Bûcheron je suis très agé ,
Ma sève perd sa qualité,
Je veille sur cette forêt
En chêne de haute futaie.
Tous ces arbres à mes cotés
Descendent de ma lignée.
La foudre ne m'a jamais brûlé,
La tempête ne m'a jamais déraciné
Et toi tu veux me couper
Alors que la nature m'a protègé.
Quand tu étais petit garçon,
Tu grimpais sur mon tronc,
Tu faisais l'école buissonnière
Pour venir jouer dans la clairière,
Tu ramassais aussi du bois
En vue des hivers si froids.
Je te considérais comme mon ami
Et puis tu as grandi.
Quand tu es devenu bûcheron,
J'ai cru perdre la raison.
Je te revois aujourd'hui
Mais tu ressembles à l'ennemi.
Je sens déjà ta lame de fer
Entamer profondément ma chair.
Ô bûcheron ne sois pas méchant,
Laisse moi revivre ce printemps,
Laisse moi bercer les oisillons
Qui dorment dans mes frondaisons.
Tu n'auras donc pas pitié
De mon large tronc ridé?
Je tremble de toutes mes feuilles
A la pensée de la forêt en deuil.
Faut-il que je dise adieu
A la terre chérie de mes aïeux ?
Alors bûcheron je t'en supplie
Puisque je dois quitter la vie,
Ecoute ma dernière volonté
Ensuite tu pourras me scier.
Vois-tu depuis que je suis né ,
J'ai toujours rêvé
Que mon bois servirait
Une cause pleine d'attraits.
Je veux devenir un violon
Pour jouer la symphonie des saisons.
J'ai tant aimé la chanson du vent
Bûcheron ,exauce le voeu d' un arbre mourant.