Ses mains férocement accrochées à ma taille, l’homme respire bruyamment tout en faisant des vas et viens brutaux en moi. Quant à moi, c’est tout juste si je gémis de douleur. Les premières fois, j’ai hurlé, prié, supplié mais désormais, je sais que c’est inutile. J’ai été baisée tellement de fois au cours des derniers jours que je ne compte plus depuis longtemps. Je serais d’ailleurs incapable de dire depuis combien de temps je suis dans cette salle glauque.

Quand monsieur Pirot et madame Notat ont quitté la pièce après m’avoir fait prisonnière, je me souviens avoir pleuré et hurlé, au bord de l’hystérie, tandis que les paroles du principal prenaient tout leur sens : “vide couille“. En d’autres termes, j’étais là pour être violée encore et encore. Je me suis débattue des heures durant contre mes liens de ciment, en vain. Ni le vacuum de l’infirmerie ni la cage qui me sert de lit ne m’ont à ce point donné la sensation d’être prise au piège. L’un et l’autre s’ouvre vite. Il sera beaucoup plus difficile de me libérer du ciment. En admettant que le proviseur décide de me libérer…

Les premiers à être venus étaient trois gardes. Ils savaient que j’étais encore vierge et ont joué à shi fu mi pour savoir lequel aurait le “privilège“ de me violer en premier. Me sachant prisonnière et terrifiée, ils ne sont pas passé à l’acte immédiatement. Pendant un très long moment, ils m’ont touchée, caressée, murmuré ce qu’ils allaient de faire subir. L’attente en a été d’autant plus effroyable.

Puis l’un d’eux s’est dirigé vers ma tête et a exhibé sa verge tendue et violacée. Il a tracé le contour de mes lèvres avec, longtemps, me faisant redouter le moment où il l’enfoncerait dans ma bouche maintenue grande ouverte par le bâillon. Comme je déteste ce bâillon… Incapable de refermer la bouche, je ne peux qu’accepter chaque verge, comme un simple jouet sexuel dénué d’humanité. Je déteste ce sentiment d’être ainsi offerte au plaisir de ces hommes pervers et sadiques.

Pendant que cet homme jouait autour de ma bouche, un autre s’est glissé derrière moi et a commencé à titiller mon clitoris. Il l’a caressé, malaxé, tordu jusqu’à ce que mon corps mouille. Il a alors amené son gland à l’entrée de ma vulve. Je me souviens avoir pris une grande respiration, me préparant pour l’intrusion. Mais rien n’est venu. Lui aussi attendait tout en me caressant les fesses. Quel enfer de savoir que la torture arrive mais d’ignorer quand…

Combien de temps à t’il attendu, je l’ignore. Mais j’ai brusquement senti mes muqueuses s’écarter sous l’intrusion brutale de l’homme. J’ai voulu hurler mais mon cri s’est étouffé alors que le deuxième homme pénétrait ma bouche.

Longtemps, ils m’ont violée. Puis ils ont échangé leur rôle. Je me souviens du dégout de prendre une verge pleine de mon plaisir dans la bouche.

Le troisième homme s’est joint à eux. Mon calvaire a paru durer des heures.

Quand ils sont enfin partis, je me sentais affreusement souillée. Mais le pire était de savoir que ce serait mon quotidien pour une durée indéterminée…

Et en effet, beaucoup d’autres sont venus. Des gardes mais aussi des apprentis dominants et même quelques enseignants. J’ai supporté leurs attouchements, tentant de me déconnecter de la réalité.

Des amis sont venus également. La première fois que j’ai vu Jade, Anaïs et Fabien apparaitre, j’en ai pleuré d’humiliation. Je ne voulais pas qu’ils me voient ainsi, prisonnière, offerte et couverte de sperme. J’ai évité leur regard, j’ai tenté de leur faire comprendre que je ne voulais pas d’eux ici. Anaïs et Fabien l’ont compris et ne sont pas revenus. Jade aussi l’a compris mais cela ne l’a pas empêché de revenir, jours après jours. Elle m’apporte à manger et m’aide même à me nourrir pour que je ne sois pas obligée de manger à même le sol comme un animal. Elle me parle gentiment, tente de me réconforter dans l’enfer qu’est devenu mon existence. Et le pire de tout, elle me lave. Chaque jour, en fin de journée, elle apporte une bassine d’eau chaude, une éponge et une serviette. Elle lave mon corps des affronts de la journée, nettoie la bave qui dégouline de mon menton et nettoie même le sol sur lequel je me soulage. Je sais que je devrais lui en être reconnaissante, elle me rend la vie plus facile malgré la situation. Mais je ne ressens rien d’autre qu’une profonde humiliation.

