CHAPITRE 5 : Teixó l’arme du Kazar rencontre Punaise.
Le brouillard s’était glissé dans ma chambre en ce matin du premier jour du cinquième mois. Ce devait être la première heure du deuxième carré*.
Un turluti, un drôle de petit oiseau rose turlutait sur mon balcon. Cela faisait des mois que je n’avais pas dormi dans un vrai lit, avec de vrais draps et ce luxe me faisait du bien. Je m’assis contre la tête de lit, le dos calé par de confortables coussins.
La veille au soir j’avais appris une mauvaise nouvelle, pas moyen de quitter cette cité état avant au moins deux mois, aucun transport régulier pour traverser le fleuve ou descendre en direction de Chytta, la cité aux 100 portes. Cette étape me permettrait de prendre la piste de Centrerien*.
Il me fallait prendre mon mal en patience, je n’avais vraiment pas envie de remonter sur mon roojas pour cheminer en amont, en direction de Shalmachar, la ville la plus proche, elle n’était qu’à 100 arphanges*, mais voilà, je n’y avais pas laissé de bons souvenirs et même si cela remontait à 15 ans, je ne pensais pas que le häkim* et la populace aient si facilement oublié la façon dont j’avais exterminé leurs prêtres inquisiteurs Messiens.
Je n’avais aucune pitié pour cette sale engeance. Et c’est avec délice, que j’avais aspergé mes pierres à aiguiser avec leur sang. Il est vrai que les lames de mes sabres en étaient avides.
Elles avaient été forgées il y a des millénaires ; un antique savoir en avait fait des armes capables d’incarner l’art de donner la mort par le fer. Plus on les affûtait plus elles étaient belles, plus elles étaient belles, plus elles étaient tranchantes. Elles me rappelaient à quelques détails près les katanas de ma terre natale.
Je me souvenais encore des paroles du maître forgeron qui les avait adaptés à ma main.
"À beautés suprêmes, armes suprêmes, voilà tes sabres. Prends en soin, leur perfection exige du sang, leur beauté, n’est ni dans leur garde, ni dans leur pommeau, ni dans leur fusée, mais dans leur lame ; elles qui n’existent que pour tuer ; si tu les aiguises sur l’éponge de pierre avec du sang, elles te remercieront au centuple."
C’était il y a plus de trois cents ans de cela, après ma cinquième résurrection.
Je me souvenais aussi de ma question :
- Sais-tu d’où viennent ces sabres ?
Le maître forgeron avait ri.
- D’où viennent ces sabres, tu demandes ? Du même endroit que toi... des enfers bien sûr… D’où veux-tu qu’ils viennent ?
Le turluti s’envola.
De ma chambre, je dominais la ville basse aux toits de zinc.
La pièce était vaste et bien meublée. À la demande de l’Oracle de la Guilde*, je l’avais loué pour 15 jours le temps de voir venir et comme toutes les chambres des bordels de luxe, j’avais une esclave attitrée pour satisfaire tous mes besoins, toutes mes envies... d’ailleurs où était-elle ?
La veille, j’étais revenu dans un sale état, trop de boisson, trop d’herbes à fumer, aussi, j’étais rentré au "radar". C’est drôle ce mot, cela devait faire cent ans que je ne l’avais pas utilisé. Je ne me souvenais pas m’être déshabillé. Néanmoins, j’étais nu sous les draps et les fourrures. Je vis mon esclave de chambre, assise en tailleur dans l’ombre d’une armoire, tête baissée, les mains croisées derrière le dos, position on ne peut plus normale pour une esclave de chambre. Nul doute qu’elle avait dû dormir au pied de mon lit comme l’animal dressé qu’elle était.
- Viens saluer ton maître loueur* !
- Oui maître. Je suis si parfaitement dressée que j’obéirai aveuglément à chacun de vos ordres.
- Putain ! Tu pourrais pas dire simplement. J'écoute et j'obéis comme toutes les putains ! Et puis c'est quoi ton nom ?
- Punaise, mon maître LOUEUR. Je sentis comme une insistance sur loueur. Tel est le nom que m’a donné l’aubergiste. Mais je peux porter celui qu’il vous plaira noble Maître.
Il est d'usage sur Exo que les esclaves ont soit un prénom avilissant, soit un petit nom qui renvoie à leurs fonctions ex : sac pour une esclave qui porte des sacs, elles peuvent avoir un matricule, ou pire : rien. Cela est le cas des esclaves occupées à une seule tache comme tourner la manivelle d’un puits. Un ou une esclave peut changer mainte fois de prénom durant sa vie. Pour les iotas il est rare qu'elles aient un nom, parfois elles ont un matricule, mais en règle générale elles sont simplement considérées comme un moteur "humain".
- Eh bien, punaise retire ton exomis* que je puisse voir à quel point tu es baisable. Hier soir, j’avais sommeil, j’étais crevé, mais ce matin, cela va beaucoup mieux. Oui, c'est bien ce que je pensais t'es un second choix ?
- Oui noble Maître.
- Ça y est t'es à poils ? Tourne sur toi que je puisse juger de la marchandise. Bon ça ira. De toute façon si c'est l'Oracle qui t'a choisie, c'est qu'il avait ses raisons. C'est quoi ta spécialité ?
- Maître on dit que je suce bien.
- C'est un bon début, c'est déjà ça. Assurément, c'est bien la première fois qu'on me file un deuxième choix dans un bordel de nom. En plus t'es qu'une gamine tu m'arrives même pas à l'épaule. On va bien voir si tu es digne de combler tous mes désirs, tu es quand même bien mignonne, petite esclave. Saute sur le lit, j’ai besoin de te voir de plus près, de contempler ton con. Viens plus près Punaise, je vais pas te bouffer ! Tes petits seins m’excitent ! Ils doivent rentrer tout entier dans ma bouche. Approche ! Approche, j’ai envie de fourrer ma main dans ton joli con. Par tous les dieux ! Comme il est vorace… j'aurais pas cru, bordel, Il est goulu le bougre, on s’y enfonce comme dans le marais… Mais avant tu vas te régaler à bouffer ma bite.
