Chloé

Voilà, je peux me considérer comme en vacances. J'ai terminé avec les oraux, reste maintenant à avoir les résultats, pas avant début juillet, et puis connaître mon affectation. Mais cela, pas avant la fin juillet. Et encore, je ne me plains pas, il me restera un mois pour m'organiser, prévoir un déménagement, changer d'appartement. Si j'étais tout juste titularisée, ce qui dans le meilleur des cas se fera dans un an, je ne connaîtrais mon affectation qu'à quelques jours de la rentrée...

Enfin, je peux refermer mes cahiers, mon portable, mes notes, mes livres... pour deux mois. J'ai téléphoné à Bastien, pour prendre des nouvelles ce soir et lui en donner aussi. On est resté papoter un bon moment au téléphone. Il avait heureusement déjà couché Joséphine, sinon, elle aurait attendu longtemps pour avoir son bisou... Je les retrouve demain, il va faire beau, on a prévu une vraie expédition ! On va remonter jusque dans le Cotentin. Bastien m'a parlé d'un endroit fabuleux qui devrait me plaire ! J'ai hâte...

Joséphine

Papa me lève encore plus tôt que si j'allais à l'école ce matin. Je grogne. Mais bon, c'est pour la bonne cause : on va faire le tour du marché à l'aurore, puis on file récupérer Chloé chez elle. Et on part en balade pour la journée. Papa veut nous emmener à Tatihou.

Voilà, papa prépare le pique-nique, j'ajoute la bouteille d'eau dans le panier, les gâteaux. Et oui, les compotes aussi. Donc des petites cuillères. Chloé a dit qu'elle nous préparait un dessert. Et nous voilà partis. On va découvrir où elle habite. A cette heure, il n'y a personne à rentrer dans Caen, on y est vite. Il fait beau, ça va être une belle journée.

Elle habite au quatrième étage d'un des anciens immeubles du Cours Clémenceau. On monte les escaliers, ça fait un peu vieillot, c'est du petit carrelage, par terre, pas de la moquette comme dans les immeubles neufs, comme celui où travaille notre dentiste. Papa sonne à la porte, on entend juste un aboiement de Snowdon. Chloé ouvre. Le chien se précipite sur le seuil et me saute dessus. Ca fait un bon exercice quand il faut monter et descendre tout cela. Papa la fait rire en disant qu'il ne faut pas oublier le sel au rez-de-chaussée. Je ne comprends pas ce qu'il a voulu dire, mais ça fait rire Chloé et papa a les yeux qui pétillent en la regardant, alors c'est l'essentiel. Snowdon me fait la fête. Il est trop génial, ce chien. Et il vient avec nous en balade. Le chat, lui, il n'a pas droit à la balade. De toute façon, ce chat, c'est un sale égoïste et il s'en fout de nous. La seule chose qui l'intéresse, c'est d'avoir sa gamelle. Il faudrait qu'on le fasse adopter par une autre famille.

J'ai bien entendu emmené Tom, mon sac et un nouveau petit carnet. J'ai décidé de faire des dessins de notre promenade.

Bastien

Pendant que Snowdon occupe Joséphine, j'attrape Chloé par la taille et j'en profite pour l'embrasser. Hum, c'est bon de la retrouver... et de se dire qu'elle est partante pour encore passer du temps avec nous, avec moi, avec Joséphine. Je ne me prends pas la tête, je ne tire aucun plan sur aucune comète. Je veux juste... que ce soit bien. Pour elle, pour moi, pour Joséphine. Après... On verra.

C'est donc la première fois que je vais chez elle, que nous découvrons l'endroit où elle vit. C'est un petit appartement, avec une cuisine, un salon-bureau et une chambre, une minuscule salle de bain. Mais c'est suffisant et surtout, pas très cher. Elle ne travaille pas encore, hormis les petits boulots et vit avec une bourse d'étudiante. Elle m'a dit qu'à partir de septembre, elle allait se sentir riche ! Car elle touchera un vrai salaire... Je sais ce que c'est, ça m'avait fait la même chose quand j'avais commencé à travailler. Je veux dire, pas seulement les jobs d'été. Un vrai boulot.

