CHAPITRE 15 : En route pour le marché. (Corr S. 02.02.2024)
Première correction : Ashka.
Si les femmes lisent et corrigent de pareilles horreurs empreintes de misogynie, où va-t-on bonnes gens, où va-t-on…
Heureusement qu'elle n'a lu que le début, parce que la fin... C'est vraiment n’importe quoi...
Même Yvan le dit, alors après relecture, c'est vrai je renie ce texte que je vais entièrement corriger. Cela va prendre du temps vue l’ampleur du chantier.
De plus ce chapitre va migrer de même que Res Ger va disparaître au profit de Teixó. Tout ce qui concerne l’asservissement et le viol de Rachel va soit disparaître soit être profondément remanié. Quand je dis que c'est une bouse il faut me croire.
Ce chapitre est une vraie bouse ! il est chiant mais important pour la suite.
j'ai fait les modifs mais je pense qu'on peut faire mieux.
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Le soleil était encore haut dans le ciel. Pas un nuage et, ce qui était plus rare, pas un souffle de vent sur les Hauts Plateaux du Moggave, qu’on appelait aussi la Troisième Table Pourpre.
C’était une immense étendue ceinturée de falaises abruptes, parcourant en diagonale l'ouest des marches de l’Empire Dominien. Elle était bordée au Nord, par le grand canyon de l'Atlas Tellie, et au Sud par la haute vallée de l'Atlas Sahari.
Si la notion de plateau pouvait laisser suggérer un paysage uniformément plat, la réalité était tout autre. En fait de la table rase attendue, on ne trouvait qu'une succession de reliefs arrondis ou allongés, de dépressions salées peu profondes, de chaos dolomitiques, de profondes gorges encaissées, de chotts* ou sebkhas*. Cette haute table avait même quelques cénotes* que l’on appelait aussi trous de paradis.
La végétation était un savant mélange de savane, de steppe, et même de marais.
L'Est du plateau, plus bas en altitude, n'était qu'une mer herbeuse, aussi pourpre qu'un coucher de soleil sur la grande Mer de Thétis.
Les grandes herbes pourpres qui y poussaient ressemblaient à des joncs. Elles pouvaient par endroits atteindre les trois mètres de haut, difficiles à arracher, toutes faisaient partie d'un unique rhizome qui ressemblait à une véritable toile d'araignée racinaire.
Cette herbe, car on pouvait parler d'un seul individu, s'appelait aussi la chevelure du Moggave. Elle avait, pensait-on une certaine intelligence, car ces joncs avaient parmi toutes leurs particularités, celle de s'ouvrir, de se coucher quelques mètres autour de celui qui s'y aventurait et se redressaient derrière lui tout aussi rapidement qu'ils s'étaient pliés, masquant ainsi toutes traces de passage.
Pour qui ne savait pas s'orienter, c'était la perdition assurée et comme si cela ne suffisait pas, les herbes pourpres étaient toxiques pour presque tous les herbivores. Une fois morts empoisonnés ou d'épuisement, les victimes étaient comme enveloppées par une multitude de filaments pourpres afin d’être englouties par cette mer herbeuse. Le feu ne voulait pas de cette herbe.
Si l'on désirait rester plus d'une semaine au même endroit, il fallait la faucher et verser sur cette aire du jus de manne de Barbarie*. Sans cela, elle se donnait des envies de lianes, emprisonnant quasi définitivement tout être vivant.
Sur les plateaux, les étés étaient généralement arides, les hivers rigoureux. Il y avait aussi une saison spécifique aux plateaux, la floraison des herbes pourpres. En fleurissant, elles devenaient bleues de la racine aux fleurs, en passant par les tiges.
Aucune ville sur les plateaux, presque pas de hameaux, hormis les rares stations de la ligne.
Les peuplades qui vivaient là, étaient principalement nomades, elles voyageaient en petits groupes familiaux à partir de bases mobiles « les Campronds* ».
Ils commençaient à rassembler tous les 14 jours leurs cheptels de roojas de kurts et de iotas. Ils chargeaient les chariots. Puis ils se mettaient en marche à la recherche de buissons de manne de Barbarie et d'étanchements*
Ils pouvaient produire des fruits en permanence. On l’utilisait pour la confection d'une boisson alcoolisée, connue sous le nom de Moggave Tequila. Tirée de la fermentation de ses fruits, de ses feuilles, ainsi que de la sève des buissons de manne de Barbarie, c'était un alcool très apprécié, très fort, qu'on disait aphrodisiaque et stupéfiant.
***
j'arrivai au fond d'un petit vallon.
De gros rochers arrondis avaient été jetés là par le hasard, ils cachaient en leur sein une petite oasis d’un merveilleux vert émeraude.
Une source abondante et claire, après avoir joué à saute-mouton avec les blocs, se jetait dans une mare dont les berges boueuses étaient ceintes d'une couronne de crocus.
J'allais atteindre le bouquet ombreux de quatre ou cinq arbres ourlés d'une haie d'Agave.
Je connaissais bien ce lieu pour y avoir souvent campé, pour y avoir apposé ma marque, pour y avoir aussi aménagé un abri caché.
Chaque roulier, chaque Hors-loi avait ainsi des points de repos sur les routes et les sentiers invisibles des hauts plateaux. C’étaient des secrets qui avaient plus de valeur que l’or ou même que certaines vies.
Je tirai doucement sur les rênes joignant le geste à la parole :
- Oh ! Tout doux mes iŭga. Sage, on arrive.
Mon comportement envers elles était un rappel constant à leurs états d'animaux de trait, je ne voulais surtout pas créer de liens affectifs avec des iŭga indigos.
J'aurai préféré un attelage de mules ou de chevaux ou même de bœufs. Mais l’herbe pourpre des hauts plateaux du Moggave était toxique pour ces animaux.
Aussi faute de kurts, je m’étais résigné à prendre des iŭga et nom des iotas. Elles n’étaient pas plus faciles à entretenir, mais elles étaient moins chères à l'achat et dans ce cas présent, c'était un cadeau de Ashka qui m’avait dit :
- Prends-les, c’est cadeau. Si tu ne les acceptes pas je devrai au mieux les crucifier.
- Qu’ont-elles fait pour cela ?
- Elles ont simplement laissé pour morts trois gardes. Depuis elles sont au pilori sous la surveillance d’une esclave qui a pour ordre de les fouetter tous les matins, ou à chaque fois qu’elles ouvrent la bouche. Ce n’est pas à toi que je vais appendre à quel point le cri de l’indigo* est terrible ?
- Comment se fait-il que tu ne les aies pas éliminées ?
- Je m’y étais attachée, c’étaient mes porteuses de kago*, et les gardes de vraies ordures… j’ai pu les apprécier quand j’étais esclave. Toi seul peux les sauver, n’es-tu pas un Hors-Loi ?
- Bon je les prends. Comme on dit chez moi : « à cheval donné, on ne regarde pas les dents. »
- Merci, tu me soulages d’un poids… mais fait attention à leurs cris… je crois qu’elles y ont pris gout, aussi tiens-les au mors le plus souvent possible. Mais c’est quand même étrange qu’elles aient si vite muté.
Les iŭga et les iotas avaient l'avantage de laisser peu de traces de leur passage. Elles attiraient moins les roojas en chasse et elles étaient quand même à l’origine des femmes.
Je leur parlais peu, toujours avec des phrases simples, donnant des ordres brefs que même des idiotes ou des iotas pouvaient comprendre.
Je les guidai vers les arbres.
Ce serait parfait pour bivouaquer, je pensai rester au moins cinq jours, le temps que mes iŭga récupèrent de l’effort de l’ascension du haut plateau.
Depuis l'aube, elles tiraient mon chariot. Cela devait bien faire cinq heures d'attelage depuis l’aurore, entrecoupées de quelques courtes pauses et d'une plus longue d'à peine une heure au lieu des deux heures habituelles, puis de nouveau six heures de labeur au lieu de cinq.
Sans compter que je leur avais imposé une marche rapide, voire par endroit un trot soutenu, j’avais du même utiliser le fouet plus que de raison.
Il devait être près de cinq heures du soir.
