telle que ses yeux s’allument et qu’ils se fondent dans ceux d’Antonin qui frémit en découvrant ce regard d’un vert si troublant qui l’hypnotise.

- J’ai envie de toi Antonin, pas juste pour le sexe ne t’y trompe pas !! Il y a quelque chose en toi qui m’attire, ta gentillesse, ta façon d’être et que sais-je d’autre encore !! Mais tu dois savoir avant que tu n’es pas le seul, j’ai d’autres amis qui partagent ma vie affective et aussi un amoureux auquel je tiens plus que tout au monde.

- Mais…

- Laisse-moi finir avant de juger !! Je suis comme ça et je n’y peux rien, je sais ce que j’éprouve également pour toi et je me doute de ce à quoi tu penses en ce moment, mais je t’en prie !! Attends de les connaître avant de me juger, je suis conscient que mes paroles te font te poser beaucoup de questions sur moi. Il faut juste que tu saches que je suis sincère et que je t’aime vraiment, certaines cultures le vivent très bien. Il faut juste avoir l’esprit ouvert et ne pas voir ça comme une déviance, je suis polygame Antonin !! Tu peux l’accepter ou pas, ça ne changera rien sur tout ce que je t’ai promis sois en assuré.

Antonin écoute la voix vibrante de Florian, ses yeux toujours noyés dans les siens qui le troublent par l’intensité presque surnaturelle qu’il ressent au plus profond de son être.

Quelque chose dans ce regard l’attire inexorablement vers ce garçon dont la franchise et sa façon d’être appellent à le croire et à accepter ses choix de vie, l’envie également d’être à lui et surtout la certitude de ne pas vouloir le perdre car de cela Antonin en est certain, il ne s’en remettrait pas.

Les quelques heures passées depuis qu’il est apparu dans sa vie l’ont trop profondément marqué pour qu’il revienne en arrière et fasse comme s’il n’existait pas, de ça Antonin en prend soudainement conscience tout comme il prend conscience que plus rien ne sera désormais comme avant.

- J’ai besoin de toi Florian !! Je ne supporterai plus d’être seul après ce que je viens de vivre avec toi.

- Moi aussi Antonin !! Je t’assure que c’est la vérité et qu’il n’y a aucune arrière-pensée derrière mes paroles.

- J’ai du mal à… enfin tu comprends ?

- Attends de les connaître !! Et puis rien ne te force à d’aller avec eux si tu n’en éprouves pas l’envie, d’ailleurs rien ne dit non plus qu’eux voudront aller avec toi, ils sont libres tout comme toi de leurs décisions.

- C’est vrai ?

- A quatre-vingt-dix-neuf pour cent je dirais oui !!

- Ah !!

- Il y a Thomas.

- C’est lui ton amoureux ?

- Je vois que tu as très bien retenu mes paroles, c’est en effet celui que j’aime. Je sais que ça parait dingue, mais c’est comme ça et comme dirait mes autres amis en rigolant, c’est mon époux dans le harem et eux en sont les concubins ! Hi ! Hi !

- Tu voudrais donc que je devienne un autre de tes… concubins ? C’est ça ?

Mes yeux toujours dardant dans les siens depuis le début de notre conversation, brillent encore plus fort des sentiments qu’il me fait ressentir pour lui et je sens son corps contre mon corps vibrer au diapason du mien, attendant avec avidité une réponse à la question qui le taraude et qu’il vient de m’adresser d’une voix hésitante.

- Pour l’instant c’est tout ce que j’ai à te proposer, mais sache juste que mes sentiments pour toi sont déjà très forts et que ce n’est que le début de notre relation, tu peux ne pas m’accepter comme je suis mais j’aurai au moins eu la franchise de tout te dire et d’être honnête avec toi, maintenant je respecterai ton choix. Prends tout le temps qu’il te faudra pour savoir où tu en es, je ne veux surtout pas que tu te crois obliger de quoi que ce soit parce que je te viens en aide dans un moment de ta vie où tu pensais ne plus pouvoir t’en sortir.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (135/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (suite)

Antonin s’écarte du jeune rouquin, ramasse sa serviette pour la rattacher autour de ses reins et après réflexion, se tourne une nouvelle fois vers lui en répondant à la question muette que son regard porte sur lui.

- Merci Florian !! Tu as raison, il faut que je fasse le point !! Tout cela est bien trop rapide pour moi.

Antonin me voit me rhabiller sans répondre, une fois chose faite je reviens vers lui et lui dépose un baiser fugace sur les lèvres.

- Prends tout le temps qu’il te faudra Antonin !! Je suis ton ami et je le resterai quelle que soit ta décision.

***/***

Pendant toutes ses explications nécessaires à la compréhension d’Antonin sur les sentiments que portent sur lui son nouveau copain, les amis du petit rouquin se retrouvent dans la chambre qui du coup semble bien minuscule pour accueillir autant de monde.

Thomas prend les sacs des mains de ses amis et va directement les porter là où il sait trouver les deux garçons, il a assisté à toute la conversation et comprend parfaitement le besoin de faire le point qu’à Antonin suite aux paroles de son chéri, paroles qui ont le mérite d’être franches quoiqu’il trouve un peu rapide tout de même la déclaration de Florian.

Il n’a pas à frapper à la porte que celle-ci s’ouvre et qu’une main se tend dans le couloir pour recevoir les paquets.

- (Florian) Merci « Thom » !! Tiens Antonin !! Voilà de quoi t’habiller, tu n’auras qu’à nous rejoindre dans la chambre quand tu seras prêt et je te présenterai mes amis, ça ira ?

Une minute où Thomas voit le petit blond ouvrir les paquets, assistant avec un pincement au cœur à la gêne manifeste du jeune homme à accepter ce qui pour lui est sans contexte le plus beau des cadeaux.

- Mais ces vêtements sont neufs ?? Vous êtes fous !! Comment je vais faire pour vous rembourser ??

- L’argent n’est pas un problème Antonin ! Habille-toi et rejoins-nous.

- Mais…

Thomas sourit en voyant Florian sortir de la salle de bains, les deux garçons s’enlacent les yeux encore émus par la vision d’Antonin devant le cadeau qu’il vient de recevoir.

- (Thomas) Tu es sûr que ça va aller pour lui ?

- Il est juste dépassé par tout ce qui lui arrive !! Ça fait beaucoup pour une seule journée, mais ça devrait aller ne t’inquiète pas !!

- Et s’il tourne encore une fois de l’œil ?

- Plus maintenant, j’ai fait ce qu’il faut pour ne plus que ça arrive.

- Le baiser ?

- Il fallait bien que je trouve quelque chose !!

- Je trouvais aussi que c’était un peu rapide.

- J’espère qu’il ne se fera pas la même remarque ! Hi ! Hi ! Sinon je vais passer pour quoi !!

- Pour un pervers qui profite de la faiblesse d’un beau jeune homme pour abuser de lui.

- Tu crois qu’il pensera à un truc pareil ??

- Je plaisante Florian !! J’étais avec toi rappelle toi.

- C’est vrai ça !! Je me demande comment c’est possible sans que ce soit volontaire de ma part.

- Tu crois que ça va durer ?

- Essaie de te déconnecter pour voir ?

- Comment tu veux que je fasse une chose pareille ?

- Attends j’ai une idée !!

J’imagine une porte que je place entre nos deux esprits avec une poignée de chaque côté, l’image d’abord floue, devient de plus en plus nette jusqu’à avoir une réalité propre.

- Tu vois la porte ?

- Elle vient juste apparaître, c’est toi qui l’as créée ?

- Oui !! Essaie de la fermer pour voir.

Je regarde avec amusement la main de Thomas faire le geste d’attraper la clenche et d’un seul coup plus rien !!

- Ouah !! Ça marche !!

- Ouvre là à nouveau pour voir ?

- Pour ça il y aurait fallu qu’elle ne disparaisse pas quand je l’ai fermée !!

- Concentre-toi !! Je voudrais que ça vienne de toi sinon cela voudrait dire qu’il n’y a que moi qui pourrais créer la liaison.

Mon envie de lui renvoyer l’image est très forte, je me retiens pour ne pas le faire parce que j’aimerais vraiment qu’il y arrive de lui-même quand il aura besoin de me contacter.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (136/150) (Washington)

« Bureau ovale »

Le staff privé du président est rassemblé cet après-midi-là pour faire le point des affaires sensibles qui préoccupent le gouvernement américain.

Plusieurs sujets ont déjà été abordés avant que n’arrive celui découlant de la mise en place progressive des résolutions prises lors de la dernière cession du congrès de Kyoto et bien sûr les derniers rapports concernant l’activité de leurs agents en France, en particulier celle sur le jeune Florian qui avive encore plus la curiosité de l’exécutif depuis qu’ils en connaissent certaines facettes mises en premier plan lors du même congrès.

- (Le président) Où en sommes-nous sur l’étude des fichiers contenus dans la clé qui nous a été remise à la clôture du congrès ?

- Ils sont toujours à l’étude par nos spécialistes.

- A-t-on une idée de quoi il s’agit ?

- D’après les premiers examens, il s’agirait d’une sorte d’enzyme qui capturerait les polluants sous certaines conditions pour les transformer en éléments primaires qui pourraient être réutilisés par nos industries.

- Ce serait vivant ??

- C’est ce point précisément qu’étudient nos chercheurs en biologie appliquée, une visite du centre d’étude vous donnerait une idée plus précise de l’état de fébrilité avec laquelle ils prennent connaissance de ces données monsieur.

- Comment ça ?

- D’après le professeur Schenberg, ces données auraient plusieurs décennies d’avance sur les dernières recherches s’approchant de près aux mêmes sujets d’études et d’après nos sources, il ne dormirait plus que dans son bureau depuis qu’il est en possession de ces informations.

Un lourd silence suit les paroles du conseiller, chacun connaissant les recherches et les compétences exceptionnelles du professeur en question, sommité reconnue de par le monde dans sa spécialité.

- Quand compte-t-il mener à bien les premières expériences en laboratoire ?

- Très rapidement monsieur, les fichiers contiennent également toutes les phases nécessaires à la conception de l’organisme cellulaire.

- Il est donc convaincu que cette enzyme sera efficace ?

- Sans conteste monsieur !! Il veut juste s’assurer qu’il n’y aura pas de conséquences autres à sa mise en production.

- A quoi pense-t-il en particulier ?

- D’après nos sources, c’est simplement un principe de précaution au cas où l’enzyme ainsi créée deviendrait instable et aurait un effet tout autre sur les polluants suite à une utilisation sur une grande échelle.

- Nous pourrions nous contenter d’un essai en zone confiné ?

- C’est précisément son intention avec son équipe, ils pensent envoyer une navette dans l’espace bourrée de polluants en tout genre pour voir comment réagit la molécule et il sera aisé de s’en débarrasser en cas où les résultats ne correspondraient pas à nos attentes.

- Vous rendez vous compte que cette clé contenant les schémas de cette enzyme a été donné à quatre-vingt pays ? Si l’un d’entre eux seulement l’utilise sans un minimum de précaution, les nôtres aussi drastiques qu’elles soient ne serviront à rien au final.

- Que conseillez-vous monsieur ?

- De faire l’essai en laboratoire, déjà ce sera beaucoup moins coûteux pour nos finances et tout aussi probant, en plus nous pourrions prévenir à temps les autres pays concernés au cas où il y aurait un quelconque danger à poursuivre dans cette voie. Je ne voudrais pas que nous transformions cette planète à cause d’apprentis sorciers, après tout nous ne savons pas grand-chose de ce garçon.

- Il a quand même réalisé des avancées primordiales en médecine monsieur et nous recevons des rapports sur de nouvelles découvertes technologiques nippones suite à son intervention dans un de leurs centres de recherches.

- Nous nous en tiendrons à mes dernières recommandations, je ne doute pas que nos chercheurs s’en rendraient vite compte s’il y avait un danger potentiel quelconque à utiliser cette molécule. Faites envoyer un courrier aux détenteurs du fichier en leur conseillant la même prudence, j’espère qu’eux aussi prendront toutes les dispositions avant d’utiliser cette découverte. Passons au sujet suivant si vous le voulez bien, nous reprendrons cette analyse quand nous recevrons les rapports d’expertises et qu’il sera temps de prendre la décision d’utiliser ou non cette molécule.

- Un de nos agents a retrouvé l’instructeur militaire Russe responsable des tueries de nos soldats en Afghanistan, il demande des instructions pour son extraction du sol Français par nos forces spéciales.

- Ce ne serait pas plus simple de demander son extradition ? S’ils apprenaient nos agissements, les services de contre-espionnage Français ne nous le pardonneraient pas et je vous rappelle que la France est un de nos principaux alliés en Europe.

- D’après notre ambassadeur, cette demande serait refusée car des meurtres ont également été commis par cet individu sur leur sol.

- N’avons-nous pas une quelconque monnaie d’échange ?

- Rien pour le moment monsieur ne serait-ce la demande du soldat Massery à être exempté de terminer son service dans nos troupes pour rejoindre l’armée Française dont il a la binationalité je vous rappelle.

- Je ne pense pas que ce soit suffisant pour qu’ils acceptent de nous remettre cet homme !! C’est quand même étrange que nous en revenions toujours à cette histoire De Bierne, ce garçon est vraiment quelqu’un de spécial, déjà par son cerveau exceptionnel mais quelque chose m’échappe à son sujet.

- Nous continuons à fouiller dans son passé monsieur, je ne doute pas que nous finirons par découvrir quelque chose d’intéressant.

Le président se lève pour clore la séance.

- Continuez vos recherches et pour le Russe, envoyez les seals s’il le faut !! Je veux que ce criminel soit juger chez nous vous m’entendez !! Arrangez-vous pour qu’il soit incriminé et jugé dans un état où la peine de mort est toujours prononcée !! C’est tout ce qu’il mérite !!

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (137/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (suite)

Je vois son front se plisser sous la concentration, ses efforts n’ont pas le succès escompté et c’est en soupirant de frustration qu’il rouvre les yeux.

- Pffttt !!! Rien à faire !! C’est toi qui a le don, pas moi !!

- Je suis certain que tu peux y arriver !! Maintenant tu es sans doute trop nerveux, ça viendra le jour où tu y penseras sans chercher à tout prix à la voir, tu verras !!

- Bah !! Pas grave du moment où toi tu peux le faire, au pire je t’envoie un sms le jour où j’ai besoin de t’avoir avec moi ! Hi ! Hi !

Je le fixe dans les yeux avec le sourire mêlé d’une forte excitation.

- Je vois que tu as pris goût à certaines nouveautés intimes avec nos amis !!

- J’avoue que tu as raison, j’ai trouvé ça cool qu’on partage tout ça ensemble dans le même corps. Mais je ne pense pas en abuser parce que ton corps me manque et ça me frustre de ne pas le sentir près de moi pour te prendre dans mes bras.

- Je m’en étais déjà fait la remarque !! Je pense que ce sera bon de temps en temps quand nous sommes trop longtemps sans nous voir, mais pas plus.

C’est une voix venant de l’autre bout du couloir qui nous fait revenir au présent.

- (Antoine) Hé les gars !! Qu’est-ce que vous foutez ?

- (Thomas) On arrive !!

Comme Antonin n’a pas l’air encore prêt à sortir, nous rejoignons nos amis dans la chambre et je leur donne les dernières nouvelles de ces dernières heures, leurs visages marquent l’horreur de tout ce qu’il s’est passé dans cette maison et du coup ils n’ont plus trop envie de s’éterniser ici, n’attendant tout comme moi qu’Antonin arrive pour retourner à l’appartement.

***/***

« Dans la salle de bains »

Antonin toujours nu a déballé les paquets que Florian a déposés devant lui avant de sortir, ses yeux sont inondés de larmes devant tous ces beaux vêtements qu’il découvre et il n’ose pas les enfiler sur lui, se croyant indigne de porter de si belles choses.

Ses mains tremblent quand elles caressent tour à tour les velours épais des pantalons et du manteau d’hiver, les cotons raffinés des sous-vêtements, pour finir par le cachemire d’une douceur incomparable des deux magnifiques pulls.

Les chaussures et le ceinturon en cuir d’une souplesse telle qu’il n’aurait jamais cru possible qu’il en existe, terminent de le mettre dans tous ses états et toute son émotivité éclate au grand jour, dévastant son visage rougi par tant d’attention à son égard.

Il finit par reprendre suffisamment de clarté d’esprit pour s’habiller, s’admirant dans la glace à chaque vêtement qu’il enfile et ce n’est qu’après avoir soigneusement plié ceux qui restent, qu’il termine par un bon coup de peigne sur ses longs cheveux à la blondeur des blés muris au soleil.

Le garçon qu’il voit alors dans le miroir lui est presque inconnu, ses yeux délavés rendant son visage d’une beauté magnétique qui le fait sourire et la coupe impeccable de ses nouveaux vêtements lui donne la même apparence que les mannequins qu’il aimait regarder dans les magazines de luxe qu’il trouvait parfois dans les poubelles où il cherchait sa nourriture pour survivre une journée de plus à son triste sort.

Sa taille élancée, voire amaigrie donne un charme certain à sa silhouette et c’est à ce moment-là qu’Antonin se rend enfin compte pour la première fois de sa vie, qu’il est …beau !!!

C’est en tenant très fort contre sa poitrine le sac où il a rangé ses autres affaires, qu’Antonin sort de la salle de bain et parcourt les quelques mètres le séparant de la chambre où Florian l’attend accompagné de ses amis pour la plupart inconnu.

Le stress le reprend alors de savoir comment ils vont l’accueillir, les questions se bousculent dans sa tête au point qu’il s’arrête brusquement au milieu du couloir, prêt à s’enfuir une nouvelle fois pour retourner à la rue où personne ne le voyait plus.

C’est une voix derrière son dos qui le fait sursauter, le faisant se tourner vers un homme d’âge mur au regard autant amical que visiblement étonné par sa présence.

Maurice le regarde depuis quelques secondes, il s’est un instant demandé qui pouvait être cet inconnu tellement le changement radical du jeune homme est spectaculaire.

D’un clochard en hardes et affamé, d’une crasse telle qu’il en devenait répugnant à ce beau garçon blond habillé comme un dandy, la transformation est suffisante pour impressionner Maurice mais aussi pour comprendre son trouble et ses hésitations à faire les derniers pas le menant assurément vers une nouvelle vie qui doit l’effrayer.

- Prends la chance qui t’est donné, mon garçon !! Choisis de vivre cette nouvelle vie qui te tend la main, je comprends tes hésitations comme je comprends également que ce sera un tournant capital pour toi. Alors vas-y !! Nous verrons ensuite pour te redonner ton identité, fuir serait une preuve de faiblesse et je ne pense pas que tu souhaites vraiment reprendre le cours de ce que tu as vécu jusqu’à présent, Florian est un garçon comme tu n’en connaitras sans doute jamais d’autres pareils.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (138/150) (Samedi après-midi)

(Découverte du « harem ») (fin)

« Dans la chambre où attendent la bande de copains »

Je suis prêt à aller voir ce qu’il se passe quand un grattement timide se fait entendre depuis la porte de la chambre, je vais ouvrir et tombe nez à nez avec un garçon d’une beauté évanescente, mettant plusieurs secondes avant de réaliser qui il est.

- Antonin !!

Le petit blond sourit, visiblement mal à l’aise devant tous ces regards posés sur lui et qui le dévisagent avec un mélange de curiosité et d’intérêt soudain.

Son malaise passe rapidement pour se transformer en un énorme trouble émotionnel devant ces garçons qu’il trouve plus magnifiques les uns que les autres et en particulier un grand blond aux yeux merveilleux qui le laisse sans réaction, planté devant la porte d’entrée.

La parole de Florian semblant étonné de le reconnaitre lui fait détacher son regard de cette créature de rêve qui ne cesse de sourire en ne le quittant pas des yeux, Antonin regarde donc son ami d’un air tout aussi étonné que lui semble l’être.

- J’ai tellement changé que tu ne me reconnais plus ?

- Tu es trop beau dans ces vêtements, le sais-tu ?

- Je n’en ai jamais eu de pareils !! Vous êtes fous d’avoir dépensé autant d’argent pour moi.

- Comme je te l’ai dit, l’argent ne compte pas pour nous, enfin si !! Mais pas quand il s’agit de venir en aide à un ami, je n’allais pas te laisser sortir tout nu quand même ? Enfin !! Ce n’est pas que ça me déplairait ! Hi ! Hi ! Allez !! Entre que je te présente le « Harem » !!

Antonin fait quelques pas et reste ensuite debout complètement figé par le trac, il sent bien le bras de Florian qui lui enserre doucement la taille et tente ainsi de le décontracter suffisamment pour qu’il ne se sente plus aussi perdu au milieu de tous ses amis qui n’osent faire les premiers pas de peur de l’effrayer plus encore qu’il semble l’être actuellement.

Il se sent pousser vers le milieu de la pièce et trébuche en se prenant les pieds dans le tapis, rattraper par Raphaël qui du coup sort de sa torpeur en entrant en contact avec cet angelot semblant beaucoup plus jeune qu’il ne l’est et qu’il dévore du regard depuis qu’il lui est apparu.

- Holà !! Regarde où tu marches !

Antonin capte ses yeux verts qui l’observent, pétillants d’une lueur amicale et légèrement moqueuse tout en appréciant les mains fermes qui viennent de lui éviter la honte de s’affaler devant tout le monde.

- Pardon !

- Tu n’as pas à t’excuser !! Moi c’est Raphaël, un des membres du « Harem » comme se plait à le dire l’autre « rouquemoutte » qui reconnait le, est loin d’être aussi beau mec que moi ! Hi ! Hi !

Éric attrape Antonin par l’épaule pour lui faire face.

- Ne l’écoute pas sinon tu n’as pas fini !! Moi c’est Éric, « Raph » est mon petit copain.

Antonin admire à sa juste valeur le beau brun qui vient de prendre la parole d’une voix amicale, quoique railleuse à l’encontre de son ami.

- Toi aussi, tu es…

- Un membre du fameux « Harem » ? Bien sûr comme notre ami asiatique Yuan qui est à côté de Thomas le grand blond. Thomas est le compagnon de Florian, tu connais déjà son cousin Antoine ainsi que son copain Jonas qui eux n’en font pas partie mais nous sont très proches comme beaucoup d’autres que tu apprendras à connaitre au fur et à mesure. Alors maintenant que tu connais tout le monde, il serait temps de déstresser mon pote parce que là tu es figé comme une statue.

Antonin l’écoute, d’abord subjugué par cette voix aux sonorités chaudes du sud de la France et baisse ensuite la tête en rougissant à ses dernières paroles qu’il prend pour une critique, voir un rejet de sa part devant sa gêne à être entourer de tous ces garçons inconnus.

- Pardon !

L’étonnement de l’entendre encore une fois demander à être pardonné, est général et nous fait nous regarder avec incrédulité, ne comprenant pas pourquoi Antonin se sent aussi fautif d’être parmi nous.

J’ai quand même ma petite idée là-dessus, ses années d’errance avec ses parents n’ont pas dû être l’occasion de se faire beaucoup d’amis et ces derniers mois à vivre dans la rue lui ont certainement appris à craindre de se retrouver au milieu d’autres gens.

Malgré tout je vois bien que tous mes amis sont émus de le voir aussi pitoyable, tenant serré contre sa poitrine comme un trésor le sac de vêtements de rechange que nous lui avons offert.

Je me rends compte seulement maintenant qu’ils sont les seules choses qu’il a et qu’en le débarrassant de ses vieux vêtements, nous lui avions enlevé les seules choses auxquelles il aurait pu se raccrocher à son passé.

- Nous partons d’ici les gars !! Cet endroit est un trop mauvais souvenir pour Antonin, je suis sûr que ça ira mieux quand nous nous en serons éloignés.

Une voix timide et apeurée sort alors des lèvres d’Antonin, toujours les yeux baissés et se tenant devant nous comme un petit garçon perdu.

- Où m’emmenez-vous ?

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (139/150) (Samedi soir) (Sacha)

C’est en marchant tranquillement dans les rues de la capitale, que Sacha se dirige vers le bar pour y rejoindre Eddy et accepter de ce fait son invitation à passer quelques jours, voire quelques semaines chez lui.

Sacha se sent beaucoup mieux depuis qu’il a repris contact avec le FSB qui pour lui est comme une seconde famille, la conversation avec Igor a été houleuse au début pour se terminer plus sereinement et sa mission lui a été bien spécifié pour qu’il ne commette pas d’erreurs qui sinon risqueraient d’être regrettables, autant pour lui que pour d’autres personnes au sein du gouvernement à ce qu’il a cru comprendre.

L’argent demandé va lui parvenir d’ici quelques jours, il devra juste se rendre à l’adresse qu’il a apprise par cœur et prendre contact par la même occasion avec ceux qui vont s’occuper de sa nouvelle identité et l’aider dans la poursuite de sa mission.

Un bon repas et l’assurance de passer quelques soirées chaudes avec Eddy, rendent Sacha légèrement euphorique en cette fin d’après-midi quand il pousse la porte vitrée du bar.

Il regarde sa montre lui indiquant qu’il est quelque peu en avance et que c’est donc normal qu’il ne voie pas son rendez-vous déjà attabler à l’attendre.

Il commande un café à la folle tordue qui ne manque pas l’occasion pour lui refaire la scène de l’amoureuse transie, cette fois et sa bonne humeur aidant, Sacha le prend avec un humour inhabituel venant de sa part et se prend même au jeu de la séduction avec la tapette qui du coup n’en peut plus de se trémousser du cul en balançant ses bras dans toutes les directions d’excitation.

Une voix chaude, amusée et virile le fait se retourner et sourire de plus bel en reconnaissant son futur amant.

- Je vois que tu es de meilleure humeur que ce matin ! Hi ! Hi ! Monsieur plaisante avec le barman !!

- Il fallait bien passer le temps !! Je t’offre quelque chose ?

- Hum !! Volontiers, quoique ce ne serait pas sérieux en public ! Hi ! Hi !

- Je te plais tant que ça ?

- Je n’ai jamais eu l’habitude d’être dragué par un petit jeune, ça doit être ça qui me chauffe !!

- J’ai vingt-quatre ans, bientôt vingt-cinq alors je ne suis plus ce qu’on peut appeler un petit jeune et puis tu n’es pas si vieux que ça toi non plus ?

- Trente ans, c’est déjà une décennie de plus !! On t’a déjà dit que tu faisais plus jeune que ton âge ? Je t’aurais donné à peine la vingtaine si tu me l’avais demandé.

Sacha a alors ce sourire qui le rend si craquant et qui le montre à l’opposé de ce qu’il est vraiment, il voit bien au trouble d’Eddy qu’une fois encore sa séduction naturelle a fait son petit effet.

- Décidemment toi aussi tu me plais !! Je crois que nous allons passer quelques bons moments ensemble.

- Tu acceptes donc mon offre ?

- Comment refuser devant un mec qui m’a fait craquer la première fois que je l’ai vu ?

Eddy s’assoit, troublé à son tour par le charme et la gentillesse de ce garçon, ce serait-il trompé sur son compte ? N’était-il là que par hasard ou juste pour un quelconque méfait qu’il venait ou s’apprêtait à faire pour une raison bien à lui ? Il s’assoit alors pensif à la table de Sacha.

- J’accepte ton verre, ensuite c’est comme tu voudras !! Nous irons dîner dehors ou faire quelques courses pour que je nous cuisine un repas.

- Je préfère la deuxième solution et c’est moi qui me mettrai aux fourneaux, si tu n’y vois pas d’inconvénients bien sûr !!

- Décidemment !! Dommage que tu veuilles repartir si vite, j’aurais bien aimé vivre une histoire plus longue avec toi.

Sacha lui prend le bras et le regarde très sérieusement.

- Il ne faut pas t’attacher à moi Eddy !! Je ne suis pas ce genre de gars qui veut se poser et se mettre en couple, si j’ai accepté ton invitation c’est juste pour le temps où je serai dans cette ville et crois-moi ce sera mieux comme ça pour nous deux.

- Je vais essayer de m’en rappeler !!

Sacha hésite un moment en se mordant les lèvres sans quitter du regard cet homme pour qui il commence à ressentir les mêmes sentiments que quelques mois en arrière pour un autre jeune homme tout aussi attachant, qu’il a dû pourtant faire abattre pour préserver sa sécurité, il se lève de table en déposant un billet pour payer les consommations.

- Ce n’est peut-être pas une bonne idée en fin de compte !!

Eddy surpris.

- De quoi tu parles ?

- De venir chez toi !! Je sens que ce ne sera pas aussi simple que le bon plan cul que j’avais envisagé ce matin pour ces quelques jours.

- Comment ça ? Explique-toi ?

- Tu es de ces gars qu’on finit par aimer Eddy !!

- Et alors ? Il est où le problème ?

- Il est là justement, je ne veux pas que ça m’arrive encore une fois.

Sacha fait mine de partir quand il sent la main d’Eddy le retenir, un frisson lui parcourt l’échine au contact de cette peau si chaude qui le retient fermement.

- Ne gâche pas tout Sacha !! Je ferai comme tu veux et tu partiras quand tu auras fini ton séjour à Paris, je te promets de ne pas chercher à te retenir. Ce serait idiot de se quitter comme ça alors que nous nous plaisons, tu ne penses pas ? C’est déjà si rare de trouver quelqu’un avec qui on se sent bien !!!

Sacha le fixe intensément, Eddy le regarde sans baisser les yeux et un sourire revient sur ses lèvres quand il se rassoit près de lui.

- D’accord !! J’espère juste qu’aucun de nous deux le regrettera !!

- Nous le regretterons certainement tous les deux, mais nous aurons au moins vécu quelques jours très forts j’en suis persuadé.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (140/150) (Samedi soir) (Chez Yuan)

Le salon de Yuan pourtant spacieux, commence à montrer ses limites avec tous ces jeunes qui y sont installés, plusieurs couples de nos amis nous ayant rejoints pour passer ce samedi soir tous ensemble.

Antonin reste accroché à moi en proie à une peur quasi panique, ni les sourires amicaux, ni les remarques appréciatrices sur son physique ou ses habits le rendant encore plus craquant n’arrivent à lui ôter cette trouille d’avoir autant de monde autour de lui.

Yuan aux petits soins pour lui depuis qu’il lui a été présenté, ne sais également plus quoi faire pour lui éviter ce stress évident d’une trop grande pression qu’il ressent de tous ces jeunes hommes entrant en riant ou parlant fort dans son cercle d’intimité personnelle.

Je lui montre la cuisine d’un geste de la tête, Yuan comprend aussitôt mon idée et dans la foulée s’approche d’Antonin en lui tendant la main.

- Tu ne voudrais pas venir m’aider dans la cuisine ? C’est plus calme là-bas et tu t’y sentiras certainement beaucoup plus à l’aise.

Antonin lui fait un pâle sourire de reconnaissance en lui prenant la main mais sans lâcher la mienne qu’il serre au contraire plus fortement dans ses doigts, sa tête se tourne vers moi ses yeux marquant l’interrogation de savoir pourquoi je ne me lève pas moi aussi.

- Va avec « Yu », il ne te mangera pas tu sais ?

- Tu…tu…resteras ici…promis ?

- Je n’ai pas l’intention de dormir dehors tu sais ? Bien sûr que je reste ici !

- Pardon !

C’en est trop pour moi de l’entendre encore une énième fois demander pardon alors qu’il n’y a rien à pardonner, je me lève et je l’emmène dans la cuisine, suivi par Yuan qui me regarde étonné tout comme mes autres amis qui s’arrêtent de parler pour nous suivre des yeux.

Je le fais asseoir sur une des chaises en me plaçant en face de lui pendant que Yuan referme la porte, sentant bien qu’il y a de l’explication dans l’air.

- Dis-moi ce que tu as sur le cœur une bonne fois pour toute Antonin !! Ça ne ressemble à rien tous ces pardons que tu nous lances à la moindre occasion !!

- …..

- Mais parle à la fin !!! Qu’est ce qui ne va pas ? Tu ne te sens pas bien avec nous ?

- (Yuan) Calme toi Florian, tu vois bien qu’il est à deux doigts de pleurer !!

- Mais qu’est-ce qu’il a, merde à la fin !! Ça allait bien quand nous n’étions que tous les deux dans la salle de bain et depuis que nous sommes tous ensemble, on croirait qu’il crève de trouille !!

- Pardon !

Antonin a mis son bras devant ses yeux et pleure maintenant à chaudes larmes, son corps tressautant au rythme de ses pleurs.

- Pardon ! Pardon ! Pardon !

Je le prends par les épaules en le secouant gentiment pour lui faire cesser sa litanie qui je dois bien l’avouer, me fait dresser les poils des bras d’agacement même si je m’apitoie sur lui à le sentir aussi perdu et fragile.

- Mais arrête ça tout de suite !! T’es chiant à la fin !!

- (Yuan) Laisse le « Flo », tu n’as pas encore compris qu’il est en panique ? Tu serais à sa place, imagine toutes les questions qui te passeraient par la tête ?

- Mais enfin il n’a plus à avoir peur !! Il est avec nous maintenant !!

- Oui je le sais, tu le sais et les autres aussi le savent !! Mais lui ? Il est dans un appartement où il n’y a aucun vrai adulte, tu imagines un peu tout ce qu’il doit en penser ? Que nous nous amusons avec lui comme un jouet et qu’une fois le weekend terminé, nous retournerons chez nos parents en le renvoyant à la rue !! Et peut être pire encore !! Qui sait ce qu’il peut bien imaginer de tout ce qu’il lui arrive depuis cette nuit ? Ce n’est pas toi qui s’est fait enlever dans le but d’être violer ? Ce n’est pas toi qui aurais terminé dans cette fosse après qu’ils lui aient fait subir les pires sévices ? Ce n’est pas toi qui cette nuit encore crevais de faim et de froid au point de penser ne pas voir une nouvelle journée se lever ? Ce n’est toujours pas toi qui se retrouves au milieu d’une bande de mecs qui n’arrêtent pas de lui dire qu’il est super mignon ? Tu en penserais quoi toi ? Qu’eux aussi veulent profiter de ton cul et te jeter dehors une fois leurs envies satisfaites pour retourner dans ta misère une fois terminé !!

- Mais c’est pas du tout ça !!

- Bien sûr que ce n’est pas ça !! Mais comment veux-tu qu’il le sache ? Regarde-le ? Il est quasiment le plus âgé de nous tous ici et il ressemble à un gamin tellement le manque de nourriture, de chaleur et de soins l’ont empêché de se former au même rythme qu’un garçon de son âge !!

- Tu pousses peut-être un peu loin là !! J’ai le même physique que lui et je n’ai jamais manqué de rien !!

- Oui mais tu n’as encore que dix-sept ans Florian, lui il va sur vingt et un !!

- Qu’est-ce qu’on fait alors ?

- C’est toi qui me demande ça ?

- Et pourquoi non ? Tu crois que je n’ai jamais besoin de conseil ? tu l’as dit toi-même, je n’ai que dix-sept ans après tout !!

Yuan reste un moment interloqué par mes paroles, ne se rendant pas compte que moi aussi je ne sais pas vraiment quoi faire pour qu’Antonin retrouve de l’assurance et surtout le sourire, j’ai bien entendu tout ce qu’il m’a dit et je dois bien reconnaitre que je serais très certainement aussi paniqué qu’Antonin à sa place.

Il devrait quand même bien se rendre compte qu’on ne lui veut rien de mal, personne ne lui a encore sauté dessus et cela n’arrivera jamais, je souris en pensant que sauf si bien sûr il est demandeur.

- (Yuan) On devrait le mettre au lit !!

- Faudra peut-être lui changer sa couche aussi, après le biberon bien sûr et qui va s’y coller pour lui faire faire son rototo ?

- Hi ! Hi ! Hi !

Nous regardons surprit dans la direction d’Antonin dont les rires de toute évidence venaient de lui, le petit blond les yeux encore humides et rougis, nous regarde maintenant avec le sourire moqueur mais rieur qui nous va beaucoup mieux que l’état où il se trouvait quelques secondes plus tôt.

Yuan me sourit en venant m’embrasser sur la joue.

- Voilà comment il faut faire ! Suffit que tu le fasses rire et tout ira bien.

Je fixe Antonin qui maintenant a un vrai sourire aux lèvres.

- Dis donc toi !! C’est de moi que tu te moques ?

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (141/150) (Reims) (Mickael et Catherine) (Emménagement)

« Chez Mireille »

- Tu es prêt ? Nous allons finir par rater l’avion si tu tardes encore !!

- Minutes papillon !! Dis, Gérôme ? Tu crois qu’on reviendra un jour ici ?

- Certainement !! Pendant les congés !!

- (Dorian) J’aimais trop cette maison, ça me fait mal au cœur de la quitter et de laisser nos amis.

- Nous les retrouverons vite tu sais ? Sitôt le centre suffisamment avancé, ils ne tarderont plus à venir s’y installer.

- Oui mais il faut encore compter deux voire trois ans minimum et je vais trouver le temps long.

- A nous de faire en sorte que tout se passe bien et ça ira vite, Joseph devrait arriver là-bas en même temps que nous et Maurice nous envoie Victor d’ici quelques mois, le temps de clore une enquête en cours et qu’il s’organise ensuite avec sa famille pour qu’ils ne tardent pas trop à le rejoindre.

- (Dorian) Ça ne va pas être simple à ce que j’ai entendu dire, ses enfants seraient tombés amoureux.

- J’ai appris ça en effet ! Hi ! Hi ! L’effet Florian a encore joué on dirait bien !!

- Ça se pourrait mais en attendant c’est un problème de plus pour Victor.

- Nous n’y pouvons rien, par contre l’heure tourne et il faut à tout prix qu’on se bouge !! En plus les copains de Florian ne vont plus tarder à arriver.

***/***

Mireille est dans sa cuisine à surveiller d’une oreille la descente des deux garçons, son visage est triste malgré qu’elle sache pertinemment que ce ne sont que des au revoir et non des adieux, rien n’y fait néanmoins et elle a l’impression de perdre deux de ses enfants tellement elle les aime tous depuis qu’ils sont venus lui redonner le goût de vivre alors qu’elle était bien trop seule depuis le décès de son mari.

Maintenant se dit-elle, le jeune couple qui vient prendre la place semble lui aussi adorable quoique toujours à se chiner comme elle-même aimait tant le faire avec son époux lors de leurs longues années passées ensemble.

Mireille en est là dans ses pensées quand des pas venant de l’escalier lui remettent la tristesse aux yeux, Gérôme et Dorian le remarquent de suite et comprennent les émotions de cette brave vieille femme pour qui ils ont eux aussi de très forts sentiments.

Les embrassades se font rapidement pour éviter justement les effusions trop pénibles pour eux tous, les autres pensionnaires leur ayant fait leurs au revoir le matin même avant de partir chacun à ses occupations.

- Prenez soins de vous mes enfants !!

- (Dorian) Toi aussi « Mimi » !! Nous reviendrons pendant les vacances et de toute façon nous vous attendrons là-bas quand tout sera prêt à vous recevoir.

- (Gérôme) Prend bien soin de toi en attendant.

Les yeux embués de larmes de la vieille femme leur font mal au cœur et ils préfèrent s’éloigner après un dernier baiser, s’étonnant eux-mêmes que ce soit aussi difficile de quitter cet endroit qui restera graver à jamais dans leurs souvenirs.

***/***

Mickael et Catherine arrivent alors que les deux garçons viennent à peine de tourner l’angle de la rue, c’est donc sans le savoir qu’ils se garent à la même place que les précédents occupants de la belle chambre où ils vont emménager.

Au tout début quand Florian leur a proposé cette solution d’hébergement, ils n’étaient pas franchement chauds et voulaient plutôt trouver une petite maison pour s’installer et ensuite pourquoi pas, envisager sérieusement de fonder une famille.

Ils sont donc venus à plusieurs reprises pour faire connaissance des lieux ainsi que des autres habitants de la maison, très vite ils s’y sont plu et la gentillesse tant de la propriétaire que de ses locataires les ont conquis pour en arriver comme c’est le cas en ce moment même à en être impatient de venir y vivre.

Les portières claquent, Mickael regarde sa copine avec un grand sourire et reçoit le même de celle-ci en réponse.

- Nous allons nous plaire ici ma puce.

- J’en suis certaine, déjà nous ne serons plus seuls et ensuite j’adore cette ambiance familiale qu’ils ont tous su créer autour de Mireille.

- Tu n’as qu’à entrer, je m’occupe des valises.

- D’accord mon chaton.

- Miaou !!

- Pfff !!! Imbécile va ! Hi ! Hi !

Le jeune couple s’enlace en pleine rue, sous le regard ému de Mireille qui les observe derrière les rideaux depuis la chambre qu’ils vont occuper et qu’elle préparait pour leur arrivée.

Elle sourit en pensant qu’il n’y a décidément plus qu’elle à être seule, une petite pointe de nostalgie la prend à l’estomac car elle aussi aimerait être serrée dans les bras d’un bel homme tout à elle et cette réflexion lui fait comprendre qu’elle a enfin passé un cap en faisant le deuil de celui avec qui elle avait passé la majeure partie de son existence.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (142/150) (Samedi soir) (Sacha)

« Dans l’appartement d’Eddy »

Eddy s’enfonce confortablement dans son fauteuil, visiblement repu du repas que lui a concocté et servi Sacha.

- J’ai pris au moins un kilo !! Va falloir y aller plus léger le soir.

- (Sacha) Un peu de sport et il n’y paraîtra plus.

- Je ne me sens pas le courage d’aller courir à une heure pareille, désolé !!

- Qui t’a parlé de courir ? Je pensais à un autre sport du genre de celui qui se passe dans un lit si c’est assez explicite pour toi !!

- Faudrait que je prenne une douche avant !!

- Qu’est-ce que tu attends alors ? Allez !! Bouge tes petites fesses mon gars, sinon tant pis !! Propre ou pas propre je te mets la dose !!

Eddy voit bien à de nombreux détails de comportement, que Sacha est déjà bien excité après lui et que la nuit va être de celle qu’on n’oublie pas, il doit bien reconnaître que le physique particulièrement avantageux du jeune homme lui amène le même genre de pensées.

Sacha observe Eddy avec une moue appréciatrice, de même corpulence et de taille que lui, seul ses yeux marrons ainsi que ses cheveux châtains sont différents des siens.

Ce gars lui plait vraiment, Sacha s’en rend soudainement compte et bizarrement aucunes de ses pulsions sadiques ne lui viennent en tête pendant qu’il pense à la nuit de sexe et de plaisir qu’ils vont certainement passer, étant donné les œillades de plus en plus révélatrices de leurs envies respectives qu’ils se lancent chacun à tours de rôles avec un petit sourire en coin.

- (Eddy) J’aimerais savoir à quoi tu penses en ce moment ?

- Certainement à la même chose que toi !!

- Ah oui !! Tu es sûr ? Parce que moi je te vois beaucoup moins habiller d’ici quelques minutes.

- (Sacha) C’était un peu dans le même esprit pour moi figure toi ! Si je suis venu le premier à ta rencontre c’était déjà parce que tu me plaisais et je dois t’avouer qu’en te connaissant un peu mieux, c’est encore pire !!

- J’ai de la chance alors !!

Sacha sourit avec dans les yeux une flamme qui fait frémir d’impatience son compagnon, il repousse la table basse pour libérer l’épais tapis en laine et vient s’agenouiller entre les genoux d’Eddy qui en a un long frisson d’excitation rien qu’à imaginer ses intentions.

De voir ce jeune mec hyper canon qui semble vraiment s’être entiché de lui, fait oublier à Eddy ce qu’il est en réalité pour ne plus voir qu’un jeune garçon craquant qui n’a certainement pas les mains dans ses poches, ni le reste d’ailleurs car les lèvres de Sacha viennent s’appliquer sur sa braguette pour lui masser le sexe qui rapidement prend son essor, devenant très vite à l’étroit dans son pantalon.

Les yeux de Sacha restent fixés dans les siens pendant tout le temps où il s’applique à le faire durcir et suivent attentivement ses traits de visage montrant combien Eddy apprécie ces préliminaires coquins.

Ses doigts remontent lentement depuis les genoux tremblants de son partenaire jusqu’à la fermeture éclair qu’il coulisse doucement pour ensuite écarter les deux bords de la braguette et appliquer sa bouche sur le renflement du slip afin de continuer à bien le mettre en appétit.

Eddy prend la tête aux cheveux bruns avec douceur pour la faire appuyer encore plus sur sa hampe durci en poussant de petits gémissements qui font monter de plusieurs crans la libido des deux garçons.

Quelques minutes passent jusqu’au moment où n’y tenant plus, Eddy oblige la tête de Sacha à se relever et qu’il lui demande d’une voix enrouée par l’excitation.

- On serait mieux dans la chambre et il faut vraiment que je me douche, je t’assure que j’en ai besoin.

Sacha pousse un soupir de frustration mais comprend la gêne d’Eddy, il se redresse donc en lui donnant ensuite une bonne claque sur les fesses.

- Allez oust !! Je me mets à l’aise et je t’attends dans ta chambre, ne tarde pas trop sinon je sens que je n’aurai pas le courage de t’attendre avant de me faire du bien tout seul ! Hi ! Hi !

- Ok, je file !!

Sacha le regarde partir vers la salle de bain en souriant, sitôt la porte de celle-ci refermée et qu’il entend l’eau couler, il se dirige sans faire de bruits vers l’entrée où les manteaux sont accrochés sur des patères et d’un mouvement preste en sort le portefeuille d’Eddy pour faire l’inventaire de ce qui s’y trouve.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (143/150) (Samedi soir) (Sacha) (fin)

Son geste n’est juste dû qu’à l’habitude d’être méfiant envers tout et tout le monde, d’ailleurs il n’y trouve rien que ce qu’Eddy lui a déjà dévoilé sur lui.

Une carte d’identité à son nom ainsi qu’une carte de VRP, un permis de conduire, quelques photos et un peu d’argent liquide, rien en somme qui pourrait laisser à penser qu’Eddy ne serait pas celui qu’il prétend être.

Sacha satisfait range le portefeuille à sa place et entre dans la chambre en souriant, il ôte ses vêtements et s’allonge nu sur le lit en attendant avec impatience le retour d’Eddy pour reprendre là où ils s’étaient interrompus.

Celui-ci ne tarde d’ailleurs pas à refaire son apparition avec une serviette humide autour des reins ne cachant pas à sa déformation l’extrême envie qui le tenaille.

De voir Sacha nu étendu sur son lit, Eddy en a les yeux qui lui sortent de la tête tellement ce garçon correspond à ses rêves les plus fous et c’est avec précipitation qu’il laisse tomber la serviette au sol pour venir s’allonger nu sur lui.

- (Eddy) Tu me plais trop !!

- Toi aussi !!

Les deux membres en feu se frottent avec avidité l’un contre l’autre pendant que des mains nerveuses se palpent aux endroits les plus sensibles leur restant accessibles.

Les lèvres se joignent, les langues se découvrent avec furies pendant que les ventres se nouent d’une envie irrépressible de faire l’amour.

Sacha est le premier étonné quand il se voit relever les jambes pour amener ses genoux contre sa poitrine, invitant ainsi sans équivoque son partenaire à le prendre et c’est avec un râle de pur plaisir qu’il se sent investir avec douceur mais fermeté.

- Arrhhh !! Vas-y !! C’est trop bon !! Ahhh !!

Eddy n’a pas besoin de se le faire dire deux fois et un étrange sentiment de plénitude le prend alors, donnant à ses mouvements une ardeur peu commune qui fait encore plus d’effet sur Sacha qui maintenant sent l’orgasme lui nouer les reins sans qu’il y ait besoin qu’il se touche.

- Je vais … !! Ahhh !! Plus fort !! Oui comme ça !! Putain c’est trop bon !! Arrhhh ! Je… !!! Ouuiii !!!

Eddy sent sa libido exploser pour finir par s’affaler sur son partenaire, essouffler d’avoir lui aussi pris autant de plaisir.

Les bras de Sacha lui encerclent les épaules et le serrent fortement contre lui, ses lèvres cherchent les siennes pour l’embrasser avec une tendresse qu’il ne se serait jamais cru capable et Eddy lui rend ses baisers avec la même passion qui avive une nouvelle fois leurs corps en les faisant sourire.

- (Sacha) J’ai envie de te prendre !!

Eddy s’écarte alors pour se mettre à quatre pattes et tend ses fesses en cambrant bien ses reins, ce qui le rend particulièrement désirable aux yeux de Sacha qui s’empresse de se positionner derrière lui.

Ses mains écartent avec avidité les fesses bien rondes qui lui donne une énorme bouffée de chaleur soudaine tellement sa vision est bandante à souhait.

Les mains d’Eddy viennent se poser sur les siennes en cambrant encore plus son corps.

- Prends-moi !! J’en ai trop envie moi aussi !!

La sueur les prend tous les deux de cet accouplement viril, leurs corps luisent et les gouttes s’écoulent de leur front, ne les empêchant nullement de se donner à fond l’un à l’autre avec toujours cette sensation de plénitude qu’ils n’avaient encore jamais ressentie à un tel degré avec leurs précédents partenaires.

Un dernier coup de reins sec et nerveux, les font s’affaler sur le lit alors que Sacha pousse un râle avec une rare intensité et que ses lèvres viennent se poser dans la chevelure moite pour y déposer un baiser tout en sentiments, sentiments déjà très forts qu’il éprouve pour ce garçon tout haletant encore du plaisir qu’il vient de lui donner et de prendre.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (144/150) (Samedi soir) (Chez Yuan) (fin)

« Vers minuit, dans le salon »

Leurs amis de Paris partent deux par deux pour retourner chez eux, Erwan avec Ramirez étant ceux qui les quittent en derniers et ils se retrouvent ensuite seuls dans le salon qui maintenant qu’ils sont moins nombreux, ressemble moins à un hall de gare.

Les discussions vont toujours bon train, suggérant par là qu’aucun n’éprouve encore l’envie d’aller se coucher ou plutôt n’ose poser la question de comment ils vont le faire à cause bien entendu de la présence d’Antonin qui modifie de toute évidence ce qu’ils avaient prévues le matin même pour finir la nuit.

***/***

J’entre dans l’esprit de Thomas.

- Ça te dérange si je passe la nuit avec Raphaël et Éric ? Tu pourrais prendre l’autre chambre avec Yuan et Antonin aurait le canapé du salon !! Bien sûr on reste en contact mental tous les deux, ils repartent demain tu comprends et ils sont venus pour nous voir.

- J’allais te le proposer, en plus regarde-les !! Ils n’arrêtent pas de te regarder en se demandant comment nous allons finir la soirée. De toute façon je les reverrai bien avant toi et Yuan t’auras le weekend quand il le voudra maintenant que nous sommes raccordés mentalement.

- Tu crois qu’Antonin comprendra ?

- Rien ne l’empêchera de rejoindre une des chambres si l’envie lui en prend.

- Ce serait quand même étonnant qu’il le fasse !! Tu es ok alors ?

- Bien sûr !! Et puis si l’un d’entre nous a envie de changer de chambre, rien ne l’en empêche tu ne crois pas ?

- Je t’adore toi !!

- Ah oui ??

***/***

Je lui fais un gros clin d’œil et je commence à bailler en m’étirant les bras au-dessus de ma tête.

- Je ne sais pas pour vous les gars mais moi j’ai envie de me pieuter !!

- (Yuan) Comment on fait ?

- Éric et « Raphi » prennent une chambre, toi et « Thom » vous prenez l’autre et nous déplions le canapé pour Antonin.

Raphaël se mordille nerveusement les lèvres.

- Et toi ? Tu vas dormir où ?

- Avec ceux qui voudront bien de moi ! hi ! Hi !

- (Éric) Nous repartons demain « Flo » !!

- (Raphaël) Et tu n’étais plus là ce matin quand nous nous sommes fait un câlin avec Thomas et Yuan.

Je les regarde avec amusement, comprenant bien leurs envies.

- Vous voulez que je dorme avec vous alors ?

- (Raphaël et Éric) Oui !!!!!

- (Yuan) Au moins ça a le mérite d’être clair ! Hi ! Hi !

Il regarde Thomas avec les yeux brillants.

- En plus ça me va bien, tu en penses quoi « Thom » ?

- C’est cool !!

Il se tapote la tête.

- Je surveille quand même l’autre énergumène ! Hi ! Hi !

Je me tourne vers Antonin qui nous regarde perplexe.

- Rien ne t’empêche de rejoindre une chambre si tu te sens seul tu sais ? Juste que ça risque d’être chaud pendant les premières heures si tu vois à quoi je pense ?

Antonin tout rouge de confusion.

- Je pourrai te rejoindre après ? C’est vrai ?

- Ou-moi si tu préfères !! En tout bien tout honneur bien sûr !! Je comprends très bien que tu dois prendre le temps de réfléchir à tout ce que tu as appris sur nous et en plus rien ne t’oblige à y participer le moins du monde.

Antonin visiblement mal à l’aise, baisse les yeux et reprend d’une voix presque imperceptible.

- Je le sais bien, merci les gars d’être aussi sympa avec moi et de me laisser le temps de me retourner.

- (Raphaël) Fais gaffe quand même quand tu te retournes avec l’autre nain ! Hi ! Hi ! Vérifie quand même que tu n’es pas à poils avant, sinon tu risquerais d’avoir son gros « s’guègue » collé derrière tes fesses ! Hi ! Hi !

- C’est qui le nain ?

- (Éric) Je crois qu’il parle de toi !

- Il me semblait bien aussi !! J’en connais un qui va aller rejoindre les autres dans l’autre chambre pour y passer la nuit !! Tu viens mon « Riquet » ?

Thomas sourit en voyant la tête que fait Raphaël et qui montre toute la stupeur que viennent de lui faire les dernières paroles de Florian, malgré tout il se reprend très rapidement et fait les quelques pas qui le séparent de son copain en le prenant par la taille, sa tête venant se blottir sensuellement dans son cou.

Il capte de suite le frisson qu’a Florian de son geste sur lui et c’est fermement qu’il le pousse vers la chambre, suivit par Éric qui se bidonne tout seul à voir le visage en feu marquant l’excitation de Florian qui se laisse emmener sans répondre.

- (Raphaël) Allons mon « petit » !! Tu sais bien que tu me kiffes trop pour me snober comme ça.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (145/150) (Dans la nuit de samedi à dimanche) (Chez Yuan)

« Dans le salon »

Antonin n’arrive pas à dormir, déjà à cause des bruits sans équivoque qu’il perçoit venant des deux chambres et ensuite parce qu’il ne comprend pas la nervosité qui le fait se retourner sans cesse sur le canapé pourtant beaucoup plus confortable que l’asphalte de la rue qui pendant plusieurs mois a été son seul couchage.

L’attirance qu’il éprouve pour Florian est sans commune mesure avec ce qu’il a jamais ressenti jusque-là envers qui que ce soit et même cet homme qui au début de son errance l’a si gentiment hébergé pendant un weekend sans aucune arrière-pensée, n’a amené en lui ce sentiment fort qu’il a pour le petit rouquin.

Un étrange son venant d’une des chambres lui met le branle-bas de combat dans sa libido jusqu’alors si peu sollicité qu’il n’en avait plus souvenir et de sentir son sexe raide comme un bâton qui lui envoie des pulsions de plaisirs, l’étonne suffisamment pour qu’il cherche à en analyser la provenance.

Son cerveau n’arrive plus à penser, sa main n’a que le temps de se plaquer sur son gland à l’intérieur de son slip pour y recevoir la manne gluante qui se déverse en jets saccadés et l’autre à retenir le gémissement d’orgasme qui sinon aurait certainement alerté toute la maison.

Heureusement pour lui, le son ne dure pas très longtemps et le silence qui suit lui fait comprendre que ses nouveaux amis sont enfin repus après plusieurs heures passées à faire l’amour, le sommeil réparateur les ayant certainement gagnés pour que lui aussi puisse trouver le repos que son corps lui réclame.

Un bruit de pas discret lui fait tendre l’oreille, un léger courant d’air dû au déplacement de la couette et le poids d’un corps s’allongeant près de lui, fait comprendre à Antonin que Florian l’a bien rejoint comme il le lui avait promis.

Un soupire de satisfaction le trahit, le corps près du sien bouge en se rapprochant de lui et une voix douce et interrogative lui susurre à l’oreille.

- Tu ne dors pas ?

- J’aimerais bien figure toi !!

- Nous avons fait trop de bruits, c’est ça ?

- On peut dire ça comme ça, oui !!

- Tu dois nous trouver bizarre, non ?

- Vous vous aimez vraiment alors ?

- Bien sûr !! Tu croyais que je t’avais raconté ça juste pour me vanter ?

- J’avoue y avoir pensé, tu sais où je pourrai trouver un essuie-tout ?

- Dans la cuisine, pourquoi ?

- J’ai comme qui dirait eu un accident de parcours au moment où un drôle de son est arrivé jusqu’à moi.

- Oups !! Je comprends !! Excuse-moi !!

- Bah !! J’ai été surpris que ça me fasse autant d’effet voilà tout, maintenant je t’avoue que je m’essuierai bien la main avant que j’en mette partout.

- Tu me montres ?

- Heu !!!

- Allez « Tonin » !!

Toute cette conversation a lieu dans le noir et c’est sans doute ça qui fait qu’elle ait pu se faire, Antonin ne ressentant pas la gêne qui sinon l’aurait très certainement bloqué avec un magnifique bol en prime et je souris quand je le sens bouger en me mettant sa main quasiment sous le nez.

Ma vue perçante me permet de voir le contenu de celle-ci qui commence à s’écouler sur les côtés, l’obligeant à mettre sa deuxième main au-dessous pour ne pas tâcher le drap.

- Et bien mon cochon !! Tu as mis la dose ! Hi ! Hi !

- S’il te plait, n’en rajoute pas !! C’est déjà assez gênant d’avouer un truc pareil !!

- Bah !! C’est la nature !! Attends !!

Je me lève rapidement pour aller lui chercher de quoi s’essuyer, je reviens dans la foulée avec plusieurs feuilles de sopalin et les lui tends en me rallongeant à côté de lui.

- Tiens !!

- Merci !!

J’attends qu’il termine.

- J’ai pris le rouleau si tu en veux encore !

- Non, merci !! C’est bon !!

- Je le laisse à côté de moi au cas où ça te reprendrait ! Hi ! Hi !

Un silence gêné venant de lui me fait comprendre que ma blague était plutôt mal venue, la curiosité me fait quand même reprendre la parole.

- Tu l’as déjà fait ?

- … Quoi donc ?

- Et bien ça quoi !!

- … Oui !! J’ai eu une copine avant le décès de mes parents !!

- Ah !!!

Le silence revient, son aveu me laissant sans voix avec un arrière-goût d’amertume et de déception.

- Pourtant j’avais cru que tu n’étais pas indifférent envers moi quand nous avons discuté ensemble dans l’après-midi ?

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (146/150) (Dans la nuit de samedi à dimanche) (Chez Yuan) (fin)

Antonin entend la déconvenue dans la voix de son ami, il n’a pourtant que répondu honnêtement à sa question et le fait d’avoir eu une petite amie quelques années en arrière ne veut pas dire que depuis, il n’éprouve rien pour Florian ou les garçons en général.

- Je ne vois pas ce qui te fait penser le contraire ?

- Ta copine pardi !!

- Oui et alors ? C’était il y a longtemps et depuis j’ai eu une existence suffisamment difficile pour mettre complètement de côté ma sexualité. En fait pour être honnête, ce n’est que d’aujourd’hui que je repense au sexe comme un plaisir auquel j’aurais le droit comme tout le monde.

- Avec un garçon ?

- Pourquoi pas ?

- N’importe lequel ?

- Pourquoi ? Tu ferais ça, toi ?

- Non bien sûr !!

- Et bien pour moi c’est pareil, que ce soit un garçon ou une fille, je t’avouerai que cela m’est égal du moment où je me sens bien avec cette personne.

- Tu es bi alors ?

Antonin est amusé par le ton incrédule qu’a pris son copain pour lui poser cette question.

- Je te dirai ça quand j’aurai essayé avec un garçon ! Hi ! Hi !

- Hum !! Tu connais mes sentiments envers toi et j’ai cru comprendre qu’ils étaient identiques aux tiens pour moi, alors sauf si tu as changé d’avis rappelle-toi que tu peux rejoindre notre petit cercle d’amis quand tu veux.

Antonin se retourne en remettant la couette sur lui.

- J’y penserai, promis Florian !!

- D’accord !! Bonne nuit Antonin !!

- Bonne nuit Florian !!

***/***

« Huit heures du matin, dimanche »

Antonin ouvre un œil, il étouffe de chaleur et constate avec le plus grand étonnement qu’il se retrouve entre deux corps endormis, ceci expliquant cela.

Il fait suffisamment jour pour qu’il puisse voir clairement la chevelure blonde bouclée de Thomas à sa droite et celle rousse hirsute de Florian à sa gauche.

Antonin sourit en se retrouvant enlacer comme il l’est par ses deux garçons tournés vers lui et dont leurs mains se tiennent poser sur leurs reins en passant au-dessus de son corps qu’ils enserrent d’une façon douce et possessive, ne le laissant pas indifférent.

Il referme ses yeux, ne voulant surtout pas montrer qu’il est réveillé et finalement se rendort avec plaisir en se sentant étrangement bien entre ses deux magnifiques garçons.

***/***

« Huit heures trente »

Yuan s’étire et cherche machinalement le corps de son ami en tâtonnant d’une main vers la place libre, surpris de se retrouver seul.

Il s’assoit sur son lit en se frottant les yeux, pas de doute il est seul dans la chambre et même « Coco » ne si trouve pas, ayant sans doute préféré rejoindre la cuisine plutôt que d’assister à leurs ébats qui ont quand même prit une grande partie du reste de la nuit.

Le sexe de Yuan reprend une forme olympique en repensant à cette journée de folie où il a eu le beau Thomas tout à lui et attend maintenant avec impatience de se retrouver seul avec Florian pour lui démontrer qu’il l’aime tout autant que le beau blond.

Yuan se lève, met un slip et sort de la chambre pour aller aux toilettes soulager sa vessie, une fois chose faite il prend la direction de la cuisine pour préparer le petit déjeuner pour tout le monde et ne peut manquer de voir les trois garçons enlacés dans le canapé déplié pour la nuit.

Un sourire plein de tendresse illumine son visage, la façon protectrice qu’ils ont de se tenir serrés avec le « jeune » Antonin entre eux démontre combien compte déjà ce garçon pour ses deux amis.

Son sexe toujours aussi raide ne veut décidemment rien savoir, Yuan a alors les yeux qui s’allument en regardant du côté de l’autre chambre et il change de direction pour s’y rendre, poussant la porte restée entr’ouverte pour admirer ses deux autres copains qu’il ne va pas tarder à rejoindre tellement sa libido ce matin lui joue des tours.

Voir Raphaël et Éric nus n’arrange rien à son envie de faire l’amour, le choix s’il lui fallait en faire un lui serait très difficile tellement il trouve ses copains canons et la carrure d’athlète du rouquin n’a rien à envier à celle plus en finesse mais tout aussi structurée du brun.

C’est donc avec un sourire coquin qu’il vient se glisser entre eux deux en posant une main sur les fesses légèrement poilues d’Éric et l’autre sur le sexe en semi érection de Raphaël, avec l’envie manifeste de prendre l’un en étant remplie par l’autre.

Ses caresses réveillent et mettent vite ses amis dans le même état d’excitation où lui se trouve déjà, les fesses du beau brun se tendent vers sa main câline pour qu’il puisse en profiter à l’envi pendant que le sexe maintenant bandé à outrance de Raphael suinte déjà du lubrifiant nécessaire pour que le bel asiatique le prenne en lui sans douleur.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (147/150) (Dimanche matin) (Chez Yuan)

« Dans le salon »

Le bruit sans équivoque provenant de la chambre réveille à leurs tours les trois amis dormants sur le canapé, Antonin ouvre les yeux après avoir reçu avec surprise une bise toute en tendresse sur chaque joue venant chacune d’un de ses deux nouveaux copains et il les voit s’embrasser langoureusement au-dessus de sa tête, leurs visages suffisamment près du sien pour qu’il n’ait qu’à peine à relever la tête pour s’il le veut mêler ses lèvres aux leurs.

Bien sûr il n’est pas assez téméraire pour mettre sa pensée à exécution, malgré la forte envie qu’il en ait de le faire et c’est encore une fois l’initiative de ses deux amis qui s’étant aperçu de son regard étrangement brillant de désir porté sur eux, que ceux-ci viennent déposer leurs lèvres sur les siennes pour l’embrasser à l’envi en le faisant geindre de plaisir comme un jeune chiot.

Malgré tout, ça en reste là et même si leurs baisers durent un long moment, rien d’équivoque de leurs parts ne vient entacher ce moment divin pour Antonin qui ne se sent pas encore prêt d’aller plus loin tout en sachant très bien que ce n’est que partie remise.

Un « Arrh !!! » très fort rapidement suivit par un « Ouuiii !! » tout aussi puissant, amène le sourire aux trois garçons qui comprennent que si eux sont restés soft depuis qu’ils se sont rejoints sur le canapé, d’autres ne se privent pas pour se donner à nouveau du plaisir.

Antonin éclate peu après de rire quand il les voit sortir de la chambre un par un avec les yeux cernés, Éric nu et encore en érection se dirigeant droit vers la salle de bain alors que les deux autres en slips se dirigent cette fois vers la cuisine en leur faisant un petit clin d’œil en passant, montrant tout le plaisir qu’ils viennent de se donner.

Thomas voit les yeux de Florian obnubilés par la porte de la salle de bains, il est toujours raccordé mentalement à son ami et suit donc ses pensées qui vont vers un petit cul rond et musclé divinement poilu appartenant à son meilleur copain.

***/***

« En pensées »

- Va le rejoindre, tu en meurs d’envies !!

- Yep !!

***/***

Je me lève d’un bond pour foncer à mon tour dans la salle d’eau heureusement pas fermée à clé, sous le regard étonné d’Antonin qui a été surpris par un tel empressement et qui reporte son regard ahuri sur Thomas.

- Il a le feu quelque part ?

- Tu ne pouvais pas dire mieux ! Hi ! Hi ! J’en connais un qui va bientôt se remettre à « chanter »

- Wouah !! Et ça lui prend souvent ?

- Tu t’en apercevras vite quand tu le connaitras mieux et que tu auras décidé de passer le pas avec nous.

Antonin rougit jusqu’aux oreilles, ce qui amène un sourire tout en tendresse de Thomas.

- Tu aimerais toi aussi ?

- Quoi donc ?

- Et bien !! Que je saute le pas comme tu dis ?

- Bien sûr, quelle question !!

- Ha !! Je pensais qu’il n’y avait que Florian !

- (Thomas) Si cela avait été le cas tu ne te serais pas retrouvé entre nous deux cette nuit je pense, maintenant il faut que tu en aies envie toi aussi bien sûr.

- Bien sûr, oui !! Et pour les autres ? Tu crois que c’est pareil ?

- Alors là !! C’est à toi de le leur demander si cela t’intéresse de le savoir, je ne me permettrai pas de parler pour eux mais sache quand même que j’en ai ma petite idée malgré tout.

- Et ?

Thomas prend quelques secondes à étudier Antonin avant de répondre, son air attentif voir même avide de l’entendre le décide à se lancer.

- Disons que si le canapé avait été plus grand et plus solide, il n’y aurait pas eu grand monde dans les chambres ce matin.

- Oh !!

***/***

« Dans la salle de bains »

Éric ne m’a pas entendu refermer la porte, il est sous la douche et je reste un moment à baver devant son beau petit cul tout rond d’un blanc laiteux, surmonté d’un dos taillé en V au-dessus de deux belles fossettes creusant ses reins.

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (148/150) (Dimanche matin) (Chez Yuan) (suite)

Mon slip tombe sur le carrelage pendant que je m’avance derrière lui sans bruit, c’est du moins ce que je crois car un sixième sens le fait se retourner et ses yeux s’allument de mille feux quand il capte les miens.

J’enjambe le rebord de la douche pour le rejoindre, faisant attention de rester sur le carrelage pour me maintenir plus ou moins à sa hauteur et mes bras enserrent sa taille tandis que nos lèvres se rejoignent dans un baiser d’abord d’une douceur féérique mais qui devient très vite un vrai brasier de passion.

***/***

« Une voix dans ma tête. »

- Pince-lui les tétons tu vas voir ! Hi ! Hi !

- Tu crois ?

- Je le connais mieux que toi, alors fais-moi confiance et tu prendras le dessus sur lui tu verras.

***/***

Pendant que nos lèvres et nos langues mènent leurs ballets, je prends ses tétons entre le pousse et l’index de chaque main en les frottant assez fermement, la réaction d’Éric est alors à la hauteur des paroles de Thomas quand il se met à trembler sur ses jambes en poussant un râle puissant de jouissance qui affole ma libido et raffermit encore plus mon geste sur ses tétons que j’étire maintenant en les roulant sous mes doigts.

***/***

« La voix de Thomas poursuit ses conseils. »

- Mordille-lui-s’en un avec tes dents pendant que ta main libre descend lentement sur ses abdos, tu passes sous ses couilles et tu vas gratter doucement entre elles et son trou du cul, il va être à ta botte après ça tu verras ! Hi ! Hi !

- Wouah !! Tu lui faisais ça, toi ?

- On a eu tout le temps d’apprendre à connaitre nos corps pendant nos découvertes d’ado qu’est-ce que tu crois ?

***/***

Ma main droite libère le téton érigé aussitôt remplacé par ma bouche avide qui le mordille et le suçote à l’envi pendant que ma main libre respecte point par point les instructions de Thomas et que mon autre main s’acharne toujours sur son autre téton devenu tout rouge.

Éric tremble de plus en plus sur ses jambes, ses deux mains s’accrochent à mes épaules pour ne pas tomber et ses lèvres exhalent en continu ses râles rauques qui me font un effet d’enfer, mon sexe maintenant rendu raide à me faire mal de l’envie de le prendre.

Un liquide chaud vient s’écraser sur ma poitrine au moment où ma main libre arrive à son but et gratte la partie fine au-dessous de ses bourses, je suis surpris de l’orgasme que vient de prendre mon beau brun et qui s’affale contre moi en se retenant toujours à mes épaules comme si sa vie en dépendait.

Je suis fier d’avoir amené autant de plaisir à mon ami en lui découvrant des points sensibles que je ne lui connaissais pas.

Je l’aide à sortir de sous la douche en l’embrassant à pleine bouche jusqu’à ce qu’il reprenne suffisamment ses esprits pour qu’à mon tour je lui fasse comprendre mon envie et qu’il se mette à quatre pattes en cambrant bien ses reins pour me recevoir en lui.

Mon sexe n’a pas besoin qu’on lui montre le chemin que déjà il est au plus profond de son intimité qui en a vu d’autres pendant la nuit, Éric commence alors de lui-même à bouger ses fesses pour bien me sentir aller et venir en lui avide des sensations qui déjà lui font retrouver toute son envie de jouir à nouveaux sous ma saillie.

Mes mains s’accrochent à sa taille fine pendant que mon corps lui couvre le dos, ma bouche lui lèche le cou avec voracité en le faisant geindre de plus bel.

A un moment, Éric ni tenant plus s’écroule sur le sol et je me retrouve coucher sur lui au point de le faire haleter sous la pénétration qui maintenant arrive à son paroxysme jusqu’au moment fatal où je me cambre au tréfonds de son intimité pour y déverser le fruit de mon orgasme.

A la contraction de ses muscles internes, je comprends que lui aussi a joui et c’est en sueur avec un grand sourire aux lèvres que je me laisse aller sur Éric en lui prenant la chevelure à deux mains pour y perdre mes doigts dans la douceur qu’elle me procure.

- Je t’aime trop Éric !! Tu vois bien qu’il n’y a pas que Raphaël qui compte pour moi !!

***/***

« La voix dans ma tête »

- Ce n’est pas du chiqué non plus vous deux, paroles !!

- Comme si tu ne le savais pas ! Hi ! Hi ! Mais dis-moi mon cochon ? Tu as joui comme un gosse dans ton calbut on dirait bien ?

- (Thomas) C’est tellement réel pour moi que j’ai ressenti le même plaisir que toi, alors le résultat est forcément dans la même veine ! Hi ! Hi ! Wouff !! Il y a Antonin qui me regarde comme si j’étais barge !!

- Il n’a pas fini alors ! Hi ! Hi !

2eme année avant Pâques (dernière partie) : (149/150) (Dimanche matin) (Chez Yuan) (fin)

« Après le petit déjeuner »

Pendant que certains nettoient la cuisine, les autres font le ménage en grand dans le salon et les chambres, personne ne tenant vraiment à laisser un tel bazar à la brave femme qui s’occupe de l’entretien de l’appartement le reste de la semaine.

Une petite mise au point sur l’ordre du jour avec bien sur les deux impératifs du moment, la rencontre avec l’oncle et la tante de Florian ainsi que le devenir d’Antonin et de savoir où il va vivre, certains comme Thomas ou Raphaël proposant de le ramener avec eux à Aix en Provence où il pourra loger chez Thomas qui n’est quasiment plus à la maison depuis la reprise de son travail et où de toute façon il y a une chambre de libre.

D’autres comme Yuan se propose à l’héberger chez lui à Paris, alors que Florian lui, préférerait qu’il le suive à Reims.

***/***

- (Thomas) De toute façon c’est à toi de choisir « Tonin » !! Une fois que ce sera fait, restera à savoir si tu veux trouver un emploi ou reprendre tes études ?

- (Antonin) Un travail m’irait très bien !! Je ne me vois pas être à la charge de quelqu’un et de toute façon même si vous me laissiez maintenant, j’aurais au moins vécu des heures qui resteront à jamais graver dans ma mémoire. Je vous remercie tous de votre gentillesse et de m’avoir sauvé de ce sinistre individu, sans vous je n’aurais plus à me demander ce que serait mon avenir !!

- (Raphaël) Nous avons la chance d’avoir un « grand patron » parmi nous, alors je ne pense pas que ce soit un réel problème de te trouver un travail.

- (Éric) Maintenant que Florian est médiatisé, il va lui falloir un « secrétaire particulier » pour gérer son emploi du temps et surtout éloigner les gêneurs, pas vrai « Flo » ?

Je trouve l’idée d’Éric particulièrement bonne et c’est donc avec un grand sourire aux lèvres que j’y réponds.

- Si cela te dit, la place est à toi !!

- Qu’est-ce que je devrai faire ?

- (Raphaël) Soulager ton patron quand ce sera trop « dur » ! Hi ! Hi !

- Comment ça ?

Raphaël lui fait le geste sans équivoque possible de ce qu’il entendait par trop dur et surtout une des méthodes bien connue pour le soulager, Antonin devient rouge vif quand il en saisit le sens.

- Ohhh !!!

- (Raphaël) Rien que ça avec lui et tu seras vite en heures supplémentaires ! Hi ! Hi !

- (Éric) C’est sûr que c’est un temps plein ! Hi ! Hi ! Mais pense aussi que tu seras toujours avec « Flo » et il me semble bien que ce soit ce que tu souhaites, pas vrai ?

Antonin ne répond pas sur le coup, il me regarde l’air pensif et un sourire lui vient quand il semble avoir pris sa décision.

- Je devrai vraiment faire ça ?

Je lui rends son sourire.

- Tu ne vois donc pas qu’ils se moquent de toi ?

- Ahhh !!!

- Tu sembles déçu ?

- Non !! Ce n’est pas ça !! Juste que ça m’aurait bien plu de rester avec toi mais je me doute bien que tu n’as pas l’utilité d’avoir quelqu’un à ton service.

- Détrompe-toi mon gars !! Ce qu’a dit Raphaël a du sens au contraire, je vais devoir éviter pas mal de gens maintenant et ce serait bien que quelqu’un en qui j’ai confiance fasse barrage et m’évite ainsi de perdre un temps précieux, si tu es d’accord la place est à toi !! Nous verrons comment nous organiser demain si ta réponse est oui.

Antonin reste un moment sans réagir, ses yeux deviennent brusquement humides de larmes et il se jette dans mes bras en tremblant, secouer maintenant par de véritables sanglots.

Je me retrouve tout bête comme d’ailleurs le reste de mes amis et je le laisse s’épancher un moment avant de le repousser doucement.

- Je sais ce que tu as vécu jusque-là « Tonin » mais dis-toi bien que s’en est fini maintenant !! Nous irons dès demain voir Maurice pour te mettre en règle et ensuite nous verrons comment t’installer pour que tu réapprennes à vivre normalement. Pour aujourd’hui, Yuan et les autres vont s’occuper de toi pendant que je vais retrouver Antoine avec Thomas.

- (Yuan) Nous allons faire quelques boutiques pour qu’il ait le nécessaire à se mettre en attendant que vous rentriez.

Je fais un gros clin d’œil à mes amis en retournant mes poches de pantalon.

- Va falloir que tu me fasses crédit ! Hi ! Hi !

Thomas sort son portefeuille et tend sa carte de crédit à Antonin, il lui inscrit le code sur un post’it.

- Tiens !! Et ne refuse pas surtout !! De toute façon ce sera déduit de tes prochaines paies, alors prends ce que tu as besoin sans te priver.

2eme année avant Pâques (Dernière partie) : (150/150) (Dimanche matin) (La nouvelle famille)

« Appartement où logent l’oncle et la tante de Florian »

Antoine observe son père avec les yeux remplis d’une immense joie de le voir se remettre aussi bien, après toutes ses longues années où petit à petit il perdait ses forces et faisait des séjours de plus en plus prolongés à l’hôpital, sans que jamais son état ne s’améliore.

Adrien sent bien le regard de son fils porter sur lui, il lève la tête vers lui en captant ses yeux au passage et sans qu’aucune parole ne soit nécessaire, ils savent bien tous les deux combien l’amour qu’ils se portent est grand.

Florence ou « Flo » pour les intimes, entre à son tour dans la pièce et sourit tendrement à ses deux hommes.

- Qui aurait cru que nous serions là tous les trois il n’y a pas encore deux semaines ?

- (Adrien) Certainement pas moi !!

Antoine vient se lover tout contre son père dans le canapé ou celui-ci est installé confortablement.

- Florian et Thomas ne devraient bientôt plus tarder !! Ils m’ont promis hier soir qu’ils viendraient de bonne heure ce matin.

- (Florence) J’ai hâte de le connaitre enfin, après tout ce que j’en ai entendu dire sur lui.

- (Adrien) J’écoute les informations depuis que je suis sorti de l’hôpital et je comprends plus aisément quoique cela me semble toujours incroyable, le fait que j’aille beaucoup mieux depuis qu’ils m’ont injecté ce médicament miracle.

- (Antoine) Ce n’en était pas vraiment un tu sais papa ? Florian t’en dira plus sur lui et tu comprendras où je veux en venir.

- (Florence) En tous les cas quoique ce soit d’autre, son efficacité n’est plus à démontrer. Ton père se sent de mieux en mieux, il a déjà repris quelques kilos et les médecins disent qu’il est définitivement guéri sans toutefois en comprendre la raison eux non plus, il n’y a que le général ainsi que quelques amis de notre neveu qui semblaient en savoir un peu plus que les autres et ils ne veulent rien dire eux aussi, j’avoue être curieuse de connaître ce mystère.

- (Adrien) Attendons qu’ils arrivent !! Alors comme ça Florian est lui aussi avec un garçon ? Ce fameux Thomas avec qui il doit venir je présume ?

- Oui p’pa !! C’est un garçon comme il y en a peu tu verras !! Lui et Florian s’aiment depuis toujours, même s’ils ne se le sont avoué que sur le tard et ils forment un beau couple malgré qu’ils ne se ressemblent pas du tout ! Hi ! Hi !

- (Florence) Un peu comme toi et Jonas ?

- Tu trouves qu’on ne va pas ensemble ?