Punaise avait la langue agile et complaisante d’une esclave accomplie. Elle aimait les bites, toutes les bites avec gourmandise… Et cela valait mieux pour elle.
- Hum... C'est vraie salope ! Tu suces comme une gougnotte vicieuse... Voyons voir maintenant si tu sais me faire jouir rapidement. Youaaa ! Encore quelques coups de langue et je ne réponds de rien... Vite petite salope à quat pattes ! Laisse-moi te le fourrer ! Bordel ! mais qu’est-ce que je peux dire comme conneries !!! je ferai mieux de te baiser en silence, tu ne crois pas ? Mais réponds bordel, réponds quand je t'parle.
- Comme le veut le maître. Le maître veut que je pousse des petits cris ? Des gémissements peut-être ?
Après quelques minutes, j’éjaculai et je me retirai de ce fourreau agréable. La jeune esclave connaissait son métier, elle se retourna pour gober mon sexe, elle le lécha, le nettoya. Oui, elle était bien dressée. Quand elle eut fini, elle se mit à genoux, sa main droite entre les jambes afin de recueillir le sperme qui coulait. Quand elle jugea que tout ce qui devait couler était au creux de sa main, elle la lécha.
En cela, elle avait respecté scrupuleusement l’article 8 du code des esclaves, qui stipulait qu’elle devait être consciencieuse en soignant chaque détail de son service et qu’elle ne devait jamais traiter une partie de ses devoirs de manière frivole.
Cette saillie rapide m’avait apaisé, je n’aspirai qu’à une chose me rendormir.
Mais dans ses yeux je voyais tout le mépris d'une femme et non celui d'une esclave. J’eus honte, pour la première fois depuis longtemps j'eus honte de moi.
- Viens Punaise, viens dans mes bras, je veux enlacer autre chose que mes armes. Je veux sentir la chaleur d’un être humain, même si c’est une esclave. Mais s’il te plaît, arrête de baiser comme une putain qui réciterait son credo. Quand on baise, je voudrais que cela fasse comme qui dirait… Plus naturel.
- Comme le veut mon maître. Elle marqua une pause puis, Maître et si je n’ai pas envie de faire l’amour ? dit-elle mi-mutine mi-sérieuse.
Comment pouvait-elle ne pas avoir envie de baiser avec moi ? Franchement, cette question était vraiment stupide, digne d’une esclave.
- Hé, bien… Tu feras semblant d’avoir envie.
- Comme voudra le noble maître.
Je la serrai dans mes bras, elle était fraîche, elle sentait bon, je pensais à What que j’avais laissé dans l’enclos à roojas, il devait lui aussi se reposer.
Ma conversation avec Abrulus Idramacom avait été on ne peut plus froide. C’est vrai qu’à peine entrée dans Yuchekha, j’avais déjà un mort à mon actif. Un tout petit contrat pour la Ligne*, une broutille, un homme de rien du tout à éliminer. Je l’avais occis de manière rapide et sans bavure... d’accord, c’était en pleine rue... d’accord, il y avait foule… Mais j’étais pressé, il fallait bien que je m'occupe de What... que je retrouve dans cette grande cité la chambre qu'on m'avait réservée. Mais que pouvait-on me faire ? J’étais Hors-Loi, actionnaire de la Guilde et, qui plus est, ma réputation bonne, autant que mauvaise m’avait précédée. Nul doute que je trouverai facilement d’autres contrats en attendant mon départ.
***
La veille au soir, j’étais passé au comptoir de la Ligne* ou plutôt en ce lieu que l'on nomme la Gare* afin de monnayer mon butin et je n’étais pas mécontent du résultat. J’en avais profité pour faire le point sur ma fortune. Elle avait encore grossi, mais je n’étais toujours pas assez riche pour entreprendre la construction d’une Loco*. Cependant je n’en étais pas loin. Mon rêve prenait forme.
En attendant, cet après-midi, j’irai bien faire un tour de la foire aux esclaves. À moins que je n’aille dans une des nombreuses académies de combat, qui faisaient la renommée de Yuchekha, j’avais bien le temps d’y réfléchir.
- Si le Maître le veut, je peux le masser ?
- Oui pourquoi pas.
- Maître, je peux te poser une question ?
- Oui, pourquoi pas… On sait jamais, cela pourrait être amusant.
- Le noble maître, a une peau étrange.
- Tu n’as jamais vu un homme à la peau sombre ?
- Maître, il y a de nombreux noirs qui viennent à l’auberge, même une fois j'ai vu un Gn'eiss*, mais toi, tu as une peau cuivrée, qui est si douce, on dirait qu’elle est huilée. Mais elle ne tache pas le linge, c’est vraiment étrange, maître, en plus son seul contact donne un plaisir étrange.
- Oui, je sais, on me l’a déjà dit.
- Sangsue une autre pute est passée tôt ce matin, elle m'a dit que tu étais Teixó l’arme du Kazar. On dit aussi que de grandes dames auraient voulu être tes esclaves, on dit aussi que tu étais avec Honorius, avec Ser et avec la Mort-qui-Marche… On dit aussi que tu étais au couronnement d’Honorius.
- On dit, on dit aussi... Tout le monde dit n’importe quoi. Continue à me masser plutôt que de dire des bêtises.
- Bien noble maître, excuse ton esclave de chambre, elle est stupide et bête comme tous les outils de plaisirs.
