— Que t'arrive-t-il Lyna ? Pourquoi tu ne me parles plus ces derniers jours ? Questionna Emily, une expression inquisitrice sur son visage.

— Rien, j'ai pas b'soin que tu sois sur mes côtes m'man. J'ai quinze ans, pas quatre.

La jeune adolescente s'empressa de s'acquitter de sa tâche et quitta la cuisine avec son sandwich miel-chèvre à la main droite, levant les yeux au ciel un instant avant de vérifier son portable avec celle disponible, et de déguster son repas qu'elle venait de préparer. Non pas sans, bien évidemment, laisser un maximum de bordel sur le plan de travail. Un couteau par-ci, une cuillère par là... Tout ce qu'un parent isolé rêve de voir lorsqu'il rentre d'une longue journée de travail ou l'hypocrisie est présente et... passons.

— Eh bien... Soupira Emily, une main frottant l'arrière de son crâne, perplexe par l'attitude exaspérante de sa fille, mais également en constatant les dégâts dans l'ensemble de la pièce.

— Lyna, tu seras au moins prié de ranger ton bordel ! Hurla Emily jusqu'à en perdre son souffle.

L'instant d'après, la mère de l'adolescente tentant d'avancer la tâche, rassemblant péniblement les pièces éparpillées, remarqua un papier sur lequel du miel avait été malencontreusement barbouillé dessus, rendant une partie du texte illisible. Mais cela semblait être, pour beaucoup, une liste. Avec des « initiatives » barrées.

— « Attendre que Mme Lindya Solfene rentre, fait avec échec ».. Qu'est-ce. Lyna !!

La femme enveloppée prise d'une démarche souffrante alors qu'elle fit l'effort de monter l'escalier, la feuille collante à la main, les traits de son visage se fronçant de colère alors qu'elle ouvrit la porte, essoufflée par l'effort véritable. Bien moins évidemment que sa chambre qui se trouvait au rez-de-chaussée et ne nécessitait pas forcément d'un effort supplémentaire.

L'adolescente qui avait rejoint son bureau pour allumer une session sur son ordinateur, pris son relevé de notes, puis sursauta sans avoir le temps de relire la moindre information écrite.

— P'tain tu m'as flippé ! Tu peux pas rentr-

— Lyna qu'est-ce que c'est que ça ?! Interrompue Emily qui tendait désormais le morceau imbibé.

Lyna fronça les sourcils et quitta son confortable siège pour voir ce que sa mère tendait. Elle ne reconnut pas de suite ce que c'était, puis en relisant les premiers mots, son visage pris une couleur rougeâtre exprimant une forte gêne.

— Où t'as trouvé CA ?! S'écria l'adolescente qui arracha du bout de ses doigts, le papier avec une expression soudaine de dégoût face à la matière.

— Ça n'a pas d'importance Lyna, l'importance est de savoir pourquoi tu attendais Mme Solfene ? Tu souhaitais la voler, emprunter de l'argent ?

— Non, ce n'est pas..

— T'es malheureuse ici, tu veux partir vivre chez elle, chez eux?!

— Mais arrête m'man, t'es complètement folle !

Un silence soudain s'élança dans la pièce de vie. Les cris avaient réveillé les murs, intriguant la voisine nommée, qui vérifiait désormais à l'encadrement de sa porte, la conversation.

La mère afficha un faux sourire, embarrassée et dénuée de vérité, puis lança un regard qui incitait fortement l'adolescente à fermer le volet, ce qu'elle fît bien évidemment la seconde suivante en fuyant le regard de cette femme qu'elle considérait.

— C'est chiant d'avoir des murs fins... s'exclama l'adolescente qui fuyait dorénavant le regard de sa mère.

L'adulte présente n'ajouta rien et se contenta de soupirer d'agacement, mais également de frustration. Pourquoi le nom de cette femme, pourquoi ce secret soudain ? Les deux jeunes femmes ont toujours été inséparables sans pour autant être attiré par le contact physique de l'une et l'autre. Si on leur demande ? Il y a toujours un prétexte à ça, même si parfois ça ne tient pas la route, les personnes qui les entourent ne sont plus réellement surpris.

Emily se questionne désormais si, tout cela ne lui manque pas. Si tout cela n'est finalement pas lié ?

Elle ne connaît pas forcément l'intégrale de leur relation à part le fait qu'elles se saluent régulièrement. Avec quelle intonation ? Emily n'en sait rien et pour le coup, sa tête devient lourde. Elle n'a plus forcément envie d'y songer plus ardemment.

— Reprenons cette conversation plus-tard, veux-tu ?

— Mhh.. Répondit Lyna qui continuait de baisser les yeux et d'éviter le regard.

Pourquoi il faut toujours qu'elle dramatise constamment tout... Songea péniblement l'adolescente qui ne comprenait pas ce regard vide qu'exprimait sa mère.

La cheffe de famille partie de la pièce sous cette réponse insuffisante, déboussolé et bien plus que déterminé à avoir le fin mot de cette histoire.