- (Florence) Je n’ai pas dit ça !! Juste que vous êtes physiquement foncièrement différents, maintenant je trouve que Jonas est un très beau garçon et nous l’aimons beaucoup ton père et moi, pas vrai mon chéri ?

- (Adrien) Ta mère a raison, tu aurais eu du mal à trouver mieux que ce garçon.

- Il n’y a pas plus beau que mon « Jo » !! Sauf Thomas bien sûr, mais lui il est à part et le pire c’est qu’il ne s’en rend même pas compte !!

« Dring !! Dring !! »

Antoine se lève d’un bond pour courir vers la porte, subitement surexcité.

- Ce doit être eux !!

La porte est rapidement ouverte, Antoine sourit jusqu’aux oreilles devant son cousin et Thomas, il s’écarte alors pour les laisser entrer.

- Pile à l’heure les gars !! Mes parents sont dans le salon au fond du couloir, allez-y pendant que je range vos manteaux !!

J’ai d’un seul coup comme un blocage dû à l’émotion qui monte en moi, Thomas me prend la main qu’il serre doucement et s’avance le premier en me tirant derrière lui car il a bien compris que sinon il m’aurait été impossible d’avancer.

Nous nous présentons alors devant un couple souriant qui semble aussi ému que je le suis, Antoine arrive derrière nous en nous prenant par les épaules et en venant caler sa tête entre nous deux Thomas.

- Papa !! Maman !! Voici mon cousin et donc votre neveu Florian ainsi que mon ami Thomas !! Florian je te présente Adrien et Florence, mes parents !!

Un étrange flottement suit ses paroles, chacun découvrant l’autre pour la première fois et c’est la mère d’Antoine qui retrouve suffisamment ses esprits la première pour prendre la parole.

- Heureux de faire enfin votre connaissance !!

- (Thomas) Merci madame.

Pour ma part j’ai les yeux fixés sur cet homme qui est le frère aîné de ma mère et que tout comme elle, je n’ai jamais connu ni même su qu’il existait (du moins pour lui).

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je le vois se lever pour venir vers moi les bras tendus en avant, ses yeux sont identiques aux miens et ceux de son fils, d’un vert hypnotique qui rend son regard si spécial que j’en tremble de tout mon être.

La main de Thomas se serre un peu plus dans la mienne pour me réconforter et me donner le courage qui de toute évidence m’a abandonné depuis que je suis rentré dans cette pièce, sa longue maladie l’a suffisamment marqué pour que des séquelles persistent encore comme son extrême maigreur qui me rappelle Marc au début quand je l’ai connu.

***/***

Adrien voit bien combien cette rencontre affecte émotionnellement le petit rouquin qui ne détache pas son regard du sien, lui aussi ressent l’énorme affectif qui le tenaille et ses bras viennent serrer contre lui son neveu qui se laisse alors aller en blottissant affectueusement sa tête contre sa poitrine.

Un seul mot vient à l’esprit d’Adrien, un mot qui à lui seul exprime tout son ressenti envers ce garçon qui le trouble plus qu’il n’aurait pu l’imaginer et qui lui amène les larmes aux yeux d’une joie qui ne saurait s’exprimer autrement.

- Merci !!

2eme année Pâques : (01/127) (Reims) (Chez les Viala)

« Une semaine plus tard, dimanche matin. »

Je me réveille en m’étirant des quatre membres, le contact d’un autre corps près du mien me fait faire attention à mon geste pour ne pas réveiller Damien qui depuis une semaine partage mon lit en attendant que nous trouvions une solution d’hébergement pour Antonin qui a pris temporairement sa chambre.

C’était la meilleure solution pour qu’il ne se sente pas oppressé ni harcelé ou encore obligé à quoi que ce soit envers moi.

D’ailleurs « Dami » c’est de lui-même proposé à cette solution, trop content de partager notre chambre et ainsi de pouvoir resserrer encore plus les liens qui nous unissent, même si j’ai ma petite idée sur la deuxième raison plus « orbitale » celle-là qui l’a amené à déménager aussi vite.

Je me tourne vers lui en souriant, un autre coup d’œil rapide vers Guillaume qui dort toujours lui aussi et je pousse un petit soupire de satisfaction à les avoir retrouvés après une si longue absence.

Thomas est reparti en Australie jusqu’à la fin de la semaine, alors que Yuan passe la nuit chez sa copine et doit nous rejoindre dans l’après-midi avant de retourner sur Paris pour reprendre ses cours.

Je souris une nouvelle fois en me rendant compte que Thomas dort encore mais qu’il fait un rêve où il est allongé près de moi sur une plage exotique de sable fin en se faisant doré par le soleil.

Notre connexion est devenue maintenant tellement naturelle que bien souvent nous ne nous en rendant même plus compte, nous contentant d’un sourire quand l’un ou l’autre se trouve dans une situation cocasse comme la fois où il s’est fait ouvertement draguer par une femme couguar qui ne voulait manifestement pas comprendre qu’un si beau garçon ne soit pas intéressé par elle.

Le reste du temps, le simple fait de sentir notre présence nous suffit pour être heureux et évite ces moments pénibles que nous connaissions d’être si loin l’un de l’autre.

Nous avons découvert une particularité du lien qui nous unit tout à fait par hasard, un soir en semaine quand l’envie d’un câlin se faisait trop sentir et que nous étions prêts l’un comme l’autre à nous soulager à l’ancienne, comme le dit si bien Damien.

Nos esprits ont créé une pièce où nous nous sommes enlacés et avons fait l’amour, c’était si réelle que nous avons joui dans un ensemble parfait et avons pu nous caresser à l’envi en retrouvant quasiment toutes les impressions d’une relation réelle.

Le seul imprévu ce jour-là a été quand nous nous sommes retrouvés plutôt mal à l’aise dans nos sous-vêtements poisseux que nous avions tout simplement oubliés d’ôter, ne nous doutant pas un instant que cela allait nous amener jusque-là.

De penser à ça me fait bander, l’envie du matin est trop forte pour que je songe une seconde à y résister, aussi c’est tout naturellement que je repousse la couette vers Damien pour me retrouver à l’aise et que je commence à me caresser lentement d’abord pour faire monter la pression, puis de plus en plus rapidement au fur et à mesure que l’excitation ainsi que l’envie d’en finir me prend.

La couette tombe hors du lit, le corps de Damien est lui aussi pris subitement de soubresauts qui me font comprendre que ma petite branlette matinale a fait des émules, aussi je tourne ma tête vers lui en ouvrant les yeux pour constater que je ne me trompais pas et que lui aussi s’active sur son sexe bien dur.

Il ouvre les yeux à son tour et me sourit en continuant de plus bel, jusqu’à ce que comme la fois avec Aurélien, il se tourne vers moi pour m’asperger le pubis de son jus chaud qui déclenche aussi sec mon orgasme en m’inondant cette fois la poitrine sous son regard rieur et satisfait de notre complicité.

C’était à peu près certain que nos manipulations frénétiques feraient suffisamment de bruit pour réveiller l’autre habitant de la chambre qui nous regarde surpris de cet échange de bons procédés.

- On ne s’emmerde pas on dirait !! Vous auriez pu me réveiller quand même !! Bande de cochons !!

Il vire rapidement sa couette pour nous montrer son érection qui au contraire de nous, n’a pas encore reçu l’aide nécessaire pour qu’elle se calme.

- J’ai l’air de quoi maintenant ?

- (Damien) D’un autre cochon qui va se branler devant nous pardi !!

Guillaume sourit en se redressant sur les coudes et en observant son sexe tendu.

- Il y en a un qui se dévoue ?

Damien me regarde avec une évidente surprise.

- C’est l’hétéro qui vient de parler tu crois ?

- On dirait bien ! Hi ! Hi !

- Chiche on le prend au mot ?

2eme année Pâques : (02/127) (Reims) (Chez les Viala) (suite)

Guillaume nous voit alors nous lever, son visage marque alors l’incrédulité la plus pure.

- Hé !! Je disais ça pour déconner !!

Un peu tard car nous sommes déjà sur lui, Damien à lui prendre les deux mains pendant que je m’allonge sur son frère en riant et surtout en étalant bien sur sa peau le sperme dont j’étais recouvert, recevant en retour des petits grognements offusqués de mon copain.

- Mais t’es dégueulasse !! J’en ai partout maintenant !! Bande de PD !!

- (Damien) C’est nous qu’il traite de PD ?

- On dirait bien que oui !!

- (Damien) On lui montre c’est qui le PD ?

- Chiche ! Hi ! Hi !

- (Guillaume) Hé !! C’est quoi l’embrouille ?

- (Damien) Vas-y « Flo » !! Je le tiens !!

Je regarde Guillaume pour m’assurer qu’il prend bien ça à la plaisanterie, ses joues enflammées et son regard faussement outragé me conforte que c’est bien le cas, aussi je m’assois sur ses genoux pour bien le bloquer à mon tour.

- Combien tu paries que tu ne tiens pas une minute ?

- (Guillaume) Dans tes rêves le rouquemoutte ! Hi ! Hi ! Ce n’est certainement pas un mec qui va me faire cracher sois en sûr !!

Damien vient s’asseoir sur le haut de sa poitrine pour lui bloquer les bras avec ses genoux, il ne se rend même pas compte qu’en faisant ça, il met quasiment son sexe devant les lèvres de son frère.

- Vas-y « Flo » !! Je tiens le pari !!

Malgré tout, force est de constaté que le gaillard ne débande pas un instant et qu’au contraire il est même de plus en plus raide, sa queue faisant de légers battements d’avant en arrière sous l’excitation qui le tient en haleine.

Ça me fait tout drôle de lui attraper la hampe, c’est la première fois que j’ai un geste aussi intime avec lui, alors que jusque-là nous nous contentions de nous masturber l’un près de l’autre et que les seuls contacts que j’avais jusqu’à présent étaient ceux d’avec sa cuisse contre la mienne.

- (Guillaume) Déjà dix secondes blaireaux !!

- Il m’en reste bien assez pour que tu arroses le cul de ton frère mon gars !!

Mon pouce vient recouvrir son gland en le frottant doucement, l’effet doit être suffisamment plaisant car il s’arrête aussitôt de gesticuler pour pousser un petit cri de gorge.

- Arrh !! Putainnnn !!!!

- (Damien) Il a l’air d’aimer ça en plus !! Et c’est nous qu’il traite de cochons ? J’y crois pas !!

Je presse de plus en plus fort en tournant légèrement pendant que mon autre main part à l’aventure et lui attrape les burnes qui remontent vite fait, preuve s’il en faut que mes caresses ne le laissent pas indifférent.

Je laisse mon pouce frotter doucement sur son gland décalotté pendant que le reste de ma main le masturbe avec de plus en plus de force et il ne me faut pas longtemps avant de comprendre qu’il arrive au point de non-retour, la couleur du gland devient cramoisie quand le premier jet s’échappe, vite suivi de plusieurs autres tout aussi puissant qui viennent atteindre les fesses de Damien visiblement étonné de la jouissance aussi rapide de son frère.

Il se penche en avant pour s’en assurer et regarde par-dessous son aisselle, ce geste amène son sexe à se poser sur la bouche de Guillaume qui crachote alors en tournant la tête.

- Pouah !! Vire ta queue de là si tu ne veux pas que je te la morde frangin !!

Damien ne se le fait pas dire deux fois et se lève d’un bond en mettant sa main à son cul pour constater qu’il y a bien reçu les giclées de Guillaume.

- Beurk !! C’est dégueu !!! Bon !! Je file sous la douche !!

Nous restons tous les deux Guillaume à nous regarder bizarrement, moi avec gêne maintenant que l’amusement est passé et lui avec une certaine honte mêlée encore du plaisir qu’il y a pris.

- (Guillaume) Je n’aurais jamais cru que ça me ferait un effet pareil !! Parole !!

- Tu ne m’en veux pas ?

- Bien sûr que non !! Je n’avais qu’à pas commencer !! Quand Léa va savoir ça, je n’ai pas fini de me faire charrier crois-moi ! Hi ! Hi ! Il n’y a pas à dire, tu es doué !! J’ai pris mon pied comme jamais !!

- Hé !! Tu ne vas pas virer homo ?

- Pas de risques t’inquiète !! Juste que je ne mourrai pas sans savoir ce que ça fait ! Hi ! Hi !

2eme année Pâques : (03/127) (Reims) (Chez les Viala) (suite)

« Dans la chambre de Damien »

Les exclamations, les rires et le claquement de la porte de la chambre voisine quand Damien file à la douche, réveillent Antonin qui s’ébroue, toujours autant surpris de se retrouver dans un vrai lit.

La semaine qui vient de s’écouler a été pour lui comme un conte de fée, la découverte d’une quantité invraisemblable pour lui d’amis de Florian lui tourne encore la tête et il doit bien s’avouer qu’il n’en a pas retenu la moitié des noms, mise à part bien sûr la fratrie Viala avec qui il a tout de suite sympathisé.

L’accueil qu’ils lui ont fait n’a d’égal que la gentillesse de Florian depuis toute cette semaine auquel il se remémore en souriant les points essentiels pour sa nouvelle vie.

***/***

« Lundi »

Témoignage au bureau de la DST et demande de papiers d’identité, avec toutes les autorisations nécessaires pour qu’il puisse vivre sans soucis en France le temps qu’il le voudra.

« Mardi »

Rencontre avec la famille Viala ainsi qu’avec tous les amis de Florian vivant à Reims.

« Mercredi, jeudi et vendredi »

Explications de son futur travail et installation dans un bureau provisoire au secrétariat du CHU, où toutes les communications pour le docteur De Bierne transiteront à partir de la semaine suivante.

Antonin est resté avec la secrétaire d’André qui a passé les trois jours pour lui expliquer son tout nouveau travail ou du moins la partie médicale et administrative pendant les jours de présences de Florian à l’hôpital.

« Samedi »

Laboratoires Bohringer où comme pour le CHU, Antonin s’est vu attribuer un bureau près de celui que Florian s’est vu également mettre à disposition après une présentation au personnel qui marque encore Antonin par cet étrange atmosphère de respect et d’adulation qu’il a ressenti sans trop en comprendre la raison tout au long de cette journée.

***/***

Ça ce n’était que durant les heures de travail, car les soirées ont été toutes aussi remplies et Antonin s’est émerveillé de cette ambiance familiale si particulière chez les Viala où tous ont le même droit à s’exprimer et ne s’en privent pas, traitant de tous les sujets sans tabou ni faux semblant avec une sincérité désarmante pour qui comme lui y assiste pour la première fois.

Le vendredi soir est celui qu’il a le plus apprécié, y découvrant encore de nouveaux amis mais surtout s’émerveillant de cette musique tout autant que de la voix d’Anthony, le garçon aveugle qui a réussi l’exploit de lui amener les larmes aux yeux pendant toute la durée du concert.

Un petit ricanement amusé quand Antonin visualise mentalement Florian à la guitare, décidemment son ami le surprendra toujours autant et cette soirée restera longtemps dans sa pensée.

***/***

Antonin décide de se lever pour satisfaire un besoin pressant qu’il retenait depuis un moment, voulant profiter le plus possible du confort douillet de ce lit ainsi que de cette chambre qui lui a été si gentiment mise à sa disposition.

Il tombe nez à nez avec Damien qui sort nu de sous la douche.

- (Antonin) Excuse-moi !! Je croyais qu’il n’y avait plus personne et la porte n’était pas fermée.

- (Damien) Tu sais ici nous ne sommes pas vraiment pudiques et ça t’arrivera encore, alors tu ferais mieux de t’y faire.

La vue de Damien nu lui parlant comme si de rien n’était, trouble plus que de raison Antonin qui se dit que ça aurait aussi bien pu être Florian et qu’il se serait encore une fois débrouillé pour ne rien laisser paraître alors qu’il ne souhaite qu’une chose, retrouver la même intimité avec lui que lors de leur première rencontre sous la douche où des choses ont été dites ce jour-là qu’il ressasse en boucle depuis.

- (Damien) Ça va ?

2eme année Pâques : (04/127) (Reims) (Chez les Viala) (suite)

- Hein !! Heu… !! Oui, pourquoi ?

- Je n’en sais rien en fait !! Je te trouve bizarre à me regarder sans me voir, perdu comme tu sembles l’être dans tes pensées. Si quelque chose ne va pas, tu peux nous en parler tu sais ?

- Non !! Tout va bien, merci !! Juste que je n’en reviens toujours pas de tout ce qu’il m’arrive.

- Et c’est de me reluquer la queue qui te fait penser à ton ancienne condition ?

- Bien sûr que non !! Ça n’a rien à voir !!

- Peut-être que tu en voyais une autre et que tu n’oses pas franchir le pas ? C’est si difficile pour toi de t’avouer que quelqu’un te plait suffisamment pour avoir envie de le serrer dans tes bras ?

Antonin baisse les yeux en rougissant violemment, il ne pensait pas être aussi lisible pour les autres.

- Tu ne comprendrais pas de toute façon !

- Est-ce que tu me considères comme un ami ?

Antonin relève les yeux pour fixer Damien avec franchise.

- Bien sûr… pourquoi cette question ?

- Parce qu’à un ami on peut tout dire.

- Mais !! Il n’y a rien à dire Damien, tout simplement !

- A d’autres !! Et puis arrête de te tortiller comme ça, va pisser si tu as envie !!

Damien voit la gêne sur le visage d’Antonin.

- Je vais me raser si ça ne te dérange pas, comme ça je te tournerai le dos et tu pourras le faire tranquillement.

Il joint l’acte à la parole et ne fait plus cas d’Antonin qui après une longue hésitation, soupire un grand coup mais ne résiste plus à l’envie qui lui monte à la gorge.

Il descend le devant de son pantalon de pyjama une fois devant la lunette des toilettes et commence à se soulager en jetant néanmoins un regard inquiet vers son ami de peur qu’il se retourne.

Damien n’en a bien sûr pas la moindre intention et commence comme il le lui a dit à se raser le visage, seulement aucun des deux n’a pensé qu’une autre personne pourrait avoir la même envie et comme la porte n’est toujours pas fermée à clé, ce qui devait arriver arriva, celle-ci s’ouvrant une nouvelle fois pour laisser apparaitre un petit rouquin qui d’abord étonner de les voir à deux dans la salle de bain alors qu’il croyait n’y voir que Damien, ôte ensuite son slip sans aucune pudeur pour filer sous la douche se nettoyer des affres de leur réveil mouvementé.

Antonin se fait tout petit en essayant vaille que vaille de terminer ce qu’il était en train de faire malgré la honte qui le reprend une nouvelle fois à être découvert dans un moment pour lui aussi intime.

Malgré tout, il ne peut s’empêcher de tourner la tête vers le petit rouquin qui s’ébroue sous l’eau chaude visiblement ravi de s’y trouver et bien sûr ce qui devait ne surtout pas arriver ne manqua pas de le faire, Antonin sentant son sexe gonflé dans sa main pour bientôt se dresser fièrement à sa plus grande honte mais surtout sous l’œil amusé de Damien qui a pu observer tout ça depuis le miroir du lavabo.

Il passe son visage sous l’eau pour l’essuyer ensuite avec une serviette et s’apprête à les laisser seul, non sans lui glisser quelques mots au creux de l’oreille pour qu’Antonin seul l’entende.

- Elle se pose beaucoup moins de questions que toi ! Hi ! Hi ! Jette toi à l’eau mon pote, ou plutôt va le rejoindre sous la douche ce qui reviendra au même ! Hi ! Hi !

Damien va pour sortir, il se reprend en rajoutant d’un air grivois.

- N’oublie pas de refermer derrière moi cette fois ! Hi ! Hi ! Manquerait plus que ce soit un des parents qui se pointe !!

Antonin remet tant bien que mal son sexe dans son pantalon qui du fait montre un joli chapiteau qui est encore plus explicite sur son état d’excitation avancée, il plaque une main dessus pour camoufler du mieux possible son érection et s’apprête à suivre le conseil éclairé de Damien, sauf qu’il reste hésitant en se tournant une fois de plus vers Florian qui lui tourne toujours le dos en lui dévoilant ainsi ses petites fesses d’un blanc laiteux des plus attirantes et après un long soupire de regret, Antonin préfère sortir à son tour, n’osant pas aller le rejoindre malgré les fortes pulsions qui l’y pousse.

2eme année Pâques : (05/127) (Reims) (Chez les Viala) (fin)

***/***

Quand j’entends la porte se refermer, je me retourne pour vérifier que je suis bien seul et dévoile à mon tour l’érection qui m’a pris en suivant d’une oreille attentive la petite conversation entre mes deux amis, un sourire me vient aux lèvres quand Thomas qui a également tout suivi me susurre dans la tête.

- Tu as eu raison de ne pas le brusquer.

- Ce n’était pas dans mes intentions, tu le sais bien ! J’ai bien cru pourtant qu’il suivrait les conseils de Damien.

- Il en meurt d’envie mais Il a juste peur des conséquences.

- Mets-toi à sa place aussi !!

- (Thomas) Il finira par comprendre que nous ne sommes pas comme ça et il viendra de lui-même le moment venu, quand il se sentira prêt et en confiance.

Je me caresse le sexe doucement en rêvassant.

- Il est trop craquant, je l’apprécie de plus en plus tu sais ?

- Sois juste patient avec lui « Flo ».

- Mouaih !! Enfin !! Nous verrons bien où tout ça va nous mener, tu fais quoi aujourd’hui ?

- Je vais rejoindre des amis que je me suis fait ici, nous avons prévu de passer la journée tous ensemble et ce sera certainement un restau/ciné, après ça je dois revoir mes cours pour quand je reprendrai le bahut.

- Et pour « Math » ?

- Ça va !!

- Vous ne vous faites pas la gueule quand même ?

- Bien sûr que non !! J’ai juste été surpris quand il m’a téléphoné pour m’avouer les paroles qu’il a eu contre moi, il s’est excusé et je sais que cette fois il a été sincère.

- J’étais déjà au courant qu’il était jaloux de toi, mais je n’aurais jamais pensé que ça irait aussi loin !

- Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?

- Je ne voulais pas t’inquiéter avec ça c’est tout, en plus je croyais vraiment qu’il avait compris. Attends !! Je te repasse la scène !!

J’ouvre mes souvenirs au moment où j’étais menotté dans la roulotte et je fais défiler le moment entre son départ pour trouver les clés et son retour un peu plus tard.

Thomas ne dit rien pendant que je lui visualise toute notre conversation entre Mathis et moi, avec en arrière-plan les idées saugrenues de Damien.

- (Thomas) Pourquoi tu ne m’as jamais rien dit des sentiments que tu éprouves pour « Math » ?

- Parce que de toute façon ça n’aurait servi à rien puisque vous deux c’est impossible.

- Mais…

- C’est toi que j’aime « Thom » !! Crois-moi, c’est un bien petit sacrifice par rapport à ce que j’éprouve pour toi, alors n’en parlons plus tu veux bien ? Ça ne sert à rien de ce faire mal sans raison.

- Mais c’est à toi et à Mathis que tu fais mal !! Je peux comprendre tu sais ? Il avait l’air tellement malheureux quand il m’a parlé, je l’aime Florian !! Bien sûr pas de cette façon-là mais je l’aime vraiment et j’ai eu de la peine pour « Math » quand j’ai compris qu’il n’y pouvait rien et que c’était plus fort que lui.

- Nous pourrions peut-être lui faire un beau cadeau d’anniversaire et faire en sorte qu’ensuite lui et moi n’y pensions plus que comme un beau souvenir.

- Il faudrait que je ferme la « porte » alors ?

- Tu pourrais juste la pousser pour ne voir que ce que tu veux ?

- Tu l’aimes donc aussi ?

- Il te ressemble trop !

- …Je… comprends… mais il faudra que Damien soit d’accord lui aussi, c’est la seule condition que j’y mets !!

- Nous ferons ça tous les quatre ou pas du tout !!

- De quoi ????

- En couples je veux dire, toi et moi, Damien et Mathis, tous ensemble et peut être qu’il se passera quelque chose entre moi et « Math » si je te sens avec moi.

- C’est peut-être le mieux en effet, après tout, les frangins se branlent bien ensemble !!

Pourquoi ne ferais-je pas un effort pour Mathis !!

- Je vois que tu as compris où je voulais en venir, maintenant rien n’est fait et nous verrons bien si l’occasion se présente un jour, ce n’est pas moi qui forcerai les choses et de toute façon « Dami » a son mot à dire lui aussi.

Je soupire en sortant de la douche, cette histoire ne doit en aucune façon m’obnubiler plus qu’avant où j’avais réussi à mettre mes sentiments pour Mathis dans un coin de ma mémoire, les faire ressortir n’est pas la meilleure chose à faire même si je suis parfaitement conscient que ma sexualité n’est pas dans la norme actuelle et malgré qu’elle me convienne parfaitement, je ne souhaite pas l’imposer à qui que ce soit qui pourrait y trouver ombrage.

2eme année Pâques : (06/127) (Afrique)

« Dispensaire »

Les machines imposantes pour ne pas dire énormes, arrivent de plus en plus nombreuses depuis quelques jours et des bungalows ont été installés en premier sur une vaste zone débroussaillée à cet effet.

La base vie qui va recevoir les centaines d’ouvriers a pris très rapidement de l’ampleur, au point de devenir un vrai camping.

Les énormes engins au sigle de la DBIFC arrachent les vieux arbres après que ceux plus jeunes aux racines moins profondes aient été replantés dans la longue trouée laissée encore visible comme une profonde cicatrice malgré un reboisement intensif.

Le père Antoine regarde tout ce grouillement d’ouvriers depuis le dispensaire qui deviendra à terme et après rénovation un centre vétérinaire réserver à Raphaël, l’ami de Florian que le brave ecclésiastique a appris à apprécier lors de son dernier passage à Aix en Provence.

Les travaux prévus pour trois ans permettrons en fait d’ouvrir une partie du nouveau centre hospitalier bien plus tôt grâce aux plans fournis par Florian et qui ont beaucoup surpris les ingénieurs du projet, avant qu’ils n’y trouvent décidément rien à redire et en fasse en quelque sorte leur bible de construction.

Moins d’un an sera nécessaire pour qu’une des ailes du bâtiment soit mise en exploitation et le brave homme s’en réjouit à l’avance, ayant eu l’occasion d’admirer la maquette qui en a été fait avec les grandes salles blanches réservées aux opérations ainsi que la partie accueil comprenant une salle de jeux pour les enfants en attente de soins.

La logistique importante liée à tout ce monde ouvrier arrivant des quatre coins de la planète et qu’il faut loger, blanchir et nourrir, impressionne au plus haut point le père Antoine qui n’a jamais vu de sa vie autant de frets entreposés en un même endroit.

Bien sûr tout ceci est sous bonne garde policière, le pays n’étant pas et de loin réputé pour son altruisme ni par son honnêteté légendaire, il a donc accueilli avec plaisir des personnels spécialement venu de France à cet effet.

Qu’il y ait des amis de Florian dans l’encadrement policier démontre bien l’intérêt commun pour que tout se passe le mieux du monde, en se doutant bien également que le gouvernement prend lui aussi toutes les dispositions possibles pour la sécurité de celui qui compte à un point dont le père Antoine ne se rend sans doute pas compte mais que les sommes folles misent en jeu lui font chaque jour comprendre un peu mieux.

Un frottement de pattes et de pas sur le carrelage fait sourire le père Antoine qui n’est pas étonné en se retournant de voir venir vers lui le trio d’inséparable que forment « Kinou », Taha et Naomée qui lui est apparue la semaine précédente sous sa forme féminine qui l’a laissé dans un état d’ahurissement total.

Il en a maintenant pris son parti, conscient que pour les deux amoureux c’était sans doute le meilleur qui pouvait leur arriver et l’effet de surprise s’étant estompé, il est redevenu comme avant sans plus faire allusion à l’ancienne condition de Naomée qui d’ailleurs s’avère être devenue une jeune fille splendide même pour les canons de beauté Européens.

- Vous voilà enfin mes enfants !!

- (Taha) Nous avons dû aller rechercher « Kinou » au milieu des ouvriers mon père.

- (Naomée) Il est devenu très populaire depuis qu’ils ont appris à ne plus en avoir peur vous savez mon père !

Le père Antoine caresse l’énorme tête de la panthère qui ronronne de satisfaction, il observe aussi le jeune couple en revenant à des pensées beaucoup plus terre à terre les concernant.

- Je vous avais pourtant demandé de mettre des vêtements quand vous venez nous voir, les hommes qui travaillent ici n’ont pas l’habitude de rencontrer des gens quasiment nus et surtout de beaux jeunes gens comme vous l’êtes et je ne voudrais pas que cela finisse par créer des désordres.

- (Taha) Les femmes du village nous en ont promis pour dans quelques jours mon père et nous évitons de trop nous montrer devant les ouvriers.

- Pour l’instant je ne pense pas que le danger soit bien grand, mais dans quelques mois les choses ne seront plus pareilles et l’éloignement d’avec leurs familles commencera à se faire ressentir, vous comprenez bien j’espère à quoi vous risqueriez de vous exposez tous les deux.

- (Naomée) Et nous n’y tenons pas du tout père Antoine.

- Alors vous m’en voyez rassurer !! Je ne pensais pas vous voir aujourd’hui les enfants ?

Où en est donc la construction de votre nouveau foyer ?

- (Taha) Ça avance bien mon père, toute la tribu nous aide beaucoup et nous pensons que nous pourrons y vivre d’ici quelques jours, la transformation de « Nao » a été pris par tous comme un don des dieux et du coup ils nous renvoient ici pour vous aider en s’occupant de notre futur foyer eux-mêmes.

- C’est très bien mes enfants, puisque c’est ainsi, allez donc aider la mère supérieure à préparer le repas.

- (Taha) J’ai appris mon père que de nouvelles sœurs allaient bientôt rejoindre votre communauté ?

- Monseigneur l’archevêque m’en a informé et je vous avoue en avoir été fortement surpris.

- (Taha) Il ne pouvait pas vraiment faire autrement je pense !! L’église aurait été alors la seule institution à ne pas tenter de mettre son nez dans les affaires de Florian ! Hi ! Hi !

- Allons mon enfant !! Il faut mieux y voir là la reconnaissance de l’évêché aux efforts que nous faisons ici depuis toutes ses longues années.

- (Taha) Votre église a une reconnaissance qui tombe bien à point il me semble !! Depuis le temps que vous lui demandez de l’aide, n’est-il pas vrai père Antoine ?

- Je préfère penser qu’elle a enfin pris l’importance que revêt cet endroit et qu’il était temps pour nos braves sœurs de prendre une retraite bien méritée, malgré qu’aux dernières nouvelles aucune d’elles n’avait l’intention de partir.

- (Taha) Tiens donc !! Pourquoi n’en suis-je donc pas étonné ?

2eme année Pâques : (07/127) (Paris)

« Clinique privée »

La chambre est silencieuse, son seul occupant dort profondément et son visage ainsi que ses mains recouvertes de bandelettes, laissent à penser à un important traumatisme auquel aurait été sujet l’homme endormi.

***/***

« Une journée plus tôt »

Sacha sort de son rendez-vous où une importante somme d’argent lui a été remise par un collègue du FSB complètement inconnu pour lui.

Plusieurs contacts lui ont été donné pour qu’il se refasse une identité et c’est d’un pas décidé qu’il traverse la capitale vers cette clinique où il doit rentrer sans tarder pour un acte de chirurgie esthétique qui devrait modifier pour un temps son visage et ses empreintes digitales.

Ne restera plus ensuite qu’à retrouver un autre contact pour la photo qui finalisera sa nouvelle identité provisoire, Sacha a été très clair pour ce qui est de son visage et ce n’est qu’en ayant la certitude que les produits qui lui seront injectés lors de l’opération disparaitront rapidement, qu’il a accepté cette modification de ses traits pour pouvoir poursuivre plus sereinement sa mission.

Mission qui semble des plus délicates au vu des recommandations qu’il a reçu de sa hiérarchie ainsi que de toute cette intendance mise à sa disposition pour qu’il obtienne des résultats rapides.

***/***

« Retour au présent, appartement d’Eddy »

Eddy tourne depuis très tôt ce matin comme un lion en cage dans son appartement, après une nuit agitée où il tendait l’oreille à chaque bruit extérieur en priant pour que ce soit Sacha qui rentre.

Pourtant rien ne laissait présager qu’il découcherait, bien au contraire puisqu’ils venaient encore une fois de faire l’amour comme des fous et Sacha n’était redescendu que pour se réapprovisionner en cigarette au tabac du coin.

Eddy est en pleine confusion, d’un côté la disparition de celui qui pendant toute la semaine a été un amant comme jamais il n’en avait connu auparavant lui laisse comme une brûlure à l’estomac et de l’autre, confus de l’avoir perdu alors que sa capture était programmée dans les jours à venir.

Il a été tenté plusieurs fois de tout lui avouer car le lien affectif de plus en plus fort qu’il ressentait pour Sacha, lui donnait des scrupules à le trahir après s’être donné à lui avec autant de plaisirs.

Ce n’est qu’après mûres réflexions et serrements de cœurs, mais surtout d’avoir eu confirmation qu’il était bien le criminel notoire qu’il recherchait depuis plusieurs semaines, que sa décision a été prise de laisser les choses poursuivre leurs cours.

Eddy en est là dans ses pensées quand sa porte vole en éclats alors que des hommes armés, casqués et vêtus de gilets pare-balles, se ruent dans son appartement pour le coucher rudement au sol en hurlant à ses oreilles.

- Où est-il ??? Réponds !! Vous autres fouillez l’appartement et trouver le !!

Il ne leur faut pas bien longtemps pour constater qu’il n’y a personne d’autre et celui qui le maintien au sol reprend ses questions.

- Nous savons qui vous êtes et également qui est la personne qui loge avec vous !! Où est-il ??

Eddy a eu le temps pendant cette petite minute de répits pour se reprendre.

- Lâchez moi !! Nous travaillons dans le même camp !!

Des pas lourds se font entendre près de lui alors qu’il a toujours la tête appuyée sur le parquet du salon et s’arrêtent à quelques centimètres de son visage, une voix plus posée s’adresse à lui.

- Dans le même camp… vraiment ? Alors pourquoi n’avons-nous pas été avertis par vos services que vous aviez retrouvé ce criminel ?

- Nous voulions le faire juger chez nous !!

- Où est-il ?

- Je n’en sais rien !! Il a disparu depuis hier soir !!

2eme année Pâques : (08/127) (Paris) (suite)

Le policier libère sa pression sur Eddy qui peut maintenant se redresser et voir à qui il a à faire, l’homme légèrement grisonnant à la forte stature qui le fixe toujours sans aménité lui amène un frisson d’appréhension car il reconnait là l’assurance de ceux habitués à tuer.

- Je vous assure que je vous dis la vérité, nous devions nous emparer de lui d’ici un jour ou deux pour qu’il soit jugé chez nous de tous ses crimes sur nos compatriotes !!

Victor recule de plusieurs pas en fixant toujours l’agent américain dans les yeux, ses paroles raisonnent comme la vérité et ne serait-ce le pourquoi du comment de la présence volontaire de Sacha chez cet Eddy qu’il n’arrive pas à comprendre, il serait prêt à croire à cette histoire.

- Vous allez devoir nous suivre, beaucoup de choses demandent des explications et je ne saurais que vous conseiller d’y répondre sans ne rien omettre, dans le cas contraire vous le regretteriez soyez en certain.

- Des menaces ? Nos pays sont alliés je vous rappelle !!

- Tiens donc !! C’est bizarre mais ce n’était pas ce que j’avais cru comprendre quant à la résolution de cette affaire ? Les enjeux vous dépassent et je ne saurais encore une fois vous conseillez d’être des plus coopératifs avec nos services.

- Sinon ?

- Sacha Voltok aurait encore un cadavre sur les mains que nous aurions retrouvé dans un appartement où il a passé quelques jours et nous serions désolés d’en avertir vos services une fois votre identité découverte.

- Vous ne feriez pas une chose pareille ??

- Il ne tient qu’à vous de m’en dissuader.

- Vous n’oseriez jamais faire ça !!

Victor fait signe à un de ses hommes d’approcher en lui tendant la main vers son arme muni d’un silencieux.

- Faites appeler une ambulance, dites que nous avons trouvé un homme blessé par balle dans l’appartement et qu’ils se pressent d’arriver !!

- Bien monsieur !!

Eddy voit l’homme pointer sur lui le pistolet en le fixant froidement sans aucune lueur d’humanité dans le regard, un long frisson de peur primale lui couvre l’échine et la sueur perle soudainement sur son front ainsi qu’à ses tempes quand il comprend ses intentions.

- (Victor) Comprenez qu’il n’y a rien de personnel mais que les enjeux sont trop importants pour perdre notre temps en palabres, votre rapprochement d’avec ce criminel vous rend coupable tout comme lui des actions qu’il mènera à partir d’aujourd’hui.

Un bruit feutré comme un souffle résonne dans la pièce, une auréole de sang commence à se répandre sur le haut de la manche d’Eddy en même temps qu’il ressent l’atroce brûlure de la balle qui lui traverse le muscle et lui fait perdre connaissance.

Un des hommes restés dans la pièce s’approche de Victor.

- Vous étiez obligé d’en arriver à cette extrémité monsieur ?

- C’était pour son bien croyez-le !! Il sera hors service pour un moment et il aura droit au rapatriement sanitaire vers son pays.

- Je ne comprends pas monsieur !!

- C’est parce que vous n’êtes pas au fait de tout ce qui concerne l’homme que nous recherchons, il ne laisse jamais de traces derrière lui et en agissant ainsi, j’ai sans aucun doute sauvé la vie de ce garçon tout en lui faisant suffisamment peur pour qu’il nous révèle tout ce qu’il sait.

***/***

« Quelques jours plus tard, bureaux du directeur de la DST »

Maurice laisse entrer son visiteur et referme la porte de son bureau avant de se retourner vers lui, le visage curieux d’apprendre ce qu’il sait.

- Assieds-toi Victor, qu’as-tu appris qui pourrait faire avancer nos recherches ?

- Rien du tout hélas, si ce n’est que ce Sacha a une chance de cocu !! Une journée plus tôt et nous l’aurions cueilli au lit en train de copuler avec l’amerloque !!

- Ils étaient donc amants ?

- Soi-disant pour qu’il ne se doute de rien en attendant qu’ils soient prêts à l’arrêter !!

- Drôle d’histoire quand même !! Il aurait pu facilement se brûler les ailes en jouant un jeu pareil !!

- Je pense qu’il y avait des sentiments très forts entre eux patron !!

2eme année Pâques : (09/127) (Paris) (fin)

- Vraiment ?? C’est encore plus incroyable alors qu’il connaissait son identité !! Comment va-t-il ?

- Il s’en remettra patron, rien de bien grave !!

- Tu étais obligé de lui tirer dessus ?

- Il fallait qu’il craigne pour sa vie sinon il n’aurait jamais déballé son histoire comme il l’a fait patron.

- Nous allons avoir du mal à expliquer ton geste aux autorités de son pays, tu t’en rends compte j’espère ?

- Pas forcément patron !! Il m’a révélé certaines choses qui si ses services l’apprenaient, lui porteraient certainement préjudice et je pense qu’il en est conscient, d’ailleurs nous avons eu une petite conversation dans ce sens !!

- De quoi s’agit-il ?

- De ses sentiments pour Sacha par exemple tout comme le fait qu’il s’est longtemps poser la question de le prévenir pour qu’il leur échappe, je ne pense pas que ce serait vu d’un bon œil pour la suite de sa carrière alors qu’avoir reçu une balle malheureuse lors de notre intervention lui amènera sans doute une médaille.

Maurice ne peut laisser échapper un petit sourire devant l’habileté de Victor à ce que son geste n’amène aucune réclamation.

- Je t’avouerai que j’avais une autre idée en tête mais que cette solution me va aussi bien.

- Florian ??

- Pourquoi penses-tu à lui ?

- A cause de Jonas, il nous a raconté comment l’oncle de Florian a guéri miraculeusement et après ce que j’ai vu au Japon, rien ne m’étonnera plus venant de ce garçon.

- J’avais en effet envisagé de demander à Florian de s’occuper de cet Eddy, une fois les traces de sa blessure effacées il lui aurait été difficile de porter des accusations contre toi sans passer pour un fou ou un mytho de la pire espèce. Maintenant je préfère ta solution même s’il y a un risque qu’il finisse par révéler la vérité un jour ou l’autre, Florian n’est ainsi pas impliqué et donc son nom ne risque pas encore d’attirer l’attention.

- Qu’est-ce qu’il devient au fait ?

- Aux dernières nouvelles il travaille beaucoup, le plus ahurissant dans l’histoire c’est que très peu de monde vient l’ennuyer et qu’il continue sa vie presque comme avant son voyage au Japon.

- Presque patron ?

- Il a son propre service au CHU et depuis que ça se sait, son carnet de rendez-vous explose.

- Fallait s’y attendre !! Maintenant que sa renommée s’est rependue au grand public.

- Il ne prend que les cas qui lui semblent les plus urgents, les appels viennent de très loin et certains malades sont prêts à faire des milliers de kilomètres pour que ce soit le docteur De Bierne qui s’occupe d’eux.

- Sa fortune est faite alors ?

- Elle l’était déjà sans ça et détrompe toi Victor, il ne demande pas de rétributions aux actes qu’il pratique depuis qu’il est rentré !! Juste l’hôpital qui facture ses frais de personnels et ses nuitées quand il est nécessaire que le patient reste plusieurs jours.

- Brave gosse !!

Maurice sourit en se disant que d’appeler Florian un « gosse » n’était vraiment pas le mieux pour le dépeindre, quoique des fois il se demande si son comportement ne mérite pas cette appellation.

- Revenons à nos préoccupations tu veux bien ? Il faut dénicher à tout prix notre espion russe avant qu’il ait le temps de revenir au-devant de la scène et nous créer de nouveaux problèmes, j’ai une autre mission pour toi comme tu le sais aussi j’aimerais que nous terminions au plus vite celle-ci.

- J’ai bien peur que ce ne soit pas aussi facile patron !! C’est une vraie anguille ce type !! Je me demande bien pour quelle raison il est parti aussi vite ? Ce serait étonnant qu’il se soit méfié d’Eddy, je pense plutôt qu’il a reçu de nouveaux ordres et qu’en ce moment il fasse en sorte qu’on ne le reconnaisse pas, il faut s’attendre à ce que son portrait ne soit plus d’actualité d’ici pas longtemps.

- Tu as raison !! Nous devons mettre nos meilleurs spécialistes sur le coup, qu’ils nous concoctent quelques portraits de lui modifiés. Il pourrait se laisser pousser la barbe ou la moustache, voir teinter ses cheveux ou encore se faire faire des injections de botox ou un autre produit similaire lui changeant la forme de son visage.

- Vous pensez à la chirurgie esthétique patron ?

- C’est quasiment une certitude s’il veut pouvoir circuler sur notre territoire avec une nouvelle identité !!

- Il est trop imbu de son physique pour risquer de l’enlaidir patron, c’est une chose que j’ai apprise d’Eddy qui le surprenait souvent à s’admirer dans la glace dès que l’occasion lui était donné !!

- Des injections ou des implants, un truc du genre facile à enlever après coup alors ? Ça se tient !! Je vais faire surveiller les entrées récentes dans les cliniques privées, avec un peu de chance nous retrouverons sa trace !! De toute façon, il faut bien commencer nos recherches quelque part !!

- Je m’en occupe patron !!

2eme année Pâques : (10/127) (Reims)

La vie a repris son rythme d’avant toute cette histoire de voyage au Japon, les Viala sont heureux d’avoir leur petite famille réunit et ont accepté Antonin comme ils l’avaient fait précédemment pour Florian, la vie à la maison est vite redevenue trépidante et pleine de gaité, le temps passant à toute vitesse sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Il n’est bien sûr plus question de trouver un logement à Antonin qui fait maintenant partie intégrante de la famille, le garçon les ayant tous conquis par sa douceur et sa gentillesse, oubliant petit à petit la triste vie qu’il avait connu jusque-là.

Annie ayant souvent les larmes aux yeux d’émotions aux câlins qu’il lui réclame avec de moins en moins de gêne, au fur et à mesure qu’il comprend que ceux-ci sont également un vrai plaisir pour cette femme qui au fil des jours devient pour lui comme une seconde mère.

Les soirées où tous se retrouvent étant un vrai moment de plaisir pour toute la famille, la fratrie se partageant entre leurs amis tant communs que particuliers en se réservant des moments privilégiés où ils s’enferment dans une des chambres pour discuter de tout et de rien en refaisant souvent le monde dans des fous rires particulièrement bruyants qui amènent la sérénité aux deux « parents » qui les entendent aussi heureux d’être ensemble.

C’est un samedi soir au lendemain du retour de la grange où ils s’éclatent à jouer ou écouter la musique en se retrouvant avec tous leurs amis vivant dans la région, qu’un événement arriva qui chamboula quelque peu l’ordre établi depuis plusieurs semaines.

Tout commença lors d’une discussion au hangar survenant une semaine plus tôt, pendant la soirée où Marc entouré de ses colocataires et du couple que forme Sylvain avec Sébastien, s’étonna amicalement et à haute voix pour se faire entendre d’eux malgré la musique, de la façon dont Antonin dévore continuellement du regard le jeune rouquin qui se déhanche comme un fou avec sa guitare comme à son habitude et ce à la plus grande joie de son public complètement fanatique.

- Qu’est-ce qu’il attend pour se décider ?

- (Flavien) De qui tu parles ?

- D’Antonin pardi !! Regardez-le !! Il ne quitte pas « Flo » des yeux dès qu’il se croit invisible !!

- (Carole) Il est trop timide je pense.

- (Marc) Et comme ce n’est pas Florian qui fera le premier pas, il n’est pas près de conclure le pauvre !!

- (Sylvain) Je crois plutôt qu’il meurt de trouille oui !!

- (Sébastien) N’importe quoi !! Pffttt !! Pourquoi veux-tu qu’il ait peur ?

- (Sylvain) De se faire jeter et de perdre la confiance et l’amitié de Florian, tiens donc !!

- (Carole) Il est complètement à côté de la plaque Antonin !! Florian n’attend que ça qu’il se déclare !!

- (Son jumeau) Et comment tu sais ça toi ?

- (Carole) Parce qu’il me l’a dit !!

- (Flavien) Florian ??

- (Marc) Je ne sais pas ce que vous en pensez tous, mais il serait grand temps de mettre les pieds dans le plat !! Antonin est un petit mec qui manque visiblement d’affection, je ne parle pas de l’amitié que nous avons pour lui entendez le bien mais d’un sentiment plus intime et duquel il manque désespérément, ça se lit sur son visage que ce garçon ne demande qu’à être aimer !!

(Sébastien) Je vais être jaloux si tu continues ! Hi ! Hi !

Marc tire la langue à son chéri.

- Tu sais combien je kiffe les beaux blonds pourtant ? Antonin est je dois bien l’avouer un petit mec super canon, mais ne t’inquiète pas mon grand, je te préfère toi et rien ne me fera changer d’avis.

- (Carole) J’ai peut-être une idée les mecs !!

Mickael qui jusque-là se contentait d’écouter sans participer.

- Houlà !! Depuis quand ça arrive ses choses-là ?

Carole regarde Catherine qui lui fait un clin d’œil.

- C’est à toi ce macho ?

- Hélas oui !! Pour lui les filles ne sont que des poupées pour jouer avec son kiki.

- Ah !! Je me disais aussi ! Hi ! Hi !

Mickael pique un bol devant l’adversité féminine qui semble de mieux en mieux s’entendre depuis qu’elles se connaissent.

- Si vous vous y mettez à deux ce n’est plus du jeu, aidez-moi les gars !! Montrons-nous solidaires entre mecs !!

- (Marc) Dis-nous plutôt à quoi tu penses ma belle ?

- (Carole) Damien pourrait nous aider, c’est lui qui dort avec Florian pendant qu’Antonin a pris sa chambre, pas vrai ?

- (Marc) Développe !!

- S’il demandait à Mathis de venir passer le prochain weekend par exemple ? Il serait bien obligé de reprendre sa chambre et Antonin n’aurait pas d’autres choix que de dormir avec un garçon !!

- (Marc) Cool !! Imagine si Léa et Chloé viennent aussi ?

- (Carole) Florian et Antonin n’auraient plus que la solution du canapé.

Marc regarde autour de lui et capte Damien qui discute avec Grégory et Julien, il se lève pour aller les rejoindre et discute quelques minutes avec eux, il revient ensuite s’asseoir à sa place comme si de rien n’était.

- C’est bon !! Damien s’en occupe !! Il va téléphoner à Mathis qui se chargera de prévenir les filles !!

2eme année Pâques : (11/127) (Reims) (Une semaine plus tard, samedi matin)

« Chez les Viala »

- Il va falloir envisager de revendre l’appartement pour en prendre un plus grand, il nous faudrait une chambre de plus tu t’en rends bien compte j’espère ?

- (Frédéric) Maintenant qu’Antonin fait partie de la famille, cela va de soi et Damien ne va pas pouvoir continuer comme ça à partager le même lit que Florian, même si pour l’instant ils se sont tous très bien fait à cette solution.

- (Annie) Nous pourrions en parler aux garçons pour savoir ce qu’ils en pensent ?

- Laissons passer le weekend, ils seront plus réceptifs après que deux d’entre eux auront passé une nuit dans le canapé.

- Tu as raison mon chéri !! Mais je ne sais pas pour toi, mais pour ma part j’ai eu comme l’impression que cette visite surprise de leurs amis ne soit qu’un coup monté pour rapprocher Antonin d’avec Florian.

Frédéric sourit à sa femme car lui aussi a pensé la même chose en apprenant au petit-déjeuner l’arrivée des trois Aixois.

- Explique-moi pourquoi nous sommes prêts à trouver ça normal ?

- Sans doute parce que nous avons accepté la sexualité très particulière de Florian et que nous n’y voyant rien de malsain.

- (Frédéric) Crois-tu qu’Antonin va enfin se décider pour avouer à « Flo » ce qu’il ressent pour lui ?

- Je pense que les garçons ont monté ce coup-là justement pour les rapprocher suffisamment pour qu’il le fasse, tu sais bien que ce n’est pas Florian qui fera le premier pas dans ce sens.

- C’est très bien de sa part je trouve, Antonin connait la particularité de Florian quant à ses relations avec ses amis et c’est à lui d’intégrer ou non ce petit groupe en connaissance de cause, le fait que « Flo » ne lui mette pas la pression montre bien ses sentiments envers lui et surtout qu’il ne veut pas lui laisser entendre qu’il ne serait rien d’autre qu’un…. Comment disent les jeunes au fait ??? Ah oui !! Un plan cul !!

- (Annie) Il doit déjà bien s’en douter tu sais !!

- Alors laissons faire les choses et ce qui doit arriver, arrivera !! En attendant nous devrions vraiment envisager de prendre un appartement plus grand et ce quel que soit la décision qu’ils prendront, car de toute façon le problème de la cohabitation dans les chambres se fera pour l’un ou l’autre des garçons.

- Laissons passer le weekend et nous prendrons cette décision tous ensemble !!

***/***

« Quelque part dans Reims »

- Très bien jeune homme !! Si vous êtes prêt, nous pouvons y aller !! Démarrez le véhicule et incérez-vous dans la circulation !!

- Je suis prêt monsieur !!

L’homme feuillette le dossier du jeune rouquin émanciper qui a reçu l’autorisation pour passer son permis de conduire à quelques mois de son dix-huitième anniversaire, assis à la place du conducteur.

Le jeune homme démarre sa journée d’examinateur de la plus belle des façons pour lui, c'est-à-dire sans paraitre stressé le moins du monde et avec une politesse tout comme une gentillesse de plus en plus rare.

Pendant que le jeune rouquin démarre, met son clignotant et passe la première pour s’engager dans la circulation, il lit machinalement son dossier en s’étonnant vivement d’avoir à faire à un candidat libre qui n’a pas choisi l’option auto-école ne serait-ce que pour le minimum de leçons de conduite requises par la règlementation et qu’il a passé en deux jours de temps seulement, ce qui n’est pas et de loin dans ce qu’il est habitué à rencontrer comme cas d’école.

Malgré tout, la fluidité de conduite du garçon et sa façon naturelle de tenir le volant, le laisse suffisamment perplexe pour qu’il ne prête pas attention à son patronyme qui sinon n’aurait pas manqué de l’étonner encore plus et c’est donc comme pour monsieur tout le monde qu’il juge la conduite du jeune De Bierne.

- C’est très bien jeune homme, à la prochaine intersection vous tournerez à gauche et vous entrerez dans le parking pour y effectuer une manœuvre.

- Bien monsieur !!

***/***

« Gare de Reims »

La fratrie attend avec nervosité la venue du train amenant leurs chéris, heureux de ce petit coup monté qui joindra l’utile à l’agréable.

Quelle n’est pas leur surprise quand ils ne voient pas trois mais quatre visages bien connus se diriger vers eux avec un immense sourire aux lèvres et les deux grands blonds se tenant côte à côte ne manquant pas une fois encore de faire forte impression auprès des personnes présentes en gare ce matin-là.

- (Guillaume) Si je m’attendais à celle-là !!!

2eme année Pâques : (12/127) (Reims) (Reims) (Samedi matin) (fin)

- (Damien) Thomas !!! Waouh !!! Quelle surprise !!!

- (Aurélien) En fait c’est plutôt logique qu’il soit venu !!

- (Guillaume) Tu as raison et je pense que ça sent bon pour Antonin qu’il soit là !!

Damien observe attentivement la façon dont se tiennent les deux cousins, sacs à dos en bandoulière et serrer l’un contre l’autre avec un visage épanoui, plus aucune tension ne semble régner entre eux deux et Damien pousse un ouf de soulagement de les voir redevenus comme avant.

Mathis voit bien lui aussi le soulagement de Damien et son sourire devient encore plus resplendissant, dépassant un bref instant l’intensité de celui de Thomas qui se remémore mentalement la conversation qu’ils ont eu dans le train avec son cousin et qui a ôté toute équivoque entre eux, faisant comprendre à Mathis qu’il ne s’opposerait pas à un rapprochement avec Florian sous certaines conditions et bien entendu si celui-ci en éprouvait l’envie.

C’est donc avec un plaisir manifeste qu’ils se retrouvent tous en cette matinée ensoleillée mais froide pour prendre le chemin les menant à l’appartement où ils sont encore une fois accueillis par Frédéric et Annie cette fois encore avec un plaisir si évident qu’ils en sont tous les quatre émus.

Annie serre Thomas et Mathis dans ses bras, tandis que Frédéric en fait autant avec Chloé et Léa.

- (Annie) Portez vos affaires dans les chambres les enfants !! Nous verrons plus tard comment nous nous organiserons pour cette nuit.

- (Chloé) Florian n’est pas là ?

- (Annie) C’est ce matin qu’il passe son permis, il ne devrait plus tarder maintenant.

- (Thomas) Et Antonin ?

- (Annie) Il travaille au CHU ce matin, il devait mettre à jour les rendez-vous de Florian pour la semaine prochaine.

- (Thomas) Il a l’air de prendre son nouveau travail à cœur on dirait ?

- (Annie) Il nous étonne chaque jour davantage figure toi, ce garçon méritait que quelqu’un s’occupe de lui pour lui mettre le pied à l’étrier et son « patron » est ravi de l’avoir avec lui, il dit qu’il n’a jamais été aussi tranquille depuis qu’Antonin a pris son poste de secrétaire particulier.

- (Mathis) Ça y est alors !! Florian joue les grands patrons maintenant ? Il s’est enfin décidé à se prendre en mains ?

Damien regarde ses deux frères qui comme lui se retiennent d’éclater de rire, ils n’ont pas vraiment trouvé de différence depuis le retour de leur ami du Japon et la déconnade est toujours menée avec la même constance des premiers jours, alors dire que Florian s’est enfin pris au sérieux lui semble un euphémisme des plus amusant.

***/***

« CHU, secrétariat »

Antonin termine de cacheter le courrier pour aller ensuite à la machine à timbrer sous les regards amicaux mais surtout intéressés des autres secrétaires, toutes féminines celles-ci et qui apprécient d’avoir ce magnifique petit blond comme collègue, une petite pointe de convoitises dans les yeux démontre à quel point elles sont devenues fan d’Antonin qui égaie leurs journées de bureau par sa gentillesse constante et son charme enjôleur teinté d’une pointe de timidité qui le rend si craquant pour toutes ces femmes mariées ou non qui travaillent avec lui.

Qu’il soit le secrétaire exclusif du docteur De Bierne et qu’il soit de sexe masculin, n’a étonné personne car toutes elles connaissent la sexualité de Florian et ont rencontrés au moins une fois celui qui est son petit ami, un garçon merveilleux qui revient d’ailleurs souvent dans leurs conversations quand elles sortent "quelque peu" de leur "professionnalisme" habituel pour des échanges d’idées plus égrillardes.

Antonin termine ses dernières pesées, colle ses derniers timbres et va mettre le tas d’enveloppe dans la bannette prévue à cet effet, il regarde l’horloge avec la satisfaction du travail accompli et s’apprête à dire au revoir à ses amies quand son tout nouveau téléphone portable sonne, qu’il sursaute en le cherchant nerveusement dans sa poche, pas encore habitué à utiliser cet engin high tech.

- Allô !!

- …..

Les filles voient son visage devenir rouge brique, comme à chaque fois que c’est son « patron » qui l’appelle et s’en amusent au détriment d’Antonin qui sent ses oreilles devenir brulantes.

- J’ai fini à l’instant !

- …..

- D’accord, je t’attends en bas, bisou !!

- …..

Antonin se rend compte de ses dernières paroles et des sourires amusés qu’ils ont déclenché sur les visages rieurs et il faut bien le reconnaitre gentiment moqueurs de ses collègues, il baisse la tête en attrapant son manteau et quitte le bureau comme si sa vie en dépendait, déclenchant cette fois-ci les fous rires féminins.

C’est rouge de honte qu’il arrive dans la cour du CHU et qu’il tombe nez à nez devant Florian qui le dévisage avec attention, comprenant bien que le « bisou » lui a échappé malgré que ça lui ait fait un extrême plaisir de l’entendre.

***/***

- (Antonin) Excuse-moi !!

Je lui tends ma joue avec un petit sourire en coin.

- Alors !!! Il vient ce bisou ?

2eme année Pâques : (13/127) (Paris)

« Clinique privé »

Sacha regarde avec attention son nouveau visage, la transformation le laisse un instant songeur car ce qu’il voit, est a des années lumières du beau mec qu’il était avant, aussi un rictus dégouté lui vient alors aux lèvres en comprenant que malgré tout cette transformation est nécessaire pour la poursuite de sa mission.

Un coup bref à sa porte le fait se retourner pour voir entrer les deux hommes envoyés par le Kremlin et qui vont l’aider dans sa nouvelle identité, d’ailleurs l’un d’entre eux tient un appareil photo professionnel alors que l’autre pose une valise qui une fois ouverte dévoilera un ordinateur avec son imprimante ainsi que tout le matériel nécessaire pour qu’il puisse sans tarder être muni de tous les papiers dont il aura besoin.

***/***

« Fin d’après-midi »

C’est un Sacha entièrement relooké qui sort de la clinique, accompagné de ses deux « spécialistes », ils montent directement dans un véhicule stationné non loin et font le tour du bâtiment jusqu’à un second parking où Sacha les quitte après une forte poignée de mains et monte à son tour dans un autre véhicule qui démarre à peine la portière refermée.

Sacha reste un instant sans voix en reconnaissant la « jeune femme » qui tient le volant, l’instant de stupeur passé un étrange ricanement lui vient qui fait tourner la tête de la conductrice vers lui.

- De quoi te moques-tu encore ?

- Tu es enfin arrivé à tes fins Tino !!

- Maintenant et pour la durée de la mission c’est Tina si tu veux bien !!

- (Sacha) Je dois bien reconnaitre que la transformation est plutôt convaincante !!

- Je n’en dirai pas autant pour ta part, où est donc passé le magnifique garçon qui aimait tellement se vider les couilles dans mon petit cul de salope quand nous étions à l’école ?

- - (Sacha) Mon visage redeviendra comme avant très vite, juste le temps d’accomplir ce que j’ai à faire dans ce pays.

Sacha curieux pose une main sur l’entrejambe de son ami(e).

- Tu n’as pas été jusque-là je vois ?

- J’aime être ambivalent que veux-tu ?

- Ta poitrine ?

- Fausse bien sûr !!

- Honnêtement j’aime mieux ça !! Je ne me voyais pas vivre ses prochains jours avec un transsexuel.

Tino sourit en ramenant son attention sur la route.

- J’étais au Brésil avant d’être rappelé par Igor, j’ai quelques renseignements pour toi et certains ne te feront certainement pas plaisir à entendre.

- Vas-y je t’écoute ?

- Antoine Massery est toujours vivant et qui plus est, en France actuellement.

Sacha sent comme un pincement dans son estomac.

- Je m’en doutais un peu !! Sais-tu où il est exactement ?

- Pas loin d’ici, il semblerait que la DST le garde pour te confondre en cas où ils te mettraient la main dessus.

- Où ça ??

- A Begin, c’est un hôpital militaire !!

- Bien !! Je m’occuperai de lui en temps voulu, maintenant que je sais où il est !! Quoi d’autre ?

- Maxence a disparu et nos recherches ne donnent rien !! Il n’a pas repris contact avec le centre depuis son interrogatoire.

- La DST l’a surement mis en sureté pour le faire parler !! Fait chier merde !!

- Tu crois qu’il va tout déballer ?

- Tu connais leurs méthodes non ? Elles sont étrangement semblables aux nôtres même s’ils se disent plus civilisés, connerie !! Quoi d’autre ?

- Le type qui t’hébergeait !!

- Eddy ??

- Oui Eddy !! Il a été touché par les gars de la DST quand ils ont investi l’appartement où ils croyaient te trouver.

- Merde !! C’est grave ??

- Je ne crois pas, non !! Mais il ne devait pas s’attendre à ça ! Hi ! Hi !

- S’il te plait !! C’est un ami alors respecte le, tu veux bien ?

- Houlà !! Depuis quand tu t’attaches aux gens toi ?

- Depuis qu’il y en a qui sont différents !! Quoi d’autre ?

- Vladimir a été menacé de mort s’il arrivait quelque chose à ta « cible » !!

- Je suis au courant !!

- Les instructions sont claires !! Connaitre tous les secrets de ce garçon mais ne pas toucher à un de ses cheveux, sauf avis contraire.

Sacha serre les poings de rage, il lui aurait bien fait la peau à ce gars rien que pour se venger de tout ce qui arrive à cause de lui depuis qu’il est en France.

- Je trouverai bien un moyen pour lui faire regretter d’être né !!

- Les ordres sont les ordres et tu devras t’y tenir, tu le sais aussi bien que moi !!

- Ils ne concernent pas ses parents ou ses amis pas vrais ? Les voir disparaitre un par un devrait le faire réfléchir et accepter de tout nous révéler sur lui, tu ne crois pas ?

- C’est ta mission Sacha, je ne suis là que pour l’intendance et te donner une crédibilité dans ta nouvelle identité.

- Nous sommes mariés d’après mes nouveaux papiers ?

- Exact !! Et si on te pose des questions, nous vivons ensemble depuis deux ans.

Sacha regarde Tino avec une étincelle d’intérêt dans les yeux.

- Hum !! Au moins une chose de positive dans toute cette affaire !!

- Comment ça ?

- Je vais retrouver ton petit cul de salope, toujours aussi gourmand à ce qu’il semblerait ! Hi ! Hi !

2eme année Pâques : (14/127) (Reims) (Samedi après-midi)

« Piscine olympique »

Les cris que poussent la bande de jeunes garçons et filles mélangés, amènent un regard sévère vers eux de la part des maîtres-nageurs.

C’est pourtant peine perdue tellement ils sont déchaînés, s’éclaboussant en riant très haut dans les décibels jusqu’à ce qu’ils soient vertement réprimandés et qu’ils finissent par se calmer suffisamment pour détourner l’attention des hommes chargés de veiller à la sécurité.

Ils sont tous là, ou du moins ceux vivants à proximité et ils savourent comme il se doit ce moment de détente tous ensemble, l’absence de Florian pendant ses longues semaines commençant à peser lourd pour plusieurs d’entre eux.

Antonin reste figé devant tous ses couples semblant liés par une très forte amitié, il en connaissait déjà beaucoup mais l’arrivée imprévue des Aixois ainsi que des Orléanais lui donne une vision toute autre de ce que Damien appelle « ses quelques amis »

Le plus touchant d’entre eux est pour Antonin celui que forme le petit « Ludo » avec la petite Mélanie dit « Mél », les deux enfants ne se quittant pas un instant tout en participant activement aux conversations des grands qui ne s’en offusquent pas, bien au contraire et s’amusent même à les houspiller à la moindre occasion.

Antonin est le seul « célibataire » du groupe, qui pourtant se retrouve en nombre paire à cause du trio que forment Julien, Grégory et Émilie.

Maintenant que couples ou trio soient homos hétéros ou bi, il doit bien reconnaître qu’ils sont tous sympathiques et d’une gentillesse rare envers lui.

- Tu rêvasses on dirait ?

Antonin sursaute en tournant la tête vers celui qui l’a surpris dans ses pensées.

- Hein !! Ah !! Oui !! Je regardais tous ses couples et je me disais qu’ils avaient de la chance d’être aussi amoureux.

- Il ne tient qu’à toi de te déclarer, tu le sais bien !!

Antonin pâlit brusquement, son interlocuteur plisse les yeux de surprise devant sa réaction.

- De quoi as-tu donc peur ?

Après un moment d’hésitation le petit blond fixe bravement l’armoire à glace qui fait presque deux fois sa taille et qui le regarde avec un sourire amical, c’est d’une voix hésitante et timide qu’il lui répond.

- Son cœur est déjà pris.

Flavien reste un moment lui aussi à le fixer dans les yeux, cherchant quoi lui dire pour le rassurer en concevant très bien ce qui le retient.

- Tu as raison et je comprends ce que tu ressens, mais il y a aussi une place pour toi et je pense qu’il t’en donne la preuve chaque jour depuis qu’il te connait.

- J’aimerais avoir ton assurance !! Pourquoi alors ne m’en parle-t-il pas ?

- Parce qu’il te laisse libre de tes choix et qu’il veut que ça vienne de toi !! Tu comprends Antonin !! Florian n’est pas comme nous, c’est un garçon spécial qui est capable de beaucoup de choses et en particulier de pouvoir vraiment aimer plusieurs personnes en même temps.

- Pas autant que Thomas !!

- Tu as raison, mais eux deux sont sur une autre longueur d’onde et personne n’arrivera à leur niveau d’intimité, il faut les voir comme une seule personne et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont dans un certain sens tellement ils sont en symbiose. Tu remarqueras qu’ils aiment les mêmes garçons et que ceux-ci les aiment autant tous les deux, je suis certain qu’aucun de leurs petits amis ne pourraient faire un choix si on le leur demandait.

Flavien lui laisse le temps de digérer ces paroles avant de reprendre, quand il s’aperçoit que le visage d’Antonin vient de passer du blanc au rouge carmin en quelques secondes.

- Pourrais-tu en faire un toi-même ? Réponds-moi honnêtement ?

2eme année Pâques : (15/127) (Australie)

“Centre de recherches avancées, Sydney”

Toutes les personnes en blouses blanches ont le nez collé aux hublots de la chambre de haute protection et assistent médusées à la première expérience sur l’enzyme née des fichiers informatiques offerts à l’humanité toute entière par le jeune De Bierne.

Au début rien ne semblait se passer, la molécule créée en laboratoire semblant inerte et ce n’est qu’après avoir injecté dans la chambre divers polluants, tant atmosphériques (gaz à effet de serre) qu’industriels (désherbants et autres produits reconnus nocifs pour la planète) que les choses se sont précipitées.

Tout d’abord s’est formée comme une brume opaque qui petit à petit s’est mise à grossir de manière exponentielle jusqu’à créer une boule duveteuse qui s’est mise à son tour à grossir et se séparer pour en former une deuxième qui a son tour s’est reproduite et ainsi de suite jusqu’à couvrir entièrement la pièce et s’attaquer enfin aux divers polluants comme le ferait un lymphocyte T face à une cellule infectée, sauf que là il n’y a pas combat mais absorption directe des matières nocives.

Au bout de quelques minutes, il ne reste plus qu’une fine couche grisâtre sur le sol de la chambre et n’ayant plus rien à digérer, les « boules duveteuses » (faute pour les savants de lui avoir donné un nom) se décomposent rapidement pour totalement disparaître devant leurs yeux ébahis.

Le responsable de l’expérience prend des notes d’une main fébrile avant de revenir à ses collègues qui visiblement ne se sont pas encore remis du phénomène auquel ils viennent d’assister.

- Que disent les sondes ?

- Plus aucune trace monsieur !!

- Et la molécule ?

- Disparue monsieur !! C’est comme si elle était morte après avoir fait son action !!

Incroyable !!

- Faites une analyse sur les résidus !! Je veux un rapport avant ce soir sur mon bureau !!

- Bien monsieur !!

***/***

« Fin d’après-midi »

L’homme feuillette nerveusement le rapport qui vient de lui parvenir et qui corrobore en tous points avec ceux de ses confrères qui ont tenté la même expérience aux quatre coins du monde, le résidu après analyse s’avère n’être rien d’autre que de l’humus comme on en trouve dans n’importe quelle forêt après le long travail de la nature pour se renouveler.

- Incroyable !!

Il décroche son téléphone.

- ………

- Nous passons à la phase deux des essais !!

- ……..

- Je vous rejoins au labo !!

L’homme raccroche, le visage marqué par la réussite de ce premier test et avide d’assister aux résultats du suivant, c’est au pas de charge qu’il quitte son bureau pour rejoindre le laboratoire où déjà de nombreux chercheurs s’affairent à recréer une faune et une flore dans la chambre de confinement.

Une grande variété tant animale que végétale y est disposé, fleurs, arbustes, herbes, mare d’eau croupie pour la partie végétale et grenouilles, insectes, souris pour la partie animale.

Une fois tout en place, les mêmes polluants y sont intégrés à la limite du respirable et l’expérience est de nouveau lancée avec encore une fois l’envoi de l’enzyme sortie des bacs du laboratoire de biologie appliquée.

Le même phénomène se reproduit et les petites « boules opaques » de plus en plus nombreuses, investissent une nouvelle fois la salle pour s’attaquer aux produits nocifs sans perturber le moins du monde les animaux et végétaux mis spécialement en place pour le test.

Comme pour la première expérience, celui-ci se termine par la disparition complète des « boules opaques » une fois la zone redevenue d’une pureté sans pareille.

L’homme donne une nouvelle fois ses ordres afin que soient analysés et disséqués les plantes, l’eau ainsi que les organismes vivants pour y rechercher une quelconque altération biologique due au phénomène et retourne dans son bureau pour avertir les instances supérieures des premiers résultats qui semblent plus que prometteurs.

***/***

« Mexique »

La brume permanente recouvrant la capitale, forme comme une coupole au-dessus de la ville dont certaines zones sont devenues difficilement respirables à cause principalement des fumées d’échappements et industrielles dues à la surpopulation humaine.

L’homme se glisse subrepticement en dehors d’un bâtiment de recherche gouvernemental en tenant une petite mallette, ces pas se font de plus en plus rapides pour finir par courir jusqu’à un véhicule moteur tournant qui démarre aussitôt l’homme à l’intérieur.

- Tu l’as ??

- Oui mais accélère !! Ils vont vite s’apercevoir de sa disparition !!

2eme année Pâques : (16/127) (Reims) (Samedi soir)

« Chez les Viala »

Annie est aux anges d’avoir une tablée aussi nombreuse pour un samedi soir, les discutions partent en tous sens comme à l’accoutumé et les éclats de rires fusent régulièrement, montrant ainsi la bonne humeur ambiante.

Elle observe Thomas et Mathis qui quand ils sont comme en ce moment détendu et joyeux, se ressemblent si fortement qu’il est difficile de croire qu’ils ne soient pas jumeaux.

Plus aucune ombre ne semble régner entre les deux cousins, malgré tout Annie capte bien les coups d’œil fréquents que porte Mathis sur Florian et se demande s’il arrivera un jour à ne plus penser à lui que comme un ami très cher, mais un ami et rien d'autre.

La conversation détourne son attention car la question qui est posée est l’une de celles qui lui triturait l’esprit depuis l’arrivée des Aixois.

C’est Aurélien qui la pose, semblant curieux d’entendre l’explication qui ne devrait pas manquer.

- Dis-moi Thomas ? Je te croyais en Australie ? C’est marrant de te voir avec nous ce weekend !!

- J’y étais encore hier matin figure toi, Franck m’a fait appeler dans son bureau et m’a donné un congé exceptionnel pour toute la durée des fêtes de Pâques.

- (Aurélien) Il est sympa ton patron !! C’est cool alors puisque tu vas certainement rester avec nous ses deux prochaines semaines !

- (Frédéric) Il y a une raison particulière à ces congés ?

Je vois mon Thomas commencer à rougir, aussi c’est moi qui prend la parole à sa place, connaissant sa propension à ne jamais se vanter de quoi que ce soit et cela même quand c’est comme pour ce cas précis, entièrement mérité.

- C’est comme une prime ou plutôt un remerciement de la part de l’entreprise, les commandes venant du Japon affluent sans discontinuer depuis la semaine où il est arrivé là-bas et je peux vous annoncer officiellement que nous venons de doubler notre chiffre d’affaire pour cette année alors que nous ne sommes qu’au premier trimestre comptable. Un courrier va être envoyé à chaque collaborateur de l’entreprise, expliquant la participation active à cet état de fait de leur futur patron et j’ai donné les instructions pour qu’une participation exceptionnelle soit versée en même temps que l’envoi de ce courrier, nul doute que derrière tout ça notre Thomas sera reconnu par tous.

- (Annie) En voilà de bonnes nouvelles !!

- J’en ai d’autres !! Et d’une les nouveaux médicaments seront prêts à être mis sur le marché bien plus tôt que prévu !! De deux !! Le cabinet chirurgical que j’ai ouvert au CHU marche du feu de dieu !! Et enfin !! Le chantier Africain a posé sa première pierre hier, le démarrage des travaux est donc officiel et nous pourrons inaugurer l’ouverture de la première phase d’ici la fin de l’année.

Un étrange malaise rend soudainement la pièce pesante, je comprends bien leurs ressentiments aussi je m’empresse de poursuivre.

- Je n’ai pas prévu de m’installer là-bas tant que tous les travaux ne seront pas terminés, tout au plus j’irai y passer quelques semaines de temps en temps alors ne faites pas cette tête d’enterrement !! D’ailleurs j’ai une bonne nouvelle pour vous tous, j’ai réservé le jet de l’entreprise et je vous emmène tous là-bas le weekend prochain, j’avais prévu d’y accompagner Thomas de toute façon !! Alors autant joindre l’utile à l’agréable.

- (Damien) Tu nous emmènes en Afrique !!! Waouh !! Les potes ne vont jamais me croire !!

- Vous passerez tous dans la semaine au CHU pour que je vous fasse vos vaccins, vérifiez quand même que vos passeports sont à jour.

- (Frédéric) J’irai à la sous-préfecture lundi dès l’ouverture, je connais quelqu’un qui nous fera passer en priorité et ça devrait aller !!

Antonin pâlit, sa voix remplie de la crainte d’être laissé en arrière est à peine audible quand il prend la parole.

- Je n’en ai pas moi !

Je comprends son trouble.

- T’inquiète je m’occupe de ce détail !! Comment pourrais-je aller où que ce soit et surtout à l’étranger sans mon secrétaire, maintenant je ne saurai plus rien faire sans toi « Tonin » ! Tu le sais bien !!

Damien ne peut s’empêcher de lancer sa connerie.

- Putain !! Tu vas devenir grave musclé de la main droite à force de lui tenir « Jumbo » pendant les pauses pipi !!

2eme année Pâques : (17/127) (Arabie Saoudite) (Joseph)

« Palais de son altesse l’émir Hassan Al Malouf »

Joseph est conduit directement dès son arrivée dans le bureau de l’émir, le majordome le priant de s’installer confortablement le temps qu’il prévienne son altesse de sa présence.

C’est donc avec décontraction que Joseph s’assoit dans le canapé ; Qui lui aurait dit quelques mois plus tôt, qu’il aurait ses entrées au palais et qu’il deviendrait l’ami de l’émir, bien sûr il était déjà bien considéré avant cette histoire mais juste comme une personne aux compétences reconnues pour ce pour quoi on le paie.

L’attente n’est pas très longue avant que la porte ne s’ouvre de nouveau et laisse apparaître Omar tout souriant, venant directement s’asseoir près de lui après lui avoir serré chaleureusement la main.

- Comment vas-tu Joseph ? Alors ? Cette balade au Japon, ça t’a plu ?

- C’était une vraie villégiature ! Hi ! Hi !

- Florian n’a pas été menacé cette fois ?

- Pas aux dernières nouvelles !! J’étais à la surveillance de Thomas et je n’ai pas eu beaucoup d’occasion de suivre « Flo », l’émir n’est pas là ?

- Il arrive !! Au fait !! Je pense que pour ta nouvelle mission, tu ne partiras pas seul !!

- Le petit prince n’aurait-il pas respecté mon enseignement ?

- On peut dire ça comme ça, mais Hassan t’en dira plus sur ses intentions vis-à-vis d’eux !! Attends-toi tout de même à ce qu’il te demande de leur en remettre une couche.

Joseph hoche la tête.

- Je vois !!

- Bah !! Nous étions pareils quand nous étions plus jeunes, sauf que les responsabilités n’ont pas laissé le temps à Hassan aux plaisanteries qui amusent nos tourtereaux. Mais il t’en dira certainement plus lui-même, raconte-moi plutôt ce séjour avec Florian et Thomas.

***/***

« A l’étage du palais, dans une pièce transformée en salle de sport pour le jeune Prince »

Amid admire son corps dans la grande glace installée à cet effet derrière la barre de gymnastique, il a déjà perdu une grande partie de sa masse graisseuse et les séances lui sont maintenant de moins en moins pénibles au fur et à mesure que son corps prend du muscle et de l’endurance.

Il n’en est pas encore à avoir les plaques de chocolat qu’a Christophe, mais semaine après semaine ses muscles apparaissent là où il n’y a pas si longtemps encore ils étaient recouverts d’une bonne couche de graisse.

Christophe en véritable coach ne le laisse pas tranquille tant qu’il n’a pas réalisé tous les exercices qu’il lui demande de faire et ce n’est pas sans protestation tonitruante de sa part, juste pour le plaisir de se faire pardonner ensuite sous la couette.

Ce sont justement ses esclandres qui ont amenés la décision qu’a prise son père de les éloigner un temps du palais, le personnel étant de moins en moins dupe du rapport plus que professionnel qui existe entre les deux garçons et c’est la crainte qu’un jour leur relation éclate au grand jour avec toutes les conséquences qui s'en suivraient, qui a fait prendre cette décision à Hassan pour le bien des deux amoureux.

L’idée de les envoyer avec Joseph en Afrique lui est venue suite à une conversation où

les deux jeunes se sont plaints de ne plus voir leurs amis Français et ils se sont jetés sur lui de plaisir quand il en a abordé avec eux la possibilité d’aller aider à la mise en place du centre de soins en précisant que c’était là que Florian et sa bande comptaient y passer le plus clair de leurs temps.

Pour Christophe l’idée étant qu’il reprenne son ancien emploi afin d’avoir une vie à lui qui permettra de n’être plus coller vingt-quatre heures sur vingt-quatre à son prince et à Amid de développer ses futurs fonctions en étant l’ambassadeur de l’émirat auprès des autorités locales.