Plus étonnant, un apprenti dominant du nom de Quentin m’apporte également de la nourriture régulièrement. La première fois, il a déposé l’assiette devant moi puis, atrocement mal à l’aise et cherchant à éviter mon regard, il a marmonné :

« Je suis désolé de ce qui t’arrive. Et je suis désolé de faire partie des méchants. »

Puis il est parti. Mais depuis, il est revenu quotidiennement m’apporter un peu de nourriture. Il ne m’a jamais touché et ne m’a plus adressé un mot depuis cette première fois.

Cependant, la plupart de ceux qui viennent ne sont là que pour profiter de mon corps. J’ignore combien de “visites“ j’ai par jour, je n’ose pas compter. Mais je pense en être à plus d’une dizaine. Et le plus souvent, ces gens (des hommes pour la plupart), viennent à plusieurs. Ils me prennent par plusieurs orifices en même temps, riant ensemble de mon impuissance.

Mais toutes les tortures physiques ne sont rien à côté de la torture morale que je ressens chaque seconde depuis que j’ai appris la mort de monsieur Vernet. Au contraire, je sais que je n’ai que ce que je mérite pour avoir provoqué sa mort.

De nouvelles larmes coulent sur mes joues en repensant à l’enseignant. J’ai tellement pleuré ces derniers jours que je m’étonne d’avoir encore des larmes à verser. Monsieur Vernet… Il n’avait rien demandé et voilà que par ma faute, il est mort. Par ma faute, il y a quelque part deux jeunes garçons qui pleurent après leur père…

Je n’arrive pas à imaginer à quoi peut bien ressembler le lycée sans lui. Comment les profs ont-ils annoncé la nouvelle à notre classe ? Et comment réagissent ses collègues qui travaillaient avec lui depuis des années ?

Jade a essayé de m’en parler, de m’expliquer que je n’y suis pour rien, mais je ne l’ai pas écouté. C’est entièrement ma faute et je le sais. Mon amie, aussi gentille soit-elle, ne peut pas comprendre ce que je ressens. Elle n’a pas connu monsieur Vernet, elle ignore donc à quel point c’était quelqu’un de bien…

La porte s’ouvre de nouveau. Je n’ai aucune réaction, m’attendant simplement à sentir des mains sur mon corps et un sexe qui s’enfonce en moi.

Mais à la place de ceci, j’entends des bruits de pas qui s’approche. Madame Notat vient s’accroupir à mon niveau. Elle m’ôte de bâillon puis me regarde un long moment sans rien dire.

Elle fait partie des profs qui ne sont pas venus profiter de moi. Etrangement, j’en ressens une sorte de soulagement. Ce qui est totalement idiot : le fait qu’elle ne soit pas venu me violer n’en fait pas quelqu’un de meilleur pour autant…

La femme finit par prendre la parole :

« Tu es dans un triste état… »

Je me contente de baisser la tête. Evidemment que je suis mal en point. J’ai passé des jours ici, prisonnière à quatre pattes dans une pièce sombre et froide, à me faire violer plusieurs fois par jour.

L’enseignante reprend la parole :

« Monsieur Pirot en a plus que marre de toi. Tu ne nous cause que des ennuis depuis que tu es ici. Pour te dire la vérité, il veut te laisser moisir ici. »

Je ne lève pas la tête et ne réponds rien. Que pourrais-je dire de toute façon ?

« Tu sais que tu mérites de rester ici n’est-ce pas ? »

Je hoche la tête, toujours sans regarder madame Notat.

