Chapitre 6
Je fus incapable de partir, il y avait toujours une raison qui me retenait. Tout d'abord les filles. Elles avaient organisé une soirée pour le nouvel an avec leurs amis, et nous avions promis de leur laisser la maison, je ne voulus en aucun cas gâcher leur fête. Je décidai d’attendre que ce jour-là passe.
Quand il revint à la maison, mon mari me sollicita pour reprendre mes activités sur internet. Je cachais le plus possible mes bleus avec du fond de teint, ils commençaient à se dissiper. Je ne réussis pas à gagner beaucoup d’argent au grand dam de mon mari qui ne comprenait pas pourquoi.
Je me demandais encore si j’avais fait le bon choix quand le jour de la Saint-Valentin approcha. Michaël avait réservé depuis des semaines dans un restaurant. Il me dit tout de même dans la soirée que si j’avais refusé qu’il rentre à la maison, il y serait allé avec quelqu’un d’autre (oui oui, il me l'a vraiment dit tout naturellement...).
Ensuite vint le jour de son anniversaire, là aussi je me dis ne pas pouvoir le quitter à ce moment-là. J’avais organisé le dimanche un repas surprise avec nos amis à la maison, comme à l'accoutumé, nous avons bu énormément ce jour-là. À la tombée de la nuit, nous étions tous les trois, Michaël, Jonathan et moi, allongés sur le canapé du salon, Lara était montée dans sa chambre. Mon mari m’avait demandé de m’allonger entre eux deux. Épuisée de la journée, je voulus monter me coucher mais Michaël me lança un regard si furieux que je restais à ma place.
Complètement ivre, Michaël avoua avoir couché avec Margaux trois ans auparavant. J'attendis le lendemain qu'il est décuvé pour le questionner à ce sujet. Il me répondit vaguement qu'ils avaient essayé mais lui n'y arrivait pas, donc cela ne comptait pas comme tromperie.
Le dimanche soir suivant, ce fut le même scénario, tous les trois dans le canapé du salon pour regarder un film, et vodka qui coulait à flot. Dans la soirée, mon mari nous sollicita pour coucher ensemble tous les trois mais Jonathan et moi avons refusé catégoriquement. Michaël fronça les sourcils, il haussa le ton :
— C’est toujours pareil avec toi, quand on est trois tu veux jamais, et pourtant t’aimes ça !
Je lui répondis qu'il valait mieux avoir cette discussion le lendemain, quand nous serions seuls tous les deux, c’était une histoire de couple et ça ne regardait pas notre invité. Il s’emporta de plus belle lorsque tout à coup, lassé, Jonathan se leva du canapé et se dirigea vers la cuisine. Il fit alors une geste incompréhensible et inconsidéré : il prit une bouteille en verre vide qu’il lança sur le radiateur, qui était également en verre, il se brisa en mille morceaux dans un son assourdissant. C’est alors que Michaël se leva à son tour et renversa la table basse dont le seul plateau qui était resté se pulvérisa aussi. Fou de rage, il décrocha ensuite le grand miroir que nous avions sur le buffet, il voulu le jeter sur son ami, et en se cassant je reçu un éclat de verre dans le pied. Je montais dans la salle de bain à l’étage pour soigner ma blessure quand j’entendis un vacarme encore plus fracassant. Michaël avait donné un grand coup de poing à la grande table d’extérieur que nous avions rentré pour l’occasion ; le plateau en verre se brisa petit à petit en mille morceaux pour tomber sur les sièges en résine. Il n’y avait plus aucun meuble dans la maison, mais du sang et des morceaux de verre éparpillés de partout.
Michaël partit à la poursuite de Jonathan qui avait couru dehors, il était uniquement vêtu d'un tee-shirt et d'un caleçon. Jonathan revint seul et mon mari disparut toute la nuit. Il appela Patrick et Thomas au téléphone, qui avaient passé la journée avec nous, pour leur raconter ce qu’il venait de se passer. Quand ils virent l’état de mon pied ensanglanté, ils appelèrent les pompiers et nous aidèrent à nettoyer un peu. Les pompiers furent eux aussi choqués en voyant l'état de la maison. Michaël rentra au moment où je partais pour l’hôpital, j’eus droit à sept points de suture sur le talon droit.
Ce fut la maman de Jonathan qui vint nous chercher aux urgences. Ils rentrèrent chez eux après nous avoir déposé. Arrivés à la maison, Michaël voulut que nous montions dans la chambre pour dormir comme si de rien n’était. Sous le choc je ripostais :
— Mais Michaël, regarde autour de toi ! C’est normal ça ?
À cette phrase, il lui prit une autre colère folle, et se mit à hurler :
— Il a tout gagné, il t’a gagné ! Je vais le tuer !
Je ne comprenais rien à ce qu’il disait, il hurlait qu’il n’avait rien fait de mal, et qu'il avait juste protégé sa maison. Il prit un couteau dans la cuisine et me le tendit en me demandant de le lui planter dans le cœur.
— Mais ça va pas non ? répondis-je choquée.
Je courus dehors et appelais mon amie Ana. Lorsqu’elle arriva et vit mon état de choc, me fit monter immédiatement dans ma chambre pour dormir un peu. Ce furent elle et Michaël qui nettoyèrent tout l’appartement qui était réduit en miettes. Je fis une petite valise et dormis chez elle cette nuit-là. Le lendemain mon mari m’invita au restaurant pour discuter de quelles solutions trouver pour arranger notre couple, encore une fois je fus incapable de le contredire.
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