Bien sûr il reste à Hassan de convaincre Joseph à bien vouloir les chaperonner, mais il ne se fait pas trop de soucis à ce sujet étant donné l’amitié que porte Joseph pour son fils et qui il n’en doute pas un instant se reportera sur Christophe qui a bien su se faire accepter de lui, grâce à une gentillesse jamais prise en défaut.

***/***

« Bureau d’Hassan »

Joseph termine tout juste de raconter ses péripéties Japonaises, quand l’émir entre à son tour dans la pièce et après un signe de la main pour qu’ils restent assis, vient les rejoindre en s’asseyant dans son fauteuil favori.

- J’ai lu ton rapport et j’ai aussi suivi les informations, notre jeune ami est maintenant reconnu internationalement et j’en suis à la fois heureux et inquiet !!

- Inquiet votre altesse ?

- Je ne devrais pas l’être ?

- Pas plus qu’avant votre altesse !! Florian est loin d’être aussi vulnérable qu’il veut bien le laisser paraître, il a quelques ennemis ou plutôt pour être exact, quelques envieux qui aimeraient se l’octroyer pour eux seuls, c’est vrai !! Mais que sont-ils par rapport à tous ses amis ? Il a laissé une forte impression sur tous les chefs d’états qui ont été présents pendant le congrès et je peux vous assurer qu’il ne serait bon pour personne d’être aujourd’hui accusé de vouloir lui nuire.

2eme année Pâques : (18/127) (Arabie Saoudite) (Hassan)

- (Hassan) Heureux de l’apprendre, quoique je m’en doutais déjà bien avant qu’il parte là-bas.

- (Joseph) Vous êtes donc rassuré sur ce point excellence, quand devrais-je partir pour ma prochaine mission ?

- (Hassan) Prends quelques vacances, tu dois avoir envie de retrouver ta famille et de passer un peu de temps avec eux.

- (Joseph) Et pour le petit prince ? Ça pourra attendre ?

Hassan jette un bref coup d’œil à Omar qui joue parfaitement les innocents, ce qui bien sur l’amuse et c’est en souriant qu’il reprend la parole.

- Je vois que quelques langues bien pendues t’ont déjà mis au courant ?

- (Joseph) Omar n’est pas entré dans les détails, juste qu’il m’a déclaré que je n’irai certainement pas seul en Afrique et j’en ai déduit le reste, ne voyant pas qui d’autre que le petit prince et son ami cela aurait pu être.

- (Hassan) Tu m’étonneras chaque jour davantage Joseph, ton esprit est particulièrement affuté.

- (Joseph) Si votre altesse voulait bien m’en dire plus sur ses intentions ?

***/***

Pendant qu’Hassan expose ses projets pour son fils et Christophe, ce dernier retrouve son chéri dans la salle de sport où Amid termine ses derniers exercices.

Christophe admire un instant le jeune prince à la peau hâlée couverte de sueur et qui lui amène l’envie irrésistible de le prendre dans ses bras, il capte le regard d’Amid qui vient de s’apercevoir de son arrivée et reconnait la même lueur dans ses yeux, brillants du plaisir de sa présence.

Sans détourner son regard du sien, Christophe referme la porte derrière lui en y mettant deux tours de clé. Ce simple geste crée une révolution immédiate dans le short du jeune prince qui se déforme sur le devant de la plus appétissante des façons.

Amid sait très bien ce que ces deux tours de clé annoncent sur les intentions de son ami, lui aussi surveille de près la remontée du bas ventre de Christophe et lui sourit en poussant un faux soupir exaspéré.

- Pffttt !! Tu n’en as donc jamais assez ?

- De quoi donc parle son altesse ? J’étais juste venu pour préparer la table de massage car je pense que son altesse en aura bien besoin après ses longues heures d’exercices et dès qu’elle aura terminé de prendre sa douche.

- Humm !! Pourquoi tu bandes alors ?

- C’est la vue de son altesse qui me fait cet effet et je crois bien que c’est réciproque, le short de son altesse ne laisse aucun doute là-dessus.

Amid baisse les yeux pour faire le constat que son chéri a vu juste, mais en est-il vraiment étonné puisque la raideur qui le tient depuis sa venue lui remontait déjà des pulsions de plaisir.

Il tire à deux mains vers le bas pour le descendre jusqu’aux chevilles et se retrouver nu sous le regard rond d’envie du beau Christophe, le corps maintenant dessiné d’Amid n’ayant de cesse de l’exciter chaque jour davantage.

- Tu m’attends ? Je n’en ai pas pour longtemps !!

Amid n’attend pas de réponse que déjà il se précipite vers la salle de douche attenante d’où Christophe entend bientôt l’eau couler, il décide alors de faire comme il l’a dit et prépare la table de massage avec une idée en tête facile à comprendre.

La douche est étrangement écourtée, Amid étant bien trop pressé du contact des mains de son ami sur son corps pour s’y attarder, il est encore tout mouillé quand il entoure ses hanches d’un drap de bain et qu’il revient en hâte dans la salle pour s’arrêter un moment à la vue du corps quasiment nu de son copain, qui n’a gardé sur lui qu’un de ses petit slips blancs et moulant qui lui vont à ravir en aiguisant encore plus l’envie du jeune prince de se jeter dans ses bras.

Il refrène ses pulsions, comprenant que c’est encore un jeu entre eux qui se prépare et qu’ils vont encore pousser loin l’excitation avant de faire l’amour, c’est donc en rongeant son frein qu’Amid va s’allonger sur la table, le corps frémissant à l’avance de ce qui l’attend.

Christophe sourit en le voyant s’allonger sur le ventre, les cuisses semi-écartées et les fesses saillantes dans une position qui lui ôte toute volonté de jeu, mais lui amène l’envie de le prendre sans plus tarder.

La bouteille d’huile de massage qu’il tient en mains, lui donne une idée qui le fait sourire de joindre l’utile à l’agréable et profitant qu’Amid lui tourne le dos, il enlève rapidement son slip et s’approche de lui tout en enduisant son sexe copieusement d’huile parfumée, il monte lestement sur la table pour s’asseoir sur les cuisses du jeune prince qui frémit à son contact mais ne bouge pas d’un poil.

Il verse quelques gouttes sur les épaules d’Amid, commence à le masser tranquillement en pointant son sexe vers sa cible et c’est en lui malaxant beaucoup plus fermement les muscles dorsaux qu’il le pénètre d’un coup alors qu’il ne s’y attendait pas.

Le râle de plaisir et de jouissance d’Amid, ainsi que les tremblements de son corps font comprendre à Christophe à quel point son geste l’a surpris au point de le faire jouir et il ne lui faut guère plus de temps, à peine quelques allers retours nerveux pour que lui aussi sente l’orgasme lui prendre les reins et le fruit de son plaisir emplir la gaine souple qu’il vient pourtant tout juste d’investir.

Il se laisse aller en s’allongeant de tout son long sur le corps encore palpitant à la respiration haletante, ils restent ainsi un long moment à reprendre leurs esprits avant que le bassin de Christophe reprenne un rythme d’abord souple et langoureux, puis de plus en plus viril qui les mènera une nouvelle fois vers un plaisir toujours plus intense.

2eme année Pâques : (19/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

« Retour chez les Viala, fin de soirée »

Les petits coups d’œil aguicheurs que se jettent chaque couple après cette longue soirée en famille et entre amis, déclenchent rapidement les envies de s’isoler dans les chambres et personne n’est dupe des bâillements qui viennent d’ici et là, de plus en plus fréquents.

- (Annie) Il va falloir qu’ils y en aient qui se dévouent pour le canapé.

- (Guillaume) Je peux laisser ma chambre aux trois garçons, c’est la seule où il y a deux lits et si ça ne dérange pas Léa, il n’y a pas de problèmes pour moi.

- (Léa) Ça me va !!

- (Annie) C’est très bien alors !! Je vous amène des draps et une couverture, vous autres prenez vos précautions pour ne pas avoir à venir les embêter dans la nuit !! Alors si quelqu’un a besoin d’eau ou de quoi que ce soit d’autre, servez-vous dans la cuisine avant d’aller dans vos chambres.

- (Damien) Pfft !! Dommage !! Je ne pourrai pas voir ses nibards alors ?

- (Guillaume) Qu’est-ce que tu en ferais de toute façon !!

- (Frédéric) Ne commencez pas vous deux, ce n’est plus l’heure !!

***/***

« Dix minutes plus tard, dans la chambre de Florian »

Thomas et Antonin sont seuls dans la chambre, Florian étant aux toilettes pour soulager une envie pressante et les deux garçons se dévisagent un peu gênés de ne se retrouver que tous les deux.

- (Thomas) Qu’est-ce que tu attends « Tonin » ?

- De savoir quel lit vous prenez !!

- (Thomas) N’importe lequel, de toute façon ce sont les deux mêmes ! Je peux te poser une question indiscrète pendant que Florian n’est pas là ?

- Bien sûr !! A quel sujet ?

- (Thomas) C’est à propos de nous !! Enfin quand je dis… nous, je pense à toi et à nous deux avec Florian, je me demande si tu vas te décider un jour, à moins que tu n’en aies pas envie ?

Thomas voit bien que son ami se bloque aussitôt, la rougeur caractéristique de ses joues le fait malgré tout sourire et il se doute bien que la première barrière à vaincre sera celle de la timidité maladive du petit blond quand à dévoiler ses sentiments et Thomas comprend bien pourquoi après tout ce qu’Antonin a vécu.

- (Thomas) Je ne veux pas te mettre la pression tu sais ? Mais je connais Florian et je sais bien qu’il attendra que la décision vienne de toi. Maintenant je n’en reviens pas moi-même de discuter de ça avec toi comme je le fais ! Hi ! Hi ! Crois-moi sur parole, ce n’est vraiment pas dans mes habitudes et j’en suis le premier étonné, c’est sûrement de vous voir vous tourner autour qui m’a décidé à t’en parler.

- Et toi dans tout ça ?

Thomas fixe Antonin dans les yeux en lui envoyant son plus beau sourire, ce qui ne manque pas d’attiser encore plus les rougeurs sur le visage du petit blond.

- J’éprouve les mêmes sentiments envers toi que Florian si c’est là ta question, je sais bien que notre façon de voir ses choses-là n’est pas et c’est peu dire dans les mœurs habituelles, surtout que tu n’avais jamais envisagé pouvoir un jour tomber amoureux d’un garçon si je ne me trompe pas ? Alors j’imagine bien ce que ça peut te faire te poser comme questions !! Un ce n’est déjà pas évident alors deux ! Hi ! Hi !

N’obtenant pas de réponses, Thomas pose la dernière question qui lui tient à cœur et son visage change du tout au tout de crainte que sa réponse le rejette une bonne fois pour toute alors que lui craque réellement et ce depuis la première minute où il l’a vu, pour ce petit gars si sensible.

- Je parle mais je m’avance peut-être un peu trop vite à mon sujet !! Tu n’aimes peut-être que « Flo » après tout ?

2eme année Pâques : (20/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Antonin voit bien le changement d’expression de Thomas et il ne contrôle pas son geste quand sa main part lui prendre la sienne pour la serrer très fort.

- Ne redis jamais une chose pareille « Thom », je… Heu !! Je… Arrh !! Pourquoi est-ce si difficile à dire !!

- (Thomas) Sans doute parce que tu as peur que ça finisse comme à chaque fois pour toi ?

- Tous les gens que j’ai aimé ne sont plus là aujourd’hui, comprends-moi aussi !!

- Ta vie a changé Antonin, tu t’en rends compte j’espère ?

- Bien sûr qu’est-ce que tu crois ? Je serais aveugle si je te disais que non !!

- Alors ose dire les choses que tu penses !! Nous sommes tous tes amis et quel que soit ta décision nous le resterons, c’est juste que nous saurons au moins à quoi nous en tenir au lieu de peut-être nous faire juste des films.

Antonin commence à apprécier la conversation et sent bien qu’il est moins oppressé que quelques minutes plus tôt.

- Quel genre de films ?

- Du genre interdit aux moins de dix-huit ans si tu veux tout savoir ! Hi ! Hi !

- Je présume que les acteurs sont tous de beaux mecs ?

- Hum !! On peut dire ça, oui !! Surtout un petit rouquin et un petit blond !!

- Pour le petit rouquin, je vois bien de qui on parle mais je voyais plutôt un grand blond sur ce coup-là moi !!

- Je m’aperçois que nous regardons les mêmes programmes, mais pas forcément les mêmes acteurs ! Hi ! Hi ! Alors comme ça toi aussi tu fantasmes sur nous ?

Thomas le voit aussitôt sa phrase prononcée, détourner les yeux et se remettre à piquer son bol.

- Décidemment !! Tu es indécrottable ma parole !!

La porte s’ouvre.

- Qui est indécrottable ? Pas moi en tous les cas, parce que je ne vous conseille pas d’aller tout de suite aux toilettes ! Hi ! Hi !

***/***

Bien sûr je fais l’innocent alors que j’ai tout suivi de leur conversation, je prends un slip propre dans la commode et je l’enfile non sans avoir au préalable manqué d’ôter la serviette de bains que j’avais autour des reins suite à la douche rapide que j’ai prise après être sorti des toilettes.

Je me retourne vers mes amis et si le visage de mon Thomas est visiblement amusé, celui d’Antonin est particulièrement expressif et ses yeux ronds fixés sur mon corps déclenchent en moi une réaction qui me presse à me glisser rapidement sous la couette pour ne pas l’effaroucher plus qu’il n’y est déjà.

- Et bien quoi !! Vous ne vous couchez pas ?

- (Thomas) Il faut que je prenne aussi une douche vite fait.

- (Antonin) J’irai après toi, en attendant je file aux toilettes et tant pis si je meurs asphyxié, mais je ne tiens plus ! Hi ! Hi !

Je me retrouve donc seul durant quelques instants, pris entre l’envie d’un gros câlin à trois et la retenue que j’ai toujours eu envers Antonin pour ne pas le brusquer, je ne voudrais surtout pas qu’il pense que faire l’amour avec nous est une contrepartie à tout ce que nous avons fait pour lui.

C’est Thomas qui rentre le premier et comme moi juste avant, il fouille dans son sac pour prendre un sous vêtement propre tout en se débarrassant de sa serviette humide et va pour me rejoindre quand je lui fais signe de prendre l’autre lit et d’éteindre la lumière.

« Conversation mentale »

- (Thomas) A quoi tu joues là ?

- C’est juste pour voir sa réaction ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Pas sûr que l’idée soit bonne.

- Bah !! Je n’en sais trop rien en fait !! Tu as sans doute raison !!

- (Thomas) Il est assez perturbé comme ça sans qu’il faille en rajouter, tu l’as dit toi-même assez souvent que le choix devait venir de lui et je ne pense pas que la plaisanterie sera à son goût.

- Il me rend dingue tu comprends ? Et puis merde !! T’as raison !! Eteints et viens me rejoindre.

Thomas vient s’allonger contre moi et me prend dans ses bras.

- Dis-moi ce qui ne va pas, je ne t’ai jamais vu comme ça avant !!

- Si seulement je le savais moi-même.

2eme année Pâques : (21/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Un petit cri attire notre attention.

- (Thomas) Il y en a qui se posent moins de questions on dirait !

- Ça venait de la chambre de « Dami ».

- (Thomas) La discrétion n’a jamais été son fort et comme « Math » ne vaut pas mieux.

« A voix haute »

- Alors que nous on va devoir se serrer la ceinture.

- De quoi tu parles ?

Nous étions tellement pris dans nos pensées que nous n’avons pas entendu Antonin rentrer dans la chambre et celui-ci s’étonne de la phrase que j’ai prononcé à voix haute, sans doute de dépit à l’idée de rester soft alors que tous mes amis vont s’en donner à cœur joie pendant une partie de la nuit.

Un nouveau petit cri nous arrive aux oreilles, suffisamment explicite pour que nous comprenions bien qu’elle en est la cause.

- De ça justement !

Antonin comprend que ses deux amis ne veulent pas se donner en spectacle devant lui et regrettent déjà de rester chaste alors qu’ils sont ensemble, tout ça parce qu’il partage leur chambre.

- Ah !! Je comprends !! Je peux vous laisser si vous voulez ? Je trouverais bien un coin pour dormir.

Thomas d’une voix excédé.

- Tu pourrais aussi nous rejoindre et arrêter de jouer avec nos nerfs !!

Un long moment de silence suit les paroles de Thomas, paroles qui m’ont surpris tout comme à l’évidence Antonin qui reste figé, debout entre les deux lits.

Une petite voix hésitante nous parvient enfin.

- C’est ce que vous voulez ?

Je me redresse sur les coudes pour mieux le voir dans la pénombre de la pièce, au début mon regard ne se porte que sur son visage pour tenter d’y lire ses expressions.

Je remarque les hésitations qu’il a à prendre sa décision, ce n’est que quand ma vue s’est complètement adaptée au peu de lumière ambiante, que j’ai un petit sursaut en m’apercevant qu’il bande comme un fou et que le bout de son sexe est sorti de la ceinture de son slip.

- Viens « Tonin », tu en meurs d’envie autant que nous.

Voyant qu’il ne répond pas et que son corps est pris de tremblements, l’envie qu’il éprouve de nous rejoindre étant bloqué par une peur panique de franchir le pas pour une raison qui lui est propre ; je me lève d’un bond pour venir à quelques centimètres de lui et d’une main douce mais ferme je l’attire contre moi en posant mes lèvres sur les siennes, le relâchement soudain de tout son corps me conforte dans l’idée qu’il n’attendait que ça que l’un d’entre nous fasse le premier pas.

Je me détache de lui en le poussant doucement vers le lit.

- Allez !! Viens te coucher et arrête de te poser des questions !! Laisse tes sentiments prendre le pas sur ton passé.

Antonin vibre au son de cette voix qui le rassure, quelque chose en lui s’ouvre enfin et le libère de ses craintes, se rendant compte enfin qu’il est avec les deux personnes qu’il aime de tout son cœur et qu’il a failli passer à côté de cet amour qu’il ressent au point d’en avoir le cœur tout retourné, tout ça à cause d’un passé qui l’avait renfermé sur lui-même pour se protéger de l’indifférence et de la misère du quotidien.

Le plus surpris du changement est sans aucun doute Thomas qui ne s’attendait pas à ce qu’Antonin s’allonge sur lui et vienne plaquer ses lèvres sur les siennes avec une avidité dévorante.

Je souris en m’allongeant à mon tour et en venant me serrer contre eux deux, mes mains explorent enfin le corps finement dessiné d’Antonin qui se cambre à mon contact en poussant des petits grognements de plaisirs.

Le temps semble figé alors que nos corps se mêlent et que nous apprenons au petit blond à découvrir de nouvelles sensations, sans nous être concerté le moins du monde nous nous contentons avec Thomas de l’agacer avec des baisers et des attouchements restant dans les limites de la bienséance.

C’est Antonin qui nous surprend en empoignant nos virilités après avoir passé ses mains à l’intérieur de nos slips, il nous caresse lentement en faisant monter la pression.

Bien sûr cette caresse manuelle ne lui suffit bientôt plus, trop pris maintenant dans ses découvertes du sexe des garçons et sa bouche vient très vite prendre le relais, alternant d’un sexe à l’autre d’abord timidement puis avec passion et la ferme intention évidente de bien faire, ce qui d’ailleurs est le cas et nous amène presque au point de non-retour.

2eme année Pâques : (22/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Nous le lui faisons comprendre en mettant nos mains sur nos glands pour qu’il cesse sur nous ses succions démentes, nous le faisons ensuite se retourner pour pouvoir à notre tour découvrir ses trésors cachés et nous le laissons reprendre ses caresses quand nous sentons que nous avons repris les commandes de nos corps, nous nous occupons à notre tour de son côté pile pour Thomas et face pour moi.

Antonin assurément n’avait encore jamais ressenti un plaisir aussi intense, il délaisse nos membres virils pour ne plus penser qu’aux remontées de plaisirs dues à nos manipulations et se cambre pour encore mieux les ressentir, sa gorge émettant bientôt des petits « Han ! Han ! » de plus en plus excitant.

Ma langue est très vite rejointe par un puis deux de mes doigts et c’est d’une petite voix plaintive qui nous chauffe encore plus les sens, qu’il nous prévient ne plus pouvoir se retenir.

- Arrh !! Je vais jouir !! C’est trop bon !! Arrh !!

Je sens le resserrement de ses muscles sur mes doigts enfoncés en lui et Thomas reçoit la primeur de notre petite collaboration à l’orgasme de notre copain qui se déverse en jets saccadés jusqu’à épuisement d’un stock vieux sans doute de plusieurs jours de réserve.

Nous le laissons reprendre ses esprits pendant que nous libérons notre libido tous les deux Thomas et le mouvement de ses genoux qui se replient sur sa poitrine dans un geste sans équivoque, me fait basculer sur lui.

Ses lèvres gonflées de désirs viennent au-devant des miennes pendant que mes reins donnent de puissants coups et que mon pubis claque en cadence sur ses fesses.

Quelque chose d’humide vient se plaquer à mon anus et m’envoie un long frisson, un râle de plaisir sort de mes lèvres qui fait monter de plusieurs crans l’intensité de notre union et je deviens complètement déchaîné quand deux mains me bloquent fermement les reins.

Une vague d’orgasme me prend alors qui déclenche une frénésie sexuelle sur mes deux compagnons, je me sens investi de plus en plus fermement et profondément alors que les reins de Thomas s’activent.

Pendant un bref instant sous l’effet de l’excitation, je ne sais plus où je suis et mon corps libère des ondes de plaisirs tellement puissantes qu’une énorme suée me recouvre le corps quand j’explose à mon tour et que Thomas pousse un grognement d’orgasme.

Une chaleur me prend le ventre qui m’amène une deuxième fois au grand frisson quand Antonin se cale au plus profond de mon ventre, mes crispations musculaires internes dues à ma première jouissance lui ayant été fatale.

Quelques minutes à reprendre notre souffle que déjà l’envie nous reprend, moins violente et plus en sentiments, mais néanmoins tout aussi passionné qui nous mène une nouvelle fois dans un plaisir et des sensations extrêmes.

Le corps d’Antonin se donne sans plus aucune restriction, appréciant nos baisers et nos caresses avec les yeux brillants du plaisir et des sentiments qu’il éprouve pour nous et que nous lui rendons au centuple par des marques d’affections permanentes.

***/***

« Quatre heures du matin »

Thomas et Antonin complètement exténués par nos turpitudes de la nuit, dorment enlacés l’un à l’autre alors que mon envie est encore présente et que mon corps réclame de nouvelles caresses, au point de m’empêcher de dormir tellement mon sexe tendu à outrance envoie de vibrations révélatrices de son besoin de jouir encore.

Ma main caresse les corps nus de mes amis qui ne réagissent pas, trop profondément endormis pour ça et c’est après avoir compris qu’il n’y a rien à faire que je décide de me lever pour tenter de calmer mes ardeurs.

C’est donc nu et bandant que je me dirige vers la salle de bain, m’assois sur la corbeille à linge et commence à me manipuler le sexe en douceur pour laisser monter la pression tout en revivant les moments intenses remplis de découvertes de la nuit.

***/***

La porte de la salle de bain s’ouvre sans que son occupant ne s’en rende compte tellement il est pris dans ses activités manuelles et la personne qui venait y prendre un verre d’eau pour éviter d’avoir à traverser le salon pour se rendre à la cuisine, se fige devant le spectacle qui se déroule sous ses yeux.

2eme année Pâques : (23/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Voir son meilleur copain se branler n’est pas ce qui choque le plus Damien qui en a vu d’autres avec lui, ce serait plutôt le fait de le trouver à faire ses petites affaires seul, alors qu’il les a excités pendant la plus grande partie de la nuit avec ses sons de gorge si spéciaux et qui étaient suffisamment explicites aux plaisirs qu’ils se donnaient tous les trois.

- Ne me dis pas que tu n’en as pas encore eu assez ?

Je sursaute en entendant sa voix.

- Hein !! Bah si comme tu peux le voir ! Hi ! Hi !

Je tapote sur le bac à linge.

- Il reste une petite place si tu as envie !!

- On ne serait pas mieux dans ma chambre ?

Je le regarde avec surprise.

- Il y a déjà Mathis !!

- (Damien) Justement !! Tu sais Florian ? J’ai eu l’occasion de discuter avec Thomas après les paroles de « Math » et quel moment serait le mieux choisi que cette occasion pour crever l’abcès entre vous deux ?

- Tu ne sais certainement pas tout alors, sinon tu ne me proposerais pas ça !!

- (Damien) Ah !! Tu crois ça ? Détrompe-toi « Flo », je connais très bien les sentiments que tu éprouves pour Mathis !!

Cette conversation bizarrement ne me fait pas débander, bien au contraire je dirais même et Damien s’en aperçoit lui aussi, il continue donc en montrant mon sexe du doigt.

- Il ne dit pas le contraire lui au moins !!

- Il réfléchit moins que moi faut dire aussi ! Hi ! Hi !

- (Damien) Alors ?? On y va ??

- Juste une branlette alors !!

- (Damien) Mais oui t’inquiète !! En plus je ne me vois pas faire autre chose avec toi mec !!

Je préfère ne pas répondre que pour lui c‘est peut-être le cas mais que ça risque d’être une autre paire de manche avec le sosie de mon « Thom-Thom » et je me contente de lui faire un clin d’œil en me remettant debout, m’entourant les reins d’une serviette éponge.

- Allez go !! Sale pervers !!

Damien se contente de regarder d’un air grivois la déformation manifeste du drap de bain au niveau de mon sexe, me faisant ainsi bien comprendre celui qui pour lui est sans doute le plus pervers des deux et je lui passe sous le nez sans daigner même un bref instant à lui donner satisfaction en évitant toute expression de culpabilité.

- (Damien) Pfft !! C’est ça, fais ton fier ! Hi ! Hi !

La traversée du couloir se fait rapidement mais surtout sans bruit, la chambre est dans la pénombre totale quand nous y entrons et ce n’est que grâce à ma vue spéciale que je perçois distinctement une chevelure blonde et bouclée qui me donne une l’impression étrange de rejoindre mon chéri alors que je sais pertinemment que ce n’est pas lui.

Damien va pour actionner l’interrupteur quand je l’en empêche d’une main, je lui parle à l’oreille avant qu’il réagisse.

- Faisons-lui la surprise tu veux bien ?

- Comment ça ??

- Tu n’auras qu’à faire comme moi c’est tout, mais chut !! Ce n’est pas encore le moment pour qu’il se réveille !!

J’entraîne mon copain jusqu’au lit, je fais tomber ma serviette sur le sol et je tire doucement sur son caleçon pour lui faire comprendre de se mettre nu à son tour.

Une fois chose faite, je lui fais signe d’aller se coucher de l’autre côté du lit afin que Mathis se retrouve entre nous deux, Damien qui maintenant s’est habitué au manque de lumière sourit et s’exécute en faisant le moins de gestes brusques possible.

Une fois tous les deux installés, je reprends mon sexe en main et poursuit la manipulation interrompue dans la salle de bain sous le regard grivois de Damien qui comprend où je veux en venir, mes gestes du poignet n’étant plus aussi discrets donnent un rythme très saccadé au matelas qui ne prête à aucune erreur d’interprétation.

Damien sourit en prenant à son tour son sexe à pleine main, s’adaptant tout naturellement à ma cadence et de ce fait donnant un étrange effet de mouvement au matelas.

***/***

Mathis ressent les vibrations qui finissent par le réveiller suffisamment pour qu’il commence à se poser la question de ce qui ou quoi peut bien engendrer ses tremblements.

Il en est là dans ses réflexions quand un nouveau fait encore plus troublant arrive jusqu’à son cerveau, la présence de deux personnes dans son lit.

2eme année Pâques : (24/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Une odeur douce lui arrive aux narines, une odeur qui l’électrise en le mettant aussitôt dans tous ses états car elle a tellement baigné ses rêves les plus érotiques qu’il ne peut s’y tromper et son cœur s’affole soudainement sans qu’il puisse le contrôler, lui donnant la gorge sèche et les yeux humides des sentiments très forts qui remontent d’un coup.

***/***

Je ressens son trouble qui d’ailleurs est étrangement semblable au mien, au point de me poser la question si c’est une bonne idée de continuer et s’il ne vaudrait pas mieux que s’arrête là notre petit jeu, qui pour moi comme pour Mathis n’en est certainement déjà plus un.

Ses pensées me font stopper mes manipulations, rendant soudainement le lit beaucoup plus calme et Damien s’en apercevant forcément cesse lui aussi de s’astiquer le manche pour se tourner vers moi en relevant la tête par-dessus le corps de Mathis.

- (Mathis) A quoi vous jouez tous les deux ?

- (Damien) Nous avons eu envie d’une petite branlette entre pote et comme je savais que tu ne serais pas contre !!

Mathis se redresse pour s’asseoir en nous regardant tour à tour, visiblement perplexe.

- Ça vous prend souvent ??

- (Damien) De temps en temps, mais je ne te l’ai jamais caché il me semble ? Pourquoi tu fais ton étonné ?

Le grand blond devient soudainement triste, il se rallonge en mettant un de ses bras devant ses yeux et répond d’une voix tremblante d’émotions.

- Tu ferais mieux de retourner dans ta chambre Florian !! Tu me fais plus de mal que de bien en étant là et tu sais très bien pourquoi en plus !!

- Tu es sûr que c’est ce que tu veux ? Nous ne faisons rien de mal tu sais ?

- J’en suis certain, oui !! Rien que pour Thomas !!

- (Damien) Mais !! Il est d’accord !!

Un étrange malaise me prend soudainement, celui de jouer avec les sentiments d’une personne qui m’est très chère et je ne supporte pas de le voir dans cet état de tristesse affective, je m’apprête donc à les laisser tous les deux pour retourner dans ma chambre quand la porte s’ouvre doucement et que Thomas apparaît dans l’ouverture, nous fixant chacun notre tour avant de reporter son regard sur son cousin.

- Je peux entrer ?

Damien ne peut détourner son regard du nouvel arrivant vêtu seulement de son boxer d’un blanc immaculé qui avive encore plus la beauté naturelle de son corps.

- Wouah !! Mais bien sûr !! Entre !!

- Merci !!

Thomas entre en refermant derrière lui, il vient ensuite nous rejoindre et s’assoit sur le bord du lit.

- Vous faisiez quoi ?

Bien sûr il est parfaitement au courant puisqu’il a tout suivi depuis l’esprit de Florian, s’il joue les curieux c’est simplement pour ne pas révéler cette particularité qui le relie à son chéri.

Il fait mine de ne s’apercevoir que maintenant que Damien et Florian ont la queue à l’air toujours aussi raide d’ailleurs, pour avoir un petit sourire complice envers eux

- Ah !! Je vois !! Je peux me joindre à vous ? Depuis le temps que « Flo » me raconte ses lancers de fusées ! Hi ! Hi !

- (Mathis) C’est un coup monté ou quoi ? Si vous faites ça à cause de mes paroles envers Thomas, ce n’est pas la peine de vous donner tout ce mal vous savez ? Je pensais pourtant avoir été très clair avec toi cousin et je n’ai pas besoin de votre pitié.

- (Thomas) Qui te parle de pitié ? Damien connait tout comme moi l’attirance que vous avez l’un pour l’autre et nous sommes convaincus que ça vous rendra malheureux tant que vous vous éviterez comme vous le faites depuis des années.

Mathis tourne la tête vers son chéri qui hoche la sienne gravement en signe d’accord avec les paroles de Thomas.

- (Damien) Thomas à raison tu le sais aussi bien que moi !!

- (Mathis) Ah oui, vraiment !! Et même si c’est le cas, nous sommes censés faire quoi ?

- (Damien) Je ne serai jamais jaloux de Florian, je sais très bien comment il fonctionne avec ses autres copains et surtout que rien ni personne ne le fera s’éloigner de Thomas, maintenant je connais aussi tes sentiments envers lui qui ne datent pas d’hier et je ne suis pas contre que vous puissiez vous les exprimer de temps en temps.

- (Mathis) Mais !!!

- (Damien) Si Thomas ni voit rien de mal bien sûr !! Après tout c’est bien comme ça que fonctionne Yuan et sa copine, elle aussi accepte bien de vous savoir ensemble, alors pourquoi pas moi ?

Je sonde le visage de Damien pendant toute la durée de cette conversation, rien ne laisse à penser que ses paroles sont forcées et l’amitié que j’éprouve pour lui en sort encore plus renforcée d’un fort sentiment de respect pour ce garçon qui comprend que le bonheur de celui qu’il aime est plus important pour lui que les tabous d’une société rigide et intolérante.

Mathis le comprend lui aussi, une lueur d’espoir brille dans ses yeux quand il me fixe un instant avant de reporter son attention sur son cousin.

- Et toi !! Tu ne dis rien ?

2eme année Pâques : (25/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

- (Thomas) Tout a été dit je pense !!

- (Mathis) Tu sais bien que nous deux c’est impossible pourtant ?

- (Thomas) Bien sûr !! Mais tu vois Mathis !! Il y a une chose que je supporte encore moins que l’idée d’une relation d’ordre sexuelle entre nous deux !!

- (Mathis) Et c’est ??

- (Thomas) Que Florian et toi vous soyez malheureux et crois-moi, même si je n’en suis persuadé que depuis peu de temps, « Flo » l’est depuis des années lui aussi et s’il n’a jamais rien dit, c’est tout simplement parce qu’il connaissait l’impossibilité que nous avons à avoir une relation d’ordre sexuelle.

Mathis se tourne vers moi.

- C’est vrai ??

- On ne peut plus vrai « Mat » !!

- (Mathis) Mais alors pourquoi maintenant ??

- Parce que certaines choses dans notre relation ont changé, disons sans trop compliquer les explications que nous sommes reliés mentalement et que la présence de l’autre n’est plus aussi nécessaire qu’avant.

- (Thomas) C’est comme une fenêtre dans ma tête où je vois tout ce que Florian voit et réciproquement.

- (Damien) De la télépathie ??

- (Thomas) En mieux, beaucoup mieux !!

- (Mathis) Ça ne change rien alors, puisque tu seras en quelque sorte présent avec nous si quelque chose arrive entre moi et Florian ?

- (Thomas) Disons que je pourrais tirer les rideaux quelques heures, je serai avec « Flo » mais je ferai en sorte de ne pas jouer les voyeurs.

- (Mathis) Ah !!!

Un étrange silence suit ces explications, c’est Thomas qui le rompt en se levant.

- Très bien !! Je vais vous laisser, il reste quelques heures avant le lever du jour et j’aimerai dormir un peu quand même.

- (Damien) Tu ne veux vraiment pas rester ?

- (Thomas) Je ne serais pas seul tu sais ? Il y a un petit blondinet en manque de câlin qui doit être tout chaud sous la couette, tu devrais venir avec moi Damien et aller t’allonger dans l’autre lit, à moins que tu préfères rester là ? Mais je sais très bien qu’entre toi et « Flo » c’est un peu comme nous deux Mathis et que rien n’est envisageable entre vous à part la forte amitié qui vous lie comme deux frères.

Damien jette un œil vers la crevette rousse qui le regarde avec ses yeux magnétiques où il peut lire toute la réalité des paroles de Thomas.

- Pffttt !! Si on m’avait dit dans quelle galère ça m’entrainerait le jour où mes parents nous ont annoncé l’arrivée d’un colocataire !!

- Tu regrettes ??

- (Damien) Non Florian !! S’il y a une chose que je ne regretterai jamais, c’est bien le jour où tu es arrivé dans notre vie. Si j’ai dit ça, c’est à cause des deux jumeaux que nous aimons tous les deux.

***/***

« Conversation mentale »

- Tu crois que….

- Ça me parait évident si on y réfléchit un tant soit peu, tu ne crois pas ?

- Je suis trop semblable à Mathis ?

- Tout comme lui l’est de toi !! Alors il fallait s’y attendre !!

- Et bien !! Si je m’attendais à celle-là !!

- Tu oublies juste une chose « Thom » ?

- Ah oui !! Quoi donc ?

- Que je lis dans tes pensées les plus secrètes et mêmes dans celles dont tu n’es pas encore forcement conscient !!

- Ça veut dire quoi ?

- Regarde « Dami » et dis-moi ce que tu ressens devant sa bouille ? Toi et Mathis êtes trop semblables pour que ça s’arrête au physique, je m’y suis fait prendre moi aussi et c’était d’ailleurs l’objet principal de cette réunion nocturne je te rappelle.

- (Thomas) !!!

2eme année Pâques : (26/127) (Reims) (Samedi soir) (suite)

Florian Ironique.

- Mais ??

- (Thomas) Ce n’est pas tant son physique que sa façon d’être qui me plait, j’avoue que j’aime bien quand il est là ! Hi ! Hi ! Le pauvre, c’est toujours sur lui que les catas arrivent !! Je dois bien reconnaitre que j’ai souvent envie de lui venir en aide quand vous lui envoyez des pics ! Hi ! Hi !

- Tu le trouves moche ???

- Bien sûr que non !! C’est juste que ce n’est pas ce qui me plait le plus en lui, je vois bien qu’il est à croquer lui aussi et Mathis ne serait pas avec lui si ce n’était pas le cas.

- Alors ? Comment t’appelles ça toi ?

- Je n’en sais rien mais ce qui est sûr c’est que c’est autre chose qu’avec nos autres amis.

- Peut-être parce que je ne le considère pas comme eux ? Comme toi tu fais avec Mathis ?

- (Thomas) Wouah !!! Je viens juste de comprendre où tu veux en venir !! Tu crois que ça va marcher ??

- Tu y auras mis le temps beau blond !! Ça va dépendre de Mathis !! Maintenant jouons le jeu et nous verrons bien ce qu’il en ressortira, au pire je passerai une nuit avec « Math » ce qui tu avoueras est loin d’être déplaisant.

- (Thomas) Surtout avec les sentiments que tu éprouves pour lui, pas vrai ?

- Je préfère les laisser dans un coin de mon cerveau tu vois, je pense surtout à Damien qui m’en voudra sans doute un jour si je lui faisais une chose pareille et ça tu le sais très bien « Thom » !! Je ne le supporterai pas !!

***/***

La voix de Damien nous fait revenir à la réalité.

- Ouh-ouh !! Les gars !! Vous n’êtes plus avec nous là ? Qu’est ce qui se passe ? Vous buguez à la fenêtre ! Hi ! Hi ! Peut-être que les carreaux sont sales !!

Je me tourne vers lui avec le sourire, il est temps de mettre mon plan en action et je fais signe à Thomas pour qu’il se prépare à enchaîner sur mes paroles quand le moment sera venu.

- Ne t’occupe pas de la fenêtre ! Hi ! Hi ! Elle est grande ouverte maintenant et tu ferais mieux de suivre Thomas dans notre chambre, il me disait juste avec raison d’ailleurs que lui aussi t’appréciait beaucoup et tout comme moi avec Mathis, il aime mieux que vous ne soyez pas dans la même pièce pour vous faire un câlin.

Damien en a les yeux qui s’exorbitent en comprenant l’implication de mes paroles, il reste un moment sans réaction et Thomas en profite pour le faire sortir de la chambre en lui mettant une main sur la bouche dès qu’il n’est plus à la vue de son chéri et ce pour le faire taire.

-Chut !! Suis-moi et ne dis rien, je t’expliquerai !!

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« Dans la chambre, une fois seul avec Mathis »

Je dois faire un réel effort pour ne pas revenir sur ma décision en me retrouvant seul en tête à tête avec Mathis, je sais très bien même si c’est difficile à tenir que mes sentiments pour lui ne doivent pas prendre le pas sur la raison et l’amitié que je voue à la famille Viala, amitié qui est pour moi beaucoup plus importante en soi que ma libido tout comme mes émotions exacerbées comme à chaque fois quand je suis en présence de « Math ».

Seulement celui-ci est le petit ami de Damien et je connais suffisamment le loustic pour savoir qu’au plus profond de lui, il n’est pas prêt à partager son petit ami et ce même avec moi malgré qu’il laisse paraître une mine réjouie qui ne me trompe pas, tout comme Thomas d’ailleurs quand j’ai perçu une pointe de tristesse dans son esprit alors que lui-même n’en est pas encore conscient.

C’est donc avec cette envie dévorante de le prendre dans mes bras et de lui faire l’amour, que je viens m’asseoir à côté de mon ami en bandant toute ma volonté pour rester dans mon plan sans y faillir.

Mes lèvres s’approchent des siennes pendant que je le fixe dans les yeux et que je peux y lire son trouble, une petite flamme dans son regard toutefois me fait sourire et libère quelque peu mon stress en me disant que j’avais peut-être vu juste.

Nos lèvres se posent les unes contre les autres un bref instant avant que Mathis ne se recule doucement, le visage visiblement empreint de questionnements.

- Un problème « Math » ? Je croyais pourtant que c’était ce que tu voulais ?

2eme année Pâques : (27/127) (Reims) (Samedi soir) (fin)

Mathis hésite, se mordille la lèvre inférieure de nervosité avant de prendre la parole d’une petite voix mal assurée.

- Tu crois que « Dami » et « Thom » ….

- Quoi Damien et Thomas ???

- Qu’ils vont……

- Faire l’amour comme nous allons le faire ? Tu en penses quoi, toi ?

- Ça me fait mal « Flo » !! Damien est tout pour moi tu sais ?

- Comme Thomas est tout pour moi !!

Les yeux de Mathis s’embuent quand d’un élan inattendu, il vient me serrer dans ses bras.

- Je ne peux pas « Flo » !!

Je l’enserre à mon tour dans mes bras.

- Damien non plus rassure toi !!

Mathis se recule et me fixe intensément.

- Mais alors ?

- Il fallait que tu comprennes vraiment et que ça vienne de toi « Math », je sais ce que tu éprouves pour moi et je peux t’assurer que j’éprouve les mêmes sentiments pour toi, mais nous sommes trop proches de nos petits amis respectifs pour nous laisser aller à assouvir nos envies. Tu seras toujours pour moi le garçon que j’ai aimé pendant longtemps en secret, seulement c’est un amour impossible tu l’as enfin compris toi aussi et nous ne pourrions plus nous regarder dans les yeux tous les quatre si nous nous y laissions aller.

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« Dans l’autre chambre, au même moment »

Thomas libère la bouche de Damien en fermant la porte de la chambre, Antonin se redresse visiblement surpris de les voir debout tous les deux.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Où est Florian ?

- (Thomas) Dans l’autre chambre avec Mathis !!

Antonin fixe Damien avec tristesse, visiblement peiné pour lui de ce que les paroles de Thomas laissent entendre.

- (Antonin) Ils ne vont quand même pas….

- (Thomas) Florian sait ce qu’il fait, il prendra sur lui j’en suis certain !! Mathis doit être mis au pied du mur s’il veut faire la part de ses véritables sentiments.

Damien comprend alors les intentions de son ami, qui n’étaient pas du tout celles qu’il croyait et un énorme soupir de soulagement s’échappe alors de ses lèvres, vite suivit d’un intense moment d’émotions qui lui font verser des larmes à la fois de joie mais aussi d’apaisement du stress énorme dont il était pris depuis le début de cette histoire.

Ce qui était pour lui au début qu’un énième jeu entre garçons avait pris un tour qui lui laissait un goût amer dans la bouche sans en saisir la véritable raison.

Il comprend maintenant que c’était l’idée de suivre Thomas en laissant son chéri dans les bras de son meilleur ami, il va pour demander plus d’explications quand la porte s’ouvre à nouveau et laisse apparaitre Florian suivi de près par Mathis qui vient directement vers lui pour l’enserrer dans ses bras avec une petite mine honteuse.

- Excuse-moi « Dami » si je t’ai fait du mal, je te promets que ça n’arrivera plus désormais !!

Mathis n’attend pas de réponse que déjà il le libère et se dirige vers son cousin, ses lèvres viennent se coller aux siennes dans un bref baiser avant de se détacher de lui en souriant.

- Je t’aime « Thom » !! Excuse-moi de t’en avoir fait douter !!

Il reprend ensuite Damien par la main et s’apprête à quitter la chambre quand son regard plonge une nouvelle fois dans le mien, Mathis n’hésite qu’un bref instant avant de venir déposer ses lèvres à son tour brièvement sur les miennes.

- A toi je n’ai pas besoin de le dire « Flo » !

- (Emu) Ce n’est pas la peine en effet !!

Damien imite son chéri en venant m’embrasser à son tour.

- Je t’aime mon … Frère… !!

Me voilà à mon tour pris dans mes émotions.

- Moi aussi « Dami » !! Moi aussi !!

Il n’est plus besoin de paroles quand nous les regardons repartir vers leur chambre, Thomas se rapproche de moi pour me prendre par la taille et poser sa tête sur mon épaule, Antonin se sent subitement de trop et son visage devient d’un seul coup livide quand il se lève pour quitter la chambre à son tour.

Ce n’est qu’en passant la tête basse devant nous qu’il se sent happer par deux mains fermes qui le retiennent, il entend alors deux voix s’exclamer dans un parfait ensemble.

- Hep ! Hep ! Toi, tu restes avec nous !! Non mais !!

2eme année Pâques : (28/127) (Paris) (Dimanche matin, une clinique privée dans Paris)

« Bureau du directeur de la DST, Paris »

Maurice termine de donner ses dernières instructions, s’il manque au repos dominical c’est à cause d’un appel de Victor qui a du nouveau sur l’affaire qui les tient en haleine depuis trop longtemps.

- Je veux une fouille complète de cette clinique et vous me convoquez tous les employés quels qu’ils soient !! Médecin, secrétaire ou femme de ménage !! Je les veux tous là-bas avant midi !!

Alain Durieux, l’adjoint de Maurice opine de la tête en faisant signe à ces hommes qu’il est temps de se mettre au travail pour suivre les ordres de leur patron.

Il attend de se retrouver seul avec Maurice pour reprendre la parole.

- J’espère que tu es conscient des ennuis que nous risquons sans mandat ?

- Nous l’aurons d’ici peu !!

- Ah !! D’accord !! En priant pour que nous trouvions quelque chose une fois là-bas !!

Victor est sûr de ses sources ?

- D’après lui c’est le seul endroit possible pour subir ce genre d’intervention sans poser trop de questions, de toute façon nos recherches dans les autres cliniques continuent même si pour l’instant ça ne donne rien de concret à se mettre sous la dent !!

- Tu as prévu de rester au bureau ?

- (Maurice) Maintenant que j’y suis !! Tu peux rentrer chez toi si tu veux, de toute façon il n’y a pas besoin de nous deux ici !!

- Tu es sûr ??

- Puisque je te le dis !! Allez, file retrouvé ta famille !!

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« Hall d’accueil de la clinique en question »

Le ceinturage policier dans la rue est impressionnant, au point qu’un attroupement de passants commence à se former devant la clinique qui jusqu’alors n’avait jamais connu autant de remue-ménage et avait plutôt la réputation d’être discrète.

Maurice qui vient d'arriver avec deux de ses assistants est dans le hall avec la direction, visiblement en colère pendant qu’une douzaine d’hommes de la DST commencent une fouille scrupuleuse du bâtiment.

- Vous feriez mieux de coopérer, si je vous dis ça c’est dans l’intérêt de votre établissement !!

- Dites-nous au moins ce que vous recherchez !! Votre comportement est pour le moins scandaleux et vous faites peur à notre personnel avec tout ce déploiement policier !!

Maurice sort le croquis fait par Florian et le lui met sous le nez.

- Voilà la personne que nous cherchons !! Du moins il ressemblait à ça avant d’être pris en charge par vos services !!

L’homme qui représente la direction, jette un bref coup d’œil sur le dessin et fait un geste sans équivoque de la tête.

- Je n’ai jamais vu cette personne, désolé !!

- (Maurice) Nous verrons bien si vous tiendrez toujours le même propos une fois que nous aurons interrogé tout le personnel !!

- Qu’a donc fait cet individu pour avoir droit à …

Il montre d’un geste du bras le cordon de police dans la rue.

- … Tout ce déploiement policier ?

- C’est un espion très dangereux recherché par nos services depuis quelques mois !! Il cherche à nuire à une personne très importante pour notre pays, je pense que du fait de votre profession vous avez entendu parler du jeune Florian De Bierne ?

Les personnes présentes dans le hall deviennent soudainement attentives aux paroles de Maurice qui voyant ça sourit intérieurement, certain à l’avance de l’effet que ferait sur elles le nom de Florian une fois qu’il l’aurait prononcé et il poursuit donc en accentuant l’urgence de retrouver au plus vite l’individu qu’ils recherchent.

- Je vois à vos expressions que c’est bien le cas !! Sachez donc que cet homme a pour mission de s’emparer du jeune De Bierne et que toute tentative quelle qu’elle soit pour nous cacher le moindre renseignement sur lui vaudra l’arrestation immédiate des personnes qui par ce fait entrave nos recherches et deviennent en conséquence complices avec ce sinistre individu.

- Vos menaces ne servent à rien puisque je vous dis que nous n’avons jamais vu cet homme !!

Maurice fixe attentivement le personnel assistant à la conversation, il remarque aussitôt parmi eux une femme qui le fixe bizarrement, comme si elle hésitait à prendre la parole.

- Bon !! Puisque vous le prenez comme ça, vous allez tous suivre mes hommes qui vous interrogerons chacun votre tour et vous signerez ensuite vos dépositions qui engageront votre responsabilité en cas de tromperies reconnues !!

Maurice fait signe à ses hommes qui emmènent un par un chaque intervenant, une fois seul dans le hall il s’arrange pour suivre celui de ses collaborateurs s’occupant de la femme qui en quittant la pièce s’est retourné une dernière fois pour le fixer à nouveau.

Une fois entré à sa suite dans un petit bureau dont il referme la porte derrière lui après en avoir congédié d’un geste son collègue, il va s’asseoir à la place qu’occupe habituellement celui ou celle qui y travaille et d’une voix beaucoup plus douce que celle employée jusqu’alors, il pose la question que sans aucun doute la femme attend.

- Je vous écoute !!! Qu’avez-vous à me dire ??

2eme année Pâques : (29/127) (Paris) (Dimanche matin, une clinique privée dans

Paris) (fin)

- Cet homme cherche réellement à faire du mal au docteur De Bierne ?

- Vous le connaissez ?

- Qui donc ??

- Le docteur De Bierne ? J’ai eu cette impression au timbre de votre voix quand vous avez prononcé son nom !!

- Pas directement mais j’ai de la famille en province, à Reims plus exactement et un de mes neveux fait partie de ses amis.

Maurice ne peut s’empêcher de sourire en pensant que décidément le monde est petit.

- Comment s’appelle-t-il si ce n’est pas indiscret ? Je connais personnellement beaucoup des amis de Florian et vous avez aiguisé ma curiosité !!

- Mon neveu s’appelle Grégory !! Grégory Ménissier, il est pompier à Reims et connait très bien le docteur De Bierne qui m’a-t-il dit est un de ses meilleurs amis.

- C’est bien le cas en effet, votre neveu est très proche de Florian. Est-ce se fait qui vous a décidé à vouloir me parler ?

- J’ai entendu beaucoup de chose sur ce jeune garçon et je ne voudrais en aucune façon à ce qu’il lui arrive quoi que ce soit, c’est ce qui m’a décidé à transgresser les consignes de silence sur nos patients.

- Cet homme est donc bien venu se faire opérer ici ?

- Oui monsieur !! Il n’en est d’ailleurs sorti qu’hier dans la journée avec deux hommes venus tout spécialement le chercher, ça faisait plusieurs jours qu’il était hospitalisé dans cette clinique pour une chirurgie esthétique il me semble.

- Existe-t-il des photos de sa nouvelle apparence ?

- Non monsieur !! Du moins pas à ma connaissance !!

- Mais vous !! Pourriez-vous le décrire ?

- Je ne l’ai vu qu’un bref instant quand il a quitté la clinique avec ces deux hommes et je n’en ai qu’un très vague souvenir, je suis désolé de ne pas pouvoir plus vous aider.

- Votre témoignage nous aidera beaucoup maintenant que nous avons la preuve qu’il a bien séjourné ici, je me targue de faire parler ceux qui sont intervenus sur son visage. Quelque chose d’autre vous revient-il à son sujet ? Prenez votre temps, peut-être une pensée que vous avez eue ou encore un fait qui vous reviendrait en mémoire ?

- Je ne vois pas, non !!... A moins que…

- Oui ??

- Ça n’a sans doute pas d’importance mais quand ils sont sortis, les deux hommes l’ont reconduit jusqu'au parking plutôt réserver au personnel à l'arrière de la clinique et ensuite votre homme en est descendu pour monter dans un autre véhicule dont le chauffeur s’était déguisé en femme.

- Êtes-vous certaine que ça n’en était pas une ??

La femme sourit en repensant à la brève vision qu’elle en a eue.

- Je dois dire que c’était très bien fait il faut bien le reconnaître, seulement si ça peut tromper un homme il en va tout autrement d’une femme surtout de profil comme je l’ai vu !!

- Expliquez-vous !!

La femme porte la main sur son cou juste au-dessous du menton.

- Sa glotte était trop saillante pour qu’il puisse en être autrement.

- Pourriez-vous aider un de nos spécialistes pour en faire un portrait-robot ?

- Je pense que oui, vous savez j’ai été suffisamment surprise pour bien le détailler alors que celui que vous recherchez ne m’a laissé aucun souvenir et d’ailleurs je n’avais aucune raison de me rappeler de lui avant votre arrivée.

Maurice se lève.

- Très bien, je vous remercie de votre aide et vous serez rapidement convoqué dans nos services !! Laissez vos coordonnées à un de mes hommes et un conseil pour garder votre emploi, n’ébruitez pas notre conversation qui je vous le promets restera entre nous.

- Merci beaucoup monsieur, j’espère que j’aurai pu vous être utile !!

Maurice la raccompagne jusqu’à un de ses hommes à qui il la confie après lui avoir glissé quelques instructions à l’oreille.

- Votre témoignage nous sera très utile madame, n’en douter pas un instant !! Au revoir et encore une fois merci de nous avoir aidé.

Maurice s’en retourne sans attendre, il marche d’un pas rapide jusqu’au bureau du directeur de la clinique qui termine justement de signer sa déposition.

Maurice prend la feuille et la lit rapidement, il fixe ensuite l’homme avec un regard qui lui glace le sang.

- Vous êtes en état d’arrestation pour complicité d’espionnage sur le territoire national, vous n’aurez droit à aucun avocat du fait de cette accusation.

Maurice le voit blêmir avec satisfaction, il se tourne alors vers son collègue.

- Embarquez-moi cet individu !! Nous poursuivrons son interrogatoire au bureau !!

2eme année Pâques : (30/127) (Paris) (Tino ou Tina) (Mardi matin)

Tino ouvre les yeux et scrute avec attention la chambre que la nuit torride qu’ils viennent une fois encore de connaitre a transformé en véritable champ de bataille, la couette gisant au sol avec les vêtements éparpillés tout comme le sont également les faux seins qui lui servent à modifier son apparence.

Sacha est étendu nu à côté de lui, son visage actuel nettement moins avantageux que dans ses souvenirs lui amène une moue contrariée et c’est l’assurance justement de savoir qu’il redeviendra très vite le beau jeune homme de ses souvenirs, qui lui permet de prendre du plaisir en sa compagnie.

Malgré tout la virilité insatiable de Sacha lui redonne une plénitude qu’il avait fini par oublier avec les quelques hommes ayant partagé son lit depuis ces quelques années où ils ont été séparés.

Tino sait que sa féminité n’attire pas plus que ça son ami qui préfère et de loin avoir un garçon dans ses bras pendant leurs moments d’intimité, alors que ses autres amants tout au contraire apprécient tout particulièrement quand il se travestit pour son plaisir et le leur.

Maintenant il doit bien reconnaître que seul Sacha arrive à lui faire ressentir des orgasmes fulgurants qui le laissent exsangue étendu sur le lit et rien que pour ses moments où il éprouve un plaisir extrême entre ses bras, il accepte volontiers de redevenir le garçon qu’il s’évertue à renier depuis déjà de longues années.

La mission ne fait que commencer à son plus grand plaisir car au plus profond de lui, il sait qu’il a toujours été amoureux de ce garçon et qu’il a enfin une chance avec le temps de le rendre tout aussi fou de lui qu’il l’est de Sacha et ce depuis le premier jour où Tino l’a aperçu dans la cour de l’école d’espionnage, quand ils n’étaient encore que des gamins difficiles.

Un rayon de soleil éclaire soudainement ce visage enlaidi par les modifications chirurgicales et il préfère se lever plutôt que de rester devant ce spectacle pas vraiment à son goût quoiqu’il en convienne au vu de ce qu’il a appris, nécessaire pour la sécurité de Sacha.

Il ramasse ses vêtements ainsi que sa fausse poitrine au passage et va se refaire une « beauté » dans la salle de bains, retrouvant rapidement le sourire devant la glace où Tina refait petit à petit son apparition.

C’est une bonne demi-heure plus tard, après avoir jeté un dernier coup d’œil sur son « homme » toujours endormi et qu’il quitte l’appartement le sac à mains en bandoulière, que « Tina » respire l’air frais du petit matin en se dirigeant d’un pas chaloupé des plus aguicheurs vers la bouche de métro pour se rendre jusqu’à l’hôpital militaire commencer sa mission de repérage pour le compte de Sacha qui semble bien décider à retrouver au plus vite son ancien amant avant de poursuivre sa mission en province.

« Tina » n’a rien contre cet Antoine qui en tout état de cause n’a fait que se venger de celui qui a trahi sa confiance en voulant le faire supprimer, n’en ferait « elle » pas autant « elle » aussi si ça avait été son cas ? Certainement que si !! C’est donc sans réelle motivation « qu’elle » va mener cette enquête pour le compte de son ami.

Maintenant l’entrainement « qu’elle » a subi depuis de nombreuses années prend vite le dessus sur son manque d’intérêt pour retrouver ce garçon et les heures suivantes « la » surprennent aux plaisirs d’être de nouveau en chasse, prenant des renseignements là où « elle » pense pouvoir les trouver et ou mieux le pourrait « elle » qu’à Begin où « elle » s’approche du poste de garde sous l’œil visiblement intéressé du planton, un jeune homme très appétissant somme toute qui voit venir vers lui cette grande jeune fille souriante.

- Vous cherchez quelque chose mademoiselle ?

- Un de mes amis m’a dit qu’on pouvait le joindre ici au cas où j’aurais besoin de lui parler !!

- Puis-je connaître son nom s’il vous plait ?

- Antoine Massery !!

- J’ai bien peur qu’il ne vous soit pas possible de lui parler ici mademoiselle.

- Et pourquoi donc ?

- Seul sa famille est autorisée à lui rendre visite, mais peut être en faites-vous partie ?

2eme année Pâques : (31/127) (Paris) (Mardi matin) (Le piège)

- Pas exactement !! C’est juste un ami vous comprenez ? Mais peut être pourrais-je le voir en dehors de cette enceinte, si vous me disiez où il a l’habitude de se rendre ? Vous seriez un chou ?

« Tina » le voit hésiter en pensant que c’est sans doute parce qu’il craint d’enfreindre les ordres qui lui ont été demandé de suivre, son sourire s’accentue alors pour tenter d’utiliser son charme à ses fins et cela semble fonctionner car le jeune soldat lui rend son sourire en ayant l’air d’avoir pris sa décision.

- Je pourrais peut-être le prévenir et lui demander de vous rejoindre quelque part ? Vous voyez le bar un peu plus bas ? Si vous voulez bien l’y attendre, je vais le faire prévenir !! Seulement il vous faudra patienter un peu car je pense qu’il est de service à l’heure actuelle.

- C’est très gentil de votre part, comment pourrais-je vous remercier ?

- Mais ce n’est rien mademoiselle, je suis heureux de vous rendre service.

- Je vous revaudrais ça si vous acceptiez vous aussi de venir prendre un verre avec moi dans ce bar un de ces quatre ?

- Ce sera avec plaisir mademoiselle !!

- Et bien c’est entendu alors !! Dites à Antoine que je l’attendrai pour le déjeuner, je pense qu’il ne sera plus de service à cette heure-là.

- Je lui passerai le message mademoiselle, il a de la chance d’avoir une amie aussi jolie l’Antoine !! Pourtant il n’y a pas longtemps qu’il est en France, le veinard !!

« Tina » sourit de plus bel, en lui envoyant une œillade coquine qui fait rougir le garçon.

- Mais ce n’est qu’un ami, rien de plus !!

« Elle » n’attend aucune réponse de sa part « qu’elle » s’en retourne déjà de son pas chaloupé, « consciente » de l’effet « qu’elle » produit sur le jeune militaire.

Une fois « certaine » de ne plus être à sa vue, « Tina » s’arrête pour sortir son portable de son sac à mains et « elle » appelle Sacha qui doit être levé maintenant.

A la deuxième sonnerie celui-ci décroche.

- …….

- C’est moi !!

- …….

- Encore mieux que ça !! J’ai un rendez-vous avec lui à midi dans un bar pas loin d’où il se cache !!

- …….

- Je t’envoie l’adresse en texto.

« Tina » regarde sa montre.

- Tu as largement le temps, je n’ai pas mis une demi-heure pour venir !!

- …….

- Oui bien sûr !! Il est dans mon sac !! Tu ne comptes quand même pas le supprimer en pleine journée ?

- …….

- Je connais un moyen tout aussi efficace et beaucoup moins dangereux pour notre sécurité, j’ai toujours la capsule de cyanure au cas où !!

- …….

- Bah !! Dans un bar ce sera facile !! Ils croiront à une rupture d’anévrisme et le temps qu’ils se rendent compte que ce n’est pas ça, nous serons loin !! Prépare les valises et prends la voiture, nous quitterons Paris un peu plus tôt que prévu c’est tout !!

- ……

- Je peux m’en occuper seule si tu veux ? Tu n’auras qu’à m’attendre dans la rue !!

- ……

- Je te comprends bien, mais est-ce bien raisonnable ? Pense à la mission !!

- …….

- Comme tu veux !! Mais je ne crois vraiment pas que ce soit une bonne idée qu’il te voit et puis il y a toujours le risque que les flics interviennent plus rapidement que prévu !! - …….

« Tina » raccroche et range son portable dans son sac en soupirant, le visage visiblement inquiet de la tournure que pourrait prendre cette affaire.

Sacha semble résolu d’en finir lui-même avec son ancien amant et « Tina » le connais depuis suffisamment longtemps pour savoir combien il est superflu de chercher à le raisonner quand il est dans cet état d’esprit.

« Elle » reprend son chemin en soupirant, se dirigeant droit vers le bar en repérage avant d'y revenir y mettre les pieds d'ici une heure ou deux.

Un bar semblant sympathique pense-t-"elle" en passant devant, mais où dans quelques heures à peine la terrible vengeance de son ami verra la fin tragique d’un jeune homme qui n’a eu qu’un tort dans sa vie, celui de croiser le chemin d’un garçon pour qui donner la mort est un véritable plaisir.

2eme année Pâques : (32/127) (Paris) (Mardi matin) (Le piège) (suite)

Sacha a un étrange sourire aux lèvres en refermant la dernière valise qu’il descend pour rejoindre les précédentes dans le coffre de la voiture.

C'est l'idée de revoir Antoine et de terminer le travail que Youssef pour des raisons purement affectives n’avait pas cru bon d’exécuter quand il lui en avait donné l’ordre.

Cette fois ci, il ne ressent plus rien à part une haine féroce envers ce garçon qui pourtant à une époque pas si lointaine lui a donné beaucoup de plaisirs et même pendant un temps, lui a fait connaitre des sentiments qu’il se pensait jusqu’alors impossible de ressentir.

Depuis il y a eu Eddy, un autre garçon dont il est tombé amoureux et Sacha doit bien reconnaître qu’il n’est pas aussi fermé aux sentiments humains, que sa formation pourtant sévère à l’école avait fait en sorte pour lui faire oublier qu’ils pouvaient exister.

Tino avait vu juste et le trajet lui semble très court jusqu’au moment où il se gare discrètement dans une petite rue non loin du bar où l’attend son comparse.

La pensée de son ami le fait sourire, il a toujours été pour lui un bon coup et même si ses manières l’agacent par moment, il doit bien s'avouer qu’il a toujours pris son pied avec lui et ce depuis qu’ils se sont connus alors qu’ils étaient encore très jeunes.

Un garçon très efficace professionnellement et qui a su encore une fois le lui prouver en retrouvant aussi rapidement Antoine, jusqu’à organiser cette rencontre dans un temps record alors que le temps justement lui était compté.

Avec un peu de chance se dit-il, ils seront à Reims suffisamment tôt dans la journée pour trouver un pied à terre et commencer les recherches sur ce fameux Florian qui jusqu’alors lui échappe comme une anguille.

Sacha ne doute pas un instant terminer rapidement sa mission pour reprendre le cours de sa vie et pourquoi pas repartir comme conseiller militaire dans un pays où il pourra reprendre à nouveau et en toute liberté ses penchants naturels pour la torture et le meurtre.

***/***

« A l’intérieur du bar »

« Tina » fait signe au barman de lui resservir un autre grand crème, « elle » observe la pendule avec de plus en plus de nervosité car il va bientôt être midi et Sacha n’est toujours pas arrivé, Antoine risquant maintenant de faire son apparition d’une minute à l’autre.

« Elle » observe les quelques clients, tous des hommes comme de bien entendu et qui ne se privent pas de « la » dévisager avec attention, se demandant ce que peut bien attendre une si jolie fille depuis tout ce temps.

« Elle » reste souriante en les détaillant avec attention du coin de l’œil, tout comme le barman à la carrure impressionnante qui s’active à nettoyer son comptoir quand personne ne fait appel à lui.

La porte s’ouvre dans un tintement caractéristique, « elle » tourne la tête et reconnait Sacha, lui faisant aussitôt un signe de la main pour qu’il vienne « la » rejoindre.

« Tina » se lève pour l’embrasser et ainsi tenir son rôle devant les clients qui comprennent enfin que cette attente n’était en fait qu’un rendez-vous galant avec un jeune homme pas si terrible que ça physiquement au demeurant.

- Qu’est-ce que tu veux prendre mon chéri ?

- Un demi !!

« Tina » lève la main vers le barman.

- S’il vous plait !! Un demi pour mon ami !!

L’homme hoche la tête en prenant un verre derrière lui.

- Tout de suite mademoiselle !!!

- Merci !!

Une fois Sacha assis près d’elle à sa table, « Tina » approche son visage et lui parle à voix basse.

- Tu en as mis du temps !!

- J’ai fait aussi vite que j’ai pu !!

Sacha regarde autour de lui avant de reprendre.

- Il n’est pas encore là !!

- Non, mais il ne devrait plus tarder et j’ignore à quoi il ressemble tu le sais bien !!!

2eme année Pâques : (33/127) (Paris) (Mardi matin) (Le piège) (fin)

Sacha fait face à la porte quand son visage se fige soudainement, dans la rue à quelques mètres du bar deux garçons arrivent en marchant rapidement.

Il reconnait aussitôt Antoine accompagné d’un grand rouquin très mignon au demeurant et semblant plus jeune que lui, « Tina » voit bien son regard se durcir et se tourne à son tour pour apercevoir « elle » aussi les deux garçons qui sans avoir conscience du risque se dirigent droit vers eux.

« Elle » ne peut s’empêcher de les trouver trop craquants, un pincement lui vient alors au cœur en pensant à la fin brutale qui va s’en suivre pour au moins l’un d’entre eux.

- C’est lui ?

Sacha d’une voix sourde montrant toute la détermination qui le tien à en finir une bonne fois pour toute.

- Oui !! C’est le brun !!

- Il est bien jeune !! Nous pouvons encore partir tu sais ? De toute façon ça ne changera plus rien maintenant que ton vrai visage est connu des services de police.

- Il faut qu’il paie !! Ce salaud m’a donné aux flics tu comprends ? Il est venu dans ce pays pour ça alors qu’il aurait pu tranquillement rentrer chez lui !!

« Tina » soupire, quel gâchis « pense-t-elle » de supprimer un si beau garçon et « elle » en est là dans ses pensées quand la porte du bar s’ouvre en laissant entrer le jeune couple car c’est évident à leurs façons de se tenir l’un près de l’autre que s’en est un.

Antoine ne voyant qu’une jeune femme dans le bar se dirige naturellement vers elle, accompagné toujours de Jonas qui semble fort mal à l’aise, voire effrayé même si rien en soit ne devrait logiquement lui amener une telle frayeur.

Sacha pendant cette dernière minute a rapproché du pied le sac à mains de Tino, il l’ouvre discrètement pour y prendre l’arme à l’intérieur et reste ainsi alors qu’Antoine et son copain s’approche d’eux, ne semblant pas l’avoir reconnu ce qui n’étonne pas vraiment son ancien amant qui est conscient des modifications conséquentes apportées à son visage.

C’est avec un plaisir indicible qu’il perçoit enfin le moment où celui-ci le reconnait, un sourire cruel apparaît sur son visage alors que sa main se resserre sur le revolver lui donnant un frisson par avance de ce qu’il s’apprête à faire.

- Bonjour Antoine !! J’ai été surpris d’apprendre que tu étais encore en vie !!

- Ce n’est pas grâce à toi en tous les cas !!

- C’est pour cette raison que je suis là tu vois !! Je viens terminer le travail !!

Tout alors va très vite, Sacha sort l’arme du sac à main et le pointe sur son ex amant, un coup de feu retentit alors en rompant le semi silence de la salle.

Une auréole de sang apparaît soudainement en plein milieu du front de la victime qui s’écroule à terre, morte pour le coup.

« Tina » se lève d’un bond !! L’horreur peut se lire sur son visage décomposé quand « elle » regarde consternée le corps s’affaler sur le carrelage.

Une voix de commandement dure et sèche derrière « elle », la fait sursauter.

- Je ne te conseille pas de bouger ne serait-ce qu’un cheveu ma « belle » !! Ou alors tu vas rejoindre ton copain là où il est maintenant !!

Antoine prend Jonas tout tremblant dans ses bras en regardant Victor qui se tient debout juste derrière la « fille » qui n’est en fait qu’un garçon déguisé, tenant pointer sur lui son arme encore fumante.

- C’est fini « Jo » !! Il a eu sa chance de s’en sortir, sa haine a été la plus forte !!

Antoine entraîne alors son chéri encore sous le choc de toute cette violence loin de la flaque de sang qui s’étend à leurs pieds, laissant Victor et ses hommes qui maintenant ne sont plus les simples clients qu’ils paraissaient être faire leur travail.

Deux d’entre eux s’emparent de Tino toujours sous le coup de la surprise de s’être fait prendre alors que rien ne le laissait présager il n’y a pas encore cinq minutes, un autre ferme le bar et baisse le store pendant que Victor range son arme et prévient le service du procureur sur la mort d’un espion lors de son arrestation.

Il lève les yeux vers le jeune couple, visiblement ému de les voir toujours enlacer serrer l’un contre l’autre.

- Emmène mon fils loin de cet endroit Antoine, nous verrons plus tard pour faire le rapport qui clôturera cette sinistre affaire !! Et toi « Jo » !! Tu aurais dû m’écouter au lieu de vouloir à tout prix rester avec ton ami, regarde maintenant dans quel état tu te trouves !!

- Je ne pouvais pas laisser « Toinou » y aller seul p’pa !! Tu le sais bien !!

Victor sourit et son visage exprime toute la compréhension et la fierté qu’il éprouve pour son fiston, qui n’a pas voulu laisser celui qu’il aime vivre seul cette épreuve.

- Allez les enfants !! Je vous retrouve tout à l’heure à la maison, Henry ? Tu veux bien les raccompagner chez moi s’il te plait ?

2eme année Pâques : (34/127) (Paris) (Mardi matin) (Petit retour de quelques heures en arrière)

« Poste de garde, Begin »

Le planton observe attentivement la jeune fille qui maintenant lui tourne le dos en remuant lascivement du popotin, il attend qu’elle ait disparu de son champ de vision pour rentrer dans sa guérite où il prend en mains le portrait-robot amené la veille par les services de police.

La ressemblance est frappante, le soldat fronce les sourcils tout en souriant de satisfaction de ne pas avoir eu de réactions face à « elle » pendant leur bref entretien et repose le portrait en décrochant le téléphone relié directement au responsable de la sécurité de l’hôpital.

- …..

- Mes respects mon capitaine !! Une jeune femme correspondant au portrait vient de se présenter à l’entrée, elle cherchait l’américain !!

Le planton répète alors à son supérieur la conversation qu’il vient d’avoir avec la suspecte.

- ………..

- Bien mon capitaine !!

- ……….

- Merci mon capitaine !!

***/***

« Bureau du directeur de la DST »

Maurice raccroche vivement, il n’y a pas de temps à perdre et le temps justement lui est compté, il convoque dans l’urgence les quelques hommes disponibles pour un bref briefing.

- Vous avez bien tout compris messieurs ?

- (Henry) N’est-ce pas dangereux pour le cousin de Florian d’aller à ce rendez-vous ?

- Nous devons être certains qu’il s’agit bien de ce fameux Sacha et seul Antoine le connait suffisamment pour le reconnaître et ce même s’il a transformé son physique.

- (Henry) Victor sera-t-il de la partie patron ?

- Bien sûr !! je m’en occupe tout de suite, vous allez vous mettre à sa disposition et en attendant, allez donc sécuriser la zone à l’intérieur de ce bar !!

Maurice les congédie d’un geste de la main, il appelle aussitôt Victor qui est certainement chez lui pour profiter de sa journée de repos.

Une brève mais très constructive conversation le fait raccrocher au bout d’un petit quart d’heure et venir s’asseoir confortablement en soupirant sur son fauteuil préféré.

Les dés sont jetés !! Il ne reste plus qu’à attendre !!

***/***

« Chez les Novak »

- Qui a-t-il chéri ? Tu parais préoccupé ?

- Il semblerait que nous ayons retrouvé ce fameux Sacha dont je t’ai parlé, tu sais l’espion qui cherche à nuire à Florian ?

- Que vas-tu faire ?

- Nous allons lui tendre un piège, il faut que j’aille à Begin pour avoir une conversation avec Antoine à ce sujet !!!

Une voix remplie d’émotions les font se retourner tous les deux.

- Je vais avec toi p’pa !!

- Hors de questions « Jo » !! C’est bien trop dangereux !!

- Et ça ne l’est pas pour Antoine ? j’ai tout entendu tu sais !!

- Je serai là pour protéger ton ami !!

- Je veux être avec Antoine p’pa !! Je l’aime, tu comprends ? comment pourrais-je me regarder dans une glace s’il lui arrive quelque chose alors que je le sais en danger et que je reste bien tranquillement à la maison ? Tu peux me le dire ?

- Je n’ai pas le temps de discuter avec toi !! Tu restes là un point c’est tout !!

Catherine regarde ses deux hommes qui se fixent sans baisser les yeux, chacun campant sur ses positions.

- « Jo » à raison tu sais chéri !! Je suis certaine que tu ne mettrais pas Antoine en danger !! Alors si « Jo » est avec lui où est la différence ?

- (Victor) Mais enfin !! Ce n’est pas sa place !!

- Sa place est avec celui qu’il aime si c’est ce qu’il juge bon pour lui !!

Victor n’est pas vraiment habitué à entrer en conflit avec sa famille, de les voir aussi remonter contre lui le fait réfléchir et c’est avec réticence qu’il acquiesce en s’en remettant à la décision du plus grand nombre.

- Bon !! D’accord !! Mais je te préviens !! Tu feras exactement ce que je te demanderai, c’est bien compris ?

- Oui p’pa !! Merci m’man !!

2eme année Pâques : (35/127) (Paris) (Mardi matin) (Petit retour de quelques heures en arrière) (fin)

***/***

« A l’intérieur du bar, moins d’une heure plus tard »

Victor est enfin satisfait, ses hommes s’installent un par un comme n’importe quels clients lambda et lui-même a pris la place du serveur qui s’est vu sans réellement tout comprendre de ce qui lui arrive, remiser à la cave où il lui a été demandé de se faire oublier, son bar étant réquisitionné pour une enquête de police.

L’homme ayant pris l’apparence d’une jeune femme en est à sa troisième consommation, quand la porte s’ouvre sur un inconnu qui se dirige directement vers « elle » pour s’asseoir à sa table après un baiser appuyé digne d’un film de série B et Victor comprend alors qu’il vient de rencontrer enfin le fameux Sacha qui jusqu’à maintenant s’est joué d’eux avec une aisance frôlant la perfection.

Tout semble respirer la normalité dans le bar, les clients papotant entre eux en buvant tranquillement leurs boissons, le couple qui jusque-là discutait tranquillement à voix basse à un moment semble se figer et Victor suit leurs regards portés vers la rue, il aperçoit lui aussi le jeune couple d’amoureux qui s’approche rapidement.

Son attention se reporte sur Sacha et son complice, il capte le geste de celui-ci vers le sac à main placé entre eux deux et la suite est alors vécu pour Victor comme dans un rêve tellement les faits s’enclenchent ensuite avec rapidité, il voit d’abord entrer Jonas et Antoine qui se dirigent presque aussitôt avec à peine un instant d’hésitation vers le couple d’espions.

Victor a un œil sur la main de Sacha toujours à l’intérieur du sac à main et l’autre sur le visage d’Antoine devenu blanc comme un linge en reconnaissant son ex amant, ensuite tout va trop vite pour que Victor réfléchisse plus en avant sur les décisions qu’il doit prendre.

Il sort son arme dans le même reflexe qu’a Sacha pour sortir la sienne, sauf qu’au lieu de prendre le temps d’une dernière phrase avant d’appuyer sur la détente, il tire à bout portant en pleine tête de ce monstre qui s’apprêtait encore une fois à tuer de sang froid dans un lieu public qui plus est et ce sans aucune hésitation apparente.

***/***

« Bureau du directeur de la DST »

Maurice surveille la pendule qui égrène les minutes avec une régularité de métronome, il est maintenant midi passé et tout doit être en cours de se jouer alors que lui trépigne d’impatience de recevoir des informations sur ce qu’il s’y passe.

Enfin le téléphone retentit, la deuxième sonnerie n’a pas le temps de résonner dans le bureau qu’il a déjà décroché et plaqué le combiné à son oreille.

- Oui allô !!

- ………

- Ah !! Il fallait s’y attendre !! Comment va Antoine ?

- ………

- Très bien !! Le voilà tranquille maintenant, nous aussi par la même occasion !!

………

- Tu as vérifié qu’il n’avait rien sur lui pour attenter à sa vie ?

- ………

- Je l’interrogerai moi-même, mettez-le en lieu sûr !! Il ne doit rien lui arriver tu m’as bien compris ?

- …….

- Je veux savoir combien ils sont sortis de cette école !! Je n’ai pas envie d’avoir à les débusquer tous un par un tu comprends ?

- …….

- Ils l’auront peut-être interprété comme ça, mais j’en doute !! En tous les cas tu as fait du bon travail, retourne chez toi profiter de ta famille !! Nous ferons le point demain sur les suites à donner à toute cette affaire.

- ……..

- Pas de soucis, il peut rester chez toi pour cette nuit !! Je ne pense pas qu’il craigne quelque chose maintenant que cette histoire a trouvé sa triste fin !! Je vais faire prévenir le consulat américain, je pense qu’ils seront eux aussi content d’apprendre que tout est terminé et que ce sinistre individu aura cessé de nuire une bonne fois pour toutes.

- ……..

- Rassure-le à ce sujet, nous venons de recevoir les papiers qu’il attendait et tu peux lui annoncer qu’il ne fait plus partie de l’armée des Etats Unis depuis hier soir.

- ……..

- Si c’est toujours ce qu’il veut, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait l’en empêcher !! Le général l’a à la bonne il me semble et nul doute qu’il signera les documents nécessaires pour régulariser sa situation au plus tôt.

