Les Trois âges du Silence
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Quand le silence est jeune, il est fragile, friable, il résonne d'échos sibilants, de particules parasites qui tournoient comme des poussières dans un rayon de soleil. Un son, un seul, peut le faire voler en éclats. Quand le silence est jeune, comme un papillon aux ailes éthérées, il peut venir se poser, inattendu, précieux, au coin d'un sourire, au détour d'un regard. Quand le silence est jeune, il peut se révéler maladroit, cruel parfois, mais il ne se s'attarde jamais assez longtemps pour qu'on puisse l'en blâmer.
Quand le silence est adulte, c'est un être fantasque, un dieu à deux faces. Il porte parfois le visage d'un gentilhomme raffiné, aux gestes élégants, aux actes délibérés, qui se pare des précieux échos d'une parole vibrante, d'une musique ensorcelante ; ou d'un compagnon discret, délicat, qui porte sur ses épaules le fardeau d'émotions trop violentes, trop troublantes pour le cœur fragile des mortels. Mais son autre visage est celui d'un tyran, d'un maître intraitable et malveillant, qui impose une loi inflexible, qui ostracise, bannit, emprisonne sans jugement ni procès.
Quand le silence est vieux, il est épais, apathique, routinier ; il se fait chaque jour un peu plus pesant, comme chargé d'une neige invisible. Quand le silence est vieux, il n'est pas tout à fait l'oubli, car on le remarque encore ; il n'est pas tout à fait la mort, parce qu'on peut encore le chasser. Mais l'idée de rébellion devient chaque jour, chaque heure, chaque seconde plus irréalisable, plus impensable, plus chimérique.
Quand le silence est vieux, il avance à pas pesants, entraînant avec lui la foule pâle de ses vassaux vers le néant.
Quand le silence est adulte, c'est un être fantasque, un dieu à deux faces. Il porte parfois le visage d'un gentilhomme raffiné, aux gestes élégants, aux actes délibérés, qui se pare des précieux échos d'une parole vibrante, d'une musique ensorcelante ; ou d'un compagnon discret, délicat, qui porte sur ses épaules le fardeau d'émotions trop violentes, trop troublantes pour le cœur fragile des mortels. Mais son autre visage est celui d'un tyran, d'un maître intraitable et malveillant, qui impose une loi inflexible, qui ostracise, bannit, emprisonne sans jugement ni procès.
Quand le silence est vieux, il est épais, apathique, routinier ; il se fait chaque jour un peu plus pesant, comme chargé d'une neige invisible. Quand le silence est vieux, il n'est pas tout à fait l'oubli, car on le remarque encore ; il n'est pas tout à fait la mort, parce qu'on peut encore le chasser. Mais l'idée de rébellion devient chaque jour, chaque heure, chaque seconde plus irréalisable, plus impensable, plus chimérique.
Quand le silence est vieux, il avance à pas pesants, entraînant avec lui la foule pâle de ses vassaux vers le néant.
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