Tr. n’allait pas très bien ce matin. Comme souvent il n’a pas réussi à se lever et a raté son bus. Or dans son coin reculé de Morbihan, il n’y a pas suffisamment de bus pour qu’il puisse venir lorsqu’il le souhaite. Son père l’a donc emmené, en l’engueulant, en le mettant presque plus bas que terre. Ses parents n’ont pas le rôle qu’ils devraient avoir. Ils ne savent pas porter de l’affection pour leur enfants, leur huit enfants avec Tr. en fin de liste, mais en plus de cela ils s’occupent d’autres en famille d’accueil, dont S. Il le vit pas bien et tu le sais. Il perd confiance en lui, et ses parents, au lieu de soutenir leur fils, ne font que de l’enfoncer. Tu ne penses pas qu’ils le fassent de manière volontaire, ni même qu’ils en aient réellement conscience. Mais ils le font, et ne l’écoutent pas. Tu aimerais lui dire que c’est une personne extraordinaire, une personne qui t’a apporté énormément et dont tu sais qu’il continuera à le faire. Toutefois, tu as eu envie de le frapper plusieurs fois ces dernières semaines, car il allait tellement mal qu’il cherchait à te blesser, toi et encore plus R. alors qu’ils s’aiment. Mais bon. Cela arrive. Blesser autour de soi est une manière de répondre au mal-être, la pire, mais elle arrive toujours. Tu l’as toi-même fais. Comment lui en vouloir ? Tu l’aimes. Certes pas de la manière dont tu aimes G. mais tu as une immense affection pour lui, et serait prête à beaucoup. Du moins, c’est ce que tu te dis lorsque tu crois en être capable. As-tu vraiment fais quelque chose pour lui qui représente « beaucoup » ? Tu n’en ais pas si sûr. Au fond de toi, un organe se crispe, comme un petit pincement au cœur.