Le miroir des désillusions
Je retiens mon souffle, n'osant pas faire le moindre geste. Puis, j'esquisse un timide sourire. Je ne suis plus seule !
— Bonjour ! Je m'appelle Léah et toi ? commencé-je fébrile
Seul l'écho des vastes salles encombrées me répond. En face, la jeune fille n'a pas bougé. Sa peau est foncée, ses cheveux aussi. Ses lèvres ourlées forment un rictus nerveux.
— Tu... Tu es muette ? m'enquis-je
Mais en voyant sa bouche se mouvoir en même temps que les sons sortent de la mienne, je comprends. Une immense déception mêlée de désillusion s'empare de mon corps qui échappe à mon contrôle. À genoux, j'éclate en sanglots. J'y ai cru, tellement que je me sens stupide à présent.
Ce n'était qu'un miroir.
Je me souviens d'un conte où une reine cruelle avait pour seul compagnon une glace à l'esprit sincère et sa belle-fille. À l'époque, cet objet m'avait intéressé car il n'y en a pas dans les niveaux où je reste habituellement. Maintenant, je sais ce que ça fait d'affronter son reflet. Des larmes salées ruissellent le long de mes joues.
La tristesse de la solitude est bien vite remplacée par quelque chose que je ne connais pas. Un sentiment chaud, brûlant, qui se répand dans mes entrailles. Je serre le poing. Mon cœur cogne contre ma poitrine, comme s'il voulait en sortir. Mon sang bouille à l'intérieur de mes veines. La Peur ricane derrière moi. Tremblante de rage je fais volte-face.
— Ça t'amuse hein !? hurlé-je Je croyais avoir vaincu la solitude et toi tu m'as bien eu !
Son sourire hideux s'accentue, tout comme cette puissance inouïe qui me revigore. Cette fois, je ne repartirai pas en courant me réfugier dans ma chambre. Ce soir, je ne relirai pas mes contes préférés ; je vais écrire le mien maintenant.
Sinon, je ne le ferai jamais. Dans quelques minutes il sera trop tard pour faire marche arrière. Je fais taire cette voix qui me crie : "Reste Léah". Non, je ne l'écouterai pas.
Elle n'est qu'un mensonge.
Elle n'est que le fruit de la Peur. De ma Peur.
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