Démonstrations pécheresses.
La dernière barrière de tissu me protégeant encore, c'est-à-dire mon boxer noir, venait de tomber sur le sol, et je ne pouvais plus bouger. J'étais entièrement soumis à son regard qui détaillait chaque partie de mon corps. Je me sentais si humilié, mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher d'aimer ce regard appréciateur qui se promenait tranquillement sur moi... Putain, je deviens sûrement schizophrène !
Il finit par ancrer ses yeux aux miens.
-Crois-tu que te mettre nu devant moi, que tu ne connais que depuis quelques heures, est une chose que tu ferais en temps normal ? me demanda-t-il d'une voix rauque.
Mais quel salaud, ce mec ! Et dire que je ne pouvais ni bouger ni parler ! Sinon je lui aurais dit ma façon de penser ! Je le vis s'approcher de moi. Il leva sa main et passa doucement ses doigts sur la morsure qu'il m'avait faite, m'effleurant légèrement et me provoquant un frisson. J'avais l'impression qu'il regrettait ce qu'il m'avait fait si je me fiais à son regard un peu... peiné ? Puis il se pencha vers moi et son visage s'approcha dangereusement du mien. Il hésita un instant et m'embrassa. Je ne pus que répondre à l'assaut voluptueux de sa langue en gémissant, mais il finit malheureusement par détacher ses lèvres des miennes.
-Tu ressens aussi ce désir... commença-t-il en jetant un œil à mon érection.
Je vais le tuer ce mec, je vais le tuer !!
-Mais tu ressens également de la colère, je le sens, Lucas.
Sans blague ?! Mais à quoi est-ce qu'il s'attendait, franchement ? Sur ses paroles, sa main partit caresser mes cheveux blonds avant de descendre sur ma nuque, puis mon torse, très lentement. Il s'arrêta juste avant mon sexe tendu vers lui. Mon désir était si fort que ça en était presque douloureux.
-Veux-tu que je te donne du plaisir ? me demanda-t-il, sa bouche près de mon oreille.
Oui... Quoi ? À ce moment-là, je sortis du brouillard dans lequel je me trouvais. Mes yeux s'animèrent et je reculai un peu ma tête afin de le regarder. J'étais si en colère ! Cependant, je ne ressentais pas que cela... J'avais terriblement envie de lui, là, maintenant. Je me sentais enivré par son odeur, par la chaleur qu'il dégageait, et je voulais qu'il me touche davantage, je voulais également sentir sa peau contre la mienne. Alors, sans réfléchir à ce que je faisais, mes mains se levèrent d'elles-mêmes et commencèrent à déboutonner sa chemise.
Sa respiration était rapide, tout comme la mienne, son torse se soulevait en mouvements réguliers sous mes doigts. Le tissu bleu tomba dans un léger bruissement, et mes mains partirent à la découverte de ce torse à la peau étonnamment douce. Je le sentais frissonner sous mon toucher, et je le vis fermer les yeux et pencher sa tête en arrière, mais cela ne dura pas longtemps, car soudainement, il fit le mouvement inverse et planta son regard empli de désir dans le mien.
-Arrête.
Le brouillard revint alors s'emparer de moi, et j'arrêtai tout mouvement. Je redevins inanimé.
-À genoux.
Quoi ?... Une fois sur le sol, il tendit sa large main vers mon menton qu'il souleva. Son pouce passa doucement sur mes lèvres, et j'en frissonnai de plaisir. Puis il me lâcha et fit le tour de mon corps avant de se stopper derrière moi. Je ne pouvais plus le voir, et c'était dérangeant... Je l'entendis s'agenouiller.
-Penche-toi et écarte les jambes.
Non ! Mais je ne pus résister à son ordre et je me mis dans la position humiliante qu'il attendait de moi. Je l'entendis alors ouvrir la ceinture puis la fermeture éclair de son pantalon dans des gestes qui me semblèrent à la fois lents et trop rapides. Il passa ensuite son bras autour de ma taille. Non, non, non... Ça ne pouvait pas m'arriver, pas à moi... Si je n'étais pas pris dans ce brouillard, qui me faisait ressentir un certain bien-être et qui m'empêchait de réagir normalement, j'en aurais pleuré. Positionné derrière moi, tout contre mon corps, je le sentis se pencher avant que son souffle n'effleure mon oreille.
