CHAPITRE 13 : Les souterrains du palais de Domina.
(Putain, pas un mort, pas un viol, je mollis!)
Honorius descendait solitaire dans les souterrains du palais, pour une fois, il n’était pas accompagné de son garde du corps. En bas d’un l’escalier sonore, deux légionnaires attendaient avec des flambeaux.
- Ave Kazar.
- H Ave, Dans quelle cellule est-il ?
- Là où vous avez demandé qu’il soit. Dans la troisième l’une des plus confortables, Kazar.
- H L’arrestation s’est faite sans difficulté, avec tous les égards dus à un noble personnage. Comme vous nous l’avez demandé.
- Tous ses papiers, ses ostraca* et ses tablettes de cire ont été saisies et vous attendent dans trois caisses à côté de sa porte, ajouta avec empressement le deuxième légionnaire.
- H C’est bien, c’est bien, et c’est bien sûr aucune violence ?
- Oui Kazar, on lui a même laissé son chien. Comme vous nous l'avez commandé nous lui avons fourni plusieurs ramettes de papyrus de l'encre des plumes. Le meilleur thé des monts du kouchit, le meilleur vin de Phalerne et même la literie a été changée.
- H C'est bien, laissez-moi seul, remontez à la salle des gardes laissez-moi un flambeau et apportez moi plus de lumière et ça ira.
- Kazar commande !
Il se retrouva seul devant la porte. Il s’assit à une petite table alluma une des lampes à huile qu'on venait de lui apporter et commença à fouiller dans les caisses qui regorgeaient de rouleaux en plus ou moins bons état. Alors méthodiquement, il tria, sélectionna et commença à lire. Son flambeau s’était depuis longtemps éteint quand les légionnaires revinrent inquiets.
- Votre majesté tout va bien ?
- H Oui, oui. Depuis combien de temps suis-je ici ?
- Trois heures, Kazar.
- H Apportez-moi encore plus de lumière et de l'eau et ce sera bon.
- Kazar commande !
Quelques minutes plus tard, il avait la lumière demandée, deux candélabres et une dizaine de lampes à huile supplémentaires. On y voyait presque comme en plein jour. Deux bonnes heures plus tard, il pénétrait dans la cellule.
- H Bonsoir Horacius ! Sais-tu pourquoi tu es ici ?
- Par ta volonté, je suppose, Kazar. Il est exact, que dans ma jeunesse, je portais ce nom. J’étais alors un poète célèbre mais pauvre et j’ai appris à mes dépens mon peu d’importance. J’étais naïf.
- H Je pense que tu l’es resté. Oui, naïf et surtout impudent, inconscient et par trop satirique.
- Ne vous étonnez donc pas, seigneur, si la colère devint ma muse. Je ne suis pas né méchant ni railleur, le naît-on seulement ? Moi, j'étais fait pour chanter le vin, l'amour, les dieux, être la parure des femmes de Domina. Mais ma mauvaise étoile, la misère ont fait de moi un cynique, un rimailleur de riens, un délateur sans honte, un diseur qui promène son fiel sur les grandes maisons Dominiennes. J'ai pénétré comme la fumée dans toutes ces domus qui m'étaient fermés, j'ai su à force de patience et de fourberie les histoires les plus intimes de leurs occupants et je les ai mises en vers afin de me venger de ceux qui n'avaient pas voulu de moi pour être leur flatteur. J'ai écrit ainsi quelques pamphlets au jour le jour, de cette scandaleuse et noble société, qui nous gouverne au sénat, c’est la seule chose qui payait.
- H Ne crains-tu pas que je te fasse brûler au milieu de tes libelles ?
- Ce serait un bien grand honneur, votre grâce, au moins je partirai dans la lumière, moi qui n’ai connu que l’ombre.
- H C’est vrai que de toi, l’on ne connaît plus que des écrits sur de mauvais papyrus et des graffitis sur quelques murs et monuments.
- Rien de durable, je vous l’accorde et je n’ai aucun courage. Je ne puis vous prier de vous ôter de mon soleil, vous qui m’avez fait jeter dans un cul-de-basse-fosse.
- H Comme tu y vas poète, je t’accorde que c’est une geôle, mais n’est-elle pas plus confortable que le grenier d’où l’on t’a tiré toi et ton seul ami ?
- Si fait et je vous remercie de m’avoir laissé mon petit chien, mais pourquoi tant de prévenance ? Est-ce pour mieux me torturer ?
