Entretenir la flamme

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Ils sont tous réunis autour du feu. La journée a été rude, entre la chasse, la quête de l'eau, les toiles à réparer. En cette fin de journée, la température décroît lentement. Une brise bienvenue soulève les bâches colorées du campement. Chacun s'est activé pour procurer aux siens la nourriture essentielle à leur survie : fruits, gibier, graines composent le menu.
Les plus petits sont assis en tailleur dans l'attente de la soirée qui s'annonce. Comme chaque jour, la journée de labeur se termine en musique. Les préparatifs vont bon train. La terre ocre écrasée servira de peinture pour apporter de la gaieté, de la fantaisie sur ces visages burinés. Les fleurs écrasées dans le pilon donnent une teinte joyeuse aux joues des femmes exaltées.
Sur leurs cheveux lisses elles appliquent de l'huile parfumée. Les hommes arborent la coiffe traditionnelle ornée de plumes d'aigle, comme un hommage à celui qui vole haut vers le ciel, au plus près des grands esprits. Ils sont en quête de ce symbole fort pour l'accrocher à leur parure éblouissante aux couleurs chatoyantes. C'est le signe de leur puissance, de leur prestance. Munis de leur lance, ils fendent la foule d'un pas égal et fier.
À leurs chevilles des grelots tintent en cadence. Les franges en cuir décorées et ciselées minutieusement montrent leur attachement aux événements de la tribu, à leurs rituels immuables. Chaque début de saison est célébré par une danse, un chant.
Le tambour et la flûte commencent leur mélopée envoûtante. Les hommes se rassemblent, dansent en cadence. Leurs bras, leurs jambes fendent l'air en rythme, ils tendent leur corps vers le ciel, l'implorent pour que cette année encore les récoltes soient bonnes, pour lui demander d'éloigner la maladie. Les femmes bougent leur tête, comme en transe, elles admirent leurs beaux hommes aux corps musclés par les activités quotidiennes : la chasse, l'équitation, la course. Ils sont un exemple pour les enfants.
Dans leurs yeux noirs se reflètent les flammes, la chaleur les enveloppe. Elle crée une ambiance propice à l'apaisement, aide à oublier les tourments, donne du répit à ces amérindiens à la vie simple et empreinte de traditions.
Les chants gutturaux, comme sortis des gorges de leurs ancêtres, montent dans l'air limpide de ce soir d'été, ils disent tous leurs espoirs, leur désir de renouveau. Ils déclament leur envie de champs foisonnants qui les mettront à l'abri de la faim.
Les tenues des femmes attirent les yeux des hommes. Des regards sont échangés, des sourires se dessinent, les jeunes prêts à marier se jaugent, se choisissent. Toute la tribu communie ensemble, c'est une parenthèse enchantée dans ce quotidien désargenté.
Discrètement, un adolescent s'approche d'une jeune fille, lui tend la main, l'emmène loin de la fête. Ils rient, leur échappée les remplit de joie. Ils vont vivre un moment à deux, sans les regards des envieux.
Sous le tipi, il l'entraîne, dans le calme et la volupté. Ils s'allongent tous deux et s'étreignent, cela fait si longtemps qu'ils sont amoureux. Les gestes sont malhabiles et hésitants, mais leur envie est si forte, c'est elle qui les guide. Ses mains soulèvent les pans de coton tissé de la robe, les jambes fermes de la fille s'ouvrent, elle veut connaître le plaisir. Ses grandes soeurs lui ont raconté comment faire.
Ses mains s'aventurent sur le torse imberbe et doux, elle s'abandonne dans les bras musclés et virils. Leurs yeux se cherchent, leur complicité et leur confiance leur permettent d'aller plus loin. Sans plus de contrainte, ils se caressent fougueusement. Ses doigts parcourent le corps tant désiré, les seins roulent sous ses mains, frémissent sous ses baisers. Les fesses fermes de la fille se plaquent contre l'homme, son membre tendu la pénètre enfin. Dans un soupir, ses va-et-vient l'emportent, leurs sensations mêlées semblent s'unir en apothéose.
Ils n'entendent même plus les chants mélodieux, seule la nuit noire les entoure. Par moments, ils perçoivent le crépitement du feu. Ce soir ils ne feront pas partie de la fête, ensemble ils sont bien trop heureux.

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