***/***

Jonas est dans sa chambre entouré de l’affection de ses frères qui le réconfortent comme ils peuvent de la scène d’horreur à laquelle il a été témoin et qui le marque profondément étant donné son extrême émotivité naturelle, quand Victor rentre chez lui.

Il remarque aussitôt le silence inhabituel de la maison et se dirige dans le salon où une scène particulièrement attendrissante se dévoile sous ses yeux.

Catherine sa femme est assise dans le canapé en tenant enserré dans ses bras Antoine pleurant à chaudes larmes et cherchant à le réconforter en le berçant tendrement, fortement émue elle aussi de l’état de choc du jeune homme.

Ses yeux le piquent à son tour, il comprend alors l’importance qu’a pris ce garçon depuis le premier jour où il leur est apparu pour lui et pour sa famille toute entière.

2eme année Pâques : (36/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu)

Antonin comme il en a pris maintenant l’habitude, reçoit les premiers rendez-vous de la journée et les fait patienter dans la petite salle d’attente attenante au bureau alloué à Florian depuis son retour du Japon.

- Le docteur a été appelé sur une urgence en salle d’opération, il s’occupera de vous avec un peu de retard.

Les quelques personnes assises dans la pièce lèvent les yeux sur lui, surprises comme beaucoup d’autres avant elles de la jeunesse apparente de ce petit blond si sympathique et si mignon au demeurant, que nul ne pense un seul instant à lui faire un quelconque reproche sur le retard annoncé de l’éminent spécialiste qu’ils sont venus consulter en parcourant pour certains un bon nombre de kilomètres.

La réputation du docteur De Bierne est telle qu’il faut maintenant plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous et ils ne sont plus à quelques heures près maintenant qu’ils sont là et qu’ils ont eu la chance d’être parmi les premiers.

Antonin retourne à sa place, il prépare les documents concernant chaque patient, qu’il range dans une pochette individuelle que Florian prendra en passant à l’énoncé de leurs noms.

Un homme d’une trentaine d’année ne le quitte pas du regard, Antonin en éprouve une certaine gêne et n’ose plus lever les yeux sur lui, trouvant pourtant en cet homme des qualités physiques indéniables tout comme son regard pénétrant qui le trouble plus que de raison.

L’homme sourit en s’apercevant du manège du jeune homme, il connait bien l’attirance qu’il dégage naturellement et s’en amuse toujours quand comme c’est le cas en ce moment, il passe le temps en ne trouvant rien de mieux à faire qu’à tester une fois encore son charme naturel sur ce jeune assistant visiblement troublé.

Que ce soit fille ou garçon, le jeu de séduction l’amuse toujours autant et il lui suffit de fixer intensément la personne pour que celle-ci finisse par se laisser prendre à ses filets, tout comme le petit blondinet qui n’échappe pas encore cette fois ci à la règle.

Maintenant ce n’est qu’un amusement sans méchanceté, destiné uniquement à le conforter sur son charme et il ne lui viendrait pas à l’idée d’en abuser en concluant ses petites joutes par des actes sexuels avec ceux qui s’y laissent prendre, trop respectueux des sentiments de chacun et surtout du fait que lui n’en ressentirait pas les mêmes effets.

***/***

« Pendant ce temps-là dans l’enceinte du CHU »

- Putain !! Je me suis mis grave à la bourre !!

Une voix moqueuse derrière mon dos

- Tu parles tout seul ! Hi ! Hi !

Je me retourne, curieux de savoir qui m’adresse ainsi la parole.

- Gauthier ?? Qu’est-ce que tu fais ici ?

Nous nous embrassons, heureux de cette rencontre.

- C’est mon grand-père qui a été rappelé pour un problème avec un de ses malades, nous allions à la pêche et du coup nous voilà à passer la matinée ici !! Tu fais quoi toi ?

- J’allais justement à mon cabinet, tu n’as qu’à venir avec moi et tu me raconteras tes aventures en Afrique ! Hi ! Hi !

- Si tu veux, mais je préférerai te parler de mes nouvelles compositions.

- J’espère que celles-là seront plus gaies que l’autre fois ! Hi ! Hi ! Tu as fait pleurer tout le monde tu te rappelles ?

- Pas vraiment, non !! J’étais encore dans mon monde à cette époque !!

- Allez !! Suis-moi !! Je vais te présenter un nouveau copain !!

- Ok, cool !!

Nous traversons l’ancien hôpital pour prendre ensuite la direction d’une partie nouvellement créée où j’ai mon cabinet et j’écoute Gauthier me raconter comment il a connu Taha et son ami Naomé, la surprise d’apprendre la relation de Taha avec Naomé n’a d’égal que celle de comprendre le chagrin d’amour de Gauthier pour le même Naomé.

- Et bien dis donc !! Si je m’attendais à ce que toi aussi tu préfères les garçons !! Tu étais vraiment amoureux alors ?

- Disons plutôt que je me sentais attiré par « Nao », seulement il est raide dingue de Taha alors je n’avais aucune chance tu comprends ?

- Je comprends surtout que plus rien ne devrait m’étonner, Taha homo !! Tu parles d’un scoop !!

- C’est plus compliqué que ça je pense.

- Ah oui !! Vraiment ?

Il m’explique alors l’ambiguïté de la relation entre mon ami d’Afrique et son copain d’enfance, je me dis que je verrai bien par moi-même étant donné que je vais le retrouver d’ici quelques jours si tout va bien.

2eme année Pâques : (37/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (Discussion philosophique entre ami)

- (Gauthier) Ils seront tous contents de te voir tu sais ? Même le père Antoine ne sait pas rester une journée sans parler de toi !!

- Un bien brave homme qui a été récompensé de tous ses bienfaits.

- Comment ça ?

Je regarde Gauthier un instant avant de lui répondre avec un sourire entendu aux lèvres.

- Comme toi tu l’as été pardi !!

- Non !! Tu veux dire ??

Je hoche la tête en signe d’acquiescement.

- Quel âge tu lui donnes au père Antoine ?

- Je n’en sais rien en fait !! Je dirais une soixantaine d’année, au moins !!

- Tu n’y es pas du tout mon gars !! Tu peux largement en rajouter une vingtaine facile !!

- Waouh !! Ils ont fait fort ceux de la clairière !! Mais dis-moi « Flo » ? Qui sont-ils exactement ?

- De ce que j’en sais, c’est une race très ancienne venue de l’espace qui s’est retrouvée bien contre leurs volontés sur Terre !!

Gauthier sourit, puis ricane gentiment.

- Des cailloux intelligents ? Avoue que ce n’est pas banal !!

- Les cailloux comme tu dis, sont ce qu’il reste de leur planète après sa destruction et ils n’ont rien trouvé de mieux pour survivre qu’à transférer leurs essences à l’intérieur.

- J’avoue que tout ça me dépasse, force est de constater en tous les cas qu’ils sont bien tombés en venant sur notre planète et j’ai cru comprendre qu’ils t’avaient sauvé la vie ?

- C’est exact !! Il y a bien longtemps de ça et j’en ai même eu un dans ma tête pendant toutes ces années sans même m’en rendre compte.

- C’est de ma faute s’il en est parti ?

- Bien sûr que non voyons !! Il a juste saisi l’opportunité que ton esprit était enfoui très loin dans ton cerveau pour rentrer auprès des siens.

- (Gauthier) Tu te sens comment depuis ?

- Bizarre je dirais !! Il m’a transmis beaucoup de choses que je découvre petit à petit, tu sais Gauthier !! Je vais te dire une pensée que je n’ai jamais révélée à personne, pas même à Thomas !!

- Tu m’intrigues là !! Qu’est-ce que c’est ?

- Je pense sincèrement que ma survie n’avait qu’un but et que celui-ci arrive à terme.

- Ça changera quoi pour toi quand ce sera le cas ?

- C’est justement la question que je me pose, j’ai le pressentiment que ça mettra un dénouement à ce que je suis.

Gauthier s’arrête en plein milieu du couloir, il attrape son ami par la manche pour le faire se tourner vers lui et son visage grave marque combien les dernières paroles de Florian l’ont marqué.

- Tu penses à quoi en disant ça ?

Dois-je lui avouer le fond de ma pensée ? D’ailleurs ce n’est qu’une impression et rien ne dit que c’est ce qui arrivera, je soupire un grand coup en retrouvant le sourire pour ne pas l’inquiéter plus qu’il ne l’est déjà.

- Bah !! Ce n’est sans doute que des conneries !! Pour l’instant tout baigne alors il ne sert à rien d’imaginer des choses qui n’arriveront sans doute jamais.

- Si tu le dis !! Nous sommes encore loin de ton cabinet ?

- C’est au bout du prochain couloir !!

Gauthier ne dit rien de plus et reprend sa marche dans la direction indiquée par le petit rouquin qui en quelques semaines s’est mis à compter beaucoup pour lui.

Il reste songeur malgré tout sur leur conversation, comprenant bien que les dernières paroles de Florian n’ont été dites que pour le rassurer et non parce qu’elles sont le fond de ses pensées.

2eme année Pâques : (38/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu) (suite)

Ce n’est qu’une fois arrivé à destination, quand les deux amis entrent dans la petite salle d’attente maintenant pleine à craquer, que Gauthier cesse de se poser toutes ces questions et qu’il regarde ébahi toutes ces personnes jeunes ou âgées, qui attendent pour la plupart en restant debout à cause du manque de sièges.

Il reste un instant bloqué, ce n’est que quand Florian le pousse gentiment vers l’autre porte à l’opposé de la salle qu’il reprend sa marche en faisant attention de ne rentrer dans personne.

***/***

L’homme est maintenant debout au fond de la salle, il a cédé volontiers sa place à une femme ayant visiblement de grandes difficultés à se maintenir sur ses jambes.

Il s’appelle Redwan, il a trente et un ans et voyage aux quatre coins du pays comme représentant Multicartes, sa venue ici étant due à l’anxiété qu’il éprouve depuis quelques mois à faire du sang régulièrement quand il va aux toilettes.

Cet homme attirant au physique viril qui pourtant est loin d’être timide, a dû se faire violence pour venir consulter et quitte à franchir le pas, autant s’est-il dit aller vers le meilleur.

Le docteur De Bierne étant d’après le bouche à oreille, celui qui excelle le plus dans sa profession et c’est pour cette raison qu’il se retrouve dans cette salle d’attente ce matin-là, n’ayant aucune idée de ce à quoi ressemble cet éminent spécialiste.

Il voit donc entrer les deux garçons en se disant que la salle devient décidément bien trop exiguë si de nouveaux patients arrivent encore en consultations comme ça a l’air d’être le cas avec ces deux jeunes au demeurant très craquants.

Redwan va pour tester une nouvelle fois son charme sur ceux-ci quand l’un des deux capte son regard et qu’il sente son cœur battre soudainement la chamade, comprenant que pour la première fois depuis bien longtemps il vient de se faire prendre à son propre jeu.

***/***

Gauthier marche derrière Florian en observant avec curiosité les personnes autour de lui, cherchant à connaitre les raisons de leur présence qui pour certaines semblent évidentes au vu des atèles ou autres instruments d’aides médicales auxquels ils sont appareillés, alors que d’autres lui paraissent en bonne santé.

Son regard scille quand il croise celui d’un vert profond d’un homme encore jeune se tenant debout dans un coin de la salle d’attente, il sent sa bouche s’assécher soudainement devant ce visage viril et d’une beauté peu commune, du moins pour ses propres critères de choix quoiqu’il se rende bien compte malgré tout qu’il en irait de même pour beaucoup d’autres que lui.

- Aïe !! Fais attention !!

Gauthier subjugué par la vision du beau brun qui semble lui aussi ne pouvoir détacher son regard du sien, vient de percuter Florian qui avait stoppé pour saluer une femme et son enfant qui viennent régulièrement le voir en consultation.

- Excuse-moi !!

***/***

Je capte immédiatement la raison pour laquelle Gauthier m’est rentré dedans, un sourire me vient alors quand je le prends à mon tour par le bras pour le faire entrer dans mon cabinet et refermer la porte derrière nous.

Antonin nous regarde avec surprise depuis son bureau, le jeune garçon propulsé par Florian lui amenant un regard appréciateur devant sa bouille ronde craquante sous sa coupe afro au volume impressionnant.

L’air hébété du jeune garçon qui semble soudainement remettre les pieds sur terre, le fait s’esclaffer bien malgré lui.

- Hi ! Hi ! C’est un copain à toi Florian ?

2eme année Pâques : (39/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu) (suite)

- Oui c’est Gauthier !! Excuse-le ! Hi ! Hi ! Je crois bien qu’il y a quelqu’un dans la salle qui lui fait de l’effet !!

- (Antonin) La trentaine, grand, brun aux yeux verts ?

- Ah, d’accord !! Je vois qu’il n’y a pas que lui qui l’a repéré !!

Antonin rougit sans baisser pour autant les yeux.

- Quand on te fixe aussi intensément qu’il l’a fait avec moi, tu ne peux pas ne pas t’en apercevoir et d’ailleurs je ne savais plus où me mettre tellement je me sentais gêné.

- Et bien on dirait bien que ce n’est pas le cas pour tout le monde, pas vrai Gauthier ?

- Hein !! Quoi !! Ah oui, tu disais ?

- Que le type dans la salle d’attente ne t’a pas laissé indifférent !!

Gauthier troublé.

- Je ne comprends pas moi non plus ce qu’il m’est arrivé figure toi !!

- Tu as déjà entendu parler du coup de foudre ? Oui ? Et bien c’est exactement ce qui semble t’être arrivé mon grand ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! Je n’ai vraiment pas de chance !!

- Explique-toi ??

- Moi aussi je dois avoir un don tu sais « Flo » !! Celui de m’intéresser aux gens inaccessibles pour moi, déjà avec « Nao » alors qu’il était évident qu’il était épris de Taha et maintenant avec ce type qui doit me prendre pour un gamin !!

- (Antonin) Il a l’air de plutôt apprécier les mecs plus jeunes que lui, si tu avais vu comment il me matait !!

- (Gauthier) C’est encore pire que je le pensais alors !! Je dois être maudit ! Hi ! Hi !

Je le regarde, amusé.

- Tu as l’air de plutôt bien le prendre, c’est déjà ça !! Bon !! Et bien déjà les présentations, le petit blond c’est Antonin mon secrétaire particulier et aussi un de mes amis intimes pour tout te dire.

Gauthier curieux.

- Intime à quel point ?

Je m’approche d’Antonin pour l’embrasser longuement sur les lèvres en guise de bonjour.

- A ce point-là comme tu peux le voir ! Hi ! Hi !

Les yeux de Gauthier brillent quand il me répond d’une voix exprimant une certaine envie.

- Tu en as de la chance !! Tu ne peux pas savoir comme j’aimerais vous ressembler !!

- Comment ça nous ressembler ?

- Eh bien oui quoi !! Etre aussi beau que vous !!

Antonin et moi nous nous regardons sans comprendre, s’il y a une chose qui ne nous viendrait pas à l’idée en regardant Gauthier c’est certainement de le trouver laid bien au contraire et ses paroles nous laissent entendre que ce n’est pas son cas, je m’empresse donc de le détromper.

- Mais de quoi tu parles là ?? Tu nous charries hein !! Avoue !!

- (Gauthier) Vous êtes sympa les gars mais je sais très bien comment je suis.

- C’est sûr qu’avec cette vision de toi, tu n’es pas près de te trouver quelqu’un !!

- (Antonin) Je pense plutôt qu’il dit ça exprès pour voir notre réaction.

- Ou alors il veut qu’on lui prouve le contraire ! Hi ! Hi !

Gauthier voit bien l’amusement des deux garçons qui s’approchent de lui, il recule en mettant ses mains devant lui pour les arrêter.

- Bon d’accord les gars !! Je reconnais que je disais ça pour rire, maintenant j’ai quand même des questions à me poser ! Hi ! Hi !

- Avec ce type tu veux dire ?

- Entre autres oui !!

- Qui te dit qu’il n’est pas intéressé d’ailleurs !! Un coup de foudre est rarement à sens unique et nous allons bientôt savoir si j’ai raison ou si je suis dans l’erreur !!

- (Antonin) A quoi tu penses ?

Je rentre dans la pièce d’auscultation, prends deux blouses blanches et j’en tend une à Gauthier.

- Tu vas me servir d’assistant et rester à mes côtés pendant qu’Antonin le fait entrer.

Gauthier en a les yeux qui s’arrondissent d’ébahissement, il part ensuite dans un énorme éclat de rire en prenant Antonin à témoin.

- Ce mec est complètement barge ! Hi ! Hi !

2eme année Pâques : (40/127) (Afrique) (Mercredi)

« Sur la route, direction le dispensaire »

Joseph n’en revient pas du changement depuis sa dernière visite, la piste jusqu’alors praticable qu’avec des véhicules tout terrain, s’est transformée en autoroute bitumée où circulent dans les deux sens un nombre de camions quasiment en file continue.

Les deux garçons tranquillement installés à l’arrière de la voiture semblent subjugués par la vision qu’ils ont de cette Afrique sauvage qui défile de chaque côté de la route, seule trace apparente de la civilisation.

Joseph sourit en les observant de temps en temps depuis le rétroviseur, ils ont le front collé chacun à sa vitre et sont devenus soudainement muets depuis qu’ils ont quitté la ville.

- C’est beau pas vrai ?

- (Amid) Magnifique tu veux dire !! Je n’ai jamais vu des arbres pareils de toute ma vie !!

- (Christophe) Ça change de ton désert et de tes cactus c’est sûr !!

- (Amid) Oh lui !! Je suis sûr qu’à part les platanes dans ta rue, tu n’avais jamais vu autant de luxuriance végétale toi non plus !!

- (Christophe) Tu entends ça « Jo » ? Mon prince voit de la « luxuriance » là où je ne vois qu’une forêt tropicale ! Hi ! Hi !

- (Joseph) Vous aimez vraiment beaucoup vous chicaner vous deux !! J’aurais dû me taire, j’étais bien tranquille jusque-là !! Pour l’instant vous n’avez encore rien vu, attendez que nous arrivions là où la civilisation n’a pas encore marqué la nature et vous aurez vraiment de quoi vous en mettre plein les mirettes.

Le calme revient pendant quelques kilomètres, juste entrecoupé par les clignotants de la voiture alors que Joseph double un convoi de semi-remorques visiblement chargés jusqu’à la limite des essieux.

- (Amid) C’est pour la construction de l’hôpital de Florian toute cette circulation ?

- (Joseph) Il semblerait bien en effet !! Ils mettent les bouchées doubles on dirait bien, il faut dire aussi qu’il y en a pour plusieurs milliards de dollars et j’ai entendu dire qu’il y aurait une prime non négligeable si les travaux ne prenaient pas de retard.

- (Christophe) Tu es au courant que Florian doit venir d’ici quelques jours ?

- (Joseph étonné) Comment tu sais ça toi ?

Christophe jette un regard vite fait vers son chéri.

- Nous avons nos sources nous aussi ! Hi ! Hi !

- (Amid) C’est mon père qui nous a prévenus, il a souvent Florian en vidéo pour traiter les affaires qu’ils ont ensemble.

- (Christophe) J’ai hâte de le revoir depuis le temps !!

- (Joseph) De les revoir tu veux dire ? Il a affrété le jet de son entreprise, une bonne partie de ses amis vont le suivre pour ces quelques jours.

- (Amid surpris) Je croyais qu’ils étaient encore tous en études ?

- (Christophe) En France c’est bientôt les vacances de Pâques, ignare !!

- (Amid) Joseph s’il vous plait !! Rappelez-moi de punir ce jeune effronté qui insulte son prince sans vergogne ni retenue !!

Les yeux brillants d’amusement de Joseph font sourire Christophe qui en rajoute une couche.

- Ah oui vraiment ?? Et que me réserve mon « ignare » de prince pour me punir ?

- (Amid) Je pourrais entre autres te changer de fonction au sein du palais !!

- (Christophe) Vraiment ?? Comme par exemple ??

- (Amid) Ils cherchent justement un eunuque pour le harem de mon père !!

- (Christophe) Et mon prince pourra-t-il m’expliquer avec quoi le petit cul de mon prince se satisfera, s’il me les coupe ?

Joseph fait une embardée, la réponse de Christophe étant des plus inattendues l’ayant pris par surprise et il ne peut s’empêcher de jeter un regard curieux vers le petit prince qui est devenu rouge pivoine à l’allusion des plus directes de son copain.

- Voilà qui est bien envoyé ! Hi ! Hi ! Mais ce n’est pas parce que nous ne sommes plus au palais qu’il vous faut perdre vos habitudes de langage déjà assez peu protocolaires.

Amid met un coup de coude vengeur dans les côtes de son ami qui se tourne alors vers lui les yeux brillants de tout ce qu’il éprouve pour lui et qui du coup laisse le petit prince tout chose, avec une forte envie difficilement réfrénée de le prendre dans ses bras.

Joseph soupire d’exaspération, comprenant bien que l’attachement des deux garçons risque un jour de leur poser des problèmes s’ils ne prennent pas son enseignement rapidement au sérieux.

2eme année Pâques : (41/127) (Afrique) (Mercredi) (fin)

« Dispensaire »

Le bruit du chantier omniprésent depuis maintenant plusieurs semaines se répercute sur l’humeur des habitants du petit dispensaire, le père Antoine s’en rend bien compte malgré qu’il ne puisse pas y faire grand-chose et il lui semble même que l’afflux d’ouvriers a encore augmenté ses derniers jours, rendant la zone si paisible d’habitude en un véritable capharnaüm de sons aussi bien de machines que d’humains.

Les animaux habituellement présents autour du dispensaire, ont fui toute cette agitation et l’endroit jadis si magnifique, s’est transformé en champ de poussières de ciment qui recouvrent tout sur des kilomètres.

Le père Antoine en est là dans ses pensées moroses quand Okoumé apparaît à l’horizon, accompagné de plusieurs de ses chasseurs armés jusqu’aux dents, ce qui ne manque pas d’interpeller le vieil homme sur les raisons de sa venue.

Il l’attend donc avec une certaine anxiété lui marquant le visage, ce n’est qu’une fois son « fils » de cœur à quelques pas de lui qu’il lui demande la raison de sa venue avec ses hommes en armes.

- Pourquoi ces peintures sur vos visages Okoumé ?

- Les dieux sont inquiets mon père !! Ils m’envoient vous prévenir qu’un danger menace !!!

- Un danger !!! Quel danger ??

- Les dieux parlent d’hommes oiseaux qui descendent du ciel de l’autre côté de la rivière !!

- Des hommes oiseaux ??

- Oui mon père !! Ils tombent depuis les oiseaux de métal qui sont très hauts dans le ciel !!

- Des parachutistes ??

- Je ne connais pas ce mot mon père mais j’en ai vu un avec une aile de tissu au-dessus de sa tête, ils avaient des armes comme les chasseurs blancs qui détruisaient notre forêt.

- Ce sont bien des parachutistes alors !! Que viennent-ils faire par ici ?

- Les dieux de la clairière disent qu’ils ressentent une menace venant d’eux sans pouvoir dire laquelle, ils m’envoient juste vous prévenir pour que vous puissiez avertir ceux qui sont venus construire la grande hutte de pierre.

- Tu en as vu un m’as-tu dit ? L’as-tu vu d’assez près pour pouvoir me le décrire ?

Okoumé fait un signe derrière lui à un de ses chasseurs, celui-ci s’avance en tenant un ballot de vêtements qu’il tend au père Antoine.

Celui-ci ne peut manquer de voir les traces de sang sur les vêtements, il reporte son regard sur Okoumé.

- Il semblerait que tu l’aies vu de plus près que j’aurais pu le penser !!

- Nous traquions des antilopes quand l’homme oiseau s’est posé au sol mon père, dès qu’il nous a vu il a pointé son bâton de feu sur nous et nous a menacé, un de mes chasseurs en retrait lui a alors envoyé la flèche destinée à l’antilope qu’il visait et n’a rien fait d’autre que de nous protéger.

- L’homme est-il mort ?

- La flèche était destinée à tuer mon père !! Tout comme le bâton de feu que pointait l’homme oiseau sur nous !!

Le père Antoine soupire de lassitude, décidément ces dernières semaines ne lui apportent que des tourments desquels il se serait bien passé.

- Rentre dans le dispensaire Okoumé et demande à tes hommes de rester à l’écart des ouvriers, je ne voudrais pas que leur aspect les effraie plus que nécessaire tu comprends ?

Pendant qu’Okoumé parle à ses chasseurs, le père Antoine déballe le ballot sur une des tables et son visage se crispe soudainement en reconnaissant les sigles sur les épaulettes de la vareuse.

Il attend qu’Okoumé le rejoigne pour s’excuser de le laisser seul le temps qu’il parte à la recherche de Dorian et de Gérôme qui ne doivent pas être bien loin.

Une fois ceux-ci prévenus des derniers événements, ils se dirigent immédiatement vers la table pour prendre l’uniforme en mains non sans avoir jeté un œil inquiet sur le chef

Masaï toujours aussi impressionnant pour ceux qui le rencontrent pour la première fois.

- (Dorian) Manquait plus que ça !!

2eme année Pâques : (42/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu) (suite)

« Cabinet médical du docteur De Bierne »

Redwan s’avance vers la porte à l’annonce de son nom, il s’arrête devant le bureau où le jeune blondinet l’interroge sur ses mensurations « âge, taille, poids, et ainsi de suite. » ainsi que des motifs de sa venue qu’il note d’une main assurée sur sa feuille de suivi médical.

Bizarrement Antonin se rend compte que les yeux de ce bel homme ne cherchent plus à le mettre mal à l’aise, bien au contraire car son sourire avenant lui amène naturellement le sien en retour et participe grandement à créer une ambiance positive qui finit par mettre suffisamment Redwan à l’aise pour qu’il parle franchement de ses problèmes de santé.

Une femme sort d’auscultation accompagnée de sa petite fille qui lèche avec un plaisir évident la grosse sucette offerte par le gentil médecin, en guise de récompense au fait qu’elle n’a pas pleuré lorsqu’il lui a fait sa piqure.

Antonin tend alors à Redwan la chemise cartonnée contenant tous les renseignements nécessaires au médecin et termine par un petit sourire en lui montrant la porte du cabinet restée ouverte.

- Vous pouvez entrer, le docteur De Bierne vous attend !!

- Merci !! Ah oui, une dernière chose !! Je m’excuse sincèrement pour tout à l’heure, ce n’était qu’un jeu pour tromper l’ennui ?

- Il y a d’autres façons de passer le temps vous savez ?

- Ce n’était pas bien méchant !!

Antonin sourit une nouvelle fois en montrant la porte béante.

- Le docteur vous attend !! Parfois on peut se faire prendre à son propre jeu ou trouver quelqu’un qui le pratique mieux que vous !!

Redwan revoit le magnifique garçon qui l’a tant troublé tout à l’heure, il ne se fait pas d’illusion car l’écart d’âge entre eux doit être rédhibitoire pour que quelqu’un d’aussi jeune ait envie de s’intéresser d’une façon quelconque à un homme fait, comme lui avec ses trente ans passés.

- C’est exact !! Je viens de m’en apercevoir !!

- (Antonin) Alors c’est très bien !!

Redwan hoche la tête et se dirige vers la pièce où se trouve le médecin, il entre en jetant un regard curieux à l’intérieur et reste un moment figé par l’étonnement quand il comprend que le jeune rouquin qu’il prenait pour un patient lambda n’était en fait rien de moins que le fameux toubib avec qui il a son rendez-vous.

Le deuxième bug et pas le moindre des deux, intervient quand il reconnait la deuxième personne présente dans la pièce, une nouvelle fois ses yeux sont pris dans ceux de cet ange au visage poupin visiblement aussi pris dans ses émotions que lui l’est.

***/***

La scène qui se passe sous mes yeux me conforte dans mon idée de coup de foudre réciproque, je leur laisse quelques secondes pour bien le comprendre avant de prendre la parole et redevenir le professionnel qu’il est venu consulter.

- Veuillez-vous asseoir je vous prie !!

Redwan réagit au son de cette voix jeune qui s’adresse à lui, il détache avec difficulté son regard de sur son « ange » pour faire ce qu’on lui demande et donne son dossier à la main tendue vers lui qui le lui réclame.

Je prends connaissance de la raison de sa venue, je souris intérieurement en me disant que décidemment le hasard encore une fois fait bien les choses et je me lève en lui indiquant la table d’auscultation placée dans un coin de la pièce.

- Veuillez-vous déshabiller s’il vous plaît !! Ensuite vous irez vous allonger sur cette table pour que je puisse faire mon diagnostic.

Redwan se sent soudainement pris d’une forte gêne à l’idée de se dévêtir sous les yeux de celui qui ne peut être que l’assistant du médecin, même s’il parait beaucoup trop jeune pour ça et rien que cette idée suffit à le déstabiliser en lui amenant une chaleur aux joues des plus évocatrices de son trouble du moment.

2eme année Pâques : (43/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu) (suite)

Gauthier tourne la tête vers son copain qui lui fait un clin d’œil complice manquant de le faire éclater de rire, alors que le comportement de celui dont il ignore encore tout mais qui déjà lui donne envie de mieux le connaître, lui démontre tout l’inconfort de sa position actuelle.

Malgré tout Redwan prend sur lui et s’exécute non sans prendre le soin de tourner le dos aux deux garçons, s’allongeant vite fait ensuite face à la table en ne se rendant pas compte de l’effet que son corps presque nu fait remonter comme sensations au jeune Gauthier qui en a les yeux qui brillent et la bouche soudainement pâteuse de cette vision de rêve que sont ses belles fesses pommelées sous le petit sous vêtement d’un blanc immaculé.

Je m’approche de la table vers ce qui est je dois bien l’avouer un très bel homme, même s’il ne me fait pas le même effet qu’à mon ami et je passe ma main sous son ventre pour le faire prendre la position la plus pratique à l’auscultation que je m’apprête à faire sur lui.

- Je vais devoir vous baisser votre slip pour voir de quoi vous souffrez, il y a longtemps que ces saignements ont commencé ?

- Plusieurs mois docteur !!

- Et c’est seulement maintenant que vous vous décidez à consulter ?

- C’est que j’ai longtemps hésité vous comprenez ? C’est tellement gênant comme situation !!

- Je comprends !! Le sang est-il mélangé aux selles ou n’arrive-t-il qu’ensuite ?

- A la fin je crois !!

- C’est déjà plus rassurant !! Ne bougez plus s’il vous plait !!

J’enfile une paire de gants chirurgicaux, je me penche ensuite pour lui descendre son slip et découvrir une paire de fesses légèrement poilues que j’écarte doucement pour découvrir immédiatement de quoi souffre cet homme.

Une pression légère sur l’hémorroïde saillante laisse immédiatement apparaître un minuscule filet de sang qui me rassure sur le diagnostic à donner et va me permettre de mettre mon petit plan en œuvre, pour ainsi vérifier si l’attirance qu’ils éprouvent tous les deux l’un pour l’autre n’est que passagère ou le début de quelque chose de plus sérieux.

- Gauthier ?

- Oui !!

- Tu peux venir m’aider ?

- Bien sûr !!

Mon ami s’approche de moi sans pouvoir détacher un instant du regard la nuque de l’homme toujours allongé les fesses relevées, rien que le fait que son regard ne s’accroche pas à ses parties intimes pourtant bien exposés à la vue du fait de sa position, mais plutôt à un endroit beaucoup plus sensuel, me renseigne sur l’intérêt sincère que mon copain éprouve déjà envers celui qui n’est encore pour lui qu’un inconnu.

- Enfile une paire de gants et garde ses globes fessiers bien écartés pendant que je vais chercher ce dont j’ai besoin pour cautériser cette hémorroïde.

Gauthier fait comme je lui ai demandé, il place ses mains à côté des miennes et maintient les fesses de l’homme bien écartées comme je le lui ai demandé, Redwan frémit subrepticement au contact.

Je quitte ensuite la pièce pour donner mes instructions à Antonin qui file alors vers la pharmacie de l’hôpital chercher les produits que je lui ai demandés.

Je m’installe tranquillement à sa place en attendant son retour, mais surtout pour laisser les deux tourtereaux roucouler tranquillement.

Bien sûr la situation équivoque dans laquelle ils se trouvent risque de ne pas faciliter le rapprochement, mais du moins pourra éventuellement leur permettre d’engager la conversation en attendant une autre occasion pour eux de mieux s’apprécier.

***/***

Redwan tourne lentement la tête en faisant bien attention de ne pas bouger le reste de son corps, il capte immédiatement le regard braqué sur son visage et sourit, encore gêné de cette situation pour le moins peu propice à dévoiler ce qu’il ressent.

- Ça ne doit pas être beau à voir pas vrai ?

- Au contraire !!

- (Redwan) Comment ça ??

Gauthier se mord la lèvre pour avoir parlé trop vite sans réfléchir, il comprend après coup que ce n’est pas de son visage qu’il dévisageait depuis le début mais bien du mal dont il est affecté qui a amené sa question.

- Vous parliez de cette hémorroïde sans doute ??

- Bien sûr !! Pas vous ??

2eme année Pâques : (44/127) (Reims) (Mercredi) (CHU) (L’inconnu) (fin)

Gauthier rougit, ce qui le rend encore plus craquant aux yeux de Redwan qui lui envoie un de ses plus beaux sourires.

- (Gauthier) Pas vraiment non !!

- De quoi parliez-vous alors ?

Gauthier replonge courageusement ses yeux dans les siens, sa voix résonne alors pleine des émotions qu’il éprouve en ce moment même devant ce sourire plus qu’amical que l’homme lui envoie en guise d’encouragement.

- De votre visage !!

- C’est ce que j’ai cru comprendre, pour te renvoyer le compliment sache que le tien me fait penser à un ange !!

- (Gauthier) C’est vrai ??

- Si je te le dis !! J’ai été comme subjugué dès que je t’ai vu tout à l’heure, j’espère que mes paroles ne te mettent pas mal à l’aise ?

- Non t’inquiète !! Ça m’a fait pareil !!

Les deux garçons se regardent un moment avant d’éclater de rire, la situation dans laquelle ils se trouvent n’étant pas la meilleure qui soit pour s’avouer leurs sentiments alors que l’un des deux est nu sur une table d’auscultation et que l’autre lui tient les fesses écartées avec ses deux mains gantées.

***/***

J’entends les éclats de rire, mes yeux se plissent d’amusement et c’est ce moment que choisit Antonin pour revenir avec la petite mallette contenant le nécessaire pour faire disparaître cette veine apparente, fragile et disgracieuse, qui pourrit la vie d’un grand nombre de personnes.

Un nouvel éclat de rire fait sourire Antonin qui tourne la tête vers l’endroit d’où il provient.

- Tu as encore vu juste on dirait !! Ils n’ont pas mis longtemps à faire connaissance ces deux-là !!

Je lui prends la mallette des mains, le récompense par un baiser appuyé et retourne dans mon cabinet pour terminer ce pourquoi cet homme est venu me voir, le fait que d’autres attendent leur tour est aussi un des facteurs qui m’oblige à interrompre leur idylle naissante.

- Et bien !! Qu’est-ce qu’il se passe ici ? On vous entend jusque dans le couloir !!

Un autre éclat de rire me vient en réponse, leurs visages tournés vers moi et j’avoue que la situation dans laquelle je les trouve me donne à moi aussi l’envie de me joindre à eux et ce n’est que par pur professionnalisme que j’arrive à me retenir.

Il ne me faut guère de temps pour pratiquer les incisions nécessaires à la résorption de la veine incriminée, terminant par une cautérisation à l’azote liquide qui brûlera définitivement l’hémorroïde afin qu’elle ne l’ennuie plus dans l’avenir.

Je souris intérieurement en me disant que le contraire serait dommage pour leurs futures relations.

- Voilà !! C’est terminé !! Vous pouvez vous rhabillez et ne vous inquiétez plus avec ça, vous êtes maintenant tranquille avec ce « petit » souci qui n’y paraîtra plus d’ici un jour ou deux.

Malgré qu’il tente par tous les moyens de me tourner le dos, j’aperçois l’énorme érection qui le tient et qui n’échappe pas non plus à Gauthier qui s’empresse de se mettre en paravent pour protéger son intimité.

- J’en ai vu d’autres tu sais ?

Redwan se retourne pour terminer d’enfiler son sweet-shirt, la bosse dans son pantalon toujours révélatrice de son trouble.

- De quoi vous parlez ?

- Je constate que mon « assistant » ne vous laisse pas indifférent ! Hi ! Hi !

- (Gauthier) Florian s’il te plaît !! Ce n’est pas la peine de rendre Redwan mal à l’aise !!

- Laisse Gauthier, tu ne vois pas que ton ami s’amuse comme un fou !!

- Et bien !! Je vois que les présentations sont faites !! Bon !! Ce n’est pas que je m’ennuie avec vous deux, mais j’ai d’autres patients qui attendent alors si vous voulez bien continuer ailleurs vos fous rires, ça m’arrangerait bien.

Gauthier ne se le fait pas dire deux fois, il enlève sa blouse qu’il me tend.

- Tiens !! Et merci pour tout « Flo » !!

- (Redwan) Hé !! Qu’est-ce que tu fais ?

- Je t’accompagne !!

- Et ton travail ?

- Mon travail ?? Quel travail ??

- Tu n’es pas l’assistant du docteur ?

- Bien sûr que non ! Hi ! Hi ! C’est mon ami c’est tout !!

- Mais alors ?

- J’étais curieux de faire ta connaissance et je pense que c’était une bonne idée, maintenant que je t’ai vu tout nu nous pourrions aller prendre un verre pour faire les présentations !! Comme ça la boucle sera bouclée ! Hi ! Hi !

- (Redwan) Je faisais erreur en te prenant pour un ange, tu es un véritable petit démon ma parole !!

2eme année Pâques : (45/127) (Afrique) (Mercredi) (Un nouveau problème)

- (Gérôme) Des Coréens du nord ?? Qu’est-ce qu’ils viennent foutre par ici ??

- (Dorian) Pas difficile à deviner !!

- (Gérôme) Il faut avertir tout de suite Paris !!

- (Dorian) Tu t’en occupes pendant que j’interroge le chef Masaï !!

- (Gérôme) D’accord !!

Dorian regarde son ami sortir rapidement pour se diriger vers la station radio installée depuis peu, il se retourne ensuite vers le père Antoine toujours aussi médusé voire atterré des implications qui ne vont pas manquer.

- Nous sommes sur le territoire Français mon père, ce serait assimilé à une déclaration de guerre s’ils venaient à se présenter armés jusqu’ici !!

- Pourquoi sont-ils venus ??

- C’est la question à laquelle il nous faudra trouver rapidement une réponse mon père, quoique j’en aie une petite idée et si elle s’avère exact, nul doute que nous allons tout droit vers de gros ennuis.

- Que pouvons-nous faire alors ?

- Pour l’instant faire comme si nous n’étions pas au courant de leur présence !! Peut-être que votre ami pourrait les surveiller sans se découvrir ?

- (Okoumé) Les dieux sentent une menace venant de ces hommes oiseaux !!

Dorian surpris se tourne vers le père Antoine.

- Des hommes oiseaux ?? De quoi parle-t-il donc ?

- De parachutistes !! C’est pour ce peuple quelque chose d’extraordinaire qu’ils n’ont jamais encore eu à rencontrer, Okoumé les nomme ainsi faute de mots pour les appeler.

- Ha !! Je comprends !!

- (Le père Antoine) Accepterais-tu de surveiller ces hommes pour nous Okoumé ? Mais attention !! Tu ne dois pas te montrer à eux, ce serait trop dangereux pour toi et ta tribu s’ils vous découvraient !!

Okoumé en se redressant fièrement.

- Sont-ils plus méfiants que les antilopes mon père ? Non ? Alors mes chasseurs seront invisibles pour eux !!

- (Dorian) Nous devons connaitre leur nombre et aussi leurs mouvements !!

- (Okoumé) Nous serons tes yeux homme blanc !

Le père Antoine prend en mains l’uniforme couvert de sang.

- Qu’avez-vous fait du soldat mort ?

- (Okoumé) Il ne doit plus rien en rester là où nous l’avons laissé mon père, les lions doivent digérer leur repas maintenant.

- (Dorian) Surtout restez à l’écart d’eux !! Déjà que l’un des leurs ait disparu doit les avoir mis en alerte, sans doute penseront ils finalement à un accident !! Ce n’est donc pas la peine d’en rajouter !

Okoumé montre d’un geste fier de la tête qu’il a parfaitement compris, il quitte la pièce rejoindre ses chasseurs et quelques secondes plus tard ils disparaissent derrière les arbres, échappant aux yeux des deux hommes.

Dorian reste un moment dans ses pensées, cette affaire lui laisse un fort arrière-goût de danger et il quitte la salle à son tour pour rejoindre son collègue et ami.

Gérôme le voit rentrer dans la cabane au-dessus de laquelle une antenne satellite pointée vers le ciel démontre s’il en était besoin sa raison d’être au sein de toutes ces nouvelles constructions provisoires.

- Alors ?

- Le chef Masaï, Okoumé c’est son nom !! Il va surveiller pour nous les mouvements de troupes des Coréens.

- Tu lui as bien dit d’être prudent ??

- Ça va de soi !! Et toi quoi de neuf ?

- Maurice va être rapidement averti, il ne devrait pas être trop long à nous rappeler !! En attendant nous ne pouvons qu’espérer qu’ils se tiendront tranquilles.

2eme année Pâques : (46/127) (Paris) (Mercredi en fin d’après-midi) (Un nouveau problème) (fin)

« Siège de la DST Parisienne »

Tous s’écartent avec empressement devant les pas rapides de leur patron, qui sort dans la cour en courant presque et monte aussitôt dans un véhicule moteur ronronnant, qui démarre aussitôt que la portière se referme sur lui.

L’inquiétude peut se lire sur son visage et ce depuis qu’il a reçu la nouvelle venant d’Afrique, il se doute bien que ça a un rapport direct avec le voyage de Florian prévu d’ici quelques jours.

- Plus vite !! Je dois voir le président sans tarder !!

- Bien patron !!

L’homme sort le gyrophare de la boite à gant, ouvre la vitre de sa portière et le pose sur le toit, le branchant ensuite sur l’allume cigare.

Le son strident fait sursauter Maurice qui bougonne alors des paroles inintelligibles dans ses dents, il finit néanmoins par se détendre devant l’accélération du véhicule.

***/***

« Salle de réunion, palais de l’Élysée »

Depuis maintenant presque une heure, des hommes en uniforme visiblement hauts gradés s’installent dans la salle au fur et à mesure de leur arrivée.

Un brouhaha de voix résonne dans la pièce, chacun cherchant auprès des autres à en savoir plus sur cette convocation qu’ils ont tous reçu dans l’après-midi et qui bien sûr ne manque pas de les surprendre fortement.

Tout ce qu’ils savent de façon certaine sans toutefois en saisir la raison, c’est que plusieurs corps d’armée ont reçu l’ordre de sonner le rappel de leurs troupes d’élites en vue d’une opération militaire hors des frontières du pays.

L’arrivée soudaine de plusieurs hauts dignitaires, ambassadeurs étrangers résidents à Paris les interpellent encore davantage si cela se pouvait ; leur faisant comprendre qu’une aide ou tout du moins une forte implication de ces grandes puissances qu’ils représentent, sera à l’ordre du jour de cette réunion extraordinaire.

Ceux-ci n’ont pas l’air d’en savoir plus qu’eux, à voir leurs visages marquant l’interrogation et la surprise en se retrouvant parmi tous ces généraux.

***/***

Maurice est aussitôt conduit vers le lieu de la réunion, il a un mouvement d’arrêt quand il met un pied dans la salle et découvre qu’elle est déjà pleine de monde, qui tous se retournent vers lui avec la même expression de curiosité.

Le président qui jusque-là s’était contenté d’observer sans prendre la parole si ce n’est pour répondre aux politesses des personnes se retrouvant en sa présence, se lève et sa voix forte amène aussitôt le silence général.

- Messieurs !! Voilà celui que nous attendions avant d’aller à l’essentiel de ce pourquoi vous vous trouvez tous réunis ici ce soir !! Je vous présente pour ceux nombreux qui ne le connaissent que de nom, monsieur Maurice Désmaré !! Actuellement directeur du département de la sécurité du territoire et qui nous a amené la raison de cette convocation, monsieur Désmaré !! Si vous voulez bien répéter ce que vous m’avez dit au téléphone dans l’après-midi ?

***/***

« Deux heures plus tard, après les débats suite aux révélations de Maurice »

Chacun quitte la salle dans le plus grand silence, ce qu’ils viennent d’apprendre les laissant dans une extrême expectative et surtout la résolution finale qui en a découlé.

***/***

Maurice se retrouve seul avec le président qu’il a suivi à sa demande jusqu’à son bureau.

- Qu’en pensez-vous de tout ça mon cher Maurice ?

- Je dois bien reconnaître que la réaction positive sans contrepartie de toutes les représentations étrangères que vous avez convoquées, m’a très fortement bouleversé monsieur !!

- Vraiment ??

- Vraiment, oui !!

- Et bien pas moi figurez-vous !! Depuis le congrès de Kyoto, beaucoup de choses ont changé que vous n’avez peut-être pas mesuré à leur juste valeur !! Ou alors vous étiez trop occupé dans vos fonctions pour y prêter attention !!

- De quelles choses faites-vous allusions monsieur ?

- De l’importance qu’a prise pour une grande partie des grands de ce monde, un certain petit rouquin à l’intelligence remarquable que vous n’avez eu cesse de protéger depuis de nombreuses années.

- Florian ????

2eme année Pâques : (47/127) (Reims) (Dimanche) (Lumière)

« Chez les Enroth »

Ding ! Dong !

Béatrice lève la tête de sa couture, surprise que quelqu’un sonne à une heure pareille de si bon matin et c’est avec empressement qu’elle pose son ouvrage pour aller ouvrir, se retrouvant nez à nez avec celui auquel elle se serait le moins du monde attendu à avoir en face d’elle.

- Florian ??

Je vois bien sa surprise et m’en amuse, même si la raison de ma venue n’est pas de celle qui me plait le plus.

- Meuh non allons !! Moi c’est poil de carotte !! Tu n’as pas lu le livre ?

Béatrice peu pour ne pas dire pas du tout habituée aux plaisanteries de Florian, le regarde bizarrement.

- Tu n’aurais pas abusé de l’alcool cette nuit par hasard ?

Redevenant sérieux.

- J’aurais préféré figure toi !! Je peux entrer ?

- Mais bien sûr !! Les garçons dorment encore, si c’est pour eux que tu es venu ?

- En fait je voulais vous parler avant d’avoir ou pas une discussion avec « Antho », Frédéric et Annie m’ont rapporté votre visite chez eux quand j’étais au Japon et je tenais à avoir cette conversation avec vous, pour ne pas que vous pensiez une seule seconde que je ne porte aucun intérêt au handicap de votre fils.

Béatrice met sa main devant sa bouche de surprise, elle sent son cœur battre plus vite et c’est en tremblant qu’elle va s’asseoir sur une chaise dans la cuisine.

Je lui prends doucement l’autre main pour la réconforter, comprenant bien que la seule pensée d’un espoir pour Anthony puisse la mettre dans tous ses états.

- Tu te posais la question de savoir si je pourrais ou non guérir la cécité de ton fils ? Ma réponse est oui !!

Béatrice éclate soudainement en sanglots, son corps pris dans les soubresauts saccadés d’une respiration devenue haletante et je me dois de préciser mes paroles pour ne pas lui laisser plus longtemps cet espoir qui je le vois bien commence à lui traverser l’esprit.

- Mais je ne le ferai pas !! Du moins pas avant que toi et tes enfants connaissent l’importance des risques encourus et qui seraient supérieurs à l’état actuel d’Anthony qui il me semble vit très bien comme ça.

Une voix derrière mon dos qui comme souvent m’amène le frisson me fait sursauter.

- Alors explique-nous ??

Je me retourne vivement pour voir les deux frères debout devant la porte qui me regardent avec étonnement, pour Baptiste tout au moins car le regard d’Anthony ne reflète absolument rien comme à son habitude et pour cause.

J’explique alors du mieux que je peux la différence entre une cécité de naissance avec celle venant après coup, une fois que le cerveau a appris à reconnaître les couleurs et les formes, expliquant les risques encourus ainsi que le rejet probable de son esprit devant ce qu’il prendrait alors pour une agression.

- Tu devrais rester enfermé dans le noir absolu et pendant des années apprendre à reconnaître petit à petit ce que tes yeux ne comprendraient pas.

- (Anthony) Combien de temps ?

- C’est impossible à dire, mais je pense qu’il te faudrait au moins trois à quatre ans avant de pouvoir envisager de revivre normalement.

- (Anthony) Tu as raison Florian !! Je suis très heureux comme ça et je ne vois pas l’utilité de prendre un tel risque alors que j’ignore complètement ce que ça m’apportera de plus, si ce n’est le sacrifice des meilleures années de ma vie pour une chose dont je n’ai aucune idée et qui donc ne me manque absolument pas.

Le silence devient soudain pesant, à peine entrecoupé des pleurs de Béatrice qui a écouté les paroles de son fils avec le cœur brisé.

Baptiste a lui aussi tout comme moi je dois bien l'admettre, les yeux humides de larmes et il me fixe suppliant, s’adressant enfin à moi devant ma visible incompréhension de ce qu’il me demandait muettement.

- Tu ne pourrais pas utiliser ton… enfin tu sais quoi, pour mon frère ??

2eme année Pâques : (48/127) (Afrique) (Dimanche)

« Dans la jungle, hors des limites du territoire Français »

Les avions ont continué toute la nuit et encore une bonne partie de la matinée à larguer troupes et matériels qui maintenant forment un camp assez impressionnant, suffisamment pour qu’Okoumé et ses hommes prennent du recul par rapport à la position prise jusqu’alors pour surveiller tout ce remue-ménage militaire.

Plusieurs centaines d’hommes s’activent autour du campement, ils s’entraînent de toute évidence à un acte de guerre ou du moins à une frappe ciblée contre un objectif qui ne peut être que le chantier situé à quelques kilomètres de leurs positions.

Okoumé entend des pas derrière son dos, il se retourne pour apercevoir le plus jeune des deux policiers blancs arriver avec un de ses chasseurs depuis le dispensaire.

Dorian vient prendre position près de l’imposant chef Masaï, il tient dans sa main une paire de jumelles qu’il met à ses yeux pour visualiser le camp ennemi sous l’œil curieux d’Okoumé qui ne comprend pas à quoi peut bien servir cet objet complètement inconnu pour lui.

- Qu’est cette chose que tu mets devant ton visage homme blanc ?

- C’est un appareil pour mieux voir les choses qui sont trop éloignées pour notre vue, tu veux essayer ?

Okoumé lui prend les jumelles et les met devant ses yeux comme il le lui a vu faire, il a alors un mouvement brusque de recul qui le fait s’affaler les quatre fers en l’air sur le sol.

Dorian malgré l’endroit peu propice à l’amusement, ne peut s’empêcher de sourire devant la réaction d’Okoumé qui regarde maintenant les jumelles avec une frayeur non feinte et il les lui reprend avec douceur en prenant bien soin de ne pas le brusquer, sentant bien combien l’émotion du chef Masaï pourrait très vite devenir dangereuse sous la peur qui le tenaille.

- Ce n’est qu’un appareil inventé par l’homme tu sais ? Avec un peu de pratique tu souriras en te rappelant ta première impression.

Dorian le laisse se reprendre pendant qu’il inspecte le camp, essayant de dénombrer avec le plus d’exactitude possible le nombre d’hommes qu’il contient et l’armement dont ils disposent, il a à son tour un sursaut de stupeur cette fois en apercevant deux hommes dans une tenue différente qui lui amène une grimace mêlant le dégoût à la colère.

- Je me disais aussi !! Ça aurait été étonnant qu’ils ne soient pas dans le coup ceux-là !!

Okoumé remis de ses surprises s’approche de lui.

- De qui parles-tu homme blanc ?

- De ceux qui cherchent des noises à Florian depuis le début, pardi !! Tu vois ces deux hommes là-bas ?

- Ceux qui ont des vêtements différents ?

Dorian se tourne vers lui, sidéré qu’il puisse voir cette différence de si loin.

- Heu !! Oui !! Et bien ce sont des Russes !!

- Ils sont ennemis avec le garçon aux cheveux de feu ?

- Leur dirigeant seulement, il ne faut pas mettre tout le pays dans le même sac quand même !!

- Ces deux hommes sont les chefs de ce pays ?

Dorian retient un soupir d’exaspération, comprenant que la culture du chef Masaï est très éloignée de la sienne et ce qui lui parait à lui une évidence, reste bien mystérieux pour cet homme frustre.

***/***

« Washington »

L’homme assis devant le bureau ovale reste un long moment pensif avant de prendre en main le combiné de téléphone placé à sa droite et composer un numéro qui va le mettre en relation avec son attaché aux affaires extérieures.

Il lui explique la situation et lui donne ses directives avant de raccrocher et de faire de même avec plusieurs hauts responsables de divers corps d’armée.

2eme année Pâques : (49/127) (Dimanche) (Le monde s’agite)

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« Pékin »

Xi Jinping est lui aussi en communication avec cette fois Kim Jong-il le président du comité, dirigeant suprême de la république populaire de Corée du nord.

- Votre régime ne tient que parce que vous avez avec d’autres nations comme la nôtre, des arrangements qui font que votre existence va dans le sens de nos politiques actuelles et vous savez très bien que sans nous, vous tomberiez en très peu de temps.

- ………

- Je crains mon cher « Kim », que vous n’ayez pas d’autres choix que celui que je viens de vous donner !!

- ……..

- Une menace ? Mais bien sûr que c’est une menace !! Je peux envoyer dix millions d’hommes détruire votre pays sur une simple parole de ma part et vous vous apercevrez très vite que personne !! Vous m’entendez !! Personne !! N’y verra quoi que ce soit à y redire, bien au contraire !!

- ………..

- Tout simplement parce que vous êtes trop imbu de votre personne pour comprendre qu’il y a des choses qui vous dépassent !! Des choses bien plus importantes aux yeux du monde que votre petite dictature !!

- ………..

- Je vous aurais prévenu !! Vous avez quarante-huit heures et pas une de plus, pour prendre la bonne décision et rapatrier vos troupes, faute de quoi je vous écraserais comme le cafard que vous êtes !!

- ………

- Ah oui !! Et pourquoi n’agit-il pas lui-même dans ce cas ?

- ………

- Pffttt !!! Vladimir n’est pas idiot !! Il n’a pas envie d’avoir le monde contre lui et il a trouvé en vous le parfait imbécile pour mener à bien ses desseins en toute impunité !!

- ………..

- C’est vous l’imbécile mon cher « Kim » !!! Rappelez-vous, quarante-huit heures et pas une de plus !!

Xi Jinping raccroche sèchement, le visage ravagé par une fureur noire comme jamais il n’en a ressenti, quand il reçoit un rapport privé venant de ses services d’espionnages.

Sa lecture lui amène rapidement une sérénité d’un contraste frappant avec les précédents événements, au point qu’il éclate de rire en pensant à ce « pauvre Kim » qui doit commencer à mouiller son pantalon devant toutes ces menaces venant de partout et qui doivent commencer sérieusement à lui faire regretter d’avoir fait cause commune avec son principal fournisseur d’armement sur ce qui devait lui sembler n’être qu’une affaire sans réelle importance.

***/***

« République populaire de Corée du nord »

Kim Jong-il ne sait plus à quel saint se vouer, tous ses principaux alliés le lâchent un par un ; avec pour la plupart une menace d’embargo sous-jacente ou plus rarement de représailles militaire comme pour la Chine, alors que tout allait pour le mieux et qu’il avait déjà quasiment oublié cette affaire où il avait dû engager quelques troupes contre la promesse d’un renforcement des aides nécessaires à la survie de son régime.

Kim Jong-il n’est pas un homme habitué à céder aux exigences des autres nations qui depuis sa prise de pouvoir tentent par tous les moyens de le faire destituer afin que la population puisse vivre en dehors de son joug totalitaire.

Les menaces quand menaces il y a, viennent toujours de lui afin d’obtenir toujours plus pour sa fortune personnelle et son égo est tellement développé qu’il ne réfléchit pas aux conséquences du maintien de ses hommes dans leurs missions.

Trop imbu de sa personne ainsi que de son importance politique pour prendre tous ces avertissements au sérieux, aussi c’est en tapant du poing sur sa table de bureau qu’il efface d’un trait de sa mémoire les menaces prononcées à son égard et qu’il compte bien poursuivre jusqu’au bout, quitte à entrer une nouvelle fois en guerre contre ceux qui voudraient se frotter à lui et à sa puissance militaire, protégée comme à son habitude derrière le paravent humain de sa population prise en otage.

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« Aéroport militaire, quelque part en France »

Les énormes transports de frets aériens envoyés par leurs alliés, se posent un par un dans un impressionnant rapport de force et de puissance, les troupes d’élite aux bérets rouges ou verts, arrivées depuis peu par transports routiers depuis leurs différentes casernes, les regardent se poser, admiratifs.

Ils leur semblent que pour une fois les rouages de l’intendance fonctionnent au top et les énormes Berliet remplis de matériels entrent dans les gros porteurs avec la fluidité d’une organisation sans anicroche.

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Ailleurs sur les divers océans de la planète, porte-avions, croiseurs, cuirassés et autres navires de guerre de toutes tailles se détournent de leurs missions et convergent vers la même destination en arborant des drapeaux différents, ravitaillés en cours de route par des super tankers les attendant dans des points stratégiques croisant leurs itinéraires afin que des heures précieuses ne soient pas perdues pour rien.

Les satellites espions sont tous braqués vers ce petit morceau d’Afrique de souveraineté Française qui inquiète tant les gouvernements de nombreux pays du fait des rumeurs alarmistes de ce qui s’y prépare.

2eme année Pâques : (50/127) (Dimanche) (Moscou)

« Kremlin, dimanche en début de soirée »

Igor arpente le couloir en hésitant visiblement à franchir le pas qui le conduira dans le bureau de son patron, les nouvelles qu’il amène ne sont pas et de loin, de celles que Vladimir sera heureux d’entendre.

Il finit néanmoins par se décider et par frapper d’un coup bref sur la porte de chêne avant d’en actionner la clenche pour entrer, trouvant comme à son habitude son patron assis à son bureau devant une bouteille de vodka presque vide.

Vladimir aperçoit son chef des services secrets, il lui fait signe de venir s’asseoir devant lui et lui sort un verre d’un tiroir pour lui verser une copieuse rasade d’alcool, la bouteille terminant sa vie avec fracas contre un mur du bureau.

- (Vladimir) Alors !! Quelles sont les nouvelles du front ?

Igor prend le temps d’avaler son breuvage, sans doute pour trouver le courage nécessaire à ce qu’il va devoir annoncer comme mauvaises nouvelles.

- Rien de bien positif excellence !!

- Je t’écoute !!

- Le projet Afrique est très mal engagé et je crains qu’il nous faille rapidement quitter le terrain, les hommes de « Kim » se sont fait repérer sitôt leur arrivée sur place.

- Comment est-ce possible !! Nous avions pris toutes les mesures pour que le secret soit bien gardé, tout du moins jusqu’au moment d’entrer en action !!

- (Igor) La cause n’est pas encore très claire excellence, par contre la région va devenir vite dangereuse pour nos hommes et j’aimerai avoir votre accord pour leur rapatriement rapide, pour l’instant ce ne sont que les Coréens du nord qui sont concernés !! Découvrir des émissaires Russes parmi eux ferait vite tache.

- Ce serait abandonner notre seul allié !! Je vais y réfléchir !! Quoi d’autre ?

- Mes agents mis en place à Paris pour la mission que vous savez ont été découverts une nouvelle fois excellence et j’ai eu confirmation que l’un d’entre eux a été supprimé par la DST alors qu’il avait l’intention de régler une bonne fois pour toutes son compte au GI Américain qui a révélé sa présence.

- (Vladimir) Ôte-moi d’un doute Igor !!!

- Oui Excellence ?

- Te sens-tu réellement compétent à ce poste, ou dois-je le reprendre à mon compte !! Depuis que je t’ai nommé, il n’y a eu que des catastrophes et je suis certain que nous allons très vite devenir la risée du monde entier à ce rythme !!

- Pourtant Excellence tous les moyens sont mis pour que nos actions soient le plus efficace possible, c’est juste que tout semble aller de travers dès qu’il s’agit de ce garçon en particulier.

- (Vladimir) Il va te falloir être plus imaginatif si tu veux garder ta place !! Je te donne jusqu’à la fin du mois pour m’amener des nouvelles satisfaisantes, le secret de ce gamin doit bien transpirer quelque part !! Tu as carte blanche tu m’entends ?? Mets tous les moyens nécessaires, mais je veux du concret !!

Vladimir regarde son homme de « confiance » qui s’apprête à sortir de son bureau et le rappelle juste au moment où il va franchir la porte.

- Si tu veux un conseil, occupe-toi d’abord de celui qui supervise depuis toutes ces années la surveillance du gamin !! Ça devrait suffisamment les désorganiser pour nous permettre d’infiltrer leurs services.

Igor regarde son patron avec admiration, l’idée maintenant qu’elle est lâchée lui paraît être d’une évidence enfantine.

- Vous voulez que je fasse abattre Désmaré ?

Vladimir incrédule se lève d’un bond.

- Ce n’était pas mon propos espèce d’idiot !! Il faut juste le neutraliser, puisque le gamin semble intouchable !! Empare-toi d’un proche de cet homme, qu’il sache que sa vie dépendra à l’avenir de sa collaboration ou du moins de sa neutralité pour ce que nous envisageons de faire !!

Igor préfère acquiescer sans plus poser de questions, il s’éloigne alors en cherchant à comprendre ce que signifie exactement ce « pour ce que nous envisageons de faire » qui pour lui est un parfait mystère, n’en ayant pour sa part pas la moindre idée.

Vladimir parlait-il de l’action militaire Coréenne ou de la poursuite des actions à mener en France pour découvrir le secret du jeune De Bierne.

La détermination de Vladimir s’il persiste dans cette voie comme dans l’autre, finira certainement par mettre le pays à feu et à sang et n’apportera certainement rien de bon pour lui dans les prochains mois, la pâleur soudaine de ses traits grossiers montre la peur qui commence insidieusement à s’installer en lui de ne plus vivre assez longtemps pour profiter de ses richesses.

2eme année Pâques : (51/127) (Reims) (Dimanche) (Lumière) (suite)

« Chez les Enroth »

Le silence qui suit les dernières paroles de Baptiste ainsi que les yeux de sa mère braqués sur moi, me mettent soudainement mal à l’aise et c’est d’une voix mal assurée que je lui réponds, ne voulant pas lui laisser à penser que je serais capable de refuser de mettre tous les moyens dont je dispose pour aider Anthony.

- Quand j’ai dit tout à l’heure que je pouvais guérir « Antho », c’était en utilisant le « don » que j’ai à le faire !! La médecine actuelle étant impuissante pour réparer cette malformation de son nerf optique, ce « don » a pourtant ses limites. Tu sais Baptiste !! Il guérit mais ne peux rien faire contre les conséquences de cette guérison sur ton frère, je suis désolé de dire ça croyez-moi. Si je connaissais un moyen avec une chance si mince soit elle de réussir d’éviter que son esprit ne sombre dans la folie, je tenterais l’impossible pour qu’Anthony devienne comme tout le monde soyez en certains !!

La voix de Thomas résonne doucement dans ma tête, mes pensées vont aussitôt vers lui et je me retrouve dans la cuisine des Viala à prendre un copieux petit-déjeuner, comprenant que cette vision provient des yeux de mon ami.

- Tu peux peut-être lui montrer des images en projetant son esprit dans le tien ? Il devrait être protégé par ton cerveau qui lui servira d’amortisseur ou un truc comme ça, tu ne crois pas ?

Une main me secoue gentiment le bras et ma conscience revient vers la réalité qui m’entoure.

- (Baptiste) Ça va Florian ? Tu es devenu bizarre tout d’un coup !!

- J’étais avec Thomas !

Je vois bien que mon explication les trouble et je crois bon de préciser.

- C’est un autre « don » que je me suis découvert dernièrement de pouvoir projeter mon esprit dans celui de « Thom », enfin !! Ce n’est pas tout à fait ça, disons plutôt que nous pouvons voir par les yeux de l’autre quand nous sommes connectés.

- (Anthony amusé) Tu ne verrais pas grand-chose dans le mien ! Hi ! Hi !

Les paroles de mon copain ne font qu’un tour dans mon cerveau, comme d’ailleurs dans celui de sa mère et de son frère, nous nous regardons alors fixement, avec très certainement la même idée en tête.

J’attrape « Antho » par le bras et je lui demande d’une voix pressante.

- Tu serais d’accord pour que j’essaie ?

- Si tu penses que c’est sans danger pour toi !!

- Comment ça sans danger ?

- Peut-être que ton esprit ne comprendra pas ce que le mien perçoit, ce que tu disais craindre pour moi peut aussi bien t’arriver.

- Je suis prêt à prendre le risque si tu es d’accord !!

- Tu seras vraiment dans ma tête ?

- Oui !!

- Oups !!

Je souris en comprenant pourquoi ce « oups ».

- Va falloir rester discret après ça ! Hi ! Hi !

- Tu connaitras vraiment toutes mes pensées ?

- Autant que toi les miennes !!

Anthony avec un grand sourire.

- Ça risque de nous faire bizarre ! Hi ! Hi !

- Dis-toi que c’est pour la bonne cause.

- Tu es sûr que tu ne risques rien ?

- J’ai ma petite idée pour ce qui est de la façon de procéder, tu es prêt ?

- Pas plus qu’il y a cinq minutes… mais bon !! Allons-y puisque tu y tiens !!

Comme je le tiens toujours par le bras, je l’entraîne vers le salon pour le faire asseoir en face de moi et je lui prends l’autre main en me concentrant vers lui, revenant un bref instant à la réalité en prévenant Baptiste et sa mère.

- N’intervenez qu’au cas où il se passerait quelque chose de vraiment pas normal, d’accord ?

2eme année Pâques : (52/127) (Reims) (Dimanche) (Lumière) (suite)

Un signe d’assentiment venant d’eux me suffit pour reprendre là où j’en étais arrêté, reprenant ma concentration vers l’esprit « d’Antho ».

***/***

- Pense tes paroles sans les prononcer !!

- Comme ça ?

- Oui, c’est très bien !! Nos esprits sont connectés maintenant !!

- Ça me fait tout bizarre « Flo » !! Qu’est-ce que je dois faire ?

- Tu me montres ce qui pour ton esprit représente une porte.

- Comme ça ?

La sensation est étrange, faisant appel à mes autres perceptions.

- C’est celle de ta chambre ?

- (Anthony) Oui, comment peux-tu savoir ça ?

- Ce n’est pas si éloigné que ça de ma façon de la voir tu sais !! Ton cerveau a créé une image qui te permet de savoir ce qu’elle représente pour toi.

- Il n’a surtout plus envie de ressentir la douleur quand je me cogne dedans ! Hi ! Hi !

- Je vois !! Je vois !! Maintenant je vais revenir loin en arrière au moment de ma naissance, laisse ton esprit s’abreuver sans contrainte des perceptions que le mien a alors découvertes.

- Je comprends tes intentions, tu crois que ça peut marcher ?

- C’est de cette façon que la conscience mûrit Anthony, à la naissance nous commençons tous l’apprentissage de ce qui sera notre perception des choses. Les tiennes ont justes été différentes, ton cerveau devrait pouvoir intégrer facilement de nouvelles informations si elles lui viennent de façon naturelle comme un nouveau-né les perçoit la première fois.

- Ça risque d’être long alors ! Hi ! Hi !

- Pas si je passe en mode rapide !! Tu es prêt ?

- Areu !!!

- Quoi ?

- Je plaisantais Florian ! Hi ! Hi !

- Alors c’est parti !!

Je laisse défiler le cours de mes souvenirs, redécouvrant toutes mes premières fois et l’éducation qui va avec venant de mes parents, puis plus tard de mes grands-parents, donnant des noms aux choses que mon cerveau d’alors assimile pour me faire devenir ce que je suis devenu.

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« Flashs »

Une couleur, un cercle, un visage, un sourire, un son qui forme un mot pour définir une forme ou une couleur, une odeur s’associant à une forme, brûlure, le feu, rouge et bleu, la douleur, un baiser, humide, plaisir.

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Je reste conscient pendant que mon esprit délivre toutes ces découvertes de la vie, je change quelque peu la réalité en mettant des images lui appartenant comme la photo de son père, « papa », de sa mère, « maman », de son frère, « Baptiste » et je continue ainsi avec tous les visages que je connais ou que je vais chercher dans les souvenirs de son frère et de sa mère rester près de nous et ce sans qu’ils s’en rendent compte une seule seconde.

De temps en temps, je sonde son inconscient pour voir s’il assimile correctement toutes ces nouvelles données et je commence à espérer devant la surbrillance des synapses apparaissant dans les nouvelles zones de son cerveau mises à contributions.

Le « film » ralentit jusqu’au moment où le présent nous rejoint, j’envoie alors une onde de repos pour laisser à son esprit le temps d’assimiler toutes ces nouvelles données.

La tête d’Anthony s’affaisse quand il entre dans un sommeil profond et je refais le parcours en sens inverse, dans ses pensées cette fois ci pour vérifier la cohérence entre son ancien vécu et toutes ces choses nouvelles pour lui, supprimant au passage ce qui n’a aucun intérêt pour lui venant de mes propres expériences.

2eme année Pâques : (53/127) (Reims) (Dimanche soir) (Lumière) (fin)

J’ouvre enfin les yeux, Baptiste et sa mère sont assis de chaque côté d’Anthony à le tenir serré entre eux deux, avec un amour qui me fait briller les yeux d’une émotion qui me noue les tripes.

Un sourire de ma part les rassure, leurs yeux brillent à leur tour et l’instant restera toujours gravé dans mon esprit de cette famille soudée par un immense espoir.

Une main me masse doucement le cou, je me retourne curieux et souris à mon tour en apercevant Thomas et Antonin, accompagnés de toute la famille Viala assise sur des chaises ou à même le sol dans un silence quasi-total.

- Il y a longtemps que vous êtes là ?

- (Thomas) Regarde par la fenêtre Florian et tu verras qu’il fait nuit, vous êtes restés toute la journée sans bouger.

- (Annie) Comment va Anthony ?

Je souris en les voyant tous les yeux rivés à mes lèvres, attendant avec anxiété ma réponse.

- Bien je crois !!

- (Thomas) Et maintenant ?

- Je pense que je vais pouvoir le guérir !!

Baptiste et sa mère éclatent en sanglots, amenant ceux de leurs amis qui ne résistent pas à ce déferlement d’émotions trop longtemps retenues.

Je me lève pour laisser la place à mon Thomas et pouvoir ensuite m’asseoir sur ses genoux, position que nous apprécions tant tous les deux en faisant un petit signe à Antonin pour qu’il nous rejoigne.

- C’est grâce à toi si c’est devenu possible tu sais ?

- (Thomas) J’ai tout suivi de ce que tu as fait Florian !! Tu es un génie, jamais je n’aurais pensé à ça !!

Je tourne la tête pour apercevoir Frédéric assis par terre avec ses trois fils et leurs chéris à ses côtés, les yeux rougis par l’émotion.

- « P’pa » !! Tu peux faire venir une ambulance ? Autant en finir rapidement pendant qu’il dort profondément.

Frédéric se redresse et me répond d’une voix enrouée.

- Bien sûr fiston !!

***/***

« Lundi matin, huit heures »

Anthony se réveille avec un mal de crâne carabiné, il s’assoit sur son lit en se frottant les tempes pour tenter de l’apaiser et comprenant que ce sera insuffisant, il se lève pour aller jusqu’à la cuisine où il sait trouver de l’aspirine.

Béatrice est assise à côté de Baptiste, leurs yeux cernés démontrent la nuit sans sommeil qu’ils viennent de passer après la journée de la veille ainsi que la longue attente dans le couloir de l’hôpital avant de rentrer chez eux avec Anthony toujours dans un profond sommeil, que Thomas et Frédéric ont aidé à porter jusqu’à son lit.

***/***

Leurs amis sont repartis depuis plusieurs heures maintenant pour essayer de prendre un peu de repos, chose qui bien sûr leur a été également impossible, étant donné l’état de nervosité qu’ils ressentent tous et passent donc eux aussi ces quelques heures dans leur cuisine à attendre le coup de téléphone promis annonçant le réveil d’Anthony.

Dans la chambre de Florian on peut entendre un léger ronflement venant du petit rouquin allongé entre ses deux amis et qui lui dort comme un bienheureux, sous les regards affectueux d’Antonin et de Thomas.

***/***

Anthony entre dans la cuisine, il va directement dans le placard où il sait trouver ce qui va le soulager de cette douleur lancinante en souriant au passage à sa mère et à son frère qui le fixent lui semble-t-il bizarrement.

Un verre d’eau en main, il prend le comprimé qu’il avale avec en grimaçant pendant qu'il se dirige vers la fenêtre.

De sa main libre, il écarte légèrement le rideau avant de se tourner une nouvelle fois vers ses proches en souriant.

- Il y a du soleil ce matin et le ciel est d’un bleu magnifique, belle journée en perspective

!!

Il voit alors les larmes s’écouler sur les joues de son frère et de sa mère, surpris de les voir dans un tel état.

- Et bien quoi ?? Qu’est-ce que j’ai dit !! Pourquoi vous pleurez ?

2eme année Pâques : (54/127) (Reims) (Lundi matin) (Préparation au voyage)

« Chez les Viala, onze heures du matin »

La famille Viala rentre enfin de chez leurs amis, convaincus de la complète guérison d’Anthony et tenant autant par discrétion que par pudeur, à les laisser se remettre eux aussi des fortes émotions du weekend qui les ont marqués profondément.

Ils retrouvent donc Thomas et Antonin tranquillement installés devant une boisson chaude dans la cuisine et bien sûr la première question va vers Florian qui n’est pas avec eux.

- (Guillaume) « Flo » roupille encore ?

- (Thomas) Je ne sais pas comment il fait mais aussi extraordinaire que ça puisse paraître, oui !!

- (Annie) Je n’ai pas tout saisi quant à savoir ce qu’il a fait exactement à Anthony, mais je comprends bien qu’il doit être épuisé derrière cet exploit.

- (Damien) Je crois plutôt qu’il en profite pour rester dans sa « pounasse » et faire la grasse matinée ! Hi ! Hi !

- (Antonin sourit) Qu’il en profite bien alors, j’ai dû passer plus d’une heure à décaler ses rendez-vous de la journée.

Annie sourit à son tour, un regard vers son mari qui semble perdu dans ses pensées lui fait lui poser la question.

- Quelque chose te préoccupe chéri ?

- (Frédéric) Ce n’est pas le bon terme, je dirai plutôt que ce qui vient d’arriver me laisse perplexe !! Rends-toi compte qu’Anthony se comporte comme s’il voyait depuis toujours, je me demande même s’il se souvient d’avoir passé toutes ses années comme non voyant ??

Une voix bien connue les fait tous se retourner vers la porte où Florian les yeux étrangement luisant les regarde fixement.

- Ça lui reviendra quand ce sera le moment, il fallait qu’il l’oublie le temps de s’adapter à la situation vous comprenez ? Sinon il y aurait eu un conflit entre sa nouvelle mémoire et l’ancienne, ses souvenirs de sa vie réelle vont très vite reprendre le dessus et s’intégrer dans ses nouvelles perceptions.

- (Frédéric) Tu as pensé à tout on dirait !!

- Du moins c’est ce que je me suis efforcé de faire !! Maintenant il y aura peut-être besoin de revoir certains points avec lui, s’il éprouve des difficultés d’adaptation.

- (Annie) Comment allons-nous expliquer ça à ceux qui le connaissent ?

- (Aurélien) Une opération miracle du « grand » docteur De Bierne ?? Avec tout ce qui se dit déjà sur Florian, ça devrait passer vous ne croyez pas ?

- (Frédéric) Sur un délai plus long je ne dis pas !! Mais en vingt-quatre heures !!

- (Thomas) Nous l’emmenons avec nous en Afrique de toute façon !! Il suffira qu’il y reste un mois ou deux de plus et l’affaire sera jouée, pas vrai « Flo » ?

- C’est une idée !! Il faut juste qu’il évite de sortir d’ici là !!

- (Frédéric) Je préviens tout de suite sa mère !!

- (Annie) Quelqu’un a pensé à avertir Alice ?

Vu la tête qu’ils font tous, il semblerait que ce ne soit pas le cas et qu’avec tous les chamboulements de ces dernières vingt-quatre heures, personne n’y ait pensé.

- (Annie) Chéri !! Pose la question à Béatrice, tu veux bien ?

- (Frédéric) D’accord !!

Pendant l’appel de Frédéric, Annie revient à des sujets plus terre à terre.

- Nous partons quand ?

Damien regarde sa mère avec amusement.

- Nous ?? Qui ça nous ??

Annie ne s’en laisse pas conter et le menace du doigt avec le sourire, ôtant ainsi toute la portée de ses paroles.

- Ah !! Parce que tu croyais te débarrasser de ton père et moi aussi facilement ? Méfie-toi que ce ne soit pas toi qui reste ici !!

Elle se tourne vers moi.

- Tu as prévu ce voyage pour quand ?

- Le plus tôt possible !! Franck doit me confirmer avant midi si le nouveau jet que je lui ai fait commander pour nous deux Thomas est disponible, normalement l’appareil devrait nous attendre avec l’équipage dans la soirée à Orly.

- (Annie) Et c’est seulement maintenant que tu nous le dis ??

2eme année Pâques : (55/127) (Reims) (Lundi matin) (Préparation au voyage) (suite)

- J’avais prévu de partir plus tard, mais avec Anthony le plus tôt sera le mieux !!

- (Antonin) Mais !! Je n’aurai jamais mes papiers à temps ??

- Tu t’inquiètes pour rien !! Je vais passer un coup de fil à Maurice et ils t’attendront à l’aéroport, je vous attends tous cet après-midi au CHU pour vos vaccins !! De toute façon c’est juste pour la forme, vous savez tous très bien que vous êtes immunisés depuis le temps !!

- Miaou !!

Je baisse les yeux pour regarder « Tic » et « Tac » sagement assis à mes pieds.

- Bien sûr que vous êtes du voyage ! Hi ! Hi ! Je ne vais quand même pas vous laissez tout seul ici pendant une semaine !!

- Miaou !!

Du coup c’est comme une envolée de moineaux dans l’appartement, chacun s’en retournant dans sa chambre pour préparer sa valise.

Je prends mes deux blondinets à part.

- Vous venez avec moi ? Il faut que je m’organise et vous me donnerez un coup de mains, toi « Tonin » en reportant tous mes rendez-vous d’une semaine et toi « Thom » en prévenant ceux de Paris ou de Reims qui prennent l’avion avec nous, que l’heure du départ est avancée.

Je vais prendre une douche, amusé par l’excitation générale et je les retrouve un peu plus tard dans le salon, une fois habillé pour sortir.

Nous prenons alors tranquillement la direction du CHU, bras dessus bras dessous en appréciant l’air vivifiant de ce mois de mars.

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« Bureau de Maurice »

S’il y a quelqu’un qui ne se réjouit pas de ce départ anticipé, c’est bien Maurice qui fulmine au téléphone en l’apprenant de la bouche même de Florian et la voix amusée du jeune rouquin ne l’aide en rien pour qu’il se calme.

Il fait pourtant le choix de ne rien dire sur les opérations militaires en cours, préférant ne pas alarmer plus que nécessaire son protégé qui de toute façon n’en fera qu’à sa tête au risque de se mettre lui-même en danger.

Maurice accélère donc le plan mis en place, en souhaitant que tout soit réglé avant l’arrivée imminente de ceux pour qui ce voyage conjugue le pratique à l’agréable.

