Jonathan s'avance dans la maison et poursuit Bijou en hurlant toute sa haine. Il renverse les bibelots et les meubles et fouille chaque pièce à sa recherche. Bijou est sortie par une fenêtre en silence, elle essaye de s'enfuir sans que son cousin ne la voie. Accroupie au pied de la fenêtre, elle tente de retrouver ses esprits et de réfléchir. Jonathan est là, furieux et armé. Elle est seule et n'a rien pour se défendre ou pour prévenir quelqu'un.

Bijou est parvenue à la motoneige de son cousin. Elle enlève les clefs et se rend auprès de la sienne pour la pousser en silence tout en regardant en arrière si Jonathan est toujours dans la maison. Elle l'entend hurler sur elle et la maudire pour la mort de sa tante et la vie actuelle de Jonathan. Elle apprend, tandis qu'elle avance péniblement le lourd engin de manière à être suffisamment loin pour le démarrer sans danger, que son oncle est mort.

Jonathan casse tout à l'intérieur. Il tire de nouveau sur Ours au sol en se vantant de le tuer. Jonathan semble jubiler. Ça en est trop pour Bijou. Jonathan l'a fait souffrir pendant des années avec ses parents alors qu'elle n'était qu'une fillette innocente. Jonathan voulait la prostituer. Ils l'ont vendue comme un meuble inutile pour de l'argent aussitôt dépensé. Jonathan la rend coupable de tous les malheurs. Il vient de tuer la première personne qui a enfin pris soin d'elle. Malgré ses larmes et sa peur, Bijou sent la colère monter en elle. Comme une force sombre qui lui meurtrit le cœur.

Bijou arrête de pousser la motoneige. Elle a mal à la tête. Sans réfléchir, elle fait demi-tour. Bijou retourne dans la maison. Elle va voir Jonathan. Peu importe son pistolet. Elle s'en fiche de mourir. Il n'a pas le droit d'insulter Ours et de lui manquer de respect. Il n'est rien face à lui, rien en comparaison. Il n'est qu'un parasite. Bijou arrive au perron. Jonathan est dans la cuisine à tout casser. Elle referme les paupières d'Ours et dépose un baiser sur ses lèvres. Il est mort de trois balles dans la poitrine. Elle verse une larme et serre les dents.

Jonathan, ivre et en proie à la folie, raconte tous les détails sordides. Comment sa mère est morte de fractures diverses sous les coups d'un client devant ses yeux. Comment Jonathan a accusé son propre père. La haine qu'il a envers son père de ne pas avoir ramené assez d'argent ce qui a obligé Jonathan à vendre sa mère. Jonathan accuse Souillon d'être la responsable de cela. Si elle était restée, c'est elle qu'il aurait vendue. Il en aurait tiré bien plus d'argent. C'est Souillon qui serait morte. C'est de sa faute à elle si Henri est allé en prison. C'est Souillon qui a dit aux prisonniers de maltraiter Henri. Jonathan en est persuadé. Henri est mort en prison suite à des blessures mal guéries qui se sont infectées. Tout ça, c'est à cause de Souillon pour Jonathan.

Bijou approche de la cuisine. Elle saisit une poêle. Jonathan est soûl ou drogué. Ses propos sont incohérents. Bijou serre la poêle à s'en rendre les doigts blancs. Son cousin se retourne et vise Bijou. La balle atteint le ventre de Bijou. Elle a compté. Inconsciemment, elle a compté. Il a tiré sept fois. Bijou connaît quelle arme il détient. Le colt offert par un de ses amis dealers. Elle a reconnu le bruit caractéristique. Elle le reconnaît là en face d'elle. Jonathan n'a plus de balles. Elle le sait. Elle en est sûre. Jonathan est face à elle. Jonathan est diminué physiquement par l'alcool et les stupéfiants. Jonathan vient de tuer Ours. Bijou a mal, mais pas au ventre, à son cœur. Bijou est en colère.

Dans un hurlement de bête, Bijou se rue vers lui. Poêle en main. Jonathan tire, mais rien de sort. Elle se jette sur lui. Sa vitesse le fait tomber à terre. Il tente de l'arrêter en lui agrippant sa chemise. Il lui déchire sans parvenir à stopper sa cousine. Il cache sa tête avec ses mains. Bijou frappe. Encore et encore. Bijou hurle. Elle cogne de toutes ses forces sur le corps de Jonathan. Le sang éclabousse le visage de Bijou sans qu'elle ne s'arrête. Elle a mal à la main. Elle a mal au bras. Elle s'en fiche. Elle déverse sa colère. Elle libère sa fureur. Elle ne retient plus ce qu'elle a accumulé pendant des années.

Quand sa main lui fait trop mal, Bijou lâche la poêle. Elle se lève et frappe avec ses pieds. Jonathan gémit encore. Pas assez. Elle le martèle avec ses rangers. Comme il l'a fait dans la forêt avant de l'abandonner. Comme il le faisait si souvent. Elle lui crache dessus. Tape et retape. Les jambes. La tête. Bijou s'acharne sur la tête. Jusqu'à ce que ses jambes ne la portent plus. Jonathan est inconscient.

Bijou prend un couteau sur la table de cuisine. Elle s'agenouille sur le torse de Jonathan et le poignarde avec rage. Le couteau fait des allers-retours dans le ventre de Jonathan. Le sang gicle de plus en plus. Bijou fait des trous béants dans le poitrail de son cousin. Bijou est une bête enragée. Les entrailles sortent. Jonathan est dans une mare de sang. Bijou ne le voit pas. Ses yeux sont brouillés par les larmes. Son bourreau est là devant elle. Ours est mort. Son meurtrier est là devant elle.

Le visage de Bijou si doux d'ordinaire est déformé par la rancœur. Ses cheveux collent à ses joues. Ses yeux noisette sont rouges à force de pleurer. Sa bouche souriante est une grimace. Elle montre les dents. Comme une bête. Sa tête et son corps sont recouverts de gouttelettes de sang qui se rejoignent en larmes sanglantes. Son torse est constellé de grains de beauté bordeaux et de rivières pourpres. Sa chemise pendouille lamentablement à sa taille. Ses mains sont blanches à force de serrer les poings. Bijou est un animal enragé.

Du bruit se fait entendre derrière elle. Elle s'en fiche. Elle continue. Quelqu'un la ceinture par-derrière et la soulève. Elle vocifère. Ours est mort. Elle veut qu'on la laisse faire. Ours est mort. Bijou se débat de toutes ses forces comme une forcenée. Elle parvient à se libérer et court vers Ours. Bijou sanglote. Quelqu'un veut l'emmener. Elle refuse. Bijou ne se contrôle plus. Soudain, un éclair lumineux brille devant ses yeux. Bijou s'évanouit.