Sous ces latitudes, la nuit tombait vite, mais pour encore presque deux heures, l’ardent soleil chaufferait les corps et la steppe pourpre du Grand Moggave.
Je sautai du chariot quittant l'ombre de la capote.
Les femelles haletaient, ruisselantes de sueur et si elles n’avaient pas la langue pendante, c’est qu’elles avaient le mors aux dents, je n'avais pas envie qu'elles crient. J'avais pris soin avant ma fuite des bords du fleuve de leur retirer à chacune tous les grelots et clochettes qu'elles portaient.
Je pris ma gourde qui pendait à mon ceinturon et bu tout en examinant mes deux femelles.
C'est sûr qu'elles étaient éreintées, sûrement assoiffées, mais elles ne bronchaient pas, elles étaient bien dressées, elles ne connaissaient que trop la morsure de ma cravache ou de mon fouet.
Je suivais ce que j'appelais ma règle ordinaire, d'abord leur donner à boire, puis les dételer.
Je les laisserai récupérer une bonne heure à l'intérieur des brancards, entravées aux chevilles et les poignets enchaînés dans le dos, bien plus tard je leur passerai un sac sur la tête et leur cou serait attaché par une courte longe au timon.
Entre temps, Je me serai occupé de moi, j’aurai allumé un feu de camp et sorti mes provisions, pour préparer à manger.
J'avais justement remonté des canyons des petits goujons qu’il fallait manger rapidement et de la viande de kurt boucanée qui serait un extra pour What dont j'entendais le cri et pour les iŭga. Je me ferai des migas avec du poisson séché, du chorizo et des piments de la capitale, cela réchaufferait ma nuit.
Garm m'avait confié à contrecœur cette mission d'une importance capitale pour eux mais pas pour moi, aussi ma prime serait importante.
Je n'avais pas oublié ma passagère cachée dans un sac derrière d’autres sacs et quelques caisses qui constituaient mon chargement.
J'allai à l’arrière du chariot, baissai la ridelle.
- Tu peux sortir de ta cachette. Tu ne risques plus rien.
Une tête aux boucles brunes émergea d’un sac de jute.
- Merci Res Teixó, j’ai soif, de l’eau s’il vous plaît.
- Tu sais, tu peux encore tout arrêter. Tu es libérée des gens des lintres*. Je peux toujours te laisser dans une station de la ligne ou dans un des villages du petit plateau, lui dis-je en lui tendant ma gourde. J’ai même ordre de te donner 500 has* si tu renonces.
Elle but, puis me regardant droit dans les yeux répondit :
- Non, non merci, je sais ce que je fais, Res Teixó, vous êtes bien bon, mais ma décision est prise.
- Sais-tu ce que cela implique vraiment pour toi ? Res Garm te l’a-t-il parfaitement expliqué ? Tu sais ce que l’on attend de toi ?
- Je ne veux pas faire autrement. Je ne veux pas finir comme une fille des lintres*, je veux mener une autre vie, jouir du droit d'entrer dans les grandes villes, devenir riche et respectée.
- Alors, sors de ton sac, tu pourras te dégourdir les jambes. Tu peux toujours changer d’avis, tant que je n’ai pas lâché le papillon messager, tu peux encore te raviser.
- Non, Res Teixó, je ne changerai pas d’avis. Vous pouvez lâcher le papillon.
- Et bien, dans ce cas, tu vas lire à haute voix et signer ton contrat de libre soumission, car tu es encore une femme libre.
La jeune fille lut alors d’une voix claire :
- Je jure d'appartenir de toutes les manières à Res Teixó et à la guilde des Hors-Loi, pendant tout le temps que durera ma mission. De ce jour et jusqu'à son exécution, de les servir, d'obéir à tous leurs ordres, venant d'eux, de leurs domestiques ou de n'importe qui dirigés par eux. J'accepte d'être marquée, battue ou vendue. J'accepte les transformations physiques qu'ils exigeront pour me préparer à mon rôle, quel qu'il soit.
- Signe ici. Rappelle-toi, qu’en aucun cas, tu ne pourras revenir en arrière, à partir de maintenant tu m’appelleras monitores*, ou simplement maître, tu obéiras à tous mes ordres. pour commencer, tu déchargeras les caisses vertes. Il y en a quatre, tu les poseras du côté droit du chariot, après tu ramasseras du bois dans le bosquet, fais attention, ce sont des acacias de Barbarie. J’en profiterai pour retirer un papillon de la cage, j’ai un message à écrire.
Les protestations n'étaient plus de mise.
Elle inclina la tête en marmonnant.
- Comme commande le maître.
Mais dans son cœur, se jouait une terrible tempête. Elle savait qu'elle était allée trop loin pour faire demi-tour.
Probablement n’aurait-elle pas dû se lancer dans pareille entreprise, maintenant, il était trop tard.
Quoi qu'il arrive, elle ne retournerait jamais au sein de la flottille des lintres*, plutôt mourir, surtout depuis qu’elle connaissait la place que lui réservait son clan.
Depuis la mort de la vieille, elle n’était plus protégée et elle ne connaissait que trop bien sa future destinée.
Elle ne devait plus rien à quiconque, si cette vie lui avait plu un temps, c’en était fini depuis bien longtemps.
***
Du coin de l’œil, elle m'observait, j'étais pour elle un homme trapu, barbu, presque olivâtre de peau, habillé d'une tunique à frange en cuir de trabuk*, la même que celle des rouliers*.
Je sortis délicatement un papillon aux ailes multicolores.
Dans la cage d’osier, il devait y en avoir une bonne vingtaine. Ils bougeaient peu, ils étaient comme endormis. Je savais que c’était dû à la pierre de sommeil* que j'avais posée en son milieu.
Dans dix minutes, le papillon serait réveillé. Alors il s’envolerait, j'avais donc le temps d’agencer les couleurs des ailes de l’insecte pour qu’elles correspondent à un code préétabli. J'utilisai à cette fin un fin pinceau en poil de martre. Je souris, satisfait de mon œuvre. J’ouvris un étui. « La boite à odeur », une goutte sur ses mandibules et le papillon n’aurait de repos que de trouver la pierre de sommeil qui correspondrait à cette odeur.
Voilà, c’était fait, le papillon multicolore battait des ailes, il s’élevait déjà dans les airs.
Je me levai, allant à la rencontre de la fille.
- Esclave ! Tu n'es plus digne de porter les vêtements d'une femme libre, déloque-toi !
- Bien, maître, dois-je tout retirer ?
- Oui, il est temps que tu t'accoutumes à l'absence de pudeur qui sied à toute esclave, n'oublie jamais que tu n'es plus qu'une marchandise.
- Bien maître.
Elle avait déjà vu sur des places de villages se dérouler l'étrange cérémonie de l’asservissement d'une personne libre.
Alors, sans autre forme de procès, elle se dévêtit entièrement, plia sa tunique, son sarong de cotonnade et son corsage. Elle n’était plus vêtue que de sa peau nue et de ses parures de bronze.
Ce n'était pas assez.
Je lui retirai aussi ses bijoux de pacotille.
- Là où tu vas et dans ton état, tu n’en auras plus besoin, du moins pas de ceux-là.
Elle était restée là debout, sans réaction, comme pétrifiée devant le petit tas de vêtements devant elle.
- Collier ! Dis-je.
Comme il était d'usage, elle s'agenouilla tête baissée, les mains posées à plat sur les cuisses. Je refermai sur son cou gracile le fin collier de bronze aux quatre anneaux des esclaves communs de la guilde des rouliers. Je le verrouillai avec une goupille. Avec un petit cadenas je le reliai à une chaîne d'un mètre environ terminée par un gros anneau rond.
- Par ce geste... Tu m'appartiens, esclave.
Sans cérémonie, je brûlai les vêtements devant ses yeux incrédules ; ils avaient été portés par une esclave, selon les lois d'Exo ils étaient donc devenus impurs.
Elle était totalement nue devant moi.
- Quel est ton nom esclave ?
- Je n'en ai pas encore maître. Mon nom sera celui que mon maître voudra bien me donner.
- Pour tous, tu seras Rachel, une esclave Valdhorienne de religion Vādshāhs*.
- Comme voudra mon maître.
