1. L'Aubépine
Dix septembre 2024
J'époussète mon jean du mieux que je peux, ce n'est pas le jour où je dois me faire remarquer. En croisant mon reflet dans le miroir, je me dis que ça ne passera pas. Comment cela le pourrait-il ? Enfin, avec un peu de chance... ça pourrait le faire. Du moins, je l'espère.
Je sors de la salle de bain, attrape mon sac au pied de mon lit, et quitte ma chambre pour me diriger vers celle d'en face.
Personne n'est dans les couloirs, ça tombe plutôt bien ! Mon corps se détend davantage quand une grande brune passe sa tête à travers l'ouverture, après avoir déverouillé le loquet.
Une fois installé dans son canapé, je peux voir qu'elle est tout autant pressée. Et a cran.
- Et si cette année se passe mal ?
Elle arrive avec une tasse de chocolat fumante. Elle l'a dépose sur la même table qui trône ici depuis que je la connais. Une vieille table en bois ou un des pieds s'est coupé.
- Pourquoi ça devrait mal se passer ? Demandé-je
- Je ne sais pas... Mais ça pourrait.
Je contemple le vieux bouquin qui permet de maintenir cette table un peu bancale. Je me fais la réflexion que la confiance de Judith est aussi douteuse que ce meuble. Il suffirait d'un je-ne-sais-quoi pour tout détruire.
- Attends de voir dans quelques mois avant de penser de manière aussi négative. On y est pas encore, tu sais ?
Je tente un sourire pour essayer de la calmer, mais vu l'expression sur son visage, ça devait plus ressembler à une grimace de fatigue. J'aurais essayé, au moins...
Si je devais d'ailleurs représenter quelque chose, je serais certainement ce vieux livre abîmé qui tente de supporter cette vieillerie. Je me demande si comme lui, j'arriverais à supporter la pression. En outre, suis-je suffisamment solide pour continuer à soutenir Judith ?
Je m'empare de la tasse, et engloutit la boisson en seulement quelques gorgées. Elle avait un goût nostalgique. Je redéposa la tasse, et je sursauta quand la porte d'entrée s'ouvrit. Une jeune femme passa la porte, puis croisa ses bras sur sa poitrine en me voyant assis la.
- Andy... J'étais sûr de te trouver ici !
Bien sûr, elle l'était. Elle me trouvait dans le logement de Judith chaque matin. Rien ne pourrait me faire changer cette habitude.
- Comment va l'humeur pour aujourd'hui, les jeunes ?
Judith détourna le regard en haussant les épaules, tandis que je souria simplement.
- Judith... Je sais que ce ne sera pas simple pour toi d'être autant séparée d'Andy... Mais c'est pour votre bien à tous les deux, d'accord ?
Elle continua de rester muette.
- Paula, ne t'inquiète pas. Ce n'est pas parce que nous ne serons pas dans la même faculté que je n'irais pas manger un bout avec elle !
- Je suis ravie de l'entendre ! D'ailleurs je voulais vous prévenir que nous allons nous mettre en route dans cinq minutes !
Cela rendait la chose bien plus réelle. Peut-être que j'allais finalement vivre mon rêve, en espérant que cet espoir qui sommeille en moi depuis tout ce temps, se matérialisera pour de bon... Je vais éventuellement finir par réussir mon objectif, et tous nous sortir de là.
Je le saurais à la fin de l'année. Je ne peux qu'espérer que tout se passe pour le mieux ! Et mon petit doigt me dit que c'est bien parti.
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