Plutocrus, Saavati, Minus sur la route de Trugole.
(Pour l'instant je ne poste que le quart du chapitre car la suite est vraiment trop mauvais genre, alors vu que je suis un peu plus lu que ce que je croyais j'hésite.)
À l’est, là ou se lève Phébus aux cheveux d’or en un lieu où son char était déjà très haut dans le ciel. Une litière aux draps de lamé dorés frangés de fils d’argent se balança un instant, sembla hésiter, puis s’arrêta.
Elle était encadrée de huit galles* aux toges vertes qui marquèrent le pas pendant que plusieurs corybantes* la précédant dansaient de manière saccadée au son des tambourins et des fifres.
Un jeune esclave nu et châtré peint en vert se précipita se prosterna dans la poussière du chemin et servit de marche pieds à Plutocrus l’archigalle*.
Le grand prêtre se dirigea vers un chariot bâché de lin écru qui dissimulait une grande cage de fer. Une douzaine de captives y étaient entassées, il demanda à un garde de soulever un coin de toile, il ne voulait pas souiller son auguste personne par une si vil besogne.
Toutes les têtes des prisonnières se précipitèrent vers ce triangle d’air frais, puis ce ne fut que suppliques, demande d’eau et de fraîcheur, pour toute réponse la bâche se rabattit. Satisfait Plutocrus se retourna passa lentement devant Saavati qui dénudée, encagoulée de cuir, enchaînée par le cou suivait tant bien que mal le chariot des esclaves. Elle-même était suive par un nain en tunique verte.
Le grand prêtre lui claqua les fesses, elle tressaillit légèrement, il ricana en entendant la respiration haletante de la jeune femme, puis il regagna en riant sa litière où deux jeunes adonis balançaient à son intention des éventails de plumes d’autruches blanches et noires.
Il agita un mouchoir parfumé aux essences d’héliotrope, la litière se souleva mollement portée par ses vingt porteurs aux pagnes verts.
Le cortège s’ébranla à nouveau bruyamment vers le port de Trugole qui n’était plus qu’à douze parasange. La route poudreuse incommodait Plutocrus aussi descendit-on les vaporeux rideaux de lin de son palanquin.
Cinquante cavaliers et cent hoplites l’accompagnaient ainsi qu’un train d’une trentaine de chariots. «Ce soir je ferai couper les langues de ces femelles en cage comme c’est la coutume chez mon hôte et je les ferai manger à Saavati, cela sera fort amusant.»
Il en avait assez d’entendre leurs jérémiades et comme de toute façon leurs destins étaient de finir immolées… «Demain nous arrivons enfin au port de Trugole, encore deux relèves de porteurs et dans trois heures nous serons au camp du soir.» Pensa Plutocrus.
Il sortit la tête de la litière et ordonna que l’on presse le pas. Cela faisait une semaine que le long cortège avait quitté le lac aux eaux froides de Taciphrène qui bordait les bords du plateau de Naburr.
Naburr était situé au pied d’un énorme nœud montagneux que l’on nommait les montagnes du Kouff.
Ce lac posé sur le plateau des Titans, était comme un immense cratère* offert aux dieux. Une route en lacets longeait une longue succession de murs cyclopéens qui en gradins étaient chargés de retenir un peu de terre cultivable.
Le cortège avait débouché sur une vaste plaine où d’énormes blocs de rochers gris presque blancs avaient été jetés au hasard, miettes d’un monstrueux banquet offert à des géants négligents.
La caravane avait cheminé au milieu de ce chaos, sur le tapis souple d’une steppe verdoyante parsemée d’innombrables petites fleurs multicolore.
La route semblait se dérouler à l’infini, le moelleux tapis des pâturages à l’herbe rase contrastait avec les bords des contre forts arides et nus. La suite longea un fleuve aux eaux tumultueuses grossies par la fonte des neiges. Le nain Minus armé d’un aiguillon piqua sans ménagement les fesses tatouées de la très grande et très belle Saavati une goûte de sang perla.
En mugissant elle se remit en marche avant même que sa chaîne ne se tende et ne la tire en avant. Il ne faisait pas vraiment froid mais le vent rafraîchissait ses jambe nues une bourrasque lui passa entre les cuisses lui rappelant comme si elle avait pu l’oublier qu’elle était nue, la rafale lui pénétra la raie des fesses, lui embrassa le sexe, joua avec les poils de son pubis qui avaient repoussés.