- Oui petite Punaise, j’étais avec eux. Mais je ne sais pas si on peut parler de couronnement. Si tu veux, je peux te raconter. Mais continue à me masser.
- Oh oui noble maître. Votre humble esclave aime entendre des histoires. Elle s'interrompit pour applaudir quelques secondes avant de reprendre son ouvrage.
- Les deux frères Dominiens avaient contracté une énorme dette auprès de la Guilde et de l’Ordre des Hors-Loi, tout ça pour acheter les légions et les mercenaires que Salgon leur Empereur leur refusait. Donc après une campagne pour garantir les frontières de l'Empire Dominien, après qu’ils eurent battu la menace de l’Empire de l’Est et surtout sachant que Salgon* qu'on appelait le Magnanime était du genre avare et peu reconnaissant. Les deux frères se doutaient bien que jamais il ne paierait la dette envers l'ordre des Hors-Loi et la Guilde. Alors Honorius n’avait qu’une solution mais quelque chose me dit qu'il avait tout prévu à l'avance... Il profita de ses lauriers, des légions acquises à sa cause et surtout de notre aide bienveillante pour déposer son pleutre empereur, une espèce de couille molle, le dernier avorton d’une dynastie dégénérée qui bloquait toutes les possibilités d’évolution et empêchait la construction d’une ligne entre Domina*, Aquilata* et le plateau du Moggave*. Cela faisait trop de couleuvres à avaler. Il faut savoir de temps en temps faire tomber quelques têtes, même si ce sont celles de souverains, ainsi tous savent qui gouverne vraiment. Mais pour en revenir à ce que tu me demandais… Tout-cela s’est passé, il y a à peine dix ans, dans la brume humide d’une matinée morose, comme ce matin, vois-tu. Dix ans déjà... comme le temps passe. Notre troupe forte de deux squadra* de cavaliers dont une de roojas, avait traversé le Forum du Magistoroom désert à cette heure. J’étais à la tête des roojas pour nettoyer le terrain au cas où… Mais point de combat, les gardes nous avaient salué, ils avaient levé respectueusement leurs lances, nous laissant passer. Nos squadra se dirigèrent vers le Quartier des Pouvoirs et le Palatal, c’est un peu comme votre Civitas*, mais en beaucoup plus grand. Grand comme… au moins dix fois la Civitas de Yuchekha. Bref, on avait mis pied à terre devant le Palatal. On aurait pu encore nous faire barrage. Mais dans cette atmosphère délétère... à voir ta tête, je pense que tu comprends pas ‘’délétère’’, disons que ça veut dire mauvais… On était comme qui dirait… Invincibles, comme protégé des Dieux.
- Je sais noble maître, je connais ce mot, je suis seulement surprise que vous, vous … Ho, ho, pardon maître.
- Ne t’excuse pas, tu penses qu’un mercenaire comme moi… c’est plutôt à moi de m’excuser, toutes les putains, toutes les esclaves, ne sont pas toutes sottes. N’est-ce pas Punaise ? Je commence à comprendre le choix de l'Oracle de la Ligne.
- Que veut dire le maître ?
- Non, rien… ou plutôt si, à moi de te poser une question. La Civitas communique bien le pédigré de chaque esclave à la Guilde ?
- En effet noble maître. Cela fait partie des accords entre Yuchekha et la Guilde. Ainsi la Guilde et la Ligne gèrent aussi de concert la Gare et le Dépotoir*, c'est comme cela depuis toujours.
- Ainsi je suppose que l'Intendant du Dépotoir était un employé de la Ligne ?
- Oui noble maître, sauf que la Ligne ne peut pas le révoquer à cause des antiques lois de Yuchekha, elles impliquent que la passation de pouvoir ne peut se faire que par le duel et l'Intendant est une fine lame et il est toujours entouré de gardes du corps.
- S'il venait à disparaitre que se passerait ‘il ?
- Eh bien noble maître, le vainqueur hériterait de la charge, encore faut-il qu'il en ait les compétences.
- Et s'il n'en veut pas ? Et arrête de me servir du noble maître, maître sera suffisant.
- Bien maître, si le vainqueur ne veut pas de la charge il devra soit trouver un remplaçant soit payer une forte amande. Dans les deux cas cela coute très cher car la gestion du Dépotoir demande un intendant ayant la Capacité en Droit, un certain niveau en tant que scribe et avoir été greffier soit à la Civitas, soit à la Guilde ou encore à la Ligne.
- Laisse-moi deviner, l'intendant était greffier à la Civitas ? Et comment sais-tu cela ? après tout tu n'es qu'une esclave de bordel.
- Maître, c'est justement parce que je suis une esclave de bordel que je sais cela. Les hommes sont bavards et ce n'est pas parce que j'ai souvent la bouche pleine que je suis sourde.
- Les fumiers ! Je commence à comprendre la Guilde, l’Oracle et surtout la Ligne…
- Que veut dire le maître ?
- Puisque tu es si à propos des lois, des us et coutumes de cette charmant ville. Ces lois s'appliquent elles à la classe des Hors-Loi ?
- Là maître, je ne saurai dire. Mais, maître j'ose vous poser une question, vous avez dit : " je suppose que l'Intendant du Dépotoir était un employé de la Ligne"
- Oui et alors ?
- Maître vous avez employé le passé.
- Tu as bonne mémoire en plus de n'être pas sotte. Autant te le dire. De toute façon ça va vite faire la tour de la ville... Hier j'ai tranché la tête de l'intendant.
- Hier soir le licteur me l'avait bien dit en me mettant la chaine... que vous n'étiez pas ordinaire.
- Et si on baisait pour changer ?
- Mon maître à déjà oublié, sans vouloir le commander, s'il pouvait me raconter la suite de l’histoire.