-Lucas, chuchota-t-il, je m'apprête à te prendre. Je vais m'enfoncer en toi, dans ta chaleur et te faire crier de plaisir toute la nuit alors que tu es toujours dans l'incapacité de bouger. Qu'en déduis-tu ?
Non... Je ne sais pas, je ne sais plus... Il marqua une légère pose avant de reprendre :
-Crois-tu toujours que cette situation, ce comportement que tu as, est normal et serait dû à une substance qui n'agirait que par intermittence ? Crois-tu réellement qu'une telle drogue existe et que je t'en aurais fait prendre alors que je te le répète, tu n'as rien avalé depuis que tu es dans ma demeure ? Et tu pourras chercher sur ton corps, tu ne trouveras aucune trace de piqûre, non plus. Si tu penses également qu'il pourrait s'agir de quelque chose que tu aurais respiré, sache que tu te trouves dans un vieux manoir ici, je ne possède pas le genre de choses qui pourraient filtrer l'air, par exemple, et cela fait un moment que tu n'es plus dans la chambre en train de respirer les bougies qui pourraient être porteuses d'une substance. Alors rends-toi à l'évidence. Tu as vu de très près mes dents devenir particulièrement pointues. Je t'ai mordu, j'ai bu ton sang et la sensation a failli te faire jouir parce que ton corps reconnaît son vampire et que tu es destiné à me nourrir.
Sur ces mots et à ma grande surprise, il se détacha de moi, et je le sentis se relever, mais moi-même, j'en étais incapable. Je me trouvais toujours offert, penché sur le sol, et c'était si humiliant...
-J'ai le contrôle sur tes réactions. Un contrôle que je t'ai retiré il y a quelques minutes et que je t'ai réimposé ensuite. Je sais que tu l'as senti. Crois-tu que tu te serais déshabillé devant moi sinon ? Que tu te serais agenouillé et mis dans une position de soumission alors que tu ressens de la colère envers moi ?
Tandis qu'il s'éloignait, je recouvris peu à peu le contrôle de mon corps. Je m'assis et secouai la tête, pensant faire partir le brouillard plus vite ainsi. Je me sentais désorienté, bouleversé. Je voulais rentrer chez moi, m'éloigner de cet homme et reprendre ma vie en mains. Je relevai ma tête vers lui pour voir qu'il me tournait le dos et regardait par la fenêtre. Je ne pus distinguer son visage lorsque je pris la parole et que mes larmes commencèrent à couler sur mes joues.
-S'il vous plaît, je veux rentrer chez moi.
**
La sonnerie de l'école venait de retentir.
-Pour la semaine prochaine, vous lirez les deux premiers chapitres de La Princesse de Clèves. ! Et aucune excuse, je vous interrogerai !
J'avais à peine eu le temps de terminer ma phrase que la classe était déjà vide. Ha, ces gosses ! Je soupirai et me tournai afin de nettoyer le tableau. Mon portable vibra sur mon bureau. Je le pris et je vis qu'il s'agissait encore d'un message de Sébastian. Je le reposai sans répondre et rangeai mes affaires. Je savais que ce n'était pas bien, mais je lui avais demandé de me laisser tranquille. Je lui avais dit que j'avais besoin d'être seul, mais rien n'y faisait. Sébastian était une personne douce et attentionnée, il s'inquiétait pour moi, son meilleur ami. Je ne comprenais vraiment pas comment sa famille avait pu le rejeter pour la seule raison qu'il leur avait avoué être gay, car ce mec était sans doute la personne la plus gentille que j'avais connue dans toute ma vie ! En quoi sa sexualité changeait-elle ce qu'il était ?
