Première version

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Quand j’étais tout petit, je croyais que Dieu était un maître implacable. Il ne pardonnait jamais une mauvaise action. Une seule faute et tu es ccondamné à souffrir pour l’éternité dans les tourments des flammes.
La vie après la mort, les châtiments perpétuels dans les feux de la Géhenne, me hantaient. Ces sombres pensées s’insinuaient dans les recoins de mon esprit juvénile, m’inspirant une peur viscérale.
Mon jeune cœur battait la chamade à l’idée de commettre un sacrilège. Je pensais donc qu’il était judicieux d’aduler Dieu pour gagner Sa faveur et Son estime.
Un beau jour, j’avais entendu des enfants parler à une vieille femme de notre village. Ils l’embrassèrent sur la tête, lui disant : « A Nna Yamina tamaɛzuzt, iẓiden am lgazuz. Chère Nna Yamina, aussi douce que la limonade gazeuse. »
Je trouvai cette formule très poétique et expressive. Mon âme innocente se dit qu’il serait bon d’adresser de tels compliments à Dieu. C’était ainsi que je murmurai dans mon cœur : « A Ṛebbi amaɛzuz, iẓiden am lgazuz. Cher Dieu, aussi doux que la limonade gazeuse. »
Dès lors, je répétais sans cesse cette curieuse expression. J’y voyais un moyen précieux de gagner des mérites auprès du Créateur.
Mais le destin voulait que les choses allaient bientôt prendre une tournure plus sérieuse.
***
J’étais à la fontaine du village lorsque je me rendis compte de ma bêtise. Comparer Dieu à une vulgaire boisson gazeuse me frappa subitement comme un acte de blasphème inexpiable.
L’éblouissante évidence me traversa l’esprit comme un éclair. Comment avais-je pu réduire l’incommensurable grandeur du Seigneur en la comparant à une modeste boisson pétillante ?
À cet instant précis, la peur me saisit et la terreur m’envahit. Mon jeune esprit était convaincu que Dieu me condamnerait à jamais aux flammes de l’enfer.
J’avais blasphémé, il est vrai, non pas par intention, mais par ignorance. Une fureur ardente se mêla à mon chagrin, faisant couler des larmes que je ne pouvais retenir. J’avais à peine cinq ans à l’époque, imaginez l’ampleur de ma frayeur !
Mon âme innocente, qui aurait dû rester un espace de jeux et de rêves à ce jeune âge, était devenue un champ de bataille intérieur entre ma perception d’enfant et la véritable essence du divin.
Dès lors, à chaque passage devant la fontaine, mon cœur s’emballait, mes bras tremblaient et mes jambes s’engourdissaient. Mon esprit tourmenté me laissait perplexe et préoccupé, et des sueurs froides parcouraient tout mon corps.
Chaque instant passé à proximité de la source était imprégné de cette terreur véhémente et insaisissable. Ma poitrine battait comme les ailes affolées d’un oiseau pris au piège.
Chaque pas vers la fontaine était un plongeon dans les ténèbres. Une tempête de confusion et d’angoisse se déchaînait dans ma tête. Une anxiété atroce qui ne me quittait plus, de jour comme de nuit.
Mes nuits, autrefois remplies de rêves doux et insouciants, étaient désormais hantées par des visions sombres de châtiments et de feux dévorants. Mon sommeil était perturbé et agité et le cauchemar de l’au-delà me hantait.
Les journées, jadis pleines de découvertes et de belles rencontres, étaient maintenant assombries par ces ombres lugubres et sinistres que j’avais involontairement conjurées. Les rires de joie et de ebonheur avaient cédé la place à des murmures intérieurs de doute et de crainte. La lumière qui éclairait mon quotidien avait été engloutie par un nuage sombre et oppressant.
J’ai vécu ce drame pendant toute mon enfance.

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