- Ce n'est pas tout ça, il est temps que je m'occupe des iŭga et que je prépare le campement.
- Il m’a…
Elle ne put achever sa phrase, elle reçut une gifle.
- Première leçon, tu n’es plus qu’une esclave, tu parles quand je t’autorise à le faire.
- Mais…
Elle reçut une nouvelle gifle, plus forte celle-là.
- Je ne t’ai pas donné la permission de l’ouvrir. Je suis ton dresseur, ton monitores. Nous disposons de dix petites semaines, c'est autant de jour pour t’apprendre à devenir une adroite putain et surtout une espionne acceptable. Quand tu seras vendue sur le marché, tu connaîtras vraiment tout de ton rôle et crois-moi, tu ne vas pas avoir le temps de chômer. Je crois savoir que les filles des lintres destinées à l’union du fleuve arrivent vierges à la cérémonie. Donc je pense que tu es vierge.
De la tête, elle fit signe que oui.
- C’est un début, tu vas voir cela n’a jamais tué personne, pas comme ton dieu du fleuve. Et c’est un bon moment à passer, surtout pour moi. Naturellement, il sera nécessaire de te préparer et de te former. Je prendrai soin de cela.
Je la toisai, mon œil de professionnel l’évaluait.
Mon regard d’expert, s'attarda pendant un moment sur chaque partie de son corps.
Je lui ouvris la bouche, examinant ses dents, insérant mon doigt tellement profondément qu'elle eut presque envie de vomir.
Je lui palpai les seins, les soupesant et tirant avec effort sur ses mamelons de sorte qu'elle haletât.
Je passai ma main vers le bas de son ventre pas encore rasé. Je fis la moue, avec un doigt, je vérifiai comment étaient fermées les lèvres de son sexe infibulé.
Je jouai avec le tout petit médaillon de certification du clan des lintres qui pendait et qui en quelque sorte les décorait, je grognai de satisfaction.
- Il faudra te percer la cloison nasale, les mamelons, te stigmatiser aussi. Pour ton nez... naturellement... je veux te mettre un anneau, grand ou petit je sais pas encore. C’est pour t'attacher aux murs, comme la putain des rues que tu seras un temps. Quant aux mamelons, ce sera une question de pouvoir y fixer les clochettes pour attirer le chaland, là aussi, il faudra que les anneaux soient forts.
Je lui saisis un de ses seins et le serrai.
- Tu vois esclave, tes mamelons sont bien beaux. Si je fais le trou dans l’aréole, aussi loin que possible, derrière, nous aurons une bonne perforation, ferme, sans un risque de déchirement. Très bien, très bien… Et va falloir te marquer, là, au-dessus de ton pubis, la petite marque habituelle des esclaves des rouliers. Ah ! Et puis, naturellement, sur l'épaule, la marque des esclaves sexuelles.
Je la fis tourner sur elle-même pour tâter ses fesses. Mesurant l'étanchéité de son anus en y enfonçant un doigt, puis avec une claque sur son cul, je conclus son examen.
- Je vais te faire porter pendant quelque temps un petit anus piquet pour qu'on te sodomise sans effort, il ne sera pas gros… pour ne pas le distendre. Sur ta nuque, je devrai aussi te tatouer ton matricule, sans oublier les signes secrets des Hors-Loi.
Je pris sa chaîne. Alors par une traction subite, j'entraînai la fille, qui dut me suivre jusqu’au chariot sous peine d’être traînée. Là, je l’attachai au rayon d’une des roues.
Avec mon couteau, je coupai délicatement les fils de son infibulation.
Je regardai de plus près le médaillon que je jetai au loin comme s'il n'avait aucune valeur.
- Bon ! À genoux ! Face contre terre, il est temps de s’y mettre. Non après tout on a le temps. Comme c'est ta première fois et que je suis bon prince, on va d’abord manger, boire et fumer. J’ai le tabac qu’il faut, il est mélangé avec des herbes aphrodisiaques, tu verras tout se passera bien comme dans un rêve. Tu aimes les migas ?
- Maitre, je ne sais pas ce que c’est.
- Alors regarde bien car tu devras m’en préparer de temps à autre. C’est meilleur avec des sardines grillées et une grappe de raisin, mais on va se contenter de ce qu’on a. Le feu a bien pris, au fait tu sais faire la cuisine ?
- Un peu maitre.
- Alors tu vas t’occuper de faire griller les poissons, tu les prends tous. Les poêles sont dans une des caisses avec l’ail, le cumin, le paprika et les piments rouges… l’huile, le vinaigre, les olives aussi… n’oublie pas la semoule et la farine. Pendant que tu t’occupes des poissons, je m’occupe des migas. Jusqu’à demain je t’autorise à me parler sans que je te donne la parole, après on verra.
Bientôt le camp fut envahi d’une bonne odeur de grillade, d’ail frit et de chorizo.
What, mon oiseau coureur, non loin de la charrette déchiquetait consciencieusment sa ration de kurt, plus tard je nourrirai les iŭga. En attendant je leur avais mis une gamelle d’eau.
Devant nos assiettes fumantes, je lui dis :
- Tu vois, c’est pas compliqué à faire, mais c’est pas beau.
- Mais Maitre, qu’est-ce que c’est bon !
- Prends du vin, il est bon, tu peux en boire autant que tu veux.
- C’est la première fois, comme c’est bon maitre, comme je suis heureuse, j’ai comme envie de rire.
- C’est bien, plus tu seras détendue, plus la suite te sera agréable. Je vais m’occuper des iŭga, pendant ce temps nourris le feu et prépare une couche confortable, il y a suffisamment de fourrures.
J’aurai pu donner les restes à What mais je préférai faire des boulettes que je mélangeai aux vidures et au gruau des iŭga, elles avaient bien mérité ce petit extra. Au fond, je n’étais pas un si mauvais maitre. Même si elles devraient les manger à même le sol les bras attachés dans le dos.
***
Antje frissonna dans l'air frais du soir. Son estomac grognait. Elle n'avait pas mangé de la journée, l’iŭgum qui souffrait de la faim depuis longtemps soupira, s'autorisant un moment d'apitoiement sur elle-même, elle versa quelques larmes. Elle était nue, à part le bronze de ses entraves et le cuir de son harnachement. Sa peau était devenue indigo, un indigo profond et sombre et toute personne l’ayant fréquentée sous d’autres cieux n’aurait pas pu la reconnaitre dans cet état.
Avec Chiendri, elle était attelée dans ces brancards depuis trois mauvaises semaines. Ce n'était pas par choix bien sûr. Mais c’était toujours mieux que le pilori et la fin qu’on lui avait promise.
En fait, depuis qu’elle était sur cette planète sauvage, tout ce qu'elle faisait, été sur ordre, inculqué par la répétition, par l'application libérale de la trique. Lorsqu’elle n’était pas attelée, ce qui était rare, elle devait se déplacer à quatre pattes dans le campement et au moindre signe, elle s’agenouillait les jambes écartées exposant son sexe annelé. Elle posait les mains sur ses cuisses, ce qui tendait la chaîne entre ses poignets.
Son maitre les gardait comme ça le temps qu'il voulait. S'il était satisfait, il les récompensait comme ce soir en s'abstenant d'utiliser la trique et en améliorant leur pitance. Elles baissaient un peu la tête, pas trop cependant, elles devaient pouvoir obéir instantanément à tous ses signaux, elles ne parlaient pas, elles n’en avaient pas le droit et elles attendaient.
Rapidement Antje et Chiendri avaient retenu la routine, elles tiraient la charrette puis elles étaient abreuvées et nourries, elles n’étaient que rarement autorisées à utiliser leurs mains, une humiliation quotidienne parmi tant d’autres pour les iŭga.
Teixó, les gardait propres. Mais même un acte aussi basique que se laver, leur était refusé, c’était à leur maitre de s’en charger, il allait même jusqu’à leur brosser les dents.