On ne s'attarde pas, car pour monter jusqu'à Tatihou, ça fait un peu de route et si on veut en profiter... On case Snowdon par terre, à côté de Joséphine, ravie de passer la journée avec le chien. Et moi, je suis ravi de la passer avec Chloé. On échange déjà des regards complices, j'aime.

On arrive vers midi. On s'installe sur la plage. On va goûter l'eau. Joséphine est déjà en maillot, on a à peine eu le temps de poser les affaires qu'elle se baigne déjà, Snowdon l'a suivie. On s'est installé en haut de la plage, près des rochers, j'ai trouvé un piquet pour attacher le chien. On ne veut pas le laisser dans la voiture, car il va y faire trop chaud, mais on ne veut pas qu'il gêne les gens non plus, ni qu'il coure partout. Chloé me dit qu'il est obéissant, mais quand même.

La voilà en maillot. Oups. Comment dire... Heureusement que je l'ai déjà vue nue, sinon, je serais mal. Elle me sourit. J'adore. Je jette un regard vers Joséphine. Elle joue dans les vagues avec le chien. On en profite. On s'embrasse encore. Puis elle me dit :

- Un petit bain avant de manger ?

Je suis partant. Mais elle a déjà rejoint ma fille que je suis encore comme un idiot en pantalon et en t-shirt. J'ai prévu un short pour l'après-midi. Et un change pour Joséphine. Elle est partie en petite robe d'été, si le vent se lève, en fin de journée, elle aura besoin de remettre un petit pantalon. On n'est pas dans le midi ici. Les soirées sont fraîches, même en plein été.

Joséphine

C'est vraiment une belle journée. D'abord, on est tous les cinq. Je compte Snowdon et Tom, bien entendu. Je crois que papa et Chloé sont amoureux. Ils ont beau essayer de me le cacher, mais Tom voit tout. Ils n'arrêtent pas de se regarder et de se faire des bisous. Sur la bouche. Ca veut dire qu'ils sont amoureux. Cool.

On a fait des sandwichs et papa a épaté Chloé avec son couteau de poche multi-usages. Elle a voulu essayer de manger une compote avec la petite cuillère, mais en a conclu que même pour une petite bouche de bébé, c'était inutilisable. On a bien ri. Elle avait fait un gâteau super bon. A la banane et au chocolat. J'en avais plein les mains et la bouche, il paraît. Tom s'est moqué de moi, mais Snowdon m'a léché les mains. C'est un vrai ami, ce chien. Puis on s'est baigné, on a fait un méga château de sable, on a joué au mot le plus long. Ca se voit que Chloé, c'est une future maîtresse d'école. Elle a de supers idées pour jouer au mot le plus long. Le soir, on a mangé des moules frites à la terrasse d'un petit restaurant qui donne sur la plage. Chloé était assise en face de moi, à côté de papa. Je crois que papa lui glissait souvent la main dans le dos.

Après le repas, on a encore fait une promenade sur le bord de mer, sur le sentier côtier. Pour Snowdon et pour digérer. Papa et Chloé marchaient bras dessus, bras dessous. Je crois qu'on tient le bon bout.

Là, on est dans la voiture. On rentre. A la maison. Chloé vient dormir à la maison. Enfin, je crois. Je regarde Tom, j'ai les yeux qui se ferment tout seuls. Je lui dis tout bas à l'oreille :

- On a réussi, Tom. On est les meilleurs.

Il me répond qu'on a toujours de brillantes idées. Et qu'en plus, cet été, on n'ira pas au Camping des Flots Bleus à Mimizan les pins. Chloé a une cousine qui vit en Auvergne, dans un petit village. Elle et son ami ont un gîte qu'ils sont en train de restaurer. Ils ne peuvent pas encore le louer, mais c'est habitable et ils en font profiter la famille pour le moment. Elle avait prévu d'y aller pour les aider. Deux semaines au mois de juillet. Du coup, on ira nous aussi. Peut-être qu'on bricolera un peu, mais Chloé a laissé entendre qu'il y avait de belles balades à faire. Et qu'on irait voir les volcans. Je n'ai encore jamais vu de volcans de ma vie. J'ai un peu peur. Et s'ils se réveillaient juste quand on est en train de grimper dessus ?