- Bon, je reprends… "D’un pas déterminé, la moitié de la troupe marcha vers la salle du grand conseil. Nos pas rapides, résolus, résonnaient sur les dalles. J’entends encore le crissement des éperons sur le marbre. Je marchais devant, une rondache dans la main gauche, un sabre dans l’autre, derrière il y avait le chétif, c’est le surnom qu’on donnait à Honorius, et Ser. À leur droite, il y avait Garm, celui que tu appelles la Mort-qui-Marche, à gauche Metamoto le maître d’armes et derrière deux primipiles. Crois-moi, personne, pas même une armée de harpies n’aurait pu nous barrer le passage. Les portes de bronze bâillaient largement. Tout près du grand trône vide, une maigre foule de sénateurs, veule, apeurée comme de viles commères, à notre vue, ils dégagèrent promptement les degrés de l’estrade. Alors, on vit les deux frères, aux armures encore couvertes de poussière, seuls au milieu du cercle des piques de nos lanciers. Ils étaient aussi semblables que différents ; un même père, deux mères différentes, l'un robuste et grand, l'autre plus jeune, plus mince, mais dans leurs yeux, la même fièvre, la même audace sacrilège. Alors, devant quelque sénateurs effarés, Res Ser ramassa de la pointe de sa spatha la couronne oubliée au bas des degrés, puis il s’écria, devant les soldats, triomphants" :
- C'est tout ! … C'est tout ! ... Tu reçois l’accueil silencieux de sénateurs apeurés. Tiens, mon frère, tu as perdu ton casque. Et puisqu’il faut respecter les coutumes et les valeurs locales… Fais ce que père aurait dû faire il y a bien longtemps. Par le triomphant Jupiter ! Le sénat peut bien t’offrir cette couronne, petit frère. Et d’un geste sec, il lui envoya la tiare. Tu vois l’ennui avec Honorius, c’est que c’est un littéraire, alors je suis quasi-sûr que son discours, il le connaissait par cœur. Moi perso, j’aurai fait plus court… Mais on ne refait pas les gens, surtout pas les génies, alors je vais te raconter la scène de mémoire, ça sera un bon exercice.
- Le soleil va luire sur Domina, nos villes et tout l'Empire, vont renaître de leurs cendres. La justice va détrôner la tyrannie de patriciens déficients. Nous réveillerons de dedans leurs tombes nos illustres ancêtres. Soyez fiers, car désormais, nos ennemis savent que, tel le divin phénix, nous renaissons aux anciennes gloires de notre Empire. Quand Domina se réveillera, elle aura un nouveau gouvernement. La couronne était dans le ruisseau, je l’ai et je la garde pour le bien de tous. Je suis le fils de celui qui vous sauva vous, sénateurs, de la vindicte populaire. N'outragez pas mon jeune âge par un quelconque affront. Oui, nobles patriciens, jadis vous tous vous nous avez trahis et traqués. Mais aujourd’hui, enfin maître de mes droits, j'ai défendu par les armes, la justice de ma cause. J’ai vaincu l’Empire de l’Est sans votre aide, sans votre or. Votre liberté et la sûreté de vos biens, vous tous, vous me les devez. Et vous, légionnaires, mes chers soldats, faites valoir avec vos glaives mon nouveau titre.
"Et d'un même geste, toute notre escorte brandit en l'air les spatha et les sabres étincelants.
Un ordre aurait suffi, pour que nous égorgions ce reliquat de sénateurs.
Et peut-être Honorius, allait-il le donner cet ordre tant redouté.
Mais Res Ser lui mit la main sur l'épaule et prit la parole."
- Sénateurs, amis, partisans, défenseurs de la grandeur de l'Empire. Si jamais Honorius, le fils du Maître de Cavalerie, a trouvé grâce à vos yeux, gardez l’entrée du Magistoroom et ne souffrez pas qu'un autre que lui ne s'approche du trône impérial.
- Le grand chambellan Amphitrus, un homme aussi vieux que chenu, mit un instant sa toge en ordre, puis il leva en l'air ses bras maigres comme de vieux ceps de vigne, réclamant le silence. Fin politique, sa parole était respectée de tous.
- Jeunes princes qui, à l'aide de légions de mercenaires, disputez avidement le pouvoir sur l'empire, sachez que le peuple, dont nous sommes les représentants, a d'une voix unanime, jadis, choisi Salgon, surnommé le Magnanime, en égard des services qu'il a rendus à l'Empire. Il n'existe pas aujourd'hui dans les murs de la cité, un homme plus noble, un plus brave guerrier.
- Est-il présent en ces lieux ? Était-il à la tête des armées lors de notre dernière campagne ? Nous a-t-il envoyé les renforts tant espérés ? Non, je ne crois pas. Eh bien, qu'il vienne reprendre sa couronne s'il est si brave ! Si tu dis qu'il est encore dans Domina, ou même encore dans Prima-Domina, qu'il vienne. Qu'il s'explique ! car moi, je dis que c’est couardise que de se terrer sur la presqu’île de Zénon. Car c'est bien là-bas qu'il se cache ? avait grondé Ser.
- Oui, qu'il vienne ! J'en appelle à nos antiques lois ! Et pour faire les choses selon le droit, je repose la couronne sur le trône. Avait ajouté Honorius Oui qu'il en soit ainsi. Il est appelé ici devant le sénat et le peuple de Domina, et qu'avant la fin du jour, avant que la deuxième lune ne soit à son zénith, qu’il reprenne sa tiare ou qu'il abdique à jamais.