Sa cagoule en cuir bouilli épaisse mais souple ne laissait passer que son charmant petit nez percé depuis peu d’un grand anneau de bronze, des boucles d’airain nouaient son capuchon du sommet de son crâne jusqu'au-tour de son cou, jusque sous son large collier de bronze aux quatre anneaux soudés.
Un œillet d’un diamètre de deux pouces serti de cuivre était pratiqué au niveau de sa bouche, un bouchon fait d’une balle de cuir pendait au bout d’une très courte lanière, il pouvait ainsi obstruer cet orifice buccale. Au sommet de sa cagoule un autre trou sertît de cuivre laissait échapper sa longue tresse aussi noire qu’une aile de corbeau, elle descendait jusqu’au bas de ses reins cambrés pour finir nouée à un anneau d'ivoir. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était ainsi humiliée, traitée comme un animal, traînée sur les routes, tirant cette carriole ridicule. Depuis combien de jours cette cagoule lui cachait la lumière du jour ?
Mais comme aujourd’hui, elle était aveugle aux paysages et aux gens, elle ne sentait que leur présence n’entendait que leurs moqueries car de plus en plus souvent Minus lui masquait la vue et elle devait s’en remettre entièrement à son belluaire*. (esclave attaché au service des animaux du cirque) Comble d’ironie la seule partie de son être qu’elle acceptait hier de dévoiler était maintenant cachée de la vue de tous et lui cachait la vue de tout.
Son corps qui jadis avait une blancheur d’albâtre, qui jadis était dissimulé sous de riches et nombreux atours, était maintenant uniquement paré d’un minuscule pectoral de cuir rigide qui maintenait et soulevait son opulente poitrine aux seins fermes.
Sa peau était aujourd'hui couverte de grands et savants tatouages polychromes aux arabesques folles.
Certains évoquaient des guirlandes de buis et de pins qui enlaçaient le haut de ses cuisses et de ses épaules.
Son dos n’était qu’un entrelacs allégorique de calligraphie de langue ancienne et mystérieuse, prières destinée à une sombre divinité.
Au creux de ses reins: On l’avait savamment scarifié et brûlé au fer rouge, dans ces plaies aux motifs étranges, on avait coulé de l’or, l’ornement était rond avec un léger relief grand comme une soucoupe, il cicatrisait à peine.
Les grandes lèvres de son sexe que trois petits anneaux d’or perçaient, étaient maintenant fermées, car elles étaient soigneusement infibulées avec un solide fil de chanvre mélangé à du crin on y avait enfoncé un petit tube d’or une sorte de cathéter pour qu’elle puisse uriner.
On lui avait aussi tatoué d’une flamme rouge mêlé d’or, cette enluminure corporelle soulignait son bas ventre encore d’un blanc d’ivoire, plus haut son nombril était orné d’un grelot.
Ses seins, d’une blancheur lactée nervurés de bleu se dressaient fièrement soutenus par le pectoral, ils étaient magnifiquement parés de deux petites rosaces dorées retenues par des anneaux d’or qui en perçaient les tétons.
Elle marchait donc en aveugle, guidée par l’aiguillon et les rênes de Minus son aurige: une piqûre sur la fesse en avant, une secousse sur l’atèle droite à droite, une secousse sur l’atèle gauche à gauche, pour l’arrêter il tirait en même temps sur les deux atèles. Et c’était efficace, car les deux brides lui passaient sur les épaules, puis étaient nouées aux anneaux de ses seins. Enfin une troisième rêne finissait unies à chacune de ses bagues labiales.
La moindre tension d’une des atèles se faisait sentir au plus profond de son être, chaque ordre était ainsi transmis instantanément ressenti viscéralement. Et si elle était distraite la troisième rêne était secouée ou pire tirée.
Ses poignets étaient étroitement enchaînés aux brancards de sorte qu’elle ne pouvait guère les lâcher, on lui avait bandé les mains car dès le premier jour était apparu de grosses ampoules et Minus chose rare avait eu pitié d’elle, il en avait fait de même avec ses pieds nus, une simple bande enroulée sur la plante de ses pieds et de ses chevilles devait lui suffire. Ses quelques rondeurs, elle les avait perdues en même temps que sa liberté, son orgueil et sa dignité. Elle avait vu pour la première fois son petit aurige après ce que ses tourmenteurs avaient appelé son matage ordonné par Plutocrus.
Après des jours de sévices elle se souvenait s’être fait sortir ou plutôt arrachée hors de sa cage, comme à son habitude elle s'était précipitée tremblante étreignant la première paire de jambes qu'elle pouvait saisir afin d'en embrasser les pieds, elle était alors méconnaissable, son corps n'était que plaies et bosses, sa peau était bleue voir violette, ses lèvres étaient gonflées et son œil gauche était fermé par un coquard.
