Teixó versus Greenheads.
Ce chapitre fait partie d’un Cd tournant sous Windows 95, section difficilement décryptée et remise à jour pour mon histoire et pour le Défit.
Mon regard a rapidement scruté à l'ouest, le soleil baissait vers l'horizon et je ne voulais vraiment pas être sur la route avec l'obscurité qui grandissait. J’étais sûr que les traqueurs Greenheads n'étaient pas loin derrière moi et je craignais qu'ils puissent se déplacer à couvert de la forêt qui était sur ma droite.
Les bois étaient leurs terrains de prédilection et j’avais la certitude que pister puis tendre une embuscade à ma caravane serait pour eux un jeu d’enfant.
Sur ma gauche, il y avait un marécage dont le manteau de roseaux était mité par les nombreux accrocs d’étendues mouchetés d’une eau qui scintillait des derniers feux d’un soleil moribond, plus loin le fleuve déployait ses méandres et pour finir les falaises du Moggave barraient l’horizon.
Cette portion de route n’était que nids de poules et ornières boueuses. Je n'en étais pas étonné, ce tronçon je le savais particulièrement dangereux. J’aurai dû prendre la route du sud plus sûr, mais plus longue, j’aurai dû écouter les hommes du camprond ou mon Oracle, mais il était trop tard pour des regrets. J’avais deux options, je pouvais presser la marche vers la ville et y arriver après la tombée de la nuit ou je pouvais dresser le camp. Je devais rapidement prendre une décision, il me faudrait au moins une heure pour ériger les tentes, un travail qui deviendrait impossible dans l'obscurité. Tout dépendait de l’intervalle qui me séparait des traqueurs. Je devrais retourner sur mes pas pour observer mes poursuivants.
Rachel, assise sur le siège du chariot, balançait et inclinait la tête au grés des chaos du chemin. J’étais sur What et je m’approchai d’elle :
- Garde l’œil ouvert, je vais faire une petite reconnaissance. Prends l’arbalète pose la sur la banquette.
Rachel me regarda interrogatrice.
- Bien maitre.
Je sortis mon fusil à acide* de son étui et je pris aussi une cartouchière que je bouclai à ma taille. Je tirais sur les brides, What s’arrêta, je me tenais sur un des côtés du chemin, j’observais la caravane s’éloigner. Immédiatement derrière le chariot, et enchainées à lui par le cou, suivaient vingt femmes de traqueurs ; j’avais dépensé une belle somme pour elles, j’avais réussi à rafler tout le lot sur le marché du dernier camprond.
Grandes, fortes et magnifiques, elles vaudraient une fortune sur n'importe quel marché méridional. Lorsqu’elles passèrent devant moi elles m’avaient toutes regardé avec mépris et l'une d'entre elles m’avait injurié, mais j’étais trop professionnel pour répondre. Je savais que tant de fierté ne survivrait ni à une première flagellation ni au fer rouge mais je n'allais pas réduire leur valeur en les marquant ; ce serait à leur acheteur de les dresser.
Après les femmes des Greenheads, suivaient silencieusement les porteuses lourdement chargées. Certaines de mes portefaix portaient sur leur dos, des sacs ou de pesantes caisses. C’était leur front seul, ceint d’une sangle qui soutenait tout le poids du fardeau. D’autres préféraient porter leur charge sur la tête. En tout j’en avais aussi vingt, enchainées par le cou en deux colonnes égales. Elles étaient les déchets des marchés d’esclaves, je les avais eus au même prix que des iŭga. Celles qui portaient leurs fardeaux sur la tête, parfois d’une main en assuraient l’équilibre. J’avais entendu qu'il y avait un marché pour ce genre d’article dans les villes des planteurs, là où nous rendions. Et je comptais doubler ma mise grâce à elles.
Je me dressais dans mes étriers, faisant signe à What de remonter la file pour reprendre la tête de ma petite caravane.
Après une demi-heure, je la conduisis hors de la route, sur un terrain dégagé couvert de mauvaises herbes et de quelques bouleaux. Je demandais à Rachel d’abreuver et de nourrir esclaves et iŭga pendant que je montrais une embuscade afin de ralentir et de désorganiser nos poursuivant.
- Rachel, quand les femelles Greenheads auront bu et mangé, tu les bâillonneras et tu leurs attacheras les mains dans le dos.
- Bien maitre.
Alors j’enfourchais mon roojas et je le fis courir sur un demi arphange* en aval de notre position. Je recherchai un bon endroit pour me cacher. Le meilleur que je pu trouver était une grosse touffe d'ajonc et de genêts. Je m’y installais pendant que What ses grandes plumes dressées restait attentif. Mon Oracle faisant office de radar balayait les alentours, mes poursuivants étaient nombreux pas moins de 250, l’affaire était mal engagée mais j’avais connu pire.
Je remerciai Yggdrasil pour le fusil qu’il m’avait offert ainsi que pour les bio-drones* que j’allais bientôt activer. C’est que le Blob et lui étaient malins. La charte de non-prolifération des armes à poudre noire et à énergie n’avait pas prévu ce genre de fusil. Une arme digne d’un vieux roman de steampunk, elle fonctionnait avec de l’eau, de l’acétylène et de l’acide Picrique. Mes ennemis auraient une sacrée surprise, car sur Exo personne n’avait encore utilisé ce genre de joujou.