- Sénateurs ! C'est à Salgon qu'il faut rendre hommage ! Ici je ne fais que lui prêter ma voix. Son génie, les faveurs dont il nous a couvert, la justesse de ses lois. La paix à venir annonce aujourd'hui son retour auguste dans Domina ! nul doute qu'il saura récompenser comme il convient ces généraux victorieux... Pourvu que leurs légions regagnent les casernes. Sénateurs, vous pourriez, en vous abaissant jusqu'à ces deux-là, leur faire bon accueil. Et qui sait, peut-être désarmer leur courroux, mais non pas leurs ambitions... Comme ils doivent s'enivrer d'un si grand triomphe ! Ils sont partis comme deux obscurs tribuns proscrits. Leurs mères des maquerelles notoirement connues, leurs amis des forçats, des gladiateurs en rupture de ban, des esclaves évadés ! il y a peu de temps encore leur simple nom était une insulte ! et les voici qu’ils rentrent avec des rêves de tyrans. Que les Dieux nous épargnent ce danger ! "hurla presque Postulus."
- Jeune sénateur, fils de Postulus l’indolent, tu portes bien ton nom Postulus Junior ou plutôt Minor, tout en toi est petit à ce qu’on dit. Tout, sauf ta soif des honneurs et des biens d’autrui. Tu es bien comme tous tes amis du parti des Olympiens. Tu es bien de ta caste. Tu vis comme avant les invasions, comme avant la chute de la moitié de nos villes. Tu es comme toute cette jeunesse des hauts quartiers de Maurio ou de Donabetta. Ils sont tous, comme toi… insouciants, corrompus, peu soucieux de leur dignité, prodigue du bien d'autrui. Amis des plaisirs faciles, vous vous jetez dès que vous le pouvez dans la courtisanerie ou plutôt dans la politique des combines, avec une ambition impatiente, de grands besoins à assouvir et aucun scrupule. Mais ces temps sont révolus !
"Le sénateur Aeentinus Varro, prit la parole, pour persifler" :
- Le fier Honorius a ravi la prêtresse reine Igfride, d’un peuple, que dis-je, d’une race inférieure, d’une vaincue à ce qu’on dit, il en a fait sa maîtresse. Les augures en vain auraient dû l'épouvanter, les barbares sont défaits, l'Empire de l'Est aussi ; qu'importe, si la fortune offre à ce chanceux général une maîtresse qu’il s’est choisie, du moment qu'elle soit esclave, mais on nous dit qu'elle siège maintenant à ses côtés et que ses hordes de sauvages se sont ralliées à nos aigles… Et c'est ainsi qu'il croit venger notre injure, alors qu'il aurait dû les crucifier tous et maintenant céans, il vient… Usurpateur et parjure, sans prévoir notre courroux ni notre résistance. On dit aussi qu'il veut couronner dans Domina cette fille d'Hyperborée. Il peut offrir sa couche mais non un sceptre qui ne lui appartient pas.
- Je me suis promis de pardonner le lâche assassinat de notre père. Mais prenez garde qu'un désir m’entraîne à gouter aux fruits amers de la vengeance. À l'effusion du sang qu'il est pourtant défendu de répandre en ce lieu sacré. Je me souviens encore de la fatale imprécation de mon père. Elle me presse et malgré mes yeux secs, malgré mon calme apparent, je pourrai bien me laisser fléchir par mon frère Res Ser et faire un ménage en grand.
- Aeentinus Varro rajusta de l'ordre de sa toge, se racla la gorge et reprit la parole.
- Tu crois en pardonnant obtenir ton pardon !
"Ser lui coupa sèchement la parole."
- Les maximes des Empereurs, tu crois que nous les ignorons ? Inflexibles pour nous, indulgentes pour eux-mêmes. Le droit de faillir à leur devoir leur tient de droits suprêmes, et qui franchit comme eux les bornes de la justice, leur semble faire affront à leur souverain pouvoir !
"Le sénateur Quintrus Faber cria ivre de rage, se leva, trépigna agitant haut les bras."
- Tais-toi, chien ! Fils d'esclave, vos mères ne sont que des putains qui ont eu plus d'hommes dans leurs lits que tu n'en as commandés.
"On entendit un grand cri... Faber tenait son poignet. Dans sa paume, était fiché un pugio* que venait de lancer Ser."
- Je ne suis pas comme mon frère qui entend rester poli et raisonnable. Tu t’appelles Faber ? Rends-toi utile, aiguises ma dague. Alors, peut-être, je te laisserai la vie. N'oublie pas que les dieux sont avec les victorieux et il ne convient pas que tu manques de respect à nos mères… Même si tu as peut-être raison. Il n’est pas dit non plus que ta mère n’aie pas eue recours aux étalons des bordels de nos mères. J’ai lu une épigramme, il n’y a pas si longtemps, qui disait que le noyau d’olive qui tient lieu de bite à ton père serait un don familial… Comme je plains ta mère et ta pauvre femme, c'est sans doute pour cela qu’elles sont de si bonnes clientes de nos mères.
- Calme-toi, Aeentinus Varro et songe à bien envisager le danger. Honorius est revenu, vainqueur. Contre ce général, quelles seront les armes du sénat ? Ce héros est là devant nous. Espères-tu qu'un petit nombre d'orateurs puisse le vaincre ici ? Avez-vous des armes pour répandre son sang ? Ce qu'aucun n'a réussi à faire sur le champ de bataille, ce qu'aucun des plus belliqueux et des plus redoutables de nos ennemis n'est parvenu à faire, crois-tu que tes effets de toge y parviennent ? Ce héros, dont ta main espère le trépas, penses-tu que ses légions ne le vengeraient pas ? Imagine les calamités qu'engendrerait une pareille entreprise. » "cria Ursus Caton au milieu du brouhaha."
