Chapitre 3 La rencontre éphémère

2 minutes de lecture

C’était une resplendissante journée d’hiver : le Ventoux était à la fois enneigé par la tempête et ensoleillé de plus en plus chaudement. Une douce température annonçait le printemps. A l’époque, elle emmenait, matin et soir, Loïka, son border collie, en balade dans les sentiers, du côté le plus lumineux et le plus éclairé du mont, de Bédoin au Ventoux, et, il fallait ne pas avoir peur de crapahuter, ce qui était parfait pour son fidèle ami.

Alors même qu’ils sortaient du chalet, Loïka et Camille croisèrent Ephéméole, le voisin, qui rejoignait son cabriolet pour se rendre au travail, comme tous les jours.

Ce matin-là, il était vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche. Sa cravate démarquait du reste de sa tenue avec une multitude de couleurs à dominante orange et noire, rayée de long en large.

Tout pimpant qu’il était, il ouvre la porte du véhicule et se faufile à l’avant dans un courant d’air, si bien que le léger Mistral vint lever sa cravate. Il lui lance un « Bonjour M’dame ! » à la manière d’une chrysalide, si fière de sa mue, vêtu de sa nouvelle cravate qui faisait des battements, qui virevoltait de haut en bas, au gré du vent.

Son prénom, d’ailleurs, Ephéméole lui laissait supposer qu’il était peut-être, lui-même, comme le vent, quelque-chose d’éphémère, qui va et qui vient, qui laisse son souffle et qui s’enfuit aussitôt, quelque-chose qui échappe à la pérennité.

Ses passages étaient toujours furtifs, mais chaque fois qu’elle l’apercevait, elle en avait des petits frissons dans le creux du ventre.

Malgré cette attirance réciproque qui pouvait se sentir lorsqu’ils ne faisaient qu’échanger des mondanités entre voisins bien éduqués, Camille savait bien qu’il serait difficile de créer un lien plus intime avec lui puisqu’ils avaient tous les deux des caractères à peu près similaires, aussi bien inoffensifs et même fragiles que possiblement passionnés et épicuriens. Et elle, elle était surtout très réservée.

Ephéméole, quant à lui, était difficile à approcher, imperceptible, imprenable, et volage aussi … Chaque fois qu’elle essayait d’esquisser un sourire pour lui montrer qu’il était étincelant et majestueux, lui s’échappait pour s’envoler butiner le nectar d’autres fleurs, presque toutes aussi ouvertes que Camille, elle-même, avec le printemps qui arrivait …

C’était un vrai séducteur diurne : il passait de fleur en fleur, de femme en femme.

Puis, de la même façon qu’il était apparu, il disparut instantanément. Il était parti vers d’autres champs de fruits ou de fleurs, dans des contrées plus lointaines, batifolant de-ci de-là.

Il savait, d’instinct, que sa journée serait courte et qu’il fallait en saisir chaque instant.

Il en profitait parce que ce serait les seuls moments de sa vie ! Et c’est ce qui le rendait encore plus éclatant de beauté et de finesse !

A l’approche du crépuscule du soir commencerait le crépuscule de sa vie.

Tel un éphémère, il mourrait, à la tombée de la nuit, libre et heureux !

Tandis qu’elle, Camille, elle retournerait à l’abri de son chalet, accompagnée de Loïka, après une excellente balade exaltante et vivifiante, au cours de laquelle la rencontre fortuite et momentanée lui aurait redonné son enthousiasme inné pour les réalités simples et naturelles de la vie. Elle revivait !!

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Echo30210 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0