Là-bas dans le lointain sur la route, les traqueurs devaient remonter nos traces. D’un sac que je portais en bandoulière je sortis une boite en métal, dedans il y avait six bio-drones, le simple contact de mes doigts les activa ils s’envolèrent tournoyant lentement autour de moi. Je remerciai ma présence d’esprit qui m’avait permis d’upgrader les fonctions de mon Oracle ainsi que d’en recharger les batteries. Ma petite aventure dans le vaisseau spatial avait été plus que profitable. Un écran holographique, mon holocarte, jaillit de l’Oracle pour se déployer devant moi. Mentalement je désignai aux bio-drones leurs missions, moins d’une minute plus tard apparut sur l’écran l’emplacement exact de mes poursuivants ils n’étaient plus qu’à deux stades* et demi de moi. Les Greenheads étaient des silhouettes phosphorescentes qui s’agitaient sur mon écran holographique. Ils s’étaient divisés en cinq groupes. De chaque côtés du chemin ils s’étaient déployés en tirailleurs, deux colonnes remontaient le long de la route et la dernière une masse d’une centaine d’hommes suivait en retrait sur la route. Je ressenti cette sensation de vide dans mon estomac. J’avais toujours ce sentiment quand il y avait danger, ou quand je commandais ou exécutais une flagellation.
Le fusil était prévu pour tirer trois types de munitions. Je commençais par l’approvisionner en mini grenades Picriques, cinq au total, puis dans le deuxième orifice du sabot de crosse, les dix cartouches intelligentes et enfin j’engageais un chargeur d’aiguilles sous la boite de culasse. Je vérifiai aussi le manomètre de pression des gaz, le vase d’expansion, ainsi que le magasin à carbure de calcium. J’étais paré pour faire un carnage.
A deux stades je les voyais distinctement sur mon écran et ils se déplaçaient rapidement. Mes doigts ont caressé la crosse sculpté dans un beau bois aux incrustations de laiton ouvragé,
Je ne voulais pas gaspiller mes munitions. Mais coup sur coup je tirais trois mini grenades qui explosèrent au milieu du groupe le plus dense, les microbilles firent un massacre, sur mon écran ce ne fut pas moins d’une cinquantaine de silhouettes phosphorescentes qui s’éteignirent. Je pouvais les entendre hurler de douleur et d’effroi. Je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin. J’avais marché sur la queue de l’animal il fallait bien que je m’occupasse de la tête. Un de mes bio-drones avait sélectionné une grande brute à demi nue, armée de trois javelots et d’un petit bouclier en peau de saligators. Il était à la tête de la colonne de droite. J’hésitai entre la balle intelligente ou une aiguille. Cela faisait quelques siècles que je n’avais pas utilisé de fusil. Le désir, le plaisir d’avoir une cible dans sa ligne de mire... je sélectionnai le mode manuel. Je bloquai ma respiration, mon index caressa la détente. Je n’avais pas pris le temps de régler la hausse, mais ce n’était pas grave, je visai un demi pouce au-dessus de la tête de l'homme et je fis feu. Tout me parut ralentir, cette arme était formidable, presque pas de recul presque pas de bruit, juste un léger toussotement.
Le chemin dans ma direction s’était soudainement vidé, excepté deux morts et d’un blessé, qui gesticulait en couinant comme un porc qu’on égorge « putain de munition pensai je. » Maintenant j’allais attendre la suite des événements mes bio-drones surveillaient les alentours, je ne craignais aucune mauvaise surprise. Je les entendais s'agiter furieux, éructer des ordres et essayer de se regrouper. C’étaient peut-être des sauvages, mais ils étaient braves. Ils avaient droit à une mort digne des combattants qu’ils étaient. Ils s’étaient tous regroupés sur le chemin, sans doute pour se rassurer les uns les autres. Je rangeai le fusil dans son étui que je suspendis à ma selle et j’enfourchai mon roojas. Un sabre dans chaque main, les rênes entre les dents je parti en découdre. What avait compris, il cria de plaisir, il faudrait bien que je trouve un mot pour désigner ce rugissement de guerre. Alors je les vis tous ces Greenheads, boucliers près du corps, lance en avant, un véritable mur. Les plumes crâniennes de What se rabattirent sur son cou ébouriffé. Les plumes en bataille, il jeta sa tête en arrières le bec grand ouvert. Une dernière fois il hurla à la lune minor qui se levait. Puis il bondit pour tomber au milieu de cette troupe éberluée. Mes sabres n’étaient pas en reste, je taillai à tout va. Mon roojas tantôt éventrait à l’aide de ses ergots, tantôt déchiquetais des têtes avec son énorme bec crochu. En trois bonds nous les avions dépassés, nous fîmes demi-tour pour recommencer en sens inverse, nous avions disparu avant qu’ils ne se ressaisirent. Quel beau massacre ! What emportait dans son bec la moitié d’un homme. Leur chef si je ne l’avais pas tué devait suspecter que j’étais un leurre pour les ralentir. Mais j’avais d’autres tours dans mon sac, deux ou trois mines à l’acide finiraient de les déstabiliser. J’avais l’autorisation du Blob d’une façon ou d’une autre il voulait déchirer la Charte*, alors autant y aller franco. Au trot c’est une façon de dire nous rejoignîmes Rachel et le chariot.
- Maitre c’était quoi ces bruits de tonnerre ?
- Le progrès jeune fille, le progrès. Il est temps de nous remettre en route.
Le fouet siffla dans l'air, Chiendri et Antje dans un soupir se mirent en route et le chariot d’avancer.
