La transformation de John. (2ème partie)
Quelque chose m'effleurait la joue... L'esprit encore embrumé par le sommeil, mon réflexe fut de tourner la tête afin d'échapper à ce toucher. Puis soudainement, tout me revint en mémoire ! J'ouvris les yeux et me redressai brusquement, si vite que la tête me tourna un peu.
-Eh ! Doucement !
Cet homme ! Il était là, assis près de moi ! Alors que je levai le poing pour le frapper afin de le maîtriser et de le ramener en cellule, il fut plus rapide et m'attrapa fermement le bras. Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il me plaqua contre le... lit ? Mais en quel lieu est-ce que je me trouvais ?
-Ho non, humain ! Tu es bien fougueux !
Sur ces paroles, je le sentis appuyer son corps contre le mien. Il me tenait fermement les deux bras contre le matelas. Sa force m'étonnait réellement, je n'arrivais pas à bouger. Pourtant, j'avais un corps grand et fort entretenu par l'armée et les exercices que je m'imposais pour ne jamais perdre dans un combat, car ma vie en dépendait ! Alors, comment était-ce possible ?
-N'aie pas l'air si étonné, John. Tu es bien bâti, mais tu n'es qu'un humain. Et en cela, une sous-créature. Enfin... Pour l'instant, du moins.
Mais de quoi est-ce qu'il parlait ? Il devait être complètement pris de folie !
-Où m'as-tu emmené ?
Je le vis sourire.
-Dans ma demeure. Nous y sommes en sécurité. Elle est reculée, personne ne sait que je vis ici, nous sommes loin de la ville.
Sa demeure ne doit pas être si loin que cela, me rassurai-je. En tant qu'officier et militaire depuis de nombreuses années, je connaissais bien les environs. Si je m'échappais, j'arriverais forcément à retrouver mon chemin ! Je regardai autour de moi, et je pus voir aux bougies qui nous éclairaient et à la fenêtre, qu'il faisait toujours nuit, ça ne devait faire que quelques heures que je me trouvais ici. Il fallait que je le maîtrise et le ramène au plus vite !
-Pourquoi m'as-tu amené ici ?
-Enfin une question intéressante !
Il marqua une pause, le temps de bien détailler mon visage, et reprit :
-Parce que je t'ai choisi. Cela fait longtemps que je cherche un humain à transformer en enfant de la nuit. Je désire que tu me rejoignes dans les ténèbres, qui ne sont pas aussi sombres que tu pourrais le croire, mais qui m'ont isolé. Et je peux avouer sans honte, que je me sens seul, humain. Je désire un compagnon qui soit mon élève, ma progéniture et pourquoi pas, mon amant à qui je pourrai apprendre tout ce que je sais. Cela fait déjà quatre-vingt-onze ans que j'attends mon destiné, mon calice, mais je n'en peux plus d'attendre...
Quatre-vingt-onze ans ? Destiné ? Calice ? Mais de quoi parlait-il ?! Je me mis alors à le regarder plus en détails. Il était réellement bel homme et il n'avait pas l'air âgé, même si ses toutes jeunes années étaient passées, il ne devait avoir que la trentaine. Il n'avait pas de chance d'être déjà pris de folie ou de sénilité comme pouvait l'être des personnes bien plus âgées que lui !
-Tu me prends pour un fou, n'est-ce pas ?
Il partit dans un éclat de rire, semblant trouver toute cette situation hilarante. Je ne voyais pas en quoi, pourtant.
-Je n'ai pas envie de perdre de temps à te convaincre, alors passons à la démonstration, humain.
Sur ces paroles que je trouvais complètement incohérentes, je vis la couleur bleue de ses yeux changer et devenir dorée... Alors je n'avais pas rêvé cette nuit-là ? Il ouvrit ensuite la bouche, et ses canines s'allongèrent jusqu'à devenir très pointues... Comment était-ce possible ? La folie s'emparait-elle de moi, également ? Le coup que j'avais reçu m'avait-il atteint plus que je ne le pensais ?
-N'aie pas peur, humain. Je vais tâcher de te rendre ce moment le plus agréable possible.
Il me coinça les bras en croix au-dessus de ma tête et me les plaqua d'une seule main. Puis de l'autre, il me caressa la joue avant de me tourner le visage fermement afin de dégager mon cou. Sa bouche vint ensuite se poser délicatement sur ma peau tendre, et il commença à me lécher et me mordiller durant un long moment que je ne pus m'empêcher de trouver agréable.
Lorsque je me détendis un peu, mes membres se relâchant, il dut le sentir, car il finit par relever la tête. Il me regarda un petit instant, et sans que je puisse prévoir ce qu'il allait faire, il plongea brusquement sa tête dans mon cou et me mordit. La brûlure me fit pousser un gémissement de surprise et de douleur. Que se passait-il exactement ? Je ne comprenais rien ! Et je ne pouvais pas bouger... Je ne m'étais jamais senti aussi vulnérable de toute ma vie, et c'était réellement déstabilisant pour moi, un fier militaire, servant l'Empereur et contribuant à la bonne réputation de ma famille. Allais-je mourir dans l'ignorance, le déshonneur et l'anonymat sur un lit avec un homme pris de folie ? Qu'avais-je bien pu faire pour mériter un tel destin ?
