Chapitre 47
Douleur. C’est l’unique chose que je ressens. Je pensais que mon esprit finirait par s’engourdir, que je ne m’apercevrais plus de l’horreur de ma situation. Mais visiblement, je n’aurai pas cette chance. Mon maître s’assure que ce qu’il me fait subir est suffisamment intense pour me torturer en continu mais pas suffisamment pour que mon esprit s’anesthésie. Peut-être faut-il de longs mois avant d’atteindre cet état. Peut-être est impossible. Si tel est le cas, je ne peux qu’être horrifiée pour les autres esclaves de cette maison.
Électricité, vibro et gode, nourriture infecte, « soins » humiliants, douleur innommable lorsque mon maître s’assoit sur moi. Et surtout, pire que tout, immobilité et impuissante totale. C’est à cela que se réduit mon monde désormais.
Je sens que l’on me manipule. Je me retrouve une fois de plus à genoux, fesses tendues en arrière. Un gémissement m’échappe lorsque mon maître tire sur la tige qui maintient les jouets sexuels dans mes entrailles. Ces derniers sortent avec un bruit de succion terriblement vulgaire. Un petit tube est enfoncé dans mon urètre et je commence à uriner. Lorsque j’ai terminé, l’homme m’introduit une canule dans l’anus et y verse une bonne quantité d’eau. Puis il insère un tube plus large que le premier et attend que je me soulage. Enfin, il me nettoie à l’eau. Le moment que je redoute le plus arrive rapidement. L’homme présente de nouveau ses engins de tortures à l’entrée de mes orifices et les enfonce avec une lenteur délibérée. Puis, il me relève et me remet en position. La manœuvre n’a pas duré dix minutes.
Si j’ai d’abord trouvé humiliant qu’on me force à faire mes besoins ainsi, je n’en tiens plus compte désormais. La douleur a remplacé tout autre sentiment que j’aurais pu avoir.
Une fois de plus, quelqu’un me retire le bâillon. Je me prépare à un nouveau nourrissage mais très brusquement, la cagoule m’est retirée également. Un gémissement de douleur m’échappe et je ferme étroitement les paupières. Depuis le temps que je n’ai pas vu la lumière du jour, mes yeux doivent se réhabituer.
J’entends les cadenas être ouvert et tomber les uns après les autres. Osant à peine y croire, je comprends que le stage a enfin pris fin. Je commençais à craindre de rester ici le restant de mes jours et des larmes de soulagement coulent lentement sur mes joues.
Il faut près de vingt minutes à mon maître pour me libérer. Une fois cela fait, il me porte sans aucune douceur à la salle de bain et me douche à l’eau froide. Puis c’est en marchant que je suis l’homme jusque dans son bureau où attend toujours la combinaison. Je suis surprise de ne pas être plus diminuée que cela. Mais le système de ce sadique est bien conçu : j’ai été nourrie de sorte à conserver mon énergie, mes muscles ont reçu suffisamment de stimuli pour ne pas s’atrophier et la douleur n’a pas été suffisante pour engourdir mon esprit. En revanche, bien que je puisse marcher, je suis exténuée et chaque muscle de mon corps est affreusement douloureux. Chaque geste m’arrache une grimace de douleur. Et pire que tout, je sens ma volonté disparaître. Pendant ces deux semaines, elle a été piétinée. Plus que jamais, j’ai conscience de mon statut et de l’impossibilité d’échapper à mon destin. Madame Notat a atteint son but…
Mon maître met un long moment à nettoyer la combinaison. Je l’attends, assise par terre dans un coin du bureau.
Il la ramène puis se tourne vers moi :
« Va chercher Sophie. Aide-la à l’enfiler de nouveau. »
Je suis saisie d’horreur à cette annonce. Je sais mieux que personne quel enfer elle subit là-dedans, quelle horreur est devenue sa vie. Comment pourrais-je la condamner de nouveau à cela ?!
« Non, s’il vous plait ! Ne me forcez pas à faire cela !
- Si tu ne m’obéis pas, une erreur de ma part lors de ton renvoie vers l’école pourrait te faire faire le tour de l’Europe en touret. Et crois-moi, ce n’est pas une perspective réjouissante pour toi. »
Je repense aux quelques heures passées dans cette cage en bois. Comment supporterais-je des semaines entières ainsi ?
« Elle y est de toute façon condamnée alors peu importe qui l’y emprisonne. »
Dans une dernière tentative, je gémis :
« Je suis trop faible, je n’y arriverai pas. »
En souriant, mon maître sort une seringue d’un tiroir de son bureau.
« C’est un puissant anesthésiant. Son corps sera incapable de bouger mais elle verra et entendra tout. Elle ne ratera rien de son retour dans ce bureau.