- L'illustre Salgon, dans toute la fleur de sa magnificence, est attendu ici avant le coucher du soleil. Nous vous demandons, au nom des Dieux immortels, de respecter nos lois. Et que celui que vous désirez voir solennellement remplacer, au nom des droits du sénat, des droits du Magistoroom et du pouvoir des légions, que celui que vous prétendez honorer et glorifier, se retire et attende son heure. Qu'il renonce à la violence, congédie ses armées et, en loyal prétendant fasse, valoir ses mérites avec une pacifique humilité. "Ainsi parla le grand Chambellan, gardien des antiques lois".
- Comme si les paroles de ce vénérable tribun pourraient apaiser mes craintes. Mais il est trop tôt pour congédier mes légions, les portes du temple de Janus sont encore grandes ouvertes et, même si pour un temps l'ennemi est vaincu, sa puissance est intacte. Aussi, afin de contenter l'honorable Sénat, je transmets le pouvoir des légions à Res Ser Lupus, qui n'a jamais démérité.
"À ses paroles le soleil émergea, transperçant le ciel de ses rayons radieux, irradiant la vaste salle. Ils ricochèrent sur les armes et la couronne qui de mille feux brilla sur un trône toujours vide. La journée s’annonçait belle." Comme cette journée petite Punaise, tu vois le soleil chasse déjà le brouillard. Il est l’heure que tu fasses monter le petit-déjeuner.
- Bien maître. Mais je peux encore poser une question ?
- Oui, mais fais vite exaspérante petite esclave.
- Comment mon maître peut-il se souvenir aussi bien de cet épisode de sa vie ? Il se dit aussi que tu es le roi des menteurs… Ne me bats pas maître, je ne fais que répéter les médisances des clients.
- Petite impertinente, tu mériterais que je te fesse. Dis-je en la jetant sur mes genoux, la main levée prête à s’abattre sur son cul rebondi. Mais tu as de la chance, elles sont trop jolies pour que je les abîme. Elles ne méritent que mes baisers. Mais pour répondre à ta question, peut être que j’ai un peu brodé… Mais, mais… j’ai une bonne mémoire, je suis de l’Ordre des Hors-Loi, avec des capacités qui ressemblent un peu, un tout petit peu, à celui des Valdhoriens. Ne l’oublie pas.
- Maître, pourquoi dis-tu cela ?
- À ton avis, Punaise…
- Bien maître, je crois comprendre.
- Oui punaise, je crois qu’on se comprend tous les deux.
Je me souvenais aussi qu’intercepter l'armée du pleutre Salgon ne fut qu'une formalité. Mes roojas n’en firent qu’une bouchée. Voilà pourquoi depuis lors, on me nommait parfois Teixó, l’arme du Kazar*.
Le large bracelet que je portais à mon poignet gauche se mit à vibrer légèrement, c’était mon Oracle qui me prévenait que j’avais un message de la Guilde.
C’était une relique du temps de la troisième guerre du Blob Stellaire. Alors que nous étions soldats, on nous avait équipé de cet artefact. C’était un terminal symbiotique nous permettant de communiquer entre nous et le Blob. En plus d’être une base de données et un médicus, c’était un calculateur prédictif d’où le nom dont on avait affublé ce bracelet : « Oracle ». C’était un joli nom pour cet objet rare et précieux. Le seul problème était dû à son rayon d’action restreint à 20 arphanges tout autour de soi, et à 100 arphanges* autour d’une antenne-relais de la Guilde. L’Oracle et le Blob nous avaient permis de nous mutiner, mais c’était une autre histoire, pourtant elle était loin d’être terminée.
- Au fait Punaise, sais-tu écrire ?
- Oui maître, dans une autre vie, j’ai été scribe avant d’être putae. Mais je pense que mon maître Teixó sait plus de choses qu’il ne veut bien en dire.
Plutôt que de répondre à ma petite putain, je me mis à rire. Et comme elle était toujours couchée sur mes genoux, je lui tirai les cheveux qu’elle avait longs et je l’embrassai à bouche que veux-tu.
Son passé, je le connaissais, l'Oracle venait d'imprimer dans mon esprit les grandes lignes de la bio de Punaise. Mais comme j’étais un affreux goujat, je préférai faire du mauvais humour.
En somme, tu as lâché la plume de ta main pour tailler des plumes avec ta langue.
- C’est cela maître. Me dit-elle tristement.
Je n’étais pas assez mufle pour lui demander ce qu’elle préférait, d’autant que je susse par expérience qu’elle mentirait pour faire plaisir à son client.
- Je sens, ma fille, que nous allons bien nous entendre. Mais là, j’ai besoin de dormir encore un peu.
***
Punaise ne dormait pas. Elle se souvenait de cet homme étrange, ivre et joyeux, qui avait poussé la porte, puis avait titubé jusqu’au lit avant de s’y abattre comme un arbre. Elle l’avait déshabillé et s’était allongée au pied du lit. Une chose était certaine, c’étaient les Dieux qui lui envoyaient ce client pas comme les autres.
C’était la première fois qu’elle montait en chambre comme on disait au bordel, mais elle savait ce qu’il fallait faire… Se lever en entendant le loquet de la porte.
C'était son travail d'accueillir les clients en allant se placer devant l’entrée, d’être à l’écoute de leur moindre désir.
Bien sûr, elle était nue ou presque, mais elle avait vu dans les rues d'autres esclaves chargées de chaînes et de lourds colliers pénibles à porter, toutes avaient de grands tatouages, toutes étaient marquées au fer rouge. Les plus à plaindre étaient sans nul doute les Iŭga*
Au moins elle, elle n’avait que de discrets tatouages, ainsi qu’une toute petite flétrissure laissée par la marque sur son épaule droite.
À l’auberge, elle mangeait toujours à sa faim et bien souvent autre chose que l’infecte cycéon des esclaves.
