Un Noël en amour

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 Noël, tout le monde ou presque adore cette fête. Les repas festifs, les moments agréables en famille, des souvenirs remémorés et racontés à table. D’ailleurs, le dîner tarde toujours ce jour-là. Pour les parents, le sourire de leurs enfants à l’ouverture de leurs cadeaux, apporte de la joie.

 Moi, je n’aime pas cette fête. Elle me rappelle ce que je n’ai plus ! Une famille… Mes géniteurs ont disparu de ma vie, je ne sais pas ce qu’ils deviennent et je suis fille unique donc on peut oublier les frères et sœurs.

 Cette année, je le festoie avec mon petit ami Gaylord et ses parents. Le problème c’est que je ne l’aime pas vraiment. Il est gentil et je l’apprécie, mais je n’en suis pas amoureuse.

 La lumière du soleil tape dans la chambre, cela me fait penser qu’il faut vraiment que j’achète un rideau ! Je sens de la chaleur contre moi et un bras est posé sur mes côtes. Un souffle tiède caresse mon cou, c’est Gaylord, il avait dormi ici. De temps en temps, il reste chez moi la nuit et aujourd’hui c’est le réveillon de Noël alors il voulait s’éterniser avec moi.

 La chaleur humaine est quelque chose que j’affectionne tout particulièrement, nous n’avons pas besoin d’aimer une personne pour apprécier le contact de la peau ou même du plaisir de la chair. Je m’enfonce vers lui pour mieux sentir son corps, sa température. Il m’étreint plus fort et je bouillonne à le désirer. Je tourne mon visage et regarde ses lèvres, j’en salive de désir.

— Bonjour, toi ! dit-il d’une voix sensuelle.

 Son haleine matinale m’enlève tout appétit sexuel qui montait crescendo, depuis quelques instants. Je lui lance un baiser furtif sur ses lèvres, avant de me lever.

— C’est le réveillon aujourd’hui, reste encore dans le lit. dit-il, en essayant de m’attraper le bras.

— Justement ! Et comme tu m’obliges à venir le fêter avec tes parents, je dois m’apprêter.

 Je ne fête jamais Noël, mais cette année, Gaylord à insisté. Il voulait me prouver que cette fête est génial.

 Je prends le temps de me détendre dans un bon bain chaud avec la dévotion que Gaylord me rejoint. Je ne comprends pas ce que je fais, je le désire, mais en même temps, non.

Tu es compliquée Lena ! Voilà ce que tu es ! Ce gars est fou de toi et toi tu joues avec, comme un enfant avec son jouet préféré.

 Je ne saisis pas pourquoi je n’arrive pas à l’aimer. Une blessure profonde d’un ex ? Une cicatrice invisible, qui m’empêche de me laisser aller dans des sentiments sérieux ? Je ne savais pas. Pour le moment, je ne vais pas lui gâcher les fêtes de fin d’année.

 Trente minutes se sont écoulées, je suis devant le miroir. Ce qui me fait songer à ma collègue, qui larmoya dans les toilettes.

N’y pense pas, tu as l’habitude, au moins une fois par semaine.

 Pourtant, elle m’intrigue. Je vais sûrement lui en parler une fois le travail repris. Mais pour l’heure, je vais me consacrer à cette journée si importante pour Gaylord.

 Propre, comme un sou neuf et frais, comme un gardon, direction, la cuisine. L’odeur du café et les tranches de brioche garnies de confiture me font languir. Il a préparé le petit-déjeuner, voilà pourquoi il ne m’a pas rejoint. La lumière du soleil le tape en plein visage, laissant ressortir la couleur vert intense de ses yeux. Ses cheveux mi-longs sur le côté lui donnent un aspect rebelle. Il est beau, quand même.

 Le petit-déjeuner englouti, je m’installe sur le sofa dans l’attente de monsieur qui se lave. Je prends ma guitare, la pose contre mon torse et mes doigts commencent à frôler les cordes. Les notes dansent dans le salon. Une mélodie qui m’engouffre dans une transe hypnotique. J’adore jouer de cet instrument, il m’emporte dans un monde parfait, un rêve agréable où tout est possible.