- C’est atroce… » Je murmure, au bord de la nausée à l’idée d’une telle horreur. Il est déjà abominable d’imaginer cette pauvre femme lutter pour sa liberté, alors l’imaginer subir cela sans pouvoir se défendre m’est intolérable.
Et pourtant, je me lève doucement et saisis la seringue. Malgré le dégout que m’inspire cette idée, je n’ai pas le choix. Ou plus exactement, je l’ai mais je préfère sauver mes fesses.
Je me dirige à pas lent vers le sous-sol de la maison. Je soulève le grand coffre de bois qui n’a pas changé de place. A l’intérieur, la pauvre femme est toujours cruellement recroquevillée. Lorsqu’elle me voit, elle comprend immédiatement ce qui va se passer. Ses yeux s’agrandissent d’horreur et elle hurle tout en se débattant follement. Mais je parviens à planter la seringue dans sa cuisse et y injecte le produit qu’elle contient. Rapidement, les gestes de la malheureuse faiblissent. D’une voix rendue pâteuse par la drogue, elle supplie :
« Pitié, tue-moi ! »
Sa supplique me fend le cœur et des larmes de honte me montent aux yeux.
Puis, son corps cesse de bouger. Avec le plus de douceur possible et en tachant d’ignorer ces yeux implorants, je la sors du coffre et la traine doucement en direction du bureau.
Malgré son immobilité forcée, la malheureuse pleure abondamment en voyant la combinaison. Lentement, sous le regard amusé de notre maître, j’oblige son corps à entrer dans le vêtement de latex. Jambes, torse, bras. Puis je remonte doucement la fermeture éclair et y appose un cadenas. Les yeux de Sophie sont grands ouverts, terrorisés, suppliants. Je tente de les ignorer au maximum.
Me dégoutant au plus haut point, j’enfonce les objets sexuels dans les orifices de la jeune femme et la force à se redresser. Pendant de longues minutes, j’ajoute le leg binder puis les tubes rigides aux chevilles. J’allais finir par le bâillon et la cagoule mais l’homme m’interrompt.
« Pas tout de suite. Assieds-toi. »
Toute tremblante, je m’assois sur les genoux de l’esclave. Savoir quelle douleur je provoque m’est insupportable. L’homme m’attache rapidement à la « chaise » puis m’apporte quelques stylos et une liasse de feuille.
« Je te laisse trois heures pour écrire ton rapport de stage. Tu vas y expliquer ce que tu as vécu, ce que tu as fait et ce que cela t’a apporté dans le cadre de ta formation. Je l’enverrai à ta prof en même temps que je te renvoie toi. »
Sur ces mots, le dominant déclenche les stimuli électriques de Sophie ainsi que les godes puis tourne les talons, nous laissant seules.
Les mains tremblantes, je commence à écrire un brouillon. Il me déplait d’être si proche de la tête découverte de Sophie, je sens son regard accusateur sur moi.
Je sais quand l’anesthésiant cesse de faire effet. L’esclave se met à gémir de douleur et à trembler sous mon corps.
Mais le pire survient peu après. Je comprends alors pourquoi notre maître ne m’a pas laissé la bâillonner. Une voix faible mais chargée de haine souffle à mon oreille :
« N’oublie pas de dire ce que tu m’as fait espèce d’ordure. Et… Arggg !
- Si j’avais refusé, il l’aurait fait lui-même !
- Tu aurais… Ahhhhhh… Tu aurais pu me tuer plutôt que de me condamner à l’enfer !
- Les représailles auraient été atroces…
- Pire que ce que… ce que… humm… je subis ?
- … Je suis désolée…
- Je m’en fou ! Tes excuses ne changeront pas ma situation ! Je suis prisonnière, condamnée à servir de chaise de bureau jusqu’à la fin de mes jours ! »
Avant d’avoir pu ajouter quoi que ce soit, elle hurle de douleur et son hurlement me transperce les tympans.
Par la suite, elle ne cesse de gémir et de crier que pour pleurer. De gros sanglots me secouent les épaules mais je n’ose rien répliquer.
Lorsque notre maître revient, il coupe enfin gode et stimuli. Puis, sans s’émouvoir des suppliques de Sophie, il lui remet la cagoule et le bâillon.
« Alors, vous avez eu une conversation intéressante ? »
Je ne réponds rien, continuant de pleurer à chaudes larmes. L’homme ramasse ma liasse de feuille et me fait signe de le suivre.
« Je repars ?
- Pas encore. »
Mes espoirs s’effondrent et je suis à contrecœur le dominant dans une sorte d’atelier.
« C’est ici que je fabrique mes meubles. Je veux que tu testes ma nouvelle invention. »
Je regarde la chose, craignant le pire. Il s’agit d’une cage montée sur un support en bois et en métal. Mais cette dernière à des proportions ridiculement petites. Un trou à l’avant permet de faire passer la tête. Un autre à l’arrière permet d’exposer les fesses et l’intimité du prisonnier.