Elle avait un endroit chaud et propre pour dormir la nuit et même droit à une couverture. Sauf que, chaque soir, quand elle avait fini son service, la chaîne de bronze de l’aubergiste Llamal était fixée à sa cheville.
Les épaules en arrière, le ventre rentré, ses petits seins pointant en avant, elle jeta un coup d'œil nerveux à la porte qui s’ouvrait… Qui serait son client ? Un marchand ? Un soldat ? Un prêtre ? Ou une lesbienne ?
Son client devait être riche et important, elle en était certaine, elle l’avait déshabillé, ses vêtements étaient taillés dans des étoffes précieuses, sa cotte de mailles était faite d’un métal qu’elle ne connaissait pas, ses armes étaient étranges et il portait un large bracelet qui semblait faire corps avec son poignet gauche.
Elle était dans la plus belle des chambres et cela n’était pas normal. Elle n’était qu’une fille de salle, une serveuse une putae qu’on dépiaute dans un coin, qu’on jette sous la table pour sucer des bites pas toujours propres…
Pas plus tard qu’hier soir, alors qu’elle était en salle, elle avait été rudement rudoyée.
- Damnation Punaise, que diable as-tu fait ? avait crié Llamal.
- Oh, maître, vous m'avez fait sursauter ! J’en ai presque perdu mes plateaux. Qu'est-ce que c'est, dominus ?
- Je viens d’entendre deux clients se plaindre de ton service, ils veulent que je les rembourse ! Refuser de les branler, es-tu folle ?
- Non-maître, seulement une fois, je le jure ! Un Resparres* sournois qui pendant que j’astiquais sa pine… Il m’a pincé si fort les tétons… J’en ai pleuré. En plus, il avait une forte odeur de poisson son sexe on aurait dit une vieille anguille avariée.
- Ça ne doit pas te déranger que tes clients sentent le poisson… Toi t’es qu’une putain d’morue ! Punaise, tant qu'ils paient… Ils peuvent tout aussi t’enculer ou te pisser à la raie… J’en ai rien à foutre. Et à propos de Res Xatoum ? Il dit que tu refuses d'être à sa table.
- Ah, oui bien… Non maître… Cela ne veut pas dire que j’ai manqué de respect à Sa Seigneurie, maître, cela veut dire qu’il voulait que je lui serve de table.
- Je me fiche du type de meuble qui veut qu’tu sois ! Bordel de merde ! T’es qu’une putae d’esclave au rabais, faut qu’ça t’rentre dans le crâne, bordel de merde ! S’il veut que tu sois un crachoir ou un urinoir, c’est son droit ! Ton travail, c’est garder heureux les clients et c'est tout !
- Mais maître ! à chaque fois ils font ce que vous venez de dire Dominus.
- Et fait pas la moue en plus ! Ton sac d’anneaux et de pétales n'est pas encore rempli et tu ferais mieux d'apprendre vite, avant que je te brade à la Civitas. Ils ont toujours besoin d’esclaves pour le Dépotoir.
- Mais…
- En punition, tu prendras pour tout le reste de la soirée la place de Sangsue au bar à pipes. C'est la règle de la maison.
- Quoi ? Non !!! S'il te plaît maître !
- T’es pas la première traînée que j'ai dressée et tu seras pas la dernière non plus, je te le promets. Maintenant, où est Morvert ? Morvert espèce de poivrot ? ! Ah, te voilà, tête de mule… Cette esclave a besoin de sucer des pines. La bouche pleine, elle dira moins de conneries… Qu’elle aille remplacer Sangsue, tu la fous à poil et zou, au pilori.
- Certainement, comme le veut le maître [hic]… Mais si cela ne te dérange pas que je dise, je pense que la pouffe apprécie le pilori plus qu'elle ne le laisse entendre. N'est-ce pas, Punaise ? [Hic]
- Quoi ? Non !!!
- Regarde ! Maître. Regarde comme elle mouille, une motte de beurre dans une poêle. Je crois que c’est pas une punition.
- Absolument pas ! Maître, Morvert dit n’importe quoi, il est encore ivre.
- Tu le penses, Morvert ?
- Oui da, bien sûr ! [Hic]… Faudrait que les clients après qu’ils ont utilisé sa bouche lui flanquent un bon coup de ceinturon. [Hic]… Sur la tête de ma mère… Ça la rendra plus souple.
- Pitié ! Pitiééé ! Maître, je ferai tout, je serai la plus humble des esclaves, pitié !
- Des bêlements, comme une agnelle, n'est-ce pas, Dominus* ? Tout pour la galerie. Mais ne vous inquiétez pas, avec moi, elle filera droit !
- C'est vrai, Morvert. On aura moins de problèmes si on la dresse correctement dès le départ. En y réfléchissant, tu as tout à fait raison, pourquoi ne commences-tu pas par quelques coups sur ses fesses ? Les clients apprécient un cul bien rosé pour leurs serveuses.
- Avec joie, maître.
- Non ! Il est saoul, maître Llamal ! Ne le laissez pas ! Je promets que je serai une esclave soumise ! Je suis sûre qu’il va pisser dans ma bouche.
- Occupe-toi de la laisser intacte, Morvert. Tu comprends tête de mule ?
- Comme veut le Dominus. Allons, sac à foutre, on va dire coucou à Sangsue. Allons ! Allons ! Bouge ton cul de morue.
- Yah ! Tire pas mes cheveux ! Pas si dur, j'arrive ! J'arrive !
- Messieurs chers clients ! Patientez un moment, Punaise vous offre sa tournée, c’est Punaise qui régale !! Et n’oubliez pas un bon coup de ceinturon, mais pas avec la boucle.