Alors qu'il aspirait mon sang sans que cela ne soit douloureux, et qu'il m'entraînait peu à peu dans les limbes de mon esprit, il finit par extirper ses canines de mon cou. Les yeux à moitié clos, me sentant faible, je le sentis se redresser, mais je ne vis pas ce qu'il faisait. Puis, il me tourna la tête vers lui.
-Humain, bois, m'ordonna-t-il en posant son poignet ensanglanté contre ma bouche.
Mon réflexe fut évidemment de détourner la tête de son sang répugnant. Je l'entendis grogner, et il m'attrapa plus fermement le visage afin d'appuyer son poignet blessé contre ma bouche. Il lâcha ensuite mes mains. J’étais si affaibli que je ne pouvais me défendre, et il le savait très bien. De sa main libre, il appuya sur mes joues pour me forcer à ouvrir les lèvres, ce que je finis par faire, je n'avais plus de résistance à lui offrir. Le liquide s'écoula alors dans ma bouche, et si cela avait duré longtemps, j'aurais pu en vomir. Heureusement, lorsqu'il jugea que j'avais assez bu de son sang, il me lâcha et éloigna son poignet. Sans que je ne le prévoie, il posa ensuite ses lèvres sur les miennes dans un bref baiser.
-Tu vas dormir, à présent. Ton corps va changer, et son réflexe de défense sera de te plonger dans un profond sommeil afin de t'épargner la douleur que provoquerait la transformation. Alors ne lutte pas et dors. Nous sommes à présent liés.
Ne comprenant pas ce qu'il se passait, me sentant si affaibli, je ne luttai effectivement pas contre les ténèbres qui m'envahirent...
**
Des bruits... Comme un fourmillement d'insectes... Des odeurs... De bois, de vieux tissus, mais aussi d'herbes, de fleurs et encore d'autres choses que je n'arrivais pas à bien distinguer. J'ouvris les yeux. La pièce était toujours plongée dans le noir, mais je devinai que nous n'étions pas au sein de la même nuit. Le rideau était tiré, et les bougies, éteintes. Pourtant, je distinguais tout avec netteté… Je me redressai doucement sur le lit. Je me sentais.... bien. Très bien, même ! J'avais seulement la tête qui tournait légèrement par ses nouvelles perceptions touchant tous mes sens au même instant.
-Tu ne t'es jamais senti aussi vivant, aussi en phase avec le monde qui t'entoure, n'est-ce pas ?
Au son de cette voix, je sursautai et me tournai vers la porte. Il était dans l'encadrement et ne portait impudiquement qu'un seul vêtement, un pantalon foncé. Je ne pus m'empêcher de descendre mon regard sur son torse bien dessiné, qui se terminait sur quelques poils intimes se montrant dans l'ouverture de son pantalon qu'il n'avait même pas eu la décence de fermer. Une fois ma vue rassasiée, mes yeux remontèrent se fixer aux siens.
-Qu'est-ce que tu m'as fait ?
Cet homme s'avança vers moi et ne s'arrêta que devant le lit.
-Je t'ai fait évoluer afin que tu deviennes comme moi. Tu n'es désormais plus un humain, mais un vampire. Tu le sens, n'est-ce pas ? Tous tes sens sont en alerte. Ils sont développés, plus accrus. Et tu te sens bien, tu ne t'es jamais senti aussi bien de toute ta vie.
Un... vampire ? Mais qu'était-ce donc ? En l'écoutant, je remarquai pour la première fois qu'il portait une coupe dans sa main. Il vit mon regard.
-Je t'ai apporté du sang frais. Il faut que tu te nourrisses. Tiens, bois, m'ordonna-t-il en me tendant la coupe.
Je sentis alors effectivement une odeur de sang. Elle était forte, jusqu’à en être enivrante. Cependant, ce n'était pas répugnant ou dérangeant comme celle que je pouvais sentir sur les champs de batailles. Non... Cette fois, cette odeur était alléchante, appétissante, et un désir intense et complètement déconcertant d'y goûter se fit sentir. Sans que je ne puisse le refréner, j'attrapai brusquement la coupe et bus tout ce qu'elle contenait en gémissant de plaisir. Il s'agissait sans aucun doute du nectar le plus délicieux auquel j'avais goûté de toute mon existence ! Face à ma réaction, je l'entendis rire légèrement.
-C'est bien. Maintenant que tu t'es nourri, tu vas te sentir encore mieux.
Sur ces mots, il me prit la coupe, qu'il posa sur le meuble à côté du lit, et il vint s'asseoir près de moi. Je ne savais quoi dire. Tout était si étrange ! Pour la première fois, je me sentais tellement perdu ! Ce n'était vraiment pas digne de mon rang ! J’en étais complètement déstabilisé… Il me prit alors le visage entre ses mains et fixa son regard au mien.
-Tu possèdes à présent mes yeux, dit-il dans un sourire satisfait.