Elle reste un long moment sans rien dire avant de finalement reprendre la parole :

« Je l’ai convaincu de te laisser retourner en cours. Ne t’y méprends surtout pas, ce n’est ni de la pitié ni de la gentillesse. Ta bêtise de l’autre jour a couté un paquet d’argent à l’école, en te vendant on récupérera cet argent. »

Je hoche la tête pour montrer que j’ai compris et murmure :

« Merci… »

La prof m’attrape le menton et m’oblige à la regarder :

« Que ce soit bien clair, ça fait deux fois que l’on te fait une fleur. Cette fois ci est la dernière. A la prochaine connerie de ce genre, on se débarrasse de toi, compris ?

- Oui madame. »

La prof se relève. Elle est sur le seuil de la porte lorsqu’elle dit :

« A partir de maintenant, tu as plutôt intérêt à travailler sérieusement et à faire profil bas. »

Puis elle quitte définitivement la pièce.

Peu de temps après, un garde entre dans la pièce et entreprend de me libérer. Le processus est long et, quand enfin je suis libre, il m’emmène à l’infirmerie pour faire soigner ma peau à vif.

Samedi matin, jour de DS pour les BCPST. Madame Noblet observe sans vraiment les voir ses élèves plancher sur une synthèse de biologie.

Elle réfléchit à ce qu’elle a découvert au cours des dix derniers jours.

Ça n’a pas été simple de retrouver la trace du fameux mail. L’enseignante n’a eu aucune difficulté à avoir accès à la boite mail de son collègue. C’est en effet une adresse professionnelle et par le passé, elle a déjà vu son collègue taper son mot de passe. Mais plus aucune trace de ce fameux message. Et aucunes des manipulations qu’elle a testées pour retrouver le mail n’a fonctionné.

Puis elle a eu l’idée de chercher sur la boite mail de Leïla.

La femme s’est donc rendue chez sa jeune élève et a parlé avec ses parents. L’idée de dire la vérité l’a effleuré mais elle y a finalement renoncé. Les pauvres sont effondrés de savoir que leur fille a disparu, ils seraient horrifiés d’apprendre qu’en réalité elle est a été enlevée.

L’enseignante a raconté un mensonge crédible aux parents de la jeune fille pour avoir accès à sa boite mail. Par chance, ils connaissaient le mot de passe.

Ici aussi, le mail a été effacé. Mais cette fois ci, elle est parvenue à le retrouver. Celui qui l’a effacé a été moins prudent que pour Benjamin. Mais après tout, qui irait fouiller dans la boite mail d’une adolescente fugueuse ?

Madame Noblet crispe les poings de rage en repensant au court message qu’elle a découvert: SOS. Enlevée avec 11 autres jeunes. Sais pas où nous sommes.

Le mail est succinct et ne donne aucuns détails sur ce qui se passe dans cet endroit mystérieux. Mais c’est malheureusement simple à deviner. Le plus inquiétant est le nombre de jeunes qui se trouvent dans la même situation. Qui irait enlever 12 personnes ? Leïla a dû tomber sur des trafiquants d’êtres humains…

Madame Noblet est certaine que Benjamin a prévenu la police aussitôt qu’il a reçu le mail de Leïla. Selon ses propres dires, il a passé la nuit au commissariat. Ce qui signifie que la police est au courant. Hors pour le moment, aucune recherche n’a été lancé pour retrouver Leïla ou l’un des autres disparus. L’histoire est volontairement étouffée ce qui signifie que certains membres de la police, dont probablement des hauts gradés, sont complices. L’enseignante ne peut donc se confier à personne sous peine de finir comme son défunt collègue. Ce qui fait que, elle, Céline Noblet, est l’unique personne en dehors des victimes, des trafiquants et des complices, à savoir ce qui se passe. En d’autres termes, elle est l’unique espoir de retrouver ces jeunes. Bonjour la pression…

Quelqu’un toque à la porte.

« Entrez ! »

Je vois le visage de Jade apparaitre dans l’embrasure de la porte. Je me lève, lentement, et mon amie me saute dans les bras et me serre contre elle :

« Leïla ! J’ai eu tellement peur pour toi… »

Je la sens au bord des larmes alors je tente de la rassurer :

« Tout va bien, ne t’en fait pas. »

C’est un pitoyable mensonge bien entendu. J’ai passé les 10 derniers jours prisonnière, les mains et les genoux cimentés aux sols, à être violée encore et encore jusqu’à être brisée intérieurement. Et même lorsque j’étais seule, j’étais hantée par le fantôme de monsieur Vernet, l’homme que j’ai tué.

