Chapitre 1
Plus tard, j’avais été embauchée par Pietro, dans le bar qu’il venait d’acquérir. Je partais travailler le soir lorsque Michaël rentrait à la maison après sa journée de travail, après avoir préparé le repas et dîné en famille. Je rentrais dans la nuit et le matin devais me lever tôt pour préparer les filles et emmener Alicia à la maternelle, m’occuper de Lara la journée, ensuite faire mon ménage quotidien. J’avais accepté ce poste car ainsi nous n’aurions pas eu besoin d’embaucher une baby-sitter pour garder nos enfants. Le travail de barmaid me plaisait beaucoup malgré ma très grande timidité. J’eus un accident de voiture un soir en partant travailler, un face à face avec une autre voiture. Je n’en ai gardé qu’un vague souvenir où j’ouvre les yeux et vois l’air bag qui est sorti sur mon volant ; je descendis de la voiture qui était en plein milieu de la route m’efforçant de ne pas m’évanouir, je me répétais que je devais avertir mon patron et mon mari. Ce qui me blessa le plus, au moment où je montais dans l’ambulance, fut la réaction de Michaël qui venait d’arriver sur le lieu de l’accident. Ce qu’il fit en premier fut de joindre ses mains en murmurant de loin : « Mais qu'est-ce t'as fait ! » et ne me questionna pas sur mon état de santé. Je fus transportée à l’hôpital et n’y passai qu’une seule nuit ; je m’en tirai seulement avec une minerve à porter quelques jours et la marque de l’air bag en plein milieu du menton. Par la suite, j’acceptai de changer d’horaires chaque semaine au bar. Celle du matin, avec la maman de Pietro, était le plus difficile pour moi car je me levais à quatre heures du matin, le bar se trouvant à trente-cinq kilomètres de la maison, allais récupérer vers quatorze heures Alicia âgée de six ans à l’époque chez mes parents, et attendre seize heures que Lara, qui avait quatre ans, finisse l’école maternelle pour me précipiter chez moi pour remettre en ordre la maison et préparer le dîner, car il fallait que tout soit impeccable avant le retour de mon mari.
Un après-midi, Michaël m'appela au téléphone pour me dire qu'il m'invitait manger au restaurant dans lequel j'avais travaillé . C'était l'hiver et il fait très froid dans cette région de l'Italie, j'optais donc pour un petit pull doré et un pantalon noir. Quand il entra dans le salon pour me demander si j'étais prête, je lui répondis par l'affirmative, j'enlevais le plaid que j'avais posé sur mes épaules pour me réchauffer. Il s'emporta à la vue de mes vêtements, en hurlant que je lui manquais de respect ainsi habillée. Je partis me changer et enfilais une mini robe avec des collants (qu'il m'interdira de porter la suite, je devais mettre uniquement des bas). Une fois au restaurant, il me dit que tout le monde me regardait parce que j'étais jolie (il utilisera un autre terme par la suite), mais si on m'avait écouté je serais sortie très mal fagotée. Je ne compris pas comment je pouvais lui manquer de respect ainsi, je trouvais ma tenue simple et convenable. Ainsi initia le contrôle sur ma façon de m'habiller, au fil des années je devais avoir son aval pour sortir de la maison. Quand il voyait ma tenue, il exprimait son mécontentement en fronçant les sourcils, j'allais me changer – en tenue plus courte ou plus décolleté – et il me lançait un « Ah ! » d'un air souriant et satisfait.
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