Pas un bruit
Le calme.
Voilà ce que m'inspirent les ruines de ce qui était autrefois, probablement, un somptueux navire. La peinture a quasiment disparue mais le travail du bois doit être la main de maîtres artisants, car il demeure magnifique. D'ici, je peux voir l'intérieur. Les vitres sont certes brisées, mais elles me permettent d'apercevoir ce que je pense avoir été une salle de bal. Un bar en bois vers ma gauche, où venaient certainement s'abreuver les froussards qui n'osaient pas inviter la fille de leurs rêves à danser. Comme moi à l'époque... Je vois également l'ornure du grand lustre. Elle devait éclairer une si grande pièce de sa seule lumière. Et tant d'autres choses que je pourrai y passer des heures à les citer.
Quelle ne fût pas ma surprise aujourd'hui de tomber sur cette épave alors que je naviguais paisiblement à bord du Nautilus. Le peu de lumière atteignant encore cette profondeur permet de magnificier cette oeuvre d'art. Faune et flore en ont fait leur habitat et coexistent dans une paix peu commune. Comme si le destin avait décidé lui-même d'enfouir cette embarcation. Mère nature est maîtresse de ces lieux et j'espère ne jamais voir l'homme y pénétrer. Quel sacrilège ce serait de détériorer un si beau tableau.
Les bancs de maquereaux semblent danser autour de la coque tant leurs déplacements sont fluides et uniformes. Les algues ont fusionnées avec la carcasse à tel point que cela semble naturel. De la verdure et des poissons partout, dedans, dehors, dessus, dessous, c'est splendide. Le calme. C'est également ce que m'évoquent ces profondeurs abyssales. Etre ici, à plus de 1000 mètres, face à cette vision, ne m'apporte que plénitude et satisfaction. Je me sens comme un naufragé découvrant pour la première fois une île déserte, l'émerveillement prend le dessus sur tout le reste. Finalement, ces êtres vivants ne sont ils pas l'équipage rêvé pour ce navire ? Il prendront soin de lui, autant que lui prend soin d'eux. Ton nom te sied à ravir...Océania.
Ah, mon amour, si tu pouvais voir ça... Vous avoir perdu toi et les enfants...même ce calme ne pourra pas guérir ma douleur... Au final, la seule épave ici, c'est moi...
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