Après venait l’un des moments qu’Antje attendait. Le matin, elle était enduite de crème qui la protégeait des ardeurs du soleil et des moustiques, l’odeur ou plutôt le parfum lui rappelait « Habit Rouge de Guerlain ». Puis les mains luisantes de crème de Teixó glissaient partout sur son corps. Son comportement lui arrachait un rire étouffé par le mors et lorsqu’il n’était pas pressé, il l'améliorait souvent de quelques caresses intimes, elle ondulait dans ce qui ressemblait à une danse presque silencieuse. Le soir aussi il les frictionnait avec des onguents pour détendre, apaiser chaque muscle et articulation. Et ce soir les deux iŭga attendaient cela avec impatiences. Elles étaient couvertes d’écorchures et d’estafilades douloureuses. Elles auraient pu se plaindre, mais elles avaient appris que le prix de la protestation était un surcroît de douleur.
Antje à genoux attendait, puis son estomac grogna à nouveau. Alors qu'elle commençait à secouer ses seins impressionnants elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un peu d'excitation à faire quelque chose d'aussi honteux, de si ... obscène. Elle détestait l'admettre, mais la pensée de faire quelque chose d'aussi grossier et avilissant et ... de répugnant ... eh bien, cela remuait les entrailles de l'ancienne comtesse afrikaner ... et elle sentit un picotement de plaisir malgré les épreuves qu'elle avait subies depuis son arrivée.
Son maitre leur jeta des boulettes. Elles les mangèrent comme deux chiennes, avidement et rapidement. Antje devinait que Teixó avait un plaisir malsain à les voir ainsi se baffrer. Quant à lui, il devait sans doute se rappeler, qu’à l’origine c’étaient tout même des femmes, mais vu comment il se comportait avec elles, elle se doutait que pour lui ces pensées ne pouvaient être que fugitives, il ne voyait en elles que deux animaux de trait. Pas même des esclaves.
Antje savait qu’il reviendrait bientôt pour leur mettre le sac sur la tête. Cela avait commencé dès qu’elles avaient été mises dans les brancards. Il avait probablement pensé que le sommeil serait plus facile pour elles. Cependant elle aurait préféré ne pas la porter. Mais Puisqu'il n'y avait aucune manière pour qu'elle communique une préférence, elles devaient s’en accommoder.
La nuit serait fraiche aussi, aussi bon prince il leur apporta des fourrures. il demanda à What de se blottir contre elles, il les réchaufferait et les protègerait.
***
La soirée fut agréable, Rachel avait bien des dispositions, un corps souple, une taille fine. Je fus délicat et ce ne fut pas le viol que l’on réservait aux nouvelles putains. De toute façon j’avais décidé de l’éduquer à ma façon, et non à la manière de la Guilde.
Au petit matin, elle n’était plus vierge.
Je ne l'avais pas utilisée comme si elle n'était qu'un ustensile, un objet sans âme, sans volonté. Avait-elle été violée ? Nul n'eut pu le dire... Car baiser une esclave même sans son consentement, n'était pas un viol, surtout si elle vous appartient.
Pour toute récompense, après avoir embrassé ses fesses, je les giflais d’une paire de claques bien sonores, bien appuyées.
- Te voilà putain ! Les claques, c'est pour que tu redescendes sur terre et parce que tu ne dois pas t'attendre à autre chose de la part d'un client... Même s'il a pris son pied.
Les fesses cramoisies, un filet de sang au coin des lèvres de son sexe trahissaient sa condition misérable de femme.
- Si cela peut te rassurer, lui dis-je en m’habillant, je ne sais pas ce que Res Garm t’a promis… Mais crois-moi, il est de parole. Mon rôle n’est pas de faire de toi une simple putain, n’importe qui peut y parvenir. Mon rôle, est de faire de toi une espionne apte au combat, cent cinquante jours ne seront pas suffisants. Mais sache que bon nombre de tes futurs clients sont membres de la Meute, ils compléteront ton enseignement. Tu apprendras à les reconnaître. Bon, cela dit le plus désagréable reste à venir. Comme je te l’ai dit, tous les esclaves sont marqués. Toi ma pauvre, tu auras en prime la deuxième peau de luxure, les stigmates de ta religion d’adoption et les tatouages secrets de ta nouvelle caste… Celle des espions de l'empire. Je pourrai te donner des drogues contre la douleur. Mais voilà, la douleur fait partie de ta formation, aussi après chaque marquage, je m’assurerai que tu sois consciente, avant de passer à la suivante. Pour les scarifications, il en sera de même, l’acmé de la douleur sera pour toi, la deuxième peau de luxure. Tu m’en voudras pas, mais je te bâillonnerai, les cris et les supplications m’insupportent. Rassure-toi, les marques seront petites. Tu es trop belle, pour qu’on abîme pareille marchandise. Mais pour ce qui est de la seconde peau de luxure, il faudra que tu fasses avec. C'est autant une malédiction, qu'une bénédiction, tu comprendras.
Celle qu’on appellerait maintenant Rachel s’était agenouillée.
Elle me regardait avec une curiosité mêlée de terreur préparer la suite de son calvaire.
Je me dirigeai vers le feu de camp que j’avais ranimé et suspendis au trépied la marmite de bronze contenant sa soupe du matin, je mis aussi des fers de marquage à rougir. Je commençai aussi à lui conter par le menu ses souffrances à venir.
- Tu auras besoin que je te fasse les tatouages secrets d'identité à l'intérieur de tes lèvres et celui de ton matricule d'identité d'esclave au-dessus de ton pubis. Après tout, ajoutai-je gaiement. Si tu te perds, ton propriétaire voudra récupérer une telle marchandise et ce matricule est pour lui une preuve de propriété. Ce travail, je l’effectuerai demain ou après-demain. Pour l'instant, je vais monter la table de travail.
En fait de table, cela ressemblait plus à un grand X avec de nombreux anneaux pour entraver ma future victime.
- Allonge-toi dessus, sur le dos, pour que je puisse t'attacher le mieux possible, il ne faut pas que tu bouges pour que je fasse du bel ouvrage. Il fait maintenant assez jour, les iŭga peuvent encore attendre leur pitance matinale.
Je poussai un coffre près d'elle, l'ouvrit. Dedans, il y avait de nombreuses boites, ainsi que des bouteilles, des pots d’angons. Je pris un plateau avec des instruments baignant dans un liquide stérile.
Regardant sur le côté, Rachel vit une rangée d'anneaux qui devaient être en bronze dorés, des aiguilles et des outils en obsidienne, qui comme on le sait, sont plus tranchants que le meilleur acier.
Quand le froid de l'alcool fut tamponné sur un de ses mamelons, Rachel devina ce qui allait arriver.
Je perçai d’une façon experte et rapide chaque mamelon, puis je me déplaçai vers le bas, vers son sexe.
Elle ne pouvait pas voir, mais elle sentit les grandes lèvres de son sexe que je tirais. Elle sentit une première petite souffrance, suivit de plusieurs autres.
Rachel se demanda ce qui prenait tant de temps. Puis, une piqûre finale la fit pleurer de douleur.
Je lui expliquai que son sexe avait maintenant six tout petits anneaux, trois sur chacune des grandes lèvres et que je m’étais servi des trous laissés par son infibulation.
Et en plus, j’ajoutai :
- J’ai placé un anneau d'or à ton clito. Il sera très sensible dorénavant. Beaucoup plus facile à stimuler. L'anneau est plus grand que ton clitoris. Mais tu as de la chance dans ton malheur. Les esclaves de labeur, celles qu'on appelle aussi les iŭga en n'ont moins. On leur met une manille comme pour les iotas. D’ailleurs à quelques détails, près, elles leurs ressemblent beaucoup. Alors oui, tu as de la chance. Je me penchai sur son visage et dit doucement : Tire la langue esclave. Alors avec une voix plus forte, j’ajoutai, maintenant ! J'ai dit !
Rachel pleurnicha de crainte, mais elle s'exécuta à contre cœur.
Quelque chose, soudainement, saisit sa langue dans une sorte de pince, Rachel pensa qu'on allait la lui arracher d'un coup sec.
J’aimais ce que je regardais, je me penchai plus près, sur elle.
Mon visage n’était seulement qu’à quelques centimètres de ma victime. Et la petite esclave était manifestement effrayée.
Je tirai d'un coup sec sur le forceps et le visage de Rachel se contorsionna de douleur.
