Un coin de plage

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Le soleil disparaissait à l'horizon dans des reflets rouges un peu sinistres. Autour de Kanila, les enfants se bousculaient en riant, peu sensibles à l'amertume du soir. C'était le cinquième soir. Demain, ce serait le sixième jour des vacances. Mais les rêves de calme et de paix intérieur de Kanila semblaient s'envoler en fumée.

Etait-ce si stupide de chercher un coin de plage sur cette grève immense? Un coin où s'abriter et laisser doucement le temps passer.

Kanila secoua la tête et porta son regard sur ses frères et soeurs qui continuaient de courir dans les vagues. Elle aurait voulu courir elle aussi, mais elle se sentait bien plus proche de la violence que du rire. Ses doigts jouaient sur le sable pour ne pas sauter à sa gorge. Ses yeux cherchaient l'horizon du regard pour ne pas désirer le fond de l'eau. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable en appelant désespérément un sentiment de réconfort dans la chaleur qui s'estompait.

Elle savait qu'elle avait dépassé le temps où l'abandon était possible, que chaque seconde désormais pouvait virer au gris, que chaque jour après l'autre n'était qu'une lutte. Elle ne souhaitait qu'un coin de plage. Un coin de plage où la mer resterait maternelle sans être meurtrière, où le ciel ouvrirait son immensité sans peser de tout son poids sur ses épaules, où le sable ne serait pas un piège qui se referme sur elle. Rien qu'un instant.

Kanila se laissa aller de tout son long, ramenant ses cheveux sur sa poitrine. Elle contemplait les derniers rayons du jour scintiller au milieu des cris des gamins. Demain, ce serait le sixième jour des vacances. Le flot de désespoir qui par instant remplissait ses poumons, s'écroulait avec le bruit des vagues. Ce n'était qu'un instant. Un instant, un autre instant. Ce n'était pas le spleen de l'été. Cétait l'ennui d'une vie. Le désir atroce d'autre chose qui baignait dans les lueurs violacées du couchant. Ses doigts comptaient le nombre de ses respirations, de dix en dix. Lentement.

Kanila se redressa, embrassa ses genoux avec ses bras. Elle sourit au soleil qui disparaissait. Ce n'était rien. Juste un rêve pour un coin de plage qui reculait vers l'horizon.

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