Chapitre 3
Celui-ci fait partie des chapitres dont j'ai eu le plus de mal à écrire. Ce n'est pas facile de savoir qu'il va être lu, mais c'est nécessaire que je m'en libère. Peut-être que les critiques vont pleuvoir, mais c'est un risque à prendre.
Pour nous éviter de prendre la route, car nous étions logés plus loin, Nicolas nous proposa de nous héberger chez lui pour la nuit, ce que nous acceptâmes volontiers. Il n’avait qu’un lit deux places mais on se débrouillerait, avait-il dit. Au moment de nous allonger, Michaël voulut absolument à ce que je dorme au milieu. Tout à coup, mon mari me chuchota à l’oreille de caresser son cousin.
— Quoi ? répondis-je à voix basse, je pensais qu'il plaisantait.
Mais ce n'était pas le cas.
— Allez, envoie la main ! continua-t-il.
Je le regardais les yeux écarquillés, choquée par sa requête.
— Non, et puis il dort, et on va le réveiller.
— Vas-y, insista-t-il, de toute façon il ne dort pas il n’attend que ça.
Je secouai la tête, je ne voulais pas faire ça.
— Pff, t'es trop nulle. N'importe quelle fille à ta place aurait accepté. Tu sais vraiment pas t'amuser, dit-il en boudant et se tourna de l'autre côté.
Je me dis tant mieux, qu'il me boude, au moins il me laissera dormir. Ce qui n'était visiblement pas son intention. Il tenta de nouveau sur un ton un peu plus humoristique cette fois-ci, et persista sur le fait que son cousin ne voulait que ça, mais je ne voulais pas accepter. Il se fâcha de plus belle. Il me tourna une nouvelle fois le dos. Je lui posai ma main sur son épaule, qu'il chassa aussitôt. Il me dit une phrase classique de manipulateur :
— Franchement, je me demande ce qu'on fait ensemble. T'es pas marrante.
(Ceci dans le but de semer la zizanie dans votre cerveau. Ils utilisent des mots comme : « souvent » et « toujours » pour accentuer leur propos).
Il devait être près de vingt-trois heures quand il me fit cette requête. Puis, lassée par cette demande continuelle, tous les quarts d'heure à peu près, je finis par obtempérer vers cinq ou six heures du matin, alors que le jour commençait à se lever. J'avais à peine effleuré l'entrejambe de Nicolas, que celui-ci avait déjà posé sa bouche sur la mienne, et me caressait partout. Michaël avait raison, il ne dormait pas ! Je fis donc exactement ce qu’il ne faut jamais faire dans ces cas-là : céder la première fois, c’est la porte ouverte à tout le reste. Quelle sensation étrange ! Pour la première fois je touchais un autre homme que mon mari... en compagnie de celui-ci ! Quand nous eûmes fini, il me reprocha tout de même de ne pas m’être décidée plus tôt – au moins nous aurions pu dormir, avait-il lancé sur un ton amusé – et son cousin semblait d’accord avec lui. Inutile de vous dire que pendant des jours et des jours je n'arrivais pas à penser à autre chose ; je n’avais sans cesse cette image-là en tête ; un mélange de... je ne sais quoi en fait. Les filles me parlaient, mais (j'ai tendance à vivre et revivre une situation dans ma tête, sans arrêt, l'analyser et la re-analyser, j'y pense beaucoup, beaucoup trop), j'avais du mal à les écouter, je n'arrivais pas à me débarrasser de cette scène. Nous sommes partis chez lui et sa petite amie pour les vacances de Noël, l’année suivante. Un jour alors que cette dernière était partie travailler, Nicolas nous rejoignit dans le lit. C'était bien ce qu'espérait Michaël.
Ma transformation en poupée docile et obéissante venait de commencer.
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