La moitié de mes bio-drones suivait mes poursuivants tandis que l’autre déployée en éventail me précédait. Je su exactement ce que je devais faire. La taille du groupe de traqueurs, sa vitesse de déplacement et de la compétence évidente de leur commandant, indiquaient que je ne pourrai pas camper pour la nuit. Je devais continuer de me déplacer rapidement et essayer d'atteindre la ville avant que les Greenheads m’aient rattrapé. Cela signifier qu'il faudrait abandonner la plupart de mes esclaves, cela serait un crève-cœur, mais pas autant que de finir dans une marmite ou empalé sur une broche. J’en étais là de ma réflexion, lorsque que je vis apparaitre sur mon écran holographique une autre troupe toute aussi nombreuse. « Bordel ils veulent vraiment ma peau ! ce n’est pas vingt de leurs femelles qui peut expliquer cette poursuite. Ces salaupards m’attendent à deux arphanges. » Les iŭga avancent bien, surement à cause du fouet dont Rachel savait se montrer prodigue. Ma priorité principale était de garder les femmes des traqueurs. S’il n’y avait pas eu cette embuscade j’aurai laissé les porteuses en arrière, elles auraient avancé à leur rythme. C'était une technique du secours éprouvée ; enchaînées ensemble et sans nourriture, mes esclaves n'auraient eu d’autre choix que de continuer le long de la route. Si elles tombaient entre les mains des traqueurs elles passeraient directement au rayon boucherie ce serait une perte pour moi mais les femelles Greenheads compenseraient ma perte. Je fis ralentir le pas. Être pris en sandwich par des cannibales rien de plus normal en soit.
Si seulement il y avait une alternative. J’examinai mieux mon écran et je demandais conseil à mon Oracle. Il y avait bien une autre solution.
Le fleuve était maintenant très proche du chemin, avec une petite ile boisée, un bio-drone m’informait qu’un banc de sable assez étroit y menait. Si je pouvais le prendre il serait facile de s’y retrancher. Les Greenheads sont gens des bois et non du fleuve et peu savent nager, c’était ma chance. Peu se risquerait à vouloir traverser et encore moins si c’était sous le feux de mes armes ainsi je sauverai mon investissement et ma vie. En un instant ma décision fut prise. Rapidement nous arrivâmes sur la grève en face de l’ile.
- Rachel, tu vas atteler dix des porteuses au chariot avec ce courant c’est plus prudent. Pendant ce temps je vais poser des pièges et couper des roseaux pour baliser le gué. N’oublie pas de remplir la charrette avec leurs bagages.
- Bien maitre.
Je pensais que j’avais une bonne heure voir un peu plus avant que mes cannibales ne se massent sur la rive.
Rachel avait mis le mors aux femmes et apportait maintenant des harnais bientôt elles seraient attelées comme mes iŭga. Sur le dos de mon roojas je traversai une première fois enfonçant tant bien que mal mes balises improvisées du côté droit, au retour j’en ferais autant de l’autre côté. Puis je pris la tête de la colonne des Greenheads que je cadenassai à un arbre, leur autant toute velléité d’évasion.
- Maitre c’est bien profond par endroit ? les femelles des traqueurs sont plus grandes que la moyenne et elles sont passées difficilement, vous ne croyez pas que…
Je fronçai des sourcils et je lui répondis sèchement par une autre question.
- Ne crois-tu pas esclave que c’est à moi d’en décider ? on va traverser ici ! je préfère toutes les noyer plutôt que de laisser n'importe laquelle aux mains des traqueurs.
Elle m’avait mis en colère, Rachel en tant qu’esclave, donnait un mauvais exemple aux autres filles. Je devrais la punir quand l'occasion s'en présenterait.
- Puisque tu veux commander ! tu vas prendre la tête de la files des porteuses non attelées et tu m’attendras sur l’ile. Tu leur feras ramasser du bois ça les occupera en même temps que cela les réchauffera.
- Bien maitre.
Je savais bien que mon attelage était épuisé que l’eau était glaciale mais ce voyage fut plus facile que prévu. Mais il fallut quand même que j’abuse du fouet sur leurs dos déjà ravagés, il fallait passer vite pour que les roues ne s’enfoncent pas trop profondément dans du sable ou de la vase. Debout sur le chariot chargé de tous les bagages je leur hurlais dessus aussi fort que je les fouettai. Malgré le mors il y avait des cris de terreur et de douleur. Car vingt-quatre pieds qui cherchent le fond, qui raclent les graviers, dont les orteils agrippent tout ce qu’ils trouvent pour ne pas être emportés par le courant, sont douze esclaves qui tantôt disparaissent sous l’eau, tantôt réapparaissent hoquetant, crachant et pleurant.
Triomphant, j’arrivai sur l’autre bord et criai à Rachel de venir s’occuper de l’attelage.
Elle enlevait les courroies des harnais, découvrant des épaules sanglantes, des dos couverts de coupures et d’entailles. Elle avait une expression qui mêlait un zeste de pitié a beaucoup de dégoût. Puis avec quelques esclaves malgré l’obscurité elle tendit des velums entre les arbres, les filles encore transies de froid s’étaient sans attendre attelées à cette tâche. Elles auraient le temps de récupérer de l’épreuve du passage à gué plus tard. Rachel réalisait du bon travail, mais je devrais tout de même la fouetter pour l’exemple.
J’en avais pas encore fini de mes préparatifs de retranchements, il fallait que tout d’abord je retourne sur l’autre rive afin de retirer mes balises. Puis que je mette en batterie une des armes que j’avais trouvée dans le vaisseau spatiale. Mais pour qu’elle fonctionne au maximum de ses capacités il me fallait mes iŭga.