Dans l’auberge, on entendit des hourras, et le bruit des chopes qui tambourinaient sur les tables.
Heureusement pour elle, même dans une vie ou le malheur semble de mise, il arrive qu’un miracle, un petit miracle advienne.
Un homme de la Ligne entra, il était accompagné de quatre licteurs*, il alla droit vers Res Llamal pendant que deux des licteurs arrachèrent des mains de Morvert la jeune fille toute tremblante et déjà nue.
- C’est elle ? Interrogea l’homme de la Ligne.
- Oui Maître Aiguilleur, c’est elle. Répondit un des licteurs.
- Nous voulons cette fille pour ta plus belle chambre. Nous la voulons de suite.
- Mais mes Seigneurs, j’en ai d’autres de plus belles, plus expertes dans l’art de donner du plaisir. Celle-là c’est qu’une putae* de comptoir.
- Ne discute pas, c’est celle-là que nous voulons, elle est réservée pour une personne qui viendra ce soir. Tu as bien entendu Llamal, celle-là et pas une autre. On la veut intacte et propre, sinon…
Punaise se retrouva sur l’épaule d’un licteur, qui l’emmena dans la plus belle chambre du bordel.
Comme le voulait l’usage, il entrava sa cheville à une longue chaîne fixée à un des pieds du lit.
- Petite occupe-toi bien de la personne qui entrera, elle n’est pas ordinaire.
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Notes de bas de page :
La première heure du deuxième carré*: ((Soit à peu près 7 h 30 terrestre.) Sur Exo, un jour se partageait en 4 tranches divisées elles même par 4.)
Häkim*: maire.
Putae* :
Maître loueur* : ce dit d'un maitre occasionnel client de plus d'un jour dans un bordel ou d'une personne qui loue dans une officine spécialisée un, une esclave, iota, Iŭgum.
L’exomide ou exomis*: tunique courte servant en général de tenue de travail, utilisée par les marins, les soldats, et les ouvriers (libres ou esclaves). Elle se compose d’une seule pièce de tissu drapée autour du torse, passant autour de l’épaule gauche et laissant nue l'épaule droite. Elle peut être fixée sur l'épaule par une fibule. Elle est resserrée autour de la taille par une ceinture et s’arrête au-dessus des genoux. L'exomide laisse une grande liberté de mouvement, ce qui la rend particulièrement adaptée comme tenue de travail. L’exomide laisse donc l'épaule et le sein droit découvert ce qui permet de voir le marquage de l'esclave.
Iŭgum, Iŭga*: Les iŭga sont en quantités plus que suffisantes et sont vendues bon marché, de sorte que leurs propriétaires permettent à leurs contremaîtres de les gérer très durement de les nourrir au meilleur coût. Les vêtements sont considérés comme une dépense inutile voir interdite par les lois de soumission. En règle générale cela coûterait plus cher de bien les traiter et de les garder pendant des décennies plutôt que de les conduire durement jusqu'à l'épuisement et d'acheter de nouvelles iŭga, à mesure qu'elles meurent à la tache, ou qu'on les « déposes ». Toutes les iŭga sont régulièrement fouettées et l'idée d'intimité ou d'espace personnel est quelque chose qu'elles devront oublier. Donc sauf exception les iŭga seront toujours tenues complètement nues et chauves ; leurs bras sont toujours enchaînés quand elles ne travaillent pas, leurs seins sont annelés ; elles peuvent porter des tatouages supplémentaires sur ses jambes, sur le mont de venus au-dessus de son sexe qui n'est pas seulement épilée mais baguée et peu même avoir une médaille gravée. Elles ont un tatouage sur le front qui indique leur qualité de iŭga. Enfin, parfois elles ont une autre chaîne autour de sa taille qui peut être utilisée pour les garder sous contrôle. Le conditionnement adéquat des nouvelles iŭga est un déterminant important de leur valeur à long terme. Garder les nouvelles acquisitions nues, enchaînées et au secret est fortement recommandé. De plus, l'installation de piercings sur l'anatomie sensible facilite une correction facile et douloureuse, aidant au contrôle physique et mental des esclaves les plus récalcitrantes. Il est également recommandé de les raser complètement. Non seulement cela empêche la propagation des parasites, mais cela aide également à déshumaniser ce nouveau bétail, ce qui accélère le rythme de leur dressage. La paresse persistante, la désobéissance et les pensées contestataires ne doivent pas être prises à la légère, alors que les esclaves progressent dans la formation. À première vue, un conditionnement insuffisant ne semble affecter qu'une seule esclave, mais peut en fait menacer de contaminer le cheptel entier. En tant que tel, plusieurs mesures strictes sont recommandées comme la torture et l’exécution publique des plus rebelles, avant d'introduire les nouvelles esclaves dans le troupeau existant. Cela minimise le risque de contamination des autres iŭga et la transformation des nouvelles esclaves en travailleuses dociles et obéissantes.
Gn'eiss*: habitants des niveaus inférieurs de la cité état de Ligéris Ils sont à l'origine de sa chute, les Gn'eiss ont la peau d'un noir profond, ils ont aussi une connaissance innée de la géologie et des métaux.
Salgon*: ancien Empereur de Domina
Ligne*:
Domina*: Capitale de l'empire du même nom.
Aquilata*: Une des plus importante villes de Domina.
Plateau du Moggave*:
Squadra *: il s'agit d’une troupe montée en générale 120 hommes.
Civitas*: Beaucoup de citées état possèdent une Civitas, c'est en règle générale la citadelle où siège le gouvernement, le sénat et toute l'administration. Par extension, Civitas peut signifier le « territoire » occupé par une communauté de citoyens.
Resparres*: Titre pour les hommes libres : respectable.
1 arphanges*: égale 3km.
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