L’homme soulève le couvercle puis m’ordonne de m’y installer. J’essaie et à force de gesticuler, je parviens à m’aplatir assez pour que le couvercle ferme. Le dominant y appose immédiatement un cadenas. J’ai toutes les peines du monde à respirer, pliée comme je le suis. Les barreaux appuient douloureusement contre mon corps. Et pire que tout, je ne parviens pas à bouger d’un centimètre, aplatit de toutes parts dans cet espace minuscule.
« Imagine rester dedans des mois entiers. La douleur des muscles qui tétanisent, les crampes affreuses qui apparaissent… »
Oh que oui, je ne l’imagine que trop bien…
« A quoi sert cette chose ?
- Elle a deux usages. A cette hauteur et une fois recouverte de latex et de tissus, ce sera un repose pied. Mais la structure peut se lever. »
En guise de démonstration, l’homme appuie sur un bouton et la cage s’élève de cinquante centimètres.
« Et ici, tes trois orifices me sont accessibles. C’est que, vois-tu, depuis que j’ai rompu avec ma femme, j’ai besoin de pouvoir me soulager. »
J’ignore ce qui m’interpelle le plus dans sa phrase. L’horreur de cette cage : une machine à violer, ou le fait que ce sadique ait eu quelqu’un dans sa vie. Voyant mon regard interrogateur, il rit :
« Eh oui, j’ai vécu de belles années avec une femme. A l’époque, Léa, mon cher fauteuil, était dans mon bureau avec Sophie. Un endroit qui était interdit à ma tendre épouse pour ne pas la choquer. Quant à Marc et Sylvain, ils étaient mieux cachés qu’aujourd’hui et je suis parvenu à garder le secret sur mes activités sept longues années. Mais elle a fini par comprendre et n’a pas supporté l’horreur que vivent les esclaves ici. Pauvre folle trop sensible… »
Le maître sourit de toutes ses dents.
« Mais il était hors de question qu’elle me quitte, je tiens trop à elle pour la voir loin d’ici avec un autre. Elle restera avec moi jusqu’à la fin de ses jours comme la fidèle épouse qu’elle est. »
Je suis de plus en plus perdue, n’ayant vu personne ici en dehors des esclaves. Mais l’homme reprend bien vite :
« Si tu avais vu sa tête la première fois que je lui ai uriné dessus ! J’ai conservé la vidéo et je la regarde de façon très régulière. Sa détresse, sa peur, son incompréhension ! Quelle extase ! »
Je suis au bord de la nausée en comprenant qu’il a condamné sa propre femme à l’urinoir.
« Tiens, rien que d’y repenser je bande. Et puisque tu es là, profitons-en ! »
Pendant les longues heures qui suivent, son pénis, sa langue et ses doigts s’invitent dans chacun de mes orifices. Et pendant ce temps, la position devient de plus en plus douloureuse. En m’entendant gémir de douleur, le maître sourit :
« Oui, ce sera parfait. Un minuscule enfer pour une soumise insignifiante. Je serais à la vente en juillet pour acheter l’une de vous. Toi peut être puisque nous avons noué des liens étroits pendant ces deux semaines. »
Je frémis à cette pensée.
« Maintenant, remercie-moi comme il se doit pour ce stage et le temps que je t’ai consacré !
- Merci maître pour ces deux semaines de stage. A vos côtés, j’ai enfin appris où était ma place. Merci pour votre enseignement et votre temps. »
Ma voix sonne affreusement faux mais cet avilissement forcé plait à l’homme qui continue sur sa lancée :
« Une bonne soumise comme toi doit se plaire dans cette cage minuscule à satisfaire les désirs de son maître, n’est-ce pas ?
- Oui maître.
- La taille réduite ne te gène donc pas ?
- Non maître, c’est suffisant.
- Bien sûr. Ton unique rôle étant de servir, autant être réduite à l’essentiel et prendre le moins de place possible.
- …
- Tu aimerais passer le restant de ta vie dans cette cage minuscule, pliée, contorsionnée et offerte ?
- …
- Réponds !
- Oui !
- Oui quoi ?
- Oui, ça me plairait de vous servir alors que je suis enfermée dans cette cage…
- Parfais ! Une soumise qui a causé tant de soucis pendant l’année ne devrait pas être si chers que cela. Je suis sûr qu’il est possible de t’acheter. »
Je blêmis à cette idée et lutte contre la nausée. Conscient de la terreur qu’il a provoquée en moi, le maître reprend :
« Bien, il est temps de te remettre dans le touret. Tu rentres à l’école ! Et en ligne droite puisque tu as si gentiment remis ma soumise à sa juste place. »
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