Le feu

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L'automne cède peu à peu sa place et, pour le plaisir, nous avons préparé dans l'âtre une ramée de bois dont l'embrasement et les sonorités nous ravissent.

Dans la grande pièce, des craquements se font entendre, des craquements qui explosent sur des accords d'allégresse. Leur tempo désordonné surprend, il scande une musique nouvelle à chaque flambée.

Installés sur le canapé, nous profitons du spectacle. Je te souris et me blottis dans tes bras.

Sur des rythmes de samba, les flammes caracolent dans le foyer, prises d'une folie joyeuse. Elles s'élancent, cajolent une bûche, en enserrent tendrement une autre.

Nos regards se captent. Dans tes pupilles, les couleurs dansent et font briller tes yeux clairs. J'y vois ton bonheur après cette délicieuse journée, ton attendrissement d'être à nouveau seuls, ta fascination face à cette féérie.

Entraînées par un filet d'air, les langues colorées s'envolent puis décroissent, s'éclipsent un bref instant pour mieux s'étirer, tentent d'atteindre une brindille.

Nos visages se rapprochent, nos lèvres s'effleurent. Envoûtés par la magie du moment, nous nous berçons l'un l'autre.

Une lame jaune s'insinue vers la branche visée pour l'étreindre d'un ruban orangé, elle s'affine puis s'évanouit en une pointe effilée. Sa survie semble un défi alors qu'à côté d'elle, propulsée par un souffle, sa voisine remonte, s'immisce, effleure le bois, se retire et revient en un jeu langoureux.

Nos bras s'enlacent, nos bouches s'unissent. Nos mains papillonnent sous le tissu, nos peaux s'électrisent.

Les flammes rivalisent d'audace, s'adonnent à une course insensée, grimpant plus haut, glissant vers l'arrière, se faufilant de côté, pour caresser une branche avant de l'embraser. Le feu enfle en une respiration chaotique, il crie sa fougue en grondant, s'amenuise avec lenteur, s'assagit dans un chuintement.

Une valse sensuelle anime nos corps, nos gestes s'impatientent et s'enhardissent. L'étreinte s'amplifie, se prolonge, nos doigts courent sur nos peaux dénudées, nos baisers s'enfièvrent jusqu'à l'envol sublime qui nous laisse apaisés, engourdis de tendresse.

Des étincelles fusent vers le haut et sur les côtés lorsque les brandons cèdent. Les braises rougeoyantes respirent, semblent s'endormir puis s'éclairent dans un souffle, jettent soudain une poignée lumineuse dans un claquement. Tout à coup, une flamme impétueuse ressurgit. Mais il n'est plus temps, la flambée s'étiole peu à peu, avant de tirer sa révérence dans une échappée de fumée.

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