En fait j’avais plus de temps que prévu. Rachel ravitailla les esclaves et les soignât. C’était sans danger, car elles étaient enchaînées sous les vélums et il était peu probable qu’elles se révoltent. Elles devaient être trop heureuse d’être encore en vie. J’en profitais pour sortir le réchaud à acétylène afin que Rachel puisse nous préparer un petit repas chaud. Mangeant lentement mon haricot saucisse et sirotant une gorgée de vin chaud, je réfléchissais. Rachel était silencieuse. Après m’être restauré, je lui dis.
- Tu vas mettre de l’eau à bouillir dans la grande marmite et tu vas faire une bonne soupe avec des légumes et un gros morceau de lard. Quand ce sera prêt tu la distribueras aux esclaves, mais pas aux Greenheads.
- Bien maitre.
- Tu distribueras aussi des tuniques et des couvertures, sauf aux Greenheads, elles sont coriaces.
- Entendu maitre.
Je pris quatre couvertures, mon fusil et j’allais au chariot, je vérifiai les armes que je n’avais pas encore utilisé. Elles étaient toutes dans la charrette bien rangées, attendant sagement de cracher la mort.
Soudainement Rachel fut à mes côtés alors que je finissais d’atteler mes iŭga, puis à conduire l’attelage près du gué.
- Maitre libère les Greenheads, maître, s’il te plait renvoient les. Ils vous tueront, et que feront-ils de moi ?
Rachel était hébétée.
- je ne sais pas ce qu'ils feront avec toi. Mais je sais ce que je te faire.
Rachel sanglotait doucement, Je ne l'avais pas beaucoup entendu se plaindre depuis notre rencontre, mais c’était une fois de trop.
- Maître oui, je sais que vous me fouetterez, mais renvoyez les femmes.
- Regarde-moi bien, Rachel, et tu te convaincras qu'il est aussi inutile de tenter d'éveiller en moi un sentiment de pitié ou même de peur, que de prétendre arrêter ton Dieu Fleuve. Regarde-moi bien tu es en présence de celui qui ne craint ni les hommes ni les dieux.
- Les dieux ! S’écria Rachel terrifiée. Tu ne crains donc pas leur châtiment ?
J’éclatais d’un de rire bruyant et sarcastique qui dénotait mon immense mépris.
- Cela fait des siècles que je vis au milieu de guerriers de tous les pays. Chacun d'entre eux adore ses dieux, j'en connais tant et tant que je n’en accepte aucun et que je me ris d'eux tous. Je suis un Hors-Loi ! m'as-tu souvent vu offrir des sacrifices à une divinité ? Je ne crois qu'à la force et à la ruse. Je n'ai que deux dieux tutélaires, l’or et la guerre qui font de l'homme un géant et lui donne la toute-puissance des divinités que d’autres adorent. Si, maître de la terre entière, je ne trouvais plus personne à combattre, je mourrais d’ennui, car le monde me semblerait vide.
Rachel baissa la tête avec une expression mélangée de tristesse et de résignation.
- Maintenant je suis persuadé que tu ne seras jamais à moi, bien que tu sois mon premier homme. Tu aimes le combat pardessus tout et tu lui demeureras fidèle toute ta vie. Tu es un ravageur. J’ai entendu les gens des Campronds parler de toi et de Garm… Quand vous prenez une ville d'assaut, cela suffit un temps à vos désirs. Tu te plais à posséder une femme, une esclave, à couper des têtes. Tu ne comprendras jamais l'amour avec toutes ses délices.
Je haussai les épaules.
- Que sais-tu de moi esclave ! tu me fais perdre mon temps. Retourne t’occuper des autres si tu ne veux pas que je t’enchaine avec elles… mais qu’est ce tu crois ? tu penses que si je les libère on aura la vie sauve ? tu seras violée par toute la tribu pour finir en ragout, mais je ne savais pas vraiment si elle finirait en ragout ou à la broche.
Les Greenheads étaient dévots d’une religion, qui rejetait toutes technologies, dont la roue et ils ne détenaient des prisonniers que pour les manger. Des traqueurs étaient fréquemment envoyés faire des razzias pour leurs boucheries. Parfois des fermiers, des citadins et des négociants d’esclaves leurs revendaient un surplus de stock. Il y a plusieurs siècles beaucoup de théories couraient au sujet des disparues, certains pensaient qu'une vaste armée d’anciennes esclaves était rassemblée quelque part, préparant un soulèvement contre les esclavagistes et que tous les propriétaires d'esclaves seraient détruits. Mais c’était une légende, la chose était depuis longtemps éventée lorsque des milices citadines avaient attaqué des villages Greenheads, il n'y avait aucune trace de prisonniers ou d’esclaves vivants, ils ne trouvèrent que des restes de repas, que les corps boucanés ou salés de suppliciés sur l’autel du Dieu MangeMange.
Je prévoyais toujours de garder mon bien. Si les traqueurs étaient confiants malgré leur dernière déconvenue, ils n’étaient pas prêts de reprendre leurs femmes. Ils auraient à qui parler et je me rendis au bord du fleuve.
Assis sur le plateau sur une des couvertures et drapé dans une autre, j’étais adossé au Turbo canon à acétylène* et j’attendais. Il y avait quelques espoirs que les chasseurs passent de l'autre côté du fleuve sans nous voir, mais il était très petit cet espoir.
Quatre de mes bio-drones étaient retournés dans leur boite les deux derniers patrouillaient autour de l’ile qui devait bien avoir une superficie de près de trois hectares, heureusement il n’y avait qu’un gué. Et là où le courant faiblissait j’avais vu des nappes d’azimaras* poussant à mains endroit sur ce côté de l’ile.
Je sautais hors de la charrette avec les deux dernières couvertures.
Mes iŭga étaient nues comme il était d’usage, mais elles avaient la chair de poule, il manquerait plus qu’elles tombent malade on serait dans de beaux draps.