Passer de belles vacances dans un endroit pour eux idyllique tout en faisant la connaissance de leurs futurs lieux de vie.

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« Afrique, village Masaï »

Taha est avec Naomée à faire visiter leur village à Amid et Christophe quand la nouvelle lui parvient par son père de l’arrivée imminente et anticipée de toute la bande d’amis, par contre le visage grave d’Okoumé quand il le prévient lui fait froid dans le dos.

- Qu’y a-t-il père ? Cette nouvelle ne semble pas te réjouir ?

- Un grave danger menace tes amis mon fils !! Il serait peut-être bon de les en avertir !!

- De quel danger parles-tu père ?

- Des hommes qui se regroupent dans la jungle depuis la nouvelle lune !!

- Qui as-tu mis au courant père ?

- Le père Antoine et les deux hommes venus pour la sécurité du nouveau dispensaire.

- Dorian et Gérôme ?

Okoumé hoche la tête en guise d’acquiescement.

- (Taha) Ne pouvons-nous pas les chasser père ?

- Nous ne sommes pas assez nombreux pour le faire et ils ont des bâtons qui tonnent, l’homme blanc Dorian a prévenu le chef de sa tribu qui lui envoie des guerriers. La venue de cheveux de feu n’était pas prévue aussi rapidement, j’ai bien peur qu’il n’arrive trop tôt et qu’il se retrouve en danger, nos dieux l’ont ressenti eux aussi !!

Christophe et Amid se regardent sans comprendre, les paroles du chef Masaï malgré qu’elles soient prononcées en Français leur semblent tenir d’une autre langue et les laissent dans un profond abasourdissement d’incompréhension.

- (Amid) C’est quoi cette histoire de dieux ?

- (Christophe) C’est qui ce « cheveux de feu » ?

2eme année Pâques : (56/127) (Reims) (Lundi après-midi) (Préparation au voyage) (fin)

« Chez les Viala »

Annie enjambe le tas de valises en soupirant, elle ne pensait pas en venir à bout aussi rapidement et décide d’aller faire une petite visite aux Enroth pour voir si tout va bien pour eux.

Elle retrouve avec amusement le même amoncellement de valises dans l’entrée, Béatrice visiblement autant soulagée qu’elle d’en être venue à bout.

- (Béatrice) Rassure toi, il n’y a pas que celles des garçons !! Alice et son frère ont déjà apporté les leurs, dès qu’ils ont su que le voyage était avancé !!

- Tu ne viens pas avec nous ?

- Hélas non !! Je ne peux pas m’absenter aussi longtemps de mon travail, ce sont les seuls revenus que nous avons tu comprends ?

Annie lui proposerait bien de l’aider financièrement, mais elle se doute bien de la gêne qu’une telle proposition amènerait à cette femme courageuse et préfère s’en abstenir en se promettant toutefois d’en toucher deux mots à Florian.

- Comment va Anthony ?

- Très bien !! Il commence à se souvenir de son ancienne condition et tu comprends bien combien ça le trouble.

- J’imagine sans peine, oui !! Il n’est pas là ?

- Il est sorti avec Alice et les garçons !

Béatrice voit bien son amie devenir toute pâle et comprend pourquoi, elle la rassure donc aussitôt.

- Il a mis ses lunettes et il a pris sa canne pour donner le change ! C’est juste qu’il voulait annoncer la bonne nouvelle à ses futurs "beaux-parents".

- (Annie) J’espère qu’il sera prudent, si on apprenait ce qu’il s’est passé hier !! Tu imagines les retombées que ça aurait sur Florian ?

- Il en est conscient ne t’inquiète pas, Anthony est un garçon très mature et il ne ferait rien qui pourrait nuire à son ami.

- (Annie) Et Alice ? Comment a-t-elle réagi en apprenant la bonne nouvelle ?

- La pauvre !! Elle en tremblait de tous ses membres, j’ai bien cru qu’elle allait s’évanouir !!

- J’imagine sans peine sa surprise !! Anthony a pu enfin voir sa chérie du coup ??

- (Béatrice) C’était comme s’il l’avait toujours vue comme elle est réellement !! Tu ne peux pas savoir l’effet étrange que ça peut faire, alors que nous savons tous très bien qu’il n’avait jamais vu son visage.

- (Annie) Je me demande parfois ce qu’est en réalité Florian pour pouvoir faire de telles choses, bien sûr j’en ai eu quelques explications et je t’assure que j’ai mis du temps avant d’y croire sérieusement, ce garçon est partout le meilleur en tout et reste malgré tout un jeune homme simple, attachant et sensible aux personnes quelles qu’elles puissent être.

***/***

« Au dispensaire »

Le père Antoine lève la tête vers le ciel, intrigué de plus en plus par le bruit sourd s’amplifiant au fur et à mesure qu’il se rapproche et finit par apercevoir les points noirs à l’horizon, qui très vite se transforment en avions comme il n’en a encore jamais vu auparavant tellement ils lui semblent démesurés même de si haut.

Une myriade de points noirs s’en échappent alors, sortant par chapelets compacts de tous les appareils et bientôt ce sont comme des champignons qui éclosent dans le ciel, vite suivis par d’autres encore plus impressionnant reliés entre eux par groupes de quatre unités sous lesquels le père Antoine croit reconnaître des véhicules militaires.

Au bout de quelques minutes, le doute n’est plus d’actualité pour lui quand il reconnait les uniformes et les sigles sur les jeeps qui maintenant dodelinent au gré des vents et finissent par atterrir çà et là dans un vaste secteur, parfois même en s’écrasant dans les immenses arbres de la forêt vierge toute proche.

Malgré tout, la discipline de cette troupe lui fait écarquiller les yeux de stupeur, les militaires se regroupant autour du matériel avec la célérité d’un entraînement particulièrement efficace.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les parachutes sont repliés et les hommes se sont retrouvés en ordre devant les officiers qui vérifient que personne ne se retrouve manquant.

Un des pelotons reste en arrière pour récupérer les matériels restés accrochés aux arbres alors que le gros de la troupe se met en marche vers le dispensaire.

Les ordres fusent, de plus en plus audibles pour le père Antoine qui comprend alors qu’ils sont pour la plupart donnés dans le seul but de sécuriser la zone et le déploiement qui s’en suit, ne fait que le conforter dans ce sens.

2eme année Pâques : (57/127) (Reims) (Lundi après-midi) (Chez les Durieux)

Sarah et Emile sont exceptionnellement chez eux ce jour-là, quand la porte d’entrée s’ouvre sur leurs enfants et ceux qu’ils considèrent déjà comme leurs beaux-fils.

La raison en est ce voyage précipité en Afrique d’Alice et Rémi qui les a pris au dépourvu, le député tout comme son épouse tenant à être là pour leur départ.

C’est Emile qui le premier remarque quelque chose d’anormal dans le comportement des quatre jeunes gens, sans toutefois en cerner exactement la cause.

Les yeux rougis d’Alice malgré son visage rayonnant de bonheur prouveraient qu’elle aurait beaucoup pleuré, celui de Rémi ne valant guère mieux alerte en premier le brave député qui cherche alors à en déceler les raisons.

Baptiste lui, semble comme à son habitude et vient embrasser Sarah avant d’en faire autant pour lui, visiblement content de les voir.

Anthony reste en retrait, sa canne repliée sous le bras et ce n’est que quand il ôte ses lunette qu’Emile remarque la différence, comprenant alors ce qui lui a semblé bizarre à leur arrivée.

La surprise est telle qu’il se laisse choir brusquement dans son fauteuil duquel il s’était levé pour les accueillir, le regard soudainement devenu inquiet d’Anthony le conforte dans la réalité de son pressentiment et c’est d’une voix mal maîtrisée qu’il pose la question qui quelques secondes plus tôt lui aurait paru démente.

- « Antho » !!! Tes yeux !!! Mon Dieu, que t’est-il arrivé ??

- (Sarah) Ses yeux ? Qu’est-ce qu’ils ont de si bizarre ?? Allons chéri !! Tu sais bien qu’Anthony est av…..oh !!! Mon Dieu !!!

Sarah les yeux exorbités reste figée devant Anthony.

- Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé mon chéri !!!

- (Baptiste) Admirez l’œuvre du docteur « Flo » !! Mon frère a retrouvé la vue depuis ce matin grâce à lui !!

Sarah accourt vers Anthony pour le prendre dans ses bras, trop bouleversée pour en dire davantage et les soubresauts entrecoupés de son corps démontre combien l’émotion est trop forte pour elle en cet instant magique, pleurant de bonheur dans les bras de celui qui dès le premier jour a su la conquérir sans combat.

Les explications prennent un long moment avant qu’Emile et son épouse reprennent suffisamment possession de leurs moyens pour admettre l’impossible.

- (Emile) Il va falloir être très discret Anthony, l’idéal serait même que vous alliez vivre ailleurs avec ta famille loin de tous ceux qui te connaissent.

Le cri du cœur poussé par ses enfants le fait sourire malgré le bon sens et la gravité de ses paroles.

- Oh, non p’pa !!

- (Emile) Allons !! Ne faites pas les enfants !! Vous savez bien que c’est la raison qui dicte mes paroles, rien ne nous empêche d’en faire autant pour que vous restiez proches les uns des autres et puis je ne lui demande pas d’émigrer à l’étranger non plus, un village autour de Reims fera aussi bien l’affaire dès l’instant qu’il n’y connaît personne. Dans quelques temps cela aura beaucoup moins d’importance et Anthony pourra prétendre avoir subi une opération avec succès, alors que là en à peine une journée ça tiendrait pour beaucoup du miracle.

- (Sarah) Mais c’en est un !!!

- Je le sais bien chérie, mais ça mettrait une nouvelle fois Florian au-devant de la scène avec cette fois beaucoup plus de difficultés à faire admettre qu’il est comme tout le monde.

Sarah médusée par les paroles de son mari.

- Pourquoi ? Il ne l’est donc pas ? C’est juste que ce garçon est exceptionnellement intelligent et doué voilà tout !!

Emile soupire, soudainement agacé.

- Allons maman !! Soit un peu objective tu veux bien ? « Antho » était aveugle de naissance !! C’est déjà impossible qu’il retrouve la vue en vingt-quatre heures, alors qu’en plus il n’en soit pas affecté plus que ça tient de la gageure la plus pure conviens en toi-même !!

- Mais alors, comment est-ce possible ?? Qui est votre Florian dont vous me rebattez les oreilles depuis plusieurs mois ?? Un extra-terrestre ??

Sarah voit bien que ses paroles n’affectent pas plus que ça ceux qui les écoutent, semblant même d’accord avec elle malgré l’énormité de sa dernière question.

- C’est une plaisanterie !! Dites-moi que c’en est une ??

2eme année Pâques : (58/127) (Reims) (Lundi après-midi) (CHU)

« Secrétariat de l’hôpital »

Pendant que Florian reçoit ses rendez-vous de l’après-midi, Antonin et Thomas se retrouvent en dehors du cabinet médical de leur ami pour retourner au secrétariat où Antonin a fait ses premières armes sous les yeux brillants d’intérêts à peine contenus de la gent féminine qui s’efforce par maintes tentatives de séductions, d’intéresser un tant soit peu les deux magnifiques garçons qui les troublent plus qu’elles n’auraient pu le penser.

Bien sûr rien n’y fait et autant Antonin que Thomas n’en fait aucun cas, semblant même ne pas s’en apercevoir au grand dam de ces dames.

Antonin s’occupe de reporter les rendez-vous de Florian, sa façon de faire toute en finesse ne manque pas d’interpeller celles qui sont dans la même pièce que lui et qui reconnaissent là un savoir-faire qu’elles sont loin de posséder elles-mêmes, malgré toutes les années passées dans leur profession.

Thomas quant à lui est plus discret, quoique ses rires fréquents et son visage très souvent épanoui de plaisir les affectent tout autant mais pour une toute autre raison, beaucoup moins avouable celles-là.

***/***

« Chez Yuan, en fin d’après-midi »

Là aussi les valises jonchent le sol de l’appartement, au fur et à mesure que ses amis arrivent chez lui qui est le lieu de rendez-vous avant de se rendre à l’aéroport

Patricia est arrivée en début d’après-midi et aide son chéri à faire le tri dans ses affaires, bien décidée à ce qu’il n’emporte que ce qu’elle sait lui être utile alors que lui s’apprêtait à un vrai déménagement.

- Florian t’a dit combien nous serons en tout, chéri ?

- Tu plaisantes là ! Hi ! Hi ! Comme s’il en avait la moindre idée !!

- (Patricia) Celui-là je te jure ! Hi ! Hi ! L’avion que nous devons prendre est bien celui de sa boîte ?

- Oui pourquoi ?

- Il doit bien avoir une limite niveau passagers ?

- Sûrement oui !! Tu n’as qu’à regarder sur internet !!

- On fait comment s’il n’y a pas assez de place ?

- (Yuan) Celui de mon père peut prendre une soixantaine de passagers pour le moins !! Je ne pense pas que nous serons aussi nombreux quand même !!

Patricia compte mentalement, le chiffre auquel elle arrive est quand même bien inférieur à soixante personnes et elle soupir de soulagement.

- J’imagine qu’ils seront une bonne vingtaine venant de Reims !!

- (Yuan) Nous une douzaine tout au plus !! Tu vois bien que tu n’as pas à t’inquiéter ?

-Au fait ?? Les triplés viennent ou pas ?

- Oups !!! J’attends toujours leur réponse !! Mince !! Je les avais oubliés ! Hi ! Hi !

- (Patricia) Tu m’as bien dit que leurs copines ont aussi un frangin ?

- Oui pourquoi ? C’est un gars sympa, je ne l’ai vu qu’une fois mais il a l’air super cool !!

- C’est Jonas et Antoine qui le connaissent le mieux.

- Il est copain avec « Flo » ?

- En fait ils ne se connaissent pas !! Du moins pas encore !!

- Tu pourrais l’inviter si ses sœurs viennent avec les triplés ?

- Faut voir !! J’attends déjà leur réponse à ceux-là !! Paraît que leur père n’est pas chaud pour qu’ils viennent, c’est Johan qui me l’a dit !!

- Vraiment ? Il t’a dit pourquoi ?

- En fait, non !! Victor est resté vague quant à ses raisons, Johan et ses frères vont user de la force de persuasion des triplés qu’il m’a dit ! Hi ! Hi ! Je n’aimerais pas être à la place de Victor, seul contre la coalition des rouquemouttes !!

- Thomas avait une voix bizarre tout à l’heure ?

- (Yuan) Il ne voit pas d’un bon jour ce voyage depuis quelques temps, il m’en a parlé plusieurs fois tu sais ?

- (Patricia) Pourquoi donc ?

- Pour lui il va arriver quelque chose là-bas, ce sont les paroles en sous-entendus de Florian depuis toutes ces années qui lui ont mis ces idées morbides en tête.

- N’importe quoi !! Il devrait pourtant savoir depuis le temps que « Flo » est capable de se sortir de n’importe quelles situations !!

- C’est aussi ce que je lui ai répondu à chaque fois !!

2eme année Pâques : (59/127) (Paris) (Lundi soir) (Aéroport du Bourget)

« Plusieurs heures plus tard, en fin de journée »

L’appareil flambant neuf au sigle de la DBIFC attend sur le tarmac, l’équipage terminant de vérifier que tout est ok quand les premières voitures amènent leurs lots de passagers.

La jeunesse tout comme la beauté frappante de toutes celles et ceux qui vont s’installer dans l’avion, ne manque pas de les interpeller et c’est avec des regards d’intérêt difficilement réprimés, qu’ils les scrutent en prenant à leur tour leur place dans le jet privé.

Les deux hôtesses veillent à ce que tout aille pour le mieux, en offrant leurs services aux passagers pour qu’ils soient le mieux installés possible pour la durée de ce long voyage nocturne.

L’équipage cherche des yeux celui qui parmi toutes ces personnes serait leur grand patron, la seule description qu’ils en ont est celle d’un jeune rouquin les yeux rieurs et très mignon que quelques collègues ont pu apercevoir lors des fêtes de fin d’année.

Le hic pour eux, c’est que des jeunes rouquins souriants et mignons, il n’y en a pas qu’un seul déjà installés dans l’avion, quoique pour les triplés ce ne soient certainement pas parmi eux qu’ils trouveront celui qu’ils cherchent et cela même s’ils se posent un peu là, questions yeux rieurs, mignons et souriants.

C’est l’interpellation d’un des deux rouquins restants par l’un de ses amis qui lève le voile sur lequel des deux est leur patron.

- (Maxime) Hé !! Florian !! On attend encore quelqu’un tu crois ?

- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Demande à Thomas, c’est lui qui s’est chargé de prévenir tout le monde !!

- (Maxime) Ah, d’accord… !! Alors « Thom » ?? Ça dit quoi ?? On est tous là ou pas ??

Thomas se lève pour regarder tous les passagers, il se rassoit ensuite en souriant.

- C’est tout bon pour moi !!

Je m’adresse alors à une des hôtesses.

- C’est bien mademoiselle, vous pouvez dire aux pilotes que c’est quand ils veulent !!

Je pousse un grand cri qui la fait sursauter et fait rire tout le monde.

- Waouhhhhh !!! Afrique nous voilà, Waouhhhhh !!!

**/***

« Autour du dispensaire »

Un officier court à toutes jambes vers son supérieur supervisant l’opération, il stoppe net devant lui pour le saluer réglementairement.

- Repos capitaine !! Qu’ont donné les recherches ?

- Nous avons bien trouvé le camp des Coréens mon commandant !! Seulement il était vide et les traces s’effacent au passage de la rivière !!

Le commandant regarde sa montre, visiblement nerveux.

- Le temps presse !! Nous devons les retrouver et les mettre hors d’état de nuire dans les prochaines heures, les ordres sont sans appel !!

- Je vais redéployer les troupes en conséquence mon commandant, le gros souci est que nous ne connaissons pas suffisamment le terrain !!

- Faites-vous aider par des éclaireurs autochtones, Okoumé le chef de la tribu la plus proche, ne refusera pas de vous adjoindre quelques-uns de ses chasseurs.

- Bien mon commandant !!

- Cet endroit doit être entièrement sécurisé avant douze heures !! Je vais voir avec nos alliés en mer pour qu’ils nous envoient un hélicoptère ou un drone, nos bâtiments ne sont pas encore arrivés. Mettez des brassards fluorescents, il ne manquerait plus que ça qu’ils vous prennent pour les Coréens !!

- Bien mon commandant !! A vos ordres !!

Des coups de feu pas très éloignés de leur position les font se jeter au sol, bientôt le staccato des tirs de mitrailleuses se fait entendre et le commandant regarde son subalterne le visage crispé.

- Plus besoin de chercher je pense !! Faites de votre mieux pour évacuer les civils avant qu’ils n’arrivent sur nous capitaine !!

- À vos ordres mon commandant !!

2eme année Pâques : (60/127) (Lundi soir) (Dans les airs)

L’ambiance côté passager est plutôt au fou rire et à la bonne humeur, due en grande partie à cette semaine de vacances en Afrique qui s’annonce dans de bons auspices et en plus, offerte si généreusement par leur ami.

Thomas et Antonin par contre marquent une profonde inquiétude, en effet leurs regards sont souvent portés sur Florian qui semble préoccupé comme ils n’ont pas l’habitude de le voir et son visage toujours souriant à l’ordinaire est cette fois-ci fermé, plongé dans ses pensées visiblement moroses pour les deux amis qui le connaissent bien.

Antonin n’est au courant que depuis peu de ce que ce voyage représente pour Florian, selon lui un aller sans retour et même s’il garde une mine enjouée quand il se sent observer, ils ne peuvent manquer ses instants d’anxiété et de tristesse, que son visage reflète quand il se croit seul.

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Quelque chose en moi s’éveille, je sens que la compréhension est proche malgré que je n’arrive toujours pas à mettre le doigt dessus et bien sûr ça ne m’apporte rien de bon niveau moral, me refermant sur moi-même comme une huître.

Pourtant je devrais tout au contraire apprécier à leur juste valeur ces instants magiques où encore une fois, une grande partie de mes amis est réunie autour de moi, n’attendant rien de plus d’une vie jusqu’alors riche et heureuse où tout semble me réussir.

Malgré tout un sentiment diffus m’obsède depuis quelques temps, de plus en plus fort et qui me laisse à penser que tout ce qui m’entoure n’est pas la réalité, alors que rien de concret n’apporte une preuve quelconque qu’il en serait autrement.

Deviendrais-je fou ? Mon esprit saturerait-il d’un trop plein de connaissances que m’a donné l’entité qui m’habitait jusqu’à dernièrement.

Quelque chose au plus profond de moi semble s’affaiblit irrémédiablement sans que je sache de quoi il peut bien s’agir, pourtant je me sens bien les trois quarts du temps quand ces pensées ne viennent pas me troubler et mon corps est toujours aussi nerveux, ne ressentant ni la fatigue ni le manque de quoi que ce soit qui pourrait me conforter dans cette idée.

Le sentiment d’être observé me fait ouvrir les yeux, je capte aussitôt l’inquiétude dans le regard de mes deux amis qui sont assis de chaque côté de moi et j’efface instantanément toutes ces pensées lugubres de mon visage pour leur sourire, redevenant soudainement celui qu’ils ont l’habitude de voir.

***/***

Thomas n’arrive pas à détacher son regard de celui de la personne qu’il aime plus que tout, cherchant ainsi à s’accrocher à l’image de ce garçon rayonnant à la beauté gracile qui lui donne tant de bonheur depuis sa plus tendre enfance.

Bien sûr depuis deux ans les choses ont évolué, d’ami d’enfance particulièrement farceur, Florian est devenu au fil des ans son plus grand fantasme d’adolescent et tout ça pour en arriver finalement au statut de couple aimant et amant qui lui réchauffe à présent le cœur.

Florian, Son Florian, le jeune rouquin qui remplissait ses nuits de célibataire étant maintenant dans toutes ses pensées et lui est devenu aussi indispensable que l’air qu’il respire, ne concevant absolument pas de pouvoir à présent vivre sans lui.

***/***

Antonin bien que ce soit beaucoup plus récent éprouve les mêmes schémas de pensées que Thomas envers celui qui non seulement lui a sauvé la vie d’une mort certaine, mais aussi celui qui lui a redonné un avenir avec en prime la joie de vivre.

Il sent bien également que sa vie sans Florian serait désormais inenvisageable tellement son cœur bat pour ce jeune homme si particulier aux qualités tant physiques que mentales et le simple fait de le voir sourire, lui redonne à lui aussi le plaisir de ce voyage gâché un bref instant par des pensées qu’il préfère renvoyer loin au plus profond de son esprit.

2eme année Pâques : (61/127) (Nuit de lundi à mardi) (Concertations au sommet de l’état)

Annie et son mari sont les seuls vrais adultes parmi les passagers, ne serait-ce l’équipage bien entendu et leurs yeux ne peuvent se détacher de tous ces garçons et filles magnifiques, d’une santé indécente frôlant la perfection qui les entourent.

Ils sont tous visiblement joyeux et formant des couples de toutes tendances, des couples qui semblent si naturels aux yeux de tous, avec en prime le sentiment d’appartenir à un groupe particulièrement soudé qui les réunit en cet instant et Frédéric tout comme Annie ne peuvent que s’émouvoir de voir leurs fils intégrer aussi parfaitement cette communauté souriante.

Le confort du jet tout comme la nuit qu’ils peuvent observer des hublots, ont finalement raison des vacanciers qui s’endorment un à un en plongeant l’appareil dans un silence à peine troublé par le bruit des réacteurs.

***/***

« Paris aux alentours de minuit »

Le bureau du président est encore allumé à cette heure tardive, plusieurs hauts responsables militaires et scientifiques ainsi que nombre de représentants étrangers sont en pleine concertation sur les derniers rapports ayant tous un point commun, un jeune génie surdoué.

Ils concernent en particulier sa protection mais aussi sa dernière découverte dont il a fait don en clôture du sommet international de Kyoto.

L’ambassadeur des Etats Unis prend la parole.

- Nos forces navales sont maintenant ancrées au plus près de la zone d’opération, nous survolons désormais la région et ne devrions plus tarder à retrouver les traces des troupes parachutées.

- (Le président) Il est impératif de les retrouver au plus vite et de les mettre hors d’état de nuire !! Nos demandes de retrait sont restées lettres mortes auprès des instances politiques de Corée du nord, il semblerait qu’ils veuillent poursuivre leurs intentions belliqueuses sans tenir compte des menaces internationales qui pèsent sur eux.

Ming Tsu revenu tout spécialement de Chine comme représentant officiel est de loin le plus anxieux de toutes les personnes présentes dans la salle, pas seulement à cause de la sécurité de Florian mais également de peur de ce que la colère de Xi Jinping pourrait engendrer comme conséquences.

- Notre pays est prêt à entrer en guerre, notre armée se concentre en ce moment même dans nos bases navales et aériennes !!

- (Le président) Ce serait désastreux pour la population Coréenne prise en otage !!

- (Ming Tsu) J’en suis conscient croyez le bien, Xi est furieux du dédain qu’a eu envers lui son homologue Coréen lors de sa demande de retrait immédiat de ses troupes aéroportées.

- (Un général) De toute façon il sera bien trop tard pour ce qui nous importe le plus !!

- (Ming Tsu) C’est ce que je m’évertue à lui faire comprendre, mais rien n’y fera si les troupes restent en place je le crains.

- (Le président) Nous devrions tenter de temporiser les choses, je compte sur vous tous pour envoyer des missives diplomatiques en ce sens.

L’ambassadeur britannique toussote avant de donner son avis.

- Ne serait-il pas plus simple de faire se détourner l’avion où se trouve actuellement le jeune De Bierne ? Il me semble que ce serait le mieux pour sa sécurité, du moins tant que nous n’aurons pas nettoyé la zone.

- (Le président) Il est trop tard pour ça !! L’autonomie de l’appareil ne le lui permet pas, du moins pas pour se diriger vers un endroit suffisamment sûr !! De plus nos troupes sont en place et sécurisent les zones où ils se rendent, nous leur refuserons tout simplement de sortir du périmètre de sécurité.

Ils discutent encore un moment des actions militaires en cours ou à envisager et il n’est pas loin de deux heures du matin quand enfin la deuxième raison de la réunion est abordée.

Les scientifiques prennent alors le relais sur les militaires, ceux-ci écoutant d’abord d’une oreille distraite ce qui pour eux semble incompréhensible.

Mais leur attention revient très vite quand ils comprennent l’importance primordiale du sujet abordé.

- (Un scientifique) Nous venons d’avoir confirmation par un de nos satellites que l’échantillon de molécule dérobé au Mexique a été volontairement répandu dans l’atmosphère.

Il allume un vidéoprojecteur qui montre alors la région de Mexico sous l’emprise d’une nuée opaque qui croît d’une façon exponentielle, visible à l’œil nu.

- D’après nos calculs, l’enzyme ou la molécule si vous préférez, recouvrira la totalité de notre planète d’ici une dizaine heures !!

2eme année Pâques : (62/127) (Nuit de lundi à mardi) (Concertations au sommet de l’état) (fin)

Toutes les personnalités se regardent alors avec une certaine inquiétude, voire frayeur pour certains, du fait de la nature de cette nuée qu’ils voient recouvrir petit à petit toute la zone visualisée par le satellite et qui ressemble à s’y méprendre à une tornade immense dont les volutes ne cessent de croître.

Le scientifique reprend la parole.

- Nous sommes en contact permanent depuis le début du processus avec nos homologues Mexicains, il semblerait qu’elle aille dans le sens des recherches déjà entreprises par différents pays et montre déjà ses effets sur l’atmosphère ambiante qui d’après nos collègues devient grisant de pureté, peu habitués qu’ils sont à respirer aussi librement un oxygène débarrassé de toutes les impuretés dues à la pollution qu’ils inhalaient depuis maintenant plusieurs décennies.

- (Le président) C’est donc en soi une bonne nouvelle !! D’aucuns ont osé ce que tous nous hésitions à faire, je ne peux que les en féliciter !!

Un des généraux s’avance vers l’écran.

- Combien de temps avant que le soleil puisse de nouveau apparaître sur cette région ?

- (Le scientifique) Pendant nos essais, ça a été très rapide, de l’ordre de quelques minutes !! Mais l’échelle des valeurs n’était bien sûr pas du tout la même, je dirais donc sans trop prendre de risques que cela devrait prendre plusieurs jours avant que nous puissions apercevoir de nouveau depuis les satellites les terres recouvertes par le phénomène.

Une voix dans la pièce.

- Donc si je comprends bien, le soleil nous sera complètement occulté pendant plusieurs jours et ce sur la planète entière ?

- (Le scientifique) Avant que la molécule commence à disparaître ? Je dirais qu’il se passera bien deux à trois jours où nous serons entièrement sous son effet, je comprends bien le but de votre question monsieur !! Nous devrons très certainement nous vêtir chaudement pendant ces quelques jours car la température deviendra brusquement négative mais ne devrait toutefois pas engendrer de catastrophes climatiques trop importantes. Il faut savoir qu’après son passage, notre planète sera comme neuve de toute intrusion humaine et il nous sera ensuite facile de libérer de nouvelles molécules avant d’en arriver une nouvelle fois à cette extrémité due à l’état actuel lamentable de notre atmosphère. Il en est de même pour nos déchets qui vont se transformer pour reprendre leur état naturel, permettant ainsi d’après nos récentes expériences à faire retrouver la fertilité des sols et relancer notre écosystème.

- Ce qui signifie ?

- Ça signifie monsieur que grâce à ce don du ciel que nous a offert si généreusement le jeune De Bierne, notre planète va retrouver tout son potentiel et nous permettre de ne plus faire les mêmes erreurs.

- Ça n’aura plus d’importance de toute façon, puisqu’il vous suffira d’envoyer à nouveau cette molécule quand nous dépasserons encore une fois les limites !!

- Je ne pense pas que ce soit aussi facile que vous semblez le croire monsieur, déjà parce que la période de froid qui nous attend sera proportionnelle à nos erreurs passées et que certains pays en souffriront plus que d’autres, ensuite parce qu’il ne faut pas jouer avec la chance qu’il nous a été donné de repartir sur de nouvelles bases écologiques et économiques, rappelez-vous des accords signés dernièrement à Kyoto ?

- (Le président) Ces accords seront respectés !! Nous avons frôlé de trop près la catastrophe pour ne pas en tenir compte, nous devons mûrir tout comme nous devons éduquer les générations à venir !! Il se fait tard !! Nous reprendrons dans l’après-midi cette réunion, d’ici là nous en saurons plus sur les deux sujets du jour !! Messieurs ! Je ne vous retiens pas !!

***/***

« A bord du jet de la DBIFC, quelques heures plus tard »

J’ouvre les yeux, mon regard se porte aussitôt vers le hublot à travers duquel j’aperçois le soleil se lever sur une nouvelle journée.

Un sourire me vient quand quelques boules duveteuses apparaissent çà et là dans mon champ de vision, je reconnais bien là le fruit de mes dernières recherches et mon sourire s’accentue encore plus de constater que quelqu’un quelque part a finalement pris la bonne décision.

Je pense à mes amis toujours endormis, ils n’auront pas à subir aussi durement la brève période glaciale pour ne pas dire glaciaire que d’autres vont connaître et le simple fait de nous rendre dans un des rares endroits les moins pollués de la planète y sera pour beaucoup pour qu’ils supportent sans trop de peine les quelques heures où la température va chuter vertigineusement.

Je me sens soulagé d’un coup, je n’aurai pas fait tout ce que j’ai fait pour rien et même si mes pires instincts me donnent raison, je laisserai quelque chose derrière moi qui fera finalement le bonheur de tous.

Une voix triste résonne dans ma tête.

- (Thomas) Te voilà encore avec ces mauvaises pensées !!

2eme année Pâques : (63/127) (Afrique) (Mardi)

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« Dispensaire »

L’attaque ne les a heureusement pas pris de court et se termine sans trop de casse, les coups de feu sporadiques s’entendent encore au loin comme un mauvais souvenir des heures qu’ils viennent de passer.

Dorian et Gérôme sont là, serrer l’un contre l’autre à chercher du réconfort après cette fusillade malgré tout sanglante à laquelle ils n’étaient pas préparés et observent attentivement d’un œil douloureux l’état des blessés qui geignent doucement, pas encore tous sous l’effet des tranquillisants.

Le père Antoine les aperçoit en levant les yeux de la table d’opération, il laisse alors le soin aux sœurs infirmières qui sont autour de lui pour mettre en place les pansements nécessaires sur un soldat touché par balle.

C’est en s’essuyant les mains couvertes de sang qu’il se dirige vers eux, son visage las de ces heures d’interventions pour porter les premiers secours.

- Il faudrait un vrai chirurgien !! Je ne suis pas qualifié pour ce genre d’opérations !!

- (Dorian) Vous faites de votre mieux mon père !! Personne ne vous reproche rien !!

- (Gérôme) Un chirurgien vous dites ? Rappelez-vous que le meilleur qui soit est déjà en route pour nous rejoindre ici !!

Le père Antoine frissonne d’effroi.

- Et s’ils revenaient ? Ces hommes semblaient déterminés !!

- (Dorian) Des renforts arrivent, ils ne devraient plus tarder !!

- (Le père Antoine) Qu’avez-vous fait de tous les travailleurs qui sont ici ?

- (Dorian) Ils sont en sécurité mon père, dès que nous avons eu vent de l’attaque, nous les avons faits évacuer vers la ville la plus proche et avec la nouvelle route, ils doivent y être en sécurité depuis un bon moment déjà.

- (Gérôme) C’est d’ailleurs à votre tour de partir, les sœurs ainsi que les blessés seront transportées dans les camions dès leur retour. Nous allons tous quitter cet endroit qui est trop facile à attaquer, seuls les militaires resteront tant que ce ne sera pas entièrement sécurisé.

- (Le père Antoine) Et s’il y a d’autres blessés ?

- (Dorian) Une section médicale de campagne arrive avec les renforts, pensez plutôt à vous et à vos sœurs mon père !! Ce genre de situation n’est plus de votre âge, je dis ça sans mettre un seul instant en doute votre courage père Antoine !! Bien au contraire !!! Ce que vous venez de faire ici est tout à votre honneur, c’est juste que des personnes plus adaptées à cette situation vont prendre la relève.

- (Gérôme) Et puis Florian et ses amis seront très contents d’être accueillis par quelqu’un qu’ils connaissent déjà.

Le père Antoine comprend qu’on ne lui laisse pas le choix, d’ailleurs il est conscient que les paroles de ses deux amis sont celles de la raison.

- Très bien !! Dans ce cas je vais préparer quelques affaires !!

***/***

« Village Masaï »

Okoumé entend depuis des heures la violence de l’attaque qui a lieu au dispensaire pourtant situé assez loin de son village, il sait très bien qu’il ne peut rien faire dans un tel combat en raison de la puissance de l’armement utilisé par les hommes blancs des deux camps.

Il a fait regrouper les vieillards, les femmes et les enfants de la tribu par ses chasseurs, s’apprêtant à partir vers le seul lieu lui semblant sûr car protégé par les dieux.

Ses trois fils sont près de lui et même Akim arbore les peintures sur son visage comme celles des hommes d’Okoumé, les faisant sourire avec toutefois une grande fierté dans le regard de voir celui qui de toute évidence sera digne un jour de prendre quand le temps sera venu la place de son père à la tête de la tribu.

Naomée est avec les jeunes femmes du village, elle caresse son ventre qui porte son, ou plutôt ses futurs enfants, en regardant fièrement l’homme de sa vie dont la virilité insatiable quand il s’agit de sa jeune épouse n’a pas tardé à porter ses fruits.

Une visite aux dieux de la clairière leur a appris que ce serait des fils, la rareté de mettre au monde des jumeaux rendant ce jour-là Taha fou de fierté et de joie au point d’honorer plusieurs fois de suite Naomée, qui en tremble encore à la pensée du plaisir intense qu’il lui a encore une fois fait ressentir.

2eme année Pâques : (64/127) (Afrique) (Mardi) (Conversation sérieuse)

« Dans le jet en approche de l’aéroport international »

La descente par paliers de l’avion réveille les passagers, d’abord surpris d’être déjà arrivés puis curieux d’admirer le paysage en plaquant leurs visages aux hublots.

La vue de cette frondaison luxuriante réveille en moi un stress qui me noue l’estomac, issu sans doute du traumatisme du crash, c’est d’ailleurs curieux en y pensant un tant soit peu avec un minimum de réflexion.

Comment pourrais-je me le rappeler alors que je n’avais que quelques mois et que j’étais sans doute couché dans un couffin.

Mon esprit se libère alors le temps d’une image fugace difficilement analysable, suffisamment toutefois pour en comprendre sinon la teneur, du moins le danger qu’elle augure.

Je sais maintenant que je ne repartirai pas de ce voyage, la raison m’échappe encore alors que la certitude n’est plus à remettre en question.

Thomas se lève pour aller aux toilettes, me laissant seul sur ma ligne de siège avec Antonin qui s’éveille à son tour et me sourit en voyant mes yeux braqués sur lui.

- Nous sommes arrivés ?

- Encore quelques minutes et tu pourras te dégourdir les jambes !

- Quelque chose ne va pas « Flo » ? Tu fais une drôle de tête !!

J’hésite un bref instant avant que mon esprit entre en communion avec le sien.

- Qu’est-ce qu’il m’arrive !!!

- Ne t’inquiète pas « Tonin » ce n’est que moi !!

- Comment tu fais ça ??

- Aucune idée, figure toi !! J’ai envie de le faire et ça arrive, j’aimerai vérifier quelque chose d’important pour moi !! Enfin disons plutôt pour nous !! M’autorises-tu à chercher dans ton esprit ?

- J’ai confiance en toi Florian, je sais que tu ne feras rien que je ne souhaiterais pas que tu fasses alors vas-y !!

- Merci de ta confiance « Tonin », je te jure que ce que je cherche n’a rien à voir avec ton passé.

Je sonde alors délicatement son cerveau à la recherche d’une confirmation que je ne tarde pas à trouver, un sourire me vient alors en même temps qu’un énorme soulagement.

Je sais maintenant que mon Thomas ne sera jamais seul après que je ne serai plus là, l’amour d’Antonin est sincère envers lui tout comme celui qu’il éprouve pour moi et que je n’ai pu éviter de voir également, mais je n’en suis pas étonné.

Antonin sent son esprit être libéré et comprend que son ami en a terminé dans sa recherche.

- Alors ?

- J’ai eu ma réponse !!

- Tu ne veux rien me dire ?

- Je ne préfère pas, ça ne sert à rien et de toute façon cela ne changera rien si ce n’est à t’inquiéter inutilement pour une chose qui arrivera quoi qu’il advienne.

- Tu me fais peur Florian !! Est-ce encore en rapport avec ta crainte qu’il t’arrive quelque chose pendant ce voyage ?

Je comprends que de toute façon que je lui dise la vérité ou non, il va broyer du noir avec cette histoire et je me décide donc à lui en révéler un peu plus.

- Je voulais être sûr de ton attachement pour Thomas et que tu resteras avec lui au cas où, je dis bien « au cas où » il m’arriverait un truc de grave.

- J’aime Thomas aussi fort que toi Florian !!

- Je le sais « Tonin », mais je voulais en avoir la certitude !! Éric et Raphaël sont en couple tout comme Yuan et Patricia, seul Thomas risquait de se retrouver seul tu comprends ?

2eme année Pâques : (65/127) (Afrique) (Mardi) (Conversation sérieuse) (fin)

Antonin pâlit, visiblement effrayé du ton assuré de mes paroles et c’est en balbutiant, sa voix prise d’une immense tristesse qu’il reprend la parole.

- Il ne t’arrivera rien de toute façon et Thomas ne sera jamais seul !! Raphaël, Éric et Yuan ne le laisseraient jamais tomber, même si je n’étais pas là pour lui.

- Je n’en doute pas, mais ça ne sera jamais pareil qu’avec moi ou toi !! Nous nous ressemblons beaucoup tu sais ? Thomas devra pouvoir continuer d’aimer !!

- Arrête avec ça Florian !! Pourquoi veux-tu qu’il t’arrive quoi que ce soit !!

J’essaie de le calmer maintenant que mes certitudes quant à eux deux m’ont rassuré sur le point le plus important pour moi.

- C’est comme un testament « Tonin », je donne mes dernières volontés juste au cas où !! Maintenant je souhaite vivre le plus longtemps possible sois en assuré !!

- Tu es sûr ?

- Bien sûr !! Imagine si les testaments n’étaient écrits qu’une fois mort ! Hi ! Hi !

- Pffttt !! Imbécile ! Hi ! Hi ! Si tu en as fini avec tes bêtises, nous pourrions parler d’autre chose ?

- Encore une petite chose et je te jure que nous n’aurons plus jamais ce genre de conversation !!

- Et bien vas-y !!

- Pour ça je dois retourner dans ton esprit !! Plus pour y chercher quelque chose rassure toi, mais au contraire pour m’aider au cas où j’aurais besoin d’une clé.

- Une clé ?? De quoi tu parles ??

- Une clé, oui !! Dont Thomas en serait la serrure !! Une clé qui pourra le jour venu le libérer et retrouver la mémoire de ce que nous avons vécu ensemble, comme pour le testament c’est juste au cas où.

- Comme une sauvegarde pour un ordinateur ?

Je souris car l’image reflète parfaitement ce que j’ai l’intention d’implanter en lui.

- C’est un peu ça en effet !! Mais ne soit pas inquiet, tu ne sentiras rien et ce sera comme si je n’avais rien fait, j’effacerais ensuite ces quelques minutes de ta mémoire.

- Tu peux faire ça ??

- Bien sûr mais je ne voulais pas le faire sans ton accord.

Antonin reste un moment pensif, ne détachant pas son regard du mien.

- Et bien tu l’as !!

- Merci « Tonin ».

Je me concentre alors, libérant en moi toute la puissance que j’ai accumulée depuis toutes ces années et dans mon esprit une myriade d’Antonin existant ou à venir, reçoivent les données compressées de ma mémoire en incluant tout ce que l’entité m’a transmis avant de me libérer.

Mon énergie faiblit soudainement, la lassitude me prend et je n’ai que le temps d’effacer dans l’esprit d’Antonin cette conversation qui sinon le traumatiserait le restant de sa vie, avant de sombrer dans un sommeil profond.

***/***

« Clairière »

- Pourquoi a-t-il fait ça ??

- Il a sans doute ses raisons !!

- Nous manquerons désormais de puissance le moment venu pour ce qui doit être, en es-tu conscient mon frère ?

- Nous ferons ce pour quoi il nous a créés, que pouvons-nous faire d’autres ?

- Il va nous falloir palier sa perte d’énergie, comment ferons-nous ?

- Nous nous servirons de ses amis s’il le faut, ils sont venus nombreux !!

- Allons mon frère, tu sais bien que ce sera insuffisant.

- Il faudra faire avec !!

- Nous mourrons !!

- Un de nous doit garder son énergie pour l’accueillir à son retour.

- Ce sera toi !!

- Cela ne se peut !! Je suis un catalyseur et ma force devra s’allier à la vôtre mes frères !!

- Nous voterons !!

- Non mon frère !! Ce sera toi qui devras rester !! Tu es celui après moi qui a les meilleures capacités d’être un et multiple à la fois, rien ne dit que c’est ici qu’il reviendra !! S’il revient !! En attendant que le temps soit venu, il nous faut économiser notre énergie car la moindre parcelle nous sera nécessaire.

2eme année Pâques : (66/127) (Afrique) (Mardi) (Inquiétude)

Thomas livide arpente le couloir du centre hospitalier où Florian a été conduit suite à son malaise, ses amis les plus proches le regardent avec inquiétude en comprenant parfaitement son anxiété.

Antonin les yeux rougis par les larmes ne comprend rien à ce qui s’est passé, il s’est réveillé en trouvant Florian évanoui et le cri qu’il a poussé alors a créé la panique à bord, faisant revenir Thomas à toutes jambes des toilettes.

Il n’a bien sûr pas pu expliquer quoi que ce soit puisque comme il leur répète depuis lors, il dormait profondément en faisant un rêve étrange auquel ’il n’arrive plus à se souvenir.

Raphaël passe son bras autour de ses épaules pour le réconforter.

- Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive tu sais ?? Il y a parfois trop de choses qui se bousculent dans sa tête, alors il disjoncte pour sans doute se protéger !! Tu verras !!

Il n’y paraîtra bientôt plus rien.

- Alors pourquoi Thomas est-il dans un état pareil ?

- Parce que c’est Thomas !! Tout ce qui touche à Florian lui est insupportable, les toubibs n’ont pas voulu qu’il reste près de lui et c’est ça qui l’affecte le plus car il sait très bien que Florian irait très vite beaucoup mieux s’il était avec lui.

Le silence revient dans le couloir, seuls les soupirs du grand blond devant la porte de la chambre où Florian est enfermé se font entendre de temps à autre.

Les minutes puis les heures passent jusqu’à ce qu’enfin des nouvelles leur soient apportées par un homme d’âge mûr parlant le Français avec un très fort accent Africain.

Ses phrases font sourire les amis de Florian car entièrement dépourvues de la lettre « R » et qui donne un sens parfois amusant à ses paroles, malgré le lieu et surtout la raison de leurs présences.

- « Vote ami va se emette, il a eu un moment de faiblesse que nous ne compenons pas !! Des examens plus pointus sont en cous et devaient tès vite nous pemette un diagnostic séieux su les causes de sa pete de connaissance. »

- (Thomas) Va-t-il mieux docteur ?

- « Il vient juste de se éveiller, nous le gadeons vingt-quate heues pou nous assuer qu’il n’y a plus ien à cainde pou sa santé !! Vous deviez aller vous eposez. »

***/***

Joseph conduit à toute allure, secoué comme un prunier sur cette route cabossée mais il n’en a rien à faire et il est trop pressé de se rendre au chevet de Florian.

Il était parti chercher des renseignements sur ces troupes Coréennes étrangement introuvables, soupçonnant une quelconque coalition avec le gouvernement en place toujours avide d’argent facile quand il a appris la triste nouvelle.

Le temps pour lui d’envoyer un rapport succinct à Hassan et le voilà depuis lors, roulant le pied à fond sur la pédale d’accélérateur pour rejoindre l’hôpital où a été emmené Florian.

***/***

Les deux camions militaires bâchés freinent brusquement dans un nuage de poussière devant l’entrée du centre de soins et libèrent leurs contingents de bérets verts qui aussitôt prennent position, armés jusqu’aux dents avec la ferme intention d'en découdre au cas où quiconque représenterait une menace.

Les ordres claquent comme des balles, faisant fuir les quelques curieux attirés par tout ce remue-ménage et un capitaine suivi de deux soldats entrent dans l’hôpital en conquérant, faisant fi des regards furieux du personnel ne comprenant pas cette intrusion.

***/***

« En mer »

Là aussi les ordres partent sèchement, démontrant l’urgence de la situation et les pales tournent déjà à toute allure que des soldats montent encore à l’intérieur des hélicoptères de combat.

Trois porte-avions de nationalités différentes voient s’échapper de leurs bords ces insectes aux couleurs camouflages et se dirigent tous vers le même but, avec à leurs bords les éléments les plus aguerris aux combats.

***/***

« Une heure plus tard »

C’est maintenant un véritable camp retranché qui apparait aux yeux des autochtones là où le matin même régnait un silence presque total.

Un bureau a été rapidement libéré pour qu’une dizaine d’officiers de toutes nations y trouvent un endroit pour pouvoir coordonner leurs mouvements et y recevoir les rapports venant des troupes basées sur l’autre terrain d’opérations, là où ils soupçonnent l’ennemi de s’y être retranché.

« Traduit de l’anglais utilisé par l’alliance des nations intervenantes »

- (Colonel Américain) Mais où sont-ils donc passés !!!

- (Colonel Français) La jungle mérite bien son nom !! Tant qu’ils ne se manifesteront pas, c’est comme chercher une aiguille dans une meule de foin !!

- (Capitaine Australien) Nous tenons la zone et ils ont déjà subi un très fort revers lors de leur première attaque !!

- (Commandant Chinois) Le principal est que notre protégé soit en sécurité !! Comment va-t-il ?

- (Commandant Français) Il se remet lentement, les médecins ne comprennent toujours pas la raison du malaise qui l’a pris soudainement.

2eme année Pâques : (67/127) (Sur terre, dérèglement climatique)

« Quelques heures plus tard, Washington »

Comme dans toutes les autres régions du pays, la Maison Blanche subit l’effet de l’énorme vague de froid qui vient de prendre brusquement l’ensemble de l’état de Californie.

Le chauffage monté à fond arrive à peine à garder hors gel l’intérieur des bâtiments, les personnels engoncés dans des vêtements chauds continuent néanmoins leur travail et tous regardent d’un œil apeuré la nuée cotonneuse qui recouvre maintenant l’horizon, masquant entièrement le soleil en déclenchant ce froid mordant qui recouvre tout à l’extérieur de givre et de glace.

Dans une salle de réunion attenante au bureau ovale, où politiques et scientifiques du pays sont réunis pour analyser l’ampleur de la situation.

- (Le président) Combien de temps avez-vous dit ?

- (Un scientifique) D’après nos estimations, il faudra compter que le phénomène actuel perdurera encore soixante-douze heures environ.

- Comment réagit la population ?

- (Un secrétaire d’état) Nous l'avions bien préparée, les médias ont été très efficaces dans leurs annonces et ils sont conscients que nous devons en passer par là, reconnaissons que c’est très peu cher payé au vu des résultats qui en ressortiront pour le bien-être de tous.

- (Le président) Des nouvelles de Mexico ?

- (Un second secrétaire d’état) Les images satellites montrent qu’ils sont en passe de régression du phénomène monsieur, nos experts sur place n’ont que le mot miracle à la bouche et les relevés qu’ils nous envoient vont bien dans ce sens, l’atmosphère environnante a déjà perdu plus de quatre-vingt pour cent de ses polluants.

- (Le président) Quel effet sur les populations ?

- Positive monsieur !! Malgré le froid intense qu’ils subissent tout comme nous actuellement, ils sont tous grisés par l’air pur qu’ils respirent et le dôme de pollution se concentrant au-dessus de la mégapole depuis de nombreuses années à presque entièrement disparu, ne laissant plus que la nuée dévorante qui continue son œuvre.

- (Le président) Vous comprendrez tous qu’après tout ceci, nous devrons mettre toute notre énergie à honorer le pacte respectueux signé dernièrement et ne plus nous laisser aller dans la facilité de la période écoulée, nous devons entreprendre les recherches nécessaires dans les plus brefs délais afin de ne pas recommencer le cycle infernal. Dix ans vous entendez !! Nous avons dix ans pour mettre en place et exploiter les pistes données par le jeune De Bierne.

- (Un scientifique) Les formules qu’il a inscrites au tableau lors de son exposé nous seront précieuses monsieur et nous feront gagner un temps fou !! Déjà nos experts développent avec succès la voilure spatiale devant servir au captage de l’énergie solaire qui nous semble le plus appropriée pour pouvoir nous libérer rapidement de nos besoins en matières fossiles. Il sera temps ensuite de poursuivre sur les autres pistes qui nous ont été si généreusement données !!

- (Le président) Ne serait-ce ce froid qui nous touche durement, je serrerais bien ce garçon dans mes bras au nom de notre pays tout entier.

- Nul doute que d’autres que vous en feraient volontiers tout autant monsieur, la mini glaciation qui enveloppe maintenant une bonne partie de la terre est très certainement sa façon à lui de nous « punir » et de nous faire réfléchir pour que nous mettions très vite en application ses recommandations.

- (Le président) Insinueriez-vous qu’il l’ait fait exprès ? Qu’il aurait pu nous éviter ce froid cinglant ?

- Et vous ? Qu’en pensez-vous monsieur ?

Le président prend son temps avant de reprendre la parole, le front plissé par la réflexion.

- Je pense que l’intelligence de ce garçon est encore beaucoup plus pointue que je ne l’imaginais !! La psychologie humaine doit très certainement être également un de ses points forts !!

- Je le pense aussi monsieur.

Un long silence où chacun réfléchit aux implications des dernières phrases prononcées et le front du président redevient soudainement soucieux quand il se tourne cette fois vers son attaché militaire.

- Avons-nous fait assez pour sa protection ?

L’homme ouvre la chemise cartonnée qu’il tient sous son bras depuis le début des discussions, il en sort une liasse de papiers qu’il pose devant le chef d’état.

- D’après ces rapports parvenus récemment, il semblerait que sa protection concerne un grand nombre de pays disposant d’une puissance militaire et nous venons juste d’apprendre que la Chine vient d’envoyer ses dernières heures de nombreuses troupes combattre sur le terrain le régime totalitaire de son ancien allié.

Le président, sourcils froncés.

- Comment réagissent les russes ?

- Le président Poutine assure mordicus qu’il n’a rien à voir dans cette ingérence militaire de la Corée du nord en Afrique et qu’il restera neutre, ne souhaitant pas prendre parti.

- (Le président) Et bien !! Je serais curieux de savoir ce qui a bien pu lui mettre la pétoche au point d’en arriver à fermer pour une fois sa grande gueule !! Mais comme ma confiance en ses paroles a des limites, mettez-moi les « grandes oreilles » sous écoutes de tout ce qui se dit en Russie au cas où ses résolutions ne seraient que de la poudre aux yeux.

2eme année Pâques : (68/127) (Afrique) (Mercredi matin) (Réveil)

« Chambre de Florian, centre hospitalier »

- Putain !!! J’en tiens encore une bonne ! Hi ! Hi !

C’est la première réflexion qui me vient à l’esprit quand je me réveille avec une forme du tonnerre de Dieu, la queue raide comme la justice.

Ensuite une question se pose à moi quand je me rends compte ou je suis, il n’y a aucun doute pour moi car ces chambres d’hôpitaux se ressemblent tous à peu de chose près.

Un moment de bug total avant que mes idées reprennent leur place et que je me souvienne de mes derniers faits et gestes, surpris malgré tout de cet état d’épuisement qui m’a pris.

Le fait que je me sente de nouveau bien me rassure car je ne doute pas un instant combien ce malaise a dû mettre mes amis en panique.

C’est donc avec un grand sourire que je repousse les draps pour me lever, le calme dans mon pantalon étant depuis ces réflexions sur mon état de santé revenu à l’état normal

Je traverse la chambre pour ouvrir doucement la porte et jeter un œil attentif dans le couloir, j’ai alors une vision qui me ramène dans mon émotivité la plus pure et mes yeux se mouillent subitement à la vue de mes deux blondinets serrés l’un contre l’autre sur un banc, dormant à poings fermés dans une position plus qu’inconfortable.

Ce n’est qu’en me dirigeant vers eux que je remarque deux autres bancs situés de chaque côté du couloir, occupés eux aussi par Éric et « Raphi » pour l’un et de Patricia et « Yu » pour l’autre, prouvant si besoin s’en faisait sentir combien l’inquiétude de mes amis les plus proches a pu être forte.

La scène suivante m’amène un fou rire irrépressible, en effet une voix nettement réprobatrice me fait dans un premier temps sursauter de surprise.

- Que faites-vous hors de votre lit jeune homme ???

Passer cet instant de surprise où je me tourne un bref instant vers l’infirmière qui arrive sur moi au pas de charge, c’est ce qu’il se passe sur les bancs qui me fait rire aux larmes.

Tels des chamois sautant d’un rocher à l’autre sur un pic montagneux, mes amis se retrouvent tous en quelques fractions de seconde les quatre fers en l’air, réveillés en sursaut par la voix puissante et surtout inattendue de la femme.

L’infirmière s’aperçoit à son tour de l’effet qu’ont eues ses paroles sur les jeunes gens qui squattaient le couloir depuis la veille sans vouloir le quitter un seul instant et part en vrille à son tour devant le comique de leurs chutes.

- Et bien en voilà des façons ! Hi ! Hi !

Elle ne peut ensuite que regarder d’un œil attendri, la façon dont les six jeunes entourent leur ami semblant si fluet dans son pyjama en papier bleu.

Malgré tout son professionnalisme revient au galop, sa voix reprenant le ton de commandement qui m’avait fait sursauter juste avant.

- Allez-y doucement s’il vous plait !! Et vous jeune homme !! Veuillez retourner dans votre lit immédiatement, du moins tant qu’un médecin ne vous aura pas ausculté !!

Sa voix ne prêtant pas à une quelconque désobéissance, ses paroles étant également remplies de bon sens, aussi c’est d’un mouvement commun que tous s’écartent de moi quelque peu honteux de s’être fait morigéner de la sorte.

- Je me sens très bien madame, je vous assure !!

Elle fait un geste très significatif de sa main, me faisant comprendre qu’on ne la lui fait pas à elle.

- Ta, ta, ta, ta !!! J’ai dit dans votre chambre !!

C’est à mes amis maintenant de sourire devant la tête que je fais, baissant les yeux sous la remontrance et repartant d'où je viens comme un petit garçon pris en faute.

2eme année Pâques : (69/127) (Afrique) (Mercredi matin) (Retour à la normal)

« Deux heures plus tard »

Le capitaine et ses deux lieutenants, l’insigne sur leurs épaules démontrant leurs états de médecins militaires, sortent de la chambre sous les regards des trois couples avides de connaitre le résultat des examens qu’ils viennent de faire subir à leur ami.

Le capitaine sourit devant leurs mines attentives.

- Vous pouvez entrer !! Votre copain vous attend !!

- (Thomas) Comment va-t-il ?

- Aussi bien que possible, c’est d’ailleurs étonnant après ce qu’il lui est arrivé !!

- (Antonin) Il pourra sortir quand ?

- Ce n’est plus de mon ressort jeune homme !! Il va falloir voir avec le commandant quand à une éventuelle autorisation de sortie.

- (Antonin) Je ne comprends pas puisque vous venez de dire qu’il allait bien ?

- Ce n’est plus pour une raison médicale, mais de sécurité sur sa personne qui m’ont amené ses paroles mon gars !!

- (Thomas) Comment ça capitaine ?

- Vous n’êtes donc pas au courant ?

Le militaire les regarde attentivement.

- On dirait bien que non !! Voyez ça avec le commandant, ce n’est pas dans mes prérogatives de vous en dire plus !!

Raphaël s’approche de Thomas et d’Antonin en leur posant une main se voulant rassurante sur leur épaule.

- Vous deux allez voir « Flo » !! Nous autres nous allons aux renseignements !!

Les six amis regardent les militaires s’éloigner avant de se séparer à leur tour, Antonin et Thomas se regardant avec la même perplexité dans les yeux.

- (Antonin) Tu y as compris quelque chose aux paroles du capitaine, toi ?

- (Thomas) Rien de bon en tous les cas !! Il avait l’air très sérieux en parlant de la sécurité de Florian, je me demande bien ce qu’il en est !!

- (Antonin) Encore les Russes ? Tu crois ?

- (Thomas) Hum !! Ça m’avait l’air plus grave que ça !! D’ailleurs que font tous ces militaires ici ? Français qui plus est !!!

Antonin prend Thomas par la taille, visiblement en manque de réconfort.

- J’ai peur « Thom » !! Les prémonitions de Florian semblent devenir de plus en plus réelles !!

- (Thomas) Ce n’est pas pour me rassurer moi non plus !!

Antonin tremblant.

- Je ne supporterai pas qu’il lui arrive quelque chose !!

Thomas le serre à son tour dans ses bras, il l’embrasse doucement sur le coin des lèvres avant de lui donner cette fois un baiser appuyé où leurs langues en viennent vite à s’emmêler l’une à l’autre.

Quelques longues secondes où les deux garçons oublient tout le reste pour profiter de ce baiser, baiser où leurs sentiments réciproques deviennent soudainement limpides pour eux et c’est Thomas qui le premier s’écarte d’Antonin en le fixant avec une intensité qui jusque-là n’était qu’essentiellement réservé à son petit rouquin.

- Il a tout prévu encore une fois !!

- (Antonin) Tu parles de quoi ? De nous deux ?

- (Thomas) Ses paroles la première fois qu’il m’a parlé de toi prennent tous leurs sens aujourd’hui, je viens d’en prendre conscience « Tonin ».

- (Antonin) Comment est-ce possible « Thom » ?

- (Thomas) Florian a toujours eu le pressentiment que ce voyage lui serait d’une quelconque façon néfaste, je n’ai jamais voulu y croire mais je dois bien reconnaitre que tout porte à penser qu’il y a de quoi s’inquiéter.

- (Antonin) Pourquoi est-il venu alors ? Il lui suffisait de rester tranquillement en France, je ne comprends pas !!

- (Thomas) Florian n’est pas ce qu’il laisse paraître depuis toutes ses années, Damien a été le premier à dire tout haut en plaisantant certes !! Mais il l’a dit quand même, que Florian n’était pas entièrement humain.

- (Antonin) Il n’y a pas plus humain que lui voyons !!

Thomas lui sourit tendrement.

- Ce n’était pas dans ce sens qu’il fallait prendre mes paroles « Tonin », plus humain que Florian ça n’existe certainement pas !! Damien voulait dire, pas de cette planète !! Ça semble dément de prononcer de tels propos, mais j’ai tourné ça suffisamment de fois dans ma tête depuis ses deux dernières années pour être en fin de compte persuadé qu’il y a une part de vérité dans tout ça.

2eme année Pâques : (70/127) (Afrique) (Mercredi matin) (État de guerre)

« Bureau de commandement provisoire des armées alliées. »

Joseph écoute le débriefing du matin, Dorian et Gérôme se tenant près de lui tout aussi attentifs, quand la porte s’ouvre et qu’ils voient arriver les deux jeunes couples avec le visage grave, visiblement décidés à connaitre la vérité sur ce qui menace leur ami commun.

Joseph voit le commandant surpris de leurs intrusions là où à l'évidence pour lui ils n’y ont aucune place, se tourner vers eux prêt à les refouler sans fioritures et décide de mettre les pieds dans le plat avant que le ton monte, voyant bien l’extrême détermination dans les yeux de ceux qui sont devenus ses amis.

- Vous ne devriez pas être là les gars !!

- (Yuan) Ah non !! Vraiment ?? Un type en uniforme nous fait comprendre que Florian est en danger et nous ne serions pas concernés ??

Ses yeux sombres fixent durement les militaires dans la pièce et son ton monte de plusieurs crans quand il reprend la parole, visiblement en colère.

- Je suis Yuan Tsu !! Le fils unique de Ming Tsu, le premier conseiller de Xi Jinping !! Président de la république populaire de Chine, et je n’aurais pas le droit d’avoir des renseignements sur les menaces qui pèsent sur mon ami ?

Yuan se rapprochent de deux officiers chinois.

- 试着让我离开的力量,我们就会看到我的 父 亲会怎么想 ! (Essayez donc de me faire sortir de force et nous verrons bien ce que mon père en pensera !!)

Les deux officiers se raidissent, visiblement impressionnés par les paroles de Yuan, l’un d’eux s’approche de celui qui a le commandement de l’alliance et lui souffle quelques mots à l’oreille, celui-ci écoute jusqu’au bout sans montrer son ressenti.

Il se tourne ensuite vers le jeune asiatique qui le fusille des yeux, lui faisant ainsi comprendre toute sa détermination et soupire finalement en se rasseyant sur son siège, montrant une rangée de chaise le long d’un mur.

- Prenez place là-bas !! Je répondrai à vos questions quand nous aurons terminé l’ordre du jour !!

Patricia, Éric et Raphaël ont suivi toute l’altercation avec dans les yeux un profond respect pour leur ami, Yuan leur montrant une facette de sa personnalité qu’ils ne lui connaissaient pas encore.

La jeune femme prend place contre son chéri en lui prenant tendrement la main, son regard ne trompant personne sur l’adoration qu’elle porte à son beau brun qui vient de l’étonner une fois de plus.

Les militaires reprennent donc là où ils ont été interrompus, une petite heure passe qui révèle déjà aux deux couples une grande part des raisons qui ont amené les paroles intrigantes du médecin-capitaine.

Ce n’est que quand les gradés sont tous repartis pour mener à bien leurs ordres, que le commandant se tourne à nouveau vers eux.

- Que voulez-vous savoir que vous n’auriez encore pas compris ?

Yuan qui perçoit les regards de ses amis tournés vers lui se lève, faisant comprendre dans son geste qu’il sera celui des quatre qui portera la parole en leurs noms à tous.

- Pourquoi en veulent-ils à ce point à Florian ? Que lui veulent-ils exactement ? Pas le tuer quand même !! « Flo » n’a jamais rien fait de mal contre personne, ce serait même tout le contraire il me semble !!

- (Joseph) Si vous permettez commandant ? J’aimerais pouvoir répondre à ces jeunes gens !!

Joseph après avoir reçu l’accord du commandant d’un signe de tête de celui-ci, va pour prendre la parole quand des bruits leur parviennent du couloir attenant à la salle et qu’un jeune garçon entre à son tour suivi d’un autre qui cherche apparemment sans succès, à le retenir.

Le commandant les regarde entrer, visiblement exaspéré de tant de manque de respect des procédures.

- C’est qui cette fois ?? Le fils du roi de Prusse ??

Joseph retient avec peine un sourire ironique.

- Son altesse Amid Al Malouf !! Fils héritier de son altesse l’émir Hassan Al Malouf !!

- (Le commandant) Manquait plus que ça !!

2eme année Pâques : (71/127) (Afrique) (Mercredi matin) (État de guerre) (suite)

« Dans la clairière des pierres. »

Les femmes, les enfants et les vieillards de la tribu remplissent presque entièrement la clairière, les hommes en âge de chasser étant éparpillés tout autour sous les ordres d’Okoumé pour la protection de leurs familles.

Au début la crainte des lieux pouvait se lire dans les yeux de tous, les enfants furent les premiers à reprendre leurs jeux sous les regards inquiets de leur mère.

C’est maintenant le deuxième jour depuis leur arrivée et la vie de ces gens simples prend le dessus sur le danger qui les y a fait venir, retrouvant les gestes que nécessite leur survie.

Les dieux sont étrangement absents, ne serait-ce les pierres d’où émanent une aura suffisamment visible pour que personne n’ose s’en approcher.

Ça fait maintenant plusieurs heures que « Kinou » est apparu, restant depuis sagement aux côtés d’Akim qui s’en voit réjoui sans se rendre compte des regards que lui portent les gens de son peuple et qui démontrent combien ce jeune fils d’Okoumé prend chaque jour qui passe comme importance pour eux.

Aomé et Taha comprennent que le choix de la tribu ira vers Akim le jour encore éloigné où leur père annoncera qu’il est temps pour lui de passer la main sur les responsabilités d’une charge devenue trop lourde pour son âge.

La fierté qu’ils éprouvent pour leur jeune frère est tellement visible qu’elle soulage Okoumé d’un grand poids, les guerres fratricides pour le pouvoir ayant plus d’une fois causé de grandes pertes pour les tribus dans des temps pas si éloignés que ça et marquant encore fortement la mémoire des anciens.

Aomé était celui qui normalement aurait dû reprendre la charge de son père, les années passées depuis l’accident qui l’avait défiguré l’ayant rendu solitaire en préférant passer le plus clair de son temps à la chasse afin de ne pas susciter les regards condescendants que sa profonde cicatrice occasionnait aux yeux de son peuple.

Taha pour sa part ne demandant qu’à vivre son amour pour Naomée qui suffit à son bonheur, n’étant pas particulièrement désireux de remplacer un jour Okoumé qui de toute façon est encore dans son rôle de chef pour de très nombreuses années.

Akim sera dans la force de l’âge au moment de la transition, le fait qu’il se fasse déjà remarquer par la tribu est un bon signe et le courage, tout comme la fierté du jeune Masaï font que les regards portés sur lui soient ce qu’ils sont en ces heures troubles.

Un mouvement de recul apeuré venant d’un coin de la clairière amène la curiosité du jeune Akim qui en comprend alors la raison, une panthère noire énorme pour cette race s’engage dans la trouée d’arbres, les yeux jaunes impressionnants fixés sur tous ces marche-debout qui ont envahi la clairière.

Un feulement doux montre qu’elle est venue en amie comme autrefois quand elle s’est présenté au village, les gens le ressentent et se calment rapidement, la laissant s’avancer, suivit de ses quatre petits qui eux restent tout contre leur mère, visiblement beaucoup moins rassurés qu’elle.

« Kinou » feule à son tour en s’allongeant sur le dos les pattes en l’air en signe de soumission, Akim est surpris d’un tel comportement venant d’un mâle à l’encontre d’une femelle, toute puissante soit-elle et regarde attentivement la scène se déroulant sous ses yeux, attendant de comprendre la raison de sa venue parmi eux.

Plusieurs autres feulements commencent à se faire entendre depuis la jungle, se rapprochant du lieu où les Masaïs sont venus chercher la paix.

Okoumé pousse un cri bien connu de tous, signifiant à ses chasseurs de revenir au sein de la tribu et évitant ainsi un dangereux malentendu si l’un d’eux venait à utiliser ses armes sous la poussée d’une peur viscérale envers ces puissants prédateurs.

Akim s’approche de son père.

- Que se passe-t-il père ? Pourquoi font-ils ça ?

- C’est sans doute un appel des dieux fils !! Quelque chose se prépare que je ne comprends pas plus que toi !!

- Crois-tu père que ce soit en rapport avec l’arrivée du garçon aux cheveux de feu ?

- Sans aucun doute mon fils !! Ils sentent eux aussi l’arrivée du dieu des dieux !! La jungle ressent la menace des hommes-oiseaux, je ne serai pas étonné mon fils si nous assistons à quelque chose que les petits enfants des enfants de tes enfants écouteront avec respect et dévotion au coin du feu.

2eme année Pâques : (72/127) (Afrique) (Mercredi matin) (État de guerre) (suite)

« Centre hospitalier, bureau des affaires militaires alliées. »

Le commandant reste un instant dans ses pensées avant de s’incliner légèrement devant Amid qui lui fait comprendre d’un signe de la main que c’est bon et qu’il serait bien de passer aux raisons de sa venue.

- Je viens aux nouvelles de mon ami Florian !! J’ai appris qu’il était hospitalisé dans cet établissement et ensuite que d’importants mouvements de troupes se déployaient dans la région, de là à ce que les deux événements soient liés il n’y a qu’un pas à faire.

- (Joseph) Je me garderai bien de le faire votre altesse !! Si les événements militaires sont dus à la présence de Florian, son état soudain de faiblesse n’a rien à voir je peux vous l’assurer !!

- (Amid) Très bien !! Comment va-t-il ?

- (Joseph) Tout est redevenu normal ce matin votre altesse, ses amis pourront vous rassurer et vous confirmer qu’il en va bien ainsi pour Florian.

Amid se tourne vers Raphaël.

- C’est vrai ?

- (Raphaël) Oui !! Thomas et Antonin sont avec lui, tu devrais aller lui faire un petit coucou et tu verras par toi-même !!

- (Amid) J’aimerai connaître avant le pourquoi de ce déploiement militaire, si ce n’est pas trop indiscret de ma part bien sûr !! Au fait !! Qui est cet Antonin ? Je ne me souviens pas de lui ?

Yuan sourit en faisant un clin d’œil à Christophe.

- C’est le secrétaire particulier de Florian ! Hi ! Hi ! Sans doute était-il jaloux de ton père et voulait-il avoir le sien ! Hi ! Hi !

Amid ne semble pas plus curieux que ça, sans doute parce que pour lui la polygamie est dans l’ordre des choses, il se contente de sourire à son tour pour répondre à son ami.

- Je vais finir par devenir jaloux s’il continue !!

Le jeune prince redevient sérieux en refaisant face à Joseph.

- Quel genre de danger court Florian pour avoir droit à un tel déploiement de troupes en protection de sa personne ?

- (Joseph) C’est justement la question que nous nous posons votre altesse, les Coréens du nord ne s’étaient jamais intéressés à lui jusque maintenant et nous ignorons leurs intentions, malgré que nous ayons déjà subi une attaque en règle de leur part.

- (Amid) Florian est-il au courant ?

- (Joseph) Je ne le pense pas votre altesse !!

- (Amid) Peut-être serait-il bon de l’y mettre rapidement alors !! C’est le premier concerné et il voudra sans doute repartir en France.

- (Le commandant) Sauf le respect que je vous dois jeune homme, cette affaire n’est absolument pas de votre ressort et je vous demanderai de rester en dehors de tout ceci.

Il se tourne alors vers Yuan.

- Et la recommandation vaut aussi pour vous !! Je suis certain que vos pères iraient dans mon sens, aussi je vous prierai de ne plus vous mêler des affaires de l’armée et de nous laisser gérer les opérations entre personnes formées pour le faire, me suis-je bien fait comprendre ??

***/***

« Dans la chambre de Florian, après la visite de Christophe et Amid. »

La conversation entre les trois amis ressemble étrangement à celle qui s'est déroulé dans le bureau où siègent les officiers, sauf peut-être en ce qui l’en est des conclusions qui si les militaires les entendaient, leurs amèneraient très certainement des sueurs froides quant à la sécurité du jeune De Bierne et de ses amis.

- (Thomas) Tu ne devrais pas faire ça Florian, c’est bien trop dangereux !!

- Je dois rejoindre le dispensaire, il y a des hommes qui sont blessés là-bas et qui souffrent à cause de moi.

- (Antonin) Il y a des médecins militaires qui sont partis pour leur donner les soins que réclament leur état, tu n’as pas à prendre autant de risques « Flo » !! Tu n’es pas formé comme eux le sont pour ce genre de situations !!

Mes deux amis font front commun pour me dissuader de prendre part à ce qui ressemble bien être un état de guerre, j’apprécie à sa juste valeur leurs avis tout en souriant intérieurement sur la façon qu’ils ont d’être proches l’un de l’autre.

2eme année Pâques : (73/127) (Afrique) (Mercredi matin) (État de guerre) (suite)

Quelque chose me pousse pourtant à ne pas tenir compte de leur avis, sans doute un savoir profondément enfoui dans mon inconscient et qui me fait relativiser le danger potentiel encouru à vouloir me rendre sur place.

- Vous ne me faites plus confiance ?

- (Thomas) Ne dis pas n’importe quoi « Flo » !! C’est moins une histoire de confiance que le fait que cela concerne l’armée et jusqu’à preuve du contraire, je serai le premier étonné de l’apprendre si ce n’était pas le cas. Nous n’en faisons pas partie !!

- (Antonin) Thomas a entièrement raison !! Nous irons visiter le dispensaire quand nous en aurons l’autorisation, comment réagirais-tu si l’un d’entre nous venait à être blessé ou tué ?

- Cela ne sera pas !!

- (Antonin) Comment peux-tu en être aussi sûr ??

- Tout simplement parce que je ne le veux pas !!

Un moment de silence suit mes dernières paroles, étonné moi-même de les avoir prononcées et le désarroi peut se lire également sur le visage de mes deux amis.

- (Thomas) Tu es sûr que tu te sens bien « Flo » ?

- (Antonin) Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ??

- Je n’ai pas réfléchi et ça m’est venu comme ça !! J’avoue que je ne comprends pas plus que vous ce qu’il m’a pris de dire ça !!

- (Thomas) Nous allons te laisser te reposer, c’est sans doute la fatigue et n’oublie pas que si tu es ici, c’est justement parce que tu ne vas pas bien !! Essaie de dormir un peu, nous reviendrons te voir dans l’après-midi et j’espère que cette fois tu ne diras plus des choses aussi insensées.

- Tu crois que je deviens fou ?

- (Thomas) Jamais je ne penserai une chose pareille !! Je crois plutôt que c’est le fait d’être ici qui te perturbe, rappelle-toi ta hantise depuis toutes ces années à chaque fois que nous avons parlé de l’Afrique ? L’accident de tes parents t’a fortement marqué et tu te retrouves là à quelques centaines de kilomètres à peine d'où ça s’est produit, je comprends que beaucoup de choses doivent se bousculer dans ta tête en ce moment.

- (Antonin) Thomas a raison « Flo »!! Repose-toi et nous reparlerons de tout ça quand tu iras mieux !!

Je préfère ne pas insister, peut-être ont-ils raison en fin de compte et ce même si je ressens au plus profond de mon esprit que le temps est un facteur clé, aussi je décide de m’allonger afin de réfléchir.

- Je vais essayer de dormir, vous feriez bien d’en faire autant !!

- (Thomas) Bonne idée, je suis crevé !! Tu viens « Tonin » ? Laissons le tranquille !!

J’ai déjà fermé les yeux depuis plusieurs secondes quand je sens une douceur humide suivit d’une autre sur mes lèvres quand mes deux chéris viennent m’embrasser avant de quitter la chambre.

J’attends quelques minutes sans rien faire avant qu’un sourire ne vienne plisser ma bouche, un son puissant sort alors de ma gorge parfaitement inaudible pour l’oreille humaine.

***/***

« Poste de surveillance à l’ouest du dispensaire, une heure plus tard »

Ils sont six soldats avec un sergent, postés dans un endroit dégagé non loin du chantier momentanément abandonné, de là où ils sont, ils peuvent surveiller une vaste zone de jungle et aussi les deux postes identiques au leur de chaque côté d’eux se trouvant à une cinquantaine de mètres chacun de leur propre position.

Le sergent fait son rapport en utilisant son téléphone satellite, quand une drôle de sensation lui fait lever les yeux et tendre l’oreille.

- Vous entendez les gars !!

- Quoi donc sergent ?

- C’était bizarre !!

- Bizarre comment sergent ?

L’homme ne répond pas, il s’enfonce un doigt dans chaque oreille en secouant vivement pour ensuite redevenir attentif aux choses qui l’entourent.

2eme année Pâques : (74/127) (Afrique) (Mercredi matin) (État de guerre) (suite)

Le bruissement reprend, deux des soldats tendent l’oreille à leur tour.

- (Le sergent) Vous entendez cette fois les gars ?

- Oui sergent !! Qu’est-ce que c’est d’après vous ?

- Comment pourrais-je en avoir la moindre idée !!!

Les hommes se taisent pour mieux écouter ce qui semble se rapprocher rapidement de leur position, plusieurs centaines de mètres plus loin, sortant en courant de la jungle apparaissent alors deux chasseurs Masaï.

- (Le sergent) Ne tirez pas !! Ce ne sont que des indigènes !!

- Ils semblent terrorisés sergent !!

Les deux chasseurs arrivent maintenant sur eux avec le visage couvert de transpiration, ils enjambent les sacs de sable formant le poste de guet et s’affalent au sol, tout tremblants.

L’un des deux s’adresse aux militaires dans sa langue, les mots sortent à une vitesse si rapide que la section au grand complet se regarde sans comprendre mais surtout en commençant à ressentir la peur qui émane des deux hommes.

Le sergent en prend un par les épaules, il le secoue suffisamment fort pour qu’il se calme un tant soit peu et finisse par le regarder dans les yeux, des yeux sombres fortement marqués par une peur viscérale.

- Du calme mon gars !! Dis-nous plutôt pourquoi tu meurs de trouille !!

Un mot sort enfin des lèvres de l’indigène, un simple mot, mais prononcé de telle façon et avec un tel effroi dans la voix, qu’il en donne le frisson aux militaires qui l’entendent.

- Marabounta !!!!

***/***

« Dans la clairière »

La tribu est maintenant complètement encerclée par les animaux sauvages venant de partout, sans discontinuer depuis que la panthère est apparue avec ses petits.

Toute la faune de la région semble s’être donné rendez-vous en ce lieu et pourtant une étrange paix règne, qui rend encore plus étrange ce rassemblement.

Okoumé a donné l’ordre à ses chasseurs de ne plus sortir de la clairière et de rester près des femmes, des vieillards et des enfants, afin de les rassurer du mieux qu’ils le peuvent.