De mon côté, j'avais eu de la chance, ma famille était ouverte, pas du tout le même genre que celle de Sébastian. Ils avaient pratiquement tous accepté sans problème la bisexualité de ma petite sœur, et quand je leur avais parlé de mon homosexualité lorsque j'avais quinze ans, rien de particulier ne s'était passé non plus. Le visage de mes parents ne s'était pas figé, il n'y avait pas eu de colère, rien. Mon père et ma mère m'avaient dit que cela ne leur posait aucun problème, que nous ne choisissions pas notre sexualité, et ma mère avait même terminé avec un clin d'œil en me disant de bien penser à me protéger, mais que je pouvais faire ce que je voulais de mes fesses... Je souris en y repensant. J'étais devenu complètement rouge ! Mais... leur réaction m'avait mis du baume au cœur.
J'avais rencontré Sébastian à l'Université, et nous avions tout de suite sympathisé. Il était si triste et sérieux à cette époque ! Je l'avais pris rapidement sous mon aile, et nous avions tissé une solide amitié. Depuis, il était régulièrement invité aux repas que ma famille organisait. Mes parents, ma sœur et moi, nous l'avions adopté, Sébastian était comme un frère pour moi. Oui, je devrais sans doute lui répondre et je le ferai tout à l'heure lorsque je serai rentré chez moi, me décidai-je en finissant de ranger avant de sortir de ma salle de cours.
Alors que je sortais du lycée dans lequel je travaillais et prenais le chemin pour rentrer chez moi à pieds - j'avais la chance de n'habiter qu'à vingt minutes -, je me mis à penser à tout ce qui s'était passé ces derniers temps dans ma vie. Presque une semaine s'était écoulée depuis ma... rencontre avec ce John. J'avais toujours du mal à penser à ce qui s'était déroulé, à ce qu'il m'avait raconté, à ce monde surnaturel auquel j'avais des difficultés à croire, même si je n'avais pas réussi à trouver une explication logique à tout cela et surtout à ma conduite avec lui...
Je ressentais vraiment de la gêne, et même de la honte, quand j'y repensais. Je m'étais retrouvé complètement nu devant un inconnu et j'avais fait tout ce qu'il m'avait demandé. Il aurait pu me faire accomplir toutes sortes de choses et... me violer, et je n'aurais pas pu m'interposer, je l'aurais laissé faire... Cette pensée me fit frissonner de peur. C'était si effrayant...
Et puis, je n'avais jamais été aussi loin avec un homme... Contrairement à Sébastian, qui avait eu une assez longue relation qui avait duré une bonne année lorsque nous étions à l'Université, je n'avais eu que quelques flirts. Un au lycée quand j'étais sorti avec un de mes amis pendant deux mois, mais nous n'avions pas été très loin niveau intimité, et puis, ensuite, ça n'avait été que quelques baisers lors de soirées arrosées.
À vingt-six ans, même si c'était plutôt rare, j'étais donc toujours vierge, et seul mon meilleur ami le savait. Il ne s'amusait pas à se moquer de moi, non, il était trop gentil et compréhensif pour cela, et il ne m'encourageait pas à m'inscrire sur des sites de rencontres contrairement à ce que je faisais parfois avec lui. Mais si je l'encourageais à cela, c'était juste parce que je voyais bien qu'il se sentait seul. Sébastian était le genre de personnes à avoir besoin d'être en couple pour se sentir complet. C'était ce que je pensais, en tout cas. Alors que de mon côté, malgré ce sentiment de solitude qui m'habitait depuis toujours, je n'avais jamais pensé que j'avais besoin d'être en couple pour me sentir mieux, et j'attendais de rencontrer tout simplement la personne qui me ferait peut-être changer d'avis, voilà tout. Sébastian me connaissait assez bien pour l'avoir compris et ne pas me mettre la pression afin de mettre un terme à mon célibat qui s'éternisait, et je lui en étais reconnaissant.
Toujours dans mes réflexions, j'arrivai enfin chez moi. J'habitais dans une petite maison typique des villes avec un rez-de-chaussée et un étage, ainsi qu'une petite cour derrière. Elle était située dans un petit quartier assez calme. Alors que je rentrais la clé dans la serrure, je crus entendre comme un bruit de feuillage, et je me retournai précipitamment afin de regarder partout. Je ne vis rien pourtant et n'entendis plus aucun bruit, je semblais être seul à cette heure dans ma rue. Je soupirai. Je devenais complètement parano ! Ce mec m'avait sans doute un peu traumatisé, et ça ne serait pas étonnant... Parce que j'avais l'impression, depuis une semaine, de sentir un regard sur moi, d'entendre des bruits. J'avais même cru voir une silhouette dans l'ombre de ma cour, hier, en fermant mes volets, mais lorsque j'avais bien regardé, je n'avais rien vu de particulier, seulement des arbres qui bougeaient à cause du vent. J'avais bien sûr pensé à cet homme qui m'avait enlevé, mais comment pourrait-il connaître mon adresse ? Non. Je préférais penser qu'il s'agissait de symptômes post-traumatiques et que cela finirait par passer avec le temps.