— Tu devrais faire carrière, tu es vraiment douée. dit Gaylord.

 L’harmonie prend fin et avec lui mon état second, dans lequel je m’évade. Ce n’est pas la première fois qu’il me suggère cela, mais je le fais pour mon plaisir, par amour, pour me sentir libre. Je ne désire pas gâcher ce béguin, si important pour mon moral.

— Non, tu le sais bien !

— Tu n’apprécies pas ton travail, pourquoi ne pas tenter ?

— Je ne souhaite pas mélanger passion et boulot, rien de tel pour anéantir toute mon affection musicale.

 Il grimace et soupire, il ne veut pas l’intégrer, c’est ça que je n’aime pas chez lui. Nous n’avons pas de complicité, il ne me comprend pas !

Tu es si compliquée Lena !

 Treize heures pile, on prend enfin la route, direction, la demeure familiale de Gaylord. Une belle grande résidence camouflée par de la végétation assez haute pour ne rien distinguer. L’accès à la propriété se fait par un portail électrique. Ses parents ont bien réussi leur vie. Son père, avocat et sa mère, architecte. C’est d’ailleurs elle qui a conçu les plans de leur maison. Puis la sœur qui fait des études de médecine. Gaylord, lui, profite juste de l’argent de papa et maman. Un autre point que je n’aime pas chez lui, le manque d’ambition.

 La porte d’entrée s’ouvre sur le visage souriant de sa mère. Une femme assez jolie, malgré son âge avancé de cinquante-quatre ans. La longueur de ses cheveux blonds arrivant sur sa poitrine, aussi lisse que mes sentiments pour son fils. Une peau sans rides dissimulée sous un paquet de maquillage et des yeux bleu encore plus profond que l’océan.

— Voilà enfin nos deux tourtereaux !

— Bonjour, maman !

— Bonjour madame.

 Elle me prend la main et la serre d’un petit coup sec, elle ne m’aime pas et ça, je le sais, je ne suis pas ce style de femme qui convient à son garçon ! Et cela tombe bien, il ne me correspond pas non plus.

 Il faut que je m’adapte à cet environnement et à ce langage bourgeois, ce genre d’individu à vouvoyer jusqu’à la mort.

 Tout est déjà préparé, une table garnie, digne d’une soirée de Noël. Plusieurs assiettes et même plusieurs verres, dont je ne connais pas toutes leurs nécessités. Des serviettes en papier bien pliées qui forment de belles décorations. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi faire cela, chaque fois je n’ose pas l’utiliser pour ne pas détruire cette œuvre !

 Je viens d’arriver et je ne supporte déjà plus d’être là et ce n’est que le commencement. Pourquoi être venu en début d’après-midi ? Le reste de la journée va être long, voire interminable.

 Voilà le père de Gaylord qui descend et qui se dirige vers moi pour faire la bise. Un homme grisonnant vêtu d’un smoking bleu. J’ai l’impression de voir un individu important, je ne suis vraiment pas dans mon élément. Gaylord m’observe et aperçoit ma détresse dans mes yeux, je voulais fuir, courir le plus loin possible, me cacher dans mon lit. Mon cœur bat à toute allure, en consommant des quantités de sang tout comme une voiture de sport roulant à deux-cents kilomètres-heure.

 Il prend ma main et m’amène à l’étage dans sa chambre. La chambre d’un ado en pleine puberté avec des posters de groupe de rock divers et des vêtements sales qui jonchent le sol.

 D’un coup sec, il me tire vers lui et m’étreint. Je me sens mieux, mon cœur ralentit et le stress descend doucement. Je l’enlace à mon tour pour lui faire comprendre. Mon bien être. Sa chaleur et son parfum me transportent dans les nuages. Je lève ma tête et mes lèvres effleurent les siennes. Je les caresse et l’embrasse langoureusement. Je suis en pleine béatitude et je bouillonne de l’intérieur.