Ses yeux ? Parlait-il de... son regard doré que j'avais aperçu à deux reprises ?
-John, je sais que tu te sens perdu pour le moment, que tu ne comprends pas bien ce qui t'arrive, mais tu vas t'habituer. Te sentir ainsi est parfaitement normal, tu vis une renaissance.
Une renaissance ? Je le regardais, ne sachant toujours quoi dire. Il se leva et me tendit la main.
-Viens. Tu as beaucoup transpiré durant la transformation, tu as besoin de te rafraîchir.
Je remarquai alors que mes vêtements étaient effectivement trempés... Que m'avait-il fait, exactement ?
-John, viens.
Sa voix autoritaire me fit sursauter. Je me sentais si vulnérable… Ce n'était pas possible ! Pas moi qui avais fait preuve de bravoure et risqué ma vie à de multiples reprises ! Mais... Je n'arrivais pas à reprendre le dessus. Mon corps se sentait bien, mais mon esprit était totalement embrouillé par tous mes sens nouvellement développés. Tout était si nouveau. Peut-être qu'un bain m'aiderait à me réveiller de cet état, après tout. Sur cette réflexion, je pris la main qu'il me tendait, et ne prononçant un seul mot, je me laissai entraîner.
Sans que je ne fasse attention au décor ou aux pièces que nous avions traversées, nous arrivâmes rapidement à ce qui devait être sa chambre. Je constatai qu’une baignoire en zinc s’y trouvait. J’avais toujours l'esprit envahi par les sons que j'entendais, les odeurs que je sentais, par mon attention occupée par tellement de choses différentes que je n'arrivais pas à me fixer. J'en attrapais presque le tournis.
-John !
Je sursautai de nouveau et reportai mon attention sur cet homme. Je le vis retirer son pantalon avant de se diriger vers moi. Il commença à déboutonner ma chemise, puis s'occupa du reste. Et en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, je me retrouvai nu devant lui.
Pendant qu'il me déshabillait, je le regardais. J'avais déjà pu remarquer qu'il était un peu plus petit que moi et que son corps était un peu moins robuste. Et maintenant que je le voyais entièrement nu, je pouvais détailler ses muscles joliment dessinés, ses cuisses puissantes, son membre bien proportionné et ses fesses fermes que je pouvais entrevoir en me penchant légèrement au-dessus de lui. Ne me rendant absolument pas compte de mon manque de discrétion, je l'entendis soudainement rire.
-Tu aimes ce que tu vois ?
Sans attendre de réponse, il me poussa jusqu'à la baignoire, qui était étonnamment assez grande pour recevoir deux hommes bien bâtis. Je n'en avais jamais vu d'aussi grande, d'ailleurs ! Il me fit tout d'abord entrer, puis à ma plus grande surprise, il se plaça derrière moi, et sans attendre, commença à me laver. Je ne réagis toujours pas, m'en sentant incapable. Ses gestes étaient doux et prenaient soin de mon corps. Je sentais avec plus d'acuité la douceur de son gant, mais aussi la douceur de sa peau lorsqu'il m'effleurait, me provoquant des frissons. Je finis par me détendre complètement et poser ma tête contre son épaule.
-C'est bien, détends-toi, me chuchota-t-il à l'oreille.
Je fermai les yeux en savourant le moment et les nombreuses sensations de plaisir qui parcouraient mon corps. Il finit par attraper mon sexe avec son gant, et sans que je n'aie le temps ni l'envie de réagir, il débuta de rapides mouvements de va-et-vient. Je ne tardai pas à jouir dans un long gémissement, proche de l'inconscience. Les sensations me paraissaient... décuplées. Comment était-ce possible ? Il m'avait seulement masturbé ! Alors comment cela pouvait-il me paraître si intense ?
-John, il va être temps de retourner se coucher. Viens, lève-toi, m'ordonna-t-il en me soulevant légèrement.
Je me levai donc avant qu'il ne fasse de même. Puis il nous sécha et m'entraîna jusqu'au grand lit qui trônait au centre de la pièce. Il tira les couvertures et me poussa légèrement afin que je m'allonge sur le dos. Contre toute attente, cet homme étrange vint sur moi. Le contact de sa peau contre la mienne me fit soupirer de plaisir. La sensation me paraissait si agréable, si bonne ! En m'entendant, il me sourit.
-Tout ce que tu ressens est décuplé, c'est normal. N'aie pas peur et savoure.
Il posa alors ses lèvres sur les miennes, et sous ce délicieux contact, je ne pus m'empêcher de répondre à son baiser, laissant sa langue envahir ma bouche. Cela me parut si bon que je laissai le désir envahir mon corps, qui pourtant, venait de se soulager dans la baignoire, mais se sentait de nouveau si réceptif à ses attentions.
Nous fîmes l'amour toute la nuit. Il me laissa le prendre à de nombreuses reprises jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Le plaisir fut si puissant que je finis par m'évanouir, mon corps frissonnant n'étant pas encore habitué à ma nouvelle condition, qui faisait de moi désormais, comme cet homme me l'avait dit, un enfant de la nuit...
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