- Ohhh, tu te demandes ce qui va t'arriver, c'est vrai que je ne t'ai pas tout dit. Chuchotai-je à l’oreille de ma proie, c'est pour ton anneau de langue… Quand nous voulons tenir du bétail comme toi en place, nous employons l'anneau de nez. Mais pour te rappeler qui est le maître, l'anneau de langue est bien mieux, particulièrement pour le lit. J'aime comment il tire la langue d'une petite pute. Humm et quand elle suce... C’est divin, par tous les Dieux, comme ça m’excite ! C’est ce que je devrai faire, mais que je m’abstiendrai de le faire sans ton consentement. Alors cela sera à toi de décider.
Aussi je rangeai les forceps.
Elle résistait à la douleur plus qu'elle s'y attendait, elle reprenait ses esprits, elle saurait faire face une fois de plus. En dépit de la souffrance et de l'horreur de sa conversion obligatoire (Chez les gens des lintres, il était impie de toucher au corps humain. Hormis bien sûr l’infibulation qui était pratiquée sur les filles promises au fleuve.) Rachel était étonnée de la facilité qu'avaient eu les anneaux à glisser dans les incisions. Elle poussa un soupir de soulagement. Elle pensait avoir plus mal, elle redressa la tête afin de voir l'effet qu'ils faisaient sur sa poitrine. Nul doute qu'ils la mettaient en valeur.
- Petite coquette, je vois que tu les aimes déjà.
Elle rougit.
- Bien, pour ton nez, je vais perforer ta cloison nasale avec une aiguille fine, cet anneau sera plus un bijou qu’autre chose d’ailleurs. Tu as pu remarquer que ceux que tu portes aux tétons sont aussi des bijoux. Fais-moi confiance, tu seras une esclave de grande classe. Plus tard, quand tu regarderas en arrière, tu te souviendras de la façon dont je t'ai formée, ton succès, tu me le devras. Bon maintenant, on va passer à tout autre chose, je vais te convertir. Cette partie de ta transformation sera un secret entre toi et moi. Ni Res Garm ni les autres Hors-loi ne sauront que tu es une des hôtes du Blob. J’ai besoin d’une alliée au sein des hautes sphères de l’Empire et c’est ce que tu seras bientôt. Alors passons aux prémices de la seconde peau de luxure. On va commencer par la voie interne. Il est bon que tu saches et comprennes chaque étape. Avec une seringue, avec cette longue aiguille que tu vois là. Je vais te piquer, je vais faire ce que l’on appelle une intraveineuse. Dans la seringue il y a de la vie, une vie qui n’est pas de notre espèce. Ce n’est ni du poison, ni un parasite, c’est l’essence d’un être bienveillant, qui bien des fois te viendra en aide. Mais avant tu vas souffrir, beaucoup souffrir, il faut que le Blob s’imprègne de toi, c’est comme si je t’inoculais un mélange de plusieurs venins. Les résultats sont presque instantanés et s'aggraveront durablement avec le temps, sur au moins une bonne semaine. Bientôt, cela te démangera d'une façon intolérable. Tes bras attachés rendront tes mains inutiles. Tu seras incapable de te gratter. Tu espéreras un manche de pioche, un pied de tabouret. Si je te laissais faire, tu pourrais t'empaler sur une feuille d'agave… Rien que pour te soulager. Imagine le soulagement que tu obtiendrais, si quelqu'un te branlait, ou mieux encore te... mais laissons cela… Je suis désolé, mais quel que soit le soulagement que tu obtiendrais, il sera seulement provisoire. Une heure après, tu serais prête à baiser un chien dans un temple, où sur une place publique… Pour échapper à tes démangeaisons internes. Et ce n'est rien par rapport à ce qui t'attend avec la peau de luxure.
Elle fléchit de désespoir, pendant que je lui piquai le bras. Incapable de résister, elle recherchait dans la prière et dans la maîtrise de sa respiration, un soulagement qui ne viendrait pas.
Alors elle m’observa, Je souris, quand Rachel, les yeux écarquillés, sembla me supplier d’arrêter.
Comme elle était déjà en transe, elle entendit au plus lointain de son esprit, Res Teixó chuchoter à son oreille : J'ai fini. Tu as été courageuse. Je ne te marquerai que demain ou après-demain. Mais maintenant, tu vas aller te placer derrière le chariot.
Elle était maintenant attachée les bras et les jambes écartés.
Je la rejoignis un peu plus tard, avec un pinceau et un seau rempli d'une sorte de pâte jaune, mouvante, avec des reflets verts, elle semblait vivante.
- Vois-tu petite Rachel, je t'apporte l'enfer dans ce seau. Cette pâte est la suite du traitement. La seconde peau de luxure, mais son vrai nom est le Blob Galactique qui désormais vivra en symbiose avec toi. Je vais en badigeonner tout ton corps, en introduire dans tous tes orifices avec des éponges. Après, je te laisserai attachée pour que tu ne puisses pas te gratter. L'effet ne viendra que dans une petite heure, à ce moment-là, je te garantis que tu préférerais être morte. À ce que l'on dit, la douleur est proche du bûcher, du moins, c'est ce que moi, j'ai ressenti la fois où je m’y suis baigné. Après demain ta peau commencera à brunir avant reprendre sa couleur. Tu te demandes pourquoi tout ça ? Je te l'expliquerai tout quand tu auras les idées claires.
Alors je commençai à la badigeonner.
Elle était attachée en croix à l'arrière du chariot, avec dans la bouche, cette éponge promise, qui avait eu d'abord un goût amer, avant de devenir du feu.
Je me reculais d'un pas ou deux pour admirer mon travail.
- Je vais te laisser attacher pour la journée entière et la nuit. N'aie crainte, même nue, tu n'auras pas froid. Tu n'obtiendras aucune satisfaction. Au matin, nous reparlerons de ce que tu pourras faire pour obtenir du soulagement. Oui… Je pense que tu devras insister sur ce que tu pourras m'offrir, la nuit porte conseil. Oui, demain, tu devras me convaincre de te soulager ; tu n'es pas dénuée d'imagination après tout. Tu dois devenir pour un temps, une reine parmi les putains. Dans notre ordre, il y a plusieurs chapitres. Aucun n'est plus important ou plus glorieux que l'autre. Toi, tu appartiendras à celui des courtisanes et sans nul doute, tu en seras une pépite que dis-je un diamant. Cette nuit, tu vas voyager dans ton passé comme jamais, c’est un des effets du Blob. Mais avant je vais te faire un autre cadeau, je vais encore te piquer, mais cette fois c’est pour que tu dormes, pour que tu ne souffres pas tout au long de cette journée.
L’effet de l’intraveineuse fut presque immédiat, sa tête retomba sur sa poitrine, elle s’était endormie pour plusieurs heures.
***
Bon maintenant je vais pouvoir m’occuper des iŭga et de What, pensai-je.
J’avais bien conscience que pour mes iŭga c’était une nouvelle vie.
Depuis qu’on me les avait données, elles étaient passées directement du statut de sous esclaves à celui d’animaux de trait. C’était une véritable nouvelle éducation bien qu’elles fussent déjà dressées à n'être que des bêtes. Cela signifiait, qu’elles devaient complètement oublier qu’elles avaient été des femmes. Elles savaient obéir au fouet sans y penser, à faire exactement ce qu’un maître voulait leur faire faire. Elles avaient appris à porter le harnais, à se taire, à devenir fortes et endurantes, à vivre toujours nues et à conserver le mors ou un bâillon dans la bouche, à être souvent chargées comme des mules et à tirer la charrette comme un bœuf.
Je pense qu’elles avaient renoncé à tous leurs rêves, à leur liberté et même à leurs personnalités. Comme elles étaient des indigos, je jugeais aussi que plus rien n’était important pour elles.
Je leurs donnais le même confort qu'à des mules. Elles dormaient comme des animaux de trait, mangeaient comme des animaux de trait et se comportaient comme des animaux de trait. Toujours le collier et lorsqu'elles étaient au repos, toujours les fers aux pieds et aux poignets. Mais le plus important c’était que pour les indigos la conscience s’était envolée, elle était partie en même temps que l’espoir ou même la pensée d'une évasion, ou la possibilité de retourner à une ancienne vie.