 Tout en le baisant, je le conduis en arrière et il s’écroule sur le lit quand ses mollets atteignent l’armature en bois. Je lui grimpe dessus et me penche pour jouer de nouveau avec sa langue. Je le désire ! Le seul moment où je me sens bien depuis notre arrivée. Il me porte pour inverser les rôles, le voilà maintenant sur moi. Sa bouche quitte la mienne pour parvenir sur mon cou et s’y engouffre. Je laisse s’échapper de petits gémissements d’extase.

 Sa main se balade sous mon chemisier, sur mon corps chaud, le caressant délicatement pour atteindre mon soutien-gorge. Il force le passage vers mon dos pour le dégrafer, mais l’en empêche. Je souhaite qu’on aille plus loin, je le désire en moi, le sentir et m’abandonner dans un supplice de jouissance. Mais comment faire cela chez ses parents ? Ils peuvent nous entendre ! Ou entrer à tout moment !

 Alors sa main rebrousse chemin et se dirige maintenant vers mon entre-jambes. Elle passe sous mon pantalon et même ma culotte. Je ressens ses doigts sur mon intimité jouant avec. Je veux le repousser, l’en empêcher, mais je suis prise par l’ivresse sexuelle.

 Il est toujours enfoui dans mon cou l’embrassant de toute part et toujours en train de caresser ma féminité. Ses phalanges se fraient un chemin dans ce tunnel étroit et humide. Mon souffle s’intensifie et mes paupières se ferment, mais un grincement me fait prendre conscience.

 La porte s’ouvre, laissant apparaitre une jeune femme brune. Éloise, sa sœur.

— Bordel Gaylord ! C’est Noël, qu’est-ce que tu fous ? dit-elle.

 Il s’assoit sur le lit à la hâte et je vois de la colère dans ses yeux.

— Casse-toi Éloise, qui te permet de rentrer sans frapper ?

— Maman a besoin de toi !

 Elle s’en va en claquant la porte. Gaylord dirige son regard sur moi et soupire.

— Je suis désolé.

— Je déteste ta famille ! Je veux retourner chez moi ! Je ne supporte plus cela.

 Je ne sais pas pourquoi, c’est venu tout seul. Je ne souhaite pas lui faire de mal, mais c’est trop pour moi. L’unique moment où mon stress disparaît et où je me sens bien, sa sœur gâche tout. J’ai les nerfs et il fallait que ça sorte.

— Partons discrètement ? Allons chez toi et passons Noël qu’à deux ? dit-il avec des yeux remplis d’étoiles.

 Cet homme est vraiment dingue de moi et pour une fois, une complicité se forme entre nous. Est-ce possible que je finisse par l’aimer avec le temps ?

 On sort furtivement, et l’on s’éloigne de cet enfer. Trente minutes après, on arrive chez moi, la satisfaction de retrouver mon petit cocon douillet s’affiche sur mon visage. Gaylord sourit également et ses yeux brillent toujours avec autant d’amour.

 Il met de la musique sur son téléphone et m’empare la main pour m’embarquer dans une danse. Je me sens bien de nouveau. La chanson s’arrête pour laisser une sonnerie d’appel prendre le dessus, c’est sa mère ! Il s’empresse de l’éteindre et me regarde plein de satisfaction.

— Ce Noël, je te le réserve !

 Plus tard dans la soirée, on s’installe sur le sofa l’un contre l’autre, Netflix sur le téléviseur et divers chips, cacahuète pour grignoter. Un plaid nous recouvre et ma tête est posée sur son torse, je sens son cœur battre. Chaque pulsation me dirige droit vers un sommeil profond. Finalement Noël ce n’est pas si mal.

— Je t’aime Lena !

 Mes yeux s’ouvrent totalement, c’était presque parfait, mais cette phrase me fait réellement prendre conscience que je devais arrêter de faire semblant. Plus le temps passe et plus il en souffrira. Finalement Noël c’est toujours merdique !

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