Prédateurs et gibiers se côtoient sans que cela semble les perturber, le chef Masaï comprend bien qu’il n’y a rien de naturel dans cette étrange situation et son regard se porte fréquemment vers les pierres semblant pourtant toujours inertes.

Un grondement lui fait dresser l’oreille, un grondement comme il n’en a plus entendu depuis son enfance et qui lui amène immédiatement un long frisson qui n’est pas dû à la baisse de température pourtant sensible de ces dernières heures, mais venant du plus profond de son atavisme ancestral.

Il se souvient alors des récits du père de son père qui racontait l’histoire de ces fourmis soldats dévoreuses de tout ce qui entravait leurs migrations et qui faisaient trembler les plus valeureux, détruisant tout sur leur passage en ne laissant que la terre dénudée derrière eux.

***/***

« Poste de surveillance militaire à l’ouest du dispensaire »

C’est comme un tapis vivant se répandant sur le sol en l’épousant à la perfection, le recouvrant à une vitesse phénoménale et bientôt toute l’étendue de végétation à perte de vue semble disparaitre, remplacer par la grisaille des carapaces chitineuses se dirigeant droit vers le chantier dans un grondement assourdissant.

Les militaires comprennent que cela va bientôt leur tomber dessus sans qu’ils ne puissent rien y faire, ils sont tellement tétanisés par la peur que leurs muscles refusent de leur obéir et qu’ils voient la mort se diriger vers eux constituée de centaines de millions de fourmis carnivores.

- Mon Dieu !! Nous sommes perdus !!

2eme année Pâques : (75/127) (Afrique) (Mercredi) (État de guerre) (suite)

« Palais de l’Elysée, bureau du président. »

Toc ! Toc !

- Oui !! Qu’est-ce que c’est ??

Sa secrétaire entre en faisant signe à quelqu’un derrière elle de patienter.

- C’est le directeur du centre de météorologie qui voudrait vous parler monsieur, il dit que c’est important.

- Faites-le entrer je vous prie.

- Bien monsieur !!

La femme s’écarte pour laisser pénétrer dans le bureau un homme couvert de fourrures jusqu’aux oreilles.

- (Le président) La température extérieure a encore baissé ?

- Nous avons relevé moins vingt-cinq intra-muros monsieur, nous pensons que nous devrions atteindre les moins trente-deux dans les prochaines heures.

- Vous auriez aussi bien pu me donner ce renseignement au téléphone plutôt que de vous déplacer par ce froid de canard !!

- Ce n’était pas le but de ma visite monsieur !!

- Et quel est-il ?

L’homme s’approche du bureau pour y déposer un dossier contenant des vues satellites prises ses dernières heures, il l’ouvre et les étale devant les yeux du président qui se penche aussitôt dessus pour mieux voir.

- Et bien !! Le froid couvre presque toute la surface de la terre je vois !!

- Presque en effet monsieur et c’est justement ce « presque » qui m’a fait venir jusqu’ici.

L’homme prend un cliché en particulier et y pose son doigt pour montrer une région non encore recouverte par la molécule qui s’est maintenant étendue sur l’ensemble de la planète.

- C’est une région d’Afrique en particulier qui semble ne pas subir le refroidissement généralisé.

- Ne serait-ce pas situé par hasard sur un territoire nous appartenant ?

L’homme regarde le chef d’état la mine déconfite.

- C’est exact monsieur !! Vous étiez déjà au courant ?

- Bien sûr que non !! Mais j’ai ma petite idée quant à la cause de ce phénomène étrange, poursuivez donc car je présume que ce n’est pas tout !!

- C’est exact monsieur !! Nous avons zoomé sur cette zone avec des appareils spécialement adaptés pour y relever les sources de chaleur !! Tenez, regardez cet autre cliché !!

Le président observe attentivement ce qui bientôt lui amène un sursaut de surprise.

- Qu’est-ce donc cette zone rouge sur la photo ?

- Il semblerait que toute la vie animale de cette région se soit concentrée en ce point précis monsieur, nous n’en avons pas l’explication mais regardez cette photo-là !!

Il pose un nouveau cliché sur la pile en mettant son doigt sur une deuxième tache rouge beaucoup plus petite mais qui au vu de l’échelle du cliché représente une zone non négligeable.

- Cette tache de chaleur s’est formée en quelques heures elle aussi et elle progresse pour rejoindre la tâche principale, regardez ces différentes photos prisent à une dizaine de minutes d’intervalle !!

L’homme empile alors comme un jeu de carte plusieurs autres photographies prises depuis le satellite en montrant ainsi la progression de l’aura thermique qu’elle représente.

Le président troublé.

- Savez-vous ce que c’est ?

- Des fourmis monsieur !!

- De quoi !!!!

- Vous avez bien entendu, nous avons pris soin d’appeler les autorités de cette zone qui nous ont certifié qu’une importante migration était en cours et ce que vous voyez là, ce sont des centaines de millions voire plus de fourmis qui recouvrent entièrement le sol et se dirigent vers cette autre zone ou une majeure partie de la faune africaine semble s’être regroupée sans que nous en comprenions la raison. Quelques scientifiques toutefois amènent une hypothèse qui pourrait expliquer cela.

- Et quelle est-elle ?

- Qu’une source de chaleur les y a attirés alors que la vague de froid commençait à les atteindre.

- C’est absurde !!

- Pardon monsieur ??

- Je dis que c’est une hypothèse absurde, si c’était la raison de ce regroupement il en serait de même partout sur la planète ou une telle source de chaleur existe.

- Alors je ne vois pas ce qui a amené un tel rassemblement monsieur, c’est complètement incompréhensible !!

- Une armée !!! Voilà ce que c’est !!

- Monsieur ??

- Veuillez me laisser à présent et dites à ma secrétaire qu’elle convoque d’urgence le conseil militaire qui planifie nos actions actuelles menées dans cette zone !!

2eme année Pâques : (76/127) (Afrique) (Mercredi) (État de guerre) (suite)

« Poste de surveillance militaire à l’ouest du dispensaire. »

Le peloton s’accroupit au fond du poste de guet en fermant les yeux et en priant de tout son cœur, s’attendant à chaque instant à être submergé par la vague de fourmis qui dévore tout sur son passage.

Le crissement des mandibules devient très vite assourdissant, atteignant son paroxysme quand ils se retrouvent encerclés et à leur plus grande surprise dix minutes plus tard le son commence à s’atténuer petit à petit, leur faisant rouvrir les yeux en étant heureux de constater qu’ils sont toujours de ce monde.

Leurs têtes se redressent alors avec curiosité et ils aperçoivent le dos de l’arrière garde qui disparaît sous les frondaisons, se rendant comme à un appel.

- Vous avez compris quelque chose sergent ?

- A part que nous sommes vivants ? Pas grand-chose en fait !!

- Pas une seule de ces bestioles n’est venue sur nous sergent !! C’est quand même incroyable !! Alors que je pensais bien ma dernière heure arrivée !!

- Et moi donc !! Bah !! Ce n’était peut-être qu’une autre espèce de fourmis en migration et non pas cette fameuse Marabounta !! Les deux Masaïs ont dû faire erreur !! Heureusement d’ailleurs, comme ça il y a eu plus de peur que de mal.

Un des deux autochtones relève la tête, visiblement vexé des paroles du militaire blanc.

- Nous savoir reconnaître Marabounta homme blanc !!

- (Le sergent) Tiens !! Tu parles notre langue ??

- Moi parler un peu la langue des blancs !!

- (Le sergent) Bon admettons que ce soit cette fameuse Marabounta qui vient de nous passer sous le nez !! Comment expliques-tu qu’elles ne nous aient rien fait ??

- Marabounta envoyé par le dieu des dieux pour défendre village et clairière sacrée !!

- (Le sergent) Pourtant tu crevais de peur autant que nous ??

- Moi juste comprendre maintenant homme blanc !! Sinon Marabounta dévorer nous à son passage.

Un des soldats.

- Vous comprenez quelque chose à ces paroles sergent ?

Le sergent réfléchit un moment avant de répondre, il se souvient d’une conversation récente avec un des policiers qui surveille le chantier et tout particulièrement une phrase dite avec amusement par Dorian le fameux policier avec qui il a sympathisé depuis.

- Ton dieu des dieux ne serait-il pas rouquin par hasard ?

Le Masaï visiblement ne comprend pas le terme, aussi le sergent reprend la parole en tentant de trouver les mots simples qu’il comprendra.

- Un rouquin c’est un type qui a les cheveux rouges, tu comprends ?

- Rouge ?

- Oui enfin pas tout à fait quand même !! Disons plutôt comme les flammes sortant d’un grand feu de bois.

Les militaires observent avec surprise la réaction de l’homme quasiment nu qui d’un coup s’agenouille et se prosterne en psalmodiant une incantation, bientôt suivit par son compagnon visiblement pris lui aussi par une forte dévotion mystique.

Un soldat troublé.

- Qu’est-ce qu’il leur prend sergent ?

- (Le sergent) Le garçon que nous sommes venu protéger tu te rappelles ? Et bien je pense que pour eux il est comme un dieu !! Va savoir pourquoi ?

- Pffttt !!! N’importe quoi !! Ces peuplades sont vraiment primitives pour croire en des choses pareilles sergent !!

- Comment expliques-tu cette histoire de Marabounta alors ?

- Un coup de chance sergent, rien de plus !! Ce n’est pas comme il semble le croire, l’arrivée du jeune De Bierne qui a rassemblé toutes ces fourmis quand même !!

Une ombre vient masquer soudainement le soleil, les hommes par reflexe lèvent les yeux au ciel et le sergent d’une voix bizarre reprend la parole en pointant un doigt vers ce qui leur masque un temps la lumière du jour.

- Il doit bien pourtant y avoir une explication à tout ceci tu ne crois pas ?

Des milliers d’oiseaux de toutes espèces suivent la même direction que celle qu’ont pris les fourmis quelques instants plus tôt, dans un silence absolu donnant brusquement un grand frisson d’appréhension aux hommes qui suivent leur passage du regard.

2eme année Pâques : (77/127) (Afrique) (Mercredi) (État de guerre) (suite)

« Camp nord-coréen camouflé quelque part dans la jungle. »

Les hommes s’apprêtent à repartir une nouvelle fois au combat, leurs officiers ayant mis au point une nouvelle stratégie qui devrait leur permettre d’arriver aux abords du centre hospitalier où se trouve celui qu’ils sont venus capturer.

Les ordres sont clairs, il ne doit rien arriver au jeune garçon mais ne stipulent pas qu’il en va de même pour ceux qui le protègent ou encore ceux qui l’accompagnent.

La dernière communication radio a été très précise à ce sujet et les deux émissaires Russes qui les guident depuis le début de cette opération militaire, seront particulièrement attentifs à ce que tout se déroule comme prévu.

C’est donc en formant quatre groupes distincts, qu’ils se séparent et se perdent rapidement de vue dans cet environnement particulièrement dense, chaque formation devant parvenir au même but sans plus se préoccuper des autres.

***/***

« Clairière des arbres tourmentés »

Okoumé redresse la tête car soudainement ses sens viennent de se mettre en alerte, il observe la faune sauvage encerclant sa tribu qui dans un même élan commence à se mettre en mouvement comme si un ordre venait soudainement de leur parvenir.

Seul le groupe de panthères autour de « Kinou » ne suit pas le mouvement et reste auprès des villageois, qui depuis plusieurs heures restent prostrés à se resserrer les uns contre les autres pour s’apporter autant que faire se peut un minimum de chaleur devant la température anormalement basse qui sévit actuellement et à laquelle ils ne sont pas habitués.

- Rrrrrr !!!!

Okoumé reporte son regard vers celle qui vient de pousser ce feulement puissant.

- Rrrrrr !!!

Akim s’approche de son père, le visage grave.

- Elle veut que nous aussi nous nous mettions en route père !!

- Comment peux-tu connaître ses intentions ?

- Je ne saurais l’expliquer père !! C’est comme si je l’avais ressenti au fond de moi !!

Les panthères se regroupent à l’orée de la clairière, semblant attendre que les « marche debout » en fassent autant et celle qui dirige le groupe tourne à nouveau la tête vers le chef Masaï.

- Rrrrrr !!!

- (Akim) Le temps presse père !! Il faut la suivre avec toute la tribu, un danger approche !!

Okoumé comprend alors que son plus jeune fils porte en lui la voix des dieux, dieux qui pourtant n’ont laissé aucun signe de vie depuis que la tribu est venue se réfugier ici et il donne les ordres en conséquence pour que tous se lève et quittent rapidement le camp, abandonnant bientôt la clairière où ils viennent de passer ces derniers jours pour suivre les félins qui adaptent leur marche à celle des plus faibles.

***/***

« Centre de commandement des armées, quelque part en France »

Ils sont plusieurs dizaines à suivre avec attention les images satellites qui leur parviennent en direct depuis cette région d’Afrique où des choses pour le moins inhabituelles semblent se passer.

La transmission est relayée vers chaque pays alliés qui suivent eux aussi avec le même intérêt manifeste, ces zones où des groupes suffisamment importants pour laisser une empreinte thermique visible par les appareils sophistiqués du satellite, semblent converger vers un but qui leur est propre.

Ces manœuvres ont très certainement un sens, quoiqu’encore incompris par la plupart d’entre eux mais qui sont certainement en rapport direct avec soit le refroidissement temporaire de la planète, soit les mouvements militaires de ces derniers jours qui ont lieu également dans cette zone.

Un officier de transmissions s’approche du personnage imposant tant par sa fonction que par son physique, il le salue avant de prendre la parole.

- Nous avons des nouvelles du jeune De Bierne monsieur !!

- (Le président) Je vous écoute !!

- Il semblerait qu’il dorme monsieur.

Le président ne peut masquer le sourire mi- amusé, mi- ironique qui lui vient à l’annonce de la nouvelle.

- C’est bien le seul !!

2eme année Pâques : (78/127) (Afrique) (Mercredi) (Ça s’appelle faire le mur)

« Chambre de Florian, centre hospitalier. »

J’ouvre les yeux, satisfait que tout soit en place, les choses maintenant peuvent continuer sans intervention de ma part et toute tentative agressive de la part de qui que ce soit à l’encontre d’une personne innocente, se verra irrémédiablement réprimer avant même d’avoir pu occasionner un quelconque autre dommage.

J’espère que le simple fait de se retrouver en face de ceux que j’ai appelé à l’aide, fera comprendre à ces gens qu’il est vain de poursuivre les ordres qu’ils ont reçus sans en payer le prix fort.

C’est donc avec une toute autre idée en tête que j’envoie voler la couette du lit pour rejoindre mes amis maintenant que je me sens comme neuf.

- Miaou !!

Je baisse les yeux justes à temps, avant de poser les pieds par terre.

- Vous faites bien de prévenir vous deux ! Hi ! Hi ! Sinon je vous marchais dessus !! Bon !! Où sont mes fringues ? Je ne vais quand même pas me balader dans les couloirs le cul à l’air !! Quoi que ça donnerait très certainement des idées à certains ! Hi ! Hi !

- Miaou !!

- Bon !! D’accord !! A moi aussi ! Hi ! Hi !

Heureusement pour moi qu’ils sont enfermés dans le placard avec mon sac à dos, je m’habille donc chaudement parce que j’ai l’intention de sortir en sachant très bien à quoi m’attendre dehors.

Je regarde un instant avec les yeux de Thomas pour voir où il est actuellement, un sourire me vient à constater qu’ils sont tous attablés dans ce qu’il semble être le restaurant d’un hôtel et que comme à leurs habitudes, l’ambiance est plutôt à la déconne encore une fois.

C’est en passant dans la salle de bain de la chambre pour me passer un coup vite fait sur le visage, que ma tignasse rousse me rappelle à l’ordre et qu’il serait bon de la dissimulée si je ne veux pas être intercepté par le service de sécurité qui risquerait au mieux de me coller aux basques alors que je n’ai qu’une envie, rejoindre tranquillement mes amis pour passer la soirée avec eux.

J’ouvre la porte de la chambre en jetant un coup d’œil dans le couloir.

- Passez devant vous deux et trouvez-moi un passage libre vers le vestiaire des toubibs !!

- Miaou !!

Pendant que « Tic » et « Tac » partent à toutes pattes en exploration, je repousse la porte pour ne pas attirer l’attention et j’attends tranquillement leur retour qui d’ailleurs ne tarde pas.

Le museau de « Tic » apparaît en premier et ses grands yeux se fixent dans les miens avec l’intensité de tout l’amour qu’il me porte.

Le temps d’une brève caresse et nous voilà empruntant les couloirs comme des voleurs jusqu’à une porte où ils s’arrêtent, me laissant l’ouvrir pour entrer à l’intérieur de la pièce avec eux.

- C’est parfait les gars !! Juste ce qu’il me fallait !!

- Miaou !!

Une fois revêtu d’une blouse blanche de chirurgie à peu près à ma taille, d’un masque me cachant le visage et en dernier lieu d’une charlotte qui camoufle assez bien ma tignasse rousse, je ressors beaucoup moins discrètement en envoyant mes deux chats en avant pour pas que cette fois si ce soit eux qui me fassent repérer.

Je traverse ainsi plusieurs couloirs sans que personne ne fasse plus que ça attention à moi, c’est l’arrivée d’une ambulance qui me donne le prétexte pour sortir et passer sous le nez de plusieurs soldats qui gardent la porte de sortie.

Ensuite rien de plus facile que de me débarrasser de mon accoutrement dans un coin tranquille, pour repartir d’un bon pas dans la rue étrangement déserte quoique la température approchant le zéro degré y soit très certainement pour beaucoup.

Il me suffit de plonger dans les souvenirs de Thomas pour trouver le chemin menant à l’hôtel où ils se trouvent, ces quelques kilomètres à pieds me font du bien et c’est en grande forme que j’y arrive enfin, sauf qu’eux ne sont plus dans la salle du restaurant quand j’y pénètre à mon tour.

Je vais cette fois pour contacter Thomas quand je me rends compte de l’état de panique dans lequel il se trouve, de vouloir lui faire une surprise je lui ai sans le vouloir fermer mon esprit et ma disparition de la chambre d’hôpital qui lui a sans doute été rapporté entre temps, l’a mis dans une angoisse telle que je me retrouve tout honteux de lui avoir joué ce tour même s’il n’était pas voulu de ma part.

- Thomas !!!

La reprise soudaine du contact mental avec mon chéri me revient comme un boomerang et je prends en pleine poire l’immense soulagement qui relâche sa tension, m’attendant maintenant à l’engueulade méritée qui ne va pas manquer de suivre.

2eme année Pâques : (79/127) (Afrique) (Mercredi) (Soulagement)

« Poste de sécurité du centre hospitalier, quelques temps plus tôt. »

- Comment ça il a disparu !!!

- Il n’est plus dans sa chambre mon commandant, personne ne l’a vu sortir.

- Mettez tout le monde en alerte !! Il faut absolument le retrouver !!

- C’est déjà fait mon commandant, des patrouilles fouillent systématiquement chaque véhicule qui sort de la ville.

- Ce n’est pas suffisant !! Ratissez-moi chaque maison, nous devons le retrouver vous m’entendez !!

- Je vais faire demander des renforts mon commandant !!

- Tenez-moi informé dès que possible, je vais voir quelles actions je peux mener de mon côté auprès des autorités locales.

- A vos ordres mon commandant !!

Le commandant attend que l’officier soit sorti pour appeler d’une voix de stentor son ordonnance.

- Lieutenant !!!

Le jeune officier entre, visiblement surpris du ton employé.

- Mon commandant ??

- Faites appeler les deux officiers de police responsables de la sécurité du chantier.

- Bien mon commandant !!

***/***

« Thomas »

Quand il entend la voix de Florian l’appeler, Thomas en a le cœur qui fait un bond douloureux dans sa poitrine.

- Florian ?? Tu vas bien ?? Tout le monde te cherche partout !!

- Tu ne vas pas me crier dessus hein ?

Thomas malgré que ce ne soit pas l’envie qui lui en manque, ne peut s’empêcher de sourire tendrement à la petite voix pas rassurée qu’a pris son chéri.

- Mais non allons !! Juste que tu mérites une bonne claque sur les fesses pour t’être amusé à nous faire une telle frayeur !!

- Tu vas vraiment me taper dessus ?

C’en est trop pour Thomas qui éclate de rire, surprenant ainsi ceux qui sont avec lui.

- Arrête de faire ça tu veux bien ! Hi ! Hi ! Dis-moi plutôt où tu es et pourquoi je n’étais plus en contact avec toi ?

- Je voulais juste te faire une surprise en vous rejoignant à l’hôtel, c’est d’ailleurs là où je me trouve.

Antonin tout comme les quelques amis de Florian qui étaient à sa recherche avec Thomas, le regarde bizarrement tout du moins au début avant qu’ils ne comprennent enfin l’origine de son changement radical d’expression.

- C’est « Flo » ? Il va bien ?

Thomas lui envoie un clin d’œil accompagné d’un signe de tête affirmatif, ses pensées toujours liées à celle de son petit rouquin.

- Tout va bien les gars, il voulait juste nous faire une surprise et il ne s’attendait pas à ce que ça tourne en mode panique, nous allons prévenir pour qu’on arrête les recherches et nous le rejoindrons là-bas.

- (Raphaël) Il va prendre cher l’autre zigoto !! Paroles de Raphaël !! On n’a pas idée de nous foutre une trouille pareille !!

Les paroles de Raphaël n’étant pas dénuées d’une certaine pointe de chaleur que tous comprennent bien, Patricia qui était tournée vers lui voit bien le visage d’Antonin s’assombrir un bref instant et comprend qu’il a plus de mal qu’elle à accepter ces moments de « partages » entre Florian et ses quelques amis très proches.

Elle le prend doucement par la taille en l’entrainant un peu plus loin pour lui parler.

- Moi aussi j’ai trouvé ça bizarre au début tu sais ?

- Quoi donc ?

- Les relations qu’ils ont entre eux bien sûr !!

- C’est comme ça, je n’y peux rien !!

- Pourquoi tu te forces alors ?

- Comment ça je me force ? Je n’ai jamais rien fait avec personne d’autre que Florian et Thomas !!

Patricia le regarde, surprise de sa réponse.

- Ah !! Je croyais !!

- Ce sont mes amis rien de plus et je n’ai aucune envie que ça aille plus loin, maintenant je le savais au départ et j’accepte la situation tout comme toi d’ailleurs, ça ne te fait rien que Yuan ….

- Yuan les aime vraiment !! Il m’aime aussi et il a tout autant besoin d’eux que de moi, je l’ai bien compris et je sais qu’il serait malheureux s’il devait faire un choix.

Antonin relève la tête pour fixer son amie dans les yeux, Patricia y voit tellement de douceur qu’elle s’en émeut et une larme de tendresse envers ce jeune garçon si sensible lui coule lentement sur la joue.

- Tu es un garçon comme on n’en rencontre que très peu dans une vie tout entière Antonin.

2eme année Pâques : (80/127) (Afrique) (Mercredi) (État de guerre) (suite)

« Dans la jungle. »

Le premier groupe de Nord-Coréens stoppe à la lisière de ce qui ressemble à une clairière, un endroit qui, ils ne sauraient dire pourquoi, leur amène un sentiment de fort malaise.

Tout en ce lieu semble bizarre, comme irréel et les arbres qui les entourent n’amènent rien pour les rassurer, semblant tous avoir vécu quelques souffrances qui les ont marqués dans leurs façons d’être.

Des traces de vie humaine récentes leur font vite revenir à la réalité des choses, l’officier qui les commande donne alors ses ordres pour qu’ils fouillent les environs afin de s’assurer qu’il n’y a aucun danger qui les guette pendant cette brève pause nécessaire après une marche harassante dans cette végétation luxuriante.

***/***

Des branches sont coupées sur deux des arbres déjà en piteux état, les soldats ne se rendent évidemment pas compte que ce geste pourtant anodin est pris ici comme une agression manifeste et dans la jungle un bruissement commence à se faire entendre, signifiant par là qu’une riposte se prépare.

***/***

Un feu est rapidement mis en œuvre pour qu’ils puissent se réchauffer un moment, étrangement aucun soldat ne semble apercevoir l’amoncellement de pierres dépourvues de toute végétation qui recouvre le sol sur toute une partie de cette trouée visiblement occasionnée par la chute de cet avion dont les restes sont encore visibles.

Les éclaireurs reviennent se joindre au groupe sans avoir rien trouvé d’alarmant, ne percevant pas ces centaines d’yeux froids qui les fixent depuis la cime des arbres centenaires.

L’air déjà anormalement glacial, devient vite pesant et ils semblent tous ressentir que la nature en ce lieu n’est pas leur amie, se serrant les uns aux autres en restreignant au maximum le cercle qu’ils forment.

Les conversations finissent par se tarir alors que des frissons d’angoisse leur parcourent le corps, de plus en plus palpables au point qu’ils préfèrent sans l’exprimer de vive voix, s’éloigner au plus vite de ce lieu leur semblant maléfique.

Ils reprennent donc leur route après seulement quelques dizaines de minutes d’arrêt, en file indienne, les armes pointées vers la jungle et les doigts nerveusement contractés sur la détente, prêt à faire feu à la moindre alerte.

Le dernier de la file se retourne fréquemment, le visage couvert de transpiration malgré le froid et il ne verra pas arriver sa mort qui sans bruit s’enroule autour de son cou pour lui briser la nuque, le soulevant loin du sol pour le faire disparaitre comme par enchantement.

Les deux suivants connaissent la même terrible fin avant que l’alerte ne soit donnée, le soldat se retournant vers son équipier qui était censé se trouver derrière lui en s’apercevant avec surprise et une terreur sourde qu’il n’y était plus, tout comme avaient également disparu ceux qui étaient censés se trouver là eux aussi.

Le groupe alerté forme alors un cercle, dos à dos les armes prêtes à cracher la mort et les rafales partent au moindre semblant de mouvement ou de bruit venant de derrière les arbres.

L’officier finit par retrouver un semblant de maitrise de ses nerfs, il donne des ordres pour stopper les tirs qui risquent d’être entendus et de les faire découvrir alors qu’ils approchent d’un village signalé sur sa carte.

Derrière eux les énormes reptiles, cause de la disparition des trois soldats, reprennent position auprès de leurs congénères en se confondant comme eux avec la végétation.

L’odeur de peur émanant des hommes au-dessous d’eux est tellement puissante qu’ils ont beaucoup de mal à suivre la voie tracée par celui qui les a appelés et ils retiennent avec peine le besoin impérieux de s’en nourrir comme c’est inscrit depuis toujours dans leurs gènes.

Les survivants du peloton passent sous un arbre immense tellement vieux qu’il est presque entièrement recouvert par la végétation parasite et que des lianes grosses comme le bras d’un homme, pendent quasiment jusqu’au sol.

Ils sont à peine sous sa frondaison que des bruits secs comme ceux de leurs pieds marchant sur des brindilles se font entendre et qu’ils meurent sans quasiment s’en rendre compte, ne serait-ce le bref instant où les lianes prennent subitement vie en s’enroulant autour de leur cou qu’elles rompent avec une force telle qu’ils n’ont aucune chance d’en réchapper.

La jungle jusqu’alors étrangement silencieuse, retrouve subitement ses sons cacophoniques qui sont ceux de la vie intense qui la peuplent et font oublier cet instant où tous sont devenus solidaires d’un esprit puissant qu’il fallait protéger.

2eme année Pâques : (81/127) (Paris) (Mercredi) (Inquiétude)

« Sortie de l’école maternelle. »

Les enfants retrouvent leurs parents en riant à la sortie de l’école, Martine guette l’arrivée de Coralie qui ne devrait pas tarder à montrer son petit minois mutin pour venir se jeter dans ses bras.

L’école reste ouverte pendant les vacances scolaires, une garderie sportive y est organisée pour les parents qui travaillent et la fillette a insisté pour y participer, voulant rester avec ses toutes nouvelles copines.

Elle observe en souriant tous ces enfants joyeux, consciente du bonheur qui lui a été donné d’avoir à nouveau une petite fille toute à elle à pouponner.

La cour se vide doucement, ne restent bientôt plus que les maîtresses qui discutent avec quelques parents et Martine qui commence à perdre son sourire en s’approchant d’elles à grands pas.

- Excusez-moi mesdames, je ne vois pas ma fille !! Coralie est encore en classe ?

Une femme entre deux âges que Martine reconnaît comme étant la maîtresse de la fillette lui répond, visiblement surprise par la question.

- Tous les enfants sont sortis, je m’en suis assurée moi-même et elle doit être restée très certainement quelque part dans la cour ou sous le préau !!

Martine de plus en plus nerveuse met sa main en porte-voix pour appeler.

- Coralie ma puce !!! Montre-toi !!

- Elle est partie madame !!

Martine baisse les yeux vers la petite fille qui vient de lui parler.

- Tu es sûre !!

- Oui madame, même que deux dames l’ont fait monter dans une voiture.

La maîtresse devient livide tout comme les autres adultes autour d’elle.

- Des amies à vous, peut-être ?

Martine se sent soudainement mal, l’idée qui lui vient tout de suite à l’esprit est tellement horrible qu’elle en tremble de tous ses membres.

- Certainement pas !! Comment avez-vous pu laisser une gamine de six ans partir avec des inconnues ?

La maîtresse ne sait quoi répondre, la faute lui revient et elle aurait dû faire plus attention alors qu’elle s’est laissée prendre dans la conversation en laissant les enfants sans surveillance, une chose pareille n’étant encore jamais arrivée comment aurait-elle pu se douter que ça allait se produire ce jour-là.

Martine s’effondre soudainement, rattrapée de justesse par les deux femmes les plus proches d’elle qui la soutiennent en cherchant visiblement quoi faire pour lui venir en aide.

- (L’une d’elle) Il faut immédiatement appeler la police.

La maîtresse court alors vers l’agent qui s’occupe habituellement de la circulation aux heures de sorties des enfants, elle lui explique la situation et Martine le voit comme dans un brouillard entrer en contact par talkies walkies avec des collègues avant de perdre connaissance.

***/***

- Vous m’emmenez où ? Ma maman va s’inquiéter si elle ne me voit pas rentrer vous savez ?

- C’est ta maman qui nous a demandé de venir te chercher, elle nous rejoindra bientôt quand nous serons arrivées et tu auras la surprise que nous t’avons promise.

- Vous m’emmenez au cirque voire les clowns ?

La femme se retourne vers la fillette assise à l’arrière du véhicule, un sourire amical sur les lèvres.

- Où serait la surprise si nous te le disions ? Tu aimes aller au cirque ?

- J’y suis allée une fois et il y avait mon ami Florian avec sa panthère toute noire !! Il nous a fait beaucoup rire ce jour-là ! Hi ! Hi ! Je suis même montée sur le dos de « Kinou » !!

- C’est qui « Kinou » ?

- Et bien la panthère, au début je croyais que c’était un gros chat ! Hi ! Hi !

- Tu n’as pas eu peur ?

- Un petit peu au début, mais Florian lui a dit d’être gentil avec moi et « Kinou » m’a même fait une grosse lèche sur la joue. Il sait faire beaucoup de choses vous savez !!

- Qui ça ? « Kinou » ?

- Pfft !!! Mais non !! Florian !! Il m’a dit que j’étais sa princesse et que jamais personne ne me ferait du mal, que sinon il viendrait les punir. Mon papa dit qu’il tient toujours ses promesses et que Florian a déjà aidé papa à punir des méchants !!

2eme année Pâques : (82/127) (Paris) (Mercredi) (Certitude)

Les deux femmes se regardent, le sourire sur leurs lèvres ayant soudainement disparu et Coralie qui bien sûr ne s’en aperçoit pas, continue à vanter les mérites de son ami le clown sans se rendre compte combien ses paroles commencent à agir d’une drôle de façon sur le moral des deux dames qui sont venues la chercher au sortir de l’école.

- Papa dit aussi qu’il est ami avec tous les animaux et qu’ils le comprennent !!

- Voyons jeune fille, tu sais bien que ce n’est pas possible ?

- Bien sûr que si !!

Coralie sourit en ouvrant son petit sac à dos, sa main farfouille à l’intérieur pour en sortir une petite boîte que Florian lui a donnée en lui montrant comment s’en servir pour faire venir vers elle les gentils pigeons qui viennent alors lui manger dans les mains.

Ses copines n’en reviennent pas à chaque fois qu’elle leur en a fait la démonstration et elles sont toutes un peu jalouses de ne pas pouvoir les approcher pour les caresser comme elle le fait.

Elle attend donc sagement d’être arrivée à destination pour sortir de la voiture et leur montrer qu’elle n’est pas une menteuse comme elles semblent le croire, triturant la boîte avec une forte envie d’appuyer sur le bouton pour l’actionner.

***/***

« Urgences de l’hôpital Cochin, Paris intra-muros »

- Vous vous sentez mieux madame ?

Martine maintenant sous l’effet d’un puissant tranquillisant, hoche la tête en signe de réponse.

- Nous avons prévenu votre mari, il ne devrait plus tarder !!

- Et ma petite fille ?

- La police est à sa recherche, reposez-vous en attendant qu’ils vous la ramènent !!

- Pourquoi l’ont-elles emmenée ? Elle n’a rien fait à personne !!

L’urgentiste lui tend un verre avec un comprimé, sentant bien qu’il faut qu’elle se repose et qu’il ne sert à rien qu’elle s’inquiète à nouveau aux risques de refaire une crise.

- Tenez !!

- Qu’est-ce que c’est ?

- Quelque chose qui vous aidera à vous calmer.

- Merci !!

***/***

Maurice se gare nerveusement sur le parking de l’hôpital, le visage crispé d’inquiétude depuis qu’il a appris l’enlèvement de sa fille.

Bien sûr il a pris toutes les dispositions nécessaires pour qu’on la retrouve, ne pensant plus pour l’instant qu’à rejoindre sa femme pour lui apporter son soutien.

Il n’a pas encore mis un pied hors de sa voiture que son portable sonne dans sa poche, il prend l’appel en souhaitant de tout son cœur que ce soit pour lui apprendre qu’on a retrouvé la petite.

- Allô !!

- ………..

- Lui-même !!

- …………

Le visage de Maurice devient de plus en plus livide au fur et à mesure qu’il comprend ce qu’on lui veut, il n’a pas l’occasion de reprendre la parole que déjà la communication se coupe dans un déclic sinistre.

La petite Coralie a bien été enlevée et ce n’est pas une rançon qui lui a été réclamée mais on lui a fait comprendre en quelques mots qu’il ne devait plus se mêler des affaires concernant Florian s’il voulait la revoir un jour en bonne santé.

Maurice n’est pas né d’hier et il sait très bien que s’il veut la récupérer vivante, il devra la retrouver coûte que coûte et cela très rapidement, qu’il cède ou non au sinistre chantage dont il vient d’être victime.

2eme année Pâques : (83/127) (Afrique) (Jeudi) (Normalisation)

« À l’hôtel où loge Florian, tôt ce matin-là. »

Patricia ouvre un œil en s’étirant, elle se tourne ensuite vers son chéri encore endormi qui ne laisse apparaitre hors de la couette que ses cheveux bruns en pétards.

La soirée ne s’est pas terminée trop tard et elle a eu le plaisir de constater que chaque couple a pris le chemin de sa chambre, sans qu’ils éprouvent le besoin de se retrouver pour une de leurs nuits « chaudes » comme ils en sont habituellement demandeurs.

Yuan et elle ont fait l’amour tranquillement avant de s’endormir enlacés, épuisés malgré tout par le décalage horaire ainsi que par la journée pleine d'imprévus et particulièrement stressante, avec toutes ces histoires de guerre latente en préparation.

Ils ont retrouvé Florian en début de soirée et sont restés tous ensemble dans un grand salon mis à leur disposition, où ils ont discuté dans une ambiance bon enfant sans plus se soucier que ça des événements qu’ils ont vécus depuis leur arrivée.

Patricia apprécie au plus haut point cette communauté qu’ils forment depuis qu’ils se sont tous trouvés, filles comme garçons s’entendant à merveille comme au sein d’une grande famille où tout peut se dire sans que cela prête à critique et où tout le monde s’exprime et vit sur le même pied d’égalité.

Bien sûr il y a des préférences et elle-même a les siennes, Carole en fait partie ainsi que « Ju » et bien entendu le petit dernier qu’elle adore déjà comme une sœur.

En pensant à lui Patricia ne peut empêcher le sourire tout en tendresse épanouir son visage, Antonin est vraiment un garçon sensible qui amène autour de lui ce besoin de douceur et de sérénité rare dans ce monde devenu individualiste à outrance.

Elle se demande en pensant à lui comment il a passé la nuit ? Sans doute dans les bras de Florian et de Thomas qui depuis qu’ils le connaissent, éprouvent de moins en moins le besoin de s’épancher avec leurs autres amis qui ne semblent d’ailleurs pas s’en rendre compte eux-mêmes et qui donne espoir à Patricia qu’un jour pas si éloigné les remette dans la voie d’une vie affective plus conventionnelle.

Sans doute est-ce dû justement à Antonin qui sans émettre aucune critique à l’égard de qui que ce soit, reste quand même droit dans ses bottes en faisant comprendre très clairement aux autres et avec sa fragilité émotionnelle à fleur de peau, qu’il reste exclusif dans ses sentiments amoureux.

Bien sûr son exclusivité n’est pas non plus à toute épreuve puisqu'il aime deux garçons, seulement ceux-ci sont tellement fusionnels que Patricia bien souvent les compare à une même personne et comprend qu’il puisse en être de même pour Antonin, celui-ci d’ailleurs ne faisant jamais de différences entre eux deux du moins quand il s’agit de ses sentiments.

Yuan remue et se réveille à son tour, trouvant sa chérie souriant béatement le visage tourné vers le mur, visiblement perdue dans ses pensées.

- Te voilà bien songeuse ma chérie !! Aurais-tu en tête la vision de mon corps de rêve ?

- Pffttt !!! N’importe quoi !! Vous les garçons ne pensez qu’à ça ma parole !!

Yuan se love contre elle en descendant légèrement le drap pour dénuder sa poitrine et venir doucement poser ses lèvres sur un de ses tétons qu’il suçote alors en le faisant saillir.

Patricia ne peut laisser échapper un petit gémissement de pur plaisir sous la douce chaleur humide qui lui amène un long frisson en lui faisant dresser les poils des bras.

- Hum !!! En fait, j’aime bien quand tu ne penses qu’à ça !!

Yuan tout en continuant son baiser lascif, vient se positionner au-dessus de sa chérie le sexe tendu à outrance par l’envie de la prendre sans plus attendre et il pousse à son tour un gémissement quand il sent une main chaude lui prendre la hampe, pour la diriger là où il n’a plus qu’un léger coup de reins à donner pour entrer en douceur dans l’antre accueillant qui le reçoit déjà tout humide de désir.

2eme année Pâques : (84/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

« Dans la jungle, à encore une petite centaine de kilomètres de la ville. »

Les trois groupes armés lèvent le camp après une nuit de bivouac sans problème, ne serait-ce l’absence inquiétante pour eux de communications avec le quatrième groupe qui ne répond plus depuis la veille.

Les officiers des trois autres groupes pensent à une panne de leur émetteur, prévoyant de les retrouver au moment du combat quand ils auront pris chacun leur position.

Chaque groupe comprend une cinquantaine d’hommes aguerris par des années d'entrainement et de missions comme celle-ci, plus ou (mais surtout) moins avouables.

La liaison avec le commandement central a été volontairement interrompue à cause en premier lieu des risques trop grands de se faire capter et révéler ainsi leurs positions maintenant qu’ils sont relativement à proximité du but réel de leur présence sur ce territoire.

Il en va de même pour les deux émissaires Russes qui de toute façon n’ont pas les moyens matériels d’entrer en communication avec les instances militaires de leur pays.

Si ça avait été le cas, ils seraient très certainement loin d’ici sur le chemin du retour et ne sont donc absolument pas au courant des tentatives d’Igor pour qu’ils mettent fin à leur mission, leur présence étant devenue bien trop dangereuse maintenant qu’une force militaire internationale cherche à contrecarrer leurs desseins et ce avec des moyens infiniment plus importants que les-leurs, ne leur laissant quasiment aucune chance de réussite.

Bien sûr ils en ignorent tout et c’est donc avec une certaine suffisance qu’ils se préparent à mener au combat les troupes alliées mises à leur disposition et qui ne sont en fait destinées qu’à servir de leurre, en sachant très bien qu’eux seuls pourront se replier une fois le jeune garçon en leur possession.

***/***

« Groupe nord-coréen au sud-ouest de la ville »

Les deux éclaireurs partis en avant du gros de la troupe, taillent à coups de machettes dans la frondaison afin de dégager le chemin que suivront leurs compatriotes beaucoup plus lourdement chargés qu’eux.

Un bruit les fait stopper net, attentifs à ce qui se dirige vers eux visiblement intrigués par le bruit qu’ils faisaient à se frayer un passage hors des pistes toutes tracées depuis des lustres et les deux tout jeunes chasseurs Masaï ont cessé de vivre avant même de se rendre compte de ce qui leur tombait dessus.

Les deux éclaireurs repoussent les cadavres un peu plus loin et reprennent ensuite leur tâche sans se rendre un seul instant compte de ce que leur dernière action aura de conséquences pour eux et ceux qui les suivent.

Un cri d’oiseau suivit d’une envolée rapide leur font néanmoins lever les yeux vers la cime des arbres, une nuée noire et compacte leur masque alors le ciel quand elle s’abat sur eux pour les déchiqueter en quelques secondes, ne leur laissant pas le temps d’une quelconque riposte.

La nuée reprend son chemin au travers de la piste libérée par les deux cadavres, jusqu’à fondre avec une puissance extraordinaire sur la colonne qui ne voit rien venir et tombe en quelques secondes dans un bain de sang, ne laissant aucun survivant sur son passage avant de reprendre la direction d’où elle venait en quelques battements de ses milliers d’ailes puissantes.

Là où quelques instants plus tôt marchaient une cinquantaine d’hommes en arme prêts à en découdre pour réaliser leur mission, ne reste plus qu’un amas de corps sans vie et ce sans qu’aucun coup de feu ne soit donné.

Il n’aura suffi qu’une preuve d’agression sur des personnes innocentes pour que se déclenche la vengeance de celui qui ne pardonne pas ce genre d’actions et a mis toutes les protections en place pour qu’elles ne puissent plus se perpétrer.

2eme année Pâques : (85/127) (Afrique) (Jeudi) (Sauvetage)

« Chambre où logent Florian, Thomas et Antonin. »

Je m’étire en ouvrant les yeux, mon bras gauche avec surprise ne rencontre que du vide et il me faut quelques secondes pour réaliser que je suis au bord du lit et non au milieu comme j’en ai l’habitude.

Je me redresse sur un coude en regardant du côté de mes amis, ceux-ci sont enlacés l’un à l’autre et dorment encore comme des bienheureux.

J’ai un sourire tout en tendresse devant ce tableau d’Épinal, la blondeur envoûtante de leurs cheveux sur le blanc immaculé des draps et la lumière du soleil baignant l’ensemble, me laissent scotché sur la beauté de leur visage souriant et apaisé.

Quelle chance inouïe d’être aimé par ces deux magnifiques garçons, jamais sauf dans mes rêves les plus fous je n’aurais pensé ça possible et pourtant je dois bien admettre de visu que c’est bien la réalité.

Je me lève doucement en faisant en sorte de ne pas les réveiller, je me dirige ensuite vers la salle de bain attenante pour satisfaire un besoin naturel et prendre ensuite une bonne douche, une fois chose faite et habillé, je sors toujours avec la même précaution pour rejoindre la salle des petits déjeuners où j’ai l’agréable surprise d’y voir déjà attablé plusieurs de mes amis.

Les triplés me font signe de les rejoindre avec une mine qui de suite m’alerte et me fait me diriger vers eux le cœur battant à l’avance d’une annonce venant de leur part qui me semble être plutôt une mauvaise nouvelle.

- Vous en faites une tête les gars !!

- (Jonas) Coralie s’est fait enlever !!

- De quoi ???

- (Jordan) C’est P’pa qui vient de nous avertir, il paraît que Maurice est effondré depuis que c’est arrivé. Ça s’est passé hier dans l’après-midi, alors que sa femme était partie rechercher la petite à la garderie organisée par l’école.

L’annonce me fait un choc, je reste un instant les bras ballants avant de retourner à toute vitesse dans ma chambre pour y prendre mon portable.

Mon entrée en trombe fait sursauter mes deux copains qui me regardent avec surprise en comprenant que quelque chose vient d’arriver devant l’air anxieux qu’ils me découvrent.

- (Thomas) Qu’est-ce qu’il se passe « Flo » ?

- (Antonin) Tu en fais une tête !!

- Coralie s’est fait enlever !! Il faut que j’appelle Maurice, je pense pouvoir l’aider !!

- (Thomas incrédule) D’ici ??

- Oui si vous me trouvez un ordi avec une connexion internet !!

Mes deux amis se lèvent sans chercher plus d’explications, le temps d’enfiler vite fait leurs vêtements et les voilà déjà dehors pour trouver ce que je leur ai demandé, c’est en entendant la sonnerie de l’appel que je me félicite d’avoir pris ce nouvel abonnement qui comprend maintenant l’international.

- ………….

- Maurice !! C’est Florian !!

- ………..

- Je viens d’apprendre la mauvaise nouvelle !! Vous en êtes où dans vos recherches ?

- ……….

J’écoute Maurice me raconter les dernières nouvelles, mon visage au fur et à mesure que j’apprends toute l’histoire se ferme de colère sourde.

2eme année Pâques : (86/127) (Afrique) (Jeudi) (Sauvetage) (suite)

- J’espère que tu vas faire exactement ce qu’ils t’ont demandé ?

- ………

- Il faut qu’ils le croient pour nous laisser du temps !!

- ……..

- Tu as bien entendu, j’ai bien dit nous !!

- ……..

- Bien sûr que non !! Ce serait trop long, j’ai une idée mais avant tu dois vérifier si Coralie avait avec elle « la boîte à pigeons » comme elle l’appelle.

- ………

- Ok !! Tu me rappelles dès que tu as la réponse !!

- …….

- Je t’expliquerai t’inquiète !! A tout à l’heure !! Ah !! Maurice !! Ne te fais pas de bile, on va la retrouver je te le promets !!

Je raccroche en déposant le téléphone sur la petite table de travail, j’arpente ensuite de long en large la chambre en attendant que mes deux amis reviennent en espérant qu’ils auront trouvé ce que je leur ai demandé.

J’ai l’impression que le temps s’est arrêté tellement il me semble long, heureusement mes copains arrivent enfin et je suis soulagé de constater qu’ils ont trouvé ce que je leur ai demandé.

Il ne me faut que quelques minutes pour allumer l’ordi et me connecter sur le web, je recherche alors l’adresse IP de la puce que j’ai placé dans la petite boîte offerte à ma petite princesse et j’ouvre le mini fichier où j’ai enregistré la série de sons qui appellent les oiseaux à venir vers la fillette en toute confiance, j’efface le fichier en faisant signe de faire silence à mes amis curieux.

J’enregistre alors une nouvelle série de sons que je répète plusieurs fois pour être certain qu’à la première émission, quand Coralie appuiera sur le bouton, il aura l’effet escompté.

Une fois chose faite, je valide le fichier et l’envoie dans la mini mémoire de la puce, une fois terminé je referme le pc et le rends à Thomas pour qu’il le ramène à son propriétaire.

Je vais pour leur donner une explication car je vois bien qu’ils meurent d’envie de comprendre mes dernières actions, quand mon portable sonne et que je décroche aussitôt.

- Alors ??

- ………

- Ouf !! C’est bien ce que j’espérais !!

- ………

- J’ai simplement modifié le son que la boîte émettra la prochaine fois que quelqu’un voudra s’en servir, en espérant que Coralie ou un de ses kidnappeurs le fera !!

- ………

- Il faut les mettre en confiance, tu acceptes tout ce qu’ils te demandent et il y a des chances comme ça qu’ils ne fassent rien pour l’instant à la petite.

- ………

- Préviens tous les services de police de surveiller toutes choses inhabituelles qui leur seraient signalées, surtout qu’ils s’y rendent de toute urgence sinon je ne garantis pas qu’il n’y ait pas de victimes.

- ……..

- La petite ne risque rien ne t’en fait pas, je pensais plutôt à ceux qui la détiennent prisonnière !!

- …….

- Tu as raison !! Croisons les doigts pour que quelqu’un appuie sur le bouton !!

- ……..

- Il ne faut surtout pas que tu cesses tes recherches, on ne sait jamais !!

- ……..

- Tu m’excuseras mais c’est tout ce que je peux faire d’ici !!

- ………

- Tout ira bien Maurice !! Garde le moral surtout, elle a besoin de vous deux.

- ……..

- Appelle-moi dès que tu auras du nouveau !! Je préviendrai moi-même Erwan, mais pas maintenant !! Ça ne sert à rien qu’il broie du noir avec cette histoire avant qu’on en sache plus !!

Je raccroche en pensant soudainement à un truc.

- Il faut prévenir les triplés qu’ils se taisent pour l’instant !!

- (Antonin) J’y vais !!

Je n’ai pas le temps de rajouter quoi que ce soit qu’il est déjà sorti en claquant la porte derrière lui, Thomas vient me prendre par les épaules en m’apportant toute sa délicatesse pour tenter de me réconforter.

- Tu as fait tout ce que tu pouvais « Flo » !! Il faut attendre en croisant les doigts que tout se passe bien maintenant.

Je tremble d’une colère mal contenue quand je lui réponds.

- Celui qui a commandité ça me le paiera très cher, crois-moi !!

2eme année Pâques : (87/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

« Dans la jungle »

L’homme tenant la radio en bandoulière s’approche de son commandant, visiblement perturbé par ce qu’il a à lui annoncer.

- Nous venons également de perdre le contact avec un autre groupe commandant !!

- Comment ça ?

- Ça a coupé brusquement en pleine communication et depuis je n’arrive plus à les avoir, ils venaient de quitter les canoës et commençaient à se tracer une piste dans la jungle !!

- Essayez toute les cinq minutes, je vous veux au rapport dans une heure !!

- Bien mon commandant !!

L’officier fronce les sourcils, la perte de liaison radio avec deux des quatre groupes ne lui dit rien qui vaille et il n’est pas loin d’imaginer que quelque chose de grave leur est arrivée, il en est là dans ses pensées quand la colonne devant lui s’arrête brusquement.

- Qu’est-ce que c’est encore !!

Les deux hommes partis en éclaireurs arrivent vers lui au pas de course, suivis de près par les deux envoyés Russes qui viennent à leur tour aux nouvelles.

Un des éclaireurs, visiblement essoufflé.

- Nous ne pouvons plus avancer mon commandant !!

- Qu’est-ce qui vous en empêche ?

- Le sol est recouvert de fourmis mon commandant !! Je n’en ai jamais vu autant, elles couvrent tout notre champ de vision sur plusieurs centaines de mètres devant nous.

- Vers où se dirigent-elles ?

- Elles ne bougent pas mon commandant !!

- Prenez les hommes avec les lances flammes et grillez-moi toute cette saloperie !!

- A vos ordres mon commandant !!

Les éclaireurs vont pour exécuter les ordres de leur chef quand un des émissaires Russe les retient.

- Attendez un instant !!

L’officier se tourne vers lui visiblement contrarié qu’il donne des instructions contraires aux siennes.

- Vous n’êtes pas autorisés à donner des ordres à mes hommes !!

- C’est juste par prudence commandant !! Ces bestioles ne semblent pas nous barrer la route par hasard !! Il serait peut-être plus judicieux de les contourner.

Le deuxième émissaire prend la parole à son tour.

- Demandez aux autres groupes s’ils rencontrent le même phénomène !!

L’officier explique alors qu’il a perdu le contact avec un autre de ses groupes.

- (L’émissaire) Hum !! Tout ceci ne me semble pas naturel, contactez le dernier groupe pour savoir s’ils rencontrent les mêmes difficultés.

L’officier réfléchit un instant et fait appeler l’opérateur radio, celui-ci pense que son commandant veut savoir s’il a eu des nouvelles depuis tout à l’heure.

- Toujours rien mon commandant, la radio semble muette !!

- Contactez le dernier groupe et passez-le-moi sergent !!

- Bien mon commandant !!

La communication se fait rapidement et l’opérateur tend le micro à son chef.

- Passez-moi votre capitaine !!

- Bien commandant !!

Il bref moment d’attente où l’officier triture nerveusement le micro sous les yeux inquiets des deux Russes.

- Commandant ??

- Tout va bien pour vous ?

- Pas exactement commandant !! Nous sommes bloqués par des millions d’insectes, des fourmis qui recouvrent tout devant nous !!

- Chiotte, vous aussi !!! Mais c’est quoi cette merde !!!

2eme année Pâques : (88/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

Le capitaine semble troublé par les paroles crues de son supérieur, c’est d’une voix blanche qu’il reprend la parole.

- J’allais justement vous prévenir quand vous m’avez fait demander, quels sont les ordres ?

L’officier se tourne vers les deux Russes, il ne fait aucun doute pour eux qu’il ne sait plus sur quel pied danser et l’un d’eux prend la parole après s’être concerté brièvement dans sa langue avec son collègue.

- Donnez l’ordre au capitaine d’utiliser les lance-flammes !!

- (Le commandant) Vous avez entendu capitaine ?

- Oui commandant !!

- Alors allez !! Restez en communication pendant l’opération et tenez-moi informé des résultats !!

- Bien commandant !!

Ils entendent alors les ordres du capitaine, un certain temps se passe bientôt suivi de hurlements de terreur et de douleur, la voix terrorisée du capitaine se fait une nouvelle fois entendre.

- Elles nous attaquent !! C’est horrible !! Les hommes sont dévorés vivants commandant !! Elles viennent sur nous !! Elles sont trop nombreuses et les lance-flammes n’arrivent pas à les contenir !! Ahhhhhhhh… !!!

De la radio ne parvient plus qu’un étrange grondement mêlé à un crissement suffisamment aigu pour qu’ils se couvrent les oreilles en se regardant avec effroi.

Le silence revient brutalement, l’officier rend le micro au sergent qui tremble sur ses jambes comme tous ceux qui étaient suffisamment près pour suivre l’horrible destin de leurs compatriotes.

Les éclaireurs repartent en courant pour revenir tout aussi vite quelques brèves minutes plus tard.

- Elles n’ont pas bougé mon commandant !!

Un des deux Russes reprend la parole, encore horrifié par les événements.

- Nous devons faire demi-tour !! Elles ne semblent réagir que si on les attaque !!

- (Le commandant) Pour aller où ? Non !! Nous allons plutôt avancer, ne faites aucun geste agressif et prévenez les hommes de marcher doucement !!

- Vous êtes fou !!

- Vous croyez ?? Alors expliquez-moi pourquoi elles ne nous attaquent pas ?

- Votre théorie ne tient pas debout !! Vous vous rendez compte des implications d’un tel comportement de leur part ? Il n’y a rien de naturel dans une telle attitude !!

- Parce que pour vous se geler les burnes en pleine jungle c’est naturel ? Tout est lié il me semble et je ne suis pas loin de penser que quelque chose ou quelqu’un a un lien fondamental avec ce que nous vivons actuellement.

Les deux Russes reprennent leurs chuchotements dans leur langue, ce qui agace encore plus l’officier qui commence à se demander s’ils n’en savent pas plus qu’ils ne le disent.

- Nous étions plus de deux cents cinquante hommes largués dans cette région pour nous emparer d’un seul, nous ne sommes plus qu’une cinquantaine car je ne me fais plus d’illusion sur ce qu’il a bien pu arriver aux deux autres groupes. Tout ça sans un coup de feu à part la première attaque qui nous a surpris par le nombre d’hommes en armes en face de nous, comme s’ils avaient été avertis de notre présence. Dites-moi ce que vous savez exactement !! Votre vie est tout autant en danger que la nôtre, alors si vous avez des informations que j’ignore encore il serait temps de mettre cartes sur table.

- Hélas nous n’en savons pas beaucoup plus !! Juste quelques soupçons sur le garçon qui nous a amenés à cette mission, il semblerait qu’il ait quelques particularités pour le moins spéciales et nous nous confortons dans ce sens au vu des derniers événements.

- A quelles particularités faites-vous allusions ?

- Et bien… rien de sûr en soi !! Mais il semblerait qu’il ait un « don » avec les animaux entre autres et ce que nous vivons en ce moment va dans ce sens, ça ne fait plus aucun doute !!

- Et c’est maintenant que vous le dites ?? Comment est-ce possible ??

2eme année Pâques : (89/127) (Paris) (Jeudi) (Sauvetage) (suite)

« Quelque part dans Paris. »

La femme revient avec le plateau repas maintenant froid, qu’elle dépose nerveusement sur la table.

- Elle ne veut pas manger !! Elle réclame sa maman, je ne tiendrai pas longtemps si elle n’arrête pas de pleurer comme elle le fait !!

- C’est une enfant et elle a peur c’est tout !!

- Nous ferions mieux de nous en débarrasser maintenant, de toute façon c’est ce qui l’attend !!

- Ce ne sont pas les ordres que nous avons reçus !!

- Alors va la faire taire, sinon je l’étrangle de mes mains cette punaise !!

La deuxième femme soupire de lassitude, elle supporte de moins en moins sa compagne et se dit que s’il fallait qu’elle étrangle quelqu’un, ce serait d’elle qu’elle s’occuperait volontiers en premier.

La fillette est en panique et elle le conçoit bien, dès qu’elle a enfin compris que sa mère ne viendrait pas elle a commencé à pleurer et depuis elle n’arrête plus, surtout quand sa collègue lui a arraché sa boîte des mains.

Une boîte qui d’ailleurs l’intrigue fortement, elle n’a jamais vu une chose pareille et a regardé la gamine s’en servir en faisant venir vers elle tous les pigeons du quartier, pigeons qu’elle s’est mise à caresser sans qu’ils s’en effraient le moins du monde.

La boîte est posée sur le buffet du salon, un cube de quelques centimètres d’envergure avec juste un petit bouton encastré sur une de ses faces.

- Peut-être qu’en lui rendant son jouet, cela la calmera suffisamment pour ne plus l’entendre ?

- Alors tu attends quoi ?? Rends-la-lui donc qu’elle se taise enfin !!!

La femme reprend l’assiette froide sur le plateau en soupirant, elle va la mettre quelques minutes dans la micro-onde et la repose fumante sur le plateau, elle se dirige ensuite vers la chambre où est enfermée la fillette en prenant la boite au passage.

Elle déverrouille la porte de la chambre pour entrer à l’intérieur, y trouvant l’enfant prostrée sur le lit à pleurer de tout son cœur.

Un petit pincement la prend à l’estomac de la voir dans une telle détresse et elle maudit un instant ce métier cruel qui l’oblige à ce genre d’agissement avec des petits, préférant de loin avoir à faire à des adultes qui ne lui amènent pas ces élans de pitié malvenus.

- Regarde ce que je t’ai apporté ?

Coralie lève les yeux qu’elle a rougis et cernés par les larmes et le manque de sommeil, elle reconnaît la boîte que Florian lui a offerte et se redresse en tendant la main vers elle.

- Je ne te la donnerai que si tu me promets de manger !!

Une petite voix fluette s’échappe de la bouche de la fillette après un fort reniflement.

- Snif !! Promis !!

- Très bien alors, je dépose le plateau sur la table et je veux que tu aies tout mangé quand je reviendrai le chercher, sinon je reprends ton jouet tu as compris ?

- Oui madame !! Je vais la revoir quand ma maman ?

- Dès que ton papa aura fait ce que nous lui avons demandé !! Mange et tu la reverras en bonne santé, tu ne voudrais tout de même pas que ta maman soit triste de te voir toute maigre et malade ?

- Snif ! Non madame !!

La femme lui envoie un petit sourire, Coralie préfère celle-là à l’autre qui lui crie après et qui est méchante, elle attend que la porte se referme derrière elle pour se mettre debout et serrer sa boite fortement contre sa poitrine, elle appuie alors sur le bouton et attend devant la fenêtre de voir les gentils pigeons venir à son appel, ses yeux redeviennent tristes quand elle se rend compte que rien ne se passe.

C’est du moins ce que Coralie croit, car elle n’a pas encore lâché le bouton que beaucoup de choses se passent dehors.

2eme année Pâques : (90/127) (Paris) (Jeudi) (Sauvetage) (fin)

« Dans les rues autour de la maison. »

***/***

L’homme emmitouflé dans plusieurs couches d’épais vêtements, promène tranquillement ses chiens dans le froid glacial quand ceux-ci tirent brusquement sur la laisse et s’échappent en courant.

- Hé !!! Revenez ici tout de suite vous m’entendez !!

***/***

Dans une maison pas loin, une vieille femme caresse ses chats qui à leur tour s’enfuient brusquement par la chatière de la porte en laissant passer un fort vent froid qui la fait frissonner en se serrant encore plus sous sa couverture.

- Mitsou !! Perle !!! Où allez-vous !! Revenez !!

***/***

Dans le bar d’en face, le patron ouvre sa porte de cave, un bruit étrange se fait entendre dans l’escalier, le faisant s’écarter juste à temps pour voir passer avec horreur plusieurs énormes rats qui s’échappent vers la rue en passant entre les jambes de plusieurs de ses clients atterrés et frigorifiés par l’air glacial arrivant brusquement de l’extérieur.

***/***

Le toit de la maison où est enfermée Coralie se couvre d’oiseaux en tout genre qui bientôt cachent presque entièrement les tuiles gelées, les rares passants s’écartent des trottoirs devant tous ces animaux qui semblent comme attirés par la même bâtisse et s’attroupent en silence alors qu’en temps normal ils seraient à se pourchasser, voire à s’entre-tuer.

« Poste de police »

L’agent raccroche pour la énième fois, visiblement surpris de tous ces appels de personnes s’inquiétant du même phénomène assez peu naturel pour qu’ils se sentent obligés de prévenir la police.

***/***

« Bâtiment de la DST »

L’homme de faction se lève brusquement, il entre sans frapper dans le bureau du directeur-adjoint qui sursaute à l’ouverture brutale de sa porte.

- Excusez-moi monsieur, mais ce que nous attendions vient d’arriver !!

- Vous êtes sûr ??

L’homme relate le rapport qu’il vient de recevoir, Alain prend son combiné téléphonique si brusquement qu’il lui échappe presque des mains et donne ses instructions en composant le numéro.

- Faites boucler la zone !! Envoyez nos hommes là-bas et surtout passez les instructions pour que la discrétion soit de mise si possible !! Allô !! Maurice !! Je crois qu’on a retrouvé ta gamine !!

- ……..

- Si j’en suis certain ? Et bien qu’en penserais-tu si je te disais que tous les animaux de Paris semblent s’être attroupés au même endroit.

« Clic »

Alain raccroche en souriant, il n’attend pas longtemps avant que son téléphone retentisse à nouveau.

- Tu voudrais peut-être savoir où c’est ! Hi ! Hi !

- …….

***/***

Les deux femmes somnolent emmitouflées tout près du radiateur depuis un moment déjà, trop heureuses de ne plus entendre pleurer la gamine qui mettait leurs nerfs à bout, quand un craquement sinistre les font lever les yeux et qu’elles se retrouvent devant plusieurs hommes en tenue de combat qui aussitôt s’emparent d’elles avant même qu’elles n’aient eu le temps d’un mouvement.

Un homme de forte stature entre à son tour, il les regarde avec une telle haine dans les yeux qu’elles en frissonnent mais d’effroi cette fois.

- Où est-elle ?

Les yeux des deux femmes vont dans la même direction et indiquent sans s’y méprendre

une porte dans le couloir devant elles, Maurice s’y dirige alors en tremblant d’appréhension de savoir dans quel état il va retrouver sa petite Coralie.

La clé étant dans la serrure, il la tourne en parlant doucement d’une voix si empreinte d’émotion qu’elle en donne le frisson aux quelques personnes se trouvant près de lui dans la pièce.

- Ma puce, n’aie pas peur c’est papa !!

Il ouvre alors d’une main tremblante et ce qu’il voit alors le laisse un moment sans réaction, le froid qui lui arrive au visage lui pique les joues et la fenêtre grande ouverte en est certainement la cause, seulement ce n’est pas ce qui abasourdi le plus Maurice qui n’aperçoit sur le lit que la chevelure de la fillette.

La chambre est pleine d’animaux en tout genre qui tous ont les yeux braqués sur sa personne, prêt à fondre sur lui au moindre geste agressif de sa part et c’est une voix heureuse et fluette qui les retient, découvrant enfin son petit visage angélique et rieur.

- Tu as vu papa ? C’est tonton Florian qui les a envoyés pour que les méchantes dames ne me fassent pas de mal !!

2eme année Pâques : (91/127) (Afrique) (jeudi) (Rencontre)

« Dans le parc près de l’hôtel, fin de matinée. »

La température semble remonter quelque peu, ce n’est pas encore celle habituelle en cette saison loin de là mais elle est suffisante pour la petite bande qui en profite pour se changer les idées.

Les groupes se forment suivant les affinités ou l’envie de faire plus ample connaissance, c’est le cas de « Ben’j » qui avec ses deux sœurs suivent Jonas et Antoine pour qu’ils les présentent à ceux qu’ils voient pour la seconde fois, la première étant à l’intérieur de l’avion où chacun était assis à sa place sans éprouver l’envie d’en bouger.

Ils ont presque terminé le tour des présentations quand un fait nouveau qui normalement ne prêterait pas à conséquences survient alors et par lequel s’enclenchera une série d’actions qui changeront la vie de Benjamin sans que le garçon le perçoive de suite.

Ça commence par l’arrivée d’un groupe de jeunes Africains qui découvrent avec stupeur, que le parc où ils ont l’habitude de se rendre est squatté par un nombre impressionnant pour eux de jeunes blancs.

Intrigués ils s’en approchent sans mauvaise intention, seulement poussés par une forte curiosité d’en connaître un peu plus sur ces personnes étrangères pour eux, qu'ils ne sont pas habitués à rencontrer et voire pour certains, qu'ils n’en avaient jamais vu avant ce jour.

Bien sûr l’accueil qu’ils reçoivent est suffisamment chaleureux pour que très vite les deux groupes se mêlent et que les rires commencent à s’entendre çà et là, prouvant par là même que la barrière des races et des cultures n’est qu’un mot sans réelle valeur quand il s’agit comme maintenant de jeunes gens sans a priori envers la différence des autres.

C’est une conversation anodine à première vue entre Antoine et un de ces garçons qui met le destin de « Ben’j » en route alors que la question d’Antoine n’était posée que par pure curiosité.

- Tu connais le village d’Okoumé ? Un de ses fils est devenu un ami très proche de mon cousin !!

- Il vit normalement très loin d’ici si je me rappelle bien.

- Comment ça normalement ?

- Mon père travaille pour le nouveau chantier qui se construit près du vieux dispensaire chrétien non loin de son village, il est revenu hier avec les autres ouvriers. Il y a eu des combats là-bas et d’après lui le village Masaï a été abandonné le temps que l’armée de votre pays rétablisse l’ordre.

- Sais-tu où ils sont ? Cette information devrait intéresser mon cousin qui voulait justement rendre visite à son ami Taha.

- Je n’en sais rien, mais je peux vous amener à quelqu’un qui saura vous répondre. C’est un cousin qui travaille justement à la protection de ces tribus reculées, c’est très réglementé vous savez.

- (Jonas) Pourquoi donc ?

- Pour les préserver sans doute !! Ils vivent encore comme nos ancêtres.

- (Antoine) Je comprends, quoiqu’à notre époque cela ne ressemble à rien de les laisser dans l’ignorance des progrès technologiques qui nous facilitent la vie.

- (Jonas) Je ne suis pas d’accord avec toi, si c’est leur choix de vie !! Nous devons le respecter, Taha d’après « Flo » n’a pas hésité à rentrer chez lui quand sa mission a été terminée et toujours d’après lui, il était content et pressé de le faire.

Antoine sourit à son chéri, n’ayant aucunement l’intention de polémiquer avec lui sur un sujet qui au fond n’a aucun réel intérêt pour lui, si ce n’est pour une discussion philosophique pas vraiment d’actualité pour le moment.

- Si tu nous emmenais voir ton cousin ?

***/***

« Dans la jungle, retour en arrière la veille en milieu d’après-midi »

Les deux pisteurs qu’Okoumé a envoyés en avant-garde de la tribu, reviennent au pas de course pour lui indiquer ce qu’ils viennent de découvrir et qui pourrait se révéler un danger pour la tribu.

Okoumé est surpris de les voir revenir si tôt alors que leur retour n’était prévu qu’à la tombée de la nuit, les signes qu’ils laissaient derrière eux étant indispensable pour la sécurité lors du déplacement de la tribu.

- J’écoute !!

- Des hommes blancs avec des bâtons de feu entre nous et la maison de pierre du père Antoine.

- Dans quelle direction vont-ils ?

- Ils suivent la piste où nous sommes !!

- Loin d’ici ?

- Pas très loin, ils n’avancent pas vite mais devraient arriver sur nous d’ici peu.

Okoumé lève les yeux vers l’astre du jour qui atteint déjà presque le sommet des plus grands arbres, il ne reste que très peu de temps pour mettre tout le monde à l’abri.

Quelque chose malgré tout le retient à déclencher l’alerte et chercher un endroit sûr pour y emmener son peuple, les panthères en effet ne donnent aucun signe d’inquiétude et Okoumé fait comprendre d'un geste de la main à ses hommes de repartir surveiller l’avancée des hommes blancs, pendant que lui rejoint ses fils à l’avant-garde de la tribu.

2eme année Pâques : (92/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (suite)

Taha voit venir son père vers lui et s’arrête pour l’attendre.

- Qui a-t-il père ?

- Des hommes blancs arrivent sur nous !!

Taha se retourne vers le groupe de félins qui attendent tranquillement que les marche-debout reprennent la piste.

- Elles ne semblent pas inquiètes pourtant ? Que faisons-nous ?

- Nous allons continuer plus lentement, les chasseurs vont prendre la tête de la colonne et au moindre signe alarmant venant de leur part nous mettrons les femmes, les vieillards et les enfants en sécurité dans la jungle.

- Rrrrrr !!!

Okoumé fixe la panthère qui semble s’impatienter, celle-ci reprend la route sur plusieurs mètres avant de stopper de nouveaux en repoussant son feulement puissant mais étrangement dénué d’agressivité.

- Rrrrrr !!!

Il donne alors le signal pour reprendre la marche, sentant bien au plus profond de son être que c’est un signe des dieux pour qu’il poursuive son chemin vers le dispensaire du père Antoine qui n’est maintenant plus très loin.

***/***

« Sur la piste à moins d’un kilomètre de la tribu »

Les soldats du peloton avancent lentement en surveillant attentivement autour d’eux pour ne pas tomber dans un éventuel guet-apens nord-Coréen, l’officier de tête a pour instruction de retrouver la tribu Masaï du chef Okoumé pour les ramener en lieu sûr dans l’enceinte du chantier avant de les transporter jusqu’à la ville la plus proche où ils seront en sécurité.

Un des drones envoyés en patrouille est revenu très tôt dans la matinée, leur signalant un charnier humain le long d’une piste tracée récemment.

La mort étrange du commando nord-Coréen a été l’élément déclencheur pour que le commandant les envoie au-devant de la tribu Masaï, déjà pour savoir si tout va bien pour eux et ensuite pour les convaincre de venir se mettre en sécurité loin des troubles actuels, même si ceux-ci semblent maintenant s'être éloignés d'eux significativement.

***/***

« Un quart d’heure plus tard environ. »

Les panthères s’arrêtent et s’assoient en plein milieu de la piste, obligeant les hommes d’Okoumé à stopper eux aussi et celui-ci s’avance vers elles en tendant l’oreille, des craquements se rapprochant rapidement lui font comprendre que l’arrivée des hommes blancs n’est maintenant plus qu’une question de minutes.

Par signe il fait comprendre à ses hommes de protéger le reste de la tribu pendant que lui s’avance seul sur la piste à la rencontre de la petite troupe armée.

***/***

Le lieutenant en tête du peloton aperçoit le chef Masaï qu’il reconnaît, celui-ci les ayant aidés au tout début de leur arrivée au dispensaire.

Il fait signe à ses hommes de s’arrêter alors que lui-même continue seul d’avancer vers cet homme impressionnant dans tous les sens du terme.

***/***

Okoumé respire enfin, soulagé de reconnaître l’homme blanc comme un ami et son visage devient amical quand ils se serrent la main, chacun semblant heureux de cette rencontre.

- (L’officier) Nous vous cherchions pour vous apporter notre protection et voir si vous accepteriez de nous suivre jusqu’à une zone sécurisée pour que votre tribu ne soit pas en danger.

- (Okoumé) Des événements étranges perturbent la jungle, j’amenais mon peuple jusqu’au dispensaire où je comptais demander la protection du grand chef blanc.

- Lui aussi s’inquiétait pour ta tribu Okoumé !

- Cet homme est brave, Okoumé sera fier de devenir son ami !!

- Je ne doute pas un instant qu’il en sera de même pour lui Okoumé, allons rejoindre les tiens avant qu’ils ne s’inquiètent de ton absence.

- Tes guerriers ne devront pas craindre les guides que nos dieux nous ont envoyés, les bâtons de feu devront rester muets.

- De quels guides parles-tu ?

Okoumé sourit.

- Je préfère que tu les découvres par toi-même !! Te le dire maintenant pourrait te faire penser que je ne suis pas sain d’esprit.

- Ah !! D’accord !! Allons voir ces fameux guides alors !!

2eme année Pâques : (93/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (suite)

« Centre-ville. »

- Mon cousin travaille ici, il reste toujours sur place pendant la pose et il sera content d’avoir une visite aussi inhabituelle.

- (Antoine) J’espère qu’il aura le renseignement que nous sommes venus chercher !!

- Si quelqu’un ici peut vous l’apporter, c’est bien mon cousin croyez-moi !!

- (Jonas) Cool !! C’est « Flo » qui sera content !!

Les cinq amis suivent alors le jeune homme et entrent dans le bâtiment où personne ne semble se poser la question de ce qu’ils viennent y faire, ils se retrouvent bientôt dans une pièce aux murs couverts de dossiers et où un homme encore jeune termine un sandwich, confortablement installé dans un vieux fauteuil qui semble venir d’un autre siècle.

Un sourire amical lui vient quand il s’aperçoit de leur présence.

- Mamoud ?? Comment vas-tu cousin ?? Qui sont ces jeunes blancs ??

- Ils sont venus passer quelques jours dans notre pays avec des amis, ils travailleront dans l’hôpital qui se construit dans la jungle !!

- Bienvenue alors !! Cet hôpital sera bien utile dans cette région vous savez ? Beaucoup trop de gens manquent de soins et particulièrement les tribus encore sauvages, le père Antoine fait ce qu’il peut là-bas.

- (Antoine) Vous le connaissez ?

- Bien sûr !! Qui dans ma profession ne le connaît pas ?

- (Antoine) C’est un ami de mon cousin, il compte d’ailleurs nous emmener là-bas où il vit pour nous le présenter ainsi que son autre ami Taha le fils d’Okoumé.

- (Mamoud) Je leur ai dit que la tribu avait quitté son village à cause des troupes armées qui perturbent la région depuis quelques jours.

- (L’homme) Le père Antoine est ici le saviez-vous ? Quant à la tribu d’Okoumé, nous sommes sans nouvelle depuis maintenant presque deux jours et je crois que vos compatriotes se préoccupent justement de savoir si tout va bien pour eux.

- (Antoine) Pouvez-vous obtenir plus de renseignement s’il vous plaît ? Florian mon cousin serait content s’il savait Taha et sa tribu en sécurité.

L’homme sursaute à l’énoncé du prénom qu’il vient d’entendre, devenant subitement fébrile.

- Ton cousin aurait-il les mêmes cheveux roux que ton ami ?

- (Antoine) Florian est roux en effet, vous avez entendu parler de lui ?

- Je connais l’histoire de ce bébé qu’a sauvé Okoumé il y a bien longtemps, le père Antoine m’en a reparlé à l’occasion depuis qu’il a eu de ses nouvelles et je suis surpris qu’il soit dans notre pays, il me semble me rappeler lors d’une conversation que ton cousin avait la phobie de notre pays.

- (Antoine) C’était le cas il n’y a encore pas bien longtemps, c’est seulement depuis qu’il s’est lancé dans l’idée de financer et de prendre la direction du futur centre de soins, qu’il a réussi à vaincre sa peur.

- Mamoud va vous amener à la paroisse chrétienne où le vieux père et ses ouailles ont trouvé refuge le temps que les militaires remettent de l’ordre dans la région, d’ailleurs je me demande bien ce qu’il se passe là-bas !!

- (Antoine) Cela semble lié à la venue de mon cousin, il semblerait que certaines personnes en veuillent à sa personne.

- C’est donc ça !! Il y a bien des bruits qui courent dans ce sens, mais jusque maintenant rien de bien concret !!! Enfin !! Je m’occupe d’en savoir plus sur la tribu d’Okoumé, en attendant je suis certain que le brave vieux père sera content d’avoir des nouvelles de ton cousin.

- (Antoine) Je vous remercie de votre gentillesse, nous reviendrons très vite vous voir !!

- (Mamoud) Merci cousin !! Bon !! On y va les gars ?

Benjamin et ses deux sœurs n’ont rien raté de toute la conversation, ils sont restés sans rien dire jusque maintenant tout simplement parce qu’ils découvrent avec un certain ahurissement que leur présence en Afrique n’est pas simplement due à la découverte du pays.

Vacances offertes généreusement par Florian à ses amis et aux amis de ceux-ci dont ils font partie, du moins pour Anne et Cindy, comme ils le croyaient jusque-là.

A peine sorti du bâtiment officiel, « Ben’j » prend Jonas par la manche pour l’interroger sur un point qu’il a retenu de toute cette affaire et qui le perturbe depuis.

- C’est quoi cette histoire avec Florian ? Quelqu’un cherche à lui faire du mal ?

- (Jonas) Je viens de l’apprendre comme toi figure toi !! Ça expliquerait la présence de l’armée alors ?

Jonas attrape à son tour son chéri pour avoir lui aussi des explications qui maintenant lui semblent primordiales à sa compréhension de la véritable raison de leur présence dans ce pays.

- Tu ne crois pas qu’il serait temps qu’on sache le fin mot de toute cette histoire ?

- Je suis aussi étonné que toi tu sais ? Juste que j’en sais suffisamment sur Florian pour faire certains rapprochements et ce que je viens d’apprendre me perturbe autant que vous tous !!

2eme année Pâques : (94/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (suite)

« Non loin de la ville, en fin d’après-midi. »

Le dernier groupe armé nord-Coréen avance lentement, leurs pieds retrouvent le sol là où ils se posent et ils traversent avec précaution la distance recouverte de fourmis, commençant à apercevoir au loin la zone où se termine leur attroupement.

Les hommes suent de peur et suivent leurs officiers dans un silence total, à peine perturbé par leur respiration rapide causé par la terreur sourde qui les tenaille.

Cela fait maintenant plusieurs heures qu’ils marchent précautionneusement dans cette marée d’insectes qui étrangement ne subissent aucune perte, disparaissant de sous leurs pas au moment où leurs souliers touchent le sol et leurs nerfs commencent à lâcher, leur instinct leur dictant de prendre la fuite alors qu’ils sont parfaitement conscients que ce serait la dernière chose à faire.

Un mouvement subit des fourmis les fait stopper le cœur battant brusquement la chamade d’une appréhension bien compréhensible, une espèce de corridor se forme en libérant un passage suffisant pour qu’un homme puisse l’utiliser sans risque d’écraser les insectes.

Une silhouette apparaît alors dans leur champ de vision, celle d’un jeune garçon roux qui s’avance vers eux sans sembler éprouver la moindre crainte.