Mais j’avais tort.
***
Bâillonnée Rachel se tortillait, mais retombait à chaque fois sèchement retenue par ses liens, sensations atroces, les cordes rêches mordaient ses membres. Elle hurlait, mais on l'entendait à peine à travers tout ce qui bourrait sa bouche, tout ce qui empêchait une respiration normale.
Les démangeaisons devenaient plus intenses, plus insupportables avec les minutes qui passaient.
« Oh, putain ! Oh dieu du fleuve ! » Pensât-elle « Res Teixó a raison, je ferai n'importe quoi pour me soulager. » Elle pleurnicha quand elle pensa au nombre d'heures jusqu'à l'attente de l'aube.
Rachel aurait toute la nuit pour décider comment plaire à son maitre.
Tout son passé remontait à la surface, tant de choses qu'elle croyait perdues.
La Valdhorienne* se souvenait de ses jeunes années. Elle avait été tentée, un jour, il y a bien longtemps par les perles et les verroteries que lui montrait la vieille Muili ; elle ne se rappelait pas avoir vu la matriarche moins vieille, ni moins ridée, qu'au jour de sa mort.
Chaque jour, au temps où elle vivait à Valdhore, elle s'en allait s'amuser, sur le sable d'or semé des noires paillettes de mica, des grèves du Teck.
Avec d'autres enfants, elle apprenait comme tous les siens, la pratique des langues, des codes, des chiffres et de leurs mystères, pendant que son père tournait de la vaisselle, sculptait des couverts en bois, pendant qu’il dessinait sur des amphores des danseuses et des déesses.
Ils vivaient chichement, sans doute heureux… Car dans ses souvenirs des voyageurs, s'arrêtaient souvent devant l’étal de son père, des marchands venus de Domina ou des lointains méandres du fleuve. Ils disaient de son travail :
- C'est très bien, ça ! C’est un artiste.
Sa mère Malvira était morte en la mettant au monde. La Valdhorienne jeune orpheline, ainsi que l'unique esclave chargée de cultiver le jardin et de s’occuper du foyer vivaient de l’artisanat de son père.
De quel chagrin souffrait-il ?
Parfois, il faisait pauser l'enfant, bougonnant contre elle.
Il la mettait nue sous le soleil. Lui défendant de bouger, lui disant qu'elle était aussi jolie que sa mère. Alors qu'il faisait à sa ressemblance une mince naïade, une nymphe, une vénus. Il lui arrivait de murmurer des phrases mélancoliques en utilisant ses gouges. Ou il pleurait en mélangeant ses pigments ou tandis qu'il avivait de carmin la pointe des seins ou les lèvres. Que de la pointe de son stylet, il fixait aux orbites le blanc de céruse dont on fait les yeux.
La Valdhorienne ne comprenait pas tout ce que marmonnait son père. Elle obéissait de crainte d'être battue et puis, aussi à cause de la satisfaction tout enfantine, de s'entendre dire qu’elle était belle et gentille.
À vendre des gobelets, des plats sculptés et peints, des statuettes, l'on gagne quelques has.
Et on les trocs contre des amphores vernies, ou des outres de cuir, qui pour ne point être belles, n'en sont pas moins remplies de vin, de cervoise ou de bière… Et c'est l'ivresse, c'est la joie mélancolique, l'oubli d'avoir aimé.
Alors il rentrait tard, de plus en plus tard, de plus en plus ivre et de sa paillasse, la petite entendait tomber lourdement sur le sol, l’amphore vide qui roulait sous le lit.
De tout cela, la jeune fille qu'on appelait à présent Rachel, ne gardait que des souvenirs brouillons.
Seul demeurait inscrit la solitude.
Son père avait vendu la veille esclave pour quelques has. Et dans la masure, souvent, il n'y avait rien à manger, alors elle dérobait aux basses branches, des mangues orangées ou des œufs blancs ou encore des figues violettes.
Un homme à barbe blanche, le pédagogue sans doute, un jour la chassa du cours, car depuis bien longtemps son père ne le payait plus.
Alors seule sur la grève, elle s'en allait jouer.
Un soir, elle s'était attardée une fois de plus sur la rive du Teck à la recherche de moules d'eau douce ou de quelques gardons égarés.
Depuis longtemps, personne ne la rejoignait pour la ramener et la nuit s'était avançait en catimini.
Or, une flottille du Clan des lintres* était amarrée non loin du porterau de Valdhore, ils y avaient établi leur campement.
L'enfant, oublieuse de l'heure et du crépuscule, s'y était aventurée.
Les femmes étaient vêtues de sarongs multicolores et de beaux colliers de verroterie qui brillaient sur leurs poitrines à demi-nues.
Des enfants jouaient, d'autres mangeaient.
Ils l'avaient entourée, ils lui donnèrent des galettes de sarrasin, des gâteaux au miel odorant et aussi du Moggave Tequila mélangé à du lait de dattes. Ils parlaient avec des mots très doux, qu'elle ne comprenait pas bien, elle acceptait les friandises avec la gratitude timide des jeunes enfants. Et comme ils étouffaient leurs feux, qu’ils embarquaient leurs affaires sur les lintres, sous des auvents de nattes en rotin que l'on appelle diactas.
La petite, un peu ivre craignait de rester seule dans la nuit, d'être battue une fois rentrée chez elle, elle s’était désolée de voir s'éloigner les barques, elle s'était mise à pleurer.
Elle tendit ses bras menus vers ses nouveaux amis sur le départ.
Une vieille, la matriarche, l'avait prise dans ses bras, l'enfant but encore du Moggave Tequila mélangé à un peu d'opium. Elle s'endormit enroulée dans de chaudes fourrures à la poupe de la barcasse. Elle fut bercée par le léger roulis de la grosse barque, qui lentement s’en allait voguer entre les berges, vers d'autres lieux.
Et tandis que la vieille, au visage pareil à un pruneau, psalmodiait un chant mystérieux, elle rêvait de gâteaux, de câlins, de mots tendres, de ces choses qu'elle n'avait jamais connus.
Parmi la flottille des lintres elle grandit, choyée par la vieille, elle menait leur vie de nomade, de saltimbanques fluviaux, elle ne regrettait rien.
Heureuse, on ne lui commandait nulle corvée désagréable, elle avait des parures, des étoffes chatoyantes, elle mangeait à sa faim et on ne la battait presque pas.
On lui apprit à danser pieds nus en jouant du tambourin avec des petites cymbales à doigts. À faire rythmiquement onduler ses hanches, à prendre des poses d'idole, mais ça elle savait déjà.
La taille cambrée, les cheveux libres dans le vent, elle se drapait dans des écharpes de soie brillantes pour danser sous le soleil ou à la lumière des feux de camp.
Elle dansait le long du cours moyen du grand fleuve et de ses affluents, dans diverses contrées de l'Empire, sur les places des villages. Elle dansait, conduite par la Matriarche.
Le plus souvent, c'était sur les berges ou sur les quais où passe nombreuse la populace.
On s'arrêtait pour la regarder, les has pleuvaient autour d'elle.
Et son nom voltigeait de bouche en bouche, La Valdhorienne.
À quinze ans, elle sentit germer en elle des désirs qu'elle ne connaissait point. La nuit, dès qu'elle était seule, elle regardait avec désespoir son sexe cousu. De dépit, elle recherchait les câlineries de la vieille qui la traitait comme une poupée précieuse.
Un soir qu'elle sanglotait, sans doute d'être si seule avec ses pensées. Elle s'était cachée à la proue du lintre de Muili elle vit un homme qu'elle ne connaissait pas entrer sous l'auvent de la vieille. En catimini elle s'approcha ravalant ses sanglots.
- Bonsoir Matriarche, tu m'as fait appeler ?
- Oui Res Garm, je t'attendais, il est tant que tu viennes. Mon temps est passé. Les autres ne comprendraient pas que je te vois. Ici, tout le monde te respecte, mais personne n'aime te rencontrer.
- Je sais, le respect marche toujours de pair avec la peur que l'on inspire. Quel âge cela te fait-il ?