À peine traversé la porte d'entrée, une boule de poils noirs vint m'accueillir en miaulant et en se frottant contre mes jambes.
-Eh ! Coucou, mon petit chat d'amour ! m'exclamai-je en l'attrapant et en lui faisant un câlin.
Quelle douceur, mon Pattoune ! Oui, c'était un drôle de nom pour un chat, mais ses petites pattounes d'amour toutes noires étaient tellement mignonnes que je l'avais appelé comme ça, ne trouvant pas de nom qui lui irait mieux. Oui, on va dire que j'avais manqué d'imagination sur ce coup-là !
J'aimais beaucoup les chats noirs. Une des raisons, en plus de leur beauté, était sans doute parce qu'ils étaient les moins adoptés, les plus rejetés, les gens étant encore malheureusement trop superstitieux, et je ne comprenais pas cela. Ça me faisait mal au cœur de savoir qu'ils avaient plus de mal à trouver une famille.
Après l'avoir nourri, m'être rafraîchi et préparé un sandwich accompagné d'un bon chocolat chaud avec de la cannelle - mon péché mignon -, je partis m'affaler sur mon sofa, emmitouflé dans un plaid moelleux et avec mon chat qui vint s'installer sur moi. Enfin, le week-end ! Me rappelant soudainement de la promesse que je m'étais faite, je pris mon portable et envoyai un bref sms à Sébastian afin de lui dire que j'allais bien, que j'allais me reposer ce week-end et que je passerai bientôt le voir à son travail. J'allumai ensuite la télé, avalai mon sandwich et commençai à boire mon délicieux chocolat. Je me sentais fatigué, je n'avais pas très bien dormi cette semaine. Mes yeux me picotaient. J'allais les fermer juste un instant. Oui, seulement me reposer un peu. Et alors que je venais de poser ma tasse sur la petite table devant moi et que je fermais les yeux, je m'endormis...
Quelque chose de doux effleurait mon visage.
-Pattoune, arrête... Laisse-moi me reposer, gémis-je en me tournant sur le lit.
Le lit ? Je tendis la main afin de trouver le dossier du sofa, mais je ne trouvai rien. QUOI ? J'ouvris immédiatement les yeux et me redressai. Une chambre... Je me trouvais dans une chambre - encore... -, qui ressemblait à celle du manoir, mais le style et la décoration semblaient plus ancienne.
-Bonsoir, Lucas.
Cette voix ! Je sursautai et me retournai. Il était là, John, à me regarder à la fois tendrement et froidement. Ses yeux me paraissaient doux, mais les traits de son visage étaient figés, impassibles. Il était vraiment bizarre, ce type... Je remarquai aussi qu'il avait une allure différente, habillé de manière très élégante et dans des vêtements qui devaient appartenir à une autre époque. Ses cheveux noirs étaient longs, attachés en queue de cheval basse, et il était rasé de près. En fait, il semblait totalement différent. Je baissai alors les yeux et regardai mes vêtements. Ils étaient dans le même style que le sien !
Mon regard fut attiré par un mouvement au fond de la pièce, et je découvris qu'il s'agissait de mon reflet dans le grand miroir qui trônait dans la chambre. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant à quoi je ressemblais ! Mes cheveux blonds étaient très longs et se trouvaient attachés sur ma nuque, quelques longues mèches ondulées en sortaient et enveloppaient mon visage, je n'avais plus mon anneau en argent en haut de mon oreille et... Comment dire... Je ressemblais à un des personnages du film Les liaisons dangereuses. ! Mais qu'est-ce qui était en train de se passer ?...
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