***/***

« Plus tôt ce jour-là. »

Antoine remet son portable dans sa poche en souriant d’un plaisir évident, il se tourne vers son chéri et ses amis qui attendent tout comme lui devant l’entrée de la petite église derrière laquelle on peut apercevoir les bâtiments d’habitation de la petite congrégation religieuse où se sont réfugiés le père Antoine et les sœurs travaillant au dispensaire.

- Florian arrive les gars !!

- (Jonas) Il doit être content de retrouver le vieux prêtre !!

- (Antoine) Ce n’est rien de le dire ! Hi ! Hi ! Il m’a à moitié pété les tympans avec son cri de joie !!

- (Cindy) Qu’est-ce qu’on fait ? On l’attend ou il nous rejoindra ?

- (Antoine) Allons-y !! Je commence à me les geler dehors, pas vous ?

- (Anne) C’est quand même bizarre ce froid, vous ne trouvez pas ??

- (Benjamin) Qui aurait pu penser à une température aussi basse par ici ?

- (Jonas) Mon père me disait qu’à Paris il fait presque moins trente en ce moment !!

- (Antoine) Tout se dérègle partout et nous sommes loin du réchauffement climatique auquel les médias nous bassinent à longueur d’année.

- (Jonas) Ouaih, bon !! En attendant tu as raison, nous ferions mieux d’entrer dans cette paroisse !! De toute façon Florian nous y rejoindra bien.

Le groupe reprend sa marche jusqu’à l’énorme porte en bois massif qui s’ouvre sous leur poussée avec un grincement de gonds prouvant la vétusté de la bâtisse.

***/***

« Au même moment, non loin de là »

Les Berliet bâchés amènent la tribu d’Okoumé qui n’en mène pas large en se serrant craintivement à l’arrière des véhicules, l’arrivée au dispensaire ayant été suivie de peu par la prise en charge des militaires souhaitant les mettre au plus vite à l’abri.

Seul « Kinou » est resté avec eux sans toutefois les suivre jusque dans les énormes camions, les autres panthères étant reparties aussi rapidement qu’elles étaient venues une fois la tribu en sécurité.

Dans le premier véhicule, Taha assis près de son père à côté du conducteur, remarque bien les cinq jeunes blancs qui semblent aller dans la même direction qu’eux et son regard perçant s’arrête un instant sur la chevelure rousse de l’un d’eux, souriant malgré lui en repensant aussitôt à son ami Florian.

Les camions tournent pour se diriger vers l’arrière du petit groupe de bâtiments bas où ils stoppent en se rangeant dans un espace dégagé.

Il y voit des hommes s’affairaient à monter des huttes de toile qui sont destinées à accueillir la tribu sous le contrôle d’un vieil homme qui fait pousser un cri de joie à Taha en le reconnaissant.

- C’est le père Antoine là-bas !!

Okoumé tourne la tête vers l’endroit que la main de son fils lui indique et sourit à son tour en reconnaissant celui qui a toujours été comme un second père pour lui, démontrant une fois de plus par sa présence qu’il se soucie toujours autant du bien-être de sa tribu.

- Cet homme serait parfait s’il ne croyait pas qu’il n’existe qu’un seul Dieu ! Hi ! Hi !

2eme année Pâques : (95/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (suite)

« Quelque part dans la ville. »

Tout semble normal dans les rues, les populations ne semblant pas s’étonner des troubles qui pourtant sont des plus inhabituels et vaquent à leur quotidien, seulement ahuris par la vision des deux félins d’une beauté sans pareille juchés sur les épaules du jeune garçon souriant qui accompagné de quelques amis, marche d’un bon pas dans la rue menant au lieu de culte des pères blancs.

- Tu es sûr que c’est par là Florian ?

- Certain, pourquoi ?

- Comme ça, tu as l’air tellement sûr de l'endroit où tu vas !

- (Antonin) C’est toi qui devrais plutôt être devant pourtant !!

- (Thomas) Et pourquoi donc ?

- (Antonin) C’est toi le GPS, pas vrai ?

- (Thomas) Voilà que tu choppes l’humour à deux balles de l’autre rouquin maintenant ! Hi ! Hi ! Me voilà bien avec vous deux !!

Antonin lui tire la langue, les yeux brillants du plaisir de n’être qu’avec ses deux amis.

- Il doit être sympa votre père Antoine pour que vous soyez aussi contents d’aller le rejoindre ?

- Il m’a recueilli à la mort de mes parents, quand un jeune Masaï m’a ramené chez lui depuis la jungle où il m’avait trouvé.

- (Antonin) Tu as eu une sacrée chance on dirait ?

- Le destin fait parfois de drôles de choses en effet !!

- (Thomas) J’ai hâte de voir à quoi ressemble le père de Taha !! (Pour Antonin) C’est lui qui a trouvé « Flo » et l’a porté jusqu’au dispensaire là où le centre hospitalier sera construit.

- (Antonin) C’est pour cette raison que tu veux qu’on s’installe là-bas Florian ?

- Principalement oui !! Rends-toi compte que cette région du monde est sans doute celle où il y meurt le plus d’enfants en bas âge !!

- (Antonin) Pourtant personne ne semblait s’en inquiéter avant toi Florian ?

- La misère n’a jamais amené les vocations tu sais, à part quelques rares personnes comme le père Antoine qui y ont passé la quasi-totalité de leur vie dans un dénuement scandaleux.

- (Thomas) Tout ceci devrait très vite changer maintenant !!

***/***

L’atmosphère à l’intérieur de l’église semble étrangement rassurante aux cinq jeunes qui la traversent d’un pas lent, leurs yeux ne sachant plus où se porter tellement l’architecture leur semble merveilleuse dans un pays pourtant peu propice à sa construction.

- (Cindy) Vous ressentez comme moi la paix qu’il règne ici ?

- (Jonas) On se croirait à une autre époque, cet endroit mérite qu’on s’y arrête pour le contempler.

- (Benjamin) Que ne faisait on pas à l’époque pour convertir les gens à nos croyances !!

- (Anne) Il ne faut pas voir ça comme ça tu sais « Ben’j », mais plutôt comme une façon d’amener la civilisation à ces gens qui sinon seraient encore dans l’obscurantisme.

- (Benjamin) Tu parles d’une civilisation !!! Dis plutôt qu’ils voulaient leur prendre leurs richesses en se donnant bonne conscience.

- (Antoine) C’était il y a bien longtemps, maintenant ceux qui sont là œuvrent pour le bien et c’est le principal, combien de ces pauvres gens sont encore en vie grâce aux soins que leur donnent les prêtres qui vivent ici ?

- (Benjamin) En voilà une drôle de conversation ! Hi ! Hi ! Nous ferions mieux de sortir d’ici avant d’être convertis ! Hi ! Hi !

Benjamin accélère son pas pour arriver devant une porte donnant sur l’extérieur à l’arrière de l’église et sort en courant devant ses sœurs et ses amis surpris, il échappe un instant à leur vue quand ils entendent un cri de douleur qui les font courir à leur tour pour voir de quoi il retourne et aperçoivent « Ben’j » affalé sur le sol avec un jeune autochtone nu ou presque, le corps tout comme le visage recouvert de peintures tribales.

2eme année Pâques : (96/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (suite)

La tribu se rassemble autour du père Antoine qui se veut rassurant et explique de façon simple qu’ils devront vivre sous les tentes jusqu’à ce qu’ils puissent retrouver leur village.

Aomé tout comme les autres chasseurs, aide les familles à s’installer pour ensuite faire le tour du camp afin de s’assurer qu’il ne manquera rien et ce n’est qu’une fois toutes craintes effacées de son esprit, qu’il se dirige vers la haute maison de pierre du dieu des hommes blancs avec une curiosité bien naturelle devant cette construction massive comme il n’en avait encore jamais vu.

Le dispensaire du vieux père Antoine étant loin de l’impressionnant édifice qu’il a sous les yeux, son visage est levé vers le clocher alors qu’il continue à avancer quand il est percuté violemment et se retrouve au sol sous le choc, poussant lui aussi un cri de surprise et de douleur tout comme celui qui est maintenant affalé sur lui.

Le cri poussé par les deux garçons alerte aussi bien les compagnons de l’un que ceux de l’autre, qui accourent vers eux pour les aider à se relever.

La douleur encore vive d’Aomé, le met dans une colère qui lui fait se remettre lestement debout en pointant sa lance vers le jeune blanc qui le fixe avec effroi en tremblant de peur.

***/***

Benjamin encore au sol se recule vivement en rampant sur le dos, poussé par la seule force de ses jambes et il ne peut détacher ses yeux de ceux de ce guerrier farouche prêt à le trucider, la lance levée sur lui ne permettant aucune erreur d’interprétation sur les intentions de celui qui la tient serrée fermement.

Une étrange alchimie se produit alors entre les deux garçons, Aomé en est le premier surpris et son arme de chasse vient se planter à quelques centimètres du jeune blanc qui stoppe alors sa reptation en gardant son regard rivé dans le sien.

Aomé tend la main à Benjamin qui pousse un profond soupir de soulagement en l’acceptant, il se sent alors soulevé du sol avec une force impressionnante et se retrouve sur ses jambes sans avoir pu un seul instant détacher ses yeux de ceux de celui qui l’hypnotise.

Anne et sa sœur se regardent visiblement soulagées de ce qui au départ les avaient crispées de panique, elles reportent leur attention sur leur frère et le jeune Masaï qui quelques secondes plus tôt voulait lui ôter la vie, troublées par la virilité sauvage qu’il dégage ainsi que par la soudaine compréhension qu’elles en ont de questions qui depuis quelques années les ont laissées sans réponse.

Sa nudité d’un noir profond à part l’espèce de morceau de bambou creux qui lui cache le pénis, le rend encore plus effrayant à leurs yeux et un frisson les glace d’effroi de se retrouver face à cette vision d’un autre âge.

Okoumé s’approche, suivi de près par Taha et Akim, il pose sa main sur l’épaule de son fils en guise d’apaisement et scrute attentivement les étrangers aux visages toujours effrayés par les instants qu’ils viennent de vivre.

Taha en est au même point quand ses yeux se fixent dans ceux d’un des jeunes blancs, celui-ci s’en aperçoit et la stupeur qu’il marque alors amène un grand éclat de rire de la part de Taha.

- Tu as le même regard de grenouille que mon ami Florian ! Hi ! Hi !

- (Antoine) Taha ?

- Tu le connais ?? oui !! Je vois qu’il t’a parlé de moi !!

Une voix se fait alors entendre à l’encoignure de la porte arrière de l’église.

- Comment ne pas parler à mes amis de celui qui m’a sauvé la vie !!

Taha sursaute en reconnaissant la voix qui vient de s’adresser à eux, il lâche sa lance et fonce dans les bras du petit gars aux cheveux roux hérissés en pétard qui l’enserre contre lui avec les yeux brillants d’un plaisir sincère.

La tribu se rassemble alors derrière son chef qui revoit pour la première fois depuis bientôt dix-huit étés, celui par qui tout a commencé.

Un ancien s’approche de lui en tremblant.

- Le dieu des dieux est maintenant parmi nous grand chef Okoumé !! Sa venue est un signe du destin !!

- Puissent nos dieux être assez puissants alors, pour que sa destinée s’accomplisse.

2eme année Pâques : (97/127) (Afrique) (Jeudi) (Rencontre) (fin)

« Un peu plus tard dans l’après-midi. »

La rencontre avec la tribu Masaï reste le principal point de discussion quand tous repartent vers l’hôtel où ils logent, seul Benjamin semble distrait et plongé dans ses pensées, prenant même la poudre d’escampette sitôt en vue de l’hôtel.

- (Jonas) Qu’est ce qui lui prend à « Ben’j » ? Il n’est pas comme ça d’habitude ?

Anne sourit en faisant un clin d’œil à sa sœur.

- C’est parce que vous ne le connaissez pas encore suffisamment !!

- (Antoine) Comment ça ?

- (Cindy) Notre frère a toujours été attiré par l’Afrique.

- (Antoine) Oui et alors ?

- (Anne) La rencontre avec la tribu l’a fortement marqué.

- (Jonas) Pour être marqué, c’est sûr qu’il l’est avec sa bosse sur le front ! Hi ! Hi !

Anne hésite avant de poursuivre.

- Vous ne comprenez pas où nous voulons en venir, vous par exemple !! Quel genre de lectures vous aviez pour passer vos… pulsions ?

- (Antoine) Je ne comprends pas ta question !!

Je les regarde avec amusement, d’abord par la naïveté de mon cousin mais aussi devant la gêne manifeste des filles à pousser plus loin dans les détails.

- En fait les gars la question qu’a posé Anne est très simple, c’était juste de vous faire dire ce que vous bouquiniez pendant vos branlettes d’ado ! Hi ! Hi ! Pour ma part je dois bien reconnaître m’y être mis sur le tard et donc de ne pas avoir eu l’occasion à connaitre ce genre de lecture.

Antoine tout comme Jonas rougissent jusqu’aux oreilles, n’étant pas prêts ni l’un ni l’autre à dévoiler ce genre de détails et en plus à des filles, Anne sourit en reprenant la parole.

- Vous êtes marrants vous les garçons, vous croyez que les filles sont si naïves que ça donc ?

- (Jonas) Vous n’y êtes pas du tout !! C’est juste que c’est trop intime pour être déballé en public voilà tout !! En plus je ne vois pas vraiment le rapport avec les lectures de Benjamin ? Sauf bien sûr si c’est du porno ! Hi ! Hi !

- (Anne) Et bien même pas figure toi et nous avons longtemps cherché sans jamais vraiment trouver ma sœur et moi, ce que cette revue avait de si spécial pour que « Ben’j » la cache sous son matelas pendant toutes ces années.

- (Cindy) Maintenant nous savons, pas vrai Anne ?

- (Anne) Oui et ça fait tout bizarre, je n’imaginais pas mon petit frère comme ça !

- (Antoine) Si vous arrêtiez de parler par énigmes ?

***/***

« À l’hôtel dans la chambre de Benjamin »

« Ben’j » referme derrière lui à double tour la porte de sa chambre, il fouille d’abord dans sa valise pour y prendre sa « revue » qui s’ouvre automatiquement sur la page qui

depuis toujours lui déclenche sa libido et cette fois-ci encore son sexe se dresse de magnifique façon, il ne lui faut pas longtemps pour ôter ses vêtements et le prendre en main pour d’abord le caresser doucement, accélérant ensuite le rythme jusqu’à l’orgasme sans commune mesure avec ce qu’il avait ressenti jusque-là et pour cause car la photo qui depuis qu’il ressent les besoins de son sexe lui sert d’exutoire, ne représente pas moins que le sosie quasi parfait du garçon qu’il a percuté si violemment tout à l’heure.

Un jeune indigène nu à la peau noir d’ébène recouverte de peintures tribales et dont le sexe ne laisse apparaître que les deux testicules pendants alors que la hampe est recouverte d’un étui pénien.

Il referme la revue qu’il repose en soupirant sur le lit avant de se lever pour aller nettoyer le fruit de sa masturbation qui commence à lui coller les poils pubiens.

Celle-ci pourtant semblerait bien innocente à quiconque la découvrirait et le titre quoique évocateur est à mille lieues de ce pourquoi il l’utilise, en effet en grosses lettres on peut lire sur la page de garde.

« NATIONAL GEOGRAPHIC, La sauvegarde des peuplades sauvages d’Afrique. »

2eme année Pâques : (98/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

« Retour une demi-heure avant l’arrivée de Florian face aux nord-Coréens. »

L’officier commandant les forces internationales observe attentivement les derniers clichés pris par les drones, l’ahurissement qu’on peut lire sur son visage n’a d’égal que toutes les questions qu’il se pose sur l’incroyable réalité qui lui est révélée.

- Impossible !!!

- (Dorian) Mon commandant ??

- Ses photos n’arriveraient pas directement depuis les drones, je dirais que c’est impossible !!

- (Dorian) C’est simplement parce que vous n’êtes pas au fait de certains renseignements classés secret défense mon commandant.

- Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de m’en dire plus ? Sinon comment voulez-vous que je prenne les décisions qui s’imposent sans commettre la même erreur que les trois groupes de cadavres que nous avons découverts les restes en pleine jungle ?

- (Dorian) Tout ce que je suis autorisé à vous révéler mon commandant, c’est qu’il y a corrélation avec votre mission ici !!

- La sécurité du jeune De Bierne ?

- (Dorian) Exact mon commandant !! Sauf qu’il s’est chargé lui-même d’y pourvoir et ce que vous découvrez en ce moment en est le résultat, avec les conséquences induites qui en découlent.

- Je n’ose comprendre la signification de vos paroles lieutenant !! Vous me laisseriez à penser que ces hommes sont morts parce que ce garçon a…

- Donné les instructions en conséquence ? C’est l’exacte vérité pourtant !! Florian, ou plutôt le docteur De Bierne sait se faire comprendre des animaux !! Ne me demandez pas comment c’est possible, je n’ai pas toutes les réponses !! C’est un fait avéré pourtant et nous avons eu plusieurs fois l’occasion de faire ce constat depuis ces deux dernières années.

- Pourquoi le dernier groupe n’a-t-il pas subit le même sort dans ce cas ?

Dorian s’approche de la table, il cherche le cliché qui représente le reste du corps expéditionnaire nord-Coréen et une fois l’avoir trouvé et mis en évidence, il pointe son doigt dessus avant de reprendre la parole.

- Tout simplement parce qu’ils ne semblent montrer aucune agressivité mon commandant !! Je pense qu’ils ont compris que c’est la seule façon d’en sortir vivant.

- Oui mais pourquoi ?

- (Dorian) Parce que Florian n’est pas un meurtrier tout simplement !! Il ne fait que se défendre rappelez-vous !!

- Qu’arrivera-t-il une fois qu’ils seront passés ?

- (Dorian) Ils redeviendront certainement dangereux mon commandant !! Vous devriez envoyer vos troupes à leur rencontre en faisant attention à ne pas vous montrez agressif, je ne pense pas que les fourmis fassent le distinguo entre les bons et les méchants dans cette affaire !! Le mieux je pense serait de faire avertir Fl… je veux dire le docteur De Bierne, qui saura j’en suis certain mettre un terme à toute cette sinistre histoire.

- Et le mettre en danger ?? Vous n’y pensez pas !!

- Soyez assuré mon commandant qu’il ne risque absolument rien !!

- Un coup de feu pourrait l’atteindre avant que ses… amies ?

Il voit le lieutenant hocher la tête en souriant.

- Ses amies donc disais-je, ne puissent intervenir ?

- Même de ça, je pense qu’il ne risque rien mon commandant.

- Mais enfin comment !!!

- (Dorian) Je ne suis pas habilité à vous répondre mon commandant, veuillez m’en excuser !!

- Secret défense ?

- Exactement mon commandant !!

- Vous suggérez donc que je le mette en première ligne ?

- (Dorian) Affirmatif mon commandant !!

L’officier fait les cent pas nerveusement dans le bureau avant d’ouvrir la porte de celui-ci et de donner ses ordres au sous-officier en faction dans le couloir.

- Sergent !!! Faites envoyer un peloton à l’hôtel où séjourne l'aspirant De Bierne et priez-le de vous suivre et de bien vouloir nous rejoindre au point delta six où se trouvent actuellement les troupes ennemies.

- Bien mon commandant !! A vos ordres !!

Resté seul avec Dorian, l’officier s’habille chaudement pour sortir en se tournant ensuite vers lui.

- Je présume que vous souhaitez venir avec nous ?

- (Dorian) J’allais vous en prier mon commandant !!

- Alors suivez-moi !! Je suis curieux de voir comment les choses vont évoluer !!

Dorian mi sérieux, mi amusé.

- Je pense que vous n’allez pas manquer d’être à nouveau surpris mon commandant !!

2eme année Pâques : (99/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

« Grand salon de l’hôtel. »

La quarantaine d’amis qui ont suivi Florian dans ce voyage sont tous réunis autour de lui dans l’immense salon mis à leur disposition par le patron de l’hôtel, qui se frotte les mains devant la manne pécuniaire qu’amène cette clientèle imprévue à cette date encore éloignée de la saison touristique habituelle.

L’ambiance qui y règne démontre une fois de plus combien est forte l’entente entre tous ces jeunes issus de milieux pourtant entièrement différents.

C’est Maxime qui le premier aperçoit les hommes en uniformes, quand ceux-ci passent devant les fenêtres du salon pour de toute évidence se diriger vers l’entrée de l’hôtel.

Il s’avance vers un petit groupe conversant tranquillement pour prendre Florian par le bras.

- Il y a des soldats qui viennent d’entrer « Flo » !! J’ai comme l’impression que c’est pour toi !!

- Ne te bile pas « Maxou », c’est sans doute qu’il y a du nouveau et qu’ils ont besoin de mes services.

- Comme toubib ? Si c’est le cas nous sommes tous là pour te donner un coup de mains.

- Je ne pense pas que ce soit le but de leur venue, restez tous ici et amusez-vous !! Je ne serai pas long !!

Je préfère sortir du salon pour aller aux nouvelles et par la même occasion, éviter autant que faire se peut d’inquiéter mes amis plus que nécessaire.

Je n’ai pas fait deux mètres dans le couloir que je me retrouve nez à nez avec le peloton.

- C’est après moi que vous cherchez messieurs ?

Le sergent tout comme ses hommes se raidissent en un garde-à-vous impeccable.

- Sergent Lagno mon lieutenant !! Ce sont les ordres du commandant mon lieutenant !! Il vous invite à nous suivre pour résoudre un problème d’ordre militaire.

Je fais la grimace en entendant le « mon lieutenant ».

- J’aimerais que vous évitiez d’employer ce terme avec moi messieurs, je suis antimilitariste de foi vous comprenez ? Même si j’ai dû accepter ce grade pour pouvoir poursuivre mes études.

- Bien !! Heu !!!....

- Florian !! Ou « Flo » si vous préférez les gars ! Hi ! Hi !

Le sergent visiblement déstabilisé cherche ses mots pour poursuivre.

- Vous acceptez de nous suivre ?

- Bien sûr !! Ou allons-nous ?

- Nous n’avons comme destination que la position où nous devons rejoindre le commandant, je pense qu’il vous expliquera le reste une fois sur place.

- Très bien les gars !! J’y go !!

- Pardon ?

Je me retiens in extrémis de lui faire mon jeu de mot du genre « gigot d’agneau » et me contente d’un bref.

- Je vous suis !!

Beaucoup plus respectueux de cet homme qui me semble au demeurant plutôt sympathique.

***/***

« Secteur delta six »

Une centaine d’hommes se déploient non loin de la position à l’abri des regards nord-coréens, seul le commandant et quelques officiers observent à la jumelle ce qui se passe actuellement et la stupeur est de mise devant le constat qu’ils sont pourtant bien obligés de faire.

La cinquantaine d’hommes a presque entièrement parcouru le bon kilomètre de ce qu’ils sont bien obligés d’appeler la ligne de front, constituée par une myriade de fourmis qui couvrent le sol sur la presque totalité de l’horizon.

- Pourquoi ne bougent-elles pas commandant ?

- Et bien capitaine !! Je vous surprendrais très certainement si j’en avais la moindre idée !! Il semblerait qu’elles attendent un signe quelconque pour entrer en action.

- Un signal commandant ?

- Je pense plutôt à un acte malveillant capitaine !!

- Un truc pareil ne s’est jamais vu !!

- Disons que nous assistons à une première alors !!

- Qu’attendons-nous commandant ?

- La personne qui saura peut-être répondre à toutes les questions que nous nous posons capitaine !! D’ailleurs je pense que c’est justement cette personne qui arrive.

L’officier se tourne et son regard marque encore plus comme si c’était possible, l’ahurissement qu’il vit depuis ces dernières minutes.

- Mais c’est Florian !!! Que vient-il faire ici ? C’est bien trop risqué mon commandant !!

- Paraîtrait justement que non figurez-vous !! Nous allons très vite en avoir le cœur net !! Mais dites-moi capitaine ? Vous semblez bien familier avec le jeune De Bierne pour l’appeler par son prénom ?

- J’ai eu l’occasion de lui parler commandant, il était avec Dorian qui est un de ses amis proches.

Le commandant préfère stopper là ses questions car chaque réponse en appelle une autre et ce n’est pas vraiment l’endroit pour avoir ce genre de conversation, il sourit néanmoins devant l’allure du jeune rouquin qui ne paraît pas se prendre la tête loin de là, semblant même plaisanter avec le peloton qui l’accompagne et qui visiblement éprouve le plus grand mal à garder son sérieux.

Le sergent et ses hommes amènent Florian jusque devant les officiers, ils se mettent au garde à vous en se mordant les lèvres pour tenter vaille que vaille à de garder un minimum d’apparence martiale.

- Voici Flo…Pardon !! Le... "docteur" De Bierne, suivant vos ordres mon commandant !!

2eme année Pâques : (100/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (suite)

- Repos !! Vous pouvez disposer !!

Ordre aussitôt suivit d’effet pour ses six hommes, qui tournent rapidement le dos aux officiers pour pouvoir enfin sourire tout leur soûl après s’être autant retenus.

- Vous vouliez me parlez monsieur ?

Le commandant devient soudainement rouge brique avec la ferme intention de rappeler ce jeune impudent à l’ordre, c’est Dorian qui évite la crise en se mettant entre eux deux.

- Je disais au « commandant » que c’était sans doute toi qui as fait appeler toutes ces fourmis !!

Je jette un coup d’œil sur la marée grise recouvrant le sol.

- Waouhhhhh !!! J’ai vu le film et c’est encore plus cool de les voir en vrai ! Hi ! Hi !

- (Dorian) Mais de quoi tu parles enfin ??

- « Quand la Marabounta gronde » !! Tu ne l’as pas vu ? Tu devrais pourtant, c’est terrifiant ! Hi ! Hi !

- (Dorian) C’est donc bien toi qui les a appelées ?

- Bien sûr !! Il fallait bien que je protège mes amis, quelle question !!

Le commandant écarte doucement Dorian et fixe le jeune rouquin avec intensité.

- Et pour les trois groupes de cadavres que nous avons retrouvés ?

Je pâlis en entendant ses paroles.

- S’il leur est arrivé malheur, c’est qu’ils ont été agressifs envers quelque chose ou quelqu’un !!

- (Le commandant) Vous reconnaissez donc être le responsable de leur mort ??

- Non monsieur !! Ce sont eux les responsables !! D’ailleurs vous en avez la preuve vivante devant vous !! Tant qu’ils ne montreront pas d’agressivité, ces soldats ne risquent rien !!

- (Le commandant) Ils vont bientôt sortir de la zone couverte par les fourmis, que va-t-il se passer ensuite ?

- Je pense que vous devriez me laisser aller leur parler monsieur !!

Le commandant en haussant le ton.

- Cela irait à l’encontre des ordres que j’ai reçus vous concernant !!

Mais c’est qu’il commence à m’énerver le galonné !! C’est donc du même ton sec que je lui réponds.

- Dans ce cas ne venez pas m’accuser s’il arrive quelque chose !! Sachez qu’il en sera de même pour vos hommes si un seul d’entre eux venait à se montrer belliqueux !! Je ne saurais trop vous conseiller de faire passer le message… « Monsieur »… Maintenant je vais m’avancer vers ces hommes pour les prier de déposer leurs armes et reprendre le chemin par où ils sont venus, je ne saurais encore une fois trop vous déconseiller de vouloir m’en empêcher !! Sachez que je suis parfaitement conscient que ce n’est pas dans vos directives et j’en prends devant témoins la décision de ne pas en tenir compte, vous ne sauriez donc être accusé de manquement à vos ordres en me laissant aller négocier à mes risques et périls la survie de ces hommes.

Je n’attends aucune réponse de sa part que déjà je me suis mis en route vers le groupe de soldats qui ne sont plus qu’à quelques dizaines de mètres avant de sortir de la zone recouverte de mes amies minuscules mais combien dangereuses.

Quand mes pas me conduisent sur elles, un chemin se forme devant moi pour que je puisse tel Moïse m’avancer non pas entre les flots mais au milieu de la colonie qui referme le passage derrière moi et commence à me recouvrir d’une gangue grise qui est suffisamment impressionnante pour que les hommes en face de moi cessent d’avancer en me regardant apeurés venir dans leur direction.

Quand j’arrive devant eux, seul mon visage est encore visible et les leurs sont fortement marqués par toute cette mise en scène volontaire de ma part, afin que mes paroles ensuite aient la portée nécessaire pour les faire réfléchir.

« Dans leur langue »

- 여러분 ! 그것은 나를 찾아 온 ? 그리고 여기 나 ! (Messieurs !! C’est moi que vous êtes venus chercher ? Et bien me voilà !!)

2eme année Pâques : (101/127) (Afrique) (Jeudi) (État de guerre) (fin)

L’effet de stupeur commençant à s’estomper, le commandant nord-Coréen s’avance de quelques pas prudents vers moi.

- 어떻게 해야 합니까 ? (Comment faites-vous cela ?)

- 상관없어요 !! 당신을 기억 할 필요가 그것을 할 수 있다는 사실 ! 즉시 그들의 무기에 누워 당신의 남자에 게 ! 어떤 적극적인 시도 그들을 위해 최악의 방법을 벌 것 이다 , 당신의 군인의 나머지에 일어난 배운 그리고 미안 해요 좋은 생각 , 그들 처럼 당신이 결국 하지 않으며 문장 , 집에가 서 자유롭게 데 후 후 . (Peu importe !! Vous ne devez retenir que le fait que je peux le faire !! Dites à vos hommes de déposer immédiatement toutes leurs armes !! Toute tentative agressive sera punie de la pire des façons pour eux, j’ai appris ce qu’il était arrivé au reste de vos soldats et j’en suis désolé croyez le bien, il ne tient qu’à vous de ne pas finir comme eux et de pouvoir plus tard après avoir purger votre peine, rentrer chez vous librement.)

Le commandant reste un instant sans répondre, son visage grave et surtout visiblement apeuré pour ne pas dire terrifié m’apprend que l’idée même de rentrer sans avoir été jusqu’au bout de sa mission, serait un déshonneur que lui et ses hommes paieraient très certainement de leur vie.

C’est donc moi qui reprends la parole avant qu’il ne prenne une décision qui serait suicidaire, mais qui aurait au moins le mérite de préserver leur honneur.

- 다른 대안을 사용할 수 있습니다 ! 나 혼자 캠프 따라 동의 하거나 우리 군대의 대응 중 당신과 당신의 남자 정직한 판단을 확보 하면서 당신의 책임의 조건을 협상을 공인 것 이다 . (D’autres alternatives pourraient vous être proposées !! Acceptez de me suivre seul jusqu’au camp où un de vos homologue de notre armée sera accrédité pour négocier les termes de votre reddition tout en vous assurant à vous et à vos hommes un jugement honnête.)

J’envoie un son inaudible pour l’oreille humaine, la colonie s’écarte alors suffisamment pour lui montrer la bonne volonté venant de ma part de vouloir négocier honnêtement avec lui.

J’ai parlé suffisamment fort pendant tout ce temps pour que tous m’entendent et comprennent bien que c’est de leur survie qu’il s’agit.

- 거기에서 내게 돌아온다는 또는 내가 서 , 당신의 다음 행동을 생각 하는 당신에 게 무료 ! (Je vais m’en retourner de là d’où je viens, libre à vous d’assumer vos prochaines actions !!)

Je lui tourne donc le dos pour retourner vers nos lignes, malgré tout je reste vigilant et je surveille leur réaction depuis un coin de l’esprit de mon ami Dorian qui assiste de loin à toute la scène avec ses jumelles, c’est donc sans paraitre surpris que j’entends claquer derrière moi les deux coups de feu qui ôtent la vie des deux hommes en civil ayant eu des velléités agressives à mon encontre en pointant chacun un pistolet vers moi.

Un son de gorge pour stopper la réponse meurtrière de mes amies à cette tuerie et un sourire me vient malgré ce drame en entendant le bruit des fusils tombant au sol, signe que ma demande de désarmement a été prise en compte.

Mes pas m’amènent vers nos forces armées qui maintenant se déploient pour les prendre en charge, m’arrêtant devant l’officier commandant.

- Ils sont à vous monsieur !! J’espère que ce sont les derniers et que je vais pouvoir enfin profiter de mes amis sans plus de soucis.

L’ahurissement visible de cet homme m’amène une nouvelle fois le sourire aux lèvres, je n’attends aucune réponse de sa part et m’en retourne tranquillement vers la ville afin de commencer réellement ces vacances qui jusque maintenant n’en étaient pas vraiment.

***/***

J’arrive une bonne demi-heure plus tard vers l’église qui accueille la tribu de mon ami Taha, l’envie est trop forte d’y retrouver Okoumé son père pour entendre son histoire.

C’est un jeune garçon de l’âge approximatif de « Ludo » qui m’aperçoit le premier et me rejoint en courant à toutes jambes, certainement pour que personne n’arrive avant lui et monopolise mon attention.

- Bonjour !! Je suis Akim le frère de Taha !! Alors c’est bien toi “cheveux de feu” ? Celui que notre père a sauvé de la jungle il y a bien des lunes ?

- Il semblerait en effet ! Hi ! Hi !

- Tu m’emmèneras dans ton pays ? Taha dit que là-bas il s’y est fait plein d’amis !!

- Ce serait un plaisir de t’y accueillir si tu le souhaites vraiment, ton frère et toi y seront toujours les bienvenus.

- Je pourrais être ton ami moi aussi ?

- Ne l’es-tu pas déjà ?

Akim sourit jusqu’aux oreilles en surveillant de loin plusieurs jeunes de son âge, visiblement attentifs à notre conversation.

- Vraiment ?

Je le prends par le cou en avançant vers les toiles de tentes.

- Tu peux le dire à tes amis ! Hi ! Hi ! Profites-en également pour les prévenir qu’ils peuvent retourner dès aujourd’hui dans leur village reprendre leurs habitudes et qu’il n’y a plus aucun danger.

2eme année Pâques : (102/127) (Afrique) (Jeudi) (La tribu Masaï)

Les paroles de Florian font le tour du campement aussi rapidement qu’un feu de paille, la tribu s’avance alors vers la tente située au centre du cantonnement où depuis presque une heure le dieu des dieux, parle avec le grand chef Okoumé.

Florian apprend alors comment ont été vécues ces heures étranges par cet homme alors encore presque enfant, ses terreurs devant celle qu’il appellera plus tard « la mère » ainsi que le courage qu’il lui a fallu pour oser s’approcher et prendre le bébé humain alors que celle-ci venait juste de lui tourner le dos.

La course vers le dispensaire du vieux père, l’accueil en demi-teinte de celui-ci avant qu’il ne constate par lui-même l’aspect « miraculeux » de ce nourrisson au « don » de guérir.

Le reste c’est Florian qui le raconte à Okoumé, ses grands-parents qu’il croyait alors sa seule famille et qui se sont occupés de lui comme l’auraient fait des parents les plus aimants.

Ce sont les murmures de plus en plus nombreux autour de la tente qui les font revenir à la réalité, Okoumé comprenant bien la curiosité de son peuple à mieux connaître ce garçon que depuis longtemps déjà ils adulent comme un dieu.

***/***

- Nous aurons le temps de reprendre cette conversation “cheveux de feu” !! Mes frères t’attendent au dehors de la hutte de toile.

- J’ai remarqué qu’ils étaient tous en excellente santé grand chef !

- Ce n’était pas le cas avant que les dieux de la clairière se manifestent à moi pour que je te retrouve, depuis maintenant deux étés nous ne connaissons plus la maladie et mon peuple devient plus nombreux depuis que les naissances ont dépassé les décès. Savais-tu que la femme de mon fils Taha était il y a peu son meilleur ami ?

- Bien entendu Okoumé !! Tout comme je sais que tu seras bientôt grand père de deux magnifiques garçons.

Okoumé se redresse fièrement.

- Naomée me l’avait déjà annoncé, de savoir que ce seront deux nouveaux chasseurs pour la tribu me remplit de joie.

- L’un des deux seulement sera chasseur et suivra ton exemple grand chef, l’autre aura la particularité de sa « mère » et tu devras changer les tabous de ta tribu si tu veux le voir grandir auprès de toi, sache que ce petit fils comptera beaucoup pour toi et que son amour pour son grand père ne sera jamais mis en défaut.

Okoumé sourit avec une larme brillant au fond des yeux.

- Tu connais alors le secret de ma famille depuis des générations “cheveux de feu” ?

- Le passé ne m’est pas connu hélas, je ne peux interférer que sur le présent ou l’avenir.

- J’avais trois frères et mon père tout comme son père et le père de son père avant lui ont eu des fils, certains sont morts avec honneur mais toujours il y en a eu un qui a terminé ses jours dans la honte, chassé par nos anciens.

- Taha n’est pas comme ça grand chef !! Il aimait son meilleur ami c’est vrai mais juste pour son esprit et non pour son corps, d’ailleurs tu peux constater aussi bien que moi qu’il est heureux et épanoui depuis la transformation de Naomée.

- Jusqu’à ce jour j’espérais que la « malédiction » cesse avec mes enfants, pourtant j’ai bien vu ce matin qu’il n’en était rien même si mon fils ne s’en est pas encore rendu compte.

- Je t’assure que ton plus jeune fils aimera les femmes grand chef !

- C’est ce que je pensais de mon premier né jusqu’à ce matin !! Maintenant je comprends mieux l’empressement qu’il manifeste auprès de nos jeunes vierges depuis le retour de Taha !! J’avais pris ça comme juste retour après la guérison de son visage.

- Benjamin sera un excellent compagnon pour ton fils s’ils réussissent à passer l’épreuve de l’éloignement.

- (Okoumé) Tu connais cela aussi ??

- C’est le seul de mes amis qui est libre Okoumé, il ne pouvait en être autrement.

2eme année Pâques : (103/127) (Afrique) (Jeudi) (Aomé/Benjamin)

***/***

« Aomé »

La chasse n’est pas fructueuse en ce lieu où le bruit trépidant des hommes a repoussé très loin le gibier, Aomé en était conscient avant même de l’entreprendre et ce n’était d’ailleurs pas le réel but de son éloignement de la tribu, ses pensées sont ailleurs depuis ce matin ou plus précisément depuis qu’il a été percuté assez durement par le jeune blanc au visage si troublant.

Depuis ses treize étés, il a tout fait pour ne pas avoir d’amis et son visage défiguré l’a beaucoup aidé à ce que personne ne se demande pourquoi il était soudainement devenu aussi solitaire.

Ce n’est seulement que depuis à peine quelques lunes ou plus exactement à la disparition miraculeuse de la cicatrice profonde qui lui marquait tout un côté du visage, qu’il éprouve le besoin d’assouvir sa virilité auprès des jeunes filles du village afin d’éviter justement que ce qu’il ressent au plus profond de lui n’en sorte avec les conséquences qu’il devrait ensuite endurer pour le reste de son existence.

Aomé pensait y être parvenu quand il a fallu que le destin en décide autrement et le fasse rencontrer (Le jeune Masaï sourit) durement ce jeune blanc, sa première réaction l’a étonné lui-même car il sait très bien que sa lance était à deux doigts de lui ôter la vie.

Ce geste il le comprend maintenant n’avait de sens que pour son inconscient, qui avant lui s’était déjà rendu compte des conséquences de cette rencontre.

Malgré tout il n’a pas pu poursuivre son geste, sans doute à la vision du visage effrayé de celui qui sans le savoir l’a déjà marqué au fer rouge et obnubilé ses pensées depuis lors, cause de sa présence ici loin de sa tribu pour pouvoir faire le point et prendre la décision à laquelle il devra ensuite se tenir.

Taha lui a parlé juste avant son « départ » pour la chasse, il lui a dit que ses amis n’étaient là que pour quelques jours et qu’ils repartiraient tous dans leur lointain pays au-delà de l’océan, ne revenant pour la plupart que quand la construction du grand dispensaire serait terminée d’ici plusieurs étés.

Aomé soupire en s’asseyant contre un grand arbre, l’image du jeune blanc le hante suffisamment pour que son sexe se redresse et lui donne une preuve de plus de ce qu’il craignait, le doute n’étant plus permis de l’attirance qu’il éprouve pour celui auquel il n’a encore pas de nom à quoi se raccrocher.

***/***

« Benjamin »

Anne et Cindy sont à la recherche de leur cadet et commencent à s’inquiéter de sa disparition, quand enfin elles le retrouvent prostré sur le canapé du salon de l’hôtel, ne s’apercevant même pas de leur apparition devant lui.

- (Anne) Ça doit être troublant pas vrai frérot ?

« Ben’j » sursaute avant de comprendre qui lui parle.

- Hein !! Ah c’est vous deux !! Qu’est ce qui doit être troublant, je ne comprends pas ?

- (Cindy) Qu’une image prenne vie par exemple ?

- ?????

- (Anne) Nous nous sommes demandées depuis des années ce que faisait cette revue sous ton matelas ! Hi ! Hi ! J’avoue que nous avons séché lamentablement tout ce temps.

- (Cindy) Comment aurions-nous pu penser à quoi il te servait ! Hi ! Hi !

Benjamin sent son visage prendre feu au ton grivois qu’ont pris soudainement ses sœurs pour lui faire leurs confidences qui semble-t-il, sont assez bien renseignées.

- Vous m’espionniez ? Et en fouillant dans mes affaires en plus !!

Anne sans se démonter plus que ça devant l’air outragé de son frère.

- On voulait juste savoir avec quel genre de revues tu jouais avec ton zizi ! Hi ! Hi !

- (Cindy) Parce que quand tu t’y mets, c’est assez bruyant je trouve ! Hi ! Hi !

Benjamin n’en revient pas d’une telle impudeur venant de ses sœurs, qui ne l’avaient pas habitué à être aussi expressives sur ce genre de sujet.

- Et bien dites donc !! Depuis que vous vous envoyez en l’air avec vos rouquemouttes, ça vous délie la langue c’est sûr !! Est-ce que je ne vous ai jamais reproché de vous faire plaisir ensemble ?? Non ?? Alors de quoi je me mêle à la fin !!

2eme année Pâques : (104/127) (Afrique) (Jeudi) (Thomas)

- Il est où Florian ?

Thomas se retourne vers Antonin qui vient de lui parler.

- Il discute avec Okoumé le chef Masaï, j’en apprends de belles figure-toi !!

- Du genre ?

- Coup de foudre ! Hi ! Hi !

Antonin devient blême.

- Encore !!!

Thomas l’attrape par la manche pour l’amener vers lui, son autre main passe doucement dans ses cheveux et sa voix quoique amusée démontre néanmoins combien l’a marqué la réaction de son deuxième chéri.

- Je ne parlais pas de « Flo », pourquoi tu t’emportes comme ça ?

Antonin apprécie la caresse et se serre contre Thomas pour un câlin comme il aime en avoir de ce garçon qui le fait craquer tout autant que Florian.

- J’ai toujours peur qu’il ramène encore un autre mec tu comprends ? C’est déjà bien assez avec vos amis.

- Ce sont aussi les tiens il me semble ?

- Tu m’as très bien compris alors ne joue pas avec les mots s’il-te-plaît.

- D’ailleurs quand j’y pense, il me vient de drôles d’idées !!

- Ah oui ?? Comme quoi par exemple ?

- (Thomas) Comme le fait de nous voir de moins en moins souvent !

- Arrête un peu !! On est toujours ensemble !!

Thomas reste songeur.

- Je pensais plutôt à nos soirées.

- Et bien quoi vos soirées ? Ce n’est pas moi qui vous en empêche reconnais le ?

- Exact !! Mais je pense qu’indirectement si !! Rien que le fait que tu ne veuilles pas y participer !!

- C’est un reproche ?

- Non ! Non ! Ne va pas t’imaginer des choses que je ne pense même pas !!

- Alors ça veut dire quoi ? Tu connais mes idées là-dessus pourtant ? J’aime beaucoup tous nos amis, mais que comme amis point barre !! Je n’ai aucune envie de coucher avec eux, j’ai ce qu’il me faut avec vous deux et ça me suffit crois-moi !!

- Ça devient pareil pour nous et c’était justement le sujet de ma remarque, j’ai toujours envie de Yuan quoique moins souvent qu’avant et je suis sûr que pour « Flo » c’est pareil avec « Raphi » ou Éric, mais nous évitons d’en parler pour ne pas leur faire de peine tu comprends ?

- (Antonin) Je vais vous convertir à la monogamie ! Hi ! Hi !

- Tu aimerais que ça arrive ?

- Honnêtement ? Oui bien sûr !! J’ai du mal à comprendre ce besoin que vous avez d’aller chercher chez un autre ce que l’on a déjà en plus fort avec la personne qu’on aime vraiment.

- (Thomas) Si tu savais combien de fois j’ai entendu cette question ? En fait la réponse n’est pas si simple qu’elle le paraît et je t’avoue que je ne l’ai jamais eue.

- (Antonin) Sans doute est-ce dû à Florian et ce qu’il est réellement ?

- Pourquoi, tu le sais toi ?

- Il me semble que c’est une information que j’ai dans ma tête sans pouvoir mettre le doigt dessus, mais je suis sûr que s’il n’avait pas été là tu ne serais pas comme ça.

- (Thomas) Qu’est ce qui te fait dire une chose pareille ?

- Tu es un garçon sensible, doux et reconnais-le plutôt timide de nature, c’est loin de la mentalité nécessaire à ce genre de vie affective. Tu es comme moi en fait et je suis certain que Florian en est conscient, aussi bien pour toi que pour moi.

- Ma parole ! Hi ! Hi ! C’est une déclaration ou je ne m’y connais pas !!

- Une constatation « Thom » rien qu’une constatation !!

2eme année Pâques : (105/127) (Afrique) (Jeudi) (Florian)

Les lèvres d’Antonin viennent doucement se poser sur celles de Thomas, un long, très long baiser les unit alors et les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ne feraient aucun doute à quiconque les apercevant en ce moment précis.

***/***

Okoumé regarde attentivement le jeune rouquin qui semble soudainement être perdu dans ses pensées, un sourire d’extrême contentement se dessinant sur ses lèvres.

- Tes pensées sont ailleurs “cheveux de feu” ?

Je le regarde, les yeux brillants.

- Les choses se mettent en place suivant mes espérances et maintenant je n’ai plus aucune crainte pour l’avenir de ceux que j’aime, ma destinée pourra maintenant suivre son cours.

- Tes paroles m’intriguent ?

- N’as-tu jamais eu cette impression de ne pas être à ta place en ce monde ?

- (Okoumé) Si tes paroles font allusion à notre façon de vivre en dehors de ce que vous appelez la civilisation, il est exact que je me suis souvent posé cette question.

- Je pensais à quelque chose de moins terre-à-terre, j’ai pour ma part souvent l’intuition que cette existence que je vis n’est pas ma vraie vie et qu’un jour pas très éloigné, je serai rappelé par elle.

- Tes pensées sont bizarres “cheveux de feu” !! Comment pourrais-tu être ici sans y être ?

- Si seulement j’en avais la réponse !! Trouves-tu naturel tous ces « dons » que j’ai ? Je n’ai qu’à penser à quelque chose pour que tout se mette en place dans ce sens, l’échec est un mot qui pour moi n’a aucune prise depuis ma plus tendre enfance ,alors avoue grand chef que ce n’est pas ça la normalité de la vie.

- Sauf si tu es ce que nous pensons que tu es “cheveux de feu” !

- Un dieu ? Baliverne !! Excuse mes paroles Okoumé, mais je ne crois pas que les dieux existent !!

- Comment expliques-tu les miracles autour de toi dans ce cas ? La clairière aux pierres qui pensent et qui soignent, si ce ne sont pas des dieux ?

- Ces « entités » viennent d’un autre monde grand chef, ils ont évolué comme l’homme l’a fait depuis qu’il existe sur cette terre. Pour eux c’était il y a beaucoup plus longtemps voilà tout !!

- Alors peut être que c’est pareil pour toi ?

- J’y ai pensé !! Souvent même !! Mais je ne crois pas venir d’ailleurs, cela voudrait dire que quelque part il y a une planète entièrement similaire à la nôtre et que j’y serais né ?

- Pourquoi donc n’aurais-tu pas pu connaître le même sort que ceux que tu nommes entités ?

- Tout simplement parce que sur cette terre nous ne sommes pas suffisamment évolués pour un tel voyage !!

- Peut-être qu’ailleurs ils le sont ?

- Avec les mêmes aspects physiques que ceux que nous avons, alors qu’il nous faudrait certainement des milliers d’années pour arriver à ce genre d’exploit ? Hum !!!

- Il y a une vieille croyance que racontent parfois les anciens, ils disent que sur la même terre plusieurs civilisations se côtoient sans jamais se voir et qu’un jour dans un passé lointain, nos ancêtres auraient rencontré des ancêtres d’une de ces civilisations.

- Très belle histoire grand chef !! Nous appelons ça les mondes parallèles, personne n’a encore pu donner la preuve qu’une telle chose existe. Ce ne sont que quelques romanciers à l’esprit particulièrement imaginatif et prolifique, qui ont écrit des romans pour faire rêver leurs lecteurs et leur permettre de se transposer en dehors de leur quotidien.

- Serais tu un de ces rêveurs “cheveux de feu” ?

- Parfois je me le demande grand chef !! Un bien étrange rêveur pour une bien étrange histoire qui dure depuis maintenant presque dix-huit ans ? Crois-tu être issu d’un tel rêve ? N’as-tu donc pas vécu toute ta vie que pendant les rares instants où j’aurais imaginé ton existence ?

Okoumé reste un instant dans ses pensées.

- J’ai eu une vie très riche en émotions, elle représente de nombreuses années maintenant !!

Je vois bien qu’il hésite à poursuivre.

- Mais ?

- Je dois t’avouer que mes souvenirs d’avant ta découverte dans la jungle se sont pour la plupart perdus.

- Perdu ? Comment ça ?

- Je… pense même que je n’en ai…plus…

2eme année Pâques : (106/127) (Afrique) (Jeudi fin d’après-midi) (Annie)

Le départ des troupes est un véritable soulagement pour les habitants qui en ce début de soirée, se regroupent sur les places de la ville afin de rapporter les dernières nouvelles.

Annie et son mari se retrouvent justement au beau milieu d’un de ces attroupements et sourient en entendant les faits déformés par les superstitions, prenant au fil des heures une ampleur sans commune mesure avec la réalité.

Il reste malgré tout un fond de vérité qui à lui seul laisse déjà les plus sceptiques dans l’expectative la plus totale, en effet les rumeurs sur la découverte des cadavres vont bon train et l’imagination des conteurs n’enlève en rien la réalité des faits somme toute surnaturels qui sont les éléments à la base de leurs récits.

- (Annie) Pourvu qu’ils ne fassent pas trop vite le rapprochement avec l’arrivée de Florian !!

- (Frédéric) Je suis certain que c’est déjà fait !! Tu n’as qu’à regarder ces poupées qui circulent de mains en mains, ainsi que ces autels où ils les déposent avec dévotion.

- Qu’es-tu en train de me dire par là ?

- Tout simplement que nous assistons à la naissance d’une nouvelle croyance, ou plutôt d’un nouveau dieu pour ces gens encore très ancrés dans leurs superstitions.

- (Annie) Remarque en y réfléchissant bien, je les comprends !! Nous même y avons pensé rappelle-toi !!

- Pour plaisanter, oui !! Mais ce que tu vois là n’est pas une plaisanterie et je me demande bien où tout cela finira, en espérant que tout se termine bien pour Florian.

Annie resserre son châle autour d’elle en grelottant.

- Brrr !!! Nous devrions rentrer mon chéri, si j’avais pensé un seul instant qu’il puisse faire un temps pareil je nous aurais prévu des tenues plus adaptées.

- (Frédéric) J’ai eu André ce matin, il paraît que chez nous le thermomètre n’a jamais été aussi bas au point que les gens hésitent à sortir de chez eux.

- Heureusement qu’ici ça reste supportable !! C’est quand même curieux cette vague de froid, les journaux météo n’en ont pas fait mention et c’est un peu comme si personne ne s’y attendait.

- Je pense que c’est bien le cas, tu as raison !! Rentrons nous mettre au chaud à l’hôtel, de plus j’ai hâte de savoir comment s’est passée la journée des garçons.

***/***

« Dans le salon de l’hôtel, avant l’heure du dîner »

Annie somnole tranquillement, la revue qu’elle tentait de lire dangereusement penchée sur ses genoux prête à tomber, quand un corps chaud vient se blottir contre elle et la réveille brusquement, reconnaissant avec le sourire la tignasse rousse de son propriétaire.

- Je t’ai réveillée ?

- Pas vraiment mon chéri !! Raconte-moi plutôt ta journée, tu sembles épuisé.

- Je peux te poser une question ?

- Bien sûr allons !!

- Comment c’était de ton temps quand tu étais encore en fac ?

Annie me regarde étonnée.

- Quelle drôle de question !! Je pense que c’était comme maintenant, pourquoi ?

Je me redresse pour la fixer dans les yeux avec curiosité.

- Comment ça tu penses ? il doit bien y avoir des différences quand même, ne serait-ce que les choses qui n’existaient pas à ton époque comme les portables ou l’informatique et qui sont devenus indispensables de nos jours !!

- Sans doute oui !! Maintenant que tu m’en parles, je dois bien t’avouer que je ne me le rappelle plus !! Toutes ces choses sont tellement devenues notre façon de vivre que je n’imagine plus ce que c’était avant.

- Et tes parents ?

- Quoi, mes parents ?

- Tu dois bien t’en souvenir quand même ?

- Mais bien sûr, voyons !!

Je vois bien le trouble que lui occasionne ma question, j’ai un frisson d’angoisse qui me prend soudainement en commençant à percevoir une explication qui quoique irrationnelle, me conforte néanmoins de plus en plus dans l’idée que je me fais de ce que je suis en réalité.

- Raconte-moi ton plus lointain souvenir s’il te plaît !

Annie plus troublée qu’elle ne le laisse paraître, me regarde fixement.

- C’était le jour où nous avons décidé de quitter Paris pour venir habiter à Reims.

- Ça remonte à peine à deux ans ? Tu n’as rien d’autre de plus éloigné dans le temps ?

Le front d’Annie se plisse, une lueur d’affolement brille soudainement dans ses yeux.

- Mon dieu Florian !!! Qu’est-ce qu’il m’arrive !!

2eme année Pâques : (107/1xx) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre)

« Campement provisoire derrière l’église. »

Benjamin pile net devant le terrain quasiment désert où pourtant était dressé la structure d’accueil de la tribu Masaï il n’y a encore à peine que quelques heures.

Il regarde sidérer les rares toiles de tentes encore debout et qu’une poignée d’ouvriers continue à démonter malgré l’heure tardive, il s’approche d’eux avec une énorme boule d’appréhension à l’estomac et s’adresse d’une voix blanche à l’un d’entre eux.

- Excusez-moi monsieur !!

- Oui ? Qui a-t-il ?

- Où sont passées les familles qui vivaient dans ce camp ?

- Ils ont eu l’autorisation de retourner dans leur village, les derniers viennent juste de partir en camion.

- Il est loin leur village ?

L’homme lui indique une direction.

- Au moins cinq cent kilomètres plus au sud dans une région encore sauvage loin de toute civilisation, pourquoi cette question ?

- Je voulais parler avec un…ami !

- Et bien il va te falloir faire un long voyage pour le voir, je suis désolé pour toi jeune homme.

Benjamin s’apprête à s’en retourner quand l’homme le rappelle.

- A moins qu’il ne fasse partie de la famille du chef Okoumé !!

Benjamin fixe l’homme avec une lueur d’espoir.

- C’est un de ses fils en effet.

- Alors tu as de la chance mon gars !! Okoumé est resté avec ses trois fils, ils sont actuellement chez le père Antoine et devraient normalement repartir avec lui d’ici demain dans la journée.

- Où pourrais-je les trouver ?

- Le vieux père loge dans l’ancien presbytère à droite du cimetière, tu ne peux pas te tromper !! C’est juste à quelques pas d’ici, le petit bâtiment qui touche l’église.

Benjamin sourit à cet homme qui sans le savoir lui a redonné la joie dans son cœur, il le remercie et part d’un bon pas dans la direction indiquée, la bâtisse lui arrive devant les yeux à peine a-t-il tourné au coin de l’église.

Il accélère donc le pas jusqu’à la porte restée entrouverte qu’il ouvre d’une légère poussée de la main, se retrouvant nez à nez avec la stature imposante et inquiétante du chef Masaï Okoumé, qui l’observe alors avec une surprise évidente teinté d’un soupçon d’ironie.

- Je te reconnais, tu es un ami de “cheveux de feu” !!

- Comment ? C’est qui celui-là ?

Okoumé laisse percer un sourire de son visage jusque-là hermétique derrière ses peintures tribales.

- Tu ne connais pas tes amis ?

- Bien sûr que si !! Mais…. Ah !! J’y suis !! Vous parlez de Florian ?

- C’est le nom que lui donnent les hommes blancs en effet. Si c’est “cheveux de feu” que tu cherches, il vient de repartir.

- Heu !! En fait ce n’était pas Florian que j’étais venu voir.

- Le père Antoine alors ? Tu as de la chance, il prépare le repas avec un de mes fils.

Benjamin se sent mal soudainement, comment dire à cet homme impressionnant qu’il est venu pour voir un de ses fils alors qu’il ne connait même pas son prénom.

Okoumé lit sur le visage du jeune blanc le trouble et la gêne qu’il éprouve, quelque chose dans ce jeune garçon pourtant étranger lui amène une vive sympathie et Okoumé lui vient en aide à sa façon.

- Peut-être es-tu venu t’excuser auprès de mon fils Aomé pour l’avoir mis à terre aussi brusquement ?

Le soulagement sur le visage du garçon est si visible qu’Okoumé a du mal à garder son sérieux, il n’est donc pas surpris des paroles de celui-ci qui profite du prétexte donné pour en faire le sien.

- C’était le but de ma visite et j’ai bien cru ne pas avoir l’occasion de le faire quand j’ai vu que le camp était vide.

- Tu trouveras Aomé dans la forêt qui borde ce côté du grand village de pierre, mon fils est un solitaire et il aime bien chasser seul parfois pendant des jours.

- Comment le trouverais-je ?

- Ne t’inquiète pas petit blanc, lui te trouvera !! Mais il serait peut-être mieux pour toi d’attendre le prochain lever de soleil, la lune va bientôt apparaître et tes amis vont s’inquiéter.

- J’ai encore un peu de temps, Aomé ne doit pas être loin lui non plus.

Okoumé apprécie le courage du jeune garçon, il marque un point de plus dans l’estime de cet homme qui croit bon de rajouter avant de le voir partir.

- Soit prudent et ne brusque rien avec Aomé, contente toi de rester toi-même.

- Pourquoi dites-vous ça ? Vous croyez qu’il sera menaçant envers moi ?

- Mon fils est troublé, son cœur a déjà les réponses que son esprit recherche encore mais je peux t’assurer qu’aucune colère ne marquera son visage lorsqu’il te verra.

2eme année Pâques : (108/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre) (suite)

Aomé est quand même satisfait de sa journée de chasse, les quelques oiseaux qu’il a tués lui ont surtout permis d’éviter de trop penser et ce n’est qu’une fois arrivé à quelques dizaines de mètres de la lisière de la forêt, qu’il s’accorde un nouveau temps de réflexion en s’asseyant près du ruisseau qui s’étire en direction du grand village de pierre.

Le soleil commence à perdre de son intensité, déjà que l’étrange brume lui en avait ôté une bonne partie et le jeune chasseur sait bien qu’il va bientôt lui falloir repartir avant que la lune ne fasse son apparition, ce qui serait trop dangereux pour lui dans cette région inconnue.

La solitude lui pèse, c’est un sentiment étrange pour Aomé qui jusque-là s’en était plutôt fait une alliée et ses pensées reviennent encore plus présentes vers ce jeune blanc au visage expressif, tellement que Aomé ne peut retenir l’exclamation amusée qui s’échappe de sa gorge au souvenir de cette rencontre pour le moins percutante.

Une série de craquements de branches lui fait relever la tête, attentif aux sons qui annoncent la présence d’une autre personne s’avançant dans la forêt.

Un cri de douleur le fait se relever d’un bond pour courir dans sa direction.

- Aïe !! Bordel !! Ça fait mal !!! Putain !! J’espère que je ne me suis pas pété la cheville !! Quel con je fais !! Comme si j’allais trouver Aomé tout seul dans cette forêt !! Aïe !!

Benjamin se redresse pour s’asseoir, il masse doucement sa cheville qu’il vient de se tordre en trébuchant dans un trou invisible sous le feuillage qui recouvre le sol.

- Fait chier !! Aïe !! Je suis bon pour une entorse !! Bon !! Va falloir y aller « Ben’j », j’aurais dû suivre les conseils d’Okoumé !!

Benjamin tente de se remettre debout.

- Putain la galère !!! Aïe !! Décidemment ça ne va pas le faire !!

Il se rassoit en reprenant son massage sur sa cheville qui déjà commence à gonfler, il sort son portable qui pour son plus grand désarroi ne capte aucun réseau.

- Manquait plus que ça !! Va falloir que tu te bouges mon grand, si tu ne veux pas passer la nuit dans cette forêt !! Si seulement Aomé était dans le coin !! Avec la chance que j’ai, il doit être à l’opposé s’il n’est pas déjà rentré !!

« Ben’j » commence à se rendre compte de son imprudence, il écoute les sons venant de cette nature pour lui hostile avec une pression au creux de l’estomac là où la peur commence à faire son œuvre dévastatrice sur lui.

Il met ses mains en porte-voix et commence à appeler le seul nom qui lui vienne à l‘esprit et qui serait susceptible de lui venir en aide.

- Aomé !! Houhou !!! Tu es là !!! Aomé !!! C’est « Ben’j » !!

***/***

Le jeune Masaï n’est pas loin, il observe depuis son arrivée le jeune homme qui semble décidemment si fragile au milieu de cette nature sauvage.

L’entendre l’appeler lui fait tout drôle, un sentiment nouveau pour Aomé que celui qui le pousse alors à accourir vers ce garçon pour s’agenouiller près de lui et le soulever dans ses bras comme le plus précieux des biens qu’il n’a jamais possédés.

***/***

Benjamin se sent soulever de terre avec une force et une douceur peu commune, son visage se tourne alors vers celui qui lui vient en aide et son cœur s’affole comme un gamin, en reconnaissant Aomé qui plonge ses yeux sombres dans les siens.

La douleur de sa cheville se fait moins présente, « Ben’j » enlace le cou d’Aomé pour le soulager de son poids et se faisant amène sa tête doucement sur son épaule, lui déclenchant un bien être comme il n’en a jamais connu jusqu’alors.

- Que fais-tu loin des tiens petit blanc ? Cet endroit est dangereux pour qui n’y est pas né, tu as de la chance que je t’aie entendu crier !! La nuit toutes sortes d’animaux chassent pour trouver leur nourriture et tu n’aurais certainement pas survécu, surtout avec ta cheville dans cet état.

Benjamin ne sait quoi répondre, comprenant bien que les remontrances d’Aomé sont méritées, il se contente alors de se serrer encore plus dans ses bras en lui déposant un baiser sur la joue ce qui trouble visiblement le jeune chasseur.

- Aïe !! Qu’est-ce que c’est encore ??

2eme année Pâques : (109/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre) (fin)

Aomé subitement gêné détourne soudainement son regard de celui de Benjamin, celui-ci passe une main derrière son dos ou plus exactement sur sa fesse qui vient de recevoir le coup de bambou qui lui a fait pousser son cri de surprise plus que de douleur.

Il attrape la tige végétale de sa main pour l’écarter au loin quand il se rend compte de ce que c’est exactement et marque à son tour un trouble certain en relâchant la chose qui reste droite comme un « I », prouvant s’il en était besoin l’effet sur Aomé du corps chaud de Benjamin dans ses bras.

La marche vers la ville reprend sans que les deux garçons osent une seule parole, « Ben’j » ressentant le contact du bambou sur sa fesse avec une régularité digne d’une montre Suisse lui démontrant l’extrême virilité du jeune Masaï et surtout de l’intérêt qu’il semble lui porter.

Arrivé aux portes de la ville, Benjamin se décide enfin à ouvrir la bouche.

- Tu ne crois pas qu’il serait bon d’attendre un peu avant de risquer de rencontrer des gens ?

- (Aomé) Pourquoi donc ?

- Le temps que tes ardeurs se calment ! Hi ! Hi !

En prononçant ses dernières paroles, Benjamin tapote gentiment le bambou toujours dressé.

- Je ne crois pas vraiment que ce soit sa position habituelle ! Hi ! Hi !

Aomé comprend enfin l’allusion et s’arrête en observant autour de lui avant de se diriger vers un bosquet près duquel il dépose son fardeau avec une douceur étonnante de la part d’un garçon à la carrure aussi marquée.

Benjamin peut enfin regarder la chose qui lui a donné des bouffées de chaleur pendant tout le bref trajet, une question lui vient aussitôt à l’esprit qu’il ne prend pas le temps d’analyser avant d’en faire mention à haute voix.

- Tu n’es pas trop serré là-dedans ?

Aomé n’ose lever le regard vers celui de Benjamin et c’est d’une petite voix qu’il lui répond.

- Si quand même !!

- Pourquoi tu ne l’enlèves pas alors ?

- Un homme ne montre pas son sexe devant un autre homme !! Surtout quand celui-ci est devenu dur !!

Benjamin sourit malgré lui, laisser à la vue de tous la magnifique paire de testicules qui pend en dessous ne semble pas le gêner plus que ça.

- Mais tu es nu pourtant et cela ne te fais rien ?

- La nudité n’est pas un tabou chez nous petit blanc seule la virilité des hommes faits en est un, le reste de notre corps au contraire montre la force du chasseur aux femmes qui choisissent alors celui qui leur fera des enfants solides et sains !!

Benjamin hoche la tête en guise de compréhension, un petit sourire s’échappe

néanmoins de ses lèvres quand sa main attrape gentiment la paire de couilles pendante qui à son contact se rétracte en même temps qu’un léger mouvement de recul prend leur propriétaire.

- Les femmes jugent-elles aussi la force des hommes à la grosseur de ce qui pend au-dessous de leur virilité ?

Aomé ne sait plus quelle réaction avoir devant ce geste intime aussi imprévu que plaisant, il reste tremblant devant celui qui le fait fondre comme jamais une seule personne ne l’a fait avant lui et qui de toute évidence n’a pas du tout l’intention de lâcher ce qui au contraire semble l’attirer au plus haut point, continuant avec de plus en plus de nervosité à s’emplir la main de ses boules douces et chaudes qu’il malaxe maintenant sans retenue.

La raideur du sexe d’Aomé le fait grimacer, celui-ci étant douloureusement compressé à l’intérieur du conduit creux pas vraiment fait pour le recevoir dans un tel état d’excitation, Benjamin s’en aperçoit et lui en fait la remarque gentiment.

- Peut-être que tu devrais l’enlever, tu serais plus à l’aise ?

- Peut-être que tu devrais arrêter tes manipulations aussi ?

- C’est ce que tu souhaites ?

Aomé hésite avant de pousser un profond soupir qui montre que le jeune chasseur vient de perdre à ce jeu où Benjamin sort grand vainqueur, il dénoue la liane retenant l’étui pénien et tente ensuite vainement d’ôter celui-ci.

« Ben’j » éclate de rire en comprenant que le sexe de son ami est coincé à l’intérieur du bambou, le rire communicatif fait qu’au bout de quelques secondes le sexe d’Aomé perd suffisamment de volume pour que son propriétaire puisse le sortir dans un étrange bruit d’air qui amène un fou rire encore plus fort.

Fou rire qui s’arrête très vite pour Benjamin qui découvre alors la beauté d’un noir d'ébène de cette hampe qui reprend très vite une raideur des plus démonstrative des pensées d’Aomé à son égard.

2eme année Pâques : (110/127) (Afrique) (Vendredi matin)

« Dans la chambre d’hôtel où logent Florian, Thomas et Antonin. »

Thomas se réveille le premier ce matin-là, la position qu’il a depuis une bonne partie de la nuit lui donnant des fourmis partout dans les bras.

Florian d’un côté et Antonin de l’autre, ont leur tête posée sur ses avants bras avec chacun un bras enlacé autour de son torse et une cuisse autour de son bassin.

Malgré l’inconfort de la position, Thomas ne peut s’empêcher de sourire à contempler ces deux crevettes endormies et qui comptent maintenant tout autant l’un que l’autre dans son cœur et dans sa vie.

Cette pensée l’interpelle car c’est bien la première qu’il a ne mettant pas exclusivement Florian dans ce genre de pensées et il est bien obligé d’admettre qu’Antonin a pris quasiment la même place depuis qu’il est arrivé dans sa vie.

« Une voix joyeuse dans sa tête »

- Tu comprends maintenant pourquoi je te disais qu’il avait quelque chose de plus, la première fois que je l’ai aperçu ?

- C’est pareil pour toi, non ?

- Pour moi tu seras toujours le seul, Thomas !! Mais rassure-toi, Antonin a lui aussi beaucoup d’importance à mes yeux !!

- Tu ne m’en veux pas ?

- Pourquoi le ferais-je ? Si Antonin est ici c’est parce que je l’ai voulu et je connaissais cette particularité qui vous rapprocherait, alors c’est en connaissance de cause que j’en ai pris mon parti !!

L’esprit de Thomas s’emplit d’une immense tristesse.

- C’est à cause de tes prémonitions ?

- C’est plus que ça tu sais !! Je commence à percevoir un peu ce qui se cache derrière le voile dans ma tête.

- Tu ne me cacherais rien ?

- Je te l’ai dit Thomas, pour moi tu es le seul qui comptera jamais !!

- Pourquoi « Anto » alors ?

- Parce que je l’ai voulu comme ça !!

- Je ne comprends pas Florian !!

- J’ai la conviction que ce que nous vivons depuis toutes ces années n’est qu’une illusion, juste le fruit de mon cerveau et que tout ce qui nous arrive est trop extraordinaire pour être réel. Par contre je te promets que nous vivrons notre amour un jour pour de vrai et ce jour-là il n’y aura personne d’autres que nous deux, ce sera la vraie vie tu comprends.

- Comment pourrais-je comprendre ce qui me semble aussi incroyable !! Nous sommes bien réels, c’est notre vie !! Tu es ce que tu es et nous le vivons depuis toutes ses années.

- Je n’ai pas toutes les réponses « Thom » !! Juste qu’au fond de moi j’ai la certitude que notre existence sera différente de celle-ci, il nous faudra du temps pour nous retrouver mais je sais que nous y arriverons et une fois fait, je serais alors libéré de ce pouvoir à changer les choses pour que tout aille toujours comme j’en ai envie comme c’est le cas ici.

- Je t’aime Florian !! Pas besoin de chercher dans un éventuel ailleurs ce que nous sommes et je suis prêt à ne vivre qu’avec toi si cela peut nous permettre de continuer cette vie que nous vivons.

- Sans Antonin ?

- Oui !!!

- Tu ne le peux pas Thomas !!

- Mais pourquoi donc à la fin !!

- Parce que j’ai mis Antonin sur ton chemin pour que tu ne sois jamais seul.

- Tu devrais voir Philippe tu sais ? Il saurait t’enlever toutes ces idées de ta tête.

- Tu me crois fou ?

- Bien sûr que non !! Juste troublé !! Mon sentiment est que tu as raison sur certains points mais que tu n’en déduis pas les vraies causes, Philippe pourra t’aider à y voir plus claire sur ce que tu es en réalité.

- Ah !! Parce que tu crois qu’il ne l’a pas fait pendant toutes ces années ? Sais-tu ce que je suis pour lui ? Bien sûr puisque tu es lié avec moi par l’esprit !!

- Justement « Flo » !! Je pense sincèrement qu’il a raison !!

- Que je viens d’ailleurs ? C’est ça ?

2eme année Pâques : (111/127) (Afrique) (Vendredi matin) (suite)

- Exactement ! Comment expliquer autrement sinon ce que tu es ? Toutes ces choses dont tu es capable ?

- Pffttt !!! Fariboles que tout ça !!

- Tu n’y crois pas ?

- Plus depuis quelque temps !! J’ai fait des découvertes ces derniers jours qui me confortent dans l’idée de ce que je suis en réalité.

- Comme par exemple ?

- Que personne n’a de souvenirs d’avant que j’entre dans leur vie !!

- D’où tu sors un truc pareil ??

- J’ai eu l’occasion de m’en assurer crois-moi !!

Un mouvement dans le lit nous fait interrompre cette conversation mentale, j’ouvre les yeux et accueille le réveil d’Antonin avec le sourire, Thomas pour sa part me fixant avec intensité avec toujours en mémoire ce que nous venons de nous dire.

***/***

« Presbytère »

Aomé s’étire avec volupté, la nuit qu’il vient de passer restera un moment fort de sa vie et d’y repenser le fait se lever d’un bond, sortir de la chambre où il dormait avec son père et ses frères, afin d’aller soulager sa vessie pour ensuite faire une toilette rapide avant de retrouver le père Antoine qui déjeune tranquillement avec le curé qui l’a si gentiment accueilli lui et ses ouailles pour ces quelques jours.

- Bonjour Aomé, tu es rayonnant ce matin !! Serait-ce de retourner dans ton village qui te met de si bonne humeur ?

Visiblement ce n’est pas le cas car à peine terminées ces paroles, le père Antoine voit le visage du jeune Masaï se rembrunir.

- Qu'y a-t-il mon garçon ? L’idée de retrouver ta tribu ne semble pas te réjouir !

C’est à ce moment précis qu’Okoumé entre dans la pièce à son tour et entend les dernières paroles du vieux père.

- Peut-être es-tu triste de quitter aussi tôt un nouvel ami mon fils ?

- C’est le cas père !!

- Je comprends !!

Aomé observe son père avec une certaine surprise mêlée au trouble manifeste de ce que sa conscience lui remet en mémoire.

- Vraiment père ?

- Vraiment mon fils, chaque génération de notre famille a eu un de ses fils qui a connu ce que tu ressens.

- Parlons-nous de la même chose père ?

- Très certainement !! Le jeune blanc qui t’a heurté durement hier est venu pour s’excuser et j’ai lu dans son regard ce que j’avais déjà remarqué dans le tien quand tu as figé ta lance près de son visage, je lui ai indiqué où tu étais et je pense que vous vous êtes retrouvés n’est-il pas vrai ?

- Heureusement pour lui père, il s’était blessé à la cheville et ne pouvait plus marcher, tu connais comme moi les dangers de la jungle pour un homme seul et sans défense, difficile d’y survivre pour un homme aguerri, alors pour un jeune blanc qui en plus n’est pas d’ici !!!!

- Ton cœur doit être bien triste mon fils.

Le père Antoine écoute depuis le début ce qui au premier abord lui semblait incompréhensible et qui petit à petit lui fait comprendre le sens de cette conversation entre un père et son fils, s’attristant à son tour de ce qui sera très certainement une nouvelle épreuve pour ce garçon qui a déjà beaucoup souffert.

Aomé voit bien les regards bienveillants des hommes autour de lui, leurs expressions sont dépourvues de ce qu’il pouvait s’attendre à y lire et il comprend alors qu’ils ne le jugeront pas, mais qu’au contraire ils sont de tout cœur avec lui à partager sa tristesse.

- Les dieux sont contre moi !!

- (Okoumé) Pourquoi des paroles aussi sévères sur tes lèvres ?

- (Le père Antoine) Au contraire mon fils, tes dieux vous ont permis de vous rencontrer !!

- Pour nous séparer aussitôt après ?

- Les voies du Seigneur sont impénétrables mon fils !!

2eme année Pâques : (112/127) (Afrique) (Vendredi matin) (suite)

« Anthony »

Alice se promène au bras de son chéri avec une joie manifeste, celui-ci regardant ou plutôt dévorant du regard tout ce qui se présente à lui.

- Tu n’as plus tes maux de tête ?

- Ça va chaque jour un peu mieux et mes souvenirs de mon ancien état sont revenus comme avant.

- Ça doit te faire une drôle d’impression ?

- Oui… mais c’est merveilleux crois-moi !! Ce que je trouvais normal en sortant d’opération est devenu pour moi mieux qu’un miracle.

- (Alice) Mais c’en est un tu sais !! Florian a pourtant longtemps hésité avant d’avoir l’idée de ce qu’il a fait pour que tout soit enfin possible et se passe pour le mieux pour toi.

- C’est plus qu’un ami Alice !! Il peut me demander ce qu’il veut, je le ferai avec joie pour lui !!

- Nous tous aussi !! Nous allons rester quelques mois ici pour qu’en rentrant ta guérison devienne plausible, Frédéric s’est renseigné et il y a une fac francophone à quelques centaines de kilomètres d’ici qui pourra nous recevoir pour que nous ne perdions pas notre année.

Anthony prend sa chérie par la taille en la fixant avec maintenant des yeux pleins de vie, d’une intensité telle qu’ils font frissonner la jeune femme.

- Nous ? Comment ça nous ? Tu restes avec moi ?

Alice sourit en comprenant le bonheur de ces paroles sur celui qu’elle aime d’un amour fou.

- Et bien si mes renseignements sont bons, nous ne serons pas les seuls !!

- Non !! Sans déconner !!

- Le père des triplés s’est vu confier une mission, sans doute en rapport avec la sécurité de Florian et il va vivre ici également avec sa famille.

- Ouah !!! C’est cool !! J’adore les triplés en plus, ils sont trop sympas. Mais ils ne vont pas faire la gueule d’être séparés de leurs chéris ?

- J’ai cru comprendre que la mère d’Anne et de Cindy va aussi être mutée ici à sa demande, elle a bien compris que c’était du sérieux pour ses filles avec les deux « Jo ».

- Reste Jonas et Benjamin dans tout ça !! Pour « Ben’j » pas de soucis qu’il vive avec sa famille puisqu’il est encore trop jeune pour avoir une chérie, mais je ne vois pas Jonas loin de son Antoine !!

- Mais enfin « Antho » !! Tu découvres vraiment tout ce que je te dis ?? C’est pourtant le sujet de conversation numéro un de la bande en ce moment !! Antoine finira ses études ici lui aussi, il a demandé son affectation dans le régiment qui va être mis en place pour la protection du nouveau site.

- Et bien dit donc !! Tout roule alors !!

- Presque oui !! Mon frère reste en France avec le tien, j’ai parlé avec eux et ils préfèrent ça pour ne pas laisser nos parents seuls.

- Bah !! Ce n’est que l’affaire de quelques mois et nous rentrerons chez nous, quitte à revenir tous ensemble le moment venu !!

***/***

« Benjamin »

Anne observe son frère depuis qui les a rejoints pour le petit déjeuner, la tristesse qu’elle peut lire sur son visage lui laisse à penser que ce n’est pas gagné pour lui quant à ses amours avec son jeune sauvage.

C’est du moins ce qu’elle pense, ne voyant pas quoi d’autre pourrait l’attrister autant et c’est une parole de Jonas qui change l’ambiance de cette matinée.

- C’est cool qu’on reste tous ici pas vrai ?? En plus Antoine ne repartira que pour quelques semaines avant de revenir avec son peloton, comme ça nous ne serons pas séparés, qui l’aurait cru pas vrai ?

Benjamin redresse vivement la tête, le visage plein d’espoir.

- Qu’est-ce que tu viens de dire là ? C’est quoi cette histoire ? Qui reste où ?

- (Jonas) Au lieu de partir cavaler pour aller te casser la gueule dans la jungle, si tu étais resté avec nous tu le saurais !!

- Je saurais quoi ?

- Et bien que mes parents et ta mère arrivent, ils sont mutés ici pardi !!

- De quoi ??

Benjamin se lève d’un bond, en oubliant presque son entorse qui elle se rappelle douloureusement à lui mais il n’en a cure et quitte la pièce en boitillant, aussi vite qu’il le peut sous le regard surpris de ses amis.

Jordan regarde sa chérie avec étonnement.