- Presque 900, je n’irai pas plus loin. Ma fin est proche, je le sens. Je suis fatiguée de tout cela. Je ne veux pas retourner au Baefroest*, j’en ai assez de tout ça... Je me demande si la terre existe encore ? Mais j’ai vu tellement de choses. Ma vie a été si remplie, mais là, c’est assez… Bientôt, j'irais vers le grand néant, je ferais corps avec le Blob. Mais ce n'est pas pour ça que je t'ai appelé.
- Parle Grande Mère, t'entendre, c'est t’obéir. Mais pour que tout soit consommé, il faut que tu me rendes l’Oracle que tu possèdes.
- Oui da, je le ferais, mais je veux que tu t'occupes de la petite, de ma protégée, tu sais qu’après ma mort, le clan procédera à un sacrifice, c'est une coutume sur laquelle je ne puis rien. Le patriarche me hait et son pouvoir n'aura plus aucun frein.
- Je sais cela… Je te promets qu'elle aura le choix. Je te promets aussi, qu'elle pourra, si elle le veut être une des nôtres, mais je pense que le mieux est de lui demander, tu ne penses pas ?
- Oui, tu as raison, ce choix lui appartient. Mais ne lui dissimule rien de notre nature, ni de ce qui l'attend.
- Entre petite ! Je sais que tu es cachée derrière le rotin de la diacta.
Tremblante, elle pénétra sous l'abri. - Sais-tu qui je suis ? Non-bien-sûr… Eh bien, pour beaucoup, je suis « la mort qui marche », le Hors-Loi Suprême. Alors écoute bien. Ta misérable vie dépend du choix que tu feras ce soir.
Une semaine s'écoula et...
La vieille expira vers le milieu de la nuit.
Cette mort produisit le plus pénible désarroi parmi le Clan.
Rachel était effondrée, ravagée par un chagrin sans borne.
Depuis son arrivée, c'était la première personne qu'elle aimait, qu'elle voyait mourir.
Elle n’avait jamais pensé à cela, il fallait y songer cependant.
- C'est une loi de la nature. Ceux qui s'en vont, sont vite oubliés, parce que la vie… Petite... Comble les vides de la mort. Les générations se renouvellent sans cesse... Une enfant comme toi, succède à une vieillarde comme moi. Ainsi avait parlé la vieille Muili.
La douleur de ces souvenirs raviva celle bien présente qu'elle endurait, attachée en croix à l'arrière du chariot.
Demain pensa-t-elle et pour tout le cours de ma vie, malgré la douleur, les épreuves qui m'attendent, je prendrai mon destin en main.
Je ne baisserai plus la tête, ni la tournerai en arrière !
Mais cette nuit, de ce dernier jour.
Je me retrouve petite fille, comme du temps heureux où la Matriarche vivait… Petite fille ... Tout voir par la lunette des rêves ... Ne rien faire, à part danser, un bonheur… Et aussi, pleurer de rien, délicieusement. Mais dieux, je pleure des mille souffrances que m'inflige mon maître… Puisse les dieux faire que ce ne soit pas en vain !
Elle retomba dans son étrange et douloureuse torpeur.
***
- Patriarche ! Apostropha tout-à-coup l'étranger, arrivé presqu'en face de Ricalmir. Je viens demander une place à ta tablée, un coin dans ton grand lintre sous ta diacta*.
Le ton de cette voix franche et cordiale toucha le Patriarche, qui sans répondre, saisit sur la table son gobelet de bambou, le remplit jusqu'à ras bord et le présenta à l'étranger.
- Je bois à ta prospérité, à ton bonheur ! Que le Dieu du Fleuve, à jamais écartent le mauvais œil de ton bateau et de ton Clan. Que tous tes enfants, auprès de toi, jusqu'à ta dernière heure, la plus éloignée possible, te tiennent en estime et en félicité.
Il s'inclina avec distinction, vida selon l'usage la coupe d'un seul trait et la rendit à Ricalmir.
- Sois le bienvenu parmi nous. Désormais, ta personne est sacrée pour moi et mon Clan. Celui qui toucherait à un cheveu de ta tête, serait maudit par le Dieu du Fleuve et noyé sur-le-champ. Prends place à cette table et souviens-toi, qu’ici, tout t'appartient.
Sur l'ordre du Patriarche, les femmes coururent chercher dans le paillot qui n'était qu'une fausse cale à la poupe du grand lintre ; une amphore soigneusement enveloppée dans une peau de kurt.
Ricalmir procéda avec un soin méticuleux, à l'ouverture de l'amphore, la débarrassant de son gros bouchon de liège ciré.
Il remplit de nouveau son gobelet et l'offrit à l'étranger.
- La cervoise, dit-il en présentant son godet, ne réjouit pas aussi bien le cœur ! Voici une boisson pour les hommes. Du Moggave Tequila Triple X, un breuvage que le soleil des hauts plateaux, plus chaud que celui des gorges du Grand Fleuve a brûlé de ses rayons de feu ! Accepte ce souvenir de l'hospitalité de notre Clan, c'est une des dernières amphores, presqu'aussi vieille que moi.
- Patriarche, tu te trompes, répondit l'étranger. « Tu es dans la force de l'âge et les deux lunes, de nombreuses fois encore éclaireront la couche où tu honores tes compagnes. »
- Faites circuler l’amphore ! Prononça gravement le vieillard. Des vivats chaleureux acclamèrent cette libéralité.
Le Moggave Tequila Triple X, rare dans les vallées et les gorges du divin fleuve, jouissait auprès des Dominiens d'une renommée remarquable.
Se tournant vers son hôte, le Patriarche secoua la tête et murmura :
- Étranger, tu flattes celui qui cherche déjà un méandre du Divin Fleuve où reposeront ses restes… En attendant les voluptés de l'eau dessous*. Par le Grand Fleuve ! Je suis vieux, plus vieux même que tu ne saurais le concevoir... Avant le triomphe du Maître de Cavalerie, mon nom servait d'épouvantail à la Capitale entière.
- La voici !
Le calme se rétablit. Chacun des convives se figea.
L'étranger, accoudé nonchalamment, observait, un peu ironique, la scène. Le cortège s'avança dans la lumière du grand feu de camp.
Une procession de musiciennes, de jeunes filles jetant des fleurs bleues. Puis deux autres jeunes filles, l'une portant la couronne, l'autre, le lacet. Puis la Valdhorienne, toute voilée, suivie de deux autres jeunes filles, murmurant des paroles consacrées.
On lui tendit la couronne et le lacet.
Puis, s'emparant de ceux-ci, elle s'avança, tandis qu'on lui soulevait le voile qui recouvrait son visage.
Bénédiction sur toi, Valdhorienne, fille de Valdhore, sur les époux qu'on t'a choisi ou sur la mort qui t'attend.
- Puisque c’est ainsi, je choisis le lacet, j'appartiendrai au fleuve… Puisque je ne puis m’en affranchir, je vous obéirai donc, mon destin est par vous tracer. C'est le fleuve, la mort qui m'attendent. Je ne veux aucun d'entre vous, car rien ne m'est plus cher que l'art des beaux gestes, des danses voluptueuses et des mimes. Je ne veux pas vivre comme l'épouse transitoire, avoir de nombreux enfants, servir mes maris comme la dernière des putains, être à jamais enchaînée au mât de la barge publique, pour vivre comme une chienne. Puisque que je ne puis être libre, puisque je ne puis vous quitter, je préfère mourir. Mais oui, il est bientôt l'heure de m'unir au Grand Fleuve… Quand pourtant se lèverait pour moi une aube radieuse. Seulement, écoutez ! Je veux, en échange de ma soumission à votre coutume, vous faire une prière avant de quitter les lintres pour la noirceur de l’onde, laissez passer cette nuit et demain encore, jusqu'au crépuscule. Je veux embrasser, embraser encore une dernière fois mon amie la Matriarche. Porter mes soies, mes bracelets et mes anneaux, afin que la Valdhorienne, si elle ne dansera plus, du moins puisse se parer pour le fleuve. Afin que pour ces dernières heures parmi vous qui admirez l'artiste que je ne serai plus, j'emplisse vos yeux à jamais de mon souvenir.
Ainsi, elle suivait le plan de Res Garm.