Elles portaient le mors strict*, à vrai dire je ne le leur enlevais jamais pas même pour les nourrir ou les abreuver, le risque était trop grand.
Je les avais fait mettre à genoux, bien que robustes elles étaient en piteux état tant j’avais été prolixe sur le fouet. Mais elles étaient belles quoique plus grandes et plus musclées que la moyenne. Elles étaient chauves baguées, tatouées, marquées au fer rouge et silencieuses.
Dans les villes salamandrines, j’avais souvent entendu des personnes se plaindre de la cruauté de l'esclavage, sans pour autant remettre en cause le servage. Pour ma part je m’étais fait très vite à l’idée que c’était un mal nécessaire et que comme j’en profitais je trouvais que c’était une bonne chose. J’étais un Hors-Loi Régénéré et je ne considérais les habitants d’Exo ni comme mes semblables ni comme mais égaux. Ce monde avait besoin d'esclaves et les esclaves avaient besoin du fouet. Et moi je trouvais que le négoce d’esclaves était un moyen comme un autre d’accroitre rapidement mes revenus.
Si j’avais rechigné à accepter ce cadeaux d’Ashka c’était simplement dû au fait de ne pas les avoir choisis. Il demeurait qu’elles m’avaient jusqu’à présent donné entière satisfaction que ce soit sur le chemin qui m’avait mené au Clan des Lintres, de ma fuite avec Rachel ou de la traversée du Moggave. Je n’avais pas eu à m’en plaindre. Ayant moins de valeur, je les avais menées plus durement qu’une paire de mules. Je n’avais aucun remord, car sur Exo les iotas et les iŭga étaient considérées au même titre que des animaux. Certains peuples comme les Greenheads en consommaient régulièrement ou les élevaient comme laitières. Sur cette planète, vaches, brebis ou chèvres étaient rares. Aussi que ce soient les iotas* qui se reproduisaient par parthénogénèse, ou les iŭga qui mettaient systématiquement bas des triplées ou des quadruplées. Cela faisait en fin de compte un fameux troupeau. Moi-même au cours de ma longue vie sur Exo, je n’aurais pas pu jurer n’en avoir jamais consommé. Qui pouvait dire ce qui nageait dans les marmites des nombreuses tavernes que j’avais fréquentées ?
Je pris le temps de les ausculter, l’une des deux avait la plante des pieds en sang, c’est vrai que ce n’était pas la première fois que je me faisais cette observation.
Il suffirait que je place les crochets de son mors à l’une d’elle, pour que je puisse évacuer une partie de la tension que j’avais accumulé, une bonne fellation diminuerait certainement mon trop plein d’excitation. Mais pourquoi faire cela alors que j’avais si bien éduqué Rachel. Moi-même comme beaucoup d’habitants de cette planète j’aurai considéré cet acte presque comme de la zoophilie, au mieux c’était un pis-aller. En pensant à cela, je me rappelais comment les iŭga étaient couvertes, cela se passait habituellement les jours de foire. Dans un coin du marché ou près des écuries, il y avait toujours une rangée de pilories toujours par nombre pair, vu que presque toujours les iŭga sont un couple de iŭgum enchainé l’une à l’autre. On les mettait donc dans le carcan souvent avec un sac sur la tête. Puis on amenait les mâles qui avaient aussi un sac sur la tête. Des esclaves, ou des prisonniers. On utilisait presque jamais des mâles iŭga tant ils étaient rares. Le ou la propriétaire des iŭga surveillait le bon déroulement de la copulation. Les indigos pouvaient engendrer au cours de leur misérable vie pas moins de 200 iŭga.
On disait que l’lorsqu’une iŭgum virait à l’indigo, elle perdait le peu de raison qui lui restait ainsi que le langage articulé. En échange elle gagnait plus de force, plus d’endurance et le hurlement. La mutation s’accompagnait par la naissance d’un nouvel organe, une sorte de Syrinx qui amplifiait ses cris et pouvait les transformer en une arme sonique. Son cri pouvait selon sa volonté être inaudible pour les humains ou dépasser les 120 db. Le son en question produisait des vibrations attaquant les tympans, l’estomac ainsi que le cerveau causant des vertiges, des vomissements, des troubles intestinaux et de vives douleurs chez les personnes à proximités. Le tout était efficace dans un rayon de 10m.
Mais Yggdrasil m’avait fourni plusieurs artefacts, une sorte de tromblon et un amplificateur sonique qui augmentait le cri d’une iŭgum. Le fusil avait l’aspect d’une espingole pourvu d’un tube à obstruction réglable par diaphragme. C’était la première arme à distance sonique à avoir été créé dans ce monde. Simple d’utilisation, dotée d’un petit réacteur à élément magnétique, elle était alimentée soit par le générateur de l’Oracle, soit par le masque sonique qu’on fixait sur la tête d’une iŭgum. Ce fusil sonique envoyait une puissante onde ultra concentrée prenant la forme d’un cône de quelques mètres de long ou d’un chapelet de ce qu’on pouvait appeler des grenades soniques. Calibrée pour vibrer sur de multiples fréquences, il pouvait liquéfier les organes, détruire les tympans et briser des os ou même des troncs d’arbres. J’allais bien voir ce qu’elle valait, il y avait les pilotes d’essai moi j’étais le tireur d’essai.
Je lui montrai ma chicotte* en disant « Chut, » rapidement, tout en faisant attention, j’ôtais le mors de celle qui avait les pieds en sang pour lui mettre le masque sonique. J’en profitais pour leurs jeter une couverture sur les épaules.
Puis je retournai à l’intérieur de la charrette. Dans le silence de la nuit, inévitablement, je commençais à somnoler, le temps passa je dû même m’endormir. Je fus réveillé par le sifflement aigu d’un de mes bio-drones. L’holocarte se déploya dans l’air au-dessus de mon Oracle dans le coin gauche de la carte je vis l'heure: 5 heures du mat, bordel ! Ils pouvaient pas me laisser pioncer un peu plus? à la base cela devait être une journée facile. J'ai des frissons... et bien que je fusse à plus d’un stade j’entendis les conversations chuchotées de l'autre côté du fleuve, c'est vrai j'avais augmenté le son. J’allais pouvoir tester mon nouveau joujou et ainsi économiser de précieuses munitions. Mais au cas où... j’avais aussi à côté de moi mon fusil à acide. Au début une des formes grise hésita au bord de l'eau et a puis elle commença à patauger. Je retirais la sécurité en gerbant du plateau, un léger bourdonnement m’annonçait que le fusil était sous tension. Maintenant il fallait que mon iŭgum hurle à plein poumon. Je lui arrachais sa couverture et je commençais à la cravacher sauvagement avec la chicotte en criant :
- Tu vas gueuler salope !
Espingole sonique était munie d’un hautparleur et là ce fut la surprise… J’entendis la réponse d’une iŭgum qui n’aurait pas du pouvoir parler, seulement gueuler des sons incompréhensibles.
- Asshole ! you don't have to hit me. Puis elle se mit à chanter de toutes ses forces, I'm rolling thunder, pouring rain. I'm coming on like a hurricane. My lightning's flashing across the sky. You're only young, but you're gonna die…
- Bordel les paroles de Hells Bells mais comment ?
Je pointais le fusil sur l’autre rive. Sur les paroles d’AC/DC j’avais levé un mur d’eau qui s’était transformé en un véritable raz-de-marée. Il avait tout ravagé, sur un stade, ce n'était plus que débris, chablis, roseaux rompus et boue. Cela avait duré moins de vingt secondes. Sur mon holocarte des dizaines et des dizaines de petits points fluorescents s’éteignaient comme autant de vies.
J’allais pouvoir bavarder avec mon animal de trait, avec ma surprenante iŭgum.
C’est du moins ce que je pensais. Sur l’holocarte deux bonnes centaines de silhouettes apparaissaient.
Je regardais au loin, comme contrarié que le jour tardât à paraitre. Une lune brillait d'un éclat moins intense le ciel perdait de sa noirceur, sa teinte bleue devenait plus dense et du côté du levant une bande de lumière violacée commençait à paraître. Le nouveau jour se lèverait bientôt sur un combat comme je les aimais.
Par-dessus les roseaux couchés je vis accourir ventre à terre sur la grève encombrée de débris de toutes sortes, des groupes nombreux de combattants hagards. C'étaient les rescapés qui malgré tout brandissaient leurs lances et poussaient des clameurs comme ils le faisaient en chargeant dans les combats.
Un des Greenheads la tête découverte les cheveux et le front surement teints en vert, portant une armure de bronze qui brillait sous la lune pale. Et une massue taillée à sa mesure Un colosse encadré de deux canis* dont les langues bifides* rentraient et sortaient en permanence de leur bouche humant les odeurs du dernier carnage s’avança bravement dans le fleuve.
Le géant, marchait séparer des autres comme si lui seul eût valu un sheltron*. Sa stature énorme attirait tous les regards. Comme guidé par son dieu, il se dirigeait vers moi. Sur la grève des centaines de ses compagnons c’étaient rassemblés tous en lignes ils faisaient un bruit monstre en tapant sur leurs boucliers en criant MangeMange ! Il leur hurla d'arrêter. Puis, s'avançant encore, il continua de marcher vers moi jusqu'au moment où les eaux atteignirent son ventre.
Durant un moment, il n'y eu plus aucun bruit hormis celui du fleuve.
Puis le colosse gronda au-dessus du fleuve, aussi fort que même mes esclaves à l’autre bout de l’ile purent entendre.
- Voleur de vies ! tu peux vivre si tu nous envoies nos femmes et tes esclaves. Encore une fois sa voix couvrit le fleuve. Envois nos femmes ou jamais tu ne quitteras cette ile.
Dans son armure de bronze à chaque fois qu'il élevait sa massue, il était farouche et magnifique comme une divinité sauvage.
- Je suis Teixó le Hors-Loi ! Défends-toi, boucher, mange merde ! Tue-moi si tu le peux, je suis Teixó ! et je n’ai peur d’aucun de vous tous.
Quelques traqueurs s'approchaient lentement pour s'arrêter à une certaine distance, intimidés par la terreur superstitieuse que j'inspirais.
Mon adversaire traçait avec son arme des cercles autour de lui levant des gerbes d’eau scintillantes. Je m’étais hâtivement armé, puis j’avais assigné un bio-drone à un projecteur à acétylène dont la poursuite serait réglée sur mon adversaire.
- Je te combattrai comme un homme ! sans mes divins pouvoirs, criai-je.
- Alors tu es mort ! MangeMange me protège et avant ce midi je boirai ton sang, je mangerai ta chair, je sucerai ta moelle.
Alors je courais vers lui m’arrêtant sur un banc de sable où l’eau m’arrivait sous le genou. Je l’attendais, mon visage couvert par un bouclier, la pointe de mon sabre menaçante, il vint à moi, le projecteur s’alluma.
Nous nous trouvions seuls au milieu du gué.
Bien que seul je ne me troublai guère, j’en avais vu d’autres.
- Vois ! l’œil de Dieu nous regarde ! dis-moi ton nom, que je sache qui je vais tuer.
- Je suis Lamassue chef de clan et Grand prêtre de MangeMange. Tu m’avais promis pas de magie. Tu n’es qu’un parjure !
- Aurais tu peur de l’œil de Dieu ? il nous éclaire, car il approuve notre duel. Ainsi tous les tiens pourront observer notre combat. L’œil de Dieu ne fait qu’équilibrer les chances, car contrairement à toi, je vois aussi bien la nuit que le jour. Mais si tu veux qu’il s’éteigne tu n’as qu’à le demander.
« Teixó ! c’était donc Teixó, ce guerrier mythique, il n’avait pas même la carrure d’un simple guerrier Greenhead. Pourtant oui ce ne pouvait être que lui, car enfin plus de cent des siens étaient morts cette nuit des mains d’un seul homme. Teixó ! C'était Teixó, ce guerrier qui allait se mesurer à lui complètement seul et sans sa magie ? Ce duel sous les yeux de toute la horde réunie sur les bords du fleuve semblait lui avoir été ménagé par son dieu MangeMange. Il lui accordait cette gloire. » Et, levant sa massue, il marcha droit sur l'ennemi.
« Aucune finesse, c’est un lourdaud. Je serai comme le roojas qui attaque l’éléphant et qui grâce à son agilité lacère les parties vulnérables du pachyderme. MangeMange tu vas perdre un de tes prêtres. »
Lamassue faisait de grand moulinés. Mais je reculais avec une souplesse de félin, l'évitait, refusant le combat. L’éclaboussant presque par jeux, il gesticulait sa massue ne brassant que de l’air. Bientôt le prêtre serait fatigué, j’étais certain qu’il désirait en finir rapidement avant d’être exténué et de ce ridiculiser. Il se campa sur ses jambes de colosse et lança son arme contre moi. L'énorme massue fendit l'air tandis que je la voyais voler vers moi, décidément c’était trop facile je fis un bond de côté. Elle heurta le bouclier avec un fracas de cymbales et alla plonger au loin soulevant des gerbes argentés. Sous la violence du choc je dû plier le genou, l’eau était froide, je me relevais aussitôt et rejetant mon bouclier fendu, je dégainais mon pugio de la main gauche, dans la droite l'épée haute je courais contre Lamassue.
Se voyant désarmé, le Prêtre fut un moment troublé. Il eut peur, il se crut en présence d'un demi-dieu contre qui les armes ne pouvaient rien, me tournant le dos, il s'enfuit vers les siens. De la rive opposée tous l'appelaient à grands cris, le voyant en danger. Certains préparaient leurs javelots pour m’arrêter mais ils n'osaient tirer de peur de blesser leur chef. Ils regardaient leur colosse fuir, moi je voulais l'empêcher de regagner les siens.
Lourd, le géant courait difficilement, il n’avait pas pris le temps de reconnaitre le gué, nous courrions sur des lignes parallèles, lui malgré sa taille avait de l’eau jusqu’à la ceinture, alors que j’en avais jusqu’ au genou mais il fallait que je fasse vite car bientôt nous allions aborder la partie du gué la plus profonde et alors je ne serai plus à mon avantage. Il trébucha contre un gros galet et ses genoux plièrent, il s’affala de tout son long, se releva entièrement mouillé, mais cette fois il était encore plus lent.
Je le rejoignis. Il sentit ma présence dans son dos. Le froid du fer de mon pugio pénétra profondément ses cotes entre les jointures de sa cuirasse et pour ne pas mourir à la vue de sa tribu entière comme un lâche, il se retourna rapidement, ouvrit des bras pareils à mes cuisses, voulant m’étouffer en me broyant dans une étreinte mortelle.
Mais j’étais souple et je reculais ne lui donnant pas cette dernière chance. Il retira mon pugio de ses cotes, le sang ruisselait sur son armure dorée, coulait le long de sa jambe pour se diluer dans le courant. Il tenta bien de me planter avec ma lame mais mon sabre trancha tout ses espoirs en même temps que sa main. Et au milieu des éclaboussures Lamassue s'écroula portant son unique main au côté il comprimait sa blessure essayant d’empêcher son sang de jaillir, mais tout autour de lui l’eau se teignait d’un beau rouge rubis.
Il me regarda sans colère, avec une expression enfantine de surprise. Je le laissai là sur le dos, sa masse empêchait le courant de le prendre. J’allais ramasser mon poignard. Quand je revins près de lui, il fixait le ciel qui rosissait,
Sa tête énorme flottait dans le courant et sa longue chevelure verte semblait lui faire un écrin. Il souleva sa tête voulant dire quelque chose. Je mis un genou dans l’eau et me penchais près de lui,
- Chut, ne dis rien. C’est un mauvais moment à passer, mais sache que je massacrerai un grand nombre des tiens. Jamais plus ils n’oublieront mon nom car pour vous tous je serais le dieu de la mort.
Il me regardait. Il voulait me répondre, mais je ne saurai jamais ce qu’il aurait voulu me répondre, car son regard troublé par la mort s’éteignit quand je lui enfonçai mon pugio dans la bouche lui faisant comme une langue métallique.
Alors je commençai à trancher avec mon épée son cou vigoureux. Je dus frapper plusieurs fois et finir avec mon pugio, car couper le faisceau compact des tendons, des muscles et des vertèbres était laborieux, trancher cette tête s’avérait plus ardu que de le tuer. Elle résistait au fer de mes lames. Jamais plus je ne trancherai la tête d’un individu couché.
Des javelots commençaient à pleuvoir autour de moi.
Je quittais mon casque, libérant ma chevelure grisonnante, épaisse et bouclée puis enfin je saisis la tête de Lamassue par sa crinière ensanglantée et, posant un pied d'un geste vainqueur sur le corps monstrueux du colosse, je la montrai à ceux qui avaient suivi le duel.
L'épée dans ma main droite, je tendais l’autre bras qui tenait la tête du géant. J’avais découvert mon Oracle qui brillait de mille feux comme une étoile sur la peau bronzée de mon bras.
Les sauvages poussèrent en cœur un cri de surprise et de rage qui courut le long du fleuve.
- C’est certain c’est Teixó ! c'est Teixó !
Quelques instants encore je demeurai immobile, défiant silencieusement mes ennemis sans me soucier des projectiles qui s’abattaient autour de moi, puis je ramassai un javelot, et je retournai près de mon chariot.
Je l’enfonçai sur la grève pointe en haut y j’y fichai la tête de Lamassue.
Je hurlais à Rachel de venir avec les porteuses. Je pensai à juste titre qu’elle avait été témoin du duel. Quelque minutes plus tard elle était auprès de moi avec les vingt porteuses.
De l’autre côté après un moment de flottement, la horde des Greenheads se préparaient à fondre sur nous.
Devant mes esclaves éberluées, mon holocarte se déploya face à moi comme un tableau de verre flottant dans l’air.
J’avais en main mon fusil à acide, ses bombonnes pleines de gaz prêtes à l’emploi le turbo canon à acétylène* était en batterie.
Je criai.
- Maintenant ! Feu !
L’enfer ce déchaina.
Le turbo canon tonna, les obus à l’acide picrique* auto guidés par les bio-drones explosèrent dans les rangs serrés des traqueurs. Toutes les cinq secondes cette nouvelle arme du Blob fauchait des rangs entiers de Greenheads et mon fusil s’occupait des isolés qui s’approchaient trop près de mon ile.
Le combat fut rapidement plié et avec l’aide du fusil sonique que j’employais comme d’un hautparleur j’intimais à mes adversaires de se replier sous peine d’être annihilés. Je fus écouté.
Les premiers rayons de soleil éclairèrent un champ de ruines de désolation et de morts. Mais il n’y avait plus trace des traqueurs Greenheads.
J’envoyais quelques bio-drones en patrouille et je décider d’aller dormir.
***
Arphange* : 1 arphange vaut 3,5 km.
Bio-drones* : sont de drones ressemblant à des libellules 80% du drone est d’origine synthétique le reste est organique. Grâce à ses ailes le drone capte l’énergie solaire, il peut aussi métaboliser la cellulose. La programmation se fait mentalement il transfère ses informations via l’Oracle.
Yggdrasil* : androïde polymorphe partisan du Blob.
Stades* : 250m
Iŭgum* : on dit une iŭgum* et des iŭga* ce sont des sous esclaves.
Iotas* : préhumaines.
Mors strict* : est réservé aux iŭga dites hurleuses*, c’est un mors avec un harnais de tête. Il est composé de deux grands anneaux dans lesquels passent les brides qui sont clipsés aux seins. Aux anneaux sont fixés deux canon en cyprium* ainsi que deux crochets dans le même métal. Les canons s’articulent et se rejoignent sur une sorte de cuillère en cuivre qui appuie sur le langue plus ou moins selon le réglage que l’on veut. La cuillère et les canons prennent beaucoup de place dans la bouche. C’est un mors très sévère, surtout lorsque la cuillère est réglée dans sa position la plus basse. Pour ce qui est des crochets, ils se positionnent à la commissure des lèvres et permettent maintenir la bouche ouverte. On ne les installe que dans certaines occasions : soit comme punition supplémentaire. Car le mors strict est déjà une punition. Soit pour profiter d’une bouche grande ouverte qui ne peut mordre. Soit pour les gaver quand elles ne veulent pas manger. Avec un tel mors, on la satisfaction de les voir bien saliver et de ne plus les entendre geindre ni surtout hurler.
Le cuivre est un métal décontractant qui libère des ions et encourage de ce fait la salivation.
Le cyprium est l’un des alliages à base de cuivre. Il se compose de cuivre, d’aluminium et de fer. Il offre un contact plus chaud et est nettement plus solide que le cuivre. Ce sont les mors dorés que l’on trouve souvent en sellerie. Ce métal est fabriqué par la Guilde des Métaux* affiliée à la Guilde Souveraine*.
Azimaras : @vinzwallbreaker@
(Ou algues traitres) qui poussent dans les eaux calmes des étangs de montagne. Plante apparentée aux plantes carnivores, si on s'y prend les pieds, c'est la mort quasi assurée. Par noyade, puis on est lentement digéré. Elle se reproduit par bouturage naturel. A la saison des pluies ou des fontes de glace, des brins se détachent de la plante mère pour se laisser porter par le courant jusqu'à une nouvelle zone calme pour prendre racine sur les berges et s'étendre sur le fond, de sorte qu'on ne la voit pas toujours...
Canis* : reptile ressemblant à un loup.
La chicotte ou chicote* : (mot signifiant « natte » ou « extrémité de cordage ») désigne un fouet à lanières tressées, traditionnellement en cuir d'hippopotame, de rhinocéros, ou de kurt qui a d'abord été employé dans la traite des esclaves. Son usage pouvait s'avérer mortel, aussi on l’utilise le plus souvent sur des iŭga et des iotas car elles sont plus robustes.
sheltron* : Mur (alignement compact) de fantassins semblable à une phalange.
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