- Quelle mouche le pique ?

- Je pense qu’il est parti annoncer la nouvelle à quelqu’un à qui il tient déjà beaucoup ! Hi ! Hi !

Marc regarde Flavien en lui faisant un clin d’œil.

- Il reste un célibataire tu disais ! Hi ! Hi ! C’était avant qu’on lui présente « Flo », l’effet a été rapide encore cette fois !! Qu’est-ce qu’il va nous ramener celui-là ? Fille ou garçon ?

-

2eme année Pâques : (113/127) (Afrique) (Vendredi matin) (fin)

« Balade matinale en limite de la ville. »

Antonin tient la main de ses deux amoureux avec la sensation de n’avoir jamais été aussi heureux, la matinée est splendide et le temps semble redevenir plus clément, une douce chaleur d’été comme il la connait en France lui caresse le visage en lui réchauffant le corps.

L’endroit lui aussi est merveilleux, la civilisation d’un côté avec cette ville coloniale et la jungle de l’autre avec ses mystères et ses dangers, l’ensemble se côtoient avec une certaine harmonie qui donne au lieu un effet reposant.

Des pas rapides les font se retourner pour voir arriver sur eux Taha accompagné par ses deux frères, ils sont tous les trois armés de leur lance ainsi que de l’arc et du carquois rempli de flèches qui ne les quittent que rarement.

L’éclat dans les yeux de Taha prouve mieux que n’importe quelle parole combien il est heureux de voir ses amis, Akim pour sa part se jette dans les bras de Florian alors que Aomé semble plus réservé et visiblement préoccupé par quelque chose qui l’empêche d’apprécier le moment présent à sa juste valeur.

- (Akim) Nous partions à la chasse quand nous vous avons aperçus !! Voulez-vous venir avec nous ?

- (Thomas) Pourquoi pas !!

Taha observe son ami Florian qui n’a pas l’air aussi joyeux que ses deux amis, il croit en connaître la raison et juge bon de préciser.

- Nous devons chasser pour trouver notre nourriture, vous vous nourrissez de viande aussi il me semble.

- (Thomas) Bien sûr !! Je ne vois pas pourquoi tu nous dis ça !!

- (Taha) Parce que Florian fait une drôle de tête à l’idée de venir avec nous.

- Détrompe-toi Taha !! Je conçois très bien la nécessité de chasser pour se nourrir, juste que je n’aime pas voir donner la mort.

Mes paroles amènent un silence gêné de la part de mes amis et une idée me vient alors qui me redonne l’envie de sourire.

- Peut-être pour une fois voudriez-vous voir comment vivent ces animaux ?

- (Aomé) Ils sont trop farouches pour se laisser approcher !

- C’est parce qu’ils se sentent menacés en votre présence, l’instinct de survie est très fort pour tout être vivant quel qu’il soit et encore plus pour eux qui sont en perpétuel danger à lutter chaque instant pour leur survie, mais il est possible de les approcher si nous savons les mettre en confiance.

- (Aomé) C’est sans doute le cas là où tu vis, mais ici c’est une lutte constante pour rester en vie et seul les plus forts y arrivent le temps nécessaire à se reproduire.

- (Akim) Moi je veux bien que tu me montres !!

- Alors déposez vos armes et suivez-moi !!

- (Taha) Tu n’y penses pas Florian !! Sans arme nous serions à la merci du premier prédateur que nous rencontrerions !!

- N’aurais tu pas confiance en mes paroles mon ami ?

- (Thomas) Ce ne sont pas ces mêmes prédateurs qui vous ont aidés dernièrement ?

- (Aomé) Ils étaient envoyés par nos dieux !!

- (Thomas) Comment ceux de ta tribu appellent notre ami déjà ?

Thomas sourit à la lueur de compréhension qu’il peut lire sur le visage des trois frères.

- Faites comme Florian vous demande et vous vivrez certainement quelque chose d’unique, j’avoue que je suis curieux de voir ça moi aussi.

Taha dépose ses armes, bientôt imité par Aomé et Akim, ils les recouvrent ensuite de branchages pour les dissimuler et se tournent vers celui dont ils ont oublié un instant ce qu’il était.

- Où allons-nous ?

Je tends la main vers la jungle.

- Là où ils sont pardi !!

***/***

« Une heure de marche plus tard »

Les amis arrivent dans une zone où les arbres laissent place à une végétation de hautes herbes et de fourrés constitués d’arbustes fleuris, les six garçons s’arrêtent pour admirer ce paysage naturel que l’homme n’a pas formaté à sa convenance.

- (Antonin) C’est beau ici, pas vrai les gars ?

Les trois frères Masaï sourient car pour eux rien n’est plus banal que l’endroit où ils sont arrivés.

- (Taha) Ça te change de ton pays pas vrai ?

- (Antonin) C’est magique !!

- (Thomas) Je suis d’accord avec lui quoi que cela semble plutôt désert par ici !!

- C’est parce que tu ne sais pas regarder mon grand !! Ce lieu est plein de vie au contraire !! Suivez-moi !!

Après plusieurs centaines de mètres à marcher en file indienne, je m’arrête en leur montrant une zone de la main.

- Attendez ici les gars !! Je vous ferais signe de me rejoindre quand ce sera le moment.

J’avance dans la direction que je leur ai indiquée, le troupeau d’antilope sent ma présence et lève la tête au-dessus des hautes herbes pour tourner vers moi leurs grands yeux intrigués.

Antonin ouvre grand les siens quand il aperçoit le troupeau qui jusqu’à cet instant était complètement invisible.

- Vous voyez ça les gars ?? Pourquoi ne se sauvent-elles pas ??

Taha regarde le petit blanc avec étonnement avant de revenir vers Thomas, visiblement troublé.

- Votre ami ne sait donc pas pour Florian ?

Thomas enlace Antonin toujours aussi éberlué de ce à quoi il assiste, pour l’embrasser sur le front avant de répondre.

- « Tonin » en découvre chaque jour davantage et tu sais bien que certaines choses ne sont jamais clairement révélées quand il s’agit de Florian.

- (Antonin) Quelles choses ?

- (Thomas) Celle-ci par exemple !! Florian a un « don » avec la vie quelle qu’elle soit, il communique avec les animaux et ceux-ci ont confiance en lui, ils seraient même capables de tuer s’ils le sentent menacé.

- (Antonin ahuri) Wouah !!!! J’y crois pas !!! Et c’est déjà arrivé ?

Thomas hoche la tête gravement.

- Hélas oui !! Trop souvent à mon goût !!

2eme année Pâques : (114/127) (Afrique) (Vendredi après-midi)

« Hôtel en ville »

La chaleur devient accablante, signant la fin de cette vague inhabituelle de froid comme le pays n’en avait jamais connu et les climatiseurs de l’hôtel reprennent leurs vrombissements sourds à la plus grande joie de tous ses clients peu pour ne pas dire pas du tout habitués à cette fournaise.

Seul Amid ne semble pas affecter plus que ça de cette température dépassant allégrement les trente-cinq degrés, il est même heureux de rester sur la terrasse à laisser son corps reprendre sa couleur de pain doré que le temps passé en France et ensuite celui à se remettre d’aplomb lui avait fait perdre.

Christophe le regarde à travers la vitre de la porte fenêtre, ne trouvant pas le courage de le rejoindre sous cette étuve et sursaute en sentant deux mains lui prendre les épaules amicalement.

- Il a bien changé depuis ces derniers mois !! C’est grâce à toi !!

- J’aimais bien aussi ses petites poignées d’amour !!

- (Joseph) Je suis sûr que lui se préfère comme il est maintenant !!

- Pourquoi ne pouvons-nous pas nous aimer sans nous cacher sans cesse ?

- Parce que ce n’est pas dans la culture de son pays d’accepter ce genre de liaisons mon garçon !!

- Par contre ça ne les dérange pas que les hommes aient le droit d’avoir plusieurs épouses ? Avoue quand même qu’il y a matière à critiques sur la condition et le droit des femmes,

- (Joseph) Chaque nation a ses lois et ses traditions, tu ne pourras rien y changer.

- C’est parce que nous nous aimons qu’Hassan nous a éloigné de lui ?

- (Joseph) Bien sûr que non voyons !!

- Pourquoi alors ?

- (Joseph) Parce que ça devenait trop dangereux pour vous deux, vous n’avez pas écouté mes conseils et n’en avez fait qu’à votre tête, voilà pourquoi !!

- C’est trop dur tu comprends ? Nous avons tout le temps envie de nous serrer dans les bras l’un de l’autre !!

- (Joseph) Hassan y arrive bien, lui !!

- Il n’aime peut-être pas autant Omar que moi Amid ?

- (Joseph) Je t’assure que si pourtant, ils ont juste compris qu’il était dans leur intérêt de ne pas s’exposer à la vindicte populaire et ils en ont fait un jeu qui leur pimente leurs moments intimes, alors que vous n’y voyez qu’une brimade à votre amour.

- Un jeu tu dis ??

- (Joseph) Oui parfaitement !! Un jeu qui consiste à faire croire qu’ils ne sont qu’un émir et son assistant, un jeu qui leur permet de se retrouver comme des gamins dans des lieux discrets où ils profitent alors de leur corps en se moquant de ceux qui n’y voient que du feu.

- Pffftt !! Tout le monde au palais est au courant !!

- (Joseph) Disons plutôt que les plus proches de l’émir ont de sérieux doutes, mais rien justement ne vient jamais leur en apporter la preuve irréfutable ne serait-ce quelques œillades qu’ils s’autorisent et qui peuvent être tout aussi bien interprétées tout autrement, comme une très forte complicité amicale par exemple.

- Alors que nous ce n’est pas le cas ?

Joseph sourit car au moment même où Christophe pose la question, Amid qui vient de s’apercevoir de sa présence derrière la vitre met sa bouche en cœur pour lui envoyer un baiser les yeux brillants comme un brasier.

- (Joseph) Pas vraiment, non ! Hi ! Hi !

Christophe rougit violement en haussant les épaules.

- Ici ce n’est pas pareil !!

- (Joseph) Ici peut être, encore que ça puisse aussi être dangereux !! Le hic, c’est que vous faites pareil sans même vous en rendre compte là-bas !!

- Qu’est-ce qu’on doit faire alors ?

- (Joseph) Ecouter ceux qui essaient de vous éduquer par exemple, ne penses-tu pas que ce serait déjà un bon début ?

Christophe regarde toujours son chéri qui n’arrête pas un instant de l’aguicher depuis qu’il se sait observer, une forte érection lui brûle les reins et ne serait-ce la présence de Joseph près de lui, Christophe en ferait certainement autant ou serait déjà dans ses bras.

- Il y en a un qui sera difficile à convaincre ! Hi ! Hi ! Mais regarde-le !! Hi ! Hi ! Il est complètement barge !! Le soleil doit lui avoir tapé sur la tête ! Hi ! Hi !

- (Joseph) Faut dire aussi qu’il a un bon public et c’est là où tu devrais le sermonner, plutôt que d’entrer dans son jeu !! Un jour il aura la charge de son père et vous devrez être prêts, alors autant prendre dès maintenant les bonnes habitudes !!

Amid montre la fenêtre de leur chambre d’un regard qui ne laisse aucun doute sur ses intentions, Christophe en a la gorge subitement sèche et ne pense plus qu’à l’y rejoindre, aussi c’est avec une phrase laconique qui laisse son mentor sur le cul, qu’il le quitte sans en attendre une quelconque réponse.

- D’accord Joseph !! On commencera demain, promis !!

2eme ANNEE Pâques : (115/127) (Aix en Provence)

« Cabinet de psychiatrie »

Toc ! Toc !

Philippe relève la tête de ses dossiers en cours.

- Oui !! Qu’est-ce que c’est ?

Sa secrétaire entre dans le bureau, l’air contrariée des mauvais jours.

- C’est votre ami monsieur Alain Louvain qui désire vous voir, cela semble assez urgent !!

- Et bien !! Faites-le entrer !!

- Bien docteur !

Philippe range rapidement ses papiers en se demandant bien ce qui peut amener son ami à faire le déplacement jusqu’à son bureau, la porte s’ouvre et le psychiatre se lève pour accueillir son visiteur.

- Alain !!! Quelle surprise !! Qu’est ce qui t’amène ?

Alain est visiblement soucieux, son regard montre combien son inquiétude est grande.

- As-tu des nouvelles de Michel et Maryse ?

- Pas depuis quelques jours, pourquoi ?

- Tout est fermé chez eux depuis avant-hier soir et ils ne répondent pas au téléphone.

- (Philippe) Tu les connais pourtant !! Sans doute seront-ils partis visiter un ami.

- Je sais que tu as une clé de leur maison et je me disais que tu pourrais aller voir avec moi si tout va bien.

- (Philippe) Tu as fait tout ce chemin rien que pour ça ?

- En fait non !! J’avais à faire en ville, j’ai juste profité de l’opportunité pour passer aux nouvelles.

- (Philippe) Tu es venu en voiture ?

- Non !! Je préfère les transports en commun, c’est plus simple pour se garer tu comprends ?

- (Philippe) D’accord !! Alors si tu le veux bien, je te raccompagne jusqu’à chez toi et nous ferons un arrêt jusqu’à chez Michel, mais je suis certain qu’ils se sont juste absentés.

- Evelyne s’inquiète pour eux, Miquette miaule en passant devant leur porte et c’est bien la première fois que notre chatte réagit comme ça !!

Philippe fronce les sourcils, soudainement inquiet à son tour et il se lève pour prendre son pardessus, son cache nez et son bonnet, accessoires absolument nécessaires avec le froid piquant de ces derniers jours.

- Ne perdons pas plus de temps si tu veux bien ? La réaction de Miquette n’est pas normale, j’espère qu’il ne leur est rien arrivé !!

***/***

« Devant chez les De Bierne »

La voiture se gare devant la maison encore recouverte de givre du froid inhabituel de ces derniers jours, les portières claquent quand les deux hommes en sortent et se dirigent d’un pas rapide jusqu’au perron.

Philippe après avoir sonné avec insistance plusieurs fois, sort son trousseau de clés de sa poche et ouvre avec nervosité la porte, l’odeur qui leur arrive aux narines les font se regarder un instant avec effroi.

Philippe suivi d’Alain entre alors pour se diriger immédiatement vers l’étage où une mauvaise prémonition leur fait monter quatre à quatre l’escalier jusqu’à la porte close de la chambre de leurs amis, celle-ci est rapidement ouverte en les laissant livides devant l’horrible spectacle qu’ils découvrent.

- Mon Dieu !!! Non !!!

2eme année Pâques : (116/127) (Aix en Provence) (fin)

Les deux hommes restent un long moment figé devant les cadavres de Michel et Maryse, qui gisent étrangement tordus sur le lit comme s’ils avaient connus une souffrance sans nom.

Alain ne peut retenir son estomac et vomit dans le couloir en s’accoudant au mur, Philippe réagit rapidement pour soutenir son ami et l’éloigner de cette vision d’horreur, en l’aidant à redescendre jusqu’à la cuisine où il lui tend un verre d’eau fraiche.

- Ça va aller ?

Alain boit une longue gorgée, le corps tremblant encore de l’atroce vision de ses vieux amis étendus morts depuis certainement plusieurs jours.

- Comment est-ce possible ?? Qui a bien pu faire une chose pareille ??

- (Philippe) Nous n’en savons pas assez pour faire ce genre de remarques !! Je vais prévenir la police, tu ferais bien d’aller t’asseoir dans un des fauteuils du salon le temps de te reprendre.

Alain fond en larmes, la pression des dernières minutes est trop forte pour lui et c’est avec peine qu’il arrive à se trainer jusqu’au salon pour s’y asseoir comme le lui a conseillé son ami.

- Mon Dieu !!

***/***

« Un quart d’heure plus tard, bureau de Maurice »

Maurice raccroche le visage blême, ce qu’il vient d’apprendre le laisse un moment sans réaction et ce n’est qu’en prenant sur lui-même, qu’il décroche le téléphone de nouveau.

- Allô !! Désmaré !!

- ……….

- Faites-moi préparer un véhicule rapide avec chauffeur !!

- ……………

- Immédiatement, oui !!

***/***

« Maison des De Bierne »

L’ambulance suivie du véhicule de gendarmerie quittent le lotissement, reste à l’intérieur de la maison les deux enquêteurs de la police scientifique qui relèvent un maximum d’information pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.

L’attroupement autour de la maison montre combien les voisins pour la plupart tous amis du couple De Bierne, sont ahuris et atterrés de ce qu’ils viennent d’apprendre, soutenant de leurs mieux les plus proches de la famille qui ont les yeux rougis de chagrin du malheur qui vient de frapper.

Philippe a raccompagné Alain chez lui et reste silencieux devant l’affliction du couple Louvain, lui-même étant dans un état proche du leur et ne serait-ce son métier qui l’a suffisamment endurci depuis ces longues années, il s’effondrerait lui aussi du fait de la perte de ces deux personnes qu’il avait appris à aimer depuis qu'il les a vues pour la première fois entrés dans son cabinet en tenant la main de leur petit-fils.

Evelyne prend son téléphone en tremblant, s’apprêtant à composer un numéro quand il la retient d’une voix éteinte mais suffisamment ferme pour lui faire stopper son geste.

- Pas encore !! Attendons plutôt les conseils de Maurice avant de prévenir qui que ce soit !!

- (Evelyne) Florian doit savoir !!

- (Alain) Philippe a raison !! Nous ne savons pas ce que seront ses réactions, il vaut mieux attendre Maurice ma chérie. En plus nous ne savons rien de ce qui s’est passé exactement, nous sommes encore trop perturbés par ce qu’il vient d’arriver.

- (Philippe) Je ne voudrais pas être celui qui annoncera la mauvaise nouvelle à Florian, nous allons sans doute lui faire un choc énorme et il est préférable de prendre le temps à bien réfléchir à comment le lui annoncer, il faudra que les personnes autour de lui sachent comment réagir au cas où il entrerait une nouvelle fois en transe.

***/***

« Véhicule de la DST en route vers Aix en Provence »

Maurice est en liaison satellite avec Dorian et Gérôme, il leur explique le drame qui vient d’arriver et leur donne ses dernières recommandations.

- Pas un mot pour le moment tant que nous n’en saurons pas plus sur les causes du décès de ses grands-parents.

- (Gérôme) Il faudra bien qu’il l’apprenne !!

- (Maurice) Nous attendrons le moment opportun pour le lui dire, pour l’instant nous ne saurions répondre à ses questions !!

- (Dorian) Un meurtre monsieur ?

- (Maurice) D’après les premiers rapports, ce ne serait pas le cas !! Les légistes n’arrivent toutefois pas à comprendre ce qui a bien pu arriver, ils disent que la mort serait naturelle mais que la position des corps n’y était pas !!

- (Dorian) Je ne comprends pas !!

- (Maurice) Eux non plus !! J’y serais dans quelques heures et j’espère en savoir plus d’ici là, le mieux serait que vous évitiez Florian en attendant !! Il vous connaît trop bien et s’apercevrait aussitôt que vous lui cachez quelque chose !!

2eme année Pâques : (117/27) (Afrique) (Vendredi fin d’après-midi)

« Retour à la ville »

Les six amis arrivent à l’endroit où les trois frères ont caché leurs armes, ceux-ci les récupèrent avec encore dans les yeux l’émerveillement de cet après-midi hors norme à côtoyer des espèces impossibles d’habitude à approcher.

Antonin dévore des yeux son chéri qui lui a fait découvrir la faune régionale comme jamais il n’aurait pu imaginer le faire un jour.

***/***

Pour ma part je profite de cette balade pour mieux connaître le frère ainé de Taha, un garçon qui me semble préoccupé tout en faisant en sorte de paraître joyeux devant ses frères.

- Pourquoi toute cette tristesse en toi Aomé ?

Le jeune Masaï regarde celui que sa tribu appelle le dieu des dieux avec des yeux étonnés.

- Suis-je aussi mauvais acteur que tu puisses lire dans mon cœur ?

- Il semblerait bien ! Hi ! Hi ! Une peine de cœur peut être ?

- Comment peux-tu deviner cela cheveux de feu ?

- Parce que peut être j’en connais la cause Aomé ! Benjamin est un garçon très attachant pas vrai ?

Aomé stoppe brusquement sa marche en regardant avec surprise celui qui semble déjà tout connaitre de ce qui pour lui est pourtant tout récent.

- Serais tu réellement ce que prétendent ceux de mon peuple ?

- Tu en penses quoi toi ?

Aomé passe sa main sur sa joue où durant toutes ces années une énorme cicatrice lui défigurait le visage.

- Je ne sais qu’en penser !! Pourtant ce que tu fais démontre qu’il y a sans doute une vérité dans ces croyances.

- Si je te disais que je n’en sais rien moi-même ? Me croirais-tu ?

- En accepterais-tu la possibilité ?

- Pourquoi pas !! Malgré que ça me semble improbable, ceux que tu appelles des dieux ne sont en fait que des êtres venant d’ailleurs et ayant vécu si longtemps qu’ils ont acquis des pouvoirs dus sans doute à l’évolution naturelle, j’ai été habité toute ma vie par un de ces êtres et sans doute m’a-t-il aidé à évoluer plus vite que le commun des mortels.

- Tes paroles sont étranges cheveux de feu !! Voudrais-tu me faire croire que nous deviendrons nous aussi comme eux ?

- Sans doute, oui !! Mais dans si longtemps que tu ne peux le concevoir.

Aomé secoue la tête, visiblement dépassé par la conversation et il reprend sa marche pour rejoindre les autres, changeant de sujet de conversation pour revenir à ce qui le préoccupe.

- Benjamin t’a parlé de moi ?

- Non, pourquoi ?

- Alors comment peux-tu savoir ?

- J’ai des yeux et je sais m’en servir !! Alors j’ai raison ? Il y a bien quelque chose entre vous deux ?

Aomé hésite, parler de ces choses-là librement est pour lui quelque chose d’inhabituel.

- Taha a prié nos dieux et Naomé est devenue femme !!

- C’est ce que tu voudrais pour « Ben’j » ?

- Bien sûr que non !! Taha aime les femmes, il était malheureux que Naomé soit un garçon et les dieux l’ont écouté.

- Alors que toi tu préfères les garçons ?

- Je sais que tu garderas mon secret, cheveux de feu !! Mon peuple me bannirait s’il le découvrait, de toute façon la question ne se pose pas puisque Benjamin va repartir dans sa tribu.

- Hum !! Le tam-tam doit être en panne par chez toi alors ! Hi ! Hi !

Aomé s’arrête une fois de plus, le regard rivé dans celui du jeune blanc qui semble amusé par la détresse qu’il ressent à l’idée du départ de Benjamin.

- Je ne comprends pas tes paroles, ni pourquoi tu sembles t’amuser de la tristesse qui est dans mon cœur ?

- Excuse-moi si c’est l’impression que je t’ai donnée Aomé, je voulais juste dire que tu n’étais pas au courant des dernières nouvelles et que ton ami ne repartira pas, sa famille reste ici pour travailler à la protection du grand dispensaire.

- C’est vrai ???

- Bien sûr que oui !! Je ne doute pas que Benjamin fera souvent le voyage pour te rendre visite, ou du moins rendre visite au vieux père Antoine en espérant que tu y seras toi aussi.

Je me sens soulever du sol avec une force extraordinaire puis plaquer contre le corps d’Aomé qui me serre avec force, enivré par l’odeur de musc de ce garçon à la joie soudainement devenue débordante.

Nos amis nous regardent de loin sans comprendre les raisons d’un tel débordement d’affection, ils voient ensuite Aomé me reposer au sol et prendre ses jambes à son cou pour retourner vers la ville sans les attendre, trop pressé d’avoir la confirmation par Benjamin lui-même de mes paroles.

Ce n’est que quand je les rejoins, que j’ai droit à un interrogatoire en règle sur le pourquoi de cet empressement d’Aomé à nous quitter.

- (Taha) Où va donc mon frère avec autant de fougue ?

- Trouver l’amour de sa vie ! Hi ! Hi !

- (Taha) Dans la grande ville ?

2eme année Pâques : (118/127) (Afrique) (Vendredi fin d’après-midi)

« Presbytère »

Les préparatifs pour le retour au dispensaire battent leur plein parmi les sœurs infirmières, aidées par le vieux père et surtout par Okoumé qui se charge des bagages les plus lourds, qu’il range au fond du camion qui va les ramener le lendemain matin après une bonne nuit de repos.

C’est alors qu’il transporte une lourde malle qu’il voit venir vers lui son ainé courant à toutes jambes, un sourire venant aux lèvres d’Okoumé qui a vu accourir Benjamin de la même façon quelques heures plus tôt et qui depuis attend nerveusement le retour de son fils en stressant plus qu’en aidant les braves sœurs.

Son sourire se transforme vite en inquiétude quand il pense soudainement aux implications malheureuses qui risquent d’en découler, Okoumé cherche déjà comment éviter le pire à son fils quand sera connu de tous son penchant certain pour le jeune blanc.

Le caractère entier d’Aomé ne se satisfera pas comme pour Taha de voir celui qui fait battre son cœur en cachette et les implications sont hélas inscrites depuis des temps immémoriaux dans les traditions de la tribu, la sentence de bannissement étant pour Aomé le moindre mal depuis qu’elle a été instituée à la place de l’ancienne qui était alors fatale aux condamnés.

Une main frêle et ridée vient se poser sur son épaule, se voulant rassurante.

- Il y a toujours besoin d’hommes forts pour aider au dispensaire, Aomé y trouvera sa place et je prendrai soin de lui comme un fils.

- Loué soit le jour où vous êtes arrivé parmi nous père Antoine !! J’étais enfant alors et déjà vous comptiez beaucoup pour moi, maintenant ce sont mes fils qui vous sont redevables.

Le père Antoine voudrait répondre que ce qu’il a fait a été fait par amour, mais il n’en a pas le temps que déjà Aomé arrive sur eux le souffle régulier malgré la longue course.

- Père !! Nous partons déjà rejoindre la tribu ?

- Demain matin mon fils !!

Le visage d’Aomé marque visiblement le soulagement qu’a occasionné sa réponse.

- Te plairais-tu ici mon fils, que ton visage s’éclaircit à l’idée de passer une nuit de plus dans cette ville ?

- Je voulais juste prendre des nouvelles du jeune blanc que j’ai ramené avec la cheville blessée avant de partir père !!

- Tu n’auras pas à le chercher bien loin, il semble que lui aussi te cherchait !!!

- Ou est-il père !!

- Dans les cuisines à faire perdre la raison aux sœurs sans doute !!

Okoumé attrape son fils et lui colle le front contre le sien en le fixant dans les yeux, Aomé ne baisse pas le regard et ressent tout l’amour qui ressort de cette étreinte, quand son père le libère enfin.

- Soit le premier de notre famille à vivre ta différence dans la sérénité mon fils, sache que je serais toujours fier de toi !!

- Merci père !! Tu seras toujours celui qui m’a montré la route pour devenir un homme.

Aomé les quitte pour entrer dans le dispensaire, il traverse le long couloir menant aux cuisines et pousse la porte pour apercevoir enfin Benjamin au fond de la salle, qui s’agite au plus grand dam des quelques vieilles femmes épuisées par ce jeune garçon les nerfs à fleur de peau.

Difficile pour le jeune Masaï de ne pas montrer à qui veut le voir son excitation et pour cause le bambou qui enserre son pénis et qui se redresse fièrement à la vue de la bouille craquante de « Ben’j », qui ne s’est encore pas aperçu de sa présence.

Pris avec la pudeur de ne pas se présenter devant les sœurs dans cet état et l’envie quasi irrésistible de prendre Benjamin à bras le corps pour lui démontrer sa joie de savoir qu’il ne repartira pas dans son pays, Aomé prend un peu de recul en attendant que ce soit son ami qui s’aperçoive de sa présence afin de ne pas choquer ces braves femmes.

Benjamin se sent observé et tourne la tête pour apercevoir celle d’Aomé à moitié caché derrière le montant de la porte.

2eme année Pâques : (119/127) (Afrique) (Samedi matin) (Départ vers le dispensaire)

« Parking de l’hôtel »

Les chauffeurs attendent tranquillement devant leurs deux cars de tourisme flambants neufs affrétés spécialement par la DBIFC pour transporter confortablement son PDG et tous ses amis vers le but final de cette visite d’une semaine en Afrique.

Okoumé est déjà avec ses fils à l’intérieur, tout comme que le père Antoine et ses nonnes qui ont été agréablement surpris le matin même d’apprendre que sur les instructions de Florian, seuls les bagages transiteraient dans les véhicules militaires et qu’eux tous seraient transportés plus confortablement avec ses amis dans ces deux magnifiques bus pullman qui dorénavant feront des navettes journalières gratuites entre la ville et le chantier.

Dans l’hôtel par contre ce n’est pas l’affolement, certains encore en plein petit déjeuner alors que d’autres ne sont même pas encore réveillés et parmi ceux-ci comme de bien entendu, une chambre en particulier où les câlins du matin ont pris une fois de plus une ampleur difficilement contrôlable.

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« Dans la chambre en question »

Celui qui a lancé les « hostilités » n’en est pas le moins fier ni le moins inactif, Antonin observe avec amusement les visages de ses deux chéris qui se pâment sous ses attouchements et halètent dans l’attente qu’il les libère enfin d’une excitation arrivée à son paroxysme.

Bien sûr ce n’est pas dans les intentions du petit blond qui manie avec il faut bien le reconnaitre une certaine dose de sadisme, le chaud et le froid pour retarder le plus possible l’orgasme qui prend les reins de ses deux « victimes » bien consentantes au demeurant, de son petit jeu qui consiste à les mener au plus loin dans un plaisir qui sera sans conteste d’une force peu commune au vu de l’état actuel d’excitation de ses deux « souffre-douleurs ».

Thomas et Florian se sont réveillés avec la surprise de se retrouver attachés pieds et poings aux montants du lit, nus avec Antonin leur caressant le sexe fièrement dressé avec ses longs cheveux à la douceur redoutable pour les deux garçons prisonniers.

Depuis maintenant plus d’un quart d’heure, il joue ainsi avec leurs nerfs, mélangeant les caresses manuelles et buccales avec celles de son corps se frottant langoureusement sur eux, faisant se tortiller d’excitation ses deux amis.

Pris à son propre jeu, Antonin ressent l’envie d’en finir qui lui noue le ventre en lui envoyant des ondes de plaisirs de plus en plus fortes et ses doigts fins dénouent nerveusement les liens qui entravent ses copains, libérant ainsi les fauves assoiffés de sexe qu’ils sont devenus sous ses attouchements.

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« Quelques temps plus tard »

L’ambiance moite de la chambre démontre à quel point ils se sont donnés l’un à l’autre, Antonin s’allonge une nouvelle fois sur ses deux compagnons mais dans le seul but cette fois de recevoir un câlin de leur part.

L’instant devient magique, tout en tendresse et l’abandon total de leur corps démontre combien ces trois garçons s’aiment.

Ne serait-ce les bruits venant de l’extérieur qui leur font comprendre qu’il est temps également pour eux de se lever pour rejoindre leurs autres amis, ceux-ci ne devant pas manquer de les attendre avec impatience pour découvrir enfin le chantier qui sera très bientôt pour eux leur lieu de vie.

La seule exception à cet engouement pour le voyage qui s’annonce, vient de Dorian et de Gérôme, qui et ce sont sans doute les seuls, ont passé une nuit blanche à se morfondre pour leur ami Florian et l’énorme claque qu’il va prendre quand il apprendra la triste nouvelle.

2eme année Pâques : (120/127) (Afrique) (Samedi matin) (Sur la route du dispensaire)

« Quelques heures plus tard »

La route défile sous les yeux émerveillés de ceux pour qui le paysage est une vraie découverte, ils sont tous ou presque le visage collé aux vitres en s’interpellant joyeusement dès qu’ils aperçoivent un animal sauvage.

Seuls quelques couples restent légèrement en retrait, préférant rester dans l’intimité à discuter de choses plus personnelles.

C’est bien sûr le cas de Benjamin et d’Aomé qui sont assis au fond du premier car, mettant au point leur future relation mais surtout comment passer le plus de temps possible ensemble.

- (Benjamin) Je pourrai prendre la navette qui transporte les ouvriers depuis la ville et tu pourras me rejoindre au dispensaire, qu’est-ce que tu en penses ?

- (Aomé) Le voyage est long, les journées seront courtes pour toi !!

- (Benjamin) Pas si j’arrive à avoir mes vendredis !! En partant tôt le matin, je dormirai dans le bus et j’aurai trois jours et deux nuits rien que pour toi !! Tu pourras m’apprendre à chasser ?

- (Aomé) Et toi m’apprendre la vie des blancs ?

- (Benjamin) C’est cool !! De toute façon ce n’est que le temps de la construction du centre de soins, après je trouverai bien un travail là-bas pour rester avec toi.

- (Aomé) Il se passera bien des lunes avant que ça arrive !!

- (Benjamin) Deux ans, trois tout au plus et nous serons enfin ensemble pour la vie.

Aomé dévore des yeux son copain, qui aurait cru qu’il tomberait amoureux d’un petit blanc ? Certainement pas lui, mais le fait est là, c’est Benjamin qu’il aime et rien ne lui fera perdre cet amour très fort qu’il éprouve pour ce garçon depuis la première minute où ils se sont rencontrés.

Les quelques moments d’intimité qu’ils ont eus depuis n’a fait que le conforter dans cette constatation et le plaisir qu’ils y ont pris lui amène un long frisson rien qu’en s’en souvenant.

Benjamin remarque du coin de l’œil le mouvement de l’étui pénien entre les jambes de son ami, il sourit en prenant le plaid placé près de lui et en le dépliant sur leurs genoux, sa main leste partant ensuite en dessous libérer le sexe long et épais avant que celui-ci ne reste une nouvelle fois bloqué et douloureux comme à leur première vraie rencontre.

Ce simple geste suffit pour le raidir au maximum, Aomé fixant intensément Benjamin beaucoup plus déluré que lui malgré qu’il soit le plus jeune des deux et celui-ci lui envoie un clin d’œil coquin en lui soufflant à l’oreille pour que son ami soit le seul à entendre.

- Va falloir calmer la bête avant qu’on arrive !!

- Pour ça il faudrait que tu arrêtes de jouer avec !!

- C’est ce que tu veux ?

- Non !!

- Ah !! Je me disais aussi ! Hi ! Hi ! En fait j’ai une idée pour qu’elle se calme !!

- Que vas-tu faire ?

- Chut !!! Laisse-toi aller et surtout pas de bruit, manquerait plus que quelqu’un nous surprenne !!

Benjamin se laisse glisser doucement sur le plancher du bus jusqu’à se retrouver entre les jambes d’Aomé qui en a les yeux qui s’exorbitent en comprenant les intentions de son ami.

Le plaid glisse lentement sur le côté, dévoilant la hampe noir ébène vite engloutie par la bouche avide qui lui prodigue alors un plaisir intense que les filles de sa tribu ne lui avaient encore jamais fait ressentir aussi fort les rares fois où elles avaient accepté de le lui faire.

Très vite Aomé ne résiste plus et se cambre pour expulser sa jouissance en retenant un râle rauque.

Le plaid revient en position initiale alors que « Ben’j » se rassoit tranquillement l’air innocent comme si de rien n'était, le visage marquant malgré tout toute la satisfaction d’avoir pu soulager son ami en gardant le goût épicé de son plaisir en bouche.

- Je crois que c’est bon maintenant !! Elle restera sagement dans son étui jusqu’à notre arrivée !!

Aomé écarte doucement le plaid pour montrer qu’il n’en est rien et qu’il tient encore une forme impressionnante.

- Pas sûr que tu aies raison !! J’ai encore plus envie de toi maintenant !!

Benjamin comprend à quoi il fait allusion et ses yeux étincellent d’excitation, se rappelant sa première fois qui ne date que de quelques heures où il s’est fait prendre et du plaisir qu’il en a éprouvé malgré la peur de recevoir en lui ce monstre de chair aux dimensions plus qu’honorables.

- Ici ça va être compliqué je le crains !!

2eme année Pâques : (121/127) (Afrique) (Samedi midi) (La découverte du chantier)

La matinée se termine quand enfin les bus ralentissent à la vue de l’énorme chantier, l’activité grouillante montre le cœur qu’y mettent les ouvriers à rattraper le temps perdu par ces quelques jours d’interruptions forcées.

Un bâtiment ancien apparaît à leurs yeux, tous comprennent que c’est le fameux dispensaire qui depuis plusieurs décennies sert au père Antoine de havre de paix et où il accueille ceux qui sont en situations difficiles, que ce soit par le manque de soins ou de nourriture.

C’est d’ailleurs devant le bâtiment que les deux cars s’arrêtent en libérant enfin leurs lots de passagers, satisfaits pour certains de se retrouver chez eux et soulagés pour les autres d’être enfin arrivés à destination après ces longues heures de routes.

***/***

Mon cœur se serre de me retrouver en cet endroit qui a été le commencement de ma nouvelle vie, ma mémoire pourtant embryonnaire à cette époque me montre néanmoins les changements et surtout la décrépitude de toutes ces années qui ont fortement marqué les murs, le manque d’argent et de main d’œuvre n’ayant pas permis un entretien décent du dispensaire.

Je descends du car avec plaisir, heureux de pouvoir enfin me détendre les muscles et je m’aperçois très vite que je ne suis pas le seul, mes amis visiblement satisfaits eux aussi de pouvoir enfin mettre les pieds à terre.

Un cri de terreur d’Antonin me fait me retourner juste à temps pour recevoir de plein fouet la masse noire qui me couche au sol en me couvrant le visage de salive avec sa langue râpeuse.

- Rrrrrr !!!!

Une fois remis de ma surprise, je pars d’un énorme éclat de rire dû à la fois du plaisir de retrouver « Kinou » et de la tête horrifiée d’Antonin, pour qui la vue de la panthère amène une frayeur sans nom.

Thomas le prend aussitôt par la taille pour le rassurer.

- Ne t’inquiète pas « Tonin » !! C’est « Kinou » !! La panthère de Florian !! Tu vois bien qu’il ne lui veut aucun mal !! Allez !! Viens ici mon beau, vient dire bonjour à Antonin !!

- Rrrrrr !!!!

« Kinou » me libère en s’approchant du couple que forment mes deux amis, j’observe Antonin tétanisé par la vision de la panthère qui s’avance vers lui.

Thomas le caresse en recevant à son tour un grand coup de langue qui le fait sourire.

- Moi aussi je suis content de te revoir, mais dis donc !! Tu es devenu énorme !!

- Rrrrrr !!!!

L’animal se tourne alors vers Antonin qui est blanc comme un linge et tremble de tous ses membres, d’un geste leste ses pattes avant viennent se poser sur ses épaules et la tête énorme maintenant à quelques petits centimètres de celle de mon ami qui claque des dents d’une peur incontrôlable.

Un premier coup de langue sur le nez le couvre de salive, bientôt suivi d’un deuxième puis d’un troisième jusqu’à ce qu’Antonin finisse par comprendre qu’il ne lui sera fait aucun mal et commence à se rassurer suffisamment pour oser lui passer une main encore hésitante sur la tête pour caresser sa toison soyeuse.

Il me regarde en souriant timidement, sa voix encore tremblante.

- Il est vraiment à toi ?

- Oui !! Ou du moins il l’était avant que je ne le renvoie ici où il est dans son espace naturel.

- (Thomas) Naturel tu dis ? Je pense plutôt que c’est un gros pantouflard qui préfère se la couler douce avec le père Antoine ! Hi ! Hi !

- Disons libre alors, si tu préfères !!

- (Antonin) Tu peux lui demander de descendre s’il te plait ? Je ne sens plus mes épaules !!

Je me relève d’un bond pour aller prendre « Kinou » sous le ventre en le grattouillant là où je sais qu’il adore.

- Rrrrrr !!!

- Allez mon gros !! Tu laisses mon copain maintenant !! Va plutôt chasser, ça te maintiendra en forme ! Hi ! Hi !

- Rrrrrr !!!

Je le regarde se diriger tranquillement vers l’entrée du dispensaire où il rentre comme en terrain conquis, Thomas éclate de rire une nouvelle fois.

- Il va chasser dans le garde-manger ! Hi ! Hi ! Au moins il est sûr de trouver de quoi se nourrir ! ! Pour le sport, je le retiens celui-là ! Hi ! Hi !

Une étrange sensation me prend qui me fait tourner la tête vers l’orée de la jungle qui nous entoure, je me sens observé et ma vision se projette vers les arbres où des dizaines, voire centaines d’yeux me fixent avec attention dans un silence impressionnant.

Un son sort alors de ma gorge qui fait se retourner vers moi tous ceux qui l’entendent, la réponse puissante venant de la jungle est immédiate et un sourire me vient alors quand je crois bon les prévenir.

- Surtout n’ayez pas peur, je crois que je vais avoir droit à un comité d’accueil !!

2eme année Pâques : (122/127) (Afrique) (Samedi midi) (Mais enfin !!! Qui es-tu donc ??)

Les divers barrissements, rugissements, feulements et autres cris poussés par les animaux sauvages ceinturant le chantier, font s’interrompre celui-ci et nombreux sont les ouvriers curieux de toutes nationalités qui s’agglutinent maintenant sur le parking où un jeune garçon roux semble être le point central du phénomène inexpliqué qui se joue autour d’eux.

Les premiers à apparaître depuis la jungle font reculer avec un mouvement de peur panique l’ensemble des personnes attroupées et bientôt un large espace se creuse en ne laissant au-devant de la scène que les trois seules personnes qui ne semblent pas craindre cette apparition, ne serait-ce le plus fluet des deux blonds qui se fait visiblement violence pour rester auprès de ses amis.

Bientôt l’espace libre se remplit, après les félins en nombre impressionnant, ce sont les autres prédateurs de la forêt qui arrivent, soi rampant, soi volant ou marchant sur deux ou quatre pattes et qui s’avancent sans haine apparente vers les trois garçons qui disparaissent bientôt des regards, pris comme ils le sont au milieu de toute cette faune censée représenter les pires dangers de cette jungle Africaine.

Thomas tout comme Antonin, n’en mènent pas large et seul le visage rayonnant de bonheur de leur petit rouquin les retient de ne pas prendre les jambes à leur cou pour s’enfuir au plus loin de toute cette faune sauvage.

L’instant semble soudainement se figer, chacun observant l’autre en attendant un signe qui guidera leurs prochaines actions.

C’est Florian qui s’avance vers une magnifique panthère au pelage marbré d’un noir profond, reconnaissant en elle la filiation certaine avec celle qui dans un lointain passé lui a sauvé la vie en le nettoyant de ses brûlures et en lui offrant son lait pour rassasier le bébé affamé qu’il était alors.

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L’émotion me submerge soudainement quand je m’agenouille pour l’enlacer, mes larmes coulent à flots alors que mon cœur est submergé de l’immense gratitude que je voue à sa mère qui un jour, poussée par je ne sais quel instinct a passé outre à sa nature de prédatrice pour venir en aide au nourrisson qui braillait de douleur.

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Thomas serre Antonin fortement contre lui, autant pour le rassurer que pour se rassurer lui-même et ce malgré qu’il sache pertinemment pour en avoir été très souvent témoin, que le danger s’il devait y en avoir un serait pour quelqu’un poussé par de mauvaises intentions envers celui qui une fois encore lui fait se poser une énième fois la question.

Question qu’il prononce à voix haute tellement la vision qu’il a en ce moment même le trouble.

- Mais enfin !!! Qui es-tu donc ???

Antonin lève les yeux vers lui, étonné par ces paroles.

- Depuis le temps, tu n’en as pas encore la réponse ?

- (Thomas) Ce ne sont pas les réponses qui manquent, c’est plutôt de savoir laquelle est la bonne !!

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« Village Masaï »

La jeep prend le dernier virage pour arriver enfin en vue du village, son chauffeur se gare suffisamment loin pour ne pas troubler plus que nécessaire les habitants et en respectant leur mode de vie, loin de toute civilisation moderne.

- J’ai hâte de revoir les belles fesses du chef Okoumé ! Hi ! Hi !

Son compagnon la regarde, amusé.

- C’est un vrai fantasme ma parole !!

- Mais pas du tout !! C’est juste un très bon souvenir !!

- Mouaih !!! Va falloir songer à te trouver un mec ma grande !!

- Pffttt !!! Pense plutôt à notre mission plutôt que de vouloir me caser à tout prix !!

- Tu as raison !! J’espère juste trouver les mots qui feront le moins mal à Florian.

- Maurice ne pouvait se résoudre à un simple coup de fil, mais il aurait très bien pu confier cette mission à Gérôme et à Dorian, je n’ai pas très bien compris pourquoi c’est à nous qu’il l’a demandée ?

- Déjà parce que nous étions en route pour consolider le dispositif de protection du chantier et ensuite parce que je lui ai demandé de me laisser le lui dire moi-même.

- Mais enfin !! Pourquoi ??

Patrice prend Camille par les épaules, son regard franc se fixe avec gravité dans le sien.

- Déjà parce que Dorian ou Gérôme sont maintenant trop proches de notre petit gars et ensuite parce que j’aimerais vérifier quelque chose avant.

- Au village Masaï ??

- Bien sûr que non !! Je pensais aux arbres de la clairière !! Ou plutôt à deux d’entre eux en particulier !!

Camille cille soudainement en comprenant enfin où son collègue et ami veut en venir.

- Tu penses que quelqu’un aurait……Non !!!!

2eme année Pâques : (123/127) (Moscou)

« Bureau de Vladimir »

- Vous êtes certain de votre diagnostic docteur ?

- Les prélèvements, tout comme les diverses radios ne peuvent laisser place au doute monsieur le président.

- Souffre-t-il ?

- Atrocement monsieur et c’est d’ailleurs la raison de ma demande pour abréger cette souffrance !!

- Comment expliquez-vous ce qui lui arrive ?

- Nous ne l’expliquons pas monsieur !! C’est arrivé soudainement il y a deux jours quand nous l’avons reçu aux urgences, plié en deux de douleur et depuis son organisme est comme dévoré de l’intérieur par un nombre invraisemblable de parasites différents et qui résistent à toutes nos tentatives pour l’en débarrasser.

Vladimir ne peut s’empêcher de faire la corrélation entre l’entrée à l’hôpital d’Igor et l’arrestation de ses deux agents qui devaient clore le bec pour un temps à ce Désmaré en enlevant sa pupille, les deux nouvelles lui étant parvenues quasiment au même moment.

Il reste depuis lors enfermé dans son bureau, une peur viscérale l’empêchant d’en sortir de crainte d’avoir à subir la vengeance de ceux qui pourtant l’avaient bien prévenu de ne plus rien tenter contre le jeune De Bierne.

La sueur perle en grosses gouttes sur son front alors qu’il se triture nerveusement les mains, semblant compter ses doigts pour vérifier que le nombre y est.

- Faites ce qu’il vous semblera le mieux !! Abrégez ses souffrances si rien ne peut être fait pour lui venir en aide !!

- Bien monsieur le président !!

***/***

« Quelques heures plus tard, dans une chambre de quarantaine de l’hôpital central de Moscou »

L’infirmière horrifiée sort de la chambre là où des hurlements d’une douleur atroce ne cessent de résonner et ce malgré les antidouleurs administrés à fortes doses au patient sans effet apparent.

Igor est méconnaissable, sa peau flasque montre à quel point il a maigri et son corps tout entier fond comme neige au soleil de ces parasites qui l’infectent et se nourrissent de lui de l’intérieur dans des souffrances telles qu’il n’a de cesse à réclamer qu’on y mette fin.

Son cerveau entre deux spasmes de plus en plus rapprochés d’une douleur inimaginable, reste suffisamment conscient pour qu’il comprenne que son état actuel est lié à ses derniers actes et qu’il subit certainement la terrible vengeance de celui à qui il a voulu s’attaquer par le biais de ses amis pour l’amener en son pouvoir.

Des larmes couvertes de vermine s’échappent de ses yeux, un peu tard pour un pardon qui ne viendra pas et Igor comprend que sa souffrance ira jusqu’au bout en châtiment de cet acharnement qui a été le sien envers un garçon qui s’avère être beaucoup plus mystérieux et secret qu’il n’aurait jamais pu l’imaginer.

Deux hommes au visage grave entrent dans la chambre, tenant en mains pour l’un deux un plateau sur lequel ses yeux larmoyants peuvent apercevoir la solution létale qui va le libérer enfin de toutes ces heures atroces à se sentir rongé de l’intérieur.

L’injection est faite rapidement, en terminant une bonne fois pour toute de cet homme qui a voué sa vie entière à briser celle des autres et qui termine la sienne de la plus terrible des façons, à souhaiter comme une délivrance sa propre mort.

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« Bureau de Vladimir, samedi en fin d’après-midi »

Vladimir regarde fixement depuis au moins une heure le petit paquet posé bien en évidence sur son bureau, qu’une estafette le visage livide lui a apporté et qui n’a pas bougé d’un pouce depuis lors, sans qu’il trouve le début de courage à l’ouvrir à son tour comme l’ont fait ceux qui en ont contrôlé le contenu avant de le lui faire suivre.

Il sort une règle d’un tiroir, repousse lentement le couvercle jusqu’à ce que celui-ci se détache de la boite et dévoile l’intérieur avec son contenu, un énorme frisson d’effroi fait plisser les yeux de Vladimir quand il découvre le doigt à moitié rongé et recouvert d’asticots qui ne peut appartenir qu’à une seule personne.

Il en est tellement horrifié qu’il lui faut plusieurs tentatives avant de réussir à remettre le couvercle en place et retrouver ensuite un semblant de calme suffisant pour prendre la missive à l’intérieur de l’enveloppe scotché sur un des côtés de la boite.

La lecture des quelques mots inscrits met cet homme pourtant l’un des plus puissants au monde, dans un état proche de la panique la plus pure.

« Traduit par son service de renseignement »

- 男性の復讐は神の中、 'Iganasi' の世界を創造した神のそれに対して何も、それはまたそれを破

壊することができます。 (La vengeance des hommes n’est rien face à celle d’un être divin,

« Iganasi » le dieu qui crée les mondes, il est aussi celui qui peut les détruire)

2eme année Pâques : (124/127) (Afrique) (Samedi après-midi)

Le chantier reprend progressivement son rythme de travail maintenant que la quasi-totalité de la faune sauvage est repartie dans la jungle.

Le bruit ambiant manque singulièrement des conversations humaines, les ouvriers tout comme les autres personnes ayant participé aux derniers événements restant muets d’expectative en se demandant sans trouver de réponses comment est possible ce à quoi ils ont assisté.

Certains se signent en cachette quand d’autres expriment à leur façon et suivant leur religion ce qu’ils ressentent sur l’instant mais la plupart se trouvent renforcée dans leur croyance respective, observant avec les yeux brillants dès que l’occasion se présente ce jeune garçon capable de toutes ces choses incroyables.

Florian pour sa part ne se dépare pas de son sourire qui marque le plaisir qu’il ressent à être au milieu de cette nature et de cette vie sauvage qui pour lui est enchanteresse, alors que pour le commun des mortels cet endroit du monde est sans aucun doute l’un des plus dangereux qui soit.

Thomas se demande si toute cette joie apparente de son compagnon n’est encore une fois qu’une façade pour ne pas amener l’inquiétude auprès de ses amis, le lien qui les lie ensemble lui faisant percevoir d’autres réflexions beaucoup moins agréables et s’il reste discret pour ne pas s’ingérer dans les pensées intimes de son amour, il en discerne suffisamment pour que lui ne profite pas aussi sereinement des instants présents.

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« Patrice et Camille »

La longue marche jusqu’à la clairière met encore à rude épreuve l’état physique du jeune couple qui peine une fois de plus à suivre la marche rapide d’Okoumé qui a accepté de les y conduire, curieux lui aussi d’aller constater s'il y a un lien entre les arbres torturés et le décès des grands-parents de celui qu’il considère maintenant qu’il a pu enfin le revoir après toutes ces années, comme un ami.

L’explication de la jeune femme blanche lui a ouvert les yeux sur plusieurs faits qu’il avait déjà constatés, sans pouvoir jusqu’à présent faire le lien de cause à effet entre les arbres de la clairière et la guérison de ceux de son peuple par les dieux des pierres.

L’arrivée non loin de la clairière, fait revenir Okoumé à des pensées beaucoup plus terre à terre et entre autres, celle de savoir si les dieux accepteront une fois encore les deux visiteurs.

Il ralentit donc sa marche pour les laisser le rejoindre, en souriant malgré tout de les voir essoufflés et en sueur, alors que lui n’éprouve aucune fatigue.

- Attendez-moi ici !! Je vous ferai signe s’il n’y a aucun danger pour vous deux.

Patrice plié en deux à reprendre sa respiration, relève les yeux vers le chef Masaï.

- Entendu !!

Camille détache son sac à dos pour s’asseoir dessus avec un ouf de soulagement.

- Je suis morte !!!

- On peut dire qu’il nous a fait cavaler !!

- Qu’est-ce qu’on attend ?

- L’autorisation d’entrer dans la clairière je pense !!

- Tu crois qu’il sera là comme l’autre fois ?

- Nous verrons bien !!

Okoumé passe la barrière des arbres pour se retrouver une nouvelle fois dans ce lieu plein de mystère où il a appris à aimer se retrouver depuis tous ces étés et encore dernièrement pour apporter la protection à sa tribu.

Son regard est tout de suite dirigé vers ce pour quoi il est venu, ce qu’il voit lui amène une forte amertume dans la bouche alors que le tas de cendre du feu de camp est encore bien visible, tout comme les troncs des deux arbres abattus pour l'alimenter et qui ne sortent plus que de quelques dizaines de centimètres de terre.

Okoumé ressent alors tout le chagrin que sera celui du jeune garçon quand il apprendra la triste nouvelle, son cœur se serre d’appréhension quant aux conséquences et son regard se reporte sur les pierres avec en mémoire les nombreuses fois où la venue de celui qu’il nomme cheveux de feu se faisait pressante pour elles, voire même vitale au point d’envoyer un de ses fils en messager au-delà des mers.

2eme année Pâques : (125/127) (Afrique) (Dimanche) (La fin d’un rêve)

« Non loin du chantier. »

Après avoir passé une bonne nuit où personne n’a demandé son reste pour aller se coucher et prendre un repos mérité, précédé de quelques câlins en guise de somnifères.

Tous se sentent en forme pour s’imprégner des lieux, découvrant avec émerveillement cette vie loin de la civilisation et partent de bon matin sitôt le petit-déjeuner terminé, faire le tour du propriétaire avec l’ingénieur-en-chef s’occupant des travaux.

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La visite guidée du chantier était vraiment très intéressante, chacun de mes amis se voyant déjà occupé qui un bureau, qui une salle de travail et ils ne s’imaginent pas le plaisir qu’ils me font tous à les entendre, comprenant qu’aucun d’eux n’a l’intention de rester en France.

Thomas s’approche de moi avec un petit sourire préoccupé qui me fait comprendre que ma barrière de protection mentale n’est pas si hermétique que j’aurais voulu qu’elle fût.

- Arrête ton cinéma « Flo » !! Dis-moi plutôt ce qui ne va pas !! Rappelle-toi que nous nous sommes jurés de ne jamais plus rien nous cacher !!

- J’ai juste un mauvais pressentiment « Thom » !! Comme si un malheur était ou allait arriver.

- (Thomas) Tu vois bien que nous allons tous bien !! Les militaires sont catégoriques et plus aucune menace ne pèse désormais dans la région, même le froid semble avoir laissé place à la température normale en cette saison.

- Tu me trouves con de me mettre dans des états pareils, pas vrai ?

- (Thomas) Mais non !! Où tu vas chercher un truc pareil !! Je veux juste te montrer que tout va bien, profite plutôt que nous soyons si nombreux encore cette fois à partager ces vacances avec toi.

- Nous repartons déjà demain, j’aurais tant voulu que ça dure plus longtemps !! J’ai encore beaucoup de chose à faire avant ça et comme la journée commence à peine, j’aimerais que nous allions visiter le village de Taha et ensuite si le temps le permet, je voudrai me rendre dans cette clairière où mes parents ont perdu la vie et où se trouvent toutes les entités, je pense y trouver des pistes à toutes ces questions auxquelles je n’ai toujours pas de réponses.

- (Thomas) Et bien !! Qu’à cela ne tienne !!

Thomas met sa main en porte-voix et hurle à la cantonade.

- Ceux qui veulent nous suivre sont les bienvenus !! Nous allons jusqu’au village Masaï et ensuite faire un tour au lieu de l’accident où Florian a été retrouvé.

Le rappel est vite fait, le temps pour certains de mettre des vêtements et des chaussures plus adaptés pour la longue marche qui s’annonce.

C’est donc par petits groupes que tous suivent la marche rapide des trois frères Masaï restés avec eux après que leur père les ait quittés la veille, sitôt sorti du bus, pour retrouver son peuple.

Ils sont tous jeunes et, ou en bonne santé, les kilomètres les séparant du but sont vite engloutis quand ils arrivent enfin en vue des premières cases du village où la vie a repris son rythme normal.

Ils sont accueillis avec simplicité par ces gens peu ou pas habitués à voir autant d’étrangers, Naomée sort de la masse des villageois pour venir dans les bras de son homme et l’embrasser avec la passion d’un amour inconditionnel, mettant le pauvre Taha dans une situation qui fait sourire tous ses amis.

Naomée s’en rend compte en souriant à son tour devant la raideur du sexe de son chéri, sentant elle-même l’humidité caractéristique du sien quand l’excitation la prend comme en ce moment même dans les bras de son homme.

- Peut-être que tes amis t’excuseront quelques minutes, le temps que je te rende plus présentable ! Hi ! Hi !

La tête de Taha est si expressive qu’un fort éclat de rire part alors du groupe, regardant les deux amants s’éloigner rapidement vers une case visiblement plus récente que les autres pour s’y adonner aux retrouvailles après ces quelques heures passées loin l’un de l’autre.

***/***

J’aperçois deux silhouettes s’avançant vers nous qui m’amènent un sourire de joie quand je les reconnais, je m’élance alors vers eux en ralentissant au fur et à mesure que les traits de leurs visages montrent leur tristesse, sentant bien qu’ils seront les annonceurs de cette catastrophe que je ressens depuis un moment au plus profond de mes tripes.

Patrice voit bien que son ami s’est aperçu de leur préoccupation, il décide alors de ne pas tourner autour du pot et d’être direct, ce qui lui semble le mieux indiqué vu le début de compréhension qui peut se lire sur les traits de Florian quand il stoppe près d’eux blanc comme un linge.

- J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer « Flo » !!

2eme année Pâques : (126/127) (Afrique) (Dimanche) (La fin d’un rêve) (suite)

Je ravale ma salive avec difficulté, attendant la suite le ventre noué d’appréhension et comprenant qu’elle ne viendrait pas toute seule, c’est d’une voix blanche que je lui demande.

- Quelqu’un a eu un accident ?

Patrice va pour me révéler ce qui ne va pas, quand Camille lui prend le bras pour l’interrompre.

- Peut-être vaudrait-il mieux lui montrer !!

Patrice semble réfléchir à la proposition de son amie, finalement il se rallie à son idée et soupire fortement en prenant le jeune rouquin par les épaules.

- Te sens-tu capable de nous suivre jusqu’à la clairière où l’avion de tes parents s’est abattu ?

- Bien sûr !! Mais pourquoi tant de mystères ?

- (Camille) Nous ne savons pas quelle sera ta réaction Florian et il vaut mieux que tu sois près de ceux qui pourront t’aider, tu comprends ?

- Vous parlez des entités ? Sont-elles en rapport avec cette mauvaise nouvelle que vous ne voulez pas me révéler ?

- (Patrice) En quelque sorte, oui !! Sans elles nous n’en serions pas là ni les uns ni les autres !!

- Alors allons-y !! De toute façon j’avais prévu de m’y rendre aujourd’hui !!!

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« Deux heures plus tard »

Le sentier menant au lieu de l’accident ne permet pas d’être plus de deux personnes l’un à côté de l’autre et c’est donc en file indienne dans un silence quasi-total que tous suivent Okoumé qui évite de se retourner sur eux tellement son cœur se serre d’appréhension au fur et à mesure qu’ils approchent de leur destination finale.

Plus une parole ne sort des lèvres de Camille et de Patrice et ce malgré les nombreuses interrogations venant de leurs amis qui s’inquiètent de l’atmosphère de morosité qui s’est installée depuis qu’ils les ont vus parler avec Florian et qui plombe cette journée pourtant bien commencée.

Antonin reste en retrait derrière Thomas et Florian, sentant bien que ses deux amis éprouvent le besoin de n’être que tous les deux.

Patricia s’en aperçoit et s’approche de lui pour le prendre doucement par la taille, son instinct féminin lui dictant ses gestes afin d’apporter un peu de réconfort à son ami.

- Quelque chose me dit que ce que nous allons découvrir là-bas n’apportera rien de bon !!

- J’ai peur « Pat » !! Tu ne peux pas savoir à quel point !!

- Moi aussi « Tonin » !! Même si je n’ai aucune idée sur ce qui me met dans un état pareil !!

- C’est la gravité de Florian qui nous fait ça, tu sais ce qu’il craint le plus depuis des années ?

- (Patricia) Non !! C’est quoi ??

- De mettre les pieds dans cet endroit justement et il pense que quelque chose lui arrivera, il semblerait bien qu’il ait eu raison sur ce point-là tu ne crois pas ?

- (Patricia) C’est juste de l’appréhension parce que ses parents sont morts ici et je le comprends bien, mais de là à croire qu’il lui arrivera quelque chose !!

- Pourquoi personne ne sourit alors ?

- (Patricia) C’est juste parce que nous nous laissons tous entraîner par ce qu’il ressent, nous n’avons jamais vu Florian comme ça et c’est sans doute ce qui nous pèse en ce moment.

- J’aimerais tellement que tu aies raison !!

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- (Thomas) Peut-être que nous devrions faire demi-tour ? Je n’aime pas l’atmosphère qui règne parmi nous en ce moment tu sais !!

- Patrice voulait me dire quelque chose tout à l’heure et Camille l’en a empêché, j’ai un mauvais pressentiment qui conforte ce que j’ai toujours craint en venant ici.

- (Thomas) Il parlait de quoi ?

- D’une mauvaise nouvelle à m’annoncer, rien que ça !!

- (Thomas) Et c’est tout ?

- J’ai cru comprendre que c’était en rapport avec l’entité que j’ai eu si longtemps dans la tête, mais rien ne dit que ce soit ça !! Juste que les paroles de Patrice me l’ont laissé penser.

- (Thomas) Peut être s’agit-il d’un truc tout bête !! Je ne sais pas moi !! Quelqu’un est peut-être passé ici pour tout foutre en l’air !!

- Comme quoi par exemple ? Nous sommes au milieu de la jungle et il n’y a rien par ici, à part l’épave de l’avion et les fameuses pierres.

- (Thomas) C’est peut-être ça la mauvaise nouvelle, quelqu’un qui aurait détruit l’épave ou barboter les pierres !! J’ai cru comprendre que les nord-coréens sont passés par ici !! Ils ont sans doute profané ce lieu que les Masaïs croient sacrés, de toute façon tu l’as dit toi-même, il n’y a rien d’autres !!

J’ai comme un déclic dans ma tête.

- Tu oublies les arbres ?

2eme année Pâques : (127/127) (Afrique) (Dimanche) (La fin d’un rêve) (fin)

- (Thomas) Quoi les arbres ??

- Tu te rappelles ce que nous avons appris sur mon « Don » ?

- (Thomas) Merde !! Tu veux dire….

- Exactement !! Imagine, s’ils sont venus passer la nuit ici avec ce froid ?

- (Thomas) Tu penses réellement que ceux que tu as soignés dépendent encore après tout ce temps de ces arbres qui auraient reçu leurs blessures ou leurs maladies ?

- Ça se tient, non ?

- Mais alors ça signifierait que l’un ou plusieurs d’entre nous redeviendraient comme avant, c’est bien ce que tu veux me faire entendre par là ?

- C’est à ça que je pense en effet !!

- (Thomas) Regarde nos amis « Flo » !! Ils sont tous en bonne santé !! Tu vois bien que tu te fais de la bile pour rien.

- Tu oublies juste un truc « Thom » !! Ils ne sont pas tous avec nous en ce moment !!

- (Thomas) Quelqu’un nous aurait prévenus s’il était arrivé quoi que ce soit à l’un d’entre eux, tu ne crois pas ?

- C’est justement ce que voulait faire Patrice figure toi.

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« Un peu en arrière sur la piste. »

Aurélien et Guillaume soutiennent leur mère à tour de rôle pour l’aider à progresser sur cette piste taillée au coupe-coupe au milieu de la jungle, Frédéric souffre également de ces longues heures de marche et regrette de ne pas faire plus de sport, ce qui lui aurait été bien utile aujourd’hui.

Il sourit à Flavien qui l’aide en lui tendant la main lors des passages difficiles, impressionné par la carrure de ce jeune homme qui ne semble pas affecté le moins du monde par la fatigue.

Damien du moment qu’il est auprès de son Mathis ne réclame rien d’autre et apprécie l’aide qu’ils s’apportent mutuellement alors que leurs mollets commencent à se faire sentir douloureusement, peu habitués à marcher ailleurs que sur le bitume des trottoirs.

Tout ça pour dire que tous n’attendent plus que d’être enfin arrivés, en grimaçant déjà à l’idée de refaire le même chemin pour le retour.

Ils sont loin derrière Florian pour se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond et si leurs traits marquent également la crispation, c’est surtout à cause de la fatigue qui commence à se faire sentir.

C’est donc avec un énorme ouf de soulagement qu’ils entrent à leur tour dans cette clairière qui semble être l’endroit où ils se rendaient.

Un cri venant du fond de l’âme leur glace alors le sang.

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« Quelques minutes plus tôt, au-devant de la colonne. »

Okoumé aperçoit enfin l’orée de la clairière, quelques dizaines de mètres encore et il pénètre le premier dans ce lieu devenu pour lui sacré, suivi de près par la colonne humaine qui découvre l’endroit pour la première fois avec des yeux ronds devant l’aspect étrange des arbres qui ceinturent l’espace libre où ils se tiennent.

***/***

Mon regard se porte autour de moi, je repère l’amas de pierre et son aura qui trouble l’air ambiant, je capte également les vestiges du fuselage de l’appareil que le temps ronge inexorablement.

Un pincement au cœur de me retrouver là où mes parents sont morts, seuls ces débris restent les témoins de ce cauchemar qui a brisé le destin de plusieurs familles dont la mienne et je sens les larmes couler sur mon visage à la pensée de tout l’amour que je n’aurai jamais connu ni donné.

L’image de mes grands-parents me vient alors, sans eux que serais-je devenu ? Eux qui ont pris une place immense dans ma vie et que j’aime par-dessus tout.

J’essuie mes larmes d’un geste de la main, reprenant ensuite celle de mon Thomas qui tourne son visage vers moi marqué lui aussi par ma peine et ses larmes montrent à quel point il comprend ce que je ressens en ce lieu qui pour moi est comme un tombeau où reposent ceux à qui je dois la vie.

Patrice et Camille rejoints par Dorian et Gérôme s’approchent de nous, bouleversés eux aussi en me fixant avec une telle intensité que j’en frissonne d’appréhension.

Du coin de l’œil j’aperçois mes amis qui arrivent encore, je souris un bref instant en voyant Damien et Mathis clopiner en se tenant l’un à l’autre, bientôt suivi par le reste de la fratrie et de ceux qui ont par leur gentillesse de chaque instant, tentés et très certainement réussi à ce que je me sente chez eux comme dans mon foyer, prenant la place de ceux qui gisent ici et que je n’ai jamais connus.

Patrice me prend le bras, ce qui me renvoie tristement au présent et d’un geste tremblant il me montre un point précis où j’aperçois les restes d’un feu de camp devant deux troncs aux entailles récentes que les mousses n’ont pas encore colonisées et qui de suite m’interpellent au point où mon cœur devient douloureux.

Quelque chose dans ma tête se débloque enfin, me faisant comprendre que la boucle se referme pour revenir à la même sinistre réalité de ce que je suis et d’avoir perdu à nouveau même dans ce rêve ceux qui étaient le seul vrai lien avec cette vie qui n’en était pas une.

Un cri de détresse s’échappe alors de mes lèvres quand tout devient noir et que mon ouïe entende de nouveau ce son qui depuis des années fait partie intégrante de ma vie.

Bip…Bip…Bip…

FIN du tome 2

« Épilogue »

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Bip...Bip…Bip…

- Noonnnnnn !!!!!!!

Bip…Bip…Bip…

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« Aix en Provence, quartier résidentiel »

La chambre est restée telle quelle depuis tout ce temps, une femme rousse encore très belle, proche de la cinquantaine, reste sur le pas de la porte comme elle le fait plusieurs fois par jour depuis maintenant plus de deux ans.

Son visage aux yeux d’un vert profond est marqué par un immense chagrin, observant chaque millimètre de la pièce comme si elle la voyait pour la première fois.

Pourtant la chambre est belle quand comme ce matin, le soleil du printemps y darde ses rayons et rien ne laisserait imaginer qu’elle puisse inspirer un tel désespoir ni une telle affliction.

C’est de toute évidence la chambre d’un adolescent, les posters ainsi que quelques jouets datant de l’enfance prouvent que son occupant aime à se raccrocher aux choses d’un passé l’ayant certainement rendu heureux et lui laissant un vif souvenir de plaisir quand son regard se porte sur eux.

Il y a sur une grande table dans un coin de la chambre, tout un chapiteau en miniatures représentant un cirque avec ses animaux, ses acrobates, lanceurs de couteaux et ses clowns, au-dessus sur une étagère sont rangées avec soin des cassettes de séries télé médicales qui semble-t-il doit être la passion du jeune garçon habitant les lieux.

Des posters sur tous les murs montrent divers pays, l’Afrique avec sa jungle luxuriante, le Japon avec son palais impérial et beaucoup d’autres encore, montrant l’intérêt manifeste du garçon pour tout ce qui est la nature et l’architecture dans le monde entier.

Reste l’armoire basse sur laquelle trône des dizaines de photos représentant des mannequins-vedettes que ce soient filles ou garçons, tous jeunes et plus beaux les uns que les autres.

La femme s’essuie les yeux et referme doucement la porte en soupirant profondément, sachant pertinemment qu’il n’y a aucune chance que son fils revienne un jour dans cette pièce qu’il aimait par-dessus tout et qui a représenté son seul univers toute sa vie durant.

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« Clinique privé, Aix en Provence »

L’infirmière comme elle le fait plusieurs fois chaque jour depuis qu’il est là tandis qu’elle est de service, vient faire la toilette et changer les perfusions qui nourrissent le jeune garçon au corps famélique allongé sur le lit.

C’est toujours avec une énorme émotion qu’elle entre dans cette chambre, car son occupant qui va bientôt avoir dix-huit ans a de quoi l’attendrir ; Les malheurs qu’il a rencontrés depuis le début de sa vie feraient pâlir n’importe qui, même ceux les plus endurcis par le destin.

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Ça a commencé dès l’âge de dix-huit mois quand ses parents se sont aperçus qu’il régressait physiquement alors que jusque-là, il se comportait comme un bébé normal et commençait même à faire ses premiers pas.

Les différents et multiples examens découvrirent finalement que l’enfant souffrait de myopathie et que son état allait s’aggraver d’année en année, car la maladie s’attaque aux muscles et aux nerfs en ne laissant qu’un cerveau sain complètement déconnecté du corps une fois en phase terminale.

A ses seize ans le jeune garçon ne pouvait déjà plus se passer de l’appareillage compliqué qui le maintenait en vie malgré son corps affreusement atrophié.

Pourtant la joie toujours égale, l’intelligence hors du commun et la gentillesse de cet enfant, souvent perdu dans ses pensées à s’inventer une vie où il serait comme tout le monde, rendaient ses proches et le personnel médical s’occupant de ses soins complètement dingue de lui, en parlant même au sein de leur propre famille comme s’il en faisait partie intégrante.

C’est Damien Viala le jeune homme embauché à temps plein par ses parents qui l’a découvert un matin plongé dans un coma profond, seulement maintenu en vie grâce au respirateur et autres machines qui prennent en charge depuis plusieurs années déjà ses fonctions vitales.

Ce coma est arrivé dès l’annonce d’une bien triste nouvelle, certainement celle qui le lui a déclenché en l’informant du décès de ses grands-parents qui pour lui comptaient plus que tout au monde.

Ce soir-là, pour la première fois de sa vie pourtant marquée par le sort, il a perdu son sourire et sa joie de vivre, ses yeux ont alors déversé les larmes d’une détresse immense.

Ses dernières paroles furent un déni surprenant de la réalité qui mirent ses parents dans un état de choc dont ils se seraient volontiers passés, les derniers événements étant déjà bien suffisamment triste sans ça.

***/***

L’infirmière entre donc dans la chambre du jeune rouquin et sent son cœur faire un bond dans sa poitrine opulente quand elle aperçoit ses yeux verts braqués sur elle.

- Oh mon dieu !! Te voilà revenu parmi nous !!

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où sont tous mes amis ?

- Tes amis ? Quels amis ?

- J’étais avec eux dans la clairière et puis je me suis retrouvé soudainement ici !!

- Mais c’est impossible voyons !! Ça fait plus de deux ans que tu es dans cette chambre.

- Mais je vous assure que j’y étais !!

- C’est ton esprit qui a créé ça, je ne suis pas suffisamment calé dans l’étude du cerveau mais je ne vois que cette explication ; je vais prévenir le docteur qui te suit que tu t’es réveillé, tu pourras mieux lui expliquer ce que tu ressens.

L’infirmière ressort alors et reste un moment dans le couloir sans bouger, l’émotion est trop forte et ses yeux larmoient suffisamment pour qu’elle recherche un mouchoir dans sa poche.

Elle reprend finalement son chemin et entre dans le bureau du responsable de service qui voit bien à son visage que quelque chose vient de la perturber au plus haut point.

- Oui !!! Qui a-t-il ?

- C’est le jeune Florian monsieur !! Il vient de se réveiller !!

Le médecin se lève d’un bond.

- Non !!! Vous a-t-il paru entièrement conscient ?

- Oui docteur !! Mais ses propos sont bizarres !!

- Que vous a-t-il dit ?

- Il m’a parlé d’amis avec qui il était et aussi d’une clairière où il se serait trouvé !!

Le visage du médecin s’éclaire.

- Ça expliquerait tout alors !! J’aurais dû y penser, mais ces cas sont si rares que j’ai toujours cru jusqu’alors que c’était une ineptie sortie par les psys dans le seul but de tenter d’expliquer l’inexplicable.

Le médecin reste un instant songeur.

- Pourtant l’activité anormale de son cerveau pendant ces deux longues années aurait dû me mettre sur la voie !!

Le médecin sort de son bureau pour aller tout droit vers la chambre du jeune patient, il n’est pas sûr que son réveil soit une bonne chose car de toute façon il ne reste plus beaucoup de temps à son corps avant qu’ils ne puissent plus rien y faire pour le maintenir en vie et qu’il s’éteigne.

Il aurait mieux valu qu’il ne se réveille jamais finalement, autant pour sa famille que pour Florian lui-même qui devait bien se rendre compte de ce que sa vie avait d’ennuyeuse, enfermé dans un corps mort avec pour seules joies les quelques visites qu’il avait, de ses grands-parents essentiellement et des promenades que son baby-sitter et de surcroit meilleur ami, essayait de lui organiser quand il ne faisait pas trop mauvais temps.

Pour le reste, son intelligence aidée par ses lectures et ses longues heures passées seul devant la télévision, l’amenait souvent dans un imaginaire digne des meilleurs récits de fantasy qu’il racontait ensuite à Damien, celui-ci l’écoutait toujours subjuguer d’autant d’imagination venant d’un garçon ne connaissant rien ou presque de la vie de tous les jours.

Le médecin entre dans la chambre et ne peut s’empêcher de sourire devant les yeux toujours rieurs qu’il retrouve identique à ses souvenirs.

- Et bien dis donc !! On peut dire que tu nous as fait une sacrée frayeur toi !!

- Pourquoi me suis-je retrouvé ici ?? J’étais si bien avec tous mes amis.

Le médecin met en route son dictaphone, le pose sur la tablette près du lit et rapproche une chaise pour s’installer à côté du jeune homme dont seuls les yeux paraissent en vie mais qui le fixe avec une troublante intensité.

- Raconte-moi ça si tu veux bien !!

Florian lui conte alors cette vie merveilleuse qu’il vient de vivre, ses amis, ses amours, le « Don » fabuleux qui lui permettait de sauver les vies et de faire remarcher les infirmes.

Les animaux qui l’aimaient et le défendaient contre ses ennemis ainsi que les recherches qu’il a menées à bien pour guérir les maladies.

Les heures passent, Florian intarissable conte toutes ses péripéties de toutes ses merveilleuses années que son imaginaire, il s’en rend bien compte à présent, lui a fait vivre.

Le médecin tour à tour ressent les sentiments du jeune homme, ils pleurent et rient tous les deux, pris avec le jeune rouquin dans ses émotions les plus fortes.

***/***

« Quelques jours plus tard »

La voix du jeune homme devient de plus en plus inaudible au fur et à mesure qu’il arrive au terme de son récit, le médecin suit des yeux depuis un moment déjà les courbes de l’encéphalogramme qui s’aplanissent petit à petit et comprend que le terme de sa vie est atteint.

- La lumière !! Ils m’appellent docteur !! Mes amis !! Ils sont tous là dans la clairière à m’attendre !! Ils me tendent les bras !!! Thomas !! Raphaël !! Éric !!! Yuan !!! Antonin !!! Et tous les autres, ils me demandent de les re…join…dr…e !

La voix se tait, le graphisme de l’encéphalogramme devient plat. Le médecin attend quelques instants puis coupe l’alimentation de tous les appareils.

Son visage est baigné de larmes quand il lui ferme les yeux et lui recouvre le visage avec le drap du lit.

Il arrête le dictaphone et regarde l’heure, s’étonne d’avoir passé encore ce jour là tout l’après-midi et la nuit entière à l’écouter raconter cette vie merveilleuse qu’il a imaginée durant ses deux longues années de coma.

Une fois dans son bureau, il décroche le téléphone et compose un numéro qu’il connaît de longue date.

- Allô madame De Bierne ? Ici le docteur Frédéric Viala !!

***/***

- (Hellène pâlit) Il est arrivé quelque chose à Florian docteur ???

- C’est terminé Hellène !! Il s’est éteint avec le sourire. Je te ferai écouter son histoire et tu comprendras qu’il était heureux et impatient de… « repartir ».

***/***

Une fois raccroché, Frédéric va se rafraîchir quelques instants le visage, profitant de ce moment pour remettre sa chevelure en ordre et satisfait du résultat, il retourne à son bureau où il allume son pc et ouvre une page Word.

Il place le dictaphone près de lui et écoute quelques bribes de phrases, il stoppe le défilement de la bande et pose ses doigts sur le clavier en reniflant un grand coup sous l’émotion de ce qu’il compte faire.

En lettres majuscule et en centrant la phrase sur la page, il écrit alors le titre du récit qu’il fera connaître au plus grand nombre par les réseaux sociaux en souvenir de cet enfant si attachant et qui a passé sa vie à rêver à des joies qu’il ne pourrait jamais connaître.

Ses doigts courent alors sur le clavier comme possédés par une étrange illumination et s’apprêtent à y passer de longues heures tant qu’il ne sera pas parvenu au terme de ce récit ; sachant pertinemment qu’il ne pourra décrocher une fois commencer.

« LE DON DE GUERIR »

Chapitre 1 : L’accident

L’avion survolait la jungle africaine depuis déjà plusieurs heures, à l’intérieur………………………

Fin du livre 2 tome 6

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