- Grands dieux, vous avez de bien étranges coutumes ! Si je puis me permettre. Cette fille est bien trop jeune et trop jolie pour être ainsi sacrifiée, mais bon, c'est son choix… Mais n'y a-t-il pas une autre solution ? Mais qui suis-je ! Moi Res Teixó pour me permettre d'exprimer un quelconque avis, oui, qui suis-je ? Un humble marchand roulier. Mais j'aimerais comprendre cette étrange coutume.
- C'est la loi du Clan et elle ne souffre d'aucune exception, il y a bien longtemps que la Valdhorienne aurait dû l’être au mat, mais elle était sous la protection de la Matriarche. Celle-ci est morte il y a peu et la Valdhorienne doit maintenant choisir son destin… Les maris qu'elle honorera à tour de rôle afin qu'aucun homme ne soit célibataire ou la mort. Tel est la coutume. Car vois-tu Res Teixó puisque c'est ton nom. Il y a bien longtemps, lorsque nous avons été bannis de la capitale. Il y avait plus d'hommes que de femmes et seul le Patriarche avait droit de prendre plusieurs épouses. Par ordonnance impériale, il nous était même interdit d'acheter des esclaves. Aucune villageoise n'avait le droit de s'unir à un homme des lintres, alors que l'inverse n'était pas interdit. Ce n'était que rixes, viols, assassinats à bord des bateaux. Mais un jour, le Dieu Fleuve répondit à nos prières. À l'entrée des rapides de Carlit une embarcation était en perdition, celle d'un riche marchand ou d'un négociant d'esclaves. Quoi qu'il en soit nous arrivâmes à amarrer le bateau à la rive, à son bord, il n'y avait qu'une jeune fille d'une grande beauté enchaînée au mat. En fait, c'était une offrande au fleuve des Valdhoriens, car la peste violette sévissait sur leur territoire.
- Et vous avez récupéré cette offrande ?
- Bien sûr, car ce qui est donné au fleuve nous appartient, c'est la loi du fleuve. La jeune fille avait perdu la raison, elle ne voulait à aucun prix marcher sur la terre ferme, elle ne cessait de répéter : j'appartiens au fleuve, j'appartiens au fleuve. Laissez-moi, je suis une noutre. Alors nous l'avons laissée enchaînée et elle est devenue notre première prostituée sacrée. Celle que l'on a appelé l'épouse transitoire. Puis il poursuivit, « quand bien même tu me proposerais de lui demander sa main ou même si tu me proposerais son poids en or, cela ne changerait rien. C'est la loi qui fait ce que nous sommes. Sans son strict respect, nous aurions disparu.
- Je comprends et je respecte vos traditions. Vous, qui m'avez si bien reçu, en remerciement, puis-je vous offrir des herbes à fumer. Elles sont douces et j'en fais commerce...
***
Toute seule, elle s'était rivée au col une lourde chaîne et ses regrets, il fallait qu'elle les étouffe, maintenant, il était trop tard pour accepter les 500 has. Elle aurait dû demander qu'il la laisse dans un quelconque village, elle était assez grande pour se débrouiller toute seule, mais maintenant, il était trop tard. Et tout ça à cause de son stupide orgueil et des promesses de Res Garm.
Voilà, elle appartenait à Res Teixó et aux Hors-Loi puisqu'ils tenaient le dernier maillon de sa chaîne dans leurs mains.
Ce silence du plateau du Moggave, cette immobilité abominable et cette insomnie, qui rendait si vif ce sentiment de souffrance, lui devenait insupportable.
Elle s'agita une fois de plus dans ses entraves, leva la tête vers les deux lunes qui luisaient de tous leurs feux.
Pas un nuage argenté si léger qu'il pût être ne voyageait dans le bleu profond du firmament.
Respirer, respirer l'air frais de cette nuit pour soulager ses tourments… Regarder encore le ciel parsemé d'étoiles brillantes, promener sur l'horizon ses yeux fatigués de veilles et de pleurs. Elle n'était qu'une plaie ouverte aux feux de l'enfer.
À l'aube, il la détacha, elle tomba, se recroquevilla comme une crevette de la mer de silex.
Les yeux exorbités, elle était agitée de convulsions, de spasmes.
- Ne ferais-tu pas tout ce que je désire pour que je t’atténue ton supplice ?
- Oui mon maître ! Oui mon maître ! Ayez pitié d'une humble esclave.
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Un chott* : est une étendue d'eau salée permanente, aux rivages changeants, située dans les régions semi-arides.
Le terme sebkha* : est utilisé par les géomorphologues pour désigner une dépression à fond plat, généralement inondable, où les sols salés limitent la végétation. La sebkha peut être lacustre : les eaux s'évaporent et laissent des sels ou, en communication avec la mer (actuellement ou dans le passé). Toutes les régions désertiques chaudes présentent des sebkhas.
Les cénotes* sont des gouffres, avens ou dolines d'effondrement, en milieu karstique, totalement ou partiellement remplis d'eau. Il peut s'agir d'eau douce, ou parfois d'une couche superficielle d'eau douce et d'une couche inférieure d'eau de mer s'ils communiquent avec l'océan par des failles ou autres conduits. Lorsqu'ils sont entièrement immergés dans l'eau de mer, on les désigne comme « trous bleus ».
Jus de manne de Barbarie* : jus de plantes faiblement alcoolisé, la manne de Barbarie ressemble à la figue de barbarie.
Les Campronds* : ce sont les camps des nomades dans le Moggave, les chariots sont mis en cercle autour du corral et de la grande tente commune.
D’étanchements* : lointains descendants génétiquement modifiés de l'agave tequilana, conçu des centaines de millénaires auparavant pour se développer sur n'importe quel sol, à des températures plus extrêmes que leurs homologues terrestres.
Lintres* : embarcations à fond plat, à voile unique, servant aussi d'habitation ressemblant à un sampan.
Has* : monnaie de bronze impériale.
Monitores* : Pédagogue, dresseur d’esclaves.
Trabuk* : le trabuk est un reptile mammalien qui ressemble à l’auroch tant par sa forme que par son mode de vie.
Pierre de sommeil* : en réalité si cela ressemble à de la pierre, c’est en réalité une résine, une sorte d’ambre issue des arbres étranges qui a été en contact avec le Blob.
Religion Orphique* : L'orphisme est essentiellement un mouvement de protestation religieuse qui surgit à Domina au premier millénaire il se rattache à Orphée, le maître des incantations, l'enchanteur légendaire, le premier à avoir pu communiquer avec le Blob Galactique. Par son genre de vie et par son système de pensée, ce mouvement sectaire se caractérise par un refus de l'ordre social. Le mysticisme orphique n'est pas la quête d'un absolu sans référence historique : c'est une mise en question systématique de la religion officielle et du savoir. Les membres de la secte se doivent une assistance mutuelle, mais pour en être membre il faut connaitre le codex des incantations. Les prêtres peuvent racheter la liberté de leurs membres pour un prix modique sans qu’on puisse les en empêcher. Par leurs aptitudes ils sont proches des Valdhoriens.
Blob Galactique* : c’est un organisme monocellulaire polymorphe, un être issu d’une souche unique dont la pensée et le savoir sont cumulatifs à l’infini, on pourrait dire que c’est une sorte de parasite, mais en réalité il faudrait plutôt le ranger dans la famille des symbiotes.
Baefroest* : c’est le pont stellaire et la station spatiale en orbite autour d’Exo. Depuis que l’ascenseur spatial est hors d’usage l’ascension se fait à pieds soit 159 km.
L’eau dessous* : Pour les gens des lintres il n’y a pas « d’au-delàs » car ils adorent le fleuve, mais « l'eau dessous », la profondeur des fleuves sur Exo peut dépasser les 3000 m, donc pour eux elle est insondable. Autant on peut voir les étoiles, le soleil, les lunes, autant le fleuve est mystérieux. Les cendres des défunts sont donc laissées au fleuve, pour cette raison ils vénèrent les noutres qu’ils considèrent comme la réincarnation des âmes des morts.
"amanuensis" ce qui peut se traduire par personne qui est à portée de main ou outil animé.
Je suis un outil qui appartient à ses Maîtres...
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