On l’avait ensuite enchaînée et on lui avait passé une solide cagoule de cuir nouée derrière la nuque qui par de nombreux anneaux était solidaire de son large collier fait bandes de fer doublé de cuir.
Cette cagoule lui bandait les yeux.
On lui mit aussi une sorte de muselière, un gros anneau dans la bouche avec des lanières qui s’attachaient derrière la tête, ce bâillon qui se coinçait derrière les dents et qui lui obligeait d’avoir toujours la bouche ouverte. Son humiliation fut totale quand on lui arracha les derniers haillons qu’elle avait réussi à conserver et quand on lui fixa une chaîne à son anneau nasal.
On l’avait jeté dans une chaloupe elle le savait car bien qu’aveuglée elle entendait tout et elle avait ressenti le tangage et le roulis de la barque, plus tard des bras l’avaient soulevée et jetée sur ce qu’elle pensait être une rive herbeuse.
Il y avait des oiseaux gazouillant tout autour d’elle et elle pouvait sentir le chatouillis un peu dérangeant de l'herbe drue sur sa peau, si elle avait pu, elle aurait mangé cette herbe tant la faim la tenaillait mais cet étrange bâillon lui empêchait de fermer la bouche et d’utiliser ses dents de quelque manière que ce soit.
Elle sentit sur elle la légère caresse du soleil, après tout ce temps passé à fond de cale c’était presque une bénédiction et même si elle ne voyait pas elle savait que tous les pores de sa peau se gorgeaient de chaleur et de lumière et pour la première fois de sa vie elle fut heureuse d’être nue. Elle eut un vertige et elle s’évanouit. Quand elle reprit conscience, elle s’assit jambe écartées, elle fit tinter ses chaînes, cela pesait au bout de ses bras, cela faisait mal à ses poignets.
Elle se souvint avoir été enchaînée à bord du bateau.
Elle aurait souhaité pouvoir voir.
Elle tira, essayant d’atteindre ses yeux, elle sentit la chaîne se serrer et se tendre. Bien sûr elle devait être attachée plus loin à un point fixe et de toute façon elle n’aurait pas pu déboucler sa cagoule et ce fut en vain qu’avec ses ongles elle essaya de griffer, d’arracher un morceau du cuir de sa cagoule.
Elle se concentra alors sur ses autres sens qui lui semblèrent tellement plus alertes. Elle ressentit encore une fois son absolue nudité quand un brin d’herbe lui chatouilla le sexe, elle prit aussi conscience de sa tenue totalement impudique, elle se mit à genoux et se cacha le sexe de ses mains. Pourtant sans qu’elle sache pourquoi la sensation familière du cuir, sur son cou et le fer à ses poignets avait quelque chose de rassurant.
Et même si elle ne pouvait toujours rien voir, elle pouvait entendre la nature qui tout autour d’elle s'animait.
Comme un animal aux abois, elle redressa la tête et huma l’air.
Il y avait une odeur de verdure fraîche, de terre humide et aussi non loin d'elle de cendre froide.
Elle entendit un battement d’ailes sur l'eau et le clapotement des vaguelettes du lac, tout lui disait qu’elle était toujours proche de l'eau et que durant sa perte de conscience on ne l’avait pas bougée. L’odeur de fumée et de cendre froide flottait toujours persistante comme un nuage qu’elle imaginait gris.
Elle supposait que l’heure était matinale car elle sentait cette palpitation de l’air qui n’appartient qu’au matin, elle ressentait aussi la chaire de poule simplement due à la fraîcheur pour une fois et non l’effroi due à la promesse d’une nouvelle torture.
Était ce des bruits de pas ?
Oui.
Elle n’avait même pas pensé à se lever, maintenant il était trop tard.
Elle pouvait entendre le craquement des branchages et le froissement de l'herbe qui se rapprochait. Combien étaient-ils ?
Et à quelle distance ?
Quelqu'un pourtant s’approchait d’elle.
Qui ?
Nul doute qu’il n’était pas seul.
Quelqu’un, lui tapa légèrement sur les côtes avec ce qu’elle sentit être une trique.
Elle fut corrigée sans un mot sans un ordre par une main sûre qui distribua de petits coups secs, ici un contact, là un coup, jusqu'à ce qu’elle ait comprit qu’elle devait être à quatre pattes.
Elle obéit, pourtant elle n'avait entendu aucun mot, ni n’avait put voir son tortionnaire.
Qui était-il ?
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