Affirmer à Jade que je vais bien est un bien piètre mensonge. Je suis détruite aussi bien physiquement que psychologiquement. Mais mon amie n’insiste pas.

Nous restons un moment dans les bras l’une de l’autre. Au bord des larmes, je murmure :

« Merci pour tout ce que tu as fait. Je suis désolée d’avoir été tellement… désagréable… Mais j’avais tellement honte ! » La fin de ma phrase est noyée au milieu de mes larmes.

Jade me sert un peu plus contre elle :

« Oublie ça d’accord. Et je suis sûre que tu aurais fait la même chose pour moi. »

Elle me caresse le dos jusqu’à ce que je reprenne le contrôle de mes émotions. Puis nous nous asseyons. Mes gestes sont encore lents, mes genoux atrocement douloureux et mes mains à vif. M’assoir est une véritable torture : mon vagin est enflé et douloureux. Et pire que tout, je sais que mon regard est hanté par les horreurs que j’ai vécues dernièrement.

« Je t’ai apporté tous les cours que tu as manqué. »

Je remercie Jade avec chaleur, je vais en avoir besoin. J’ai en effet pris une grande décision : durant les semaines qui arrivent, je vais me mettre sérieusement au travail, apprendre les cours, tenter d’avoir de bonnes notes. C’est la meilleure façon d’apaiser la colère de monsieur Pirot et de madame Notat et de détourner leur attention de moi. Parce que oui, j’envisage encore de m’enfuir. Mais à l’avenir, plus de plan désespéré ou d’idée subite. Cette fois ci, je marche sur des œufs. Un faux pas et dieu seul sait ce qui m’attends. Je préfère ne pas penser à ce que sous-entend le “on se débarrasse de toi“. La mort ? Une vie en tant que vide couille ? Pire encore ?

Jade m’aide à recopier les cours. Mes mains sont encore trop douloureuses pour que je puisse tenir un stylo. Nous travaillons en silence, elle parce qu’elle ne sait pas quoi dire et moi parce que le simple fait de parler m’est insupportable.

A dix heures du soir, un garde apparait et Jade doit retourner dans sa chambre. Avant de partir, elle m’embrasse doucement sur le front. Je dois vraiment avoir l’air mal en point pour que Jade se montre aussi gentille et prévenante à mon égard.

Je me dirige vers la cage qui me sert toujours de lit et sans faire d’histoire, je m’allonge dedans et laisse l’homme refermer la partie supérieure sur mon corps.

Il me faut de longues heures pour trouver le sommeil. Je ne parviens pas à déconnecter mon cerveau. Je continue de me repasser encore et encore les derniers jours : la façon dont tous ces hommes m’ont violée, m’ont rendue aussi creuse qu’une coquille vide. Je ne ressens plus rien que de la douleur physique et émotionnelle. Plus d’espoir, plus de fierté ou de dignité, même plus de colère, cette colère qui me permettait d’affronter les dominants.

Oh bien sûr j’ai toujours envie de quitter cet endroit mais ce n’est plus un désir motivé par la volonté de revoir mes parents ou de reprendre ma vie d’avant. Parce que ce sera impossible. Ce que ces hommes ont brisé en moi me semble à l’instant irréparable. J’ai le sentiment que jamais plus je ne pourrais rire avec mes amis ou serrer mes parents dans mes bras. Parce qu’en cet instant, j’ai le sentiment que cette école a brisé la partie de moi capable d’éprouver tous ses sentiments.

Je me réveille quelques heures plus tard d’un cauchemar affreux en poussant un long hurlement, persuadée que le fantôme de monsieur Vernet est à mon chevet et qu’il m’accuse de l’avoir tué. Persuadée qu’il est revenu dans le monde des vivants pour me faire payer sa mort et la douleur de sa famille. Mais il n’y personne.

J’aimerais me rouler en position fœtale et pleurer toutes les larmes de mon corps mais la cage m’en empêche. Alors je me contente de fixer le plafond en pleurant et en m’excusant, sans savoir si je m’adresse à monsieur Vernet, à sa famille ou aux gens que j’ai laissé dans mon autre vie et que je ne reverrais plus.