- H Je ne sais encore. Mais je voulais voir à quoi tu ressemblais, car je dois dire que bien souvent tu m’as fait rire et plus souvent encore agacé. Ainsi, tu comprendras que j’hésite sur ton sort. Il est indubitable que les temps ont toujours été rudes pour les grammairiens et les gens de ton acabit. Aussi, je serai enclin à une certaine clémence. D'autant que ma mère a l'air de t'apprécier.
L’homme d’âge mûr à l’allure famélique dans sa tunique mitée, débordait de lassitude. Fatigué, il avait de la peine à rester debout. Son petit chien assis le regardait avec tant d’amour que cela toucha Honorius.
- H Prends donc un fauteuil, que cela ne soit pas pour rien que cette pièce soit meublée comme une chambre du palais. Tu as l'air si affligé, tu fais pitié à voir.
- Merci pour le fauteuil, il est vrai que je suis un peu chez moi après tout.
- H Je disais donc que je suis enclin à une certaine clémence, en souvenir de tes œuvres passées. Mais quel emmerdeur tu fais ! Je te plains, au fond je t’aime bien. Je me suis dit que si personne ne te venait en aide, tu serais perdu pour la littérature et pour ma gloire. Oui, oui, pour ma gloire. Ta jeunesse, tu l’as perdue en vaines flatteries, ta vieillesse se perd en futiles méchancetés. Tu gaspilles ta poésie. Je me suis constamment demandé pourquoi tu n’avais jamais paru à ma cour, pourquoi l’auteur des plus belles tragédies, des plus désopilantes plaisanteries, des épigrammes les plus mordantes avait disparu. Il est vrai que l’on t’a donné pour mort, rossé par quelques maris jaloux peut-être ?
- On peut dire cela, en quelque sorte.
- H Je m’en doutais un peu. Je me suis permis de lire quelques-uns de tes rouleaux, tu n’as pas tout publié. En lisant tes lignes, j’en ai plus appris sur mes concitoyens. Tu vois, je ne dis pas mes sujets... Qu’en épluchant les rapports de mes espions. Tous ces adultères cachés, tu les as si bien décrits, il n'est pas un vice dans toute la ville de Domina dont tu ne saches rien et dont tu n’as fait tes choux gras. Tu es un écho bien bruyant de la conversation quotidienne des bains, des portiques et des forums. Tu as su en retirer des passages piquants. C'est ainsi que pas un nom de quelque patricien notoire ne manque à tes vers. Tu n'épargnes personne ! Ah si, Dame Lupus, tu sembles la porter dans ton cœur. Mais de moi, et de tous mes favoris par tous les Dieux, il faut vraiment que j’aie les épaules larges pour supporter toutes tes critiques… Toutes ces petites histoires de la haute société Dominienne, tu les as rendues aussi immortelles que les hauts faits du premier Kazar racontés par lui-même. Heureux homme dont j’ai pris les épigrammes à temps, sans moi à l’heure qu’il est tu serais mort.
- Dois-je vous remercier pour cette cage dorée ?
- H Pas encore, mais cela viendra. Je vais te faire une proposition que tu pourrais refuser, mais fais attention, la liberté de choix est un empire gouverné par la fantaisie. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre cela.
- La liberté n’est pas un marché, c’est la liberté.
- H Je ne vais pas me battre avec toi à coups de traits d’esprit, je perdrai à coup sûr. Alors allons droit au but. Je te libère. Je te donne les moyens d’écrire ce que tu veux. Je te protège contre tous, même de moi. Mais j’y mets une condition : Tous les ans, je veux une pièce. Tragédie, comédie, je m’en moque, mais je veux une pièce.
- C’est tout ?
- H Oui, ta méchanceté vient de ta faiblesse et, comme tu l’as si joliment écrit les tyrans et les imbéciles ne voient que par leur humeur, alors soit je l’ai fort bonne soit je ne suis pas un tyran.
- Pourtant les disparitions de Tigilus et de Carminus, tout le monde s’accorde à vous les attribuer.
- H Je pourrai dire qu’on ne prête qu’aux riches, mais c’est vrai, je te l’accorde. Il partit d'un petit rire presque sardonique.
- Que vous avaient-ils fait ? Tigilus était un musicien aussi délicat que ses notes, Carminus un savant perdu dans ses livres et ses comptes.
- H Tu oublies Maginus, Olive, Agaton, Magnus, Tallens et bien d’autres. Voyons, il y a trente-deux cellules à ce niveau, vingt-sept sont occupées.
- Vous êtes pire que ce que je ne croyais, moi qui commençais à espérer. mais il est vrai que l’espérance est le pain des malheureux de mon espèce.
- H L’espérance anime aussi le sage, mais leurre le fat et l’amorphe qui se reposent imprudemment sur des promesses. Es-tu un sage Horacius ?
- La raison fait les philosophes, la gloire, les héros, la vertu fait les sages. Moi, je ne représente rien de tout cela, Kazar.
- H Quand j’aurai quitté ta cellule fait moi plaisir, tu vois cet anneau dans le mur ? tire dessus et attends. Au fait, ta prison n’a jamais été fermée. Attends-toi à la plus grande surprise de ta vie. À bientôt Horacius.
Le jeune empereur quitta l’écrivain sans lui laisser le temps de répondre. Horacius resta seul avec son chien, il méditait assis dans son fauteuil, son petit chien lui sauta sur les genoux et commença à lécher le visage ami. Par curiosité, il se dirigea vers la porte et, en effet, elle n’était pas verrouillée. Il sortit dans le couloir désert toujours éclairé de nombreuses lampes, il alla voir les autres cellules. Certaines étaient ouvertes, d’autre fermées et, chose étrange, elles étaient closes de l’intérieur. Son chien sur les talons, perplexe, il retourna dans sa cellule et tira sur l’anneau de bronze, en prononçant ces paroles :
- Emmenez-moi, Dieux tout-puissants et toi destinée, là où vous avez arrêté que je doive aller. Je vous suivrai sans hésiter ; et quand bien même j’aurais la folie de ne pas le vouloir, je ne vous suivrai pas moins.
Le mur pivota. Et derrière, il y avait une autre pièce plus grande, richement décorée. Quatre femmes l’attendaient, Honorata, Dame Lupus et deux servantes deux bacchantes.
- L Bienvenu, Horace laisse toi faire. Ces deux jeunes filles vont s’occuper de toi et quand tu seras plus présentable, nous reviendrons te chercher. C’était Dame Lupus qui avait parlé.
Elle sortit par une autre porte métallique accompagnée de la grande prêtresse Honorata. Et c’est vrai, elles revinrent lorsqu'il fut lavé, rasé et habillé de neuf. Les deux bacchantes s’étaient éclipsées sans qu’il n’y prenne garde.
- Ce que tu vas voir, Horacius, peu d’hommes l’ont vu. C’est un cadeau que te fait Honorius, à toi de t’en montrer digne. Suis-nous si tu l’oses. Ainsi avait parlé Honorata.
La porte s’ouvrit, révélant un corridor aux murs lumineux, une lumière intense qu’il ne connaissait pas, au bout un miroir.
- Va, avance et traverse le miroir, dirent-elles dit en cœur.
Et plein d’appréhension, son petit chien dans les bras, il franchit le miroir qui ne se brisa pas, tout juste sentit-il un léger froid. Il se retrouva dans une salle immense où même l’air semblait lumineux, en son centre, un cube gigantesque semblait absorber cette lumière. De nombreux amis qu’ils croyaient disparus déambulaient dans ce hall démesuré dont l’architecture lui était tout à fait étrangère. Certains le remarquèrent et vinrent à sa rencontre, tous avaient le même sourire que des enfants devant des confiseries. Tigilus fut le premier à le saluer. Puis tous les autres les rejoignirent dans un brouhaha et une excellente humeur qu’Horacius ne s’attendait pas à trouver.
On le fit s’approcher du sombre cube qui sembla fait d’air solide. Quoi qu'il en soit si c’était une matière, elle lui était inconnue.
- T Horacius, surtout évite de toucher au Béthel tu n'y as pas encore été préparé. Le Kazar ne va pas tarder à venir nous parler, dit Tigilus. Tu étais le dernier sur sa liste, comme tu es de mes amis il m'a aussi demandé de te dire ceci : Tu es libre de rester où de partir. Mais si tu restes toutes tes idées, tout ce que tu sais de notre monde risque d'être bouleversé. Oui c'est ce que m'a commandé de te dire Honorius. Une chose encore, lorsque tu t’adresseras à lui, appelle le simplement Honorius.
L'entracte est fini.
Honorius, accompagné de sa sœur la prêtresse de de Bacchus, prirent la parole :
- H Mes chers amis, vous êtes au complet maintenant. Tout ce que compte l'Empire Dominien de savants et d'esprits critiques se trouvent ici dans cette salle près du Béthel. Pour vous ce mot signifie maison de Dieu et c'est le cas en quelque sorte. Je préfère maintenant donner la parole à ma sœur Honorata qui est plus à même de vous expliquer ce qu'il en est.
- Mes amis, il y a bien longtemps comme vous le savez, mes deux frères se sont évadés d'une île prison au milieu de la rade, une île gardée par les prêtres de Vulcanus. Avant leur fuite ils s'étaient emparés d'un artefact dont personne ne connaissait la fonction, jusqu'à ce qu'un Régénéré que vous connaissez sous le nom de Garm n'en donne la clef. Et c'est bien le cas car cet artefact était la clef d'une salle, celle où vous êtes ici présents. Le Béthel que vous voyez est une des maisons d'un Dieu, un Dieu dont vous ne connaissez pas le nom, certains Régénérés le nomment le Blob, il est l'alpha et l'oméga de cette terre. Sans vraiment le savoir, les Salamandrins en parlent dans leurs livres saints. Nous pensons qu'il a ses messagers parmi lesquels on trouve un autre Régénéré que vous connaissez aussi, vous l'appelez tous Teixó, ce n'est pas tout. Samaël, le monstre qui règne sur les terres du Sud par delà la mer de Silex, semble aussi faire parti de ses adeptes. Nous ne savons pas ni ce qu'ils veulent ni ce que cela signifie. Nos mères ont pu rassembler grâce à leur profession plusieurs ouvrages qui seront à votre disposition, vous pourrez les consulter à loisir afin que tous, nous en comprenions le sens. Ce que nous savons, ce que nous avons pu traduire ou décodé tient pour l'instant sur quelques rouleaux.
- H Maintenant, je vais vous demander de bien vouloir, chacun votre tour, toucher du front le Béthel un bref instant suffira pour qu'il vous imprègne d'une partie de son savoir. Ainsi vous comprendrez des notions, des mots, et même des langues qui vous étaient étrangers. Quand cela sera fait, ma sœur vous lira les rouleaux que nous avons en notre possession. J'en vois qui hésitent, n'ayez pas peur, ce n'est pas douloureux, vous sentirez tout au plus un léger chatouillement.
Une fois que toute l'assemblée eut fait ce que le Kazar avait demandé, Dame Honorata prit la parole.
Je vais commencer par le premier rouleau. Il semble que cela soit le début d'une chronique : Durant les temps immémoriaux du calendrier céleste de l’Ecclésiaste ; neuf empires régnèrent sur la plus grande partie des contrées connues de la terre que l’on nommait alors Exo. Ceux ci étaient gouvernés par les dynasties des Divins Empereurs du Ciel et les Voyageurs des Limbes. Ils s’étaient partagés les nations et les races au gré de leurs bons plaisirs et des hasards de ce qu’ils appelaient le Grand Jeu. Les siècles de luttes stériles s’étaient ainsi écoulés sans que pourtant rien ne change. Ainsi l’immobilité des civilisations semblaient figées dans un carcan de rites et de techniques immuables. Mais après la peste violette et la mystérieuse disparition des Empereurs et des voyageurs, le fragile équilibre s’était rompu comme un charme. Du déséquilibre naquit le chaos et du chaos naquirent les calamités et elles s’étaient accumulées, renaissant sans cesse comme l’étrange et impitoyable malédiction de Dieux morts. Comme Loki* aux ailes noires, les âges farouches planaient désormais sur cette terre sans âme, avec leurs cortèges de désolations et de gloires naissantes. Des métropoles avaient déchu sous les coups de tribus rendues à la barbarie. Des villes avaient été réduites en cendre, ensevelies sous leurs monceaux de ruines, certaines déjà oubliées de tous n’étaient plus que champs d’herbes folles où pâturaient de rares troupeaux faméliques. Les frontières avaient été depuis maintes fois redessinées au gré des conquêtes, des défaites ou des innombrables traités aussi éphémères que le règne de non moins éphémères souverains. Or donc dans le reliquat d’un de ces empires qui portait le même nom que sa capitale. Dans la partie la plus riche d’un empire qui fût jadis grand et respecté, dans sa partie la plus sûre aussi ; Domina l’orgueilleuse métropole, c’était vu aussi dévastée, ravagée par le fer et le feu. Et ces derniers siècles avaient vu les flammes consumer jusqu’aux fondations sacrées de ses temples les plus antiques. (… à partir d'ici le texte est illisible,..) fin du premier rouleau.
Exo avait pour nom Terra Nova Prime. Et ce monde de Terra Nova Prime était pour le moins intéressant. Cette planète assez semblable à la Terre. Elle était sensiblement plus grande, avec un diamètre d'environ 15 000 km, mais avec un manteau rocheux moins dense, avec plus d'eau dans sa composition, ce qui signifiait que sa masse n'était que de 95% par rapport à celle de la Terre, avec une gravité de 95%. Cela ouvrait de nombreuses possibilités pour la faune, d’autant que l’atmosphère était plus riche en oxygène et de larges fleuves y avaient creusé de profonds canyons dans des roches gréeuses ou des massifs de pierres ponce. ( ceci est la fin d'un texte dont le titre est rapport.) Maintenant passons au troisième rouleau qui semble être une sorte de saga qui rappelle le premier rouleau. Un chant, pour la chute des étincelantes nefs qui précipita tant de héros, tant de peuples, au royaume d’Hadèsse. Un chant pour l'affrontement entre le Blob, les Hommes, et les Nietzschéens. Un chant pour les monceaux de cadavres sans dignes sépultures, encore tous vêtus de leurs étranges armures. Un chant pour la mort de tant de fortes âmes, livrées aux charognards, à la grouillante vermine. Mânes voués à la poussière du temps et aux quatre vents. Un chant pour la sombre vengeance du Blob outragé. Les Cinq Chants du Carnage. Accomplissement d'une guerre qui opposait le Blob premier habitant, alliés des Nietzschéens, aux hommes, maîtres des voies astrales. Qui d'entre le Blob et des Hommes fut le vainqueur de cette discorde, qui les dépassa tous ? Nul n'eût pu le dire. Nul n'eût pu l'entendre. Le temps était passé sur ce monde lointain, refuge pour une humanité exsangue. Et cinq chants pour conter cela. Naguère, la terraformation de cette planète qui avait pris le nom d'Exo avait été un succès, un tel succès qu'elle avait réveillée le Blob et au sein de cette terre aux deux lunes, dans les forteresses mystérieuses des Nietzschéens, furent confinées en champ de stase, des armes étranges en vue d'une ultime attaque, d'une ultime défense. Jadis elle fut pourvue d'un pont stellaire le Baefroest, et d'un terminal, l'un devint avec le temps un grand temple, qu'on appela Gladshem, l'autre le Vingolf pour la belle Khrysèis, dont les superstructures prirent l'apparence d'un temple d’Orphée. Et cinq chants pour conter cela. Cette terre qui devait être un sanctuaire, fut le théâtre d’un dernier conflit inimaginable. Et cinq chants pour conter cela. Un théâtre, et un piège pour les Hommes, car pour les Nietzschéens, un bon croyant était un homme mort. Aussi s’attaquèrent-ils au pouvoir même des Hommes, leur énergie, cette énergie qui pour les Nietzschéens était aussi source de pouvoir, mais la victoire finale ne vaut-elle pas des sacrifices ? L'annihilation mutuelle était garantie, et c'est ce qui arriva quasiment sans que l'univers en fût troublé. Seuls les cinq chants du Carnage pour en garder le souvenir. Le temps passa encore et encore. Et 5 000 années s’écoulèrent comme un battement d'aile de papillon. Puis sur ces premières cendres froides… reste du conflit entre la multitude des humains, et des Nietzschéens. Après que le néant eut englouti tous ces fiers combattants. Après que cette terre-ci fut près de disparaître, seulement protégée par l'essence même du Blob et les restes d'une antique technologie Nietzschéenne. Alors, seulement alors, naquirent des civilisations, et d’autres civilisations, et encore d’autres, toujours semblables, mais toujours un peu différentes, copies de copies des lois démentes d'un être corrompu que tous appelaient l'Ecclésiaste. Éternel retour d’un être démoniaque qui voulait tromper l'ennui que sa quasi immortalité dans une domination totale des survivants humains du conflit débuté 100 000 ans plus tôt, puis les ennemis primordiaux s'étaient de lassitude éteints un à un.
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ostraca*: (ostracon, ostraca).
Loki*: (géant de la mythologie nordique proche des Ases, malfaisant, et ennemi des dieux souvent représenté sous les traits d’un corbeau)
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