Chapitre 1
Comme beaucoup de jeunes filles, je rêvais du prince charmant, vous savez celui qui vole à votre secours sur son beau cheval blanc (oui, je sais, il n'existe pas...) Mais l'homme que j'attendais, hélas, tardait à arriver. Je me demandais ce qui pouvait bien clocher chez moi et pourquoi à dix-neuf ans je n’avais toujours pas de petit copain, alors que toutes les filles autour de moi avaient plein d’histoires d’amour. Je rencontrai le jeune homme que je crus être mon prince au mois d’avril, au cours d’un corso fleuri, organisé tous les deux ans dans notre village. Dès que j’eus posé les yeux sur lui, je ne sais comment l’expliquer, je sentis que ce garçon allait changer ma vie. J'avais souri lorsqu'il m'avait dit :
— Mademoiselle, vous êtes charmante.
Lui et moi avions le même âge, il était de trois mois mon aîné.
Quand nous avions commencé à nous fréquenter, il faisait tout pour me voir, n’hésitant pas à parcourir des kilomètres à pied ou escalader le mur qui menait à ma salle de bains, ne serait-ce que pour passer quelques minutes avec moi. Je me dis que s'il faisait tous ces efforts, il devait vraiment être amoureux. Au fur et à mesure de notre relation, il voulut bien sûr aller plus loin, mais je sentais que je n’étais pas prête. Alors il décréta qu'il valait mieux qu'on se voie moins souvent, parce que je ne l'aimais pas selon lui. Un dimanche d’été, je l’avais rejoint au petit stade du village, où notre équipe de football locale disputait un match, pour avoir une explication. Ce jour-là, il feignit de m’ignorer toute la journée, parlant à ses copains comme si je n’étais pas là, tel un fantôme qui parle et qui s’agite en bougeant les bras mais personne ne le voit ni ne l’entend. J’insistai pour lui parler en marchant derrière lui tandis qu’il se dirigeait vers son appartement. Il continuait de marcher en faisant la sourde-oreille regardant droit devant lui, alors qu’il savait parfaitement que je le suivais. Je ne saurais vous dire pourquoi, je le suivis jusque chez lui. Quand je franchis le seuil, il referma la porte derrière moi, il m'entraîna dans sa chambre en ne prononçant toujours aucun mot, me jeta sur son lit et me força à coucher avec lui. On entendit toquer à la porte, il me posa sa main sur ma bouche pour ne pas qu'on m'entende, car il était convaincu, en voyant les silhouettes à travers la porte vitrée, qu'il s'agissait de ma mère et ma petite sœur Nina. Quand il eût fini, il me prit dans ses bras tellement il semblait heureux. J'étais sous le choc, incapable de penser à quoi que ce soit. Je ne savais plus quoi penser mais impossible pour moi d’admettre que j’avais été forcée. Si je lui reprochais son acte, je perdais mon petit ami et, si je le quittais j’aurais été, aux dires de mes parents, comme toutes les autres, c’est-à-dire une fille pas très sérieuse qui n’avait que des relations passagères, ou plus simplement dit une traînée. Pour toutes ces raisons, je me tus quand je quittai son appartement, ne lui démontrant pas que j’avais été déçue par son comportement et me convaincant à moi-même que j’avais voulu pour la première fois faire l’amour avec un garçon.
Lorsque je rentrai chez moi en fin d’après-midi, ma mère me questionna sur l’endroit où je me trouvais plus tôt. Je crois maintenant que comme toutes les mamans – elles nous connaissent bien ! – elle se doutait que quelque chose avait changé en moi. Je ne pouvais pas lui dire que je venais de perdre ma virginité avec un garçon que d’autant plus elle n’appréciait guère. J’aurais tout fait pour lui démontrer qu’il ne s’agissait pas d’une histoire sans lendemain ni une simple amourette d’été, mais bel et bien de quelque chose de sérieux. Et donc, pour la première fois, je lui mentis lorsqu’elle me raconta que, accompagnée de ma jeune sœur Nina, elles m’avaient cherchée dans tout le village. J'inventai une histoire abracadabrante, dans laquelle Michaël et moi avions rencontré une amie qui nous avait entraînés je ne sais où. Je courus m’enfermer dans la salle de bain m’empêchant de pleurer, me répétant que si j’oubliais la façon dont s'était déroulée ma première fois, tout finirait par s’arranger. Je gardais mon petit ami et mes parents n'ont jamais rien su de cette histoire. C'est ainsi la